"C'est la maison du bien-vieillir." Édith, Josette, Anne et Gabrielle sont des colocs pas vraiment comme les autres. Pour neo, ces "drôles de dames" nous font visiter leur maison et nous expliquent leur choix de vivre dans cette maison partagée.
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00:00 Ici on est comme chez nous.
00:02 On est comme des coques en pâte.
00:05 On est libre de faire ce qu'on veut.
00:07 On a mon petit gâteau.
00:09 Là, allez, je donne ça maintenant.
00:12 Ici, elles peuvent se permettre de faire des choses qu'elles ne feraient pas chez elles
00:15 parce qu'il peut arriver n'importe quoi, il y a toujours quelqu'un.
00:18 Grâce à la différence, chacune peut profiter de ce que l'autre apporte.
00:26 Il y en a une autre qui se déplace bien à pied et qui peut même porter secours.
00:31 Ah oui, c'est Gabrielle.
00:33 C'est la maison du bien vieillard, c'est l'idée.
00:36 Et le résultat est plutôt prouvant.
00:40 Ça marche bien.
00:41 On s'appelle les Trônes de Dames.
00:43 Ici, ce n'est pas une colloque comme les autres.
00:45 On vit depuis moins d'un an ensemble.
00:47 Et ça se passe merveilleusement bien.
00:50 Si on me demande ce que j'aime le plus dans la vie, c'est apprendre.
00:53 J'aime bien me sentir bien dans mes affaires, dans mes vêtements.
00:56 C'est bien, mes petites jolies.
00:58 C'est bien mon dieu.
01:00 Merci, Gabrielle.
01:02 J'étais seule à la campagne.
01:13 Et puis, voilà, je n'ai pas hésité.
01:17 Moi, je suis venue là.
01:19 Et j'aime très bien.
01:21 On est libre de faire ce qu'on veut.
01:23 J'ai le terrain avec les biquets devant.
01:28 C'est merveilleux, ça.
01:30 Les biquets!
01:31 Oui, je suis heureuse, oui.
01:34 Viens aussi, toi, Charlot.
01:36 Viens, Marcel, viens.
01:37 Là, allez.
01:38 Je donne ça maintenant.
01:40 Attends que j'écrase.
01:41 Attends.
01:42 Voilà.
01:43 Vivre seule dans la maison, ce n'est plus possible.
01:51 C'est trop fatigant et trop grand.
01:54 Un jardin, enfin bon, trop de responsabilités.
01:57 Et puis, comme dit mon fils, si tu tombes là-bas, c'est l'EHPAD.
02:00 Quand j'ai appris qu'Aude était d'astreinte,
02:10 ça a changé ma conception de se vivre ici.
02:14 Ça veut dire qu'on n'est jamais seul, y compris la nuit.
02:18 Et donc, cette astreinte, c'est une sécurité supplémentaire.
02:22 C'est né dans mon esprit il y a une vingtaine d'années, je pense.
02:31 J'ai beaucoup suivi l'évolution des maisons Carpe Diem au Canada,
02:37 enfin à Québec, à Trois-Rivières, dans des maisons normales.
02:41 Ils ne les ont même pas réadaptées.
02:44 En fait, ils ont laissé les maisons telles qu'elles
02:46 accompagnent au quotidien des gens atteints d'Alzheimer.
02:48 On s'est rendu compte que les gens qui y vivent,
02:50 en fait, vivent trois, quatre ans de plus
02:52 qu'en étant enfermés dans une structure médicalisée.
02:54 Donc, je me suis dit, c'est comme ça qu'il faut vieillir, en fait.
02:57 Qu'on prenne le temps de prendre le temps avec les personnes qu'on accompagne.
03:02 Et comme ça, on vieillira mieux et dans de meilleures conditions.
03:06 C'est du porc au caramel, non ?
03:08 Non, c'est du jambon cuit.
03:11 On a mangé un rôti de porc, mardi.
03:14 Il était délicieux.
03:16 Qu'elles avaient préparé ?
03:18 En fait, elles ont tout un rôle dans la maison.
03:20 C'est comme à la maison, en fait.
03:22 Donc, des fois, ça va être préparé à manger.
03:25 Des fois, ça va être aidé pour les machines à laver,
03:28 aller chercher du courrier.
03:30 Chacune a une petite tâche à faire au quotidien.
03:33 Comme ça, ça permet, le temps passe plus vite.
03:35 Puis, ça permet de s'occuper, de ne pas être à rien faire non plus.
03:38 C'est important et ça maintient l'autonomie, surtout.
03:41 Merci.
03:42 Quand on peut faire un petit peu quelque chose, ça fait du bien.
03:45 Puis, ça fait marcher.
03:47 Et c'est vrai qu'il y a plein de choses qu'elle ne faisait plus chez elle
03:49 parce qu'elle a peur de tomber, elle a peur de se dire
03:52 « si je fais ça, s'il m'arrive quoi que ce soit, je suis toute seule ».
03:55 Il y a tout un contexte derrière.
03:57 Ici, elles peuvent se permettre de faire des choses qu'elles ne feraient pas chez elles
03:59 parce qu'il peut arriver n'importe quoi, il y a toujours quelqu'un.
04:02 Donc, en fait, ça les stimule énormément.
04:05 Ici, on est comme chez nous.
04:08 On est comme des coques en pâte.
04:10 Ah mais c'est la belle vie, c'est sûr !
04:13 On fait plein de choses.
04:19 Alors là, récemment, on a fait Sortie Ciné.
04:21 On a une petite collaboration avec une maison de retraite aussi de Saint-Brieuc.
04:25 On va à la plage, on va se balader, on fait des expos.
04:28 On aime bien aller faire des petites balades, découvrir des endroits,
04:30 aller dans des petits bistrots.
04:32 J'écoute beaucoup ce qu'elles souhaitent faire, leurs envies du moment.
04:35 Et on essaye d'adapter.
04:36 Ça va, maman ?
04:38 Ça va ?
04:39 Elle est dormie ?
04:40 Oui, elle s'est lavée il y a quatre ans.
04:42 Je vais avec mes petits-enfants parce que j'ai un petit gars et une petite fille,
04:44 et mes deux gars.
04:45 Donc, on passe voir mamie deux fois dans la semaine.
04:49 Mais j'ai l'impression que tout va bien.
04:51 Là, elle vit, c'est l'essentiel.
04:53 En ce moment, une parole que j'aime entendre.
04:56 Maman, mamie et mémé.
05:00 Contrairement à une colocation junior, on va dire,
05:04 où on a peut-être moins de patience,
05:06 où on est plus jeune, on dit les choses un peu vite,
05:10 on ne réfléchit pas trop.
05:11 Du coup, il y a peut-être plus facilement des tensions.
05:13 Ici, elles ont du recul sur beaucoup de choses.
05:17 Donc, en fait, des petits détails de la vie sur lesquels, nous, à un certain âge,
05:20 on pourrait se prendre la tête, entre guillemets,
05:22 ça ne leur passe outre, en fait.
05:23 Elles s'en fichent.
05:24 Donc, en fait, étonnamment, il y a quatre caractères complètement différents ici.
05:28 Et elles se sont créées une osmose.
05:32 Mais c'est venu naturellement, en fait.
05:34 fait.
05:36 [SILENCE]