"Partir d'ici, ça nous tuerait…"
À 91 ans, Paul-Guy est le dernier maraîcher d'Anglet et aujourd'hui, sa maison, son exploitation et la forêt qui l'entoure sont menacées par la création d'un technopôle dédié à… la construction durable. Un paradoxe qui mobilise de nombreux habitants et professionnels de la région.
À 91 ans, Paul-Guy est le dernier maraîcher d'Anglet et aujourd'hui, sa maison, son exploitation et la forêt qui l'entoure sont menacées par la création d'un technopôle dédié à… la construction durable. Un paradoxe qui mobilise de nombreux habitants et professionnels de la région.
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00:00 Je suis le dernier maraîcher d'Angleterre.
00:01 Ils veulent s'accaparer de tous les terrains et des maisons,
00:05 et démolir les maisons.
00:07 Si elles ne s'étaient pas défendues, elles seraient déjà démolies, les maisons,
00:10 pour construire, comment ils appellent, une technopole.
00:14 Ils prendraient tous les terrains, ici,
00:16 et tous les bois vers le fond, partout.
00:19 À cette limite, commence là le projet.
00:21 C'est-à-dire que tout ce qui est en face de nous,
00:24 ça va être artificialisé pour faire, soi-disant,
00:27 des entreprises qui vont travailler dans l'éco-construction durable.
00:30 C'est complètement un paradoxe, surtout que dans la région,
00:33 il y a déjà énormément de terres qui ont été artificialisées,
00:37 et sur-artificialisées, et qui pourraient venir accueillir ce genre de projet-là.
00:41 Il ne faut pas se laisser enfermer en disant "je suis pour ou contre le projet",
00:46 parce qu'à un moment donné, il faut qu'on continue à développer notre enseignement supérieur.
00:49 Parce qu'on va venir me faire le procès que je suis contre le développement de l'enseignement supérieur.
00:53 Vous savez, je suis un peu entre le marteau et l'enclume.
00:54 [Musique]
01:18 Là, on est en plein cœur d'Angleterre.
01:21 On est entre l'aéroport, la zone de Biarritz, et là-bas, on a Bayonne.
01:27 Ça, c'est l'entrée de la ferme de la famille Desulaux.
01:30 Et dans l'angle, là, on verra que tout sera bétonné par des bâtiments, et cette zone-là aussi.
01:36 Trois bâtiments là, trois bâtiments ici.
01:39 Vous voyez, la limite, c'est en bas.
01:41 Là, ils détruiraient tout, voilà.
01:43 Tout ce qu'on voit partout, ils seraient tout détruits.
01:46 Vous voyez, là, il y a des chevaux.
01:47 Après, moi, il n'y a pas grand-chose là-bas.
01:49 - Vous avez quel âge ?
01:51 - Je vais faire 92 le 30 juin.
01:54 - Et vous travaillez toujours ?
01:55 - Toujours autant.
01:56 On a le plaisir de voir les légumes pousser.
01:59 C'est une belle chose aussi.
02:01 On apprécie beaucoup.
02:04 Là, comme vous le voyez, c'est le semis de poivre.
02:08 Sous les plastiques, là, il y a des radis.
02:12 On est arrivé ici en 1934 ou 1935, quand il y avait la Révolution en Espagne.
02:18 Et après, on a travaillé tout le temps, tout le temps, tout le temps.
02:21 D'abord avec mes parents et après, ma femme et moi.
02:24 C'est honteux, quoi, de raser tout pour faire partir les gens de la ferme.
02:29 - Qu'est-ce que ça vous ferait de partir d'ici ?
02:33 - Comme je vous ai dit, ça nous tuerait, oui.
02:37 Ça, c'est sûr qu'après, on n'aurait plus aucune raison de vivre.
02:42 - Côté terre maraîchère, en fait, le projet implique l'expropriation des maraîchers.
02:48 écoutez, terre fourricière, et bien ça va...