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Les conseils de notre docteur Brigitte Milhau sur les sujets santé qui vous concernent dans #BonjourDrMilhau

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00:00 Bonjour, ravie de vous retrouver.
00:02 Aujourd'hui dans La Santé Expliquée à ma fille,
00:04 je répondrai aux questions de Sacha sur notre microbiote
00:08 et nous verrons à quel point il est essentiel pour notre santé.
00:11 Puis avec le docteur Martin Blachier, nous vous dirons si la viande végétale
00:15 est bonne ou mauvaise, au goût bien sûr, mais surtout pour notre santé.
00:20 Sacha, aujourd'hui on s'intéresse à notre microbiote.
00:29 Notre microbiote qui est quand même un acteur clé de notre santé,
00:34 aussi bien de notre santé psychique et de notre santé physique.
00:37 Alors tu vas nous expliquer en quoi c'est un acteur pour notre santé,
00:41 mais d'abord redis-nous ce qu'est le microbiote.
00:43 C'est vrai qu'on entend ce mot-là, on ne sait pas réellement à quoi ça correspond.
00:46 Oui, ça on en entend beaucoup parler.
00:48 Alors micro, ça veut dire tout petit, biote, bio c'est vivant, c'est tout ce qui est vivant.
00:53 Donc ce sont des micro-organismes, ça peut être des bactéries essentiellement,
00:57 mais aussi des virus, des champignons, des parasites, tout ça.
01:03 Mais en fait on a plusieurs microbiotes dans le corps humain.
01:06 En fait c'est un petit peu partout, tout ce qui est en contact avec l'extérieur,
01:11 enfin l'extérieur ou un environnement, il y a un microbiote.
01:15 Il y a un microbiote buccale, il y a un microbiote, on les voit là,
01:18 il y a un microbiote pulmonaire, il y a un microbiote vaginal,
01:22 il y a un microbiote cutané sur toute la peau,
01:25 là on a plein de micro-organismes sur la peau qui sont là.
01:28 Et on a un microbiote digestif.
01:30 Alors dans le digestif, il y en a un petit peu partout,
01:32 il y en a dans les ophages, il y en a dans l'estomac,
01:34 mais dans l'estomac, comme c'est très acide l'estomac, il n'y en a pas beaucoup.
01:39 Mais où il y en a le plus, le plus grand nombre,
01:41 et c'est celui auquel on va s'intéresser aujourd'hui,
01:44 c'est le microbiote intestinal, colique, intestin grêle et gros colon.
01:49 Et alors à quoi ils ressemblent ces microbiotes ?
01:52 Je vais t'expliquer à quoi ils ressemblent.
01:55 Ce sont... c'est un monde à part en fait.
01:57 C'est un autre monde qui vit en nous.
01:59 Ce sont des milliards d'individus, 100 000 milliards de bactéries.
02:03 Quand on dit bactéries, on englobe un peu tout.
02:05 Les champignons, les levures, les virus.
02:08 Ça pèse quand même à peu près pour l'intestinal, 1,5 kg.
02:12 - C'est d'organismes vivants qui vivent dans notre intestin.
02:16 - Il faut bien que tu comprennes qu'il y a plus d'individus
02:20 dans ton microbiote que de cellules humaines.
02:22 On est plus bactérien finalement qu'humain.
02:25 Finalement, tu es un tas de bactéries.
02:27 - Merci.
02:29 - Et ce qu'il faut comprendre aussi, c'est qu'en fait,
02:31 le microbiote, c'est un petit peu comme nos empreintes digitales.
02:35 On a chacun le sien.
02:35 C'est-à-dire, tu n'as pas le même que moi,
02:37 je n'ai pas le même que mon voisin, etc.
02:39 Parce qu'en fait, il y a 160 espèces différentes
02:43 qui vivent dans notre microbiote.
02:45 Donc ils sont tous différents.
02:46 Mais en revanche, la combinaison des espèces,
02:48 parce qu'on a tous un socle commun
02:50 qui est à l'air d'une vingtaine de familles
02:54 qu'on a tous en commun.
02:55 Mais sinon, on a chacun son microbiote.
02:58 Voilà à peu près à quoi ça ressemble un microbiote.
03:01 Imaginons, en fait, il y a des milliards d'organismes.
03:04 - Et s'il y a tous ces milliards d'organismes vivants
03:07 dans notre intestin, c'est qu'il y a une raison ?
03:10 Alors à quoi ça sert ?
03:11 Quel est le rôle du microbiote ?
03:13 - Tu as raison.
03:14 Quand il y a beaucoup de choses comme ça, c'est qu'il y a une raison.
03:17 En fait, ce microbiote, on ne se rend pas compte,
03:20 parce qu'on ne le sent pas.
03:22 Enfin si, quand il y a des problèmes de microbiote,
03:24 on commence à avoir des petits effets.
03:26 Mais sinon, on n'imagine pas qu'il y a tout ce monde à l'intérieur quand même,
03:30 où toute cette vie là, partout et tout.
03:32 Et ça a une grande utilité.
03:33 - Alors pour celui intestinal, c'est quoi les fonctions ?
03:36 - Alors je pense qu'en fait,
03:38 on va apprendre encore beaucoup de fonctions.
03:40 Mais on va voir les principales, celles qu'on connaît déjà,
03:43 qu'on a bien analysées.
03:45 Il va nous protéger des pathogènes.
03:47 Les pathogènes, c'est quoi ?
03:48 C'est d'autres organismes, d'autres bactéries par exemple,
03:51 des bactéries nocives, agressives pour notre corps.
03:55 - Parce que toutes les bactéries dont on parlait jusqu'à maintenant,
03:57 - Elles sont sympas.
03:58 - Ah voilà, il n'y a pas du tout de nocive ?
03:59 - Ah non, tout le monde vit en bonne harmonie.
04:01 Ils vivent en harmonie entre eux, les virus, les champignons,
04:04 les parasites, les bactéries.
04:05 - Même les champignons ne sont pas nocifs ?
04:06 - Oui, tout le monde vit.
04:07 Ils sont là pour nous protéger.
04:09 Protègent de tout le monde.
04:10 C'est vraiment pareil sur notre peau.
04:12 Pourquoi on n'est pas infecté par des staphylococcs dorés par exemple ?
04:15 Parce que sur notre peau, on a des bactéries qui nous protègent.
04:18 C'est là pour nous protéger, pour nous défendre.
04:21 Par exemple, s'il y a une bactérie qui arrive dans notre intestin,
04:24 eux, ils vont se mettre en charge de nous en débarrasser.
04:28 Après, ils fabriquent des vitamines.
04:30 Ils peuvent fabriquer certaines vitamines.
04:32 La vitamine B12, c'est la famille des vitamines
04:36 qui s'intéressent beaucoup à notre système nerveux par exemple.
04:39 Mais aussi la vitamine K, qui est une vitamine de la coagulation.
04:42 Il y a aussi des choses différentes.
04:45 Et ils activent ce microbiote.
04:49 - Notre immunité ?
04:50 - Oui, notre immunité, nos défenses immunitaires.
04:52 Ils interagissent avec nos défenses immunitaires.
04:54 C'est-à-dire que nos défenses viennent là aussi quand il y a une infection, etc.
04:58 Et nos micro-organismes sont capables d'aller activer,
05:02 d'aller stimuler nos défenses immunitaires.
05:04 Donc tu vois, c'est une vraie protection à tous les niveaux.
05:08 Après, ça assure la fermentation des fibres.
05:11 Les gens, quand ils entendent "fibre", ils pensent que c'est bon pour la santé.
05:15 Et ils ont raison.
05:16 Mais ce qu'ils ne savent pas, c'est que c'est bon pour la santé,
05:18 mais que notre organisme ne sait pas vraiment les digérer.
05:22 Donc ce sont nos petites bactéries, notre petit monde là,
05:25 qui va s'attaquer aux fibres, qui va arriver à faire une fermentation.
05:29 C'est pour ça qu'il y a des gaz.
05:31 Qui va faire ça et qui va faire ballonner.
05:33 Quand on mange beaucoup de fibres, on est un peu ballonné.
05:35 Donc ça assure la fermentation.
05:37 - C'est nos micro-organismes qui travaillent...
05:39 - Exactement.
05:40 - Pour le bon fonctionnement de la digestion.
05:42 - Tu as raison pour le résumer.
05:44 Et tu vois, par exemple, ce qui arrive qui n'a pas été digéré en amont,
05:48 ce qui arrive dans les intestins,
05:50 toutes ces petites bestioles s'en occupent.
05:53 - Et quand tu dis que ça interagit avec notre cerveau,
05:56 ça veut dire qu'il y aurait un lien entre notre intestin,
06:00 notre microbiote et notre cerveau ?
06:03 Alors c'est quoi ce lien ?
06:04 - Alors il y a des échanges dans les deux sens.
06:06 Il y a une vraie discussion, un vrai dialogue
06:10 entre les intestins et le cerveau.
06:11 Je rappelle quand même qu'on a comparé les intestins
06:15 à notre deuxième cerveau.
06:16 - Pourquoi ?
06:17 - Parce que dans les intestins, c'est l'endroit du corps
06:20 où il y a le plus de neurones, après le cerveau bien sûr,
06:22 mais il y a 200 millions de neurones.
06:24 En fait, des neurones, il y en a partout.
06:25 Mais dans les intestins, il y a 200 millions de neurones.
06:28 Et donc on sait qu'il y a une interaction.
06:29 Mais on le sait, tu le sais toi aussi.
06:31 Par exemple, quand tu es stressé, tu as souvent mal au ventre.
06:34 On peut avoir une crise aérophagique quand on est stressé.
06:37 Et là, toutes les études qu'on a faites sur le microbiote,
06:39 on les a commencées chez des souris, évidemment, chez l'animal.
06:43 Et notamment avec des transplantations,
06:46 ce qu'on appelle des transplantations fécales.
06:48 C'est-à-dire qu'on prend le microbiote d'une souris
06:51 qui a une pathologie et on va le transplanter sur une souris saine.
06:55 Et quand on a fait les études pour savoir
06:57 si le stress pouvait agir sur notre microbiote
07:01 et si notre microbiote pouvait agir sur notre cerveau,
07:04 en fait, on s'est aperçu qu'un stress provoquait
07:08 une perturbation de l'équilibre du microbiote.
07:11 Et en réaction, le microbiote pouvait envoyer des signaux de dépression
07:16 et la souris se retrouvait dépressive.
07:19 Et pour en avoir la preuve, parce que c'est bien beau de dire ça,
07:21 mais comment elle est dépressive la souris ?
07:23 Non, en fait, on a transplanté le microbiote
07:28 d'une souris saine à une souris dépressive
07:32 et elle allait mieux.
07:33 Et on a fait l'inverse, on a transplanté le microbiote
07:36 d'une souris dépressive à une souris saine
07:39 et elle devenait dépressive.
07:41 Donc, tu imagines ?
07:42 Ça veut dire que l'état mental dépend du microbiote ?
07:44 Bien sûr. Et là, on avait la preuve chez la souris
07:47 que son état mental... Et on est même allé plus loin.
07:50 On est allé utiliser ce qu'on appelle des psychobiotiques,
07:53 c'est-à-dire qu'on a pris les molécules du microbiote
07:56 qui étaient impliquées, qu'on pensait,
07:58 enfin, qu'ils pensaient impliquer dans cet état dépressif,
08:03 ils sont allés les donner aux souris
08:05 et effectivement, ces molécules du microbiote,
08:07 ces psychobiotiques ont provoqué un état dépressif chez la souris.
08:12 Mais il y a eu plein de choses sur la discussion.
08:14 On sait qu'il y a des signaux, par exemple,
08:16 le microbiote peut envoyer un signal au cerveau
08:19 en disant "j'ai plus faim" ou alors "j'ai faim".
08:23 Il peut envoyer un signal au cerveau en disant
08:25 "oh, j'ai envie de manger plus sucré"
08:26 ou alors "j'ai envie de manger plus gras".
08:28 Tu vois, il y a vraiment un dialogue entre les deux.
08:30 Et tu as dit que c'était un acteur clé, le microbiote,
08:33 sur notre santé psychique, donc là, c'est par rapport au stress et à la dépression,
08:37 et physique. Comment ça peut avoir un impact sur le physique ?
08:40 Alors, il y a eu un gros, gros travail.
08:41 Tu imagines qu'il y a un fléau dans le monde, c'est l'obésité.
08:44 Ça, on a beaucoup parlé.
08:45 Il y en a plusieurs, mais...
08:47 Voilà, il y en a plusieurs, mais il y a l'obésité
08:49 qui touche toute la population mondiale.
08:51 Eh bien là, c'est pareil.
08:52 On a transplanté le microbiote d'une souris obèse sur une souris...
08:58 Enfin, quand je dis "une", c'est plusieurs.
09:00 Sur des souris maigres, elles sont devenues obèses.
09:04 Et, à contrario, on a transplanté le microbiote de souris obèses
09:09 sur des souris maigres, et elles sont devenues obèses.
09:11 C'est-à-dire, une obèse, quand on lui transplante son microbiote, devient maigre.
09:17 Enfin, tu imagines ?
09:17 Mais alors, pourquoi on ne fait pas ça sur les hommes ?
09:19 Alors, on a essayé chez l'homme, et pour l'instant,
09:22 on n'a pas de résultat flagrant chez l'homme.
09:26 On a une diminution grâce à une bactérie qu'on appelle Ackermansia mucinifila.
09:32 Enchantée.
09:33 On a eu une petite perte de poids avec cette bactérie.
09:37 Ah, donc c'est quand même...
09:38 Voilà. Mais on avance.
09:39 Mais de toute façon, il y a énormément de recherches.
09:41 Mais ce qu'il faut comprendre, c'est qu'il y a des recherches dans tous les domaines.
09:44 Là, on a parlé du stress, on a parlé de l'obésité,
09:46 des recherches sur des maladies psychiatriques aussi,
09:50 sur la bipolarité, sur la schizophrénie,
09:53 sur des maladies comme l'autisme, des maladies comme Parkinson,
09:56 des maladies comme Alzheimer, des maladies de l'intestin,
09:59 comme la maladie de Crohn, comme la sclérose en plaques.
10:01 Il y a énormément de recherches.
10:03 On connaît mieux le microbiote, ça pourrait éventuellement traiter notre maladie.
10:07 L'idée, c'est d'arriver à trouver des thérapeutiques, bien sûr.
10:09 Donc, en gros, notre microbiote, c'est hyper important.
10:12 Est-ce que, du coup, on peut donner quelques conseils
10:15 pour le chouchouter, pour en prendre soin,
10:18 pour éviter justement d'en arriver à des maladies physiques ou psychiques ?
10:23 Mais tu as raison, il faut chouchouter ces milliards d'individus qu'on a.
10:26 Et comment ?
10:27 Déjà, il faut commencer dès tout petit.
10:29 Dès tout petit, il faut varier l'alimentation.
10:31 Il ne faut pas oublier qu'il se constitue petit à petit, le microbiote,
10:34 surtout jusqu'à 3 ans.
10:36 Donc, il faut vraiment faire attention à l'alimentation,
10:38 mais après aussi, tout au long de la vie, il se constitue.
10:41 Alors, les meilleurs amis pour avoir un bon microbiote en pleine forme,
10:45 c'est, on le dit, on le répète, mais c'est une alimentation variée.
10:48 Il ne faut pas être monomaniaque sur l'alimentation.
10:50 Il faut vraiment manger de tout.
10:52 Après, des fruits et légumes, pourquoi ?
10:54 Parce que dans les fruits et légumes, il y a beaucoup de fibres.
10:58 Et donc, ça va faire travailler, ça va faire bouger toutes ces bactéries,
11:01 ça va les stimuler, etc.
11:03 Des aliments fermentés, là aussi, par...
11:05 - C'est quoi, des aliments fermentés ?
11:06 - Des fromages, comme par exemple le bleu, le roquefort, la choucroute,
11:11 tous les choux, tout ça, ça va entraîner des fermentations
11:13 et ça va nourrir un petit peu ce microbiote qui a besoin de ces fermentations,
11:18 de faire des gaz, etc.
11:19 Après, une activité physique, là aussi, on a prouvé le lien.
11:22 - Ça a un impact sur le microbiote ?
11:23 - Oui, ça a un impact sur ton microbiote,
11:24 mais on sait que ça a un impact sur les intestins, une activité physique.
11:28 Il faut bouger quand on a des problèmes de transit.
11:31 Après, il y a des ennemis.
11:32 Tu sais très bien, quand on prend les antibiotiques,
11:34 on va tuer certaines bactéries mauvaises, pathogènes,
11:38 mais on va aussi déséquilibrer toute la flore.
11:40 On le sait, souvent, une femme qui prend des antibiotiques,
11:44 elle a des champignons dans le vagino, ou alors des diarrhées, etc.
11:50 - Mais alors comment on évite ça ?
11:52 - Pour éviter ça, ce qu'on peut faire...
11:54 - Parfois, on est obligé de prendre des antibiotiques ?
11:55 - Bien sûr, bien sûr.
11:56 Mais quand on le sait, on peut donner en même temps des probiotiques,
12:00 des médicaments qu'on donne en même temps que le traitement antibiotique.
12:03 Il y en a un qui est très connu qui s'appelle l'ultra-levure,
12:05 mais il y en a d'autres.
12:06 Et on va le donner en même temps,
12:07 et on va le donner 15 jours après encore,
12:09 l'arrêt des antibiotiques pour rééquilibrer la flore intestinale.
12:12 Pas de plats industrialisés, parce que dedans, il y a des additifs
12:17 et qui vont perturber aussi notre microbiote.
12:21 Après, le tabac, là aussi, on sait qu'en arrêtant de fumer...
12:25 - Ça a un impact sur les intestins, le tabac ?
12:27 - Oui.
12:28 Et là, on a des études, des analyses de celles, de copro-cultures,
12:32 où on voit qu'en fait, quelqu'un qui a arrêté de fumer
12:35 a une perturbation de son microbiote qui pourrait être responsable
12:40 d'une prise de poids chez certaines personnes à l'arrêt du tabac.
12:44 Et après, le stress, on l'a vu tout à l'heure...
12:46 - Oui, ça a un impact, c'est ça.
12:48 - Donc faites attention à tout ça.
12:50 Si on pouvait garder l'équilibre de ce petit monde qui nous paraît comme ça fou,
12:56 mais pensez que vous avez des milliards d'individus,
12:58 et il faut tout faire pour que tout ça vive en harmonie.
13:01 Ils sont là pour nous protéger, ils sont en nous.
13:04 À chaque fois que vous ferez quelque chose, essayez de penser à tout ce petit monde-là.
13:07 Docteur Martin Blaché, bienvenue.
13:15 Je rappelle que vous êtes médecin de santé publique, épidémiologiste
13:18 et spécialiste en viande végétale aujourd'hui.
13:21 - Exactement.
13:22 - Aujourd'hui, vous avez décidé de nous parler de la viande végétale.
13:25 Alors, ça ressemble à de la viande, ça a l'odeur de la viande, paraît-il,
13:29 mais ce n'est pas de la viande.
13:31 Alors, de quoi s'agit-il ?
13:33 - L'idée de base, elle part du constat que consommer de la viande animale
13:38 produit beaucoup de gaz à effet de serre.
13:40 Pourquoi ? Parce qu'il faut déjà déforester de grandes zones
13:44 pour pouvoir faire pêtre les animaux, notamment les vaches, les cochons, les chèvres.
13:49 Donc ça, ça enlève de la surface forestière qui capte le CO2 dans l'atmosphère,
13:54 donc déjà, ce n'est pas bon pour le bilan carbone.
13:56 En plus, notamment ces vaches ont la mauvaise habitude
13:59 d'émettre des gaz dans l'atmosphère, donc ce sont des pets,
14:02 parce qu'elles mangent de l'air, du coup, ça fermente dans leurs intestins
14:06 et ça libère du méthane.
14:08 Le méthane est un gaz très très puissant à effet de serre,
14:10 et donc ça, plus les céréales qu'il faut cultiver pour les nourrir,
14:15 ça créerait, selon certains spécialistes, tout le monde n'est pas d'accord,
14:19 mais environ 15% des gaz à effet de serre, ce qui est considérable,
14:22 ce qui peut être comparable à d'autres sujets,
14:25 comme les sujets industriels, comme les sujets des transports.
14:27 Donc c'est un vrai sujet sur le réchauffement climatique.
14:30 - Qui est cohérent.
14:31 - Qui est cohérent.
14:32 Donc on s'est dit, pour lutter contre le réchauffement climatique,
14:35 il faudrait manger moins de viande.
14:36 Mais les gens sont attachés au fait de manger de la viande.
14:39 Une des solutions serait de développer de la viande,
14:42 qui est de la viande végétale, et cette viande végétale
14:45 émettrait beaucoup moins de gaz à effet de serre,
14:47 ce serait 15 fois moins.
14:49 - Il faut quand même cultiver les végétaux.
14:51 - Il faut quand même cultiver les végétaux, mais il n'y a pas le fait des vaches.
14:54 - Mais ils ne font pas de gaz.
14:55 - Exactement.
14:56 On n'a pas besoin de déforester des zones pour faire pêtre les animaux,
14:59 et donc ça changerait considérablement le bilan carbone.
15:02 Si on mangeait exclusivement de la viande végétale,
15:05 à la place de la viande animale, je ne parle même pas des sujets de la cause animale,
15:09 qui est aussi un sujet qui a pris une place très importante.
15:11 - Bien sûr, ne pas faire souffrir les animaux, et là aussi c'est très légitime.
15:14 - Il faut savoir quand même, juste dernier point,
15:16 qu'aujourd'hui sur la biomasse, c'est-à-dire tous les êtres vivants sur Terre,
15:19 80% c'est des animaux d'élevage, 20% c'est l'homme,
15:24 et 1,5% ce sont les espèces sauvages.
15:26 C'est pour vous dire la place qu'ont pris les animaux d'élevage
15:29 dans la totalité des êtres vivants qui occupent la surface de notre planète.
15:33 - D'accord. Et donc cette viande végétale, parce qu'on en voit un petit peu partout maintenant,
15:38 et alors quand je dis viande, ce n'est pas que viande,
15:40 c'est saucisse, c'est bacon, c'est lardons...
15:43 - Tout ça, ce n'est pas que des steaks, mais effectivement il y a toutes les viandes différentes,
15:47 et en fait c'est un sujet de recherche.
15:49 C'est un sujet de recherche, ce n'est pas du tout simple de faire de la viande végétale.
15:53 - Il y a quoi dedans ?
15:54 - Alors, il y a des choses qui contiennent des protéines,
15:57 parce que le but de la viande c'est d'avoir un apport de protéines,
16:00 donc les protéines c'est tout ce qui constitue notre vivant.
16:02 Chaque chose un petit peu complexe dans notre corps est issue d'acides aminés
16:06 qui sont issus de la viande qu'on mange.
16:09 Donc l'objectif c'est de créer de la viande végétale qui nous apporte ces acides aminés.
16:13 Et ces acides aminés qui ne viennent pas de tous les végétaux.
16:16 Donc ce sont les légumineux,
16:18 donc les légumineux c'est tout ce qui va être les haricots, les pois chiches,
16:22 ça va être le quinoa, le soja et un certain nombre de céréales.
16:27 Donc ce sont ces végétaux-là qui contiennent les acides aminés
16:31 qui normalement sont dans la viande animale.
16:32 - Pour l'instant ça ne ressemble pas trop à de la viande ?
16:34 - Alors pour l'instant ça ne ressemble pas trop à de la viande,
16:35 donc il faut réussir à faire de la viande avec tout ça.
16:37 Donc c'est des recherches qui sont très compliquées,
16:39 avant on n'y arrivait pas du tout, en tout cas quand on le goûtait,
16:41 quand on le voyait ça ne ressemblait pas du tout.
16:43 Et il y a eu énormément de progrès,
16:44 notamment sur les matières qu'on va utiliser pour faire agréger
16:47 tous ces végétaux les uns avec les autres,
16:49 pour faire comme si la viande saignait, pour faire en sorte que...
16:52 - Donc on met quoi ? On met de la betterave ?
16:54 - On met de la viande, donc on met effectivement du jus de betterave
16:56 pour faire semblant que c'est du sang,
17:00 et on utilise des méthylcelluloses, des matières issues du bois,
17:04 pour réussir à faire agglomérer exactement toutes ces viandes
17:08 et que ça ressemble à un steak haché.
17:09 Ça a un certain succès, pourquoi ?
17:11 Parce qu'il y a des enquêtes qui ont été faites notamment
17:13 par des grandes marques comme Burger King,
17:14 où ils ont pris des hamburgers avec de la viande animale classique
17:18 et d'autres avec de la viande végétale.
17:21 Ils ont fait ça en Suède, ils l'ont pas dit aux gens,
17:23 mais il y a la moitié des gens qui ne se sont pas rendus compte
17:25 et qui n'arrivaient même pas à faire la différence
17:27 entre un whopper animal et un whopper végétal.
17:30 C'est pour vous dire le progrès qu'on a fait sur cette viande végétale.
17:34 - Ils ont cassé les dents pour la moitié ?
17:35 - La moitié n'a pas réussi à faire la différence entre l'un et l'autre.
17:38 Alors, il faut aussi savoir que ce n'est pas les mêmes ingrédients
17:42 qu'il y a dedans, et aussi en termes de santé,
17:44 ça n'a pas forcément les mêmes influences,
17:46 manger de la viande animale ou de la viande végétale.
17:49 Vous savez qu'on dit que manger trop de viande animale,
17:52 notamment de la viande rouge, peut avoir des effets délétères sur la santé.
17:55 - Oui, on dit qu'il y a un sur-risque de cancer digestif, de colique, etc.
17:59 - Exactement.
18:00 - Pour les maladies cardiovasculaires aussi.
18:01 - Plus de cholestérol, effectivement.
18:02 - Mais je reviens à cette composition,
18:04 parce que vous nous avez dit qu'il y avait énormément de recherches.
18:07 On comprend bien que ce n'est pas juste avec du blé, un peu d'huile,
18:11 un peu de soja, un peu de quinoa, qu'on va en faire un sec.
18:14 Donc j'imagine qu'il y a énormément de produits hyper-industrialisés.
18:18 - Oui, effectivement. C'est un produit qui est très complexe.
18:20 C'est quasiment un produit qui est technologique.
18:22 Et donc il y a d'ailleurs des secrets technologiques.
18:24 Les entreprises, qui sont des entreprises très innovantes,
18:27 qui développent cette viande végétale, gardent ça de façon très secrète.
18:31 Et effectivement, c'est des aliments qu'on appelle hyper-transformés.
18:34 - Donc ça, ce n'est pas bon pour le microbiote, par exemple ?
18:36 - Absolument, ce n'est pas bon pour le microbiote.
18:38 Ce n'est pas excellent pour la santé.
18:39 Il y a des études qui montrent que les aliments hyper-transformés
18:41 avec tous ces additifs ne sont pas bons,
18:44 notamment aussi pour les sujets de cancer, sur les sujets cardiovasculaires.
18:47 Donc ça, c'est un élément qui n'est pas tellement en faveur de la viande végétale.
18:51 - C'est très salé ?
18:52 - C'est salé. Il y a des additifs...
18:55 - Décolorants ?
18:56 - Décolorants, exactement, qui ne sont pas des substances
18:59 qu'on a envie de voir normalement dans la nourriture.
19:01 Donc c'est les arguments anti-ultra-consommation de viande rouge
19:05 versus les aliments ultra-transformés.
19:07 Que sont ces viandes végétales ?
19:08 - On a quand même toujours dit, et on continue à le dire,
19:11 que dans la viande, il y a énormément d'aliments qui sont importants,
19:15 notamment du fer.
19:16 - Notamment du fer.
19:17 Or, chez les femmes notamment, on a 15% de la population française
19:21 qui est carencée en fer.
19:22 Et le fer qui est contenu dans la viande est beaucoup mieux absorbé,
19:26 qui vient de l'hémoglobine de l'animal, que le fer et de la myoglobine,
19:30 que le fer qui vient de la viande végétale.
19:33 Donc il ne faudrait pas que tout le monde ne consomme que de la viande végétale,
19:35 mais ça peut être quelque chose d'intéressant pour baisser la part
19:39 de la viande animale sur le sujet du bilan carbone,
19:42 sur le sujet de la cause animale, et aussi sur le sujet
19:45 de l'hyperconsommation de viande rouge en France.
19:48 Car l'OMS conseille qu'il n'y ait que 50% des protéines
19:51 qui viennent de la viande animale.
19:53 Or, en France, c'est plutôt 65%.
19:55 Donc il y a quand même un équilibre à rétablir,
19:57 et ça pourrait être un moyen d'y arriver.
19:59 - Alors imaginons, docteur Blaché, que je ne sois pas écolo.
20:02 Est-ce que vous me conseilleriez de ne plus manger de viande,
20:06 de manger de la viande trois fois par semaine ?
20:08 Est-ce que c'est dangereux ? Vous comprenez ma question.
20:10 Est-ce que finalement, quand on voit un peu les inconnus qu'il y a,
20:14 quand on voit que ce sont des plats industrialisés,
20:16 avec des additifs, des colorants, etc.,
20:19 qu'est-ce que vous conseillez aux gens qui nous regardent ?
20:21 - Déjà, je leur conseille de ne pas manger plus de trois fois par semaine
20:23 de la viande rouge, parce que ça, c'est quand même établi
20:25 que ce n'est pas conseillé.
20:27 Donc il faut, pour un certain nombre d'entre nous,
20:29 diminuer l'apport en viande animale.
20:31 Si vous avez envie de garder le même régime alimentaire,
20:34 c'est-à-dire de ne pas sortir la consommation de viande
20:36 que vous appréciez, par exemple de manger de la viande tous les jours,
20:39 vous pouvez effectivement aller sur ces viandes végétales
20:42 qui ne vont pas changer votre plaisir de manger,
20:45 si vous mangez un burger, par exemple, avec de la viande végétale,
20:49 vous pouvez continuer à le faire, et ça va être bien
20:51 de diminuer votre ration de viande animale.
20:54 - En ayant toujours le goût de la viande.
20:56 - En ayant toujours le goût.
20:57 - Donc pour les vexitariens, pour les véganes, c'est pas mal.
20:58 - Exactement. Si vous n'en avez pas besoin
21:00 vous pouvez manger essentiellement des légumes
21:03 ou des fruits à la place de la viande rouge,
21:05 vous n'avez pas besoin de vous déporter sur cette viande végétale.
21:08 Et ça vous permet également de régler un certain nombre de sujets
21:11 qui sont le sujet de la cause animale,
21:13 le sujet du bilan carbone qu'il faudra bien traiter un jour quand même,
21:16 et ça représente une part importante, on l'a vu,
21:19 et puis aussi le sujet de votre santé, où on ne conseille pas,
21:22 c'est vrai notamment pour tout ce qui est pathologie du système digestif,
21:27 de manger plus de trois fois par semaine, notamment de la viande rouge,
21:30 donc rééquilibrée à 50/50 comme le conseil de l'OMS.
21:33 - En même temps on ne veut pas non plus trop déséquilibrer notre microbiote.
21:36 - Exactement.
21:37 - Donc il faut aussi être vigilant.
21:38 Merci beaucoup Dr Blachier.
21:40 Merci à vous de nous avoir suivi et resté en notre compagnie.
21:42 L'info, c'est sur CNews.
21:44 Merci.