Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo
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00:00 Face à l'info, bonsoir à tous, 19h c'est l'heure, j'espère que vous êtes en pleine forme, la mousquetaire préférée du soir, sommeil à l'abidi pour la Minute Info.
00:11 12e journée de mobilisation contre la réforme des retraites de main et selon nos informations, pour assurer le maintien de l'ordre,
00:20 11 500 policiers et gendarmes seront mobilisés sur tout le territoire, 4 200 rien qu'à Paris.
00:27 Et puis cette mauvaise nouvelle pour les épargnants, le taux du livret A ne devrait pas augmenter au printemps selon une information du Parisien et ce, malgré une inflation galopante.
00:37 Son taux devrait donc rester bloqué à 3% jusqu'au 1er août. Pour rappel, 55 millions de Français sont détenteurs de ce type de livret.
00:46 Et puis fin du suspense, Harry assistera bel et bien au couronnement de son père le 6 mai prochain, mais sans sa femme Meghan et leurs deux enfants Archie et Lilybet.
00:55 Une annonce du palais de Buckingham dans un communiqué. Il faut dire que depuis leur départ du Royaume-Uni en 2020, les relations entre les Sussex et la famille royale sont particulièrement tendues.
01:06 - J'arrête. - Attention.
01:08 Au sommaire ce soir, ne dites plus Black Friday, ne dites plus Blacklistez. Le mot "black" est jugé raciste par le Parlement européen.
01:22 Un atelier s'y est tenu pour lutter contre le racisme par le langage. Comment réinventer le vocabulaire pour créer une société sans racisme ?
01:32 En quoi cette stratégie est-elle efficace ? L'édito de Mathieu Boquecôté.
01:38 Comment expliquer que le président Emmanuel Macron soit inaudible en France et même aujourd'hui à l'international ?
01:44 Le chef de l'État a été bousculé aux Pays-Bas alors que l'international était jusque-là une planche de salut pour notre président contesté.
01:53 Ne perd-il pas sur tous les tableaux ? Donald Trump l'accuse de s'agenouiller devant les Chinois, mais il ne risque pas de nous favoriser pour autant.
02:01 Les Américains sont furieux, les Européens sont furieux, les Taïwanais sont furieux, l'édito furieux de Guillaume Bigot.
02:10 Ajaccio, la maison d'une élue, d'une adjointe à la mairie d'Ajaccio. Première ville de Corse a été visée dimanche soir par un attentat.
02:20 Le parquet national antiterroriste a été avisé. L'acte a été signé par un nouveau groupe clandestin, Jeunesse Corse Clandestine,
02:29 qui revendique prendre la suite du FLNC après la mort d'Ivan Colonna.
02:34 Personne n'en parle. Des élus s'inquiètent de plusieurs attentats justement qui ont été liés contre des mairies.
02:41 Faut-il s'inquiéter du retour de la violence politique en Corse ? Le décryptage de Charlotte Dornelas.
02:47 Et si on s'arrêtait sur la toute première croisade, objectif reconquérir les lieux sains.
02:54 C'était le 12 avril 1096. Cette première croisade démarre sous l'impulsion d'un illuminé, Pierre Lhermitte.
03:01 Cela, après l'appel lancé par le pape Urbain II, inquiet de la percée musulmane en Orient.
03:07 Marc Menand raconte.
03:09 « Les pyramides qu'on voit là au sommet, il y a de l'or. C'est le meilleur conducteur pour l'électricité.
03:15 C'était des foutues antennes, les gens avaient l'électricité », déclare Gims dans une interview accordée fin mars sur Youtube.
03:23 D'où peuvent bien sortir ces théories révisionnistes de la part du rappeur congolais,
03:29 auprès de 30 millions d'abonnés sur les réseaux sociaux ?
03:33 Gims est-il perché comme jamais, l'édito de Mathieu Bocoté ?
03:38 Une heure pour prendre un peu de hauteur sur l'actualité avec nos éditorialistes.
03:43 On commente, on écrit, on analyse et c'est parti !
03:47 [Générique]
03:58 Alors on parlera ce soir, en fin de tour de table, sur l'État français qui a décidé d'investir 220 millions d'euros
04:05 d'ici la fin de l'année pour restaurer les 87 cathédrales qui lui appartiennent.
04:10 C'est intéressant d'avoir votre regard sur ce sujet.
04:13 Est-ce que l'État fait l'aumône de 220 millions pour restaurer ces cathédrales en cette période de crise financière ?
04:19 Est-ce que c'est déplacé ? Est-ce qu'on applaudit ? J'ai envie de vous entendre sur ce sujet.
04:23 Comment allez-vous ce soir ?
04:24 - Très bien, toujours bien.
04:25 - Guillaume Bigoï de Reto.
04:26 - Très bien, ravi de vous retrouver.
04:28 - Bien, alors Mathieu Bocoté, comment réinventer le vocabulaire pour créer une société sans racisme ?
04:37 Le Parlement européen nous donne des leçons.
04:39 Le 21 mars dernier, journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale,
04:44 l'unité, égalité, inclusion et diversité du Parlement européen, c'était au cœur d'une activité.
04:52 Et c'est le poids des mots. Le poids des mots est très important.
04:55 On y expliquait dans cet atelier comment réinventer le vocabulaire, comment le nettoyer, comment le recréer aussi,
05:01 pour créer une société sans racisme, pour créer une société antiraciste.
05:05 De quoi s'agit-il, Mathieu Bocoté, et en quoi cette stratégie peut-elle être efficace ?
05:10 - Alors, il y a un constat intéressant à travers cela. Commençons par là.
05:15 C'est la reconnaissance de l'importance centrale du poids des mots, du langage dans la formation de la pensée.
05:22 Le caractère essentiel des mots pour apercevoir le monde, concevoir le monde, dire le monde.
05:29 Il y a une réflexion politique à avoir, philosophique à avoir sur la nature du langage.
05:34 Et on le sait, un homme privé de mots est incapable de nommer ce qu'il voit, ce qu'il ressent.
05:39 Et inversement, la maîtrise des mots, la maîtrise du langage permet de nommer le monde dans sa complexité.
05:44 Mais au-delà de ce point de départ d'accord, on bascule tout de suite dans un univers parallèle.
05:48 Vous comprendrez pourquoi. Que nous disent des gens, alors c'est organisé, vous avez raison de le dire,
05:53 par le Parlement européen, par son unité, égalité, inclusion et diversité.
05:58 Un truc comme ça, ça annonce toujours quelque chose d'un peu louche.
06:01 Un truc qui nous explique qu'on doit redéfinir notre rapport au langage pour le purger,
06:07 pour le nettoyer de ses aspérités, de ses scories potentiellement racistes,
06:12 pour le nettoyer de son contenu inquiétant.
06:16 Et on le dit, je cite, « les mots que nous utilisons sont importants,
06:20 que ce soit lors de réunions formelles ou en discutant autour d'un couloir. »
06:25 On comprend qu'il s'agit ici de maîtriser la conversation jusque dans les couloirs.
06:31 Ce n'est pas inintéressant.
06:33 Deux conférencières sont invitées pour parler de cet immense problème,
06:38 comment nettoyer le langage de ses scories racistes.
06:42 La première, Rolade Berthier, qui est une des deux conférencières.
06:46 Mme Berthier, qui est une spécialiste, dit-elle, de la langue, une formatrice,
06:52 une réflexion sur la langue, et elle se dit, sa mission,
06:55 c'est de nettoyer la langue de ses scories racistes.
06:58 Et là, le premier exemple qu'elle nous a donné, parce qu'elle a publié le fait sur son blog,
07:01 elle a rendu compte de sa conférence, donc on peut directement savoir ce qu'elle a dit.
07:05 Elle dit, on parle du terme « blacklist », vous savez, en anglais, quand on dit « blacklist »,
07:09 c'est-à-dire que c'est un terme pour dire, c'est les gens qui sont sur cette liste-là,
07:12 ils sont barrés, on n'accepte plus, ils sont interdits, ils sont frappés et interdits.
07:17 Eh bien, le mot « blacklist » n'est-il pas un mot qui incite au racisme antinois ?
07:21 Parce qu'il porte une connotation négative au mot « black ».
07:25 Donc, il faudrait « blacklister » le mot « blacklist », permettez-moi le mauvais jeu de mots,
07:31 il faudrait en finir avec ce terme pour le remplacer par d'autres termes possibles.
07:36 Je vais dire la version française plutôt que la version anglaise, on devrait dire « bared list »,
07:40 donc liste barrée, « denied list », liste refusée, « blocked list », liste bloquée,
07:46 ou encore liste non autorisée.
07:48 Autrement dit, il faut bannir l'utilisation potentiellement négative du mot « noir »
07:54 parce qu'il inciterait à la discrimination.
07:57 Dans la même logique, il y a d'autres mots qu'il faut bannir et interdire,
08:01 vous voyez, il y en a beaucoup, il ne faut pas l'oublier.
08:03 « Gyp » ou « gip », qui est la version abrégée de « gypsy », les gitans,
08:08 donc l'utilisation de ce terme encourage une représentation négative des gitans,
08:12 « clac », il doit disparaître.
08:14 « Chop chop », ça je l'ai appris en anglais, ça veut dire « go » rapidement,
08:18 c'est un « chop chop » qu'on fait faire rapidement,
08:20 mais ça peut être entendu de manière négative pour les Chinois,
08:25 pour une forme particulière d'anglais tel qu'on le parle en Chine.
08:28 Puisque ça peut encourager des préjugés négatifs à l'endroit d'une partie de la population chinoise
08:33 qui utilise une certaine manière de parler l'anglais, « clac », on fait disparaître le mot « chop chop ».
08:38 « Guru », un terme qu'on utilise assez souvent,
08:41 et bien, c'est un terme dont il faut se méfier aussi.
08:44 Pourquoi? Parce qu'il nous dit, Rolade Berthier,
08:48 qu'est-ce qu'un « guru », c'est un guide ou un chef spirituel,
08:50 dans les traditions bouddhistes et hindous, c'est un terme qui impose le respect.
08:54 Dès lors, son utilisation moqueuse ou critique, pour parler d'un « guru »,
08:59 par exemple, Jean-Luc Mélenchon sera un « guru »,
09:01 je serai comme ça, mais il faudra avoir d'autres images en tête.
09:03 Eh bien, c'est un terme négatif qu'on ne doit pas utiliser,
09:07 donc celui-là aussi, on doit le congédier.
09:10 L'économie vaudou, alors ça, c'est un terme qui est très américain,
09:13 c'est un terme utilisé en d'autres temps, « Vaudou Economics » par George Bush Payer,
09:17 qui parlait finalement d'une économie pas très sérieuse,
09:19 une économie qui était plus spéculative que réelle.
09:22 Eh bien, sachant que le vaudou est un culte pratiqué, notamment à Haïti,
09:24 c'est un terme discriminatoire.
09:26 Un autre terme qu'on doit bannir, et là, on se rapproche de mes deux préférés.
09:29 Un immigrant, je précise, un immigrant est un être humain.
09:34 Un être humain ne peut être illégal.
09:36 Pourquoi ne pas utiliser « individu, famille, personne sans papier »
09:40 plutôt qu'un immigrant illégal?
09:43 - Alors, qu'est-ce qu'il faut mettre, du coup?
09:46 - Personne sans papier.
09:47 De ce point de vue, les Français sont avancés, mais la notion d'immigrant illégal,
09:50 vous savez, on a tous ce débat-là quand on dit « immigrant irrégulier » plutôt qu'illégal,
09:54 parce qu'il faut bannir la possibilité mentale d'une immigration illégale.
09:58 Et aussi, étranger.
10:00 Étranger, on doit le laisser de côté, parce que ça laisse croire
10:02 qu'on est devant quelqu'un qui n'appartient pas au pays.
10:04 On doit dire « personne née à l'étranger ».
10:08 Alors, avec cela, vous aurez compris qu'on nettoie le langage,
10:11 on décide de le toiletter pour éviter que des termes
10:14 que certains peuvent connoter négativement,
10:17 que ces termes puissent le polluer.
10:20 Il y a eu une deuxième conférence, je l'évoque rapidement,
10:22 sur la décolonisation du langage.
10:24 Le titre de la conférence, c'était « L'interaction historique du colonialisme,
10:27 du racisme et de la langue ».
10:28 Et on aura compris qu'il faut décoloniser la langue
10:31 pour abolir le racisme structurel en Occident.
10:34 Vous voyez l'imaginaire de cette conférence,
10:36 financée, pilotée par le Parlement européen.
10:38 À force de déconstruction, on verra dans la deuxième partie
10:41 que si ça laisse la place à beaucoup de fake news,
10:44 on en parlera dans un instant.
10:46 Ce n'est pas la première fois, quand même, Mathieu Bocote,
10:48 que les institutions européennes veulent modifier le langage.
10:51 Et vous avez tout à fait raison de le dire.
10:53 Deux références récentes, parce qu'il y en aurait d'autres.
10:55 Décembre 2021.
10:57 « Clear writing for Europe 2021 ».
11:01 Alors là, c'est un appel...
11:02 - En français, ça veut dire quoi?
11:03 - Euh, mon Dieu, une écriture...
11:04 En gros, c'est un appel à l'écriture inclusive.
11:06 Je traduis très concrètement.
11:08 Dans cette rencontre qui était financée
11:10 par la Commission européenne, le Parlement européen,
11:13 le Secrétariat général du Conseil de l'Union européenne
11:16 et toute une série d'autres instances très officielles.
11:18 On n'est pas ici avec la collection des abrutis
11:22 de je ne sais quel département lointain oublié au pôle Nord.
11:25 On est ici avec des gens qui font un travail très institutionnel.
11:29 Mais là, l'objectif, sensibiliser à l'importance
11:33 et à l'importance aux avantages d'une rédaction claire
11:35 et souligner la nécessité d'un langage clair et inclusif.
11:39 Alors, qu'est-ce qu'on doit mettre dans l'inclusif?
11:42 Il faut, par exemple, bannir les références genrées.
11:46 Vous savez, le genré, il, elle, lui, tout ça.
11:50 Il faudrait, dans la mesure du possible,
11:52 bannir les références genrées dans la langue,
11:54 dans les différentes langues européennes d'ailleurs,
11:56 pour être capable d'accoucher d'une langue
11:58 qui serait neutralisée sur le plan du genre,
12:00 parce que la référence au genre serait,
12:02 référait à une forme de sexisme grammatical
12:05 dissimulé dans la langue.
12:07 Dans le même esprit, alors là, il y avait aussi un petit moment
12:09 sur la question du mot « black ».
12:11 Alors, j'y reviens, je n'y peux rien.
12:13 « Black sheep », « mouton noir », on devrait plutôt dire « renega ».
12:16 « Black ball », on devrait plutôt dire « ostracisé ».
12:20 « Black box », vous savez, une « black box »,
12:22 eh bien, on devrait dire une boîte
12:24 avec un contenant inconnu, un contenu inconnu.
12:28 « Black Friday », le vendredi après le « Thanksgiving »,
12:32 et ainsi de suite.
12:34 Donc, vous aurez compris l'idée.
12:36 Il faut bieffer, autant que possible,
12:38 et le plus possible, la référence aux mots noirs dans le langage.
12:42 Et aussi, bon, quelques autres références
12:44 sur la question du genre, je l'ai évoquée.
12:46 Plutôt qu'un « housewife », donc « femme à la maison »,
12:48 il faudrait dire « homemaker »,
12:50 celui qui construit la selve, celui, ciel,
12:52 je ne sais pas trop, qui construit la maison.
12:54 « Mankind », on devrait dire « humankind »,
12:56 « fireman », un pompier, « firefighter », et ainsi de suite.
13:00 Donc, on comprend. Il s'agit d'une entreprise planifiée.
13:03 On n'est plus dans, comme je dis, le colloque improvisé
13:06 par je ne sais quel département oublié au Dakota.
13:09 Pas au nord au Dakota, mais globalement, c'est la même chose.
13:11 - Au Parlement européen.
13:13 - Au Parlement européen, la Commission européenne,
13:15 qui nous disent qu'on doit réformer le langage.
13:17 Ce qu'avait aussi proposé, madame, on en a déjà parlé ici,
13:19 Helena Daly, qui est responsable des questions d'égalité
13:22 et d'inclusion et de diversité à l'Union européenne,
13:25 qui avait dit qu'on devait bannir, notamment, la référence à Noël.
13:28 On ne devait plus dire, par exemple, que le feu
13:30 était la plus grande invention de l'homme,
13:32 mais le feu, la plus grande invention de l'humanité.
13:34 Elle nous demandait de bieffer les références au christianisme,
13:36 notamment à Noël, de changer les noms, rappelez-vous,
13:39 c'était sa proposition, pour ne pas qu'il ne soit trop marqué
13:42 de manière chrétienne.
13:44 Donc, on ne peut plus dire Marie et Jean sont un couple international,
13:46 mais Malika et Julius sont un couple international.
13:49 Il fallait bieffer les prénoms à connotation chrétienne,
13:52 les références au colonialisme.
13:54 Ça, c'était ma préférée.
13:56 Le jour lointain, on colonisera Mars.
13:58 Ah, bien non, on ne peut plus dire ça, on ne colonisera pas Mars,
14:00 on va envoyer des humains sur Mars,
14:02 comme ça, il n'y aura pas de référence positive au colonialisme.
14:05 Il y a deux réflexions qu'on peut faire à partir de là.
14:08 La première, c'est que c'est une entreprise planifiée.
14:11 Là, il faut dire les choses.
14:13 La modification du langage, l'idéologisation du langage,
14:16 la politisation du langage, la manipulation du langage,
14:19 c'est aujourd'hui au cœur du projet diversitaire.
14:23 Et ensuite, c'est une prise de pouvoir, car qui n'utilise pas ce langage
14:27 est condamné à évoluer au marge de la société.
14:30 - Vous nous le rappelez souvent, Georges Orwell,
14:32 le grand écrivain anglais, a consacré de nombreux...
14:35 Je vois pas que vous avez déjà ouvert le livre.
14:37 A consacré de nombreux passages.
14:39 C'est votre bible ou quoi? - Presque.
14:41 - De son livre 1984 à la manipulation du langage.
14:45 En quoi peut-il nous éclairer sur la situation présente?
14:48 - Je vais vous citer juste 2 ou 3 petits passages
14:51 qui montrent comment Orwell a tout vu ce dont on parle aujourd'hui.
14:54 Quand on modifie le langage, on brouille le sens des mots,
14:57 on brouille le rapport au réel, les mots ne veulent plus rien dire,
15:00 on n'a plus d'empêchement mentaux.
15:02 Et finalement, il y a une forme de confiscation
15:05 qui s'exerce sur le langage par des idéologues
15:08 qui décident d'en biffer certaines parties.
15:10 Donc, une confiscation du langage par des idéologues.
15:12 1984, Georges Orwell.
15:14 Je vous lis que 3 petits passages qui sont bouleversants.
15:16 Celui qui parle, c'est celui qui est responsable
15:18 du nouveau dictionnaire de la novlangue
15:20 et qui a pour mission, notamment, de biffer, justement,
15:22 des mots du vocabulaire.
15:24 Je cite.
15:26 "Vous croyez, n'est-ce pas, que notre travail principal
15:28 est d'inventer des mots nouveaux? Pas du tout.
15:30 Nous détruisons chaque jour des mots,
15:32 des vingtaines de mots, des centaines de mots.
15:35 Nous taillons le langage jusqu'à l'os."
15:38 Il dit aussi, ça c'est formidable,
15:40 "C'est une belle chose, la destruction des mots."
15:43 Et là, il explique comment les 150 mots pour dire
15:45 "bon", "bien", tout ça, on va les biffer,
15:47 on va les tenir seulement sur trois.
15:49 Bon, imbon, très bon.
15:51 C'est complètement délirant.
15:53 On va biffer les mots, c'est beau détruire les mots.
15:55 Et là, "Ne voyez-vous pas que le véritable but du novlangue
15:58 est de restreindre les limites de la pensée?
16:01 À la fin, nous rendrons littéralement impossible
16:04 le crime par la pensée, car il n'y aura plus de mots
16:07 pour l'exprimer. Chaque année, de moins en moins de mots
16:10 et le champ de la conscience de plus en plus restreint."
16:13 Je m'excuse, mais c'est ce qu'on vit aujourd'hui.
16:16 La novlangue s'impose à nous, les mots disparaissent,
16:18 il y a des mots qu'on n'a pas le droit de prononcer.
16:20 Si on les prononce publiquement, on se fait traiter
16:22 d'extrême droite, tout ça.
16:24 - On a déjà dépassé un peu le tour.
16:26 - Oh, pardonnez-moi.
16:28 - Non, mais j'ai encore une petite question.
16:30 Est-ce que vous pouvez peut-être comprendre,
16:32 être choqué, justement, d'aller dans le sens
16:34 du Parlement européen, qui a dit "oui, mais ça me choque
16:36 lorsqu'on dit colonialisme"?
16:38 - Je voudrais que la notion de blasphème m'exaspère,
16:40 peu importe qui l'utilise.
16:42 Elle m'exaspère si ce sont des catholiques
16:44 qui parlent de blasphème, mais aussi si ce sont
16:46 des minorités qui disent, à cause de notre histoire,
16:48 le simple fait d'entendre un mot me heurte, me blesse,
16:50 et tout ça. Je vais vous résumer ça d'un mot.
16:52 Vous savez, il y a un très grand livre dans l'histoire du Québec
16:55 qui s'appelle "Nègre blanc d'Amérique",
16:57 qui parle de la condition des Québécois au temps
16:59 où ils étaient colonisés, en les comparant
17:01 à la population de l'Ouest. On propose désormais
17:03 d'utiliser un autre mot, parce que le mot "nègre"
17:05 est un mot interdit aujourd'hui. Plutôt que de dire "n-word",
17:07 ou "mot qui commence par n", on propose de dire
17:09 le mot "mègre". Donc là, le livre peut devenir
17:11 "Mègre blanc d'Amérique".
17:13 Donc, vous voyez à quel point on est rendus.
17:15 Et je devine que Senghor et d'autres sont des écrivains
17:17 de la maigritude, et faites la liste, et ainsi de suite.
17:19 Donc, devant cela, je comprends la sensibilité
17:21 de tout le monde dans la vie, mais une fois que c'est dit,
17:23 la manipulation du langage, pour moi,
17:25 c'est une forme d'esprit néo-soviétique,
17:27 et je ne m'y rallie pas.
17:29 - Merci pour votre regard. En parlant de livres,
17:31 alors j'ai découvert quelque chose
17:33 à propos de vous, Guillaume Bigot.
17:35 "Les sept scénarios de l'apocalypse".
17:37 C'est un livre que vous avez sorti en 2000.
17:39 On va le montrer parce que, pardonnez-moi,
17:41 avant de commencer, je déborde aussi sur le temps,
17:43 mais la thèse,
17:45 c'est le retour de la guerre
17:47 de haute intensité,
17:49 qui est inéluctable. Dans ce livre,
17:51 alors j'ai découvert, pardonnez-moi, je ne le connaissais pas
17:53 avant, je vous prie de me m'excuser,
17:55 donc dans ce livre, vous expliquez qu'il y a un scénario
17:57 qui explique comment Ben Laden peut attaquer New York
17:59 et diffuser
18:01 le djihad partout dans le monde,
18:03 avant l'attaque de New York.
18:05 Dans ce livre, vous expliquez
18:07 un autre...
18:09 comment un dictateur russe
18:11 va récupérer
18:13 l'Ukraine.
18:15 C'est sorti en 2000. Dans ce livre,
18:17 vous expliquez un troisième scénario de l'apocalypse,
18:19 comment la Chine
18:21 et les Etats-Unis déclenchent
18:23 une guerre mondiale à propos de Taïwan.
18:25 Alors ça, ça m'a interpellé,
18:27 ça me donne des frissons.
18:29 Je vous dis sincèrement, ça me donne des frissons.
18:31 Il suffisait d'ouvrir un atlas
18:33 et de connaître un peu l'histoire en réalité.
18:35 Donc, ce que vous dites dans ce livre
18:37 sorti il y a 23 ans,
18:39 quasiment tout est en train de se réaliser,
18:41 et j'espère que non,
18:43 en tout cas pour la guerre mondiale,
18:45 mais à la lumière
18:47 de votre regard géopolitique,
18:49 on va s'arrêter
18:51 sur le président Emmanuel Macron
18:53 aujourd'hui, qui est souvent
18:55 en déplacement, qui semble vouloir se concentrer
18:57 sur la politique étrangère,
18:59 mais on l'a vu comme aux Pays-Bas et en Chine,
19:01 c'est assez particulier.
19:03 Pour la première fois, cela ne semble
19:05 pas lui profiter. Alors j'ai vraiment
19:07 envie d'avoir votre regard sur ce qui s'est passé,
19:09 sur Taïwan, sur le président, votre regard
19:11 justement au niveau géopolitique.
19:13 Pour boucler la boucle avec le livre qui est
19:15 vraiment une vieillerie maintenant d'il y a 23 ans,
19:17 c'est effectivement la thèse de la mondialisation heureuse
19:19 qui a été attaquée, c'est-à-dire que l'idée
19:21 que le commerce, le doux commerce
19:23 allait éteindre les passions humaines
19:25 et je pense que la guerre malheureusement reste attachée
19:27 à la race humaine. Je pense qu'il y a une race humaine
19:29 que les hommes sont tous les mêmes
19:31 et en bien comme en mal d'ailleurs.
19:33 Fermons la parenthèse. Donc effectivement, le président
19:35 Macron, il est persuadé, encore, lui encore,
19:37 il est complètement vintage, il vit
19:39 à l'heure de Ronald Reagan, de Margaret Thatcher,
19:41 il retarde un peu, et il est
19:43 dans cette idée que la mondialisation serait heureuse.
19:45 Alors pour revenir maintenant à son déplacement,
19:47 c'est vrai que c'est une position
19:49 plutôt avantageuse pour un chef de l'État.
19:51 Il porte la voix de la France, la voix de son pays
19:53 à l'étranger et on peut considérer surtout
19:55 quand il y a une crise qui part à l'étranger, c'est plutôt
19:57 valorisant pour lui. Mais là, c'est terminé.
19:59 D'abord parce que les Français ont l'impression
20:01 qu'ils fuient un peu les crises, même si c'est pas vrai,
20:03 ça donne cette impression, donc c'est mauvais pour son image
20:05 à l'intérieur, mais à l'extérieur,
20:07 eh bien la crise française le suit partout
20:09 où il va. Alors pas dans les pays dictatoriaux
20:11 comme la Chine, où on peut organiser des bains
20:13 de foules qui sont tellement beaux qu'on dirait des vrais,
20:15 mais sinon, la plupart du temps,
20:17 oui, la crise française le poursuit.
20:19 Je pense qu'il y a deux raisons fondamentales
20:21 pour lesquelles la scène internationale
20:24 n'est plus une planche de salut pour lui.
20:26 La première raison, c'est qu'il est faible
20:28 à l'intérieur de son pays, il est affaibli à l'intérieur
20:30 de son pays. Et donc,
20:32 il se retrouve en position de faiblesse ou de vulnérabilité
20:34 à l'égard des interlocuteurs,
20:36 de ces interlocuteurs qui sont ceux de la France.
20:38 Par exemple, lorsqu'il va aux Pays-Bas,
20:40 il a été interrompu dans son discours, c'est vrai,
20:42 mais surtout aux Pays-Bas, il va donner
20:44 une leçon d'européisme aux Hollandais,
20:46 alors même que la France,
20:48 disons, ne respecte pas complètement
20:50 les règles de l'Union Européenne.
20:52 Ça crée quand même un peu un malaise.
20:54 En Chine, quand il va en Chine, il y va avec 50 chefs d'entreprise,
20:56 mais il va en Chine avec 50 chefs d'entreprise
20:58 parce qu'il est le président d'un pays
21:00 dont le commerce extérieur est totalement effondré.
21:02 Mais il va en Chine aussi
21:04 parce que c'est le pays qui a racheté une grosse partie
21:06 de la dette française, dette souveraine,
21:08 enfin le terme ne veut absolument rien dire,
21:10 en l'occurrence. Et donc ça, c'est la première raison,
21:12 parce qu'il l'a fait bien à l'intérieur.
21:14 Mais il y a une seconde raison qui me semble évidente,
21:16 c'est qu'il a prolongé sur la scène internationale
21:18 cette histoire d'en même temps,
21:20 qui est à mon avis absolument contre-productif.
21:22 Le "en même temps", ça consiste à dire,
21:24 pour le président de la République,
21:26 une chose, puis ensuite le contraire,
21:28 sans paraître tout à fait ému
21:30 d'avoir dit le contraire.
21:32 Mais c'est aussi dire une chose et faire le contraire.
21:34 En fait, le président Macron s'estime tellement bon,
21:36 tellement brillant, tellement fort,
21:38 qu'il n'a plus besoin, il s'est affranchi.
21:40 Nous autres humains, on est encore guidés
21:42 par le principe énoncé par Aristote,
21:44 il y a 2400 ans, le principe de non-contradiction.
21:46 Mais lui, il est tellement fort,
21:48 qu'il n'a plus besoin de ce principe
21:50 de non-contradiction. De toute façon,
21:52 ce qu'il dit est tellement puissant,
21:54 de toute façon, ça lui donne vie,
21:56 d'une certaine façon. Alors en France,
21:58 il y a beaucoup de sireurs de chaussures,
22:00 il y a beaucoup aussi de gens qui sont
22:02 fascinés par le président de la République,
22:04 c'est leur droit, et on n'ose trop rien dire.
22:06 Ça crée parfois une gêne, une gênance,
22:08 on n'ose trop rien dire.
22:10 À l'étranger, évidemment, ça ne lui sert pas,
22:12 parce que là, évidemment, les étrangers
22:14 sont sur un pied d'égalité avec lui,
22:16 les journalistes étrangers n'hésitent pas
22:18 à lui rentrer dans l'art. Et effectivement,
22:20 cette attitude de "en même temps",
22:22 eh bien, l'affaiblit considérablement,
22:24 le décrédibilise. - Et selon vous,
22:26 est-ce que c'est ce qui s'est passé avec sa prise
22:28 de position non suiviste à propos
22:30 de Taïwan ? - Ah oui,
22:32 parce que là, cette position non suiviste
22:34 sur Taïwan, effectivement,
22:36 ça contient de multiples "en même temps",
22:38 d'une certaine façon. D'abord, en même temps,
22:40 il avait prévu, résolu, de ne pas parler
22:42 de l'affaire de Taïwan. Et il en a quand même
22:44 parlé. Ensuite,
22:46 en même temps, il avait prévu
22:48 d'avoir une position commune, unitaire,
22:50 européenne, de défendre la souveraineté européenne,
22:52 et il n'a commencé à exprimer
22:54 la position soi-disant de l'Europe
22:56 qu'à partir du moment où Ursula von der Leyen
22:58 était partie. Donc c'est à ce moment-là qu'il a exprimé
23:00 la position de l'Europe à l'égard de Taïwan.
23:02 Donc là aussi, gênant, c'est ce que me diraient les jeunes.
23:04 Troisième, en même temps,
23:06 il veut,
23:08 si vous voulez,
23:10 défendre une position
23:12 écoudistante entre les États-Unis
23:14 et la Chine sur l'affaire de Taïwan,
23:16 mais au moment même
23:18 où Xi Jinping a ordonné
23:20 à son armée, à ses forces armées, d'encercler Taïwan.
23:22 Donc ce n'était pas du tout une position neutre
23:24 ou écoudistante dans le contexte, en même temps,
23:26 si vous voulez. Et enfin, un dernier "en même temps",
23:28 il dénonce une logique, je cite le président de la République,
23:30 "bloc contre bloc". Donc il est contre
23:32 cette logique "bloc contre bloc",
23:34 mais sitôt que la polémique a enflé,
23:36 évidemment, l'Élysée
23:38 a pondu un communiqué pour dire que
23:40 bien sûr, les États-Unis restent
23:42 notre allié, nous partageons leurs valeurs.
23:44 Note de bas de page, évidemment,
23:46 on reste dans le bloc. On dénonce les blocs,
23:48 mais on reste dans le bloc, évidemment.
23:50 Je pourrais aussi ajouter une petite
23:52 vacherie, c'est que comme la plupart
23:54 de nos confrères sont à la fois
23:56 terriblement macronneux et en même temps très américains,
23:58 très pro-américains,
24:00 le président de la République s'est exprimé au sujet
24:02 de Taïwan et ils n'ont rien dit pendant plusieurs jours.
24:04 Ils trouvaient que c'était très bien, puisque c'était
24:06 le président qui parlait. Mais après que la métropole
24:08 étatsunienne a commencé à tonner,
24:10 alors là, tout le corps,
24:12 les corrifés, si vous voulez, des éditorialistes,
24:14 ont dit "oh là là, mais c'est vraiment pas possible ce qu'a dit
24:16 le président Macron", etc. Ils étaient en fait partagés.
24:18 Il y avait une espèce d'erreur 404, ils ne savaient pas
24:20 où devait aller leur fidélité.
24:22 Donc, la position
24:24 d'Emmanuel Macron sur Taïwan
24:26 n'était, selon vous,
24:28 donc pas conforme aux intérêts de la France.
24:30 Je crois que c'est, d'abord,
24:32 le résultat de cette
24:34 position, c'est que
24:36 finalement, ça n'a contenté absolument personne.
24:38 Parce que en même temps, c'est fait pour ménager
24:40 un peu tout le monde, la chèvre et le chou, tout le monde est content,
24:42 etc. Mais à la fin, personne n'est réellement content.
24:44 D'abord,
24:46 les américains sont furieux. Trump l'a exprimé
24:48 dans un vocabulaire assez
24:50 fleuri, disons, pas très diplomatique.
24:52 Les européens sont furieux.
24:54 Le grand quotidien allemand Bild a
24:56 dit qu'Emmanuel Macron s'était
24:58 agenouillé devant les chinois, l'image est quand même assez
25:00 étonnante.
25:02 Les taïwanais, évidemment, ils sont plus que furieux.
25:04 Ils sont amèrement déçus, ils ont l'impression d'avoir été
25:06 lâchés. Et pour autant, les chinois n'ont pas
25:08 l'air du tout d'avoir l'intention
25:10 de nous favoriser pour autant.
25:12 Ces gens-là sont dans le rapport de force.
25:14 D'ailleurs,
25:16 en Chine, ils appellent le président Macron
25:18 le président macaron, parce qu'ils disent
25:20 en Chine que le macaron,
25:22 c'est dur à l'extérieur et c'est doux à l'intérieur.
25:24 [Rires]
25:26 D'où vient ce "en même temps"
25:28 tellement typique d'Emmanuel Macron ? C'est la question
25:30 que je vous pose juste après la pause.
25:32 On marque une pause.
25:34 Retour sur le plateau de FaceInfo.
25:40 Nous étions avec Guillaume Bigot.
25:42 Comment ?
25:44 D'où vient ce "en même temps" tellement
25:46 typique d'Emmanuel Macron ?
25:48 C'est une question que je me suis beaucoup posée.
25:50 Je pense que j'ai après une réponse. Quand on regarde
25:52 son parcours, sa formation, son expérience,
25:54 ça devient assez clair en somme toute.
25:56 D'abord, c'est un énarque, c'est-à-dire
25:58 c'est un haut fonctionnaire. Son réflexe, c'est de collecter
26:00 énormément d'informations, énormément de données
26:02 et de proposer, comme fait
26:04 un haut fonctionnaire qui est directeur de cabinet,
26:06 par exemple, il propose aux ministres différentes solutions.
26:08 Et il propose une note avec deux parties,
26:10 deux sous-parties, et il dit par exemple,
26:12 prenons l'affaire de Taïwan, c'est très clair,
26:14 il ne faut pas suivre les Américains pour telle et telle raison,
26:16 mais on peut aussi choisir de ne pas suivre
26:18 les Chinois pour telle et telle raison.
26:20 L'énarque ne choisit jamais. C'est exactement ce que fait
26:22 M. Macron. D'ailleurs, il a mis d'accord les Ukrainiens
26:24 et les Russes qui ont trouvé le même mot, qui s'appelle
26:26 "macroner", c'est-à-dire ne pas choisir, en fait.
26:28 Deuxième chose, c'est un acteur.
26:30 Il a pratiqué le théâtre, il adore le théâtre,
26:32 et comme je parlais de
26:34 s'affranchir du principe de non-contradiction,
26:36 pour un acteur, ce n'est pas un problème. On peut jouer des rôles
26:38 complètement différents et dire des choses
26:40 absolument contradictoires.
26:42 Un jour, il joue avec Ursula von der Leyen
26:44 la solidarité des Occidentaux
26:46 avec les Américains. Le lendemain,
26:48 il joue un autre rôle, il est tout seul avec
26:50 Xi Jinping et il joue
26:52 l'autonomie européenne. Donc c'est une
26:54 partition totalement différente. Mais
26:56 il adore la manière dont il joue, il pense qu'il est
26:58 un acteur fantastique. Donc l'important, ce n'est pas
27:00 ce qu'il dit, finalement, c'est la manière
27:02 dont il le dit. Et il pense qu'il le dit tellement
27:04 bien que ça va fonctionner. Et enfin, la troisième
27:06 référence, la troisième explication, c'est
27:08 que c'est un banquier d'affaires. Et donc là, il s'agit
27:10 de maîtriser des dossiers techniques, un peu comme l'énarque,
27:12 mais aussi, finalement, de
27:14 séduire, de convaincre, en racontant
27:16 une belle histoire, en racontant une histoire,
27:18 un storytelling. Et bien là, on retrouve
27:20 d'ailleurs l'acteur. Et c'est ça la réalité
27:22 d'Emmanuel Macron sur tous les sujets.
27:24 C'est, dans la banque d'affaires, on dit qu'on va closer
27:26 un deal pour avoir une solution
27:28 win-win, gagnant-gagnant. Sauf que malheureusement,
27:30 on n'est pas dans le monde des affaires, on est dans le
27:32 monde cruel de la géopolitique. Au
27:34 Donbass, à Taïwan, il n'y a pas de win-win,
27:36 il y a malheureusement des gens qui meurent aujourd'hui
27:38 au Donbass, qui pourraient mourir demain. Et donc, les choix,
27:40 il ne les fait jamais, sauf lorsqu'il y a une autorité
27:42 au-dessus, comme Bruxelles, ou quand les Etats-Unis,
27:44 il tape sur les doigts et lui rappelle qui décide.
27:46 - Merci pour votre regard.
27:48 Dans un instant, on parlera de la première
27:50 croisade avec Marc Menand, on parlera
27:52 de Gims avec vous et de ses propos.
27:54 On va essayer de comprendre pourquoi ses propos...
27:56 - Il a dépassé Van Damme, Gims, je pense.
27:58 - On va essayer de comprendre,
28:00 on va essayer d'analyser.
28:02 Je rappelle qu'Emmanuel Macron proposera
28:04 au syndicat d'échanger
28:06 après la décision du Conseil constitutionnel,
28:08 comme on parle du chef de l'État, c'est important
28:10 de donner cette précision à la veille
28:12 d'une journée de mobilisation.
28:14 Charlotte, dans la nuit de dimanche
28:16 à lundi, la résidence familiale
28:18 d'une adjointe à Homère
28:20 d'Ajaccio a été la cible
28:22 d'un attentat signé
28:24 par les initiales
28:26 d'un nouveau groupe clandestin,
28:28 Jeunesse Corse Clandestine.
28:30 Alors, personne ne parle
28:32 de ce sujet. On va parler
28:34 d'invectif d'élus
28:36 avec des cirques, etc.
28:38 Mais ça, ce sont des attentats,
28:40 il y en a plusieurs. Que se passe-t-il ?
28:42 On aimerait comprendre.
28:44 Est-ce le retour de la violence politique
28:46 en Corse ?
28:48 - On va tenter de comprendre ce qui se passe.
28:50 Le procureur sur cet incendie,
28:52 cet attentat-là
28:54 contre la résidence familiale
28:56 de cette élue Corse
28:58 d'Ajaccio,
29:00 le procureur a précisé qu'il y avait deux inscriptions
29:02 sur la maison d'incendier.
29:04 Je vais éviter de vous le faire en Corse
29:06 pour éviter de faire rire tous nos amis Corses.
29:08 Mais la première
29:10 inscription, c'était "Spéculateur dehors".
29:12 Vous savez, la spéculation foncière a été
29:14 beaucoup visée par le FLNC,
29:16 c'est-à-dire toute la construction,
29:18 la bétonisation du littoral Corse.
29:20 Donc "Spéculateur dehors",
29:22 on connaît ce refrain-là,
29:24 on va dire.
29:26 Et GCC,
29:28 qui sont les initiales en Corse,
29:30 de Jeunesse Corse
29:32 Clandestine. Alors, pour tenter
29:34 de comprendre ce qui est en train de se passer,
29:36 la séquence de violences qui est en train
29:38 d'advenir en Corse, il faut revenir à l'affaire
29:40 Colonna. Vous vous souvenez, on en avait beaucoup
29:42 parlé à l'époque. C'est l'assassinat
29:44 d'Ivan Colonna, prisonnier
29:46 Corse, qui était dans une prison
29:48 en France et qui a été assassiné par un islamiste
29:50 dans la prison. Souvenez-vous,
29:52 l'enquête est encore en cours, mais souvenez-vous,
29:54 les Corses avaient pointé
29:56 une agression
29:58 qui avait duré huit longues minutes
30:00 sans aucune intervention dans la prison,
30:02 alors qu'ils étaient sous surveillance tous les deux.
30:04 Et on avait vu immédiatement
30:06 des violences dans la rue, cette fois-ci,
30:08 pas une violence clandestine, comme c'est
30:10 le cas aujourd'hui, des violences dans la rue
30:12 et des discussions qui avaient été immédiatement
30:14 entamées par l'État français
30:16 avec les autorités locales
30:18 corse sur la question de l'autonomie.
30:20 Souvenez-vous, le mot avait été prononcé
30:22 par le gouvernement
30:24 et sur la négociation
30:26 du transfert des prisonniers, des autres
30:28 prisonniers aux côtés d'Ivan Colonna,
30:30 que beaucoup de Corses
30:32 réclamaient prisonniers en Corse
30:34 depuis de longues années.
30:36 On avait vu que ce dossier
30:38 traînait depuis de très longues années.
30:40 Donc, à l'époque, ce qui s'est passé,
30:42 c'est qu'il y a eu, pendant tout le printemps,
30:44 des violences dans la rue,
30:46 notamment de la part des jeunes Corses,
30:48 de jeunes Corses qui n'avaient pas
30:50 le traumatisme de la mort du préfet Irignac,
30:52 pour lequel Ivan Colonna
30:54 était assassiné,
30:56 et qui, en revanche,
30:58 avait une figure très idéalisée
31:00 d'Ivan Colonna, qui ne l'avait pas connue
31:02 comme assassin, mais comme assassinée,
31:04 et comme Corse assassinée, par cet islamiste.
31:06 Et à l'époque, la classe politique Corse
31:08 a ciblé
31:10 assez fortement
31:12 l'Etat français dans son inaction
31:14 parce qu'il y a une gêne
31:16 à évoquer la main islamiste
31:18 qui a tué Ivan Colonna. C'était plus simple
31:20 dans la revendication
31:22 nationaliste de manière assez large
31:24 de pointer l'Etat français, comme on a toujours fait,
31:26 sans rentrer dans le détail
31:28 de cette attaque.
31:30 Et par ailleurs,
31:32 ils avaient accrédité la colère
31:34 parce que certains dossiers,
31:36 il y avait une partie de la colère Corse
31:38 qui était légitime, on l'avait
31:40 beaucoup décryptée, simplement
31:42 il y avait un ensemble,
31:44 et il se trouve que là,
31:46 aujourd'hui, on a la suite de cette violence
31:48 qui était initialement dans la rue.
31:50 À partir du mois de juillet, il y a eu les premiers attentats.
31:52 Il y a eu des attentats contre des résidences secondaires,
31:54 des attentats
31:56 contre des engins de chantier, et à l'époque,
31:58 les Corses ont commencé par voir
32:00 apparaître cette inscription GCC
32:02 sans la connaître.
32:04 C'était une inscription parfaitement inconnue.
32:06 On connaît par cœur les inscriptions sur les murs
32:08 du FLNC qu'on a connues pendant des années,
32:10 et là, ça ressemblait
32:12 dans le mode d'inscription,
32:14 simplement que personne n'y a trop prêté attention
32:16 ne sachant pas
32:18 de quoi on parlait.
32:20 Pendant quelques mois, il y a eu ces actions
32:22 sporadiques ici et là,
32:24 jusqu'à ce que ce GCC
32:26 revendique par un communiqué
32:28 envoyé à Corse
32:30 matin. Ils ont revendiqué
32:32 17 attentats, ça c'était en février
32:34 seulement, ils ont revendiqué 17
32:36 attentats et dévoilé
32:38 l'existence de ce nouveau groupe clandestin,
32:40 donc Jeunesse Corse Clandestine.
32:42 Ils se disent eux-mêmes dans ce communiqué
32:44 héritier du FLNC
32:46 et ils se disent
32:48 le bras armé d'un mouvement révolutionnaire.
32:50 Et c'est là qu'une immense confusion
32:52 a gagné les esprits en Corse,
32:54 puisque 1) l'inquiétude
32:56 est en train de grandir par rapport à ce retour de la violence,
32:58 inquiétude d'autant plus forte que personne
33:00 ne comprend exactement
33:02 qui se cache derrière ce groupe
33:04 clandestin qui revendique les attentats
33:06 et ce qu'ils veulent exactement.
33:08 Et donc ça génère une inquiétude très largement partagée
33:10 à la fois par les autorités
33:12 et par la population corse aujourd'hui.
33:14 D'où vient cette confusion ?
33:16 Quelles sont les revendications
33:18 claires de ce nouveau groupe ?
33:20 Et quelles sont les réactions
33:22 des Corses à ces nouvelles menaces ?
33:24 Alors, ce n'est pas simple
33:26 puisque dans les différentes déclarations
33:28 que ce soit dans la presse, des autorités
33:30 ou même des Corses eux-mêmes,
33:32 personne ne semble trop comprendre ce qui se passe
33:34 pour différentes raisons.
33:36 D'abord, les attentats eux-mêmes ne sont pas
33:38 vraiment lisibles. Alors je m'explique,
33:40 il y a deux mairies, vous l'avez dit tout à l'heure,
33:42 qui ont été visées, en l'occurrence des mairies
33:44 qui étaient gérées par des maires corses,
33:46 des maires corses ruraux,
33:48 pas du tout engagés
33:50 dans des affaires de bétonisation
33:52 puisque c'était vraiment un énorme sujet
33:54 sur les attentats dans les années précédentes,
33:56 qui ne sont pas du tout affairistes,
33:58 pas du tout connus par ça.
34:00 On a des maisons d'élus corses qui ont été visées.
34:02 Ces deux mairies, si vous permettez, sont dans la périphérie d'Ajaccio.
34:04 C'est ça, exactement.
34:06 On a des maisons d'élus corses qui ont été visées
34:08 et des maisons de Corses eux-mêmes
34:10 absolument implantées dans l'histoire de la Corse,
34:12 ce qui est quasiment inexistant
34:14 dans l'histoire des attentats,
34:16 préalable notamment revendiqués par le FLNC.
34:18 C'est très étonnant.
34:20 Jusqu'à l'attentat qui vise la maison
34:22 de cette femme
34:24 qui s'appelle Simone Guérini,
34:26 qui est une élue de centre-droite.
34:28 D'abord, elle est adjointe à la culture.
34:30 On n'est pas exactement sur un cas de spéculation foncière
34:32 évident dans ses attributions.
34:34 Par ailleurs, elle est extrêmement respectée
34:36 en Corse.
34:38 En plus, elle est très insérée dans le monde
34:40 nationaliste parce que son mari,
34:42 qui est aujourd'hui décédé, était lui-même élu
34:44 du camp nationaliste corse.
34:46 Donc personne n'arrive à lire quelle est la logique
34:48 de ces attentats, quelles sont les revendications,
34:50 quand bien même certaines
34:52 revendications ressemblent en effet
34:54 aux revendications historiques du FLNC dans les communiqués.
34:56 Ça, c'est la première chose et ça engendre
34:58 une réelle interrogation
35:00 dans la population. Pourquoi ? Parce que
35:02 jusqu'à maintenant, notamment vis-à-vis
35:04 du FLNC, quand vous n'étiez ni dans les affaires
35:06 ni dans la spéculation foncière
35:08 ni dans l'affairisme, on va dire, politique,
35:10 vous n'aviez aucun
35:12 risque d'être visé par un attentat.
35:14 Là, aujourd'hui,
35:16 étant donné que c'est illisible, tout le monde
35:18 se pose un peu la question et tout le monde se regarde en chien de faïence.
35:20 La deuxième chose, c'est qu'en parallèle
35:22 de ces attentats, il y a eu
35:24 un échange de courrier assez
35:26 lunaire par le biais notamment de Corse
35:28 Matins. Alors on a eu d'abord
35:30 la fameuse revendication par
35:32 le groupe Jeunesse Corse Clandestine
35:34 qui a envoyé un premier communiqué disant
35:36 qu'ils se faisaient les héritiers du FLNC, etc.
35:38 Ensuite, le FLNC a envoyé
35:40 un communiqué recadrant le
35:42 GCC en disant "oui, enfin bon, pas exactement",
35:44 revendiquant lui-même des
35:46 attentats revendiqués préalablement
35:48 par le nouveau groupe.
35:50 Ensuite, il y a eu un deuxième communiqué
35:52 du GCC disant que les premiers
35:54 n'étaient pas les bons, qu'eux-mêmes
35:56 l'étaient. Tout ça est truffé de fautes d'orthographe
35:58 pour vous dire dans le communiqué
36:00 Alain Ferrandi, qui est un des
36:02 prisonniers du
36:04 dossier, on va dire, Colonna,
36:06 est mal écrit dans le communiqué.
36:08 C'est assez peu crédible, on va dire.
36:10 Il y a des fautes d'orthographe partout.
36:12 Enfin, on a eu un troisième communiqué du
36:14 GCC, toujours ce GCC, qui dit
36:16 que le deuxième communiqué est fait par des usurpateurs
36:18 et que si tout ça continue,
36:20 ça ne se réglera plus à coup de communiqué
36:22 mais différemment. Et là, on comprend que c'est
36:24 clairement une
36:26 menace très directe vis-à-vis
36:28 des uns et des autres. Vous avez des communiqués qui
36:30 revendiquent, qui dérevendiquent,
36:32 qui accusent les premiers d'être usurpateurs,
36:34 de dire que finalement c'est nous les attentats,
36:36 en même temps c'est pas nous. On peut dire
36:38 que même dans l'histoire de la violence politique
36:40 en Corse, le mode de communication
36:42 est assez inédit. Donc là, tout le monde
36:44 se demande ce qu'il se passe réellement.
36:46 Et l'incompréhension
36:48 donc s'explique
36:50 par la confusion qu'il y a autour de cette violence
36:52 et les réactions politiques
36:54 s'expliquent par la confusion et l'incompréhension
36:56 de ce qui est en train de se passer.
36:58 Vous avez ce qu'on appelle le camp républicain,
37:00 donc qui n'a pas une lignée directe avec
37:02 les revendications de libération nationale,
37:04 en gros. Ce camp
37:06 dit républicain des élus,
37:08 qui est assez réduit en Corse, qui lui a condamné,
37:10 comme il l'a toujours fait sur la violence,
37:12 mais sans entrain particulier, c'est-à-dire
37:14 qu'il n'y a pas, on va dire, un positionnement
37:16 très fort. Le camp nationaliste
37:18 de manière extrêmement large, qui
37:20 regroupe les nationalistes, les autonomistes,
37:22 tout le monde, semble
37:24 assez désemparé. Alors c'est pas du tout dans la
37:26 tradition nationaliste et autonomiste
37:28 qui regroupe quasiment tous les élus corses,
37:30 de condamner la violence
37:32 de manière générale.
37:34 Mais là, comme les personnes visées,
37:36 personne ne comprend,
37:38 il y a un soutien qui est apporté aux personnes visées
37:40 sans trop
37:42 s'attarder sur la violence, étant donné que personne
37:44 ne comprend exactement d'où elle
37:46 vient et ce qu'elle revendique.
37:48 Mais on a les trois grandes figures
37:50 de ce camp-là. On a Gilles Simeoni,
37:52 qui est le président de l'exécutif Corse,
37:54 qui est le champion de l'autonomie,
37:56 puisqu'il a été élu et réélu
37:58 pour aboutir à l'autonomie
38:00 en refusant la violence
38:02 des indépendantistes. Alors lui, certains
38:04 commencent à lui dire "bon ben, ça fait des années
38:06 et l'autonomie, certes le dossier
38:08 est en cours, mais c'est le retour des violences
38:10 et on n'a pas l'autonomie". Donc il y a un
38:12 lourd tribut politique qui pèse
38:14 évidemment sur ses épaules en ce moment.
38:16 D'un autre côté, du côté des indépendantistes, il y en a
38:18 beaucoup qui rêveraient aussi
38:20 que le projet d'autonomie de Simeoni
38:22 en cours échoue, parce que ça donnerait
38:24 raison à la frange plus radicale des
38:26 indépendantistes. On a son opposant
38:28 au sein du même camp, qui lui s'appelle
38:30 Jean-Christophe Angelini,
38:32 qui lui aussi ne sait pas trop comment
38:34 se situer en ce moment. Et enfin le dernier,
38:36 Jean-Martin Mondolini, qui lui
38:38 est plutôt de centre-droit, mais dans
38:40 cette grande même famille. Les trois ont
38:42 utilisé le mot de "chaos", disant leur
38:44 inquiétude par rapport à ce qui était en train de se passer.
38:46 Ce n'est pas un mot qui est
38:48 lancé en l'air, surtout par des élus Corses, il faut bien
38:50 se placer dans une situation politique assez
38:52 particulière. Et du côté de
38:54 l'État français, c'est le grand silence.
38:56 Vous n'avez entendu personne
38:58 parler de ça. - C'est ce qui nous interpelle.
39:00 - Le fait qu'il parle de chaos
39:02 et le fait justement que personne n'en parle.
39:04 - C'est ça. Et alors là, il y a deux hypothèses,
39:06 on va dire. C'est qu'il y a
39:08 des dispositions assez anecdotiques
39:10 qui ont été prises du côté préfectoral,
39:12 encore, c'est-à-dire l'interdiction par exemple
39:14 de transporter des carburants la nuit.
39:16 Vous voyez, c'est assez anecdotique par rapport à ce qui se passe.
39:18 Mais pas de réaction politique. Alors un,
39:20 soit parce que le gouvernement n'a pas envie
39:22 d'attacher le processus de discussion
39:24 sur l'autonomie qui est en cours
39:26 parce que ce gouvernement a envie d'être finalement
39:28 le héros du règlement du dossier
39:30 Corse, c'est la première chose,
39:32 soit parce qu'eux non plus ne comprennent pas ce qu'il
39:34 se passe exactement et qu'il y a une inquiétude
39:36 lourde qui pèse sur ce dossier et que
39:38 personne n'a envie de parler trop vite.
39:40 - Alors nous, c'est vrai que quand on entend,
39:42 nous, face à l'info, on entend chaos, on entend
39:44 explosion, on entend bombe, on entend
39:46 le parquet antiterroriste
39:48 est saisi. Enfin bon,
39:50 on s'interroge, on se pose la question
39:52 et dites-moi à quel point
39:54 il est possible de remonter, de comprendre un peu
39:56 ce qui se passe derrière, d'essayer de déchiffrer.
39:58 Est-ce qu'on peut aller un peu plus loin à ce niveau-là ?
40:00 - Les différentes hypothèses
40:02 qui sont dans le débat,
40:04 on va dire, pour essayer de comprendre ce qui se passe,
40:06 c'est que tout le monde a compris que l'affaire
40:08 Colonna avait vraiment, enfin l'assassinat d'Ivan
40:10 Colonna avait vraiment été un tournant politique dans
40:12 la vie Corse, ça a axé, ça a été un accélérateur
40:14 à la fois de colère
40:16 et de volonté de discussion avec
40:18 l'Etat français sur les dossiers de manière
40:20 générale de la Corse. Parmi les hypothèses
40:22 qu'il y a, c'est un, ce sont vraiment des jeunes
40:24 qui sont derrière ce groupe, parce que certains m'ont
40:26 dit, bon, revendiquer qu'on est jeunes,
40:28 c'est quasiment donner une première indication aux policiers, c'est
40:30 très étonnant dans la tradition, on va dire,
40:32 des groupes clandestins Corse.
40:34 Mais bon, pourquoi pas ? Soit ce sont des jeunes,
40:36 et alors c'est la filiation
40:38 de la jeunesse qui était dans la rue
40:40 et qui exerçait des violences au printemps dernier
40:42 et qui a été alimentée par
40:44 le discours qui visait très largement l'Etat français
40:46 puisque eux disent dans leur communiqué
40:48 qu'ils visent l'Etat très clairement pour
40:50 défendre le peuple Corse.
40:52 La limite à cette analyse-là,
40:54 c'est que les cibles de leurs
40:56 attentats ne visent pas directement l'Etat.
40:58 On n'a pas des postes, du trésor
41:00 public ou des préfectures comme on
41:02 avait déjà connu en Corse. Là, ce sont
41:04 essentiellement des biens personnels qui,
41:06 la plupart du temps, appartiennent à des Corses.
41:08 Donc ça, c'est la première chose. Soit, derrière,
41:10 c'est un groupe clandestin qui veut se faire passer
41:12 pour des jeunes pour essayer de brouiller les pistes,
41:14 on comprendrait mieux les fautes d'orthographe.
41:16 Soit ce sont des gens qui utilisent des
41:18 sigles nationalistes pour
41:20 régler des comptes personnels, ça s'est déjà
41:22 vu et ce n'est pas impossible. Soit c'est le retour
41:24 des barbouzes qui font,
41:26 sous drapeau nationaliste, on l'a déjà connu
41:28 dans l'histoire Corse, sous drapeau nationaliste,
41:30 là encore une fois pour brouiller des pistes.
41:32 Ce qui est sûr, c'est que dans leur dernier communiqué, je vous le disais,
41:34 ils disaient "si vous continuez à usurper les
41:36 différents attentats, ça ne se réglera plus par
41:38 communiqué". Ça, c'est la première chose, donc un appel direct
41:40 à la violence. Et la deuxième chose, c'est qu'ils
41:42 parlent dans leur communiqué de chasse ouverte
41:44 contre les dealers. C'est une vieille
41:46 revendication des nationalistes, la lutte
41:48 contre la drogue sur l'île.
41:50 Mais là, ça voudrait dire la guerre avec la mafia,
41:52 en l'occurrence, qui gère la drogue en Corse,
41:54 qui n'a probablement pas du tout envie en ce moment d'être
41:56 embêtée, puisque le dossier est assez
41:58 maîtrisé, on va dire, sur la gestion
42:00 de la drogue. Tout ça
42:02 pour vous dire qu'il y a une illisibilité
42:04 totale des violences qui sont en train de se passer,
42:06 mais par contre des violences qui sont
42:08 elles croissantes et qu'il y a une immense inquiétude
42:10 à la fois dans la population et dans
42:12 les autorités aujourd'hui en Corse.
42:14 Manque de visibilité,
42:16 mais inquiétude réelle, et
42:18 actes violents réels.
42:20 En tout cas, on va essayer de suivre ce dossier. Merci
42:22 beaucoup pour votre enquête. Et si on s'arrêtait
42:24 sur la première croisade, objectif
42:26 reconquérir les lieux sains.
42:28 C'était un 12 avril. Un 12 avril
42:30 1096, après Jésus-Christ.
42:32 Cette première croisade...
42:34 - Il y a après Maître Gims, avant Maître Gims.
42:36 - Non, on ne dit plus Maître Gims,
42:38 on dit Gims. Et attention, c'est la chronique
42:40 de Matthieu.
42:42 Cette première croisade,
42:44 Marc Menand, débarque sous l'impulsion d'un
42:46 illuminé, Pierre Lhermitte,
42:48 et cela après l'appel lancé par le
42:50 pape Urbain II, inquiet de la
42:52 percée musulmane en Orient.
42:54 - Alors il faut présenter
42:56 Urbain II. D'abord, c'est un pape français.
42:58 Il est né à
43:00 Chatillon-sur-Marne.
43:02 Après, touché par la foi,
43:04 il sort à Moine, on le retrouvera même
43:06 à Cluny. Il est tellement brillant
43:08 que le pape Grégoire III
43:10 fait appel à lui pour mener
43:12 de grandes réformes dans l'Église.
43:14 Pendant ce temps, n'oubliez pas
43:16 que depuis le Christ,
43:18 là, on pourrait...
43:20 il y a la référence, on ne peut pas
43:22 la contester, on parle du Christ,
43:24 il y avait l'habitude, pour
43:26 les chrétiens, de se rendre
43:28 sur les lieux saints. Et
43:30 toute une conquête
43:32 qui s'était faite,
43:34 de la foi et une répartition,
43:36 partant de
43:38 cette zone du Moyen-Orient
43:40 jusqu'en Gaule,
43:42 la chrétienté qui a
43:44 commencé à se tisser.
43:46 Mais ce que ce pape Urbain II
43:48 a remarqué,
43:50 et il est confronté à
43:52 la réalité du temps, à savoir
43:54 que les Turcs ont
43:56 commencé à déstabiliser l'ensemble,
43:58 que maintenant, ils tiennent
44:00 Jérusalem, qu'il n'y a plus de possibilité
44:02 d'aller mener
44:04 son pèlerinage, d'être simplement
44:06 un croyant en appelant
44:08 au Céleste, et puis partout,
44:10 la foi qui est imposée,
44:12 qui est à la fois musulmane,
44:14 et ça dérive, ça sera
44:16 le fameux empire...
44:18 comment... l'empire...
44:20 l'empire turc...
44:24 ottoman, excusez-moi !
44:26 - Je pensais que c'était un autre mot, oui, l'empire ottoman.
44:28 - L'empire ottoman.
44:30 - On vous suit bien.
44:32 - Donc, il dit,
44:34 lorsque le concile se déroule
44:36 à Clermont, en France,
44:38 il y a 13
44:40 archevêques, 225
44:42 évêques, alors j'ai noté
44:44 la traduction qui en
44:46 était faite, pas traduction
44:48 en français, mais la traduction, donc, comment ça a été
44:50 reporté,
44:52 "un peuple venu de Perse,
44:54 les Turcs a envali leur pays,
44:56 le pays des chrétiens,
44:58 ils s'étendent, les Turcs,
45:00 continuellement,
45:02 au détriment des terres
45:04 chrétiennes, ils ont
45:06 vaincu à sept reprises,
45:08 les chrétiens sont tombés
45:10 sous les coups, réduits en
45:12 esclavage, et bien,
45:14 ce n'est pas moi qui en appelle
45:16 à l'action, c'est
45:18 le Seigneur qui vous
45:20 demande d'agir, et que vous
45:22 soyez piétons, que vous soyez cavaliers,
45:24 quelle que soit votre fonction,
45:26 il vous faut permettre
45:28 d'avoir l'exercice
45:30 de votre foi, il va
45:32 même plus loin, il dit "brigands",
45:34 au lieu de continuer à assassiner,
45:36 devenez chevaliers
45:38 du Christ, et alors,
45:40 forcément, c'est repris,
45:42 il demande à ce qu'une croisade
45:44 soit menée, et il
45:46 mandate Adhémar de Montel,
45:48 évêque
45:50 du Puy,
45:52 pour organiser,
45:54 avec les cavaliers, les chevaliers,
45:56 donc, une grande opération
45:58 avec discipline.
46:00 Mais vous avez quelques illuminés,
46:02 Pierre l'Ermite, il est allé,
46:04 en son temps, il est allé à Jérusalem,
46:06 il est revenu, et là, on lui rapporte
46:08 les mots du pape, alors c'est un
46:10 prêcheur, il a la faconde,
46:12 il se rend sur les marchés,
46:14 il dit "il faut partir, il faut aller
46:16 défendre la terre du Christ",
46:18 et les exalter, ou disons,
46:20 ceux qui sont là, les plus pauvres,
46:22 les plus démunis, ils sont touchés
46:24 par son discours, d'autant plus touchés,
46:26 qu'on a vu des éclipses de
46:28 lune, qu'on a vu des météorites
46:30 qui se multiplient, et ça montre bien
46:32 que le Seigneur nous appelle
46:34 à l'action, et ils sont 12 000
46:36 qui vont partir
46:38 en ce 12 avril.
46:40 Reste qu'il n'est pas tout seul
46:42 et que certains vont reprendre
46:44 son message, et ceux-là
46:46 seront rapidement de grands
46:48 pillards, et puis, quand vous avez 10 000,
46:50 12 000 individus qui sont
46:52 là, qui marchent, vous arrivez dans une cité,
46:54 comment les nourrir ? Forcément,
46:56 il n'y a rien ! Alors ?
46:58 Eh bien, c'est le brigandage,
47:00 et malheureusement,
47:02 il y a des exactions. Néanmoins,
47:04 on arrive jusqu'à
47:06 Antioche, on mène un siège,
47:08 et puis il y a le siège
47:10 de Jérusalem,
47:12 et c'est là que Godefoy de Bouillon
47:14 va se distinguer, on
47:16 élève des tours artificielles,
47:18 on envahit Jérusalem.
47:20 C'est vrai, ça ne se fait pas
47:22 dans la douceur, le sang
47:24 coule, il est énorme, mais voilà
47:26 pourquoi il y a eu cette première croisade,
47:28 je ne vous raconterai pas les huit suivantes,
47:30 mais néanmoins, il y a
47:32 une justification.
47:34 - Merci beaucoup, mon Marc, pour cette
47:36 plongée dans l'histoire. Un tour
47:38 de table maintenant, nous sommes en
47:40 2023, et
47:42 l'État français veut investir
47:44 220 millions d'euros
47:46 d'ici la fin 2023. Je vous donne
47:48 la parole tout de suite, Marc, maintenant, vous allez commencer, première réaction.
47:50 Pour les 87 cathédrales
47:52 qui appartiennent, vous qui êtes un spécialiste de la
47:54 laïcité, qui appartiennent
47:56 à l'État, question
47:58 j'ai envie de dire, faut-il
48:00 s'en féliciter ? Bien sûr que oui.
48:02 Question, j'ai envie de dire,
48:04 est-ce qu'on n'est pas en crise, en ce
48:06 moment ? Question, j'ai envie de dire, qu'est-ce que
48:08 220 millions d'euros ? Et question, j'ai envie aussi
48:10 de dire, au moment où
48:12 les cathédrales, on en a déjà parlé, les églises
48:14 de France sont en décrépitude, est-ce que
48:16 c'est pas justement une très bonne
48:18 nouvelle ? Alors, moi, je trouve
48:20 que c'est une bonne nouvelle au nom du patrimoine.
48:22 Reste que
48:24 225 millions, c'est pas grand-chose.
48:26 En revanche,
48:28 ce qui est intéressant, c'est que pour
48:30 reconstruire Notre-Dame, que s'est-il passé ?
48:32 Il a fallu reformer des compagnons,
48:34 des gens qui avaient complètement
48:36 oublié les pratiques du temps.
48:38 Et ce sont de véritables
48:40 artistes qui sont nés. Ils réalisent
48:42 un travail fabuleux.
48:44 Eh bien, il n'y avait plus
48:46 rien, à la limite, pour eux, derrière.
48:48 Ces gens, ces jeunes, vont pouvoir
48:50 se réinvestir et
48:52 redorer ce qui fait, oui, le paysage
48:54 français, et même le laïcat
48:56 que je suis le reconnaît. Reste
48:58 que les économies, on en a
49:00 aussi besoin. Donc là, c'est la discussion.
49:02 Peut-on continuer à dépenser ?
49:04 Dépenser l'argent facile.
49:06 Guillaume et Charlotte. Deux réponses très succinctes.
49:08 Mathieu, réservez-vous pour O'Gims.
49:10 La première, c'est que s'il s'agit
49:12 d'éviter que les cathédrales
49:14 se dégradent, il faut le faire, et il faut le faire tout de suite.
49:16 Ensuite, on peut
49:18 peut-être attendre des périodes un peu de vache grasse
49:20 par rapport à des périodes de vache maigre qu'on a aujourd'hui.
49:22 Et la deuxième réponse, c'est que
49:24 on a donné juste 140 millions
49:26 d'euros à la première puissance économique
49:28 du monde, c'est-à-dire à la Chine, en aide au
49:30 développement avec notre argent, en 2020.
49:32 Et en 2022, je crois,
49:34 pas vous dire de bêtises, on a donné quasiment
49:36 un demi-milliard à l'Afrique du Sud
49:38 pour aider l'Afrique du Sud à sortir du charbon
49:40 juste après avoir commandé du charbon
49:42 à l'Afrique du Sud, puisqu'on avait fermé nos centrales nucléaires.
49:44 Donc ça ne suffit pas pour les églises.
49:46 Charlotte.
49:47 Je pense qu'en effet, la question
49:49 de la dépense dans un budget se pose
49:51 en fonction de la légitimité aussi de ces dépenses.
49:53 Elles ne sont pas toutes légitimes en même temps,
49:55 elles ne sont pas légitimes de la même manière, et que ce
49:57 gouvernement se préoccupe du patrimoine
49:59 et donc aussi du sens de ce qu'il y a
50:01 dans nos cœurs et de ce que nous avons en commun d'hériter
50:03 et à transmettre, me semble être
50:05 une très bonne nouvelle.
50:06 Oui, parce qu'elle a dit, la ministre de la Culture,
50:08 elle a dit que c'est pour transmettre.
50:10 Alors, on peut dire du bien
50:12 de la ministre de la Culture.
50:14 Il s'est réconcilié sur les 4 années.
50:16 Il s'est réconcilié sur les 4 années.
50:18 Mathieu, bon côté, je vous sens dans les starting blocks.
50:20 On va parler de Gims.
50:22 Il vient de faire parler, lui,
50:24 dans un entretien accordé en mars sur YouTube,
50:26 le rappeur,
50:28 on peut dire qu'il s'est improvisé historien,
50:30 on peut se permettre de le dire ?
50:31 Je crois.
50:32 En expliquant notamment que les Égyptiens
50:34 avaient l'électricité, que l'Europe avait déjà été africaine,
50:36 que la chevalerie était d'ailleurs un idéal africain,
50:39 et quelques autres petites excentricités.
50:42 Alors, ça a fait beaucoup réagir sur les réseaux sociaux.
50:44 Qu'en est-il réellement ?
50:45 Oui, parce qu'on est devant quelqu'un
50:47 qui a un immense public,
50:48 qui s'improvise historien,
50:50 et qui parvient à recycler en quelques phrases
50:52 à peu près toutes les théories les plus fantaisistes
50:54 qui peuvent exister sur l'histoire.
50:56 Alors, je les résume, vous l'avez bien mentionné.
50:58 Les Égyptiens, au temps des pharaons,
51:00 auraient eu l'électricité
51:02 et au sommet des pyramides, que l'on connaît,
51:05 il y aurait de l'or, qui serait d'ailleurs...
51:07 ce qui permettrait justement d'être des antennes
51:10 pour l'électricité.
51:11 Le conducteur.
51:12 Oui, exactement.
51:13 Donc, c'est assez particulier, cette idée que finalement,
51:16 les pyramides étaient, d'une certaine manière,
51:18 des centrales électriques adaptées par les Égyptiens.
51:21 J'ai regardé un peu, vous savez,
51:24 les décrypteurs, de temps en temps, font un bon travail.
51:26 Ils ont trouvé l'origine de cette thèse,
51:28 dont globalement, c'est une espèce de...
51:30 Alors, je reprends.
51:32 Est-ce que la pyramide de Khéops avait des propriétés
51:35 particulières pour canaliser le courant?
51:37 C'est une forme d'hypothèse qui traîne
51:39 dans un article scientifique à partir duquel
51:41 certains ont créé une théorie générale
51:43 où finalement, la pyramide de Khéops,
51:44 c'est une centrale électrique.
51:46 Mais notre ami Gims a décidé d'en faire une thèse.
51:49 Ensuite, l'Afrique a peuplé l'Europe avant l'Europe.
51:51 Il explique que les Africains étaient en Europe avant l'Europe
51:54 et des peuplades venues d'Asie ont chassé les vrais Européens
51:57 qui seraient les Africains
51:58 et aujourd'hui, les nouveaux Européens seraient apparus
52:00 un peu tardivement dans l'histoire.
52:02 Et il dit que ce sont les Afropéens.
52:04 Alors, pour la petite histoire, le terme Afropéen
52:06 est un terme qui existe aujourd'hui pour désigner,
52:08 dans un courant militant, surtout racialiste,
52:10 il faut bien le dire, les populations africaines
52:13 nées en Europe aujourd'hui.
52:15 Donc, il prend un terme qui existe aujourd'hui
52:17 et le reporte aux origines de l'histoire.
52:19 C'est assez original comme thèse.
52:21 Ensuite, et ça, c'est assez intéressant aussi,
52:24 on dit que tout l'idéal de la chevalerie,
52:26 tel qu'on l'a connu, qui est le propre, en fait,
52:28 de la civilisation européenne au Moyen Âge,
52:30 serait aussi d'origine africaine à travers cela.
52:33 Donc, autre thèse inattendue de Me De Gims,
52:37 comme on dit aujourd'hui.
52:38 Qu'est-ce qui l'amène à dire ça?
52:40 Parce que c'est quand même loufon,
52:41 qu'on peut supposer que c'est un type
52:42 qui n'est pas complètement timbré,
52:43 on suppose qu'il a des capacités cognitives.
52:45 Mais il nous donne une explication.
52:47 Il nous donne une explication, il dit que notre histoire
52:49 ne commence pas avec les négriers,
52:50 notre histoire ne commence pas avec l'esclavage.
52:52 Ce que j'ai envie de dire, évidemment,
52:54 mais ça va de soi.
52:56 L'esclavage est un moment absolument bouleversant,
52:58 tragique, criminel dans l'histoire des peuples noirs.
53:01 Mais le fait est qu'on n'a pas besoin pour dire
53:03 qu'il y a une grandeur de la civilisation africaine
53:06 avant l'esclavage, on n'est pas obligé
53:08 d'inventer un monde parallèle sur le monde Wakanda,
53:11 qui est une référence dont il se réclame, d'ailleurs.
53:13 Il dit, parlant de la Côte d'Ivoire aujourd'hui,
53:15 c'est le Wakanda, ce pays imaginaire
53:17 inventé par Hollywood, qui serait la république
53:20 la plus avancée du monde,
53:21 mais qui serait bien dissimulée quelque part
53:23 en Afrique.
53:24 Qu'est-ce qu'il nous dit, finalement, Gims?
53:26 Il nous dit, je ne peux pas tolérer une histoire
53:28 qui se définit d'abord par l'esclavage,
53:30 et on le comprend.
53:31 Donc, il cherche un mythe fondateur,
53:33 plutôt que de se tourner vers l'histoire réelle
53:35 avec ses grandeurs réelles.
53:36 - Il cherche à revaloriser, si vous permettez
53:38 l'expression, je mets tout entre guillemets,
53:40 le peuple noir qui se sent dévalorisé.
53:42 - Oui, mais à travers une légende
53:44 plutôt qu'à travers la réalité.
53:45 Or, la réalité pourrait servir sa thèse,
53:47 mais il décide de se tourner vers une légende
53:49 purement inventée sur le mode donjon-dragon.
53:51 - Il se précise que ce n'est pas exclusif
53:53 à ce personnage.
53:54 Les espèces d'histoires fantasmées aujourd'hui,
53:56 vous savez, sur l'Atlantide,
53:58 et puis il y aurait eu, il y a quelques milliers d'années,
54:01 des civilisations absolument supérieures
54:03 qui auraient été englouties dans je ne sais quel déluge,
54:05 et aujourd'hui, on serait les héritiers tardifs
54:08 et tout à fait mineurs de cette civilisation
54:10 très grande des temps passés.
54:11 Ça circule sur Netflix, vous avez des séries
54:13 à l'aube de notre histoire qui posent comme thèse
54:15 en fait que des pyramides ici et là,
54:17 ce serait presque le fruit d'une civilisation extraterrestre.
54:19 Donc ça circule, c'est banalisé, c'est normalisé,
54:22 peut-être que c'est un signe de crédulité, je reviendrai.
54:24 - Mais il a dit qu'avec beaucoup d'aplomb, quand même.
54:26 J'ai vu la vidéo, bon alors...
54:27 - Oui, si je vous dis avec beaucoup d'aplomb,
54:29 je suis un guépard, vous n'avez pas oublié de me croire.
54:31 - Non, non, non, non, non.
54:32 - Oh si, si, si.
54:33 - C'est votre droit.
54:34 - Un jour, on m'avait dit que vous étiez une femme,
54:35 je vous crois.
54:36 - Ça dépend, peut-être pas moi.
54:37 - Non, mais ce que je veux dire par là, Mathieu,
54:38 de mon côté, c'est que...
54:39 Pardonnez-moi, je prends un peu de temps,
54:41 mais c'est que ça parle à des gens
54:43 qui ne connaissent pas l'histoire.
54:45 Ça parle profondément à des gens qui connaissent pas l'histoire.
54:47 - Mais vous nommez quelque chose d'essentiel.
54:48 Il y a un besoin de légende dans l'esprit humain.
54:50 C'est normal, le besoin de légende,
54:51 je dirais que Game of Thrones est toujours plus intéressant
54:53 finalement qu'un vrai documentaire sur la vie pénible
54:56 au Moyen-Âge, si on veut, à tout prix.
54:58 Donc il y a un besoin de légende et on aime les légendes.
55:01 Ensuite, ce n'est pas de légende dont on parle ici,
55:03 c'est de crédulité.
55:04 Et moi, c'est ça qui me frappe là-dedans.
55:06 C'est à quel point la déconstruction...
55:07 Vous savez, la déconstruction, on a dit que tout se valait,
55:09 puis la vérité n'existait plus, puis il n'y avait que des récits.
55:12 Puis il n'y avait même pas seulement des récits,
55:13 mais il y avait un ressenti.
55:14 Et si le discours que j'entends correspond à mon ressenti,
55:17 il est vrai, même si la vérité le dément.
55:20 Eh bien, qu'est-ce qu'on voit dans un tel discours,
55:22 puis il n'est pas le seul à tenir des propos comme ça,
55:24 ça se répand sur Internet et ainsi de suite,
55:26 c'est seulement... ça témoigne d'une forme d'extension
55:28 de la crédulité dans tous les domaines de l'existence.
55:31 Mais je ferai une nuance.
55:32 C'est un rappeur, je ne m'attends pas de lui à ce qu'il se comporte
55:34 comme un homme avec une connaissance historique détaillée,
55:36 bien que je souhaiterais de sa part un peu plus de rigueur,
55:38 mais quoi qu'il en soit.
55:39 Ce qui m'inquiète beaucoup plus, moi,
55:41 c'est quand des universitaires bien installés,
55:43 là, vous verrez, je bascule dans mes obsessions,
55:45 mais je crois que j'ai raison,
55:46 des universitaires qualifiés, diplômés,
55:48 avec tous les doctorats nécessaires,
55:50 vont nous expliquer de manière très savante dans les colloques
55:52 que les hommes et les femmes n'existent pas,
55:54 que les peuples n'existent pas,
55:55 que les civilisations n'existent pas,
55:57 que la transition démographique n'existe pas,
55:59 que les hommes et les femmes n'existent pas.
56:01 C'est quand même un déni absolu de la biologie.
56:03 Ces gens-là sont aussi farfelus que Maître James.
56:05 Lui, cela dit, ce n'est pas un historien patenté.
56:07 Eux sont des historiens patentés.
56:09 Je dirais que les grands universitaires qui, aujourd'hui,
56:11 nous expliquent que les hommes et les femmes n'existent pas,
56:13 ils basculent dans la crédulité,
56:15 ils basculent dans la déconstruction,
56:17 ils décident de croire la thèse qui correspond à leur idéologie.
56:21 Donc, qu'est-ce que je vois entre un historien d'extrême-gauche
56:23 universitaire et Maître James?
56:25 Il y a un point commun, c'est que la réalité est bannie,
56:27 elle est de trop, elle est optionnelle.
56:29 La vérité est bannie, elle est de trop, elle est optionnelle.
56:31 On choisit le discours idéologique qui correspond à notre ressenti
56:34 et on décide de l'embrasser.
56:36 De ce point de vue, désolons-nous des progrès de la crédulité.
56:40 - Comment lutter contre cette crédulité?
56:46 - C'est un travail sur une ou deux générations de reconstruction de l'école.
56:48 Mais ce qui est certain, ce ne sera pas en un an,
56:50 ce ne sera pas en cinq ans, ce ne sera pas en dix ans.
56:52 Mais si on se donne 30, 50, 60 ans,
56:54 et on décide de reconstruire les humanités classiques,
56:56 reconstruire l'exigence de vérité,
56:58 critiquer le relativisme absolu,
57:00 critiquer la logique de la déconstruction,
57:02 renouer avec l'exigence de vérité,
57:04 peut-être serons-nous capables de sauver les prochaines générations.
57:07 Mais pour l'étant présent, je crois que nous sommes foutus.
57:09 - Merci beaucoup, mon cher Mathieu, pour cette note d'optimisme.
57:13 Merci Guillaume, merci Charlotte, merci Marc.
57:15 Tout de suite, La Minute Info, Mathieu Devez, avant l'heure des progrès.
57:18 - Le bilan s'alourdit à Marseille.
57:24 Le parquet annonce ce soir que deux nouveaux corps,
57:26 vraisemblablement les derniers, ont été retrouvés par les secours.
57:29 Il s'agit des septièmes et huitièmes victimes
57:31 de l'effondrement des immeubles il y a bientôt quatre jours, rue de Thivoli.
57:35 Le parquet privilégie toujours l'hypothèse d'une explosion due au gaz.
57:39 Les poubelles pourraient à nouveau envahir les rues de Paris.
57:42 Les éboueurs de la capitale ont voté aujourd'hui l'acte 2
57:44 de la grève contre la réforme des retraites.
57:46 Selon eux, à partir de demain, les rues de la capitale
57:48 seront transformées en décharges publiques.
57:51 En raison du manque de grévistes, la CGT avait annoncé le 28 mars
57:54 une suspension du mouvement entamée le 6 mars.
57:58 Emmanuel Macron assume ses propos controversés à propos de Taïwan.
58:01 Lors d'une conférence de presse à Amsterdam,
58:03 le président confirme qu'être allié des Etats-Unis
58:05 ne signifie pas être vassal.
58:07 Emmanuel Macron a suscité une vague d'incompréhension aux Etats-Unis
58:10 et en Europe.
58:11 Il a notamment appelé l'Union européenne à ne pas être suiviste
58:14 de Washington ou Pékin sur la question de Taïwan,
58:17 une île considérée par la Chine comme faisant partie
58:19 faisant partie inhérente de son territoire.
58:21 ...