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Sonia Mabrouk reçoit les acteurs de l'info du jour, nos experts et nos journalistes dans #MidiNews

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00:00:00 11h59 sur CNews, je suis ravi de vous accueillir dans votre rendez-vous de la mi-journée.
00:00:04 Midi News, on est ensemble jusqu'à 14h pour de l'info, de l'analyse, des débats avec tous mes invités que je vous présenterai dans quelques minutes.
00:00:11 Mais tout d'abord, le sommaire de votre émission.
00:00:14 A la une, ces nouvelles images de violence hier soir à Paris et à Lyon.
00:00:18 Des violences en marche, des rassemblements de soutien aux manifestants blessés de Sainte-Sauline.
00:00:22 Toujours le même terme utilisé par ces militants écologistes, celui de "violence policière".
00:00:26 Ce terme qui tend à mettre un signe égal entre les forces de l'ordre et ces fauteurs de troubles qui, eux, contreviennent à la loi.
00:00:33 L'ultra-gauche devient-elle de plus en plus violente ? Doit-on s'y habituer ? La question sera posée sur ce plateau.
00:00:39 Elle aura la lourde charge de succéder à Philippe Martinet, Sophie Binet et le nouveau visage de la CGT.
00:00:45 Pour la première fois, c'est celui d'une femme.
00:00:46 Son élection arrive en pleine contestation sociale de la réforme des retraites, à un moment où la centrale syndicale hésite en interne sur la stratégie à mener.
00:00:55 Quel impact son élection va-t-elle avoir sur la mobilisation contre la réforme ?
00:00:59 Ce choix va-t-il profiter au gouvernement qui espère une rupture de l'unité syndicale ?
00:01:04 Décryptage avec nos journalistes sur ce plateau, Éric Derive-Mathen et Gautier Lebret.
00:01:09 Et puis à 13h, cette question, aura-t-on un jour la maîtrise de notre politique migratoire ?
00:01:13 Vous le savez, le gouvernement a saucissonné sa loi immigration qui devait être présentée le 28 mars.
00:01:18 Et une étude officielle de l'INSEE nous en apprend plus sur ce phénomène migratoire.
00:01:22 10% de la population de notre pays est immigrée, une part en augmentation depuis la fin des années 60,
00:01:26 portée par la venue d'étudiants et par le regroupement familial.
00:01:30 Avant de développer ces sujets sur notre plateau, tout de suite votre journal et c'est aujourd'hui avec Mickaël Dorian.
00:01:36 Bonjour Mickaël.
00:01:37 Bonjour Anthony, bonjour à tous.
00:01:38 Emmanuel Macron a rendu hommage au gendarme du GIGN, tué en Guyane.
00:01:44 Ce sous-officier de l'unité d'élite de la gendarmerie à Acaïenne est étagé de 35 ans.
00:01:49 Il est décédé samedi lors d'une opération de lutte contre l'orpaillage illégal.
00:01:54 Je vous propose d'écouter le président de la République.
00:01:56 La mission contre l'orpaillage illégal du 22 mars 2023 pourtant ressemblait à toutes les autres,
00:02:03 avec les risques et les difficultés qui sont le quotidien depuis 15 ans.
00:02:09 De la soixantaine de gendarmes, des centaines de militaires des forces armées, de l'opération Harpie.
00:02:15 Et c'est avec le deuil au cœur que la nation s'incline devant cette vie magnifique
00:02:21 qui s'est interrompue sur la glaise au bout de 35 années,
00:02:26 alors que l'aube palissait à peine le ciel de Guyane.
00:02:31 De son côté, Elisabeth Borne est dans la nièvre, comme pour Emmanuel Macron.
00:02:34 Hier, il s'agit de son premier déplacement en région depuis deux mois.
00:02:38 Une visite sur le thème de l'éducation dans les territoires ruraux.
00:02:42 Elle est d'ailleurs accompagnée du ministre de l'Éducation nationale Pap Ndiaye
00:02:45 et de la ministre déléguée de la Ruralité Dominique Faure.
00:02:50 Après le gaz et l'électricité, il va désormais falloir réduire notre consommation d'eau.
00:02:55 Alors que le président de la République dévoilait hier son plan de sobriété sur l'eau,
00:03:00 l'une des mesures présentées vise notamment à instaurer une tarification progressive pour les particuliers.
00:03:06 Pour faire simple, plus votre consommation sera importante, plus votre facture sera salée.
00:03:11 Alors qu'en pensez-vous ? Faites-vous déjà attention quand vous prenez des douches ou lorsque vous faites la vaisselle ?
00:03:16 On est allé vous poser la question.
00:03:18 Je fais comme tout le monde, ferme mon robinet en me lavant les dents.
00:03:22 Quand je prends une douche, ça dure une minute.
00:03:25 Je ne me lave pas les mains sans arrêt.
00:03:29 Brosse à dents, d'éteindre l'eau, entre chaque...
00:03:34 Vous voyez, quand on met le dentifrice, etc.
00:03:36 Des petites choses comme ça.
00:03:38 On fait attention sur la vaisselle, sur plein de choses.
00:03:42 Sur ne pas laisser couler durant la douche, en fait.
00:03:45 L'éteindre, relumer, l'éteindre, relumer.
00:03:48 La mobilisation contre la réforme des retraites continue d'impacter les automobilistes.
00:03:53 En cette fin de semaine, plusieurs stations-services,
00:03:55 notamment en région PACA ou en région Île-de-France, sont touchés par des pénuries de carburant.
00:04:00 Conséquence directe du blocage des expéditions dans les raffineries françaises.
00:04:05 Pierre-François Altermat, Michael Dos Santos et Mathilde Ibanez.
00:04:10 - Des files d'attente à rallonge dans les Hauts-de-Seine.
00:04:13 Certaines stations-essences sont à nouveau prises d'assaut.
00:04:16 Pour les automobilistes, l'heure est à la patience et à la débrouille.
00:04:20 - Les collègues m'ont dit qu'il y en avait là.
00:04:22 Donc, c'est pour ça que je suis venue là.
00:04:23 - Je m'étais mis sur le site du gouvernement, je ne sais pas quoi, prixcarburant.gouv.fr.
00:04:28 Et qu'ils indiquaient des stations, donc pour l'ensemble du coin.
00:04:32 Ils indiquent Esso Boulevard des Frères Voisins et BP à Clamart.
00:04:36 - Un site a en effet été mis en place par le gouvernement
00:04:38 pour aider les automobilistes à la recherche de carburant.
00:04:41 Il manque au moins un type de carburant dans certaines stations-essences en Île-de-France.
00:04:46 À Paris, 32,7% des pompistes subissent des pénuries.
00:04:51 Un chiffre qui atteint plus de 42% dans les Saônes et une station sur deux dans le Val-de-Marne.
00:04:57 Certains automobilistes préfèrent donc anticiper.
00:05:00 - Mon réservoir est à moitié plein.
00:05:02 Donc je le complète pour pouvoir faire la route prévue ce week-end.
00:05:06 Je préfère prendre mes précautions et je crois qu'on est tous pareils.
00:05:10 - Là, j'ai deux barres seulement en fait.
00:05:12 J'anticipe en fait, j'anticipe avant que ça soit trop tard.
00:05:15 - Les deux raffineries normandes stratégiques pour l'approvisionnement de l'Île-de-France
00:05:19 ont stoppé leur production depuis plusieurs jours.
00:05:22 Mais leurs stocks permettent encore de ravitailler une majorité de stations.
00:05:26 - Et puis après dix mois de suspense, la Turquie approuve l'adhésion de la Finlande
00:05:31 à l'OTAN.
00:05:32 Les députés turcs ont voté hier son entrée dans l'alliance à l'unanimité.
00:05:36 Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, estime qu'il rendra la famille de l'OTAN
00:05:41 plus sûre et plus sûre, plus forte et plus sûre, pardon.
00:05:44 Il a aussi déclaré ce matin avoir hâte de hisser le drapeau de la Finlande au siège
00:05:48 de l'OTAN dans les jours qui viennent.
00:05:49 Concernant en revanche l'entrée de la Suède, la Turquie s'y oppose toujours.
00:05:53 Et c'est donc la fin de ce journal.
00:05:55 Place à Midi News à présent avec Anthony Favalli et ses invités.
00:05:58 - Merci à vous, Michael Dorian, on vous retrouve à 13h pour un nouveau journal.
00:06:02 Je vous présente mes invités, vous les connaissez bien autour de cette table.
00:06:05 Benjamin Morel.
00:06:06 - Bonjour.
00:06:07 - Bonjour.
00:06:08 Maître de conférence en droit public.
00:06:09 - Heureux de vous retrouver.
00:06:10 - Mais j'espère bien, c'est un plaisir partagé en tout cas sur ce plateau.
00:06:14 - Tous les vendredis.
00:06:15 - Tous les vendredis, parfois le week-end.
00:06:16 - Exactement.
00:06:17 Nous passons nos week-ends ensemble.
00:06:18 - Un plaisir partagé aussi de retrouver, en tout cas j'espère, c'est ce qu'on se dit
00:06:21 sur les réseaux sociaux avec Naïmah Mfader.
00:06:23 - Vous savez bien.
00:06:24 - Essayez, je sais bien et j'apprécie vous avoir sur ce plateau.
00:06:28 C'est tout comme j'apprécie avoir Gauthier Lebret.
00:06:30 - C'est hémoraciproque.
00:06:31 - Malgré la fatigue.
00:06:32 Non, alors n'en faites pas trop parce que ça va paraître un petit peu suspect pour
00:06:34 les téléspectateurs.
00:06:35 - Vraiment.
00:06:36 - Si vous voulez bien.
00:06:37 Je vous donnerai tous la parole à temps égal, rassurez-vous.
00:06:40 En tout cas, j'essaierai.
00:06:41 Gauthier Lebret du service politique de CNews.
00:06:44 - Bonjour Anthony.
00:06:45 - Michael Sadoun, pardonnez-moi Michael, chroniqueur et consultant, qui est avec nous également
00:06:49 sur ce plateau.
00:06:50 Et Raphaël Stainville, évidemment rédacteur en chef à Valeurs Actuelles.
00:06:53 - Bonjour Anthony.
00:06:54 - Bonjour à vous.
00:06:55 On va commencer avec ces rassemblements hier à Lyon, Nantes, Lille ou encore Paris.
00:07:00 80 rassemblements devant les préfectures de France.
00:07:02 Des rassemblements à l'appel des organisateurs de la manifestation interdite de Sainte-Sauline
00:07:06 le week-end dernier pour contester contre ce qu'ils appellent, eux, des violences policières.
00:07:11 On discutera de ce terme bien évidemment.
00:07:13 A Paris et à Lyon, dans la soirée, vous le voyez sur ces images, les rassemblements
00:07:16 se sont mués en manifestations sauvages qui ont dégénéré.
00:07:19 Les images commentées par Geoffrey Defevre et nos équipes sur le terrain.
00:07:24 Des vélos en feu qui entravent une rue, un riverain qui éteint un feu de poubelle.
00:07:29 Hier soir à Paris, le rassemblement largement pacifique d'environ 4500 personnes s'est
00:07:35 transformé en cortège sauvage dans la capitale, entraînant plusieurs dégradations et l'intervention
00:07:40 des pompiers.
00:07:41 En milieu de soirée, cette personne avait été interpellée, selon un premier bilan
00:07:46 de la police.
00:07:47 A Lyon, quelques débordements également après le rassemblement pacifique.
00:07:50 La police a utilisé du gaz lacrymogène à plusieurs reprises.
00:07:54 Un poste de police municipale a été dégradé, des bains à verre ont été renversés et
00:07:59 plusieurs feux de poubelle ont été allumés.
00:08:01 Le calme est revenu, peu après 23h.
00:08:03 Ce sont des images auxquelles il va falloir s'habituer désormais, des contestations
00:08:11 sociales et du militantisme écologique plus violent.
00:08:13 Ce n'est pas ce qu'on entend par militantisme écologique plus violent.
00:08:17 Là, on a clairement affaire à un phénomène, qui est un phénomène je dirais d'émettre
00:08:21 urbaine.
00:08:22 Donc vous pouvez avoir des mouvements sociaux écologistes violents qui vont agir de manière
00:08:26 très ponctuelle.
00:08:27 Là, on a quelque chose de plus important, de plus structurel.
00:08:30 La question c'est, est-ce qu'on a les moyens d'y mettre fin ? Et là, en l'état
00:08:34 actuel du droit, c'est compliqué.
00:08:35 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on n'a pas d'instrument juridique qui nous permette
00:08:39 réellement d'appréhender de manière globale ces militants, même si on les connaît.
00:08:43 Et donc, ce faisant, sauf à faire évoluer notre droit pour l'instant, on risque en
00:08:47 effet d'avoir ce type de phénomène qui se produit dans les manifestations et en marge
00:08:52 des manifestations pour encore quelques temps.
00:08:54 Là, on a Gérald Darmanin qui a décidé de dissoudre ce mouvement, les soulèvements
00:08:58 de la terre qui est à l'origine des manifestations de Sainte-Sauline.
00:09:01 Il a raison, ça fait partie des outils possibles pour calmer les violences ?
00:09:06 Je pense qu'en tout cas, l'opinion attendait ce genre de décision et ne comprenait pas
00:09:11 qu'un certain nombre de mouvements n'aient pas été plus rapidement dissous, alors qu'ils
00:09:15 sont déjà à l'œuvre depuis plusieurs semaines ou plusieurs mois.
00:09:18 Moi, il y a quelque chose qui me frappe dans la séquence et dans les images qu'on peut
00:09:22 voir, c'est la...
00:09:23 Il y a deux choses.
00:09:25 D'une part, la complaisance médiatique souvent à l'égard de ces militants extrémistes
00:09:31 dont on reprend allègrement le discours, s'en prenant systématiquement à la police,
00:09:38 soulignant les violences politières comme citées en évidence.
00:09:40 Et puis, la complaisance aussi politique d'un certain nombre de mouvements, de l'LFI
00:09:47 en passant par les écologistes, qui jamais, à aucun moment, ne condamnent ces violences
00:09:53 qui sont insupportables pour tout le monde en vérité.
00:09:56 Et qui créent des tensions terribles.
00:09:57 Je voudrais qu'on regarde ces quelques images, ces cortèges sauvages et ces dégradations
00:10:00 qui excèdent les riverains à tel point qu'à Paris, il y a eu ce mouvement de panique hier
00:10:04 soir, quand un homme qui tentait d'éteindre un feu de poubelle a été pris à partie par
00:10:08 des manifestants.
00:10:09 Il a alors sorti un pistolet d'alarme avec lequel il a tiré en l'air.
00:10:13 Écoutez le témoignage de l'un de ses proches qui nous explique son geste.
00:10:16 Les manifestants sont descendus de la rue du Temple, par l'hôtel des villes.
00:10:20 Ils ont commencé à cramer des poubelles en bas de chez nous.
00:10:22 Notre collègue n'a pas apprécié donc il est sorti avec son extincteur pour éteindre
00:10:26 la poubelle.
00:10:27 Et maintenant les manifestants l'ont pris à partie.
00:10:29 En mode, si t'éteins les poubelles, t'es un facho d'après eux.
00:10:31 Ils sont venus beaucoup, ils ont commencé à courir vers lui.
00:10:34 Lui, il a pris peur.
00:10:35 Il avait un petit truc factice sur lui qui fait juste du bruit.
00:10:37 Il a sorti, il a tiré en l'air pour leur faire peur et c'est tout.
00:10:39 Ils nous ont confinés dans notre magasin, ils ont bloqué la rue et tout.
00:10:43 Ils ont essayé de le faire sortir mais lui, en fait, il ne comprenait pas ce qu'il avait
00:10:48 fait de mal en soi.
00:10:49 Pour lui, il était en mode autodéfense.
00:10:50 Il disait "moi je ne suis pas armé, tout ça, je n'ai pas de problème" et tout.
00:10:52 Et au final, ça a duré un petit peu longtemps en attentant de parler avec lui.
00:10:55 Après, il s'est rendu calmement.
00:10:56 Et même, Fadel, on en arrive à des tensions incroyables qui sont même contre-productives
00:11:00 finalement pour les causes qu'ils peuvent défendre.
00:11:02 Oui, mais c'est extrêmement inquiétant.
00:11:05 J'ai vu ce qui s'est passé.
00:11:06 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, les gens vont vouloir en fait faire même leur propre loi
00:11:11 puisqu'ils sont excédés.
00:11:12 Ils n'en peuvent plus aussi de ces débordements, de ce chaos, de ce désordre qui impactent
00:11:18 leur quotidien.
00:11:19 Mais quand vous entendez aussi Sandrine Rousseau qui, dernièrement, sur Europe 1 a dit "le
00:11:23 droit à la désobéissance", qu'elle soutenait le droit à la désobéissance.
00:11:26 Il y a une responsabilité des politiques dans tout ça.
00:11:29 Évidemment, il y a une responsabilité des politiques, notamment des députés aujourd'hui
00:11:33 qui sont, je voudrais quand même rappeler, c'est eux qui, normalement, votent les lois.
00:11:37 Donc, on voit qu'ils votent les lois mais qu'ils sont prêts à être hors la loi.
00:11:40 C'est extrêmement grave ce qui se passe.
00:11:42 Parce que, comment voulez-vous que cette personne-là ne sorte pas aussi son pistolet ? Bon, heureusement,
00:11:46 c'était un pistolet factice.
00:11:47 Un pistolet factice, un pistolet d'alarme.
00:11:51 Un pistolet d'alarme.
00:11:52 Mais aujourd'hui, c'est ça.
00:11:53 Le problème, c'est qu'aujourd'hui, on n'a plus cet état de droit.
00:11:58 Vous savez, la civilisation, c'est à un moment quand on transfère notre protection,
00:12:03 notre sécurité à l'État.
00:12:04 Et aujourd'hui, moi, j'ai le sentiment qu'on est en train d'être dans la décivilisation.
00:12:09 Et c'est ça qui est extrêmement inquiétant.
00:12:11 Et je ne comprends pas, pour rejoindre ce qu'a dit aussi Raphaël, c'est qu'aujourd'hui,
00:12:16 ces élus ne peuvent pas rendre compte.
00:12:18 Ils ne peuvent pas, enfin, en tout cas, on ne leur demande pas de rendre compte.
00:12:22 Ils ne peuvent pas être poursuivis et c'est là où le bât blesse.
00:12:26 Alors, juste avant de vous donner la parole, Gauthier Lebret, je voudrais vous faire écouter
00:12:29 Laurent Nunez, le préfet de police de Paris, qui revient sur les incidents d'hier soir.
00:12:32 Il était l'invité ce matin de Laurence Ferrari et il replace justement un mot de
00:12:36 soutien, la brave M, qui est justement décriée par la gauche.
00:12:38 Hier, il y avait une manifestation déclarée qui a réuni 4 500 personnes.
00:12:43 Et puis à la fin, 1 500 personnes sont parties en déambulation sauvage dans Paris en petits
00:12:47 groupes, en brûlant des poubelles, en commettant aussi des exactions contre des commerces,
00:12:51 des dégradations.
00:12:52 Je ne parle pas de manifestation dans ces cas-là.
00:12:55 Ce n'est pas déclaré, il y a des exactions de commises.
00:12:57 Donc évidemment, les policiers interviennent.
00:12:59 Ils le font quand même avec prudence parce qu'on avait beaucoup de jeunes hier, évidemment,
00:13:03 même si une nouvelle fois, on a vu évidemment des militants d'ultra-gauche à la manœuvre
00:13:08 qui dirigent ces jeunes dans les rues de Paris pour commettre des exactions.
00:13:11 Mais on intervient évidemment avec beaucoup de prudence et de précaution.
00:13:15 Mais on a évidemment endigué ce mouvement et on y a mis un terme assez rapidement.
00:13:18 Je veux saluer le travail, encore une fois, des policiers, des gendarmes et de l'eau
00:13:22 Bravem qui étaient évidemment engagés hier soir et qui ont été très précieux pour
00:13:27 endiguer ces groupes qui étaient très mobiles et qu'il fallait récupérer de manière
00:13:31 très mobile.
00:13:32 Et donc les motos et le déplacement en moto facilite évidemment ce maintien de l'ordre.
00:13:36 Gautier Lebret.
00:13:37 Oui, alors la stratégie, vous savez que quelque part, ces militants violents servent le gouvernement
00:13:43 puisque vous connaissez la stratégie du gouvernement maintenant, c'est celle du pourrissement.
00:13:46 Espérer que l'opinion s'inverse, non pas sur le fond de la réforme, mais soit fatiguer
00:13:51 des violences, fatiguer des blocages, des blocages qui sont d'ailleurs très limités.
00:13:54 La France n'est pas à l'arrêt.
00:13:55 Et étude très intéressante ce matin dans les colonnes du Figaro, au DOXA, qui montre
00:14:00 que ça ne prend pas pour le moment cette stratégie de communication de la part du
00:14:03 gouvernement, d'incarner le parti de l'ordre.
00:14:04 On voit ce que fait Gérald Darmanin depuis une semaine, le langage guerrier qu'a utilisé
00:14:08 une nouvelle fois Emmanuel Macron en déplacement hier en disant que ces militants à Seine-Solenne
00:14:12 étaient venus faire la guerre, puisque 61% des Français soutiennent encore le mouvement,
00:14:20 soutiennent encore aujourd'hui le mouvement.
00:14:22 Et plus de 50% des Français, selon ce sondage au DOXA pour le Figaro, pensent que le mouvement
00:14:28 va perdurer et surtout va être de plus en plus violent.
00:14:30 Et donc malgré ce constat-là, ils continuent à le soutenir.
00:14:34 Donc on voit bien que l'inversion ne s'est pas opérée contrairement à ce qu'espérait
00:14:38 le gouvernement.
00:14:39 Et on rappelle évidemment que cette violence s'exprime à travers deux mouvements sociaux
00:14:42 en ce moment, qui est celui contre la réforme des retraites, auquel vous nous parliez à
00:14:46 l'instant.
00:14:47 Même s'il y a des éléments, on le sait, des éléments radicaux qui étaient sans
00:14:49 doute à la fois à Seine-Solenne et dans les cortèges sur les retraites.
00:14:52 C'est pour ça qu'on peut rapprocher effectivement les violences de ces deux événements dans
00:14:55 un contexte de gronne sociale généralisée.
00:14:57 Mikaël Sadoun, puis Benjamin Morel ensuite.
00:14:59 Moi je distinguerais un petit peu quand même les deux mouvements dont on vient de parler.
00:15:02 J'y étais hier soir par hasard, j'ai vu les feux de poubelle, etc.
00:15:07 C'est ça, c'est sûr.
00:15:08 Qu'est-ce qu'on dirait ?
00:15:09 Je suis passé par là par hasard.
00:15:15 C'était des jeunes révoltés, on ne sait pas très bien de quoi.
00:15:21 Il n'y a pas tellement d'objets à leur révolte.
00:15:23 Ça aurait été la réforme des retraites, l'écologie ou que sais-je, ils auraient fait
00:15:27 exactement la même chose.
00:15:28 Donc je pense qu'on n'est pas dans la barbarie totale, mais en effet ça peut embêter le
00:15:31 voisinage.
00:15:32 Et si on ne trouve pas les dispositifs de sécurité adaptés, ça peut produire des mécanismes
00:15:36 de se rendre justice soi-même, etc.
00:15:38 C'est bien dommage.
00:15:39 Seine-Solenne, c'est quand même très différent, je trouve, parce qu'on est vraiment dans
00:15:42 une violence beaucoup plus organisée, en amont, avec des groupes d'ultra-gauche qui
00:15:47 viennent de toute l'Europe, qui se coordonnent entre eux, qui arrivent à armer.
00:15:50 Et on l'a vu avec toutes les perquisitions qu'il y a eu, les saisies qu'il y a eu sur
00:15:53 ces manifestants, qu'ils ont véritablement arrivé à armer pour faire la guerre.
00:15:58 Totalement.
00:15:59 Et là, on est dans un phénomène différent qui demande, à mon avis, une réponse beaucoup
00:16:02 plus ferme et beaucoup plus peut-être violente, sans aller trop loin naturellement, de la
00:16:06 part des forces de l'ordre.
00:16:07 Oui, je voulais revenir un peu sur ce que disait Gauthier concernant le parti de l'ordre.
00:16:11 En effet, ça ne marche pas.
00:16:12 Mais on oublie que l'ordre des Gilets jaunes, ça n'a pas marché.
00:16:14 L'ordre des Gilets jaunes, le 8 décembre, vous avez une opinion qui ne se retourne pas.
00:16:18 Il y a ce sentiment, à mon avis, dont l'exécutif a tort, que les Gilets jaunes ont été justement
00:16:23 un succès de cette stratégie.
00:16:24 Quand vous regardez les sondages du mois de janvier, du mois de février, vous avez 30%
00:16:28 des Français qui considèrent que la violence, pourquoi pas, ça permet de faire avancer
00:16:31 les causes.
00:16:32 Là, on est pour l'instant à 15%.
00:16:33 Donc, on n'est pas à la même jauge.
00:16:35 Mais néanmoins, on a eu une accoutumance à la violence.
00:16:38 Ensuite, certes, il y a eu les élections européennes, mais les élections européennes,
00:16:41 ça coïncide avec le début du grand débat.
00:16:43 C'est le grand débat qui a retourné peu à peu l'opinion.
00:16:47 Ce n'est pas du tout les violences.
00:16:48 Les violences, au contraire, ont complètement été enregistrées par l'opinion et étaient
00:16:51 reprochées au chef de l'État.
00:16:53 C'est exactement ce qui est en train d'arriver.
00:16:54 C'est la lassitude aussi, je pense.
00:16:56 Oui, mais pas que la lassitude.
00:16:57 C'est vraiment la possibilité d'avoir etc.
00:16:59 Emmanuel Macron a été très bon.
00:17:00 Mais cet outil-là, il l'a utilisé une fois, il ne pourra pas le réutiliser.
00:17:03 Et si jamais il n'y a pas de dialogue social.
00:17:05 Parce que là même, si Elisabeth Borne aujourd'hui et Olivier Dussopt disent qu'on pourra peut-être
00:17:09 parler retraite avec les syndicats.
00:17:11 Si jamais il n'y a pas de dialogue social, la violence ne suffira pas à elle-même à
00:17:14 remettre en selle le gouvernement.
00:17:16 On reviendra sur le dialogue social à midi 30 quand on parlera des syndicats.
00:17:19 Justement, Sophie Binet à la tête de la CGT.
00:17:21 Par contre, il y a une réalité favorable quelque part au gouvernement.
00:17:24 On parle plus des violences aujourd'hui et plus du fond de la réforme et ce qui pêche
00:17:28 du côté de la réforme des retraites.
00:17:29 Et je voulais donner deux chiffres précis.
00:17:32 66% des Français continuent de soutenir le mouvement malgré ce qui est en train de se
00:17:36 passer, les blocages et les violences.
00:17:39 Et Emmanuel Macron chute dans les sondages.
00:17:41 Il est à 23%.
00:17:43 Il perd 10 points.
00:17:44 Il retrouve son niveau des Gilets jaunes.
00:17:46 Donc on voit bien que la bascule dans l'opinion ne s'est pas faite.
00:17:48 On va y revenir plus précisément à midi 30.
00:17:50 Je voudrais qu'on revienne tout d'abord sur ce terme dévoyé de violences policières
00:17:55 qui est utilisé par ces militants et par une partie des responsables politiques de gauche.
00:18:01 J'ai entendu parler de la réaction de Pascale Régnaud-Dubois, la directrice centrale des
00:18:04 CRS.
00:18:05 Elle s'est exprimée ce matin dans les médias.
00:18:06 Je condamne le terme de violences policières.
00:18:09 Pour moi, c'est une expression que je ne comprends pas.
00:18:13 Ça voudrait laisser imaginer que la police est violente.
00:18:18 Non, la police n'est pas violente.
00:18:19 Je rappelle que l'emploi de la force lors des manifestations doit s'inscrire dans un
00:18:25 cadre extrêmement strict qui a été rappelé dans le cadre du schéma national du maintien
00:18:30 de l'ordre.
00:18:31 La force utilisée par les policiers est une force légitime.
00:18:34 A partir du moment où vous avez une manifestation qui dégénère avec des groupes de casseurs
00:18:39 qui s'en prennent au commerce, qui s'en prennent aux forces de l'ordre, les forces de l'ordre
00:18:44 sont tout à fait légitimes à répliquer par l'usage de la force.
00:18:48 Il y a une véritable inversion des valeurs.
00:18:50 C'est-à-dire qu'utiliser ce terme de violences policières revient quelque part à mettre
00:18:53 un signe égal entre ces manifestants violents et la police et les gendarmes qui ne font que
00:18:59 leur travail.
00:19:00 Olivier Dussopt, le ministre du Travail, ce matin sur Europe.
00:19:02 - Ce qu'on s'en prend à celles et ceux qui portent l'uniforme et qui nous protègent,
00:19:07 ce n'est pas la question des retraites, ce n'est pas une réforme ou une autre, le mobile.
00:19:10 C'est juste de la violence et la volonté de déstabiliser et de mettre à mal nos institutions.
00:19:16 J'ai un immense respect, une immense admiration pour nos forces de police qui maintiennent
00:19:21 l'ordre, qui nous protègent au quotidien, qui font un travail absolument incroyable
00:19:24 et beaucoup le payent dans leur chair.
00:19:25 Il y a des centaines de blessés dans les forces de police et parmi les gendarmes.
00:19:30 Et donc mettre un signe égal entre le maintien d'ordre et la volonté délibérée d'être
00:19:35 violent et de casser n'est pas acceptable.
00:19:37 Et quand l'extrême gauche parle d'Etat autoritaire, parle de dérive autoritaire,
00:19:42 de brutalité policière, alors que c'est dans ces rangs qu'on trouve le plus souvent
00:19:47 les casseurs et ceux qui s'en prennent à la police, c'est quand même une sacrée
00:19:50 inversion de valeur.
00:19:51 - Il y a une inversion de valeur, Raphaël Starville ?
00:19:54 - Oui, bien évidemment, et on ne peut que souscrire à ce qui est dit.
00:19:57 Mais pour autant, j'aimerais quand même soulier un petit paradoxe.
00:20:00 C'est que si aujourd'hui, ce discours sur les violences policières est de plus en plus
00:20:05 nourri et repris par un certain nombre de personnes, c'est parce que précisément,
00:20:09 le gouvernement n'oppose aucune réponse politique à la crise dans laquelle on est.
00:20:14 Et les policiers, les forces de l'ordre d'aujourd'hui sont utilisés comme la seule réponse finalement
00:20:22 à ces mouvements, à ce chaos social et politique que l'on vit.
00:20:26 Et donc, ils prennent le risque finalement de réceptionner toute la charge et toute
00:20:31 la colère de ceux qui sont contre le gouvernement, faute d'une réponse politique et faute de
00:20:35 dépouchés politiques.
00:20:36 Emmanuel Macron a fermé la porte à toute possibilité de négociation, enjambant déjà
00:20:47 la promulgation quasiment de la loi de la réforme des retraites.
00:20:50 Donc, on est dans une situation de blocage et aujourd'hui, les seuls qui réceptionnent
00:20:54 finalement cette violence, ce sont les policiers qui opposent, bien évidemment en réaction,
00:21:00 des représailles.
00:21:01 Mais il faut remettre les choses dans leur contexte.
00:21:04 Et donc, c'est pour ça que lorsqu'Olivier Dussopt, de manière très juste, développe
00:21:10 cet argumentaire, il ne faut pas oublier que précisément, le gouvernement est de
00:21:14 sa manière responsable de cette situation concernant ce vocable et ce discours sur la
00:21:19 réforme des retraites.
00:21:20 - Michel Sadowne ?
00:21:21 - Oui, je suis tout à fait d'accord avec Raphaël Stainville.
00:21:22 En fait, on se rend compte que les institutions et la démocratie représentative sont quand
00:21:27 même censées déplacer la violence de la rue dans une violence plus institutionnalisée
00:21:31 et plus "propre", celle du Parlement, celle des joutes verbales, celle des débats même
00:21:37 médiatisés.
00:21:38 - C'est toute notre question ce matin, comment on canalise la violence dans la rue.
00:21:40 - Exactement.
00:21:41 Et le problème d'Emmanuel Macron, c'est qu'il a tellement enjambé toutes ces institutions
00:21:44 en passant par-dessus le Parlement, en refusant de négocier avec les syndicats, qu'en fait,
00:21:49 quand les mots n'ont plus aucune valeur, quand le dialogue n'a plus aucune valeur, le dialogue,
00:21:54 il passe finalement par les coups, par la rue, par la violence.
00:21:57 Donc, loin de moi l'idée de dire que le gouvernement est responsable de la violence, c'est toujours
00:22:02 les violents qui sont responsables de la violence.
00:22:04 Mais on voit que le front s'est déplacé du Parlement, qui est devenu finalement neutralisé
00:22:10 et inactif, à la rue, qui peut-être elle seule peut faire basculer le pouvoir politique.
00:22:14 - Je peux rebondir sur ce que vient de dire Raphaël ?
00:22:17 - Je vous en prie, Emma, vous êtes là pour ça.
00:22:19 - Je ne suis pas trop d'accord avec vous deux, je vais vous dire pourquoi.
00:22:22 Parce que rien ne peut excuser qu'on se permette d'être hors la loi.
00:22:27 Parce que c'est ça toute la question.
00:22:28 Parce qu'on peut se dire effectivement, l'État crée peut-être les conditions de...
00:22:32 - Je ne l'excuse pas, j'explique.
00:22:34 - Oui, oui, non, je sais bien, Michael.
00:22:35 Mais on peut se dire effectivement, l'État aujourd'hui n'a pas su faire et a créé les
00:22:39 conditions de cette violence, même des espoirs de violence, on peut dire ça.
00:22:44 Sauf que dans ce cas-là, on excuse et dans ce cas-là, je me permets, j'ai condamné
00:22:48 les violences de 2005.
00:22:50 J'étais chef de projet, je les ai condamnées parce que rien ne justifiait que suite au
00:22:56 décès des gamins, on puisse faire flamber nos quartiers.
00:23:00 Donc à un moment, on ne peut pas être dans le deux poids, deux mesures.
00:23:02 Parce que sinon, ça veut dire qu'on donne crédit en disant, effectivement, vous êtes
00:23:06 tellement désespérés, vous êtes tellement en colère, il y a tellement de graines que
00:23:10 finalement vous pouvez.
00:23:11 Et ça rejoint un peu ce que disait Sandrine Rousseau qui m'a vraiment mis en colère,
00:23:15 c'est-à-dire que finalement, la cause justifie finalement les moyens.
00:23:19 - Gauthier Lebrel, vous la fends avant de...
00:23:20 - Mais je comprends, non, je ne dis pas, voilà, je suis d'accord avec vous sur le fond et
00:23:25 qu'aujourd'hui, il y a une responsabilité de l'État, du Parlement, des députés aussi
00:23:30 qui n'ont pas fait leur travail qu'on attendait de leur part en termes de débat, en termes
00:23:34 de démocratie.
00:23:35 Le modèle qu'ils nous ont montré, leur comportement, sont des comportements, effectivement, parfois
00:23:40 de voyous.
00:23:41 - Donc ça n'enlève rien à ce que vous dites.
00:23:42 - Juste un mot de Gauthier Lebrel avant de marquer une courte pause.
00:23:45 - Non mais on peut simplement dire qu'Emmanuel Macron n'a pas cherché à apaiser dans un
00:23:48 premier temps lors de son interview au journal de 13h.
00:23:51 Et sur l'inversion des valeurs, puisque effectivement la France insoumise, Europe Ecologie, les
00:23:55 Verts, rendent responsables les gendarmes des violences, alors qu'on a vu, vous le
00:23:59 disiez Anthony, l'arsenal avec lequel sont venus les radicaux qui voulaient casser du
00:24:04 flic, disons-le.
00:24:06 Après, Gérald Darmanin, Emmanuel Macron, avec des propos qui ont été rapportés à
00:24:10 la presse, ont ciblé la France insoumise.
00:24:12 Jean-Luc Mélenchon qui voudrait une révolution selon l'Elysée, il a quand même senti le
00:24:16 vent tourner Jean-Luc Mélenchon parce qu'il a changé de discours lors de la dernière
00:24:18 journée de mobilisation en appelant au calme.
00:24:20 Il a bien vu la tactique politique, sans doute à juste titre, qui était en train de prendre
00:24:25 l'Elysée et le gouvernement.
00:24:26 - Qui est Sophie Binet ? Sophie Binet qui va succéder à Philippe Martinez à la tête
00:24:33 de la CGT.
00:24:34 Désormais, est-ce que ça va avoir un impact aussi sur la mobilisation contre la réforme
00:24:39 des retraites et l'unité syndicale ? On va en discuter justement avec vous Gauthier
00:24:42 Lebret avec également Eric Deride, mataine du service économie de CNews.
00:24:46 Vous restez avec nous, on marque une courte pause et on revient dans un instant.
00:24:50 Ils sont courtois, ils sont sympathiques, ils sont percutants dans leurs analyses.
00:24:58 C'est pour ça qu'ils sont avec moi sur ce plateau aujourd'hui dans Midi-News.
00:25:00 Benjamin Morel, Naïma M.
00:25:02 Fadel, mais vous avez vu ça ? Et pourtant, est-ce que vous le méritez ?
00:25:05 - Ah ça je ne sais pas.
00:25:08 - Naïma M. Fadel, Gauthier Lebret, Eric Deride, mataine avec qui on va parler justement de
00:25:12 ce changement à la tête de la CGT, Mickaël Sadoun et Raphaël Stainville.
00:25:16 Mais avant de s'engager dans ce débat autour de la CGT, des implications politiques que
00:25:21 ça va pouvoir avoir notamment en ce qui concerne la mobilisation syndicale, tout de suite le
00:25:25 rappel de l'actualité et c'est avec vous Audrey Bertheau.
00:25:28 Bonjour.
00:25:29 - Bonjour Anthony, bonjour à tous.
00:25:33 Sophie Binet a été élue secrétaire générale de la CGT.
00:25:38 L'intersyndicale UNIS rencontrera Elisabeth Borne pour exiger le retrait de la réforme
00:25:42 des retraites, a annoncé ce matin la nouvelle secrétaire générale, Sophie Binet, qui remplace
00:25:48 Philippe Martinez.
00:25:49 Aucune des deux candidates jusqu'alors pressenties, Marie Buisson et Céline Verzeletti, ne sont
00:25:53 parvenues à faire consensus sur leur nom.
00:25:56 La consommation des ménages a reculé de 0,8% en février par rapport au mois précédent.
00:26:02 Ce sont les chiffres de l'INSEE, publié ce matin, en cause des dépenses plus faibles
00:26:07 dans l'alimentation.
00:26:08 Il est bien fabriqué pour les ménages français.
00:26:10 Et puis deuxième nuit à l'hôpital pour le pape François.
00:26:13 Le souverain a passé la nuit sereinement selon le Vatican.
00:26:16 Sur la base des informations dont je dispose, le pape quittera Gemelli demain, a confié
00:26:21 le doyen du collège des cardinaux.
00:26:23 Le pape reçoit un traitement antibiotique pour une bronchite infectieuse depuis deux
00:26:27 jours.
00:26:28 De retour sur le plateau de Midi News, avec cette réforme des retraites et ce coup de
00:26:33 théâtre surtout à la CGT qui pourrait bien bouleverser les rapports de force.
00:26:37 Sophie Binet, mais qui est-elle Sophie Binet ? Quels sont ses réseaux comme on dit ? Sophie
00:26:42 Binet, élue secrétaire générale du syndicat, elle succède donc à l'emblématique Philippe
00:26:47 Martinez.
00:26:48 En quoi c'est une surprise ? Parce que moi j'ai lu dans la presse là ce matin que c'était
00:26:52 une surprise, que c'était pas une évidence.
00:26:54 En quoi cela peut avoir un impact sur la mobilisation contre la réforme des retraites ? Et je vous
00:26:58 interroge tous les deux Gauthier Lebrecht et Eric de Rigmatin.
00:27:00 On va commencer avec vous Eric, tout d'abord sur le profil de Sophie Binet.
00:27:03 Alors c'est vrai que c'est surprenant.
00:27:05 Comme vous dites c'est une super surprise parce qu'il y avait deux femmes candidates,
00:27:09 elles n'ont pas été retenues.
00:27:10 Et puis ce qui est quand même important c'est que cette femme elle vient de l'univers de
00:27:15 l'enseignement si vous voulez.
00:27:16 J'allais dire c'est une intellectuelle.
00:27:18 Elle représente les cadres de la CGT, les ingénieurs de la CGT.
00:27:22 Donc c'est pas le gros bras, métallo, la moustache qui frise de Martinez.
00:27:30 D'ailleurs je plaisante pas en disant ça puisque elle-même tout à l'heure dans son
00:27:33 discours que j'ai suivi, Madame Binet a dit "oui la moustache de Philippe Martinez a attiré
00:27:39 des adhérents".
00:27:40 Donc vous voyez c'était pas une blague gratuite.
00:27:42 Et pourquoi je dis ça ? Parce que le look a toujours compté à la CGT.
00:27:46 Dans les grandes figures, je vais pas revenir jusqu'à Séguy qui était l'emblématique
00:27:50 leader de la CGT qui avait fait d'ailleurs les accords de Grenelle en 68.
00:27:55 Mais il est resté très longtemps, 15 ans.
00:27:56 Et puis il avait un discours, il avait quand même mis 8 millions de personnes dans la
00:27:59 rue.
00:28:00 Georges Séguy c'est loin.
00:28:01 Mais après vous avez eu Krasucki, il vous rappelait avec son béret.
00:28:03 Et puis vous avez eu ensuite, n'oublions pas, Martinez bien entendu qui avait sa moustache
00:28:09 et qui avait le discours.
00:28:10 Mais il était pas aimé à la CGT.
00:28:13 C'est vrai qu'il faut reconnaître que la preuve, sa candidate qui l'avait recommandée,
00:28:18 Marie Buisson, elle a pas été retenue.
00:28:20 Et pratiquement un membre du bureau de la CGT sur deux a rejeté les propositions de
00:28:26 Philippe Martinez.
00:28:27 Parce que finalement il a un peu semé la zizanie.
00:28:30 Il y a eu les purs, il y a aussi les plus souples, ceux qui veulent être réformistes,
00:28:34 qui veulent avancer.
00:28:35 Et là si vous me demandez ce qu'est Sophie Binet, alors c'est une femme qui a une belle
00:28:41 allure.
00:28:42 C'est vrai que ça va, le côté enjôleur, séducteur existe réellement.
00:28:47 Ça rond avec les purées dures de la CGT, les métallos qui vont descendre dans la rue.
00:28:53 Mais ça ne veut pas dire que son discours sera plus soft.
00:28:56 Là tout à l'heure elle a reconnu qu'elle était fatiguée parce qu'elle a passé 48
00:29:00 heures sans dormir.
00:29:01 Donc elle a fait un discours assez court.
00:29:02 Mais le point à retenir c'est que oui elle ira mercredi chez Elisabeth Borne, ça c'est
00:29:08 sûr.
00:29:09 Oui elle reste dans l'intersyndical pour l'instant avec quand même un bémol.
00:29:14 Mais c'est là qu'il peut y avoir un virage et là ça sera plus politique.
00:29:17 Parce que rappelez-vous, Philippe Martinez avait dit "je suis dans l'intersyndical"
00:29:22 et il avait accepté l'esprit de médiation.
00:29:24 Voyez, médiation c'est "on peut discuter".
00:29:26 Or, ce que dit Sophie Binet, ce n'est pas question de médiation.
00:29:30 On n'acceptera pas si on va mercredi chez Elisabeth Borne, c'est pour le retrait pur
00:29:34 et simple de la réforme.
00:29:36 Et l'endemain, n'oubliez pas que c'est une journée nationale, le jeudi 6 avril,
00:29:41 les rues avec la mobilisation massive.
00:29:43 Alors ça va suffire à désamorcer tout ça.
00:29:46 En tout cas, rien n'est moins sûr.
00:29:47 Gauthier Lebret, je vais vous faire plaisir parce que vous me demandez depuis tout à
00:29:49 l'heure la séquence.
00:29:50 Justement, on l'a cette séquence.
00:29:52 J'espère que le son suivra derrière.
00:29:55 Mais regardez cette séquence de Sophie Binet, fraîchement élue à la tête de la CGT.
00:29:58 Ça commence très fort, vous allez voir.
00:30:00 Ça commence très fort.
00:30:01 Regardez cette séquence que nous réclame Gauthier Lebret.
00:30:04 (Applaudissements)
00:30:32 Alors Gauthier Lebret, je vous propose de chanter ce que vient de chanter.
00:30:35 Je peux vous le dire ?
00:30:36 Non, traduisez-nous parce qu'on n'entend pas très bien.
00:30:38 Elle dit "Emmanuel Macron, si tu continues, il va faire tout noir chez toi".
00:30:41 Donc, elle menace de couper l'électricité à l'usine.
00:30:43 Elle pose le rapport de force.
00:30:44 Alors qu'on sait qu'il y a eu des coupures d'électricité dans des permanences, dans
00:30:47 même des domiciles d'élus.
00:30:49 Donc, ça plante le décor.
00:30:51 Comme le disait Eric, elle va, donc c'était le suspense, elle va mercredi.
00:30:55 En tout cas, la CGT va être autour de la table avec Elisabeth Borne mercredi.
00:31:00 Pour réclamer le retrait de la réforme.
00:31:02 Donc, la réunion peut tourner court.
00:31:05 D'ailleurs, il y a un coup politique à jouer pour les syndicats.
00:31:08 Ils devraient aller à Matignon et ensuite sortir devant les journalistes en disant
00:31:12 "L'exécutif refuse de négocier et tenter de remobiliser le lendemain".
00:31:15 Puisqu'on sait qu'il y a eu un essoufflement la semaine dernière, les syndicats peuvent
00:31:18 très bien sortir fâchés, très mécontents de cette réunion et jouer là-dessus pour
00:31:23 tenter de renchérir leur cortège le lendemain.
00:31:26 Alors, je ne sais pas si la moustache de Philippe Martinez a fait gagner des adhérents
00:31:29 à la CGT, mais sous le règne de Philippe Martinez, la CGT est passée en dessous de
00:31:33 la CFDT et a perdu des adhérents.
00:31:37 Donc, effectivement, il a été désavoué très nettement lors de ce congrès, puisque
00:31:41 plus de 50% des 1000 cadres de la CGT ont voté contre son bilan.
00:31:46 On votait quelque part une motion de défiance.
00:31:48 Et sa candidate a été désavouée, rejetée.
00:31:51 Marie Buisson, comme le disait Eric, il paraît selon les échos, selon les informations des échos,
00:31:55 elle a même quitté rapidement le congrès de Clermont-Ferrand, vexée d'avoir été battue.
00:32:01 Il y avait une troisième candidate possible, Madame Verzeletti, tenant d'une ligne beaucoup
00:32:05 plus dure, plus radicale, qui voulait un vrai blocage du pays, comme Olivier Matheux.
00:32:09 D'ailleurs, Olivier Matheux, qu'on connaît maintenant, plutôt charismatique, avait
00:32:12 proposé un ticket pour une co-direction avec Madame Verzeletti de la CGT.
00:32:18 Elle n'avait pas accepté.
00:32:19 Elle espérait devenir seule leader de la CGT.
00:32:22 Ce n'est pas le cas.
00:32:23 Sophie Binet, aujourd'hui très engagée dans la lutte pour l'égalité salariale
00:32:28 femmes-hommes.
00:32:29 Elle a été invitée sur de nombreux plateaux, donc elle connaît bien la chose médiatique.
00:32:34 Elle a un côté très politique, on l'a bien vu, puisqu'elle a réussi à rassembler,
00:32:37 telle une politique, à la fois les plus radicaux et les pro-Martinez.
00:32:42 Donc la CGT était vraiment divisée en deux blocs à la fin de ce congrès.
00:32:46 Elle a réussi à utiliser et pour être élue, puisqu'elle n'était même pas candidate.
00:32:51 C'est une vraie surprise que son élection.
00:32:54 Elle impose tout de suite le rapport de force à travers cette chanson.
00:32:58 C'est un profil très politique, très habitué des médias et en rupture aussi avec
00:33:05 Philippe Martinez, puisque comme le disait Eric, contrairement à lui, elle n'est pas
00:33:09 pour une médiation, contrairement à Philippe Martinez qui avait soutenu au milieu de la
00:33:12 semaine Laurent Bergeron.
00:33:13 On finit de dresser son portrait avec Eric de Rigmaten et je fais un tour de table après.
00:33:16 Ce qui est important c'est de dire que la CGT s'est un petit peu trompée en prenant
00:33:21 ses distances, si vous voulez, avec l'évolution de la société, l'évolution de l'économie.
00:33:27 Et là, ce qui est plutôt bien, c'est que cette nouvelle présidente, Sophie Binet,
00:33:32 secrétaire générale, elle veut le retour de l'industrie.
00:33:35 Donc elle veut protéger aussi l'outil économique.
00:33:37 Ça c'est important.
00:33:38 On verra comment ça va.
00:33:39 Mais alors elle emploie le mot "il faut faire reculer le capitalisme".
00:33:41 Donc là-bas, il y a une sorte d'antinomie.
00:33:43 C'est important le mot qu'elle a employé ce matin.
00:33:44 Alors, halte au capitalisme, oui à l'industrie et à l'économie.
00:33:47 Ensuite, ce qu'il faut dire c'est que l'environnement, c'était un point de friction.
00:33:51 Parce que Philippe Martinez et la candidate de Philippe Martinez avaient dit "attention
00:33:57 l'environnement, on va adhérer à des ONG, on va adhérer à Greenpeace".
00:34:01 Et ça c'était un énorme affront pour les fédérations de l'industrie lourde, les
00:34:07 raffineries, la métallurgie.
00:34:09 Ils n'avaient pas accepté ça.
00:34:11 Donc, le point nouveau c'est qu'avec Sophie Binet, elle est d'accord pour que l'environnement
00:34:15 certes ait une place importante, mais qu'on puisse l'allier avec le social et l'économie.
00:34:19 Ça peut mettre un coup de canif dans le contrat syndical, quelque part dans le contrat de
00:34:23 l'intersyndical plutôt, j'ai envie de dire, ou pas ?
00:34:25 Oui, moi je crois oui.
00:34:26 Est-ce que sous son profil, les natures a divisées ?
00:34:28 Si ça avait été la ligne Matheux ou Verzeletti, c'était clair que ça sonnait le glas de
00:34:32 l'intersyndical.
00:34:33 C'était la fin de l'entente cordiale entre la CFDT et la CGT.
00:34:36 Là, on est entre les deux, entre Martinez et entre cette ligne plus radicale.
00:34:41 Donc, on verra à la réunion de Matignon si en sortant, ils vont arriver unis.
00:34:46 Est-ce qu'ils vont ressortir unis ?
00:34:47 Ça sera la vraie question.
00:34:48 Et s'ils s'en servent, comme je vous disais, pour mobiliser le lendemain.
00:34:51 C'est pas sûr que ça sonne le glas de l'intersyndical, comme ça aurait pu être le cas avec une élection
00:34:56 d'un représentant plus radical que Philippe Martinez.
00:34:58 Là, on est vraiment à chemin entre les deux et son coup de force, c'est vraiment été
00:35:02 de réunir les deux blocs de la CGT pour se faire élire.
00:35:05 Juste, si vous me permettez, son bras droit, ce sera Laurent Brun, qui est le patron des
00:35:12 cheminots.
00:35:13 Donc, ce n'est pas rien.
00:35:14 Qui, lui, est tenant d'une ligne beaucoup plus radicale que Philippe Martinez et qui
00:35:17 désavouait quelque part Philippe Martinez.
00:35:18 C'est unifié, manifestement.
00:35:19 Ça, je crois qu'on a d'abord à faire pour l'instant.
00:35:21 On verra ensuite.
00:35:22 On évalue évidemment sur quelques heures et quelques discours.
00:35:24 On a plutôt à faire à quelqu'un d'assez pragmatique, en réalité, qui prend le pouls
00:35:28 d'une CGT qui est très, très divisée et qui tente de rabibocher les uns avec les
00:35:32 autres pour que cette centrale continue à mener aujourd'hui, en pleine réforme des
00:35:37 retraites, un combat.
00:35:38 Si vous écoutez, je suis d'accord, en effet, cette chanson peut choquer, sauf qu'elle
00:35:41 a été chantée par tout le monde au congrès de la CGT.
00:35:43 Et donc, quand vous venez d'être élu, ne pas la chanter, évidemment, ce n'est pas
00:35:46 réellement possible.
00:35:47 Donc, ce n'est pas elle qui entonne tout d'un coup la chose.
00:35:49 C'est quelque chose qui, grosso modo, aujourd'hui, est dans l'air dans la CGT.
00:35:53 Ça la dépasse.
00:35:54 En grande partie, ici, son premier acte, c'est justement de ne pas reprendre la chanson
00:35:58 qui est entonnée, je ne la justifie pas, par tous les militants.
00:36:01 Et ça pose une question intéressante, est-ce qu'elle sera dépassée par la base à un
00:36:04 moment donné ?
00:36:05 De toute façon, toutes les directions syndicales, aujourd'hui, sont faibles, y compris Laurent
00:36:08 Berger.
00:36:09 On dit beaucoup Laurent Berger a les clés, etc.
00:36:10 Laurent Berger n'a aucune clé.
00:36:11 Il est porté par son élection qui lui dit "on ne revient pas sur les 63 ans maximum".
00:36:17 Il est dépassé par sa base, ce qui fait que s'il devait négocier, de toute façon,
00:36:21 sa base ne le suivrait pas.
00:36:22 Et donc, la CGT, aujourd'hui, c'est en grande partie pareil.
00:36:24 Le fait que, malgré tout, elle a Yama Tignon montre que là-dessus, elle n'est pas doctrinaire
00:36:28 et qu'elle a bien compris que sans inter-syndicales, c'est tout le mouvement qui perdait.
00:36:32 Et donc, ces symptômes de pragmatisme, je crois sincèrement qu'ils plaident plutôt
00:36:37 justement pour une inter-syndicale qui perdure.
00:36:39 Je vous propose d'écouter, et on va poursuivre ce tour de table, Elisabeth Borne, la Première
00:36:44 ministre, qui se réjouit de recevoir l'ensemble de l'inter-syndicale mercredi prochain.
00:36:48 Je pense que c'est important qu'on ait ce dialogue.
00:36:53 On a énormément de sujets à aborder sur les parcours professionnels, sur la prévention
00:37:00 de la pénibilité.
00:37:01 Et donc, tous ces sujets sont sur la table.
00:37:04 Évidemment, les organisations syndicales aborderont la réforme des retraites.
00:37:07 Moi, je suis à l'écoute et je me réjouis que l'inter-syndicale réponde à mon invitation.
00:37:12 Est-ce qu'elle ne se réjouit pas un petit peu trop vite, Elisabeth Borne ? Parce qu'elle
00:37:16 élargit déjà au sujet de la pénibilité, du travail, etc.
00:37:19 Il ne peut rien sortir de cette réunion.
00:37:22 C'est une réunion pour rien.
00:37:23 Les 64 ans ne sont pas sur la table.
00:37:25 Or, les syndicats ne veulent parler que des 64 ans et pas de l'usure ou d'autres mesures.
00:37:31 Donc, forcément, il va se passer un moment de tension, très certainement, à la sortie
00:37:37 de cette réunion entre la Première ministre et les syndicats.
00:37:40 Il ne peut pas en être autrement.
00:37:42 Et je voulais rappeler qu'Olivier Matteux, tenant d'une ligne plus radicale, avait
00:37:45 dit « Nous n'irons pas à Matignon, nous n'irons que si elle retire sa réforme préalablement. »
00:37:49 Donc, ça, c'est quand même une différence par rapport à la nouvelle patronne de la CGT.
00:37:53 C'est quand même de diversion, selon vous ?
00:37:55 Moi, je pense que, et là, pour le coup, je vais exprimer une petite nuance avec nos camarades,
00:38:00 je pense que c'est un très bon coup d'Elisabeth Borne.
00:38:03 Quand même, il n'en resterait rien et que cette réunion est inutile, l'objet pour
00:38:08 Elisabeth Borne, c'est juste d'avoir des images affichant sa bonne volonté à vouloir
00:38:15 recevoir tout le monde et de recevoir les syndicats qui, jusqu'à présent, avaient
00:38:20 trouvé la porte fermée.
00:38:21 Alors, il ne s'agit pas, bien évidemment, pour elle, de renoncer à la réforme qu'elle
00:38:25 a portée, mais c'est juste de pouvoir offrir des images et un commentaire.
00:38:29 Si le lendemain, il y a moins de monde dans les rues, elle aura gagné.
00:38:32 C'est ça l'idée, d'essayer d'affaiblir la contestation.
00:38:35 Elle prend le risque qu'il y ait plus de monde dans les rues et que les syndicats se
00:38:38 servent encore une fois de cette réunion.
00:38:39 Et c'est peut-être un bon coup d'Emmanuel Macron aussi.
00:38:41 Ce n'est pas en 24 heures qu'on mobilise et qu'on fait monter…
00:38:44 L'interview d'Emmanuel Macron qui a joué dans les cortèges, quand vous entendiez
00:38:49 les témoignages sur place, c'était la veille pour le lendemain.
00:38:51 Il n'y avait pas eu que le 49.3 qui est venu renchirer les cortèges.
00:38:54 Évidemment, ça a joué principalement, mais l'interview ne devait pas être étrangère
00:38:58 non plus à ce sursaut de mobilisation.
00:39:01 Et je voulais juste te dire, c'est peut-être un bon coup d'Emmanuel Macron, parce qu'on
00:39:04 a l'impression que le président cherche à discréditer sa première ministre.
00:39:06 Il lui a confié une mission impossible, élargir la majorité.
00:39:09 Ça aussi.
00:39:10 Elle a encore 15 jours pour le faire.
00:39:11 Il lui reste encore 15 jours.
00:39:12 Le jour du Conseil constitutionnel, donc 14 avril, ça s'arrête.
00:39:15 Donc si elle a échoué à élargir sa majorité et si elle a échoué à dialoguer avec les
00:39:18 syndicats, il aura deux bonnes raisons pour lui dire au revoir, merci du service rendu,
00:39:22 je change de Premier ministre.
00:39:23 Exactement, d'autant plus que lui n'a pas voulu recevoir les syndicats au moment
00:39:26 où il était temps de les recevoir.
00:39:28 Au contraire, ça aurait été intéressant de les recevoir et pour désamorcer aussi
00:39:32 un petit peu les choses.
00:39:34 Aujourd'hui, il va les recevoir.
00:39:36 Enfin, il lui demande à elle de les recevoir.
00:39:39 Moi, pour le coup, je trouve qu'il prend un risque.
00:39:43 Parce que s'il sort mécontent les syndicats, s'il sort mécontent et qu'il font une déclaration
00:39:48 comme vous le disiez tout à l'heure sur le Perron de Matignon, vous imaginez un peu
00:39:52 justement au contraire, comme vous disiez Gauthier, ça va encore plus mobiliser et
00:39:57 créer de la colère et de la grogne.
00:39:59 Michael Sadoun, sortez-moi votre boule de cristal.
00:40:01 Dites-moi tout.
00:40:02 Qu'est-ce que vous percevez pour cette réunion ?
00:40:04 On prend des paris là.
00:40:05 On fait des paris.
00:40:06 Je viens en peine de savoir ce qui va se passer pour cette réunion.
00:40:08 Je pense qu'Elisabeth Band va falloir qu'elle fasse preuve de beaucoup d'habileté.
00:40:12 Mais comme il a été dit, je pense qu'il n'en sortira rien puisque le sujet s'est
00:40:16 tellement cristallisé autour du symbole des 64 ans, pour tout le monde, pour l'exécutif,
00:40:20 pour les syndicats, même pour les marchés financiers qui regardent de très près la
00:40:24 France, notamment les agences de notation, etc., pour voir s'ils sont capables de mener
00:40:28 des politiques macroéconomiques pour libérer la croissance potentielle, etc.
00:40:32 Donc, le sujet s'est tellement devenu les 64 ans et personne ne veut bouger de sa position
00:40:37 sur ce sujet-là que je ne sais pas tellement ce qui peut en sortir.
00:40:40 Sur le sujet de Sophie Binet, j'y reviens très rapidement, mais on voit quand même
00:40:45 qu'on tranche beaucoup avec le profil habituel de la CGT.
00:40:48 C'est une cadre.
00:40:49 Elle est jeune, il faut le noter.
00:40:50 Elle a 41 ans, je crois.
00:40:52 Elle n'a pas exactement un physique qui témoigne du passage du temps ou de la dureté du monde
00:41:00 ouvrier sur elle.
00:41:01 Donc, ça va être compliqué pour elle, je pense, d'incarner la CGT.
00:41:04 Vous jugez beaucoup sur les apparences autour de cette table.
00:41:08 Vous êtes particulièrement dure.
00:41:10 Vous avez raison, pour le moment, on ne peut pas juger en termes de bilan ou d'action.
00:41:13 Là, c'est simplement pure remarque de consultant en communication, ce qu'elle a l'air d'incarner.
00:41:18 Parce qu'elle vient juste de réussir un superbe coup.
00:41:20 Elle vient juste de réussir à se faire élire par une CGT très fracturée, alors qu'elle
00:41:24 n'était même pas candidate sur la liste.
00:41:25 Je pense qu'elle est policienne très habile, mais je pense que la CGT a quand même un
00:41:28 profil radical qui demandera un profil plus radical à sa tête.
00:41:31 Elle est en conférence de presse à l'heure où on se parle, Sophie Binet, et elle vient
00:41:34 de faire une déclaration qui résonne avec ce qu'on dit sur la réunion qui ne servira
00:41:38 à rien à Matignon.
00:41:39 Elle vient de déclarer que tant qu'il n'y a pas de retraite, il n'y aura pas de négociation.
00:41:44 Le rapport de force est posé.
00:41:45 Oui, mais elle y va.
00:41:46 Elle y va quand même à cette heure.
00:41:47 Elle y va pour mieux en sortir et pour mieux mobiliser le lendemain.
00:41:49 La position de la CFDT n'est pas si différente, fondamentalement.
00:41:52 La CFDT propose une suspension, une médiation.
00:41:55 Oui, c'est ça, mais on ne passe pas à autre chose tant qu'il n'y a pas de retrait des
00:42:01 64 ans.
00:42:02 Ça, c'est aujourd'hui le son unanime de quasiment tous les syndicats.
00:42:05 Donc ensuite, on peut faire une pause, on peut discuter, mais si jamais il n'y a pas
00:42:08 de retrait des 64 ans, il n'y a pas d'avancée sur le travail, sur toutes les réformes que
00:42:12 voudra envisager le gouvernement avec les syndicats, mais qui font qu'elles seront bloquées tant
00:42:15 qu'il n'y aura pas de retour, selon les syndicats, sur ces 64 ans.
00:42:19 Moi, j'avais juste une question à Gauthier Lebrecht.
00:42:22 J'espère que je vais pouvoir y répondre, Néma.
00:42:24 Est-ce que l'élection de Sophie Binet n'est pas par défaut ? Est-ce qu'à un moment
00:42:29 comme les deux forces, c'est-à-dire ceux de les proches de Martinez et les autres,
00:42:37 se sont retrouvés à un moment où personne ne ressentait, puisque vous avez dit qu'elles
00:42:43 n'étaient même pas en lice ?
00:42:45 Alors, on peut le voir de deux manières.
00:42:47 Soit c'est un vote par défaut, soit c'est un vote de consensus.
00:42:49 C'est-à-dire qu'ils ont réussi à tomber d'accord à travers le profil de Sophie Binet
00:42:56 alors qu'ils se sont déchirés pendant une semaine.
00:42:59 Donc ça peut être aussi un vote de consensus.
00:43:00 On peut l'analyser des deux façons.
00:43:02 Et qu'elles ne soient pas neutralisées trop vite.
00:43:04 On se souvient de l'affaire de Thierry Le Pen, qui était à peine arrivé après
00:43:07 Bernard Thibault et qui avait dû démissionner pour des raisons de bureau.
00:43:11 Et ce qui avait amené Martinez, que personne n'attendait.
00:43:13 C'est aussi des hasards de la vie.
00:43:15 On y reviendra tout à l'heure, mais les semaines passent.
00:43:19 Et malgré la tempête politique et sociale en ce moment, rien ne bouge dans l'opinion
00:43:22 des Français.
00:43:23 On en a parlé brièvement tout à l'heure, mais on a toujours 66% de la population qui
00:43:27 soutient cette mobilisation au résultat d'un sondage au Doxa Blackbone Consulting
00:43:31 pour le Figaro paru ce matin.
00:43:33 On a même 6 Français sur 10, 59% qui pensent que la mobilisation va perdurer
00:43:37 en devenant de plus en plus violente.
00:43:40 C'est ce que je disais tout à l'heure, la stratégie du pourrissement ne prend pas
00:43:42 dans l'opinion.
00:43:43 Plus de 60% des Français, comme vous venez de le dire, soutiennent encore ce mouvement
00:43:48 malgré les blocages, malgré l'assitude qui pourrait s'installer dans l'opinion.
00:43:53 C'était le pari du gouvernement.
00:43:54 Ça ne prend pas.
00:43:55 Alors certes, on parle plus des violences que du fond de la réforme et ça arrange
00:43:58 l'exécutif, mais ça ne marche pas.
00:44:00 Par contre, il y a un facteur qui bouge, c'est la cote de popularité d'Emmanuel Macron
00:44:04 qui s'effondre.
00:44:05 Il perd 10 points depuis janvier.
00:44:08 Il est à 23% selon le même sondage, Odoxa, pour Le Figaro.
00:44:12 Et qui justement tire son épingle du jeu en revanche ?
00:44:17 C'est Laurent Berger de la CFDT.
00:44:19 Absolument, c'est Laurent Berger de la CFDT.
00:44:20 Et sur un plan politique, c'est Marine Le Pen.
00:44:23 Et il retrouve quasiment son plus bas niveau de la crise des Gilets jaunes.
00:44:27 Donc on voit bien que le président avait tablé sur un renversement de l'opinion.
00:44:32 Ça ne prend pas.
00:44:33 Les Français n'incriminent pas pour le moment le mouvement en tant que tel.
00:44:36 On commentera ce sondage tout à l'heure.
00:44:38 Tout d'abord, je remercie Gauthier Lebret qui s'est levé très tôt ce matin
00:44:41 et qui nous a fait la courtoisie d'être là.
00:44:43 Mais vous savez, Anthony, c'est un plaisir.
00:44:44 Ce n'est pas du tout forcé.
00:44:45 Merci à vous.
00:44:46 Non, je vous l'ai demandé.
00:44:47 Je vous l'ai demandé gentiment.
00:44:48 Vous m'avez dit oui.
00:44:49 Bien sûr.
00:44:50 Et je ne compte jamais vous dire non.
00:44:51 Eric Derry de Matten, que je remercie également.
00:44:54 Tous les autres, Michael Sadoun, Raphaël Stainville, Naïma Mfadel, Benjamin Morel,
00:44:58 vous restez avec moi.
00:44:59 On revient dans quelques minutes.
00:45:00 Ce sera l'heure du journal de 13h avec Michael Dorian.
00:45:03 On évoquera la question migratoire.
00:45:05 A tout de suite.
00:45:06 De retour dans Midi News, toujours avec mes invités sur ce plateau.
00:45:13 Naïma Mfadel, Benjamin Morel, Florian Tardif du service politique de CNews
00:45:17 qui nous a rejoints pour cette deuxième heure.
00:45:18 Michael Sadoun.
00:45:19 Bonjour Anthony.
00:45:20 Et Raphaël Stainville.
00:45:21 Vous restez avec moi tout de suite.
00:45:22 Le journal de Michael Dorian, le journal de 13h.
00:45:24 C'est à vous, Michael.
00:45:25 Bonjour Anthony.
00:45:26 Bonjour à tous.
00:45:27 Elisabeth Borne est dans la Nièvre.
00:45:29 Comme pour Emmanuel Macron hier, il s'agit du premier déplacement en région
00:45:34 depuis deux mois pour la Première ministre en plein conflit social autour des retraites.
00:45:38 Elle s'est exprimée sur l'invitation lancée au syndicat à Matignon la semaine prochaine.
00:45:43 Écoutez.
00:45:44 On est dans une situation de majorité relative, ça ne vous a pas échappé.
00:45:49 Dans ce cas, on n'a pas le choix.
00:45:51 Il faut qu'on puisse dialoguer.
00:45:53 Et c'est comme ça, c'est la condition pour qu'on puisse apporter les réponses
00:45:58 qu'attendent les Français.
00:45:59 Donc moi, je déplore que certains fassent le choix du refus du dialogue.
00:46:04 En tout cas, moi, je reste toujours dans une position d'écoute, de dialogue.
00:46:09 Et avec tous ceux qui le veulent, je souhaite qu'on puisse trouver,
00:46:13 bâtir ensemble, les meilleures réponses pour les Français.
00:46:17 Emmanuel Macron a rendu hommage au gendarme du GIGN tué en Guyane,
00:46:23 à ce sous-officier de l'unité d'élite de la gendarmerie à Cayenne,
00:46:26 âgé de 35 ans et décédé samedi lors d'une opération de lutte contre leur paillage illégal.
00:46:33 La travivernale prend fin aujourd'hui.
00:46:37 Il sera de nouveau possible pour les propriétaires de faire expulser leurs locataires,
00:46:41 notamment en cas de loyer un pays à partir de demain.
00:46:44 Mais avec la crise que traversent les Français, les associations craignent
00:46:48 de devoir arriver de nouveau sans abri dans les mois qui viennent.
00:46:51 Alexis Vallée et Jean-Laurent Constantini.
00:46:54 Le 31 mars, une date cruciale pour les propriétaires.
00:46:58 Les expulsions de locataires, notamment pour des loyers impayés, sont de nouveau possibles.
00:47:03 On essaie déjà de trouver des accords avec le locataire
00:47:07 pour voir si c'était un problème d'accident de vie et qu'on peut trouver un accord.
00:47:11 À partir du moment où on a un jugement de procédure d'expulsion,
00:47:14 un huissier missionné avec les forces de l'ordre et un serrurier bien souvent,
00:47:18 ils ont une manière à ouvrir la porte. Et à partir de ce moment-là,
00:47:21 ils ouvrent la porte et ils expulsent les personnes s'ils ne sont pas partis.
00:47:24 Bien souvent, ils partent avant.
00:47:26 Avec l'inflation, les associations comme la Fondation Abbé Pierre
00:47:29 craignent une hausse des expulsions, notamment des ménages modestes,
00:47:32 ce que ne partage pas cette directrice de gestion locative.
00:47:35 Les gens étaient en impayé bien avant. Donc on ne peut pas mettre ça sur le dos de l'inflation.
00:47:39 L'augmentation est plus due au Covid, au post-Covid.
00:47:42 Tous les salariés dont les entreprises avaient eu des prêts d'Etat
00:47:45 se trouvent éventuellement en difficulté pour rembourser ces prêts
00:47:48 et se retrouvent là dans des difficultés à leur tour.
00:47:51 En 2021, 12 000 expulsions avaient eu lieu en France.
00:47:56 Et puis vous êtes peut-être en train de déjeuner.
00:47:59 Déjeuner que vous faites de moins en moins au restaurant.
00:48:02 Conséquence de la pandémie, du télétravail ou encore de l'inflation
00:48:06 qui progressivement ont changé nos modes de vie.
00:48:09 Les Français ont moins de temps pour s'attabler le midi ou n'en ont plus les moyens.
00:48:12 Comment font-ils pour se restaurer ? Reportage de Thibault Marcheteau.
00:48:17 Devant cette boulangerie, Hélène déguste une salade
00:48:20 comme elle le fait environ deux fois par semaine.
00:48:22 C'est plutôt une question de choix de budget.
00:48:25 L'inflation depuis 2022, on le sent, la pression sur le budget.
00:48:32 Selon l'INSEE, en un an, les prix de l'alimentation ont augmenté de presque 15%.
00:48:36 Alors à l'heure du déjeuner, les Français ont changé leur mode de consommation.
00:48:40 Franchement, vu les prix, j'ai préféré prendre une salade, j'ai pris la moins chère du rayon.
00:48:44 J'essaye de réduire. J'ai réduit aussi ma consommation de viande à cause du coût de la viande surtout.
00:48:50 Donc je mange beaucoup plus de légumes qu'avant.
00:48:52 Ce restaurateur dresse le même constat.
00:48:54 Quand ses clients poussent la porte de son établissement,
00:48:57 les bons de commande ont totalement changé.
00:48:59 Auparavant, ça pouvait être entrée, plat-dessert.
00:49:01 Aujourd'hui, c'est à 90% plat-dessert ou plat unique, voire que salade,
00:49:07 voire des fois qu'une entrée et même le café qui est un petit plus pour nous.
00:49:13 Les gens disent maintenant qu'il y a des machines à café au bureau,
00:49:17 nous allons prendre le café au bureau.
00:49:19 Selon le cabinet Nielsen IQ, entre 2021 et 2022,
00:49:23 la vente de sandwich, wrap ou bagel, a bondi de 12,5% dans les enseignes de grande distribution.
00:49:29 Et bon appétit en compagnie d'Antony Favali pour la suite de Midi News.
00:49:34 Pour nous, c'est raté par contre, parce qu'on est en plateau, on est bloqué là.
00:49:37 On ne pourra pas manger, mais ça nous a ouvert l'appétit
00:49:39 et certainement qu'on ira tous manger derrière si on a le temps.
00:49:42 Cette question que je voulais aborder avec vous autour de la table,
00:49:45 aura-t-on un jour la maîtrise complète de notre politique migratoire ?
00:49:50 Vous le savez, le gouvernement a saucissonné, reporté sa loi immigration.
00:49:54 Elle devait être présentée à l'origine le 28 mars, si je ne me trompe pas, Florian Tardif.
00:49:58 Et par peur d'un embrasement social dans le contexte que l'on connaît actuellement.
00:50:01 Les débats devaient débuter effectivement cette semaine.
00:50:03 On apprend aujourd'hui que 10% de la population de notre pays est immigrée.
00:50:07 Une part en augmentation depuis la fin des années 60.
00:50:09 Ce sont les statistiques officielles publiées par l'INSEE.
00:50:12 Alors je voudrais qu'on s'intéresse tout particulièrement aux ressorts de cette immigration,
00:50:16 parce qu'ils ne sont plus les mêmes qu'à l'époque.
00:50:17 Qu'est-ce qui provoque chez nous un appel d'air aujourd'hui ?
00:50:20 Et bien sûr, comment on maîtrise ces flux migratoires ?
00:50:22 C'est la question que je vous poserai ensuite sur ce plateau.
00:50:24 Mais tout d'abord, les détails de cette étude, c'est avec Geoffrey Defevre.
00:50:27 Selon le dernier rapport de l'INSEE, 6,9 millions d'immigrés vivaient en France en 2021,
00:50:34 soit 10,3% de la population.
00:50:37 Parmi eux, 36% ont acquis la nationalité française depuis leur arrivée.
00:50:42 En 1968, les immigrés représentaient 6,5% de la population.
00:50:47 À l'époque, l'immigration de travail fonctionnait à plein.
00:50:51 La croissance de l'économie française était de l'ordre de 4-5% par an.
00:50:55 C'était donc l'économie qui tirait l'immigration.
00:50:59 Aujourd'hui, ce qui tire l'immigration, c'est d'une part l'immigration étudiante
00:51:03 et d'autre part le maintien de l'immigration familiale à un niveau élevé.
00:51:10 Il y a 50 ans, il venait majoritairement d'Europe du Sud.
00:51:14 Aujourd'hui, près de la moitié des immigrés sont originaires d'Afrique, dont 2 millions du Maghreb.
00:51:20 C'est une réalité qui s'explique à la fois par les liens qui nous unissent à nos anciennes colonies,
00:51:27 d'une part, et par l'importance de la demande d'asile en France.
00:51:32 Et c'est une réalité qui nous distingue de la plupart des autres pays européens.
00:51:38 Selon l'INSEE, cette immigration se concentre dans les grandes agglomérations.
00:51:43 20% de la population parisienne est immigrée et 32% en Seine-Saint-Denis.
00:51:50 - Avant, on avait une immigration tirée par le travail et la croissance économique en France.
00:51:56 Aujourd'hui, elle est tirée par la venue d'étudiants étrangers et par le regroupement familial.
00:52:01 Vous avez d'autres interprétations ?
00:52:04 - Là, c'est si on en reste uniquement à l'immigration légale.
00:52:08 Il faut ajouter à cela l'immigration illégale, qui pèse aussi un poids non négligeable.
00:52:13 On sait aujourd'hui que sur les 132 000 clandestins qui sont arrivés en France,
00:52:20 les trois quarts seront déboutés, mais la vérité, c'est que tout le monde, intégralement, ou presque,
00:52:25 resteront en France.
00:52:27 Il y a un effet cumulatif, mais Patrick Stefanini a raison.
00:52:33 L'une des principales raisons qui expliquent le poids de l'immigration en France,
00:52:40 c'est la politique familiale, le regroupement familial.
00:52:45 Depuis que ça a été institué, les droits ont été élargis.
00:52:53 Cela ne fait que renforcer le poids de cette immigration dans la démographie française.
00:52:58 - Michael Sado ?
00:52:59 - Il faut noter aussi qu'il y a eu un changement de profil des gens qui viennent.
00:53:03 Le rapport de l'INSEE montre que l'immigration est beaucoup plus féminine qu'avant.
00:53:08 - 52 % ?
00:53:10 - Exactement.
00:53:12 Avant, on avait une immigration principalement masculine qui avait vocation à travailler en France.
00:53:17 Ce changement de profil est révélateur de ce que la France peut faire de cette immigration,
00:53:24 et surtout avec cette immigration, parce qu'on parle de personnes que peut proposer la France à ces gens-là.
00:53:29 Avant, elle pouvait proposer du travail et une identité qui était quand même forte,
00:53:33 puisque la nation faisait encore le rôle de ciment entre les personnes et les communautés.
00:53:39 Ce qui arrivait récemment, en plus bénéficiant de l'effet d'un nombre moins important,
00:53:44 arrivait mieux à s'agréger à la communauté nationale.
00:53:47 Alors qu'aujourd'hui, qu'est-ce que la France a proposé ?
00:53:49 On voit dans le rapport de l'INSEE que le taux de chômage chez les immigrés est beaucoup plus important
00:53:54 que dans la population qui était déjà sur le sol.
00:53:58 Je crois que le taux de chômage est à plus de 10 % chez les immigrés.
00:54:02 Et en plus, du point de vue de l'identité, on remarque qu'aussi sous l'effet du nombre
00:54:07 et des provenances beaucoup plus diversifiées des immigrations,
00:54:10 l'identité nationale s'est désagrégée et qu'on n'a même plus ça à proposer aux gens qui arrivent sur notre sol.
00:54:16 Donc l'immigration peut être une chance comme une catastrophe.
00:54:20 C'était une chance et de plus en plus, elle est néfaste, je pense.
00:54:24 Ça pose la question de comment on intègre les gens, en tout cas ceux qui ont vocation à rester.
00:54:29 Et c'est d'autant plus que cette politique d'intégration a été abandonnée par François Hollande.
00:54:34 Et c'est important cette politique d'intégration, parce que la politique d'intégration,
00:54:38 elle permet de rentrer dans un parcours intégratoire qui fait qu'il y a la langue.
00:54:42 Effectivement, la question de la langue, on l'a abandonnée aussi.
00:54:45 Le travail, effectivement, on a conditionné pour que les gens puissent travailler.
00:54:48 L'altérité aussi, parce que par la langue, le travail, on peut créer des conditions d'altérité.
00:54:55 Et puis je voudrais aussi soulever autre chose, c'est aussi toute cette politique de logement
00:54:58 qu'on a mis en place depuis une quarantaine d'années, plus d'une quarantaine d'années.
00:55:01 C'est ça qui a mis en difficulté aussi cette possibilité d'intégration.
00:55:06 Je voudrais quand même rappeler que ça a été une politique de zonage et d'enfermement et d'enclavement.
00:55:11 En fait, ce qu'on…
00:55:12 Une forme de ghettoïsation quelque part.
00:55:13 Mais oui, parce que quand vous prenez, vous avez raison, tout à l'heure sur l'immigration dans les années 68,
00:55:18 l'immigration plutôt européenne.
00:55:20 Moi, c'est cette immigration-là que j'ai connue, mais il n'y avait pas une lecture, comment j'allais dire,
00:55:27 ethnique, c'est-à-dire que les gens se mélangeaient, parce que dans les politiques du logement,
00:55:31 il n'y avait pas cette volonté de séparatisme.
00:55:34 C'est là où ça a commencé.
00:55:35 Si aujourd'hui, on a des quartiers qui sont homogènes ethniquement, culturellement,
00:55:40 c'est parce qu'aussi, il y a eu une politique qui a été mise en place.
00:55:43 Et la politique de la ville notamment, moi, j'y ai travaillé quand même depuis de nombreuses années,
00:55:48 elle a aussi encouragé, conforté cet entre-soi.
00:55:52 Donc vous voyez, c'est ça la difficulté.
00:55:54 Ce repli communautaire.
00:55:55 Ce repli, un communautarisme, j'allais dire, de fait.
00:55:58 Mais je voudrais quand même souligner que quand vous travaillez avec les habitants des quartiers,
00:56:02 aujourd'hui, on voit un phénomène qui est très important, c'est qu'ils veulent sortir du quartier
00:56:05 quand ils ont les moyens.
00:56:07 Ils sortent du quartier et quand ils peuvent aussi scolariser leurs enfants hors du quartier
00:56:12 tout en payant dans des écoles catholiques, ils le font.
00:56:15 Donc c'est ça qui est important à souligner aussi.
00:56:17 Benjamin Morel.
00:56:18 Oui, je suis absolument d'accord avec Naïma.
00:56:19 Un petit détail près peut-être, c'est-à-dire que le mot intégration, à mon avis, nous fait du mal.
00:56:24 Il faut retrouver la notion d'assimilation.
00:56:27 Pourquoi ? Parce que la notion d'intégration, elle est uniquement économique.
00:56:30 Je m'intègre dans un circuit économique et si je m'intègre dans un circuit économique,
00:56:34 eh bien je vais développer des relations.
00:56:35 Il faut parler aussi des valeurs.
00:56:36 Alors, à la fois, il faut parler évidemment des valeurs,
00:56:38 mais il faut également parler d'une base culturelle commune.
00:56:40 Ça ne veut pas dire, attention, que la culture des parents, on l'oublie, etc.
00:56:44 Mais ça veut simplement dire qu'enseigner la littérature française à l'école,
00:56:48 enseigner l'histoire de France à l'école, avoir une vision commune de ce qu'est le projet politique.
00:56:53 Je parle bien politique, pas ethnique, de la nation.
00:56:55 Eh bien, ça, malgré tout, ça a toute son importance.
00:56:58 Ça permet d'engager quelque chose.
00:57:00 Et en effet, on a une mutation aujourd'hui de l'immigration.
00:57:03 On n'a plus cette immigration de travail traditionnel,
00:57:05 où justement, eh bien, l'immigré était d'abord un acteur économique.
00:57:09 Aujourd'hui, il est d'abord et avant tout un acteur social.
00:57:11 Et comme il est un acteur social, eh bien, il faut arriver à avoir cette politique d'assimilation
00:57:16 qu'on a complètement, non seulement oubliée, mais même diabolisée ces dernières années.
00:57:20 Donc là, il y a un vrai enjeu et cet enjeu-là, il va falloir qu'on le prenne à bras le corps.
00:57:24 Ça implique de penser école, ça implique de penser le paysage urbain,
00:57:27 comme vous le disiez très bien Naïma.
00:57:28 Ça implique également de réfléchir à nous-mêmes,
00:57:31 parce qu'encore faut-il qu'on ait confiance dans notre pays.
00:57:34 Encore faut-il qu'on ait confiance dans la France pour le faire désirer
00:57:38 et pour que des gens aient envie de s'assimiler à lui.
00:57:40 Effectivement, je rejoins tout à fait ce qui vient d'être dit,
00:57:43 tout simplement parce que la citoyenneté en France se forge justement
00:57:46 sur ce principe d'unité républicaine.
00:57:49 Et le second point également qui est intéressant là-dessus,
00:57:52 par rapport à votre propos de base sur la loi Asile et Immigration,
00:57:57 c'est que dans ce qui était proposé initialement par Gérald Darmanin,
00:58:01 justement, il y avait une évolution là-dessus.
00:58:04 Aujourd'hui, on peut devenir citoyen français
00:58:08 et dans un premier temps, bénéficier d'un titre de séjour
00:58:12 grâce au fait qu'on prend des cours de français
00:58:16 et non pas qu'on réussit un examen de français.
00:58:19 Gérald Darmanin souhaitait aller un tout petit peu plus loin
00:58:22 en demandant justement que pour pouvoir bénéficier
00:58:25 dans un premier temps d'un titre de séjour valable,
00:58:27 on ait réussi préalablement un examen de français.
00:58:31 Il y a même des députés, les républicains, qui souhaitaient aller plus loin
00:58:35 par rapport à ce qui a été dit à l'instant sur les valeurs de notre nation
00:58:38 et notamment les valeurs de la République,
00:58:40 qui souhaitaient également proposer un examen sur les valeurs,
00:58:45 sur la laïcité pour pouvoir justement permettre une meilleure intégration assimilation.
00:58:50 Naïma Mfadeh, je veux faire un dernier mot.
00:58:52 Juste pour en revenir sur ce que disait Benjamin
00:58:54 et je suis bien évidemment très très d'accord avec lui,
00:58:57 moi je trouve que ce qu'on a fait au mot assimilation,
00:59:00 c'est qu'à un moment on l'a rendu tabou, notamment à la gauche.
00:59:03 La gauche, je m'en souviens, c'était le mot assimilation,
00:59:05 alors que l'assimilation, effectivement, c'est un moment sauf honte,
00:59:08 on a retiré ce qu'on est.
00:59:10 Moi, je me sens parfaitement assimilée,
00:59:12 ça n'empêche pas que je suis ce que je suis aussi,
00:59:14 avec mon identité aussi originelle.
00:59:17 Et ce qui est important, en fait, ce qu'il faut se dire,
00:59:19 c'est qu'on rend service, accueillir.
00:59:22 Si je vais chez vous, Anthony, vous allez me préparer un bon petit repas,
00:59:25 vous allez m'accueillir.
00:59:26 Je ne suis pas de vous en cuisine, mais je vous accueillerai avec grand plaisir, Naïma.
00:59:30 En fait, on a rendu tabou le fait de dire "on accueille",
00:59:33 on fait en sorte que les gens s'agrègent,
00:59:36 c'est le code socio-culturel de ce pays.
00:59:39 Moi, si je vais au Japon, je serais très heureuse
00:59:41 que les Japonais m'apprennent leur culture
00:59:43 et me permettent de m'assimiler à leur culture.
00:59:46 Deux versants de l'immigration, il y a la question de l'intégration
00:59:49 pour ceux qui ont vocation à rester sur le territoire,
00:59:51 et puis comment on renvoie aussi ceux qui n'ont pas vocation à rester sur notre territoire,
00:59:55 comment on maîtrise finalement nos flux migratoires.
00:59:57 Je vous propose tout d'abord d'écouter Sonia Bakkes, secrétaire d'État à la Citoyenneté.
01:00:00 Elle était l'invitée de Romain Desarbres ce matin dans la matinale de CNews.
01:00:04 Plusieurs impacts. De toute façon, moi je suis fille d'immigrés,
01:00:07 dont le père est devenu professeur de lettres,
01:00:10 donc je vois bien qu'il y a une vraie problématique d'intégration.
01:00:13 Il faut que notre société s'adapte pour que les gens qui n'ont pas vocation à rester
01:00:18 sur le territoire national repartent,
01:00:20 et que celles qui ont vocation à rester s'intègrent le mieux possible.
01:00:23 Il faut qu'on adapte nos dispositifs pour choisir,
01:00:26 ou en tout cas décider qui part et qui reste.
01:00:29 Et c'est là que le bas blesse, j'ai envie de dire.
01:00:31 On a une volonté exprimée du gouvernement,
01:00:33 on avait une volonté exprimée de Gérald Darmanin depuis un an.
01:00:36 On en a parlé en long, en large et en travers de cette loi immigration,
01:00:40 mais qui n'est pas suivie des faits.
01:00:42 Florian Tardif, qu'est-ce qui se passe avec cette loi immigration ?
01:00:45 On nous dit qu'elle est saucissonnée, reportée.
01:00:47 Quand est-ce qu'on va en reparler ?
01:00:48 Est-ce que ce sera remis sur la table avant la fin du quinquennat ?
01:00:50 Que se passe-t-il ?
01:00:51 Tout simplement parce que l'exécutif ne dispose pas d'une majorité absolue
01:00:54 à l'Assemblée nationale, et est obligé par conséquent
01:00:58 de faire des compromis, des concessions avec les potentiels alliés
01:01:03 qu'il pourrait trouver au sein de l'hémicycle.
01:01:06 Et la proposition de loi qui était portée à la fois par Olivier Dussopt
01:01:11 et Gérald Darmanin, était une proposition de loi
01:01:14 avec des mesures dites plus de gauche et d'autres plus de droite.
01:01:18 Donc l'objectif aujourd'hui du gouvernement,
01:01:20 compte tenu du contexte social mais également du contexte politique,
01:01:24 c'est de saucissonner effectivement cette loi,
01:01:26 et en quelque sorte de faire du merchandising,
01:01:29 c'est-à-dire de proposer une loi aux députés de droite
01:01:32 pour obtenir une majorité avec la droite,
01:01:35 et une demi-loi aux députés de gauche pour obtenir une majorité avec eux
01:01:40 et faire passer l'ensemble du texte en plusieurs parties,
01:01:44 comme cela en proposant des mesures peut-être plus opportunes
01:01:48 pour une partie des députés au Parlement,
01:01:53 de l'un ou de l'autre, droite ou gauche,
01:01:56 pour pouvoir faire passer l'ensemble du texte.
01:01:58 La question aujourd'hui, c'est comment on fait appliquer
01:02:00 une politique migratoire déjà qui existe.
01:02:02 C'est-à-dire qu'on a aujourd'hui des règles qu'on ne sait pas faire appliquer.
01:02:07 On l'a vu avec le fiasco de l'imam Mikiusen que la Belgique a expulsé pour nous.
01:02:12 On l'a vu avec la question de l'Ocean Viking.
01:02:14 En fait, on a quand même une politique migratoire,
01:02:16 simplement on n'est absolument pas capable de renvoyer les personnes chez elles,
01:02:20 celles qui doivent en tout cas repartir.
01:02:22 La politique migratoire est très inefficace et on le voit tous les jours.
01:02:27 Quel est le plus grand tribunal aujourd'hui en France ?
01:02:31 C'est le Centre national du droit d'asile qui traite 50 000 affaires par an.
01:02:35 Toutes les questions des demandeurs d'asile sont traitées par ce tribunal.
01:02:40 On le disait tout à l'heure, il y a 130 000 demandeurs d'asile,
01:02:47 les trois quarts sont déboutés et ils restent pourtant en France.
01:02:51 Rien ne va.
01:02:52 Moi, je pense que l'une des raisons qui font qu'aujourd'hui,
01:02:55 on a un vrai problème dans notre gestion de la politique migratoire,
01:03:01 c'est d'abord qu'on a délégué, l'État a délégué,
01:03:03 c'est une particularité française, le soin aux associations,
01:03:05 notamment l'OFRA, la CIMAD et d'autres,
01:03:08 le soin de prendre en charge finalement ces demandeurs d'asile.
01:03:12 En Allemagne, ça ne se passe pas du tout de la même manière.
01:03:14 C'est l'État qui, de bout en bout, s'occupe de ça.
01:03:18 Donc en fait, ces associations, aujourd'hui,
01:03:20 elles ont aussi un intérêt finalement presque,
01:03:22 c'est même paradoxal, que cette situation perdure.
01:03:25 C'est devenu un business à part entière pour elles.
01:03:28 Et on voit dans la manière dont elles vendent des récits,
01:03:31 vendu clé en main à ceux qui demandent l'asile,
01:03:35 pour qu'ils l'obtiennent, que tout est biaisé et tout est fait
01:03:40 pour que finalement nos lois qui existent déjà
01:03:44 sont rendues inopérantes par un certain nombre de biais juridiques.
01:03:47 - Miquel Sadolle.
01:03:48 - Oui, non mais je suis entièrement d'accord avec Raphaël Saint-Ville.
01:03:51 On a une politique d'immigration aujourd'hui,
01:03:53 mais elle connaît tellement de freins en fait à son efficacité
01:03:57 qu'on se demande vraiment par quel bout tenir le problème.
01:04:01 C'est-à-dire que d'abord, il y a le nombre de voies de recours.
01:04:03 Bon, ça, Gérald Darmanin l'a déjà évoqué,
01:04:05 c'était dans son projet de loi, il en a parlé dès l'année dernière.
01:04:08 Et on sent que sur ces sujets-là, Gérald Darmanin a envie d'avancer
01:04:11 et à mon sens, a une action assez positive dans le gouvernement.
01:04:14 La deuxième chose, c'est l'Europe, à savoir les différentes manières
01:04:18 de condamner aussi les politiques migratoires des pays
01:04:21 et les contraintes qu'on doit avoir.
01:04:23 L'ouverture aussi des frontières de Schengen
01:04:25 qui permettent aux immigrés de faire la procédure
01:04:28 dans plusieurs pays européens, parfois en restant des années et des années
01:04:31 sur le sol européen.
01:04:33 Ensuite, Raphaël en a parlé, l'asile qui est devenu une filière
01:04:38 à part entière d'immigration avec, je crois, plus de 100 000,
01:04:43 quelque chose comme ça.
01:04:44 130 000 demandeurs d'asile.
01:04:45 Voilà, 130 000 demandeurs d'asile avec très peu qui sont déboutés
01:04:48 et quand bien même ils sont déboutés, est-ce qu'on les renvoie ?
01:04:51 Et la dernière chose, c'est le frein diplomatique,
01:04:53 c'est-à-dire qu'au bout d'un moment...
01:04:54 Il y en a un très grand nombre qui est débouté sur ces 130 000.
01:04:58 Le problème, c'est la suite, c'est-à-dire que le droit d'asile en France
01:05:03 est devenu une porte pour l'immigration irrégulière
01:05:09 puisque c'est une porte d'entrée tout à fait légale.
01:05:14 Et la dernière chose sur laquelle je voulais insister
01:05:16 qui est vraiment importante, c'est le problème diplomatique,
01:05:18 c'est-à-dire que pour renvoyer ces gens-là, il faut avoir
01:05:21 les laissés-passer consulaires, les fameux laissés-passer consulaires
01:05:23 dont on parle depuis des années.
01:05:25 Et pour cela, ça demande que la France parle avec les pays d'origine.
01:05:28 Mais ça montre quelque chose que loin, immigration ou pas,
01:05:30 on n'a pas la maîtrise de ces pays.
01:05:32 On ne peut pas reprendre la main quelque part.
01:05:33 Ça paraît très compliqué, même avec un pas par rapport.
01:05:35 - J'ai l'impression qu'il y a eu un basculement,
01:05:37 alors là je parle aussi sous le contrôle de Benjamin,
01:05:40 qu'il y a eu un basculement à partir du moment où Valls,
01:05:43 enfin par l'injection, l'injonction, Emmanuel Valls,
01:05:48 du fait de l'injonction de l'Europe a supprimé le délit d'entrée
01:05:53 et d'installation. C'est quand même un truc kafkaïen.
01:05:56 C'est-à-dire que les gens finalement ont le droit d'entrer, d'installer,
01:06:00 donc ça engage aussi toute la prise en charge,
01:06:03 parce qu'il y a une injonction d'une prise en charge
01:06:06 exactement de la même manière que quelqu'un
01:06:09 qui est résident régulier ou un Français,
01:06:12 c'est-à-dire qu'il n'y a absolument pas de différence
01:06:14 pour la prise en charge.
01:06:16 Et après on nous dit, non, en fait, ils sont illégaux.
01:06:20 Donc il y a un problème aussi de la manière de qualifier les choses.
01:06:23 - Mais il y a un problème, si on veut considérer qu'en effet
01:06:26 il faut faire évoluer les normes, il y a un problème
01:06:28 concernant le droit européen, vous le disiez bien.
01:06:30 La cirque d'Air Valls, c'est l'application d'une directive.
01:06:32 - Oui, je veux bien qu'on réinterroge notre politique
01:06:34 en matière de regroupement familial, mais c'est la CEDH.
01:06:37 Concernant le droit d'asile, on a les accords de Dublin.
01:06:39 Donc on a une Europe qui joue un jeu assez mauvais,
01:06:43 parce qu'en réalité elle n'est pas capable de coordonner les États,
01:06:46 mais elle produit de la norme et cette norme-là,
01:06:48 elle encorsette la politique des États en la matière.
01:06:51 Donc si on va avoir une politique sur ces sujets-là,
01:06:53 il faut rentrer dans une stratégie d'opting-out,
01:06:56 comme l'ont fait les Danois.
01:06:57 Ensuite, sur un autre point, pour répondre un peu à ce que vous disiez,
01:07:01 on a une loi quasiment tous les 2-3 ans sur l'immigration.
01:07:04 Elle s'appelle comment, ces lois ?
01:07:06 Elle s'appelle Hortefeux, Besson, Sarkozy, Valls,
01:07:10 qu'est-ce qu'il y a eu ? Colom, etc.
01:07:11 En fait, comme c'est un problème qui n'est pas du domaine de la loi,
01:07:15 c'est un problème d'application de la loi.
01:07:17 Et comme c'est un problème d'application de la loi,
01:07:19 et comme on veut montrer qu'on essaye de faire quelque chose,
01:07:21 qu'est-ce qu'on fait ? Une nouvelle loi.
01:07:22 Une loi qui va corriger 3 virgules, elle améliorera.
01:07:25 Attention, je ne dis pas que les projets de loi de Gérald Darmanin
01:07:28 sont absolument achetés sur tous les aspects,
01:07:30 mais elle améliorera à la base, elle corrigera 10 virgules.
01:07:32 Elle améliorera si ça passe.
01:07:34 Si ça passe, mais ça ne réglera pas les sujets,
01:07:37 parce qu'en réalité, les sujets, par les délais, c'est passé consulaire,
01:07:39 là on a un sujet diplomatique, on n'arrive pas à le régler,
01:07:41 parce que vous avez des États qui disent,
01:07:43 écoutez, si vous nous embêtez, nous on va voir les Chinois,
01:07:45 et donc ça, vous ne le réglez pas par une loi.
01:07:47 On n'aura rien résolu.
01:07:48 On n'a pas le droit d'entrer et de s'installer.
01:07:50 Tu fais comment ?
01:07:51 À partir du moment où les gens viennent,
01:07:53 ils rentrent, ils ont le droit de s'installer,
01:07:55 c'est pas illégal, et du coup, ça engage toute la prise en charge,
01:07:59 l'hébergement, la nourriture, etc.
01:08:01 Comment tu fais ?
01:08:02 Parce que là, évidemment, c'est l'effet Oben pour eux.
01:08:05 Mais là, si tu parles de la directive,
01:08:07 alors ensuite, tu peux criminaliser,
01:08:09 mais de toute façon, si tu n'as pas la capacité d'expulser,
01:08:11 ce n'est pas le sujet.
01:08:12 Mais ensuite, là encore une fois, c'est une directive européenne.
01:08:15 On va marquer une courte pause, si vous le voulez bien.
01:08:17 On n'aura rien résolu, mais on aura au moins posé le problème sur la table.
01:08:20 Vous restez avec nous sur CNews dans quelques minutes.
01:08:22 On va revenir sur cet événement.
01:08:24 On a appris hier la remise en liberté sous bracelet électronique
01:08:26 d'un homme, Noé, 22 ans,
01:08:28 écroué pour suspicion d'acte terroriste
01:08:31 et qui a été remis en liberté sous bracelet électronique.
01:08:34 On en discute dans un instant.
01:08:36 De retour dans Midi News,
01:08:41 avant de poursuivre les débats avec mon équipe,
01:08:43 tout de suite le rappel de l'actualité.
01:08:45 Audrey Bertheau.
01:08:46 Hervé Renard a été nommé sélectionneur de l'équipe de France féminine
01:08:52 jusqu'en août 2024.
01:08:54 La capitaine de l'équipe de France féminine de football,
01:08:57 Wendy Renard, a été rappelée chez les Bleus,
01:08:59 tout comme Eugénie Le Saumeur.
01:09:01 La décision de Wendy Renard de se mettre en retrait en février
01:09:05 avait conduit au départ de l'ex-sélectionneuse Corine Diacre-Limoget le 9 mars.
01:09:10 C'est un mois de mars rempli de poubelles
01:09:12 qui se termine pour les Parisiens.
01:09:13 "Nous avons l'intention d'adresser la facture à l'État",
01:09:16 a déclaré le premier adjoint à la mairie de Paris.
01:09:18 Emmanuel Grégoire estime que le gouvernement,
01:09:20 en maintenant sa réforme des retraites,
01:09:22 est responsable des grèves et des manifestations.
01:09:25 C'est donc à l'État d'assumer.
01:09:27 Et puis, dernier jour, pour demander la prime carburant,
01:09:30 moins de la moitié des personnes éligibles l'ont réclamé.
01:09:33 Les foyers les plus modestes peuvent en effet bénéficier
01:09:35 de cette aide de 100 euros mise en place par le gouvernement
01:09:38 pour limiter les effets de la hausse du carburant.
01:09:40 Et je vous souhaite un très bon week-end, Audrey Bertheau.
01:09:44 Merci beaucoup.
01:09:45 A la semaine prochaine.
01:09:46 Je suis toujours sur ce plateau avec Naïma M. Fadel,
01:09:48 avec Florian Tardif, avec Michael Sadoun,
01:09:50 Raphaël Stainville et Benjamin Morel.
01:09:52 Pourquoi insiste... insistais-je sur vous ?
01:09:56 Je m'en inquiète.
01:09:57 Je m'en inquiète en télé.
01:09:58 Parce que je voulais vous montrer des images,
01:09:59 je sais qu'elles vont vous faire mal.
01:10:00 C'est l'université de Bordeaux.
01:10:01 Je sais que vous n'enseignez pas là-bas.
01:10:03 Non.
01:10:04 Mais tout de même, c'est une université.
01:10:05 Un lieu de savoir, de culture, d'échange, de liberté.
01:10:08 Regardez, le campus Victoire,
01:10:11 qui a été défiguré, occupé pendant 9 jours par les étudiants.
01:10:14 Il était devenu le QG de la lutte des opposants
01:10:17 à la réforme des retraites.
01:10:18 Il a finalement été évacué la nuit dernière,
01:10:21 la nuit de jeudi à vendredi.
01:10:23 Ces images que vous voyez là, c'est terrible.
01:10:25 Ces images, elles ont été tournées il y a à peine 2 heures
01:10:28 par notre journaliste Antoine Esteve,
01:10:30 qui s'est rendu sur place juste après la libération des locaux.
01:10:33 Et vous voyez l'état dramatique
01:10:35 dans lequel ces 200 occupants ont laissé ce bâtiment,
01:10:40 un bâtiment du 19e siècle.
01:10:41 Des dégâts qu'on peut imaginer aisément
01:10:46 à plusieurs millions d'euros dans ce bâtiment.
01:10:48 Oui, c'est ça.
01:10:49 Alors, outre le côté patrimoine,
01:10:51 et outre le côté du service public,
01:10:53 parce qu'à la rigueur, les blocages d'université,
01:10:55 moi, au risque de vous choquer, ça ne me choque pas.
01:10:57 Quand vous êtes étudiant et que vous voulez exprimer quelque chose...
01:10:59 On en a vu l'ordre, c'est ça que vous voulez dire.
01:11:01 Oui, puis il peut y avoir des motifs légitimes de colère,
01:11:03 et il y en a énormément des motifs légitimes de colère
01:11:05 chez les étudiants aujourd'hui.
01:11:06 Que vous bloquiez votre campus pour être entendu,
01:11:09 ne me choque pas.
01:11:10 En revanche, je suis d'accord,
01:11:12 là, c'est du matériel public.
01:11:14 Là, c'est du matériel qui a quel usage ?
01:11:16 A l'usage des étudiants, à l'usage des enseignants,
01:11:18 à l'usage de l'université.
01:11:20 C'est leur propre outil d'émancipation qu'ils sont en train de détruire.
01:11:22 L'université ne roule pas sur l'or, très très clairement.
01:11:25 Aujourd'hui, on a des vrais problèmes, justement,
01:11:27 pour assurer un enseignement qui est un enseignement adéquat
01:11:31 pour ces étudiants.
01:11:32 Si vous devez ajouter les réparations aux dégradations,
01:11:37 eh bien, c'est de l'argent qui ne va pas dans l'enseignement.
01:11:39 Et donc là, en effet, ce sont des étudiants
01:11:41 qui tirent une balle contre leur camp.
01:11:42 Dans un communiqué, la préfecture de Gironde déplore
01:11:44 de nombreuses dégradations à l'intérieur du site,
01:11:46 telles que des tags, des dégâts d'éseau,
01:11:48 ou encore la destruction de caméras de vidéoproduction
01:11:51 et les détériorations des équipements de défense
01:11:53 contre les incendies.
01:11:55 Ça vous fait réagir autour de la table ?
01:11:56 C'est intéressant de savoir si, comme dans les autres pays,
01:11:59 si ces étudiants devaient s'endetter
01:12:01 pendant plusieurs années
01:12:03 pour pouvoir réaliser des études,
01:12:06 ils participeraient à ces mêmes scènes.
01:12:08 Je ne suis pas sûr.
01:12:09 C'est effectivement très intéressant.
01:12:11 On le rappelle, un enseignement supérieur gratuit de qualité
01:12:14 à hauteur de 10 000, 20 000, 30 000, 40 000 euros,
01:12:18 parfois, pour simplement aller à l'université.
01:12:21 L'université est quasiment gratuite.
01:12:23 Quelques centaines d'euros de droit d'inscription,
01:12:25 ce n'est pas beaucoup au regard de ce qui est fourni.
01:12:28 Michael Sadoun ?
01:12:30 Oui, mais moi, je regardais presque en rigolant
01:12:33 un petit peu les tags, parce que franchement,
01:12:35 je me demande quelle est la signification politique des tags.
01:12:38 Il y a des tags de chiens avec écrit "coucou".
01:12:42 Quel est le rapport entre ça et la réforme des retraites ?
01:12:44 La signification politique du caddie
01:12:46 rempli de bouteilles de bière, par exemple.
01:12:48 Ça n'a pas de grande signification politique.
01:12:50 Même l'extrême gauche qui essaye de mettre cette révolte
01:12:54 sur un piédestal en lui donnant une signification politique
01:12:57 ou révolutionnaire, ce n'est pas du tout.
01:12:59 Là, on est juste face à des jeunes
01:13:01 qui ont envie de "bordéliser" leur fac,
01:13:07 terme officiel du gouvernement,
01:13:10 de ne pas étudier.
01:13:12 Je me souviens qu'à Sciences Po, en 2018,
01:13:14 il y avait eu une manifestation étudiante
01:13:16 contre la loi Or.
01:13:17 Il y avait eu des étudiants qui, parfois,
01:13:19 n'étaient même pas de Sciences Po,
01:13:20 qui avaient bloqué le bâtiment.
01:13:21 Il y avait eu un vote parmi les étudiants
01:13:23 "Est-ce que vous souhaitez que Sciences Po soit réouverte ?"
01:13:26 La grande majorité était pour que ce soit réouvert.
01:13:29 C'est-à-dire que ce sont toujours des minorités agissantes,
01:13:33 souvent pas les plus intelligentes,
01:13:35 et les plus violentes,
01:13:37 qui bloquent le bâtiment,
01:13:38 qui ont changé le drapeau de la France
01:13:40 pour mettre le drapeau palestinien à la place,
01:13:42 qui ont changé le drapeau de l'Europe
01:13:43 pour mettre le drapeau anarchiste à la place.
01:13:45 Donc vraiment, je pense qu'il ne faut pas
01:13:48 survaloriser cette violence.
01:13:50 Elle est ce qu'elle est.
01:13:51 Elle émane souvent d'une jeunesse un peu perdue
01:13:54 et révolutionnaire pour rien.
01:13:56 Un mot pour dire,
01:13:57 on discute beaucoup sur nos plateaux ces derniers mois,
01:13:59 et à raison,
01:14:00 de renforcement, d'affaiblissement des syndicats.
01:14:03 Qu'est-ce qui se passe à l'université ?
01:14:04 On a eu, je dirais, le stade terminal
01:14:06 de l'affaiblissement des syndicats.
01:14:08 L'Unef aujourd'hui est moins ribonde,
01:14:10 et vous n'avez plus de représentation syndicale
01:14:12 structurée comme ça pouvait être le cas jadis.
01:14:14 Et lorsque vous n'avez pas de syndicat,
01:14:16 parce qu'avant vous aviez des mouvements sociaux
01:14:18 dans les universités,
01:14:19 avant vous aviez des blocages également,
01:14:20 mais les choses étaient quand même tenues.
01:14:22 Quand vous n'aviez pas,
01:14:23 quand vous n'avez pas de représentation syndicale,
01:14:25 quand vous négligez les syndicats,
01:14:26 quand vous les écrasez,
01:14:27 à la fin vous avez ça.
01:14:28 La suite ou quelqu'un a un mot à ajouter
01:14:31 à ces images désolantes ?
01:14:32 Non, moi j'espère qu'ils vont être poursuivis,
01:14:34 parce qu'ils vont être poursuivis,
01:14:35 parce qu'effectivement, ça ne gage pas gratuitement.
01:14:38 Et c'est ça qui moi m'inquiète un peu,
01:14:40 parce qu'on sait que souvent, malheureusement,
01:14:44 il n'y a pas de conséquences sur les personnes
01:14:46 qui ont commis de tels actes.
01:14:49 Et souvent, le profil,
01:14:51 c'est loin d'être des étudiants,
01:14:53 j'allais dire, modestes,
01:14:54 parce qu'en général,
01:14:55 ils peuvent savoir la valeur.
01:14:57 Et souvent, c'est Bobo Repu
01:14:59 qui cherche une cause, effectivement,
01:15:01 et tout simplement, à bord d'Élysée.
01:15:03 Oui, on assiste à une extension du domaine de la ZAD.
01:15:06 C'est vrai à l'Assemblée,
01:15:07 c'est vrai à Sainte-Soline
01:15:08 et puis c'est vrai à l'université.
01:15:09 C'est-à-dire qu'on a l'impression
01:15:11 qu'un peu partout s'installe
01:15:13 cette chianlie débordante
01:15:18 et que tout le monde s'y accoboite, finalement.
01:15:21 On a tout dit sur ces images navrantes, je crois.
01:15:23 On a appris hier la remise en liberté
01:15:25 sous bracelet électronique
01:15:26 d'un homme écroué pour suspicion d'acte terroriste
01:15:29 en novembre 2022,
01:15:31 un certain Noé, 22 ans.
01:15:33 Il était alors en garde à vue.
01:15:35 Il s'en prenait violemment à une fonctionnaire de police
01:15:37 en tenant des propos homophobes
01:15:39 et ensuite, des propos plus graves encore.
01:15:41 Retour sur cette affaire avec Sofia Dole.
01:15:43 On en discute juste après.
01:15:45 Les faits remontent au mois de novembre 2022.
01:15:49 Alors qu'il est en garde à vue
01:15:50 après avoir effectué des voyages suspects
01:15:52 au Kosovo et en Arabie Saoudite,
01:15:54 Noé, eux, tient des propos lesbophobes
01:15:56 contre une fonctionnaire de police,
01:15:58 provoquant l'allongement de sa garde à vue.
01:16:01 A l'annonce de la décision,
01:16:02 il se jette sur un policier
01:16:03 et tente de prendre son arme
01:16:05 en criant "Allah akbar"
01:16:06 avant d'être maîtrisé.
01:16:08 Lundi, l'individu est remis en liberté
01:16:10 sous bracelet électronique.
01:16:12 Une décision surprenante
01:16:13 compte tenu du profil du suspect.
01:16:15 Je voudrais rappeler ici
01:16:16 que le terroriste de 18 ans
01:16:18 qui avait assassiné le père Hamel
01:16:21 était lui-même sous contrôle judiciaire
01:16:23 avec un bracelet électronique.
01:16:25 Donc là, il y a une prise de risque
01:16:27 qui interpelle.
01:16:28 Car Noé, eux, 22 ans,
01:16:30 a déjà fait l'objet de deux condamnations
01:16:32 en 2018 et 2019
01:16:33 pour des délits terroristes.
01:16:35 Lors des perquisitions,
01:16:36 les enquêteurs retrouvent un testament
01:16:38 dans lequel il se qualifie
01:16:39 d'humble serviteur d'Allah,
01:16:41 ainsi qu'une machette neuve,
01:16:42 un couteau de chasse
01:16:43 et un gilet tactique.
01:16:45 Début mars,
01:16:46 une expertise psychologique
01:16:47 a estimé qu'il était compatible
01:16:49 avec une remise en liberté.
01:16:51 On aurait pu logiquement penser
01:16:53 qu'un individu qui présentait
01:16:55 un caractère dangereux, manifestement,
01:16:57 puisse être maintenu en détention
01:16:59 jusqu'à la comparution et son jugement.
01:17:02 Une décision saluée par son avocat.
01:17:04 Selon lui,
01:17:05 les faits reprochés à son client
01:17:07 n'ont aucun caractère terroriste.
01:17:09 C'est quand même compliqué
01:17:11 d'expliquer ça aux Français derrière.
01:17:13 Oui, c'est compliqué.
01:17:14 Mais je pense que,
01:17:15 et ça a été très bien dit,
01:17:17 le parcours de cet individu
01:17:19 est assez glaçant.
01:17:20 Mais c'est vraiment la décision
01:17:22 de la Cour d'appel de Paris
01:17:23 qu'il faut pouvoir interroger.
01:17:24 Dans son communiqué,
01:17:26 la Cour d'appel de Paris explique
01:17:28 que, pour reprendre leur terme,
01:17:31 la détention provisoire de ce Français
01:17:33 n'apparaît plus indispensable
01:17:34 ni pour la nécessité de l'instruction,
01:17:36 ni à titre de mesure de sécurité.
01:17:38 Franchement,
01:17:40 la responsabilité qu'ils prennent
01:17:42 est immense.
01:17:43 Mais toute la difficulté,
01:17:44 c'est que,
01:17:45 lorsque un juge prend cette décision,
01:17:47 à aucun moment,
01:17:48 si par malheur,
01:17:50 il devait subvenir à un drame...
01:17:52 Il ne sera tenu pour responsable
01:17:53 que d'un effet qui pourrait se produire derrière.
01:17:56 C'est ça, moi,
01:17:57 que je trouve le plus dérangeant,
01:17:59 finalement, dans cette histoire.
01:18:00 Tout le monde a bien compris
01:18:01 que le parcours de ce fameux Noé
01:18:04 est plus que délicat
01:18:06 et qu'on aurait toute raison
01:18:08 de l'avoir à l'œil
01:18:10 et de le maintenir en détention.
01:18:11 Alors, ça pose une question intéressante
01:18:12 mais très compliquée.
01:18:13 Est-ce qu'on peut tenir un juge
01:18:14 pour responsable
01:18:15 des actes qui seraient commis
01:18:16 par un individu
01:18:17 qui aurait été peut-être mal jugé
01:18:19 ou mal fait en liberté ?
01:18:20 Non, mais c'est comme un médecin...
01:18:21 Il motive.
01:18:22 C'est très compliqué.
01:18:23 Lorsque vous motivez
01:18:24 votre décision
01:18:26 de le laisser en liberté
01:18:28 sous passe des fournitures...
01:18:29 En l'occurrence, c'est vrai
01:18:30 que c'est compliqué à comprendre
01:18:31 pour un téléspectateur,
01:18:32 pour moi-même,
01:18:33 qui regarde ce qu'on a dit.
01:18:34 Sachant qu'on a un certain nombre de précédents
01:18:35 et ça a été évoqué par Georges Fenech
01:18:36 avec, notamment,
01:18:38 cet incendiaire
01:18:39 de la cathédrale de Nantes
01:18:41 qui, quelques mois plus tard,
01:18:43 devait tuer le prêtre
01:18:44 qui l'hébergait.
01:18:45 Nickel, ça donne.
01:18:46 Il y a une question aussi,
01:18:47 pour moi,
01:18:48 alors évidemment,
01:18:49 la décision du juge,
01:18:50 on peut interroger
01:18:51 sa responsabilité ou non,
01:18:52 mais il y a une question aussi
01:18:53 de moyens matériels,
01:18:54 à mon avis,
01:18:55 et on sait que les centres pénitentiaires
01:18:56 comme les centres de rétention
01:18:57 en France
01:18:58 explosent aujourd'hui
01:18:59 de surcapacité
01:19:00 et que, du coup,
01:19:01 le juge est obligé
01:19:02 de trancher dans tout ça
01:19:03 en disant
01:19:04 est-ce que le cas est de nature
01:19:05 à occuper une place supplémentaire,
01:19:07 sachant que, parfois,
01:19:08 on a déjà des cas de suroccupation
01:19:09 de 130 % jusqu'à 200 %,
01:19:11 parfois, dans certains centres de rétention.
01:19:13 C'est très délicat.
01:19:15 Je pense qu'il faut mettre
01:19:16 toujours plus de moyens
01:19:17 dans la justice.
01:19:18 Éric Dupond-Moretti
01:19:19 a déjà commencé à le faire,
01:19:20 tant sur l'accélération
01:19:21 de la procédure judiciaire
01:19:22 que sur les centres pénitentiaires.
01:19:24 Je pense qu'il faut continuer
01:19:25 dans ce sens-là
01:19:26 et tenir ce monsieur à l'œil
01:19:28 parce que, malheureusement,
01:19:29 on a eu trop de cas récemment
01:19:31 de gens qui avaient le même profil
01:19:32 et qui, un jour,
01:19:33 sont passés à l'acte.
01:19:34 Mais on est sur du terrorisme,
01:19:35 en tout cas,
01:19:36 sur une suspicion de...
01:19:37 Oui, oui.
01:19:38 Donc, c'est quand même pas rien.
01:19:39 C'est gravier,
01:19:40 mais ça vous surprend,
01:19:41 par Jean-Marc Morel ?
01:19:42 Non, pour les mêmes raisons
01:19:43 qui ont été évoquées,
01:19:44 c'est-à-dire qu'on a
01:19:45 un problème global
01:19:46 de politique pénitentiaire.
01:19:47 On peut toujours s'amuser
01:19:48 à viser les juges,
01:19:49 mais le problème,
01:19:50 c'est que les juges,
01:19:51 qu'est-ce qu'ils font ?
01:19:52 Ils gèrent le flux.
01:19:53 Et ce flux,
01:19:54 il est extrêmement important.
01:19:55 Vous avez des procédures,
01:19:56 souvent, vous n'avez pas
01:19:57 les moyens dans les tribunaux.
01:19:58 Je rappelle,
01:19:59 c'est un peu augmenté,
01:20:00 en effet,
01:20:01 avec les rallonges budgétaires
01:20:02 de Dupond-Moretti,
01:20:03 mais on a un budget
01:20:04 qui est à peu près
01:20:05 le même que celui de Dupond-Moretti.
01:20:06 Et donc, par habitant, j'entends.
01:20:07 Donc, qu'est-ce que vous voulez faire ?
01:20:08 Il y a aujourd'hui
01:20:09 un problème structurel
01:20:11 d'engorgement des tribunaux
01:20:12 et de places de prison.
01:20:13 C'est-à-dire que si jamais
01:20:14 vous avez quelqu'un
01:20:15 qui, réellement,
01:20:16 a été condamné
01:20:17 de manière définitive
01:20:18 et qui doit faire sa peine
01:20:19 de prison,
01:20:20 et de l'autre côté,
01:20:21 quelqu'un qui est suspecté,
01:20:22 que fait le juge, en réalité ?
01:20:23 Il fait exécuter la peine
01:20:24 s'il le peut.
01:20:25 Et s'il ne peut pas,
01:20:26 il l'aménage.
01:20:27 Parce que sinon,
01:20:28 vous avez des prisons
01:20:29 qui sont déjà surplombées.
01:20:31 Je vous rappelle que la France
01:20:32 a été condamnée deux fois
01:20:33 par la Cour européenne
01:20:34 des droits de l'homme
01:20:35 pour l'état de ses prisons.
01:20:36 Il y a des rats
01:20:37 dans les cellules
01:20:38 à fleurimérogis.
01:20:39 Donc, que voulez-vous faire
01:20:41 pour un juge ?
01:20:42 C'est bien beau de dire
01:20:43 "Ah, attention, le juge rouge", etc.
01:20:44 Le juge, la plupart du temps,
01:20:45 il n'a pas d'option idéologique.
01:20:46 Il fait ce qu'il peut
01:20:47 avec ce qu'il a
01:20:48 et on ne lui donne pas grand-chose.
01:20:49 - Maïmème Fadel,
01:20:50 vous n'avez pas l'air d'accord.
01:20:51 - Si, je suis d'accord
01:20:52 avec ce qui vient d'être dit.
01:20:53 Sauf que, vu le pédigré
01:20:55 de cet individu,
01:20:57 je pense qu'il faut quand même
01:20:58 le garder en prison, en prévention.
01:21:00 Parce que ce n'est pas comme quelqu'un...
01:21:03 Je pense qu'on peut aussi
01:21:04 faire des choix.
01:21:05 Ces juges-là peuvent faire des choix.
01:21:07 Peut-être que des personnes
01:21:08 qui ont fait des malversations
01:21:10 administratives...
01:21:11 - Oui, on peut hiérarchiser quand même
01:21:12 la nécessité de le mettre en prison
01:21:15 quand il n'y a pas de place.
01:21:16 - Exactement.
01:21:17 C'est ça qui me choque, moi.
01:21:18 C'est qu'à un moment,
01:21:19 c'est quand même un suspect
01:21:20 pour terrorisme.
01:21:21 Donc, ça veut dire que ce juge-là,
01:21:23 j'espère pour lui
01:21:24 qu'il a évalué les risques
01:21:27 parce que ce personnage
01:21:29 peut passer à l'acte.
01:21:30 Et c'est ça qui m'a effectivement
01:21:32 hiérarchisée.
01:21:33 Parce que sinon...
01:21:34 - C'est terrible parce que ça donne...
01:21:35 - Moi, ça me choque.
01:21:36 - Ça donne aux Français
01:21:37 un sentiment d'injustice.
01:21:38 - Oui, c'est inquiétant.
01:21:39 - C'est compliqué de faire comprendre ça
01:21:41 à quelqu'un qui nous regarde.
01:21:42 Je vous le dis, moi-même,
01:21:43 j'ai du mal à saisir la justice
01:21:46 dans tout ça.
01:21:47 C'est assez compliqué.
01:21:49 Les semaines qui passent
01:21:50 et malgré la tempête politique
01:21:51 et sociale,
01:21:52 je vous en parlais déjà tout à l'heure,
01:21:53 rien ne bouge dans l'opinion des Français
01:21:54 concernant cette mobilisation
01:21:55 contre la réforme des retraites.
01:21:56 On va y revenir avec ce sondage
01:21:58 publié ce matin dans le Figaro,
01:22:00 sondage Odoxa Blackbone Consulting.
01:22:02 On a toujours 66% de la population
01:22:04 qui soutient la mobilisation
01:22:06 contre la réforme des retraites.
01:22:07 Des Français qui pensent aussi
01:22:08 que la mobilisation va perdurer
01:22:10 en devenant de plus en plus violente.
01:22:12 Les détails, Clémence Barbier.
01:22:14 - Moins de membres dans les cortèges,
01:22:17 mais un soutien au mouvement de contestation
01:22:19 contre la réforme des retraites
01:22:21 qui ne faiblit pas.
01:22:22 Selon un sondage
01:22:23 Odoxa Blackbone Consulting pour le Figaro,
01:22:26 59% des Français pensent
01:22:28 que le mouvement va perdurer,
01:22:30 mais avec la crainte
01:22:31 de le voir se radicaliser.
01:22:33 Dans ce contexte social tendu
01:22:35 depuis plusieurs semaines,
01:22:36 les Français attendent un geste du président,
01:22:39 notamment celui d'organiser
01:22:40 un large remaniement ministériel
01:22:43 en changeant la première ministre
01:22:44 pour 61% d'entre eux.
01:22:46 Pour 58% des sondés,
01:22:48 une décision radicale s'impose,
01:22:50 celle de dissoudre l'Assemblée nationale
01:22:52 pour organiser de nouvelles élections législatives.
01:22:55 Enfin, seuls 22% des Français
01:22:57 estiment qu'un remaniement ministériel
01:22:59 serait nécessaire,
01:23:00 mais sans changer de première ministre.
01:23:02 Dans ce conflit social,
01:23:05 certains protagonistes
01:23:06 tirent leur épingle du jeu.
01:23:08 C'est le cas de Laurent Berger,
01:23:09 le secrétaire général de la CFDT,
01:23:11 bondi de 20 points dans les sondages
01:23:13 et atteint 58% d'opinion favorable.
01:23:16 Quand Emmanuel Macron perd 10 points,
01:23:19 il est crédité de 23% de bonne opinion.
01:23:23 On rappelle ce sondage dans un contexte particulier,
01:23:26 l'intersyndicale qui est convoqué par Elisabeth Borne
01:23:29 à Matignon mercredi prochain
01:23:31 et cette 11e journée de mobilisation le 6 avril.
01:23:33 Ce sera donc jeudi prochain.
01:23:35 Florian Tardif, dans ce contexte,
01:23:37 on voyait dans ce reportage,
01:23:39 les Français attendent un geste
01:23:40 de la part du chef de l'État
01:23:41 et notamment, en premier lieu,
01:23:43 un changement de première ministre.
01:23:44 Ça nous montre qu'Elisabeth Borne,
01:23:45 finalement, est en sursis en ce moment.
01:23:47 Oui, bien évidemment,
01:23:48 compte tenu de ce que demande
01:23:50 aujourd'hui le président de la République
01:23:51 à la première ministre,
01:23:52 c'est-à-dire de tenter de construire une majorité.
01:23:55 Pourquoi pourrait-elle réussir à cela
01:23:58 alors qu'elle n'a pas réussi
01:23:59 depuis les précédentes élections législatives
01:24:03 à construire une majorité élargie
01:24:05 avec des députés de droite ou de gauche ?
01:24:08 On se demande bien comment elle va faire aujourd'hui
01:24:10 compte tenu contexte social, économique et politique
01:24:13 et discuter avec les syndicats ?
01:24:15 Oui, d'accord,
01:24:16 sauf que vous avez Elisabeth Borne qui dit
01:24:19 "64 ans, c'est non négociable"
01:24:21 et vous avez des syndicats qui disent
01:24:22 "64 ans, c'est non négociable".
01:24:24 Très bien, mais on discute comment,
01:24:26 sur quoi, à partir de quoi ?
01:24:28 Donc, on a bien compris que, effectivement,
01:24:30 Elisabeth Borne, aujourd'hui,
01:24:31 était dans une impasse,
01:24:32 que le président de la République
01:24:34 lui demande de faire quelque chose
01:24:36 de visiblement, effectivement, impossible,
01:24:39 ce qui pourrait justifier, dans un second temps,
01:24:42 compte tenu de ce qui va se passer
01:24:44 ces prochains jours, un remaniement ministériel
01:24:46 à commencer par celui du poste de Premier ministre.
01:24:48 On ne va pas se mentir, elle est utilisée,
01:24:50 on voit toute la rhétorique qui est en cours en ce moment
01:24:52 comme une fusible, comme un paratonnerre,
01:24:55 comme font la plupart des présidents de la Vème République.
01:24:58 Dans les différentes pistes qui sont évoquées,
01:25:00 notamment la démission probable de la Première Ministre,
01:25:04 c'est-à-dire qu'Odoxa et Fiarro n'ont pas osé la question
01:25:07 mais que je pense qu'un certain nombre de Français réclament,
01:25:09 qui est celle de la démission, finalement, d'Emmanuel Macron.
01:25:13 Bien évidemment qu'il y a quelque chose...
01:25:15 Mais c'est vrai, c'est quelque chose qui est dans la tête
01:25:19 d'un certain nombre de Français.
01:25:21 Et j'aurais été surpris de voir le résultat
01:25:24 de cette question.
01:25:26 - Ça, il faut voir si la crise perdure
01:25:28 et si effectivement un remaniement ministériel
01:25:30 et même en plus haut lieu, c'est-à-dire un changement
01:25:32 de Premier ou de Première Ministre, pardon,
01:25:34 est susceptible de laisser la contestation se poursuivre.
01:25:37 Si là, la contestation se poursuit,
01:25:39 peut-être qu'il y a une question autour de la démission
01:25:41 du chef de l'État.
01:25:42 - Il y a la dissolution de l'Assemblée nationale encore.
01:25:44 - Oui, mais qu'est-ce que vous voulez que ça change ?
01:25:45 Un nouveau Premier ministre, mais pour faire quoi ?
01:25:47 Quelle majorité ? Il n'y a pas d'autre majorité alternative.
01:25:49 - C'est pour ça que la question de la démission d'Emmanuel Macron...
01:25:51 - Voilà, vous pouvez changer de Premier ministre,
01:25:52 magiquement, ça ne va pas faire dire à LR
01:25:54 et aux différentes composantes de la majorité
01:25:56 qui sont divisées comme pas possible.
01:25:57 Ah, tout d'un coup, nous allons nous ranger
01:25:59 derrière le nouveau Premier ministre.
01:26:00 Par ailleurs, si vous regardez toutes les enquêtes depuis 58,
01:26:04 l'idée du fusible, c'est un mythe.
01:26:08 Hors cohabitation, changer de Premier ministre
01:26:10 n'induit pas un retour en grâce du chef de l'État.
01:26:12 Ça ne marche pas.
01:26:13 Vous pouvez avoir un Premier ministre
01:26:14 qui, tout d'un coup, est nouveau et plus populaire,
01:26:16 mais le chef de l'État empatie tout autant.
01:26:18 - Effectivement, il a perdu 10 points,
01:26:19 il est à 23 % dans ce cas-là.
01:26:21 - Aujourd'hui, ce n'est pas une solution.
01:26:24 - Moi, je ne suis pas sûr qu'un Darmanin
01:26:25 ne pourrait pas arriver à lui en partie de LR.
01:26:27 - Il a fait 22-23.
01:26:29 - LR, d'un point de vue du groupe politique,
01:26:31 c'est quelque chose qui est totalement divisé aujourd'hui.
01:26:33 Il peut arriver une partie de LR,
01:26:34 mais le problème n'est pas d'arriver une partie de LR
01:26:36 sur la réforme des retraites, quel est le pari ?
01:26:38 C'est de dire, on va passer de 65 à 64 ans
01:26:40 pour acheter LR.
01:26:41 À la fin, si vous avez Olivier Marlex et Éric Ciotti
01:26:44 qui ne contrôlent pas leur groupe,
01:26:45 quand bien même ils arriveraient à arriver à LR,
01:26:48 ils ne régleraient pas leur problème.
01:26:50 - Clairement, tout est en suspension jusqu'au 14 avril.
01:26:53 - Oui, décision du Conseil constitutionnel.
01:26:55 Après, je ne suis pas sûr que la décision
01:26:56 du Conseil constitutionnel puisse être une porte de sortie
01:27:01 pour l'exécutif.
01:27:02 - C'est à peu près ce délai-là
01:27:03 qui est laissé à Élisabeth Born aussi.
01:27:04 Si une partie du texte est censurée par les sages du Conseil,
01:27:07 je n'imagine pas la réaction dans la rue
01:27:11 qui pourrait bien être alimentée
01:27:13 par cette décision du Conseil constitutionnel
01:27:15 avec des Français qui voient très bien
01:27:17 qu'une partie de la classe politique
01:27:19 est contre cette réforme,
01:27:21 les syndicats sont contre cette réforme,
01:27:23 que cette réforme est en plus censurée en partie
01:27:27 par les sages du Conseil constitutionnel.
01:27:29 Effectivement, le procès en illégitimité
01:27:31 qu'on fait parfois au président de la République
01:27:33 qui est sujet à débat
01:27:36 serait relancé, je pense, après cette décision.
01:27:39 - Voilà qui met un point final à cette émission.
01:27:41 C'est le moment pour moi de vous remercier tous
01:27:42 autour de cette table.
01:27:43 Benjamin Morel, Imaïm Fadel, Florian Tardif,
01:27:45 Michael Sadoun et Raphaël Stainville.
01:27:47 Vous restez avec nous sur CNews.
01:27:50 Midi News, c'est fini, mais dans un instant,
01:27:51 la parole aux Français avec Cléli Mathias.
01:27:53 A tout de suite.
01:27:54 ♪ ♪ ♪