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Chroniqueur : Jean-Baptiste Marteau 




Ce matin, Jean-Baptiste Marteau reçoit Maxime Minot, député LR de l'Oise, dans les 4 vérités. 

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Transcription
00:00 Bonjour Maxime Linault.
00:04 Bonjour.
00:05 Si on vous reçoit ce matin, c'est que vous faites partie de ces députés Les Républicains
00:08 très opposés à la réforme des retraites et c'est vous désormais qui avez le sort
00:11 du gouvernement entre vos mains puisque deux motions de censure sont déposées et votées
00:15 cet après-midi à l'Assemblée.
00:16 Vous nous direz dans un instant quelle est votre position et votre décision.
00:19 D'abord un mot peut-être de ces protestations multiformes qui éclatent depuis jeudi soir,
00:23 depuis l'adoption de la réforme avec 49.3.
00:25 Hier, notamment des permanences de plusieurs parlementaires ont été attaquées, notamment
00:29 celle d'Éric Ciotti, le président de votre parti.
00:32 Est-ce que vous dites que c'est la conséquence logique de ce qui s'est passé au Parlement,
00:36 de l'utilisation du 49.3 ? Est-ce qu'au final, vous n'êtes pas un petit peu responsable
00:40 de tout ça, de cet embrasement du pays ?
00:42 Non, on ne peut pas dire que Les Républicains sont responsables de cet embrasement du pays.
00:46 C'est malheureusement le résultat d'un débat tendu et d'une crispation du débat.
00:50 Il est vrai qu'on s'est rendu compte durant ces semaines de débat qu'il y avait en effet
00:57 une électrisation du débat.
00:58 Et donc ça, c'est la faute du gouvernement ?
01:00 Écoutez, le gouvernement est seul responsable de la tension qui est dans le pays aujourd'hui.
01:05 Il n'a pas su faire preuve de pédagogie concernant cette réforme des retraites.
01:09 Et malheureusement, je condamne effectivement fermement toutes ces dégradations et ces
01:12 types de violences, que c'est inacceptable de voir ça, et notamment qu'on s'attaque
01:16 aux permanences d'élus, puisque nous sommes là pour représenter la nation.
01:19 Mais effectivement, le gouvernement est seul responsable de la tension dans laquelle on
01:22 se trouve aujourd'hui.
01:23 À 16h, deux motions de censure sont discutées dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale,
01:27 celle déposée par un groupe centriste indépendant, l'IOT, et celle du Rassemblement national.
01:32 Allez-vous les voter, Maxime Minot ?
01:34 Écoutez, ça a été une longue réflexion.
01:37 Pour être honnête avec vous, j'ai passé le week-end à peser les pours et les contres,
01:41 et j'ai gardé cette seule boussole qui est le terrain.
01:45 Donc effectivement, je ne voterai pas la motion, mais les motions qui seront présentées cet
01:49 après-midi, puisque ce dimanche, le terrain m'a vraiment conforté dans mon choix, qui
01:54 était de se préoccuper de la confiance des administrés et des habitants de mon territoire.
02:00 Qui vous pousse à voter ces deux motions, y compris celle du Rassemblement national ?
02:03 Oui, parce que je vous le disais, ma seule boussole, c'est vraiment l'intérêt général
02:07 et la confiance que les habitants de mon territoire m'ont confiée en juin dernier.
02:11 Et aujourd'hui, il faut arrêter de faire de la politique politicienne.
02:15 C'est-à-dire qu'il faut arrêter de regarder d'où viennent les propositions.
02:20 Et les électeurs aujourd'hui, en tout cas les personnes du territoire, vous disent quoi ?
02:25 Aujourd'hui, on a marre des appareillages politiques, vous écoutiez d'abord davantage
02:29 les dirigeants de votre famille politique ou autre.
02:32 Non, ils veulent qu'on s'occupe de leurs préoccupations.
02:34 Aujourd'hui, ils ne savent plus comment se soigner, comment se déplacer, comment finir
02:38 leur fin de mois et on leur demande de travailler deux ans de plus.
02:40 Donc effectivement, nous, en tout cas, on a décidé de s'opposer jusqu'au bout à cette
02:45 réforme des retraites.
02:46 D'abord, le principe, vous comprenez quand même que c'est un acte extrêmement fort
02:48 de vouloir renverser le gouvernement.
02:50 Jusque-là, la droite ne voulait pas rentrer là-dedans.
02:52 D'ailleurs, Éric Sotti a dit "nous, on ne votera pas de motion de censure".
02:55 Ce n'est pas tout à fait ce qu'il a dit puisqu'en réunion de groupe extraordinaire…
02:59 Il a dit "on ne signera pas, on ne votera pas".
03:01 Effectivement, c'est ce qu'il a dit en interview, mais ce n'est pas ce qui a été
03:04 décidé en réunion extraordinaire de groupe juste après le 49-3.
03:08 Effectivement, nous avions pris l'engagement, les députés et les républicains, de ne
03:11 pas apporter de signature aux dépôts de motion.
03:13 En revanche, nous gardions notre liberté de vote pour pouvoir nous exprimer et pouvoir
03:18 aller au bout de notre démarche d'opposition à cette réforme des retraites.
03:22 Donc, je peux concevoir que ça puisse choquer, que ça puisse surprendre, mais aujourd'hui,
03:28 la droite républicaine, ce serait mentir de dire qu'on ne nous sommes pas favorables
03:31 à une réforme des retraites.
03:32 Bien évidemment, moi je suis effectivement conscient qu'il faut qu'on travaille
03:35 plus longtemps, mais j'étais en total désaccord avec cette réforme des retraites,
03:39 à la fois sur le fond comme sur la forme, parce que sur le fond, c'est la copie qui
03:43 est présentée n'est pas bonne, et sur la forme, le choix qui a été choisi pour
03:46 débattre au Parlement avec cette alinéa 47-1 de la Constitution.
03:51 D'abord au Sénat, oui, pour le bloquer.
03:52 Exactement, 50 jours de débat à la fois à l'Assemblée nationale, le Sénat, la
03:56 CMP comprise, puis le retour à l'Assemblée nationale.
03:58 C'est un débat extrêmement contraint.
04:00 Et quand on a un gouvernement qui nous pond des ségures, des conseils de ci, des conseils
04:04 de ça sur des sujets qui sont beaucoup moins importants que la réforme des retraites,
04:07 en tout cas sur un sujet aussi crucial, on aurait dû prendre le temps du dialogue.
04:10 Donc la question c'est combien maintenant vous serez à voter cette motion de censure,
04:13 combien vous allez avoir de collègues de DLR qui vont faire la même chose que vous
04:16 cet après-midi ? Vous savez, vous avez fait les comptes dans l'entourage, notamment
04:19 de Rélien Pradié.
04:20 Ce serait mentir de dire qu'on ne s'est pas téléphoné, qu'il n'y a pas eu des
04:24 pressions de toute part concernant ce vote de cet après-midi.
04:27 Je pense que nous serons une bonne dizaine, voire une quinzaine à soutenir ces motions.
04:32 Je ne suis pas certain que tout le monde ira au vote des deux motions, mais moi par cohérence,
04:36 puisque aujourd'hui mon seul maître mot c'est aussi la cohérence.
04:39 Si on en vote une, notamment celle de l'IOT qui est composée à la fois de députés
04:44 d'extrême gauche, je ne vois pas pourquoi je ne voterais pas celle de l'extrême droite
04:46 qui est identique.
04:47 Je suppose que vous les avez imprimées, que vous les avez lues et elles sont totalement
04:50 identiques.
04:51 Sur le texte, effectivement, mais le principe quand même qu'un député de droite s'allie,
04:55 en tout cas soutienne un texte du Rassemblement national, vous comprenez qu'il y a un pas
04:59 qui est franchi.
05:00 Mais je ne comprends pas pourquoi ce pas serait franchi pour l'extrême droite et pas pour
05:04 l'extrême gauche.
05:05 Aujourd'hui, celle de l'IOT, elle est quand même co-signée par l'intégralité
05:08 de la France insoumise.
05:09 Donc moi j'estime qu'il faut en finir avec cette politique politique LFDRN.
05:13 Aujourd'hui, il n'y a qu'une seule volonté, c'est en tout cas dire stop à cette réforme
05:18 des retraites.
05:19 Et si c'est notre seule manière de le faire, effectivement j'irai au bout.
05:22 Mais Jordan Bardella, qui dit le président du Rassemblement national, qui dit qu'en
05:25 cas de dissolution de l'Assemblée, son parti ne présentera pas de candidat dans les circonscriptions
05:29 où les députés LR ont voté leur motion de censure.
05:32 Certains vous diront que vous votez cette motion RN pour vous assurer une réélection
05:36 plus facile la prochaine fois.
05:37 On peut totalement entendre cette hypothèse.
05:40 En revanche, j'avais déjà dit avant même les annonces de Jordan Bardella que j'étudierais
05:45 les motions d'où qu'elles viennent.
05:46 Et je n'attends pas de Jordan Bardella pour prendre mes décisions.
05:49 Mais voilà, il est vrai qu'aujourd'hui, l'heure est grave.
05:53 Ce choix n'est pas anodin et je l'assumerai jusqu'au bout.
05:55 Mais donc ce n'est pas un début de plus d'union des droits de rapprochement avec
05:59 le RN ?
06:00 Non, pas du tout.
06:01 Il ne faut pas du tout l'interpréter comme cela.
06:03 Et je le répète, si je m'affilie en tout cas à cette motion, si j'apporte mon soutien
06:08 par ce vote à la motion du RN, je ferai de même pour celle de Lyott qui est aussi
06:12 co-signée par l'extrême gauche.
06:14 Maxime Hinault, dans le même temps dans votre parti, c'est vrai qu'il y a Eric
06:17 Soti à la fois qui dit "moi je ne voterai pas, je ne soutiendrai pas de motion de censure"
06:20 et de l'autre, qui effectivement conteste la réforme des retraites et le gouvernement,
06:24 et de l'autre Rachida Dati par exemple, qui ce week-end propose, qui est président
06:28 du conseil national LR, d'aller jusqu'à un contrat de gouvernement avec Emmanuel
06:31 Macron pour, je cite, "redresser le pays", comme avant elle Jean-François Copé ou Nicolas
06:35 Sarkozy.
06:36 Vous comprenez un petit peu que là, il y a vraiment deux visions complètement différentes
06:39 au sein de votre parti ?
06:40 Bien évidemment, mais c'est ce qui a aussi fait la force de notre famille politique jusqu'ici.
06:43 La force ou la fin ?
06:44 Non, la force.
06:45 Aujourd'hui, les divergences de partis, en tout cas de courants de pensée au sein
06:50 de notre famille politique, a toujours fait ses preuves, que ce soit de Madelin à Pasqua,
06:54 en passant par Chirac ou Sarkozy.
06:56 Aujourd'hui, il y a toujours eu ces courants de pensée différents.
06:59 Aujourd'hui, ce que dit Rachida Dati, c'est que les gouvernements macronistes successifs
07:04 n'ont pas fait le travail et ont ramené en tout cas cette crispation dans notre pays.
07:08 Donc aujourd'hui, quand j'entends effectivement qu'elle propose cet accord, moi je ne partage
07:13 pas ce point de vue.
07:14 Et d'ailleurs, même Aurore Berger l'a dit hier au micro de France Inter, qui effectivement,
07:19 elle disait même qu'elle ne voulait pas faire alliance avec les LR puisqu'ils n'étaient
07:23 pas un parti de droite.
07:24 Donc voilà, le sujet est clos.
07:26 Mais vous pouvez quand même rester dans le même parti avec vous d'un côté et Rachida
07:30 Dati, puisque vous êtes quand même de plus en plus différents.
07:33 Bien évidemment, je pense que c'est un atout pour notre famille politique, ces avis divergents,
07:36 puisque je l'ai montré depuis mon arrivée au Palais Bourbon que parfois j'allais à
07:40 l'encontre des directives de mon parti.
07:42 Et lors de mon arrivée au Palais Bourbon, quand j'ai soutenu à la fois le mariage
07:46 pour tous ou la PMA pour toutes, j'étais totalement en désaccord avec ma famille politique
07:49 et ce n'est pas pour autant que j'ai quitté cette famille.
07:51 Je pense que justement, il vaut mieux être à l'intérieur pour pouvoir la réformer
07:54 de l'intérieur et pouvoir apporter effectivement le débat au sein de notre famille politique.
07:58 Et vous, vous votez deux motions de censure aujourd'hui, ce n'est pas ça qui va au
08:00 contraire faire exploser la droite un peu plus que ne l'est déjà ?
08:03 Ce serait mentir de dire que ça ne va pas laisser de séquelles.
08:05 Aujourd'hui, il est vrai que ça crée des tensions.
08:08 Au-delà des pressions qu'on peut subir de part et d'autre, on va se dire que les cicatrices
08:13 vont s'estomper avec le temps et que c'est peut-être l'élément qui va nous faire
08:17 prendre conscience qu'il faut qu'on change de système et qu'on change d'appareil.
08:20 Il y a aussi une incompréhension de la part de plusieurs électeurs de droite qui disent
08:23 que vous, comme d'autres dans votre parti, vous avez soutenu par exemple Valéry Pécresse
08:26 qui disait "nous ce sera la réforme à 65 ans si on arrive au gouvernement".
08:29 Là c'est 64 ans et vous ne le soutenez pas, vous vous opposez.
08:32 Aurélien Pradié avait soutenu le principe des 64 ans il y a encore trois ans.
08:36 Mais ce serait mentir aujourd'hui de dire que la droite républicaine n'est pas favorable
08:40 à un système de retraite.
08:41 Ce serait totalement mentir.
08:42 Mais donc 64 ans, vous n'étiez pas contre ?
08:44 Bien sûr que non, je n'étais pas contre cette option en tout cas de décaler l'âge
08:49 légal de la retraite.
08:50 Mais alors pourquoi cette opposition si forte ?
08:51 Parce qu'aujourd'hui on est face à un gouvernement qui n'a fait preuve d'aucune
08:55 pédagogie envers la population.
08:56 C'est aussi pour ça que nous, quand on a cherché à débattre dans l'hémicycle,
09:00 on nous a refusé le débat.
09:01 Et aujourd'hui c'est la conséquence de ce refus de dialogue, de concertation et
09:07 on le voit bien, c'est la première fois que dans une réforme des retraites comme
09:11 celle-ci, tous les syndicats sont opposés à cette réforme.
09:14 Donc ça montre bien qu'il y a eu un manque de dialogue, de pédagogie.
09:17 Donc c'est la méthode qui vous choque plus que le fond ?
09:19 Avant tout, c'est la méthode qui nous a choqués et qui nous a aussi un peu braqués.
09:22 Parce qu'aujourd'hui on n'avait qu'une envie, c'est de pouvoir porter le débat,
09:26 d'aller au bout du bout du débat.
09:27 Et quand vous voyez que nous ne sommes arrivés qu'à l'article 2 sur une réforme qui
09:31 tient plus de 20 articles, ça pose problème.
09:33 Vous pensez que le quinquennat peut aller au bout dans les conditions actuelles ?
09:35 Je ne suis pas Madame Irma, mais c'est vrai qu'aujourd'hui on se rend bien compte
09:40 qu'il n'y a jamais eu une tension telle dans notre pays.
09:43 Moi en tant que députée, je suis élue depuis 2017, je n'ai jamais senti une crispation
09:47 telle et une tension aussi électrique sur mon territoire.
09:51 Alors que j'ai un territoire que vous connaissez bien, le département de Loise.
09:54 Voilà, on n'est pas le département le plus revendicateur et pourtant on sent une
09:59 tension, donc il faut effectivement tenter de trouver un peu d'apaisement.
10:02 Apaisement ou carrément une dissolution ? Ce serait au moins le mérite d'ordonner
10:06 la parole aux électeurs.
10:07 Je ne suis pas certain que ce soit la meilleure solution.
10:08 Aujourd'hui nous avons été élus il y a quelques mois, les Français ont pu s'exprimer
10:12 dans les urnes.
10:13 Si effectivement le président de la République décide d'en venir à la dissolution, nous
10:17 repartirons au combat et nous continuerons de porter la voix de nos électeurs et surtout
10:21 de porter la voix de notre territoire.
10:22 Si vous votez une motion de censure, c'est que vous avez quand même envie de renverser
10:25 le gouvernement et donc qu'il y ait une nouvelle élection ?
10:27 Écoutez, la motion de censure ne veut pas forcément dire automatiquement dissolution.
10:30 C'est aussi au président de la République de prendre ses responsabilités.
10:33 Il peut aussi décider de retirer le texte, il peut aussi décider de mettre en place
10:36 une conférence sociale avec tous les acteurs qui pourront prendre part à la réforme des
10:41 retraites.
10:42 Donc il y a d'autres alternatives que la dissolution.
10:43 Merci beaucoup Maxime Hinault, député LR de Loise, qui nous annonce donc ce matin
10:46 qu'il va voter les deux motions de censure cet après-midi à l'Assemblée nationale.
10:49 Bonne journée.
10:50 Merci beaucoup, à vous deux.