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« Coming out » : c’est le titre du superbe ouvrage co-signé par Élise Goldfarb et Julia Layani, un livre décliné de leur chaîne de podcast, créé il y a maintenant trois ans. Le concept de leur émission ? Recueillir le témoignage d’une personnalité ou d’un anonyme pour dédramatiser le coming-out. Comment annoncer son homosexualité à ses proches ? C’est ce à quoi elles tentent de répondre dans leur livre qui compilent les histoires et témoignages les plus poignants.

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Transcription
00:00 Presque 8h15, c'est l'heure de l'interview d'actualité et maux de vous recevez ce matin deux auteurs.
00:04 Elles ont sorti ce livre "Coming Out", elle s'appelle Élise Goldfarb et Julia Lajani.
00:08 Bonjour à toutes les deux, merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation.
00:12 Vous publiez en effet ce livre "Coming Out".
00:15 A l'origine de ce livre, il y a surtout un podcast que vous avez créé il y a trois ans maintenant,
00:20 avec un concept assez simple, vous invitez une personnalité, mais pas que,
00:24 et qui vient raconter son coming out, c'est-à-dire le moment où il ou elle a annoncé à ses parents, à sa famille, à ses proches,
00:31 son homosexualité. Qu'est-ce qui a fait qu'un jour vous aiez dit "Tiens, on a envie de faire un podcast sur cette thématique".
00:38 Vas-y, vas-y, tu veux que je commence ?
00:40 Eh bien, Élise et moi, nous sommes meilleures amies depuis le lycée,
00:44 et c'est vrai que nous venons de milieux assez communautaires, et on a eu des coming out assez difficiles, assez compliqués,
00:49 et on s'est demandé pourquoi ces coming out étaient difficiles,
00:52 et on s'est rendu compte qu'en fait, dans notre adolescence, nous n'avions aucune représentation queer et LGBT qui nous ressemblait,
00:59 et que c'était forcément pour ça qu'on n'avait pas d'exemple de coming out, et que dans nos communautés, ça a été compliqué.
01:04 En fait, on avait l'impression que être homosexuel ou même être trans, c'était quelque chose de catastrophique,
01:09 parce que personne ne nous avait dit à la télé...
01:10 C'était un drame.
01:11 Voilà, personne à la télé ne nous avait dit "Ça va aller, tout va bien se passer".
01:15 Et donc on s'est dit en 2019, "Viens, on crée ces représentations pour nos petits frères, nos petites sœurs, les gens qui arrivent".
01:22 Alors on va s'intéresser justement à vos différents invités, mais d'abord, moi j'ai une question, pourquoi ce livre ?
01:27 Parce que le podcast, je comprends, c'est quelque chose de très générationnel,
01:31 il est pour qui ce livre ? Il est pour les parents ? Il est pour les grands-parents ? C'est pour qui ?
01:35 Je pense que ce livre, il est pour tout le monde.
01:37 Déjà, c'est hyper intéressant d'avoir un objet.
01:40 Nous, on adore collectionner les objets LGBT, et en plus, je pense que c'est...
01:45 Souvent, Julia, elle dit qu'on ne trouve pas toujours les mots pour faire son coming out,
01:50 et donc c'est un peu une occasion d'offrir un livre et de dire "Voilà, j'ai un truc à vous dire, papa-maman".
01:55 Ou alors pour les parents, de dire "Je t'ai compris" à son enfant.
01:59 C'est un truc qu'on s'offre, c'est comme un guide en fait.
02:01 Pour trouver les mots, parce que vous, vous auriez aimé entendre certaines choses quand vous avez fait vos coming out ?
02:06 Nous, déjà, on s'est fait un petit peu nos éducations un peu sexuelles, c'est vrai, je pense, sur les radios libres
02:11 qu'il y avait quand on était dans les années 90, et c'est vrai que le podcast,
02:15 c'est un moyen d'expression assez alternatif et assez long où on peut rentrer dans les détails d'une histoire,
02:21 on peut vraiment raconter toute une vie, et donc voilà, c'est pour ça qu'on a sorti ce podcast,
02:26 et aujourd'hui ce livre qu'on peut offrir.
02:29 Très bien. Vous parliez justement de l'importance de donner des modèles.
02:33 Il y a plusieurs témoignages qui m'ont marqué, je pense à Augustin Trappenard, le journaliste, qui dit
02:38 "Moi, j'ai cherché des figures, des figures homosexuelles, des modèles,
02:41 je me suis un peu réfugiée dans la littérature parce qu'il n'y en avait pas ailleurs".
02:44 Laurent Ruquier également qui dit "Moi, à mon époque, le seul modèle homosexuel qu'il y avait,
02:48 c'était Michel Serrault dans La Cage aux Folles".
02:50 Il sert à ça, donc ce podcast aussi, de dire "Mais regardez, en fait, il y a une diversité
02:54 de modèles homosexuels aujourd'hui, il n'y a pas une manière de l'être".
02:58 Exactement, et là vous avez cité deux personnalités qu'on adore et qu'on remercie,
03:03 qui sont des hommes, mais imaginez si vous étiez une femme à cette époque
03:06 et que vous n'aviez encore moins de représentation.
03:09 C'est vrai qu'à leur époque, il n'y avait zéro femme.
03:11 Mais en tout cas, c'est clair que c'est hyper important de créer ces représentations-là
03:15 et qu'il y a beaucoup de gens qui disent à la télé notamment "Oh mais ça va, on s'en fout,
03:20 on n'a pas besoin de savoir qui est gay, qui est hétéro".
03:22 Mais en fait, si, nous quand on était petites, on ne voyait que des trucs hétéros
03:25 et on en voyait énormément.
03:26 Enfin, toute la journée, on voit des contenus hétéros.
03:28 Je pense que c'est important aussi de montrer qu'il n'y a pas que ça
03:31 et qu'on peut être heureux peu importe qui on est.
03:33 Oui, parce que ça renforce, c'est ce qu'on entend dans les témoignages,
03:35 ce sentiment d'être à la marge parce qu'au final, on ne s'identifie jamais à personne.
03:38 Nous, on a grandi, c'est vrai, quand on était au lycée,
03:40 il y avait très très peu de camarades qui étaient homosexuels,
03:43 encore moins transgenres évidemment.
03:45 Et ceux qui osaient se dire au monde "Je suis out, je suis gay"
03:49 étaient souvent les personnes harcelées, etc.
03:51 Donc nous, on ne voulait évidemment pas faire partie de cela
03:54 mais parce qu'il y avait un manque de représentation.
03:56 Aujourd'hui, ça change grâce à énormément de projets qui se font
04:00 et grâce à de nouvelles représentations qui aident les jeunes.
04:03 Alors, on va revoir cette mosaïque de visages.
04:06 Est-ce qu'il y a un témoignage, une histoire qui vous a marqué en particulier ?
04:10 Dans cette mosaïque ?
04:11 Non.
04:12 On adore toute cette mosaïque.
04:14 Non, nous, ce qui nous marque le plus, c'est ce qu'on se dit toujours,
04:18 c'est les épisodes qui traitent de la religion parce que c'est de là qu'on vient.
04:21 On vient d'une famille qui est assez pratiquante, assez religieuse
04:23 et on pense que la religion, c'est encore un des derniers boucliers des homophobes.
04:27 C'est-à-dire qu'ils utilisent la religion pour dire "C'est pas bien"
04:30 parce que c'est interdit dans la religion.
04:32 Et pour nous, c'est ces témoignages-là qui marquent le plus
04:35 parce qu'on aurait eu besoin de ça quand on était petite,
04:38 même dans notre livre, on a un rabbin, un imam,
04:41 le recteur de la grande mosquée de Paris et un prêtre qui disent
04:44 "D'accord, vous êtes homosexuel, c'est un péché, mais la vie continue.
04:48 Acceptez-vous, aimez-vous."
04:50 Mais ça, si on avait eu ça quand on était petite,
04:52 ça aurait tout changé.
04:53 C'est ça qui nous touche le plus, je pense.
04:54 C'est d'ailleurs assez inédit parce que je trouve que les recrutants religieux
04:58 n'ont jamais pris vraiment la parole dans les médias sur ce genre de sujet
05:01 et aux téléspectateurs qui nous regardent,
05:03 vous serez très surpris de leur éclairage et de leur message.
05:08 Ils passent vraiment un message d'accueil aux personnes LGBT.
05:10 Donc vraiment, si vous êtes LGBT et que vous êtes dans un milieu religieux,
05:14 vous pouvez vous adresser à ces chefs religieux qui seront à votre écoute.
05:17 Est-ce qu'on doit faire son coming out ou est-ce qu'il faudrait que ça disparaisse finalement ?
05:20 Parce que quand on est hétéro, on ne dit pas "je suis hétéro".
05:23 Nous, notre rêve, c'est que le coming out n'ait plus besoin d'exister.
05:26 Mais pour qu'il n'existe plus, il faut qu'il existe.
05:28 Il faut d'abord le banaliser.
05:30 Et en fait, là, en le faisant exister,
05:32 on espère qu'au bout d'un moment, les gens vont se rendre compte qu'il n'y a plus besoin.
05:36 On est pour une présomption de bisexualité à l'école, dans les collèges et dans les lycées,
05:41 qu'on parte du principe qu'une personne n'est pas forcément hétéro
05:44 et qu'on sorte un peu de ce schéma et de ce régime politique qui est l'hétérosexualité.
05:49 Et peut-être que ça aurait changé l'histoire.
05:50 Je pense notamment à un jeune garçon qui m'a mis fin à ses jours début janvier.
05:55 Il s'agit de Lucas qui avait 13 ans, qui justement était victime d'homophobie.
05:59 Ce livre, ce podcast, c'est aussi pour lui ?
06:01 Nous, on a dédié, c'est vrai, tous les épisodes de notre saison 3 du podcast
06:06 qui sort en ce moment à Lucas.
06:08 On a été très affectés de ce drame national.
06:12 C'est un drame absolument national qui a provoqué une émotion dans tout le pays.
06:16 L'homophobie tue encore aujourd'hui en 2023,
06:19 et beaucoup plus fréquemment qu'on ne le pense d'ailleurs.
06:22 Et c'est important de le souligner.
06:23 Merci beaucoup Élise Golfab et Julia Laiani d'être venue témoigner ce matin.
06:27 Merci de faire bouger les lignes.
06:28 Je rappelle donc le titre de votre livre, "Coming Out".
06:31 Et j'ajoute aussi que votre podcast est toujours disponible à l'écoute.
06:35 C'est gratuit et c'est sur la plateforme Spotify.
06:37 Merci beaucoup.
06:38 Et on adore cette émission.
06:39 Ah bah super.
06:40 Et bien vraiment merci à toutes les deux pour ce témoignage.
06:42 Votre enthousiasme également, vous mettez à défendre cette cause.

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