• l’année dernière

Chaque jour, les chroniqueurs d'Europe 1 présentent les infos indispensables à connaître en matière de culture : les dernières actus musique, les sorties littéraires ou cinéma, les nouvelles pièces de théâtre et les séries à ne pas manquer... C'est ici !

Retrouvez "La prescription culture" sur : http://www.europe1.fr/emissions/la-prescription-culture

Category

🗞
News
Transcription
00:00 - Le repas matin. - Nicolas Caro, le livre du jour que vous nous avez choisi ce matin, c'est le nouveau roman de Didier Decoin.
00:06 - Le taulier de l'Académie Goncourt, on dit président, mais il est aussi et d'abord écrivain, Didier Decoin.
00:11 Et d'ailleurs, il a lui-même eu le Goncourt en 77 pour son roman John l'Enfer.
00:16 Le revoilà avec le nageur de Bizerte chez Stock, l'histoire de Tariq Haït Mokhtari. C'est lui le nageur.
00:21 Il est d'abord dockeur, Bushkara à Bizerte, au nord de la Tunisie. Il est pauvre, mais il est beau.
00:28 Longiligne et musculeux comme le décrit Didier Decoin, il nage donc au début du roman dans la lagune et soudain, paf, un mur.
00:35 Une muraille d'acier au milieu de l'eau. Il a failli s'y cogner.
00:38 - C'est bizarre ça, un mur au milieu de l'eau quand même. - C'est un bateau en fait. Un gigantesque.
00:42 Un bâtiment russe. Ce sont des réfugiés. Ils sont des milliers à s'entasser dans ces camps flottants.
00:46 Nous sommes en 1921, il fuit la révolution. Beaucoup de Russes blancs et parmi eux, une ukrainienne,
00:51 Yelena, la fille d'un riche baron, très belle aussi. Et comme dans une tragédie antique,
00:56 l'entend et la voit sur le pont du bâton avant de la rencontrer ou comme dans Roméo et Juliette, avec le balcon.
01:02 - Bon, je vois venir, c'est une histoire d'amour. - Pas seulement. Il y a trois niveaux d'histoire.
01:06 Il y a l'histoire avec un grand H, puisque l'épisode historique est vrai, tout est documenté.
01:09 Il y a même quelques notes de bas de page pour resituer. Il y a l'histoire d'amour effectivement et l'intrigue,
01:14 puisque Yelena a fui, certes, mais elle n'est pas complètement à l'abri.
01:17 Des hommes ont vu son portrait dans le manoir de son père, un portrait grandit en nature,
01:21 et ils ont décidé de la retrouver pour l'éliminer.
01:24 Et puis il y a les histoires au pluriel, toutes celles qu'ajoute Didier Decoin pour tisser son roman.
01:29 Des petites histoires amusantes parfois, des références. L'histoire aussi de la mère de Tariq et de leur lien.
01:34 L'histoire de sa sœur aussi. Et l'eau, parce qu'on nage tranquille dans ce roman qui,
01:39 malgré les rebondissements incessants, a quelque chose de contemplatif.
01:42 Ça se lit au rythme d'une brasse douce.
01:45 - Le nageur de Bizerte, c'est donc chez Stock, c'est le dernier Didier Decoin. Merci beaucoup Nicolas.
01:50 Marie Gickel, elle est sur les planches cette semaine. Un classique du théâtre populaire,
01:54 c'est "Les Joyeux Spas" qui a été créé et joué par Jean Poiret au début des années 80,
01:59 adapté au cinéma. Vincent, vous vous en rappelez ou pas ?
02:02 - Je n'étais pas né.
02:04 - La pièce revient donc au théâtre Marigny à Paris. Marie, c'est du pur boulevard.
02:09 - Et bien sûr, pour avoir une bonne comédie de boulevard, il faut sur scène un mari infidèle et très imaginatif,
02:16 une épouse pas vraiment dupe et une maîtresse souvent nigode. Il faut aussi un appartement cossu,
02:21 tenu par un domestique et bien sûr, de l'imprévu, des invités surprise.
02:25 Mais je laisse Nicolas Briançon, le metteur en scène et comédien, qui va vous raconter ce week-end de Pâques
02:30 dont son personnage Stéphane se serait bien passé. Nicolas Briançon, vous êtes encore mis dans le beau drap.
02:36 - C'est le drame des types qui ne sont pas professionnels. Ce type-là qui n'est pas du tout, du tout, du tout
02:41 un professionnel de l'adultère, qui n'a jamais trompé sa femme en 15 ans. Voilà, il a observé une jeune femme
02:47 dans un café plusieurs fois. Il la ramène alors que sa femme est partie le week-end de Pâques.
02:51 Il la ramène chez lui un soir pour prendre un verre et patatra, sa femme rentre.
02:54 - Qui est cette personne, hein ? Parce que tu ne m'as toujours pas dit.
02:57 - Mais oh, oh, oh, oh, Sophie ! C'est Julie, Sophie. Enfin, c'est Julie. C'est ma fille.
03:07 Alors Nicolas Briançon porte à la perfection ce rôle de mari menteur et de mauvaise foi, même s'il s'embourbe
03:13 dans son mensonge face à sa femme Gwendoline Amon, très juste elle aussi. J'ai demandé à Nicolas Briançon,
03:19 qui est habitué à jouer dans des vaux de ville, s'il avait déjà dû mentir pendant longtemps.
03:24 Et ça lui est arrivé un soir, alors qu'il était jeune comédien à la comédie française.
03:28 Il a tout simplement oublié d'aller jouer. Et ce qu'il va vous confier, c'est une exclue, Europe 1.
03:34 - Donc j'ai dit que j'avais eu un accident. Et j'ai tenu ce mensonge-là pendant 20 ans.
03:38 C'est-à-dire que cet accident, je l'ai tellement raconté qu'il a fini par exister.
03:42 C'est-à-dire que vous me demandez de raconter l'accident, je peux vous le faire seconde par seconde,
03:45 à l'heure qu'il est. Je le connais par cœur, je l'ai vécu tant de fois.
03:48 D'abord, il a fallu que je le raconte. Et tout le monde m'a cru.
03:50 - Bon alors, la pièce a plus de 40 ans et ça se ressent un peu. Il y a un petit côté vieillot, mais qui est attachant.
03:55 Il y a aussi quelques longueurs, mais les comédiens dégagent une énergie folle
03:59 pour porter le texte aux bonnes saillies de Jean Poiré.
04:03 - Mais un joyeux Spac, donc. C'était au Théâtre Marigny jusqu'au 30 avril.
04:07 J'espère en tout cas que Nicolas Briançon a la conscience soulagée,
04:10 maintenant qu'il a avoué ce mensonge de quatre décennies.
04:15 Merci beaucoup à tous les trois, Vincent, Nicolas, Marie, demain pour de nouvelles découvertes.
04:19 - Bienvenue !

Recommandations