Comme chaque semaine dans "À l'épreuve des faits", notre journaliste Céline Pitelet tente de démêler le vrai du faux dans l'actualité de la semaine.
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00:00 Oui c'est vrai, la France arrive en tête des pays où il y a le plus d'accidents du travail.
00:04 On parle là des accidents non mortels, c'est ce que nous disent les dernières études d'Eurostat,
00:08 l'équivalent européen de l'INSEE.
00:10 On compte en France presque 3000 accidents du travail pour 100 000 salariés.
00:14 C'est presque le double de la moyenne européenne qui s'établit à moins de 1500 accidents du travail pour 100 000 salariés.
00:20 Et derrière la France, on trouve le Danemark, le Portugal et l'Espagne.
00:24 En valeur absolue maintenant, on a les chiffres de l'assurance maladie de 2021.
00:28 800 000 accidents du travail, dont 600 000 ont entraîné un arrêt ou une incapacité.
00:34 On parle là uniquement des accidents du travail non mortels et pour les salariés du régime général.
00:40 Et pour les accidents mortels, on se situe comment ?
00:42 Sandrine Rousseau dit la France est le pays d'Europe qui a le plus de morts au travail.
00:46 C'était vrai pour 2019, c'est faux pour 2020.
00:49 Selon les chiffres d'Eurostat, les chiffres les plus récents, la France est le 9e pays sur 27
00:55 qui compte le plus d'accidents mortels au travail.
00:58 Plus de 2 accidents mortels pour 100 000 salariés, 2,5 même pour être très précise,
01:03 alors que la moyenne européenne est inférieure à 2 et ce depuis des années.
01:08 En valeur absolue, l'assurance maladie a décompté 645 accidents mortels au travail en 2021.
01:15 C'est très proche du chiffre qu'a donné le ministre du Travail dans l'hémicycle cette semaine,
01:20 puisqu'il a parlé de 650 décès au travail chaque année.
01:24 Quels sont les secteurs les plus accidentogènes ?
01:26 La construction, la logistique, le transport, l'agriculture également.
01:31 Les garagistes aussi font partie des professions les plus exposées aux accidents des travails,
01:36 mais aussi les travailleurs sociaux, les travailleurs de santé,
01:40 les personnes qui travaillent dans des administrations publiques.
01:42 C'est le résultat d'une étude d'Eurostat de 2020.
01:45 Alors pourquoi ?
01:46 Ce problème n'est pas nouveau en France et il y a plusieurs éléments d'explication.
01:49 Il s'explique parfois par un manque de formation du personnel en question de sécurité au travail.
01:55 D'ailleurs, la Dares nous dit que les intérimaires qui sont souvent de passage dans les entreprises
02:00 sont plus souvent aussi victimes d'accidents des travails que les personnels qui sont en contrat, qui sont embauchés.
02:06 Ce piètre bilan de la France, il s'explique aussi parfois par de fortes contraintes de rythme de travail
02:12 ou par un manque de moyens.
02:13 Écoutez maintenant ce qu'en pense Jérôme Fourquet, le politologue.
02:17 Il y a aussi des formes de management, de souffrance, d'absence de reconnaissance.
02:22 On ne peut pas dire que tout va bien ailleurs et qu'on est encore à l'époque de germinal partout en France.
02:26 Ce n'est pas le cas.
02:27 Néanmoins, il y a manifestement des éléments qui doivent être creusés pour essayer de comprendre cette situation très singulière.
02:34 Je vous donne juste un chiffre.
02:35 Quand on a à peu près 30% de Français qui sont favorables à la réforme des retraites,
02:40 parmi ceux qui considèrent qu'ils effectuent un travail pénible, très pénible,
02:44 donc c'est quand même un tiers des salariés,
02:46 le taux d'adhésion à la réforme est à 12%.
02:49 Et dernier élément de compréhension,
02:50 certains experts estiment que certains pays sous-estiment le nombre d'accidents du travail chez eux
02:58 et que du coup ça complique les comparaisons.