Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie
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00:00 Emmanuel Ducrox, place à vous du journal "L'Opinion"
00:02 Emmanuel, à l'occasion de la journée mondiale contre le cancer.
00:05 Ce sera le 4 février.
00:07 L'Institut national du cancer a publié hier son quatrième baromètre cancer.
00:11 C'est un travail effectué avec Santé Public France.
00:14 Alors qu'est-ce que c'est que ce baromètre exactement Emmanuel ?
00:17 Eh bien c'est une enquête qui est réalisée tous les cinq ans depuis 2005
00:21 et cette quatrième édition a concerné presque 5000 personnes
00:24 qui ont été interrogées en 2021
00:26 mais les résultats n'ont été publiés qu'hier.
00:28 Alors c'est un outil qui permet d'appréhender les comportements des Français face au cancer
00:32 et surtout face aux informations autour de la maladie.
00:35 C'est une sorte de test de la façon dont les connaissances scientifiques sont perçues dans la population.
00:40 Ça a deux utilités cruciales.
00:42 D'abord ça permet de piloter les politiques de prévention
00:45 et puis ça permet aussi de documenter les inégalités en matière de prévention de santé.
00:50 La moitié des cancers pourraient être évitées.
00:52 Il est crucial de bien cibler les politiques.
00:54 La moitié pourraient être évitées, c'est énorme.
00:56 Qu'est-ce que montre ce baromètre justement ?
00:58 Alors la première constatation c'est que les Français disent se sentir bien informés sur les cancers
01:04 mais quand on analyse un peu les données qui ont été recueillies par le baromètre
01:08 les spécialistes se sont rendus compte que lorsqu'on s'intéresse spécifiquement aux facteurs de risque
01:12 et notamment aux facteurs de risque évitables
01:14 eh bien la perception des Français ne s'appuie pas vraiment sur des connaissances scientifiques.
01:18 Par exemple le lien entre les facteurs psychologiques, les stress, les traumatismes et le cancer
01:22 sont souvent cités alors qu'on n'a pas vraiment de preuves scientifiques avérées sur ce lien.
01:28 Alors le baromètre montre aussi qu'on a tous un petit peu tendance à ne pas vouloir tellement admettre les risques
01:33 qu'on encourt dans notre quotidien, les risques auxquels on est vraiment exposé.
01:37 Oui c'est une sorte de réflexe de protection qui est très humain mais qui affaiblit les messages de santé publique.
01:42 Les individus ont tendance à minimiser le risque qui découle de leur propre comportement.
01:47 Ainsi pour le tabac, le premier facteur de risque évitable de cancer,
01:51 la moitié des fumeurs placent les seuils de dangerosité au-delà de leur propre consommation.
01:55 Jusqu'à un paquet par jour ça va, ça on l'entend tout le temps ça.
01:58 Voilà, généralement on est juste en dessous.
02:00 Pour l'alcool, c'est le deuxième facteur de risque évitable de cancer.
02:03 Les personnes qui en consomment le site, moins spontanément comme un facteur de risque
02:07 que celles qui sont abstinentes et c'est pareil, on minimise les seuils.
02:10 Alors vous avez aussi parlé d'inégalités sociales face à l'information sur le cancer
02:16 et justement c'est dans l'accès à l'information que ça se joue.
02:19 Oui, des inégalités qui sont pas tant selon le niveau de diplôme et celui des revenus.
02:23 Un exemple, les femmes qui ont des revenus plus faibles
02:28 déclarent moins participer au dépistage du cancer du col de l'utérus.
02:31 Alors ça n'est pas une question de moyens, c'est un acte gratuit.
02:34 C'est vraiment une question d'accès et de compréhension des campagnes de prévention.
02:38 C'est une question intéressante qui ressort du questionnaire.
02:40 Quelles sont les bonnes sources d'informations pour bien faire passer les messages ?
02:45 Vous avez dit que les Français se sentaient bien informés, justement où est-ce qu'ils s'informent ?
02:48 C'est le cœur du baromètre qui décortique vraiment la mécanique de l'information du cancer et de ses risques.
02:54 Les principales sources d'informations des Français sur le cancer sont la télévision à 56%,
03:00 internet et les réseaux sociaux à 37% et ils ne sont que 20% à citer les professionnels de santé
03:05 et 14% à citer les campagnes de prévention.
03:08 Et pour autant, la source qu'ils définissent comme la plus fiable quand on leur demande,
03:13 c'est les professionnels de santé.
03:15 Alors ces résultats invitent vraiment à repenser l'articulation entre cette source d'informations fiable
03:20 et les canaux qui sont utilisés comme internet et les réseaux sociaux.
03:24 Eh bien oui, ils véhiculent des tombereaux d'ânerie et ça peut être un danger pour la santé publique.
03:29 Oui mais question, est-ce qu'on accède facilement aux professionnels de santé ?
03:31 Ah ah, c'est peut-être ce que révèle en creux ce baromètre cancer.
03:35 Merci beaucoup pour votre regard Emmanuel Ducroch, je vous dis donc à demain !