Comme chaque dimanche dans BFMTVSD, Olivier Babeau livre son point de vue sur l'actualité.
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00:00 - On va commencer avec vous Olivier Babaud.
00:02 Vous dites donc qu'il faut réformer les syndicats.
00:05 Alors oui, étonnamment.
00:07 Ça veut dire que vous n'êtes pas content de leur fonctionnement ?
00:10 - Je crois que ça fait très longtemps que beaucoup de gens ont fait le diagnostic
00:13 qu'on a un problème sur le fonctionnement de nos syndicats en France.
00:16 Alors on va commencer par écouter les échanges entre l'éthéoréaliste de BFM TV,
00:19 Amandine Natalaya, et Philippe Martinez.
00:22 Je crois que c'était il y a une semaine sur cette antenne.
00:25 - Est-ce que vous croyez qu'on est parti pour une paralysie du pays ?
00:29 - Est-ce que ça va finir comme ça ?
00:31 - En tout cas, ça risque de monter d'un cran à chaque semaine.
00:35 - Je vous demande si vous pensez qu'on en arrivera là.
00:38 Si d'après vous ce sera nécessaire parce que le gouvernement est très ferme en face.
00:41 - Si le gouvernement n'entend rien, on peut en arriver là.
00:45 - Donc c'était en plus d'ailleurs une émission remarquable que je vous conseille de regarder régulièrement.
00:49 - C'est gentil, merci.
00:51 - Non mais il vient de te le demander.
00:54 - Attendez, dites pas n'importe quoi.
00:57 - Je suis discipliné.
00:59 - Alors notre problème en France, c'est pas que les syndicats sont forts, c'est que les syndicats sont faibles.
01:03 C'est notre grand problème.
01:05 Le taux de syndicalisation en France fait partie des plus faibles de tous les pays de l'ECDE.
01:10 En 70 ans d'ailleurs, le nombre de syndiqués a chuté de 70%.
01:13 En fait, ce qui arrive aux partis politiques pourrait demain arriver aux syndicats.
01:18 C'est-à-dire une sorte de lent éloignement qui fait que petit à petit,
01:21 ces institutions au bout d'un moment sont d'espèces de coquilles vides.
01:24 Et en fait, c'est dommage parce qu'on en a vraiment besoin.
01:26 On a choisi en 1945, comme l'Allemagne d'ailleurs, le modèle paritaire.
01:29 Mais l'Allemagne est allée plus loin puisqu'elle a développé de la co-gestion,
01:32 elle a développé des syndicats qui sont co-décisionnaires
01:35 et qui participent réellement aux décisions de l'entreprise.
01:38 Et nous, en fait, on s'est contentés de la gestion paritaire.
01:43 Et finalement, pour préserver la paix sociale,
01:46 et ça a fait qu'on a des syndicats qui sont en réalité très éloignés de la gestion des entreprises,
01:50 qui sont trop politisés, peu orientés vers les syndiqués,
01:53 peu aussi concernés par le problème d'avoir le plus de cotisations possible,
01:58 puisqu'ils en dépensent peu.
01:59 Il faut absolument se souvenir de ce scandale complètement dingue
02:02 qu'était le rapport parlementaire du député centriste Nicolas Perruchot en 2012.
02:06 Rapport parlementaire qui était tellement explosif
02:09 que le Parlement avait voté sa mise au secret.
02:12 On l'avait envoyé.
02:13 On ne devait pas, les Français ne devaient pas être au courant
02:16 de la réalité et de la façon dont les syndicats fonctionnaient.
02:19 Heureusement, le journal Le Point a publié ce rapport, qui est maintenant trouvable sur Internet.
02:24 Alors, qu'est-ce qu'il disait ?
02:25 Que le financement des syndicats était opaque,
02:28 que le comité d'entreprise, formation professionnelle,
02:30 que les adhésions, qui ailleurs représentent couramment,
02:33 ailleurs qu'en France, représentent couramment 80% des financements.
02:36 Chez nous, ils en représentent une toute petite partie.
02:38 Et que, on ne sait pas très bien comment ça fonctionne,
02:41 mais que l'État, indirectement, à travers des emplois qui sont dédiés,
02:44 aide massivement ces syndicats.
02:46 Le chiffre de 13 000 à 14 000 emplois a été avancé.
02:49 Donc, c'est une sorte de quatrième pouvoir qui joue essentiellement comme force de blocage.
02:53 L'État, en fait, en a peur. Il est terrifié.
02:55 On a vu, les parlementaires sont terrifiés au point qu'ils ont voulu qu'on n'en parle pas.
02:58 Alors, on a besoin de syndicats forts.
02:59 Il faut réformer les syndicats.
03:00 Alors, c'est quoi les réformes ?
03:01 Passer un syndicalisme de service dépendant des syndiqués,
03:04 séparer syndicalisme du privé et des fonctionnaires
03:07 pour ne pas complètement être phagocytés par les problématiques du public,
03:11 et probablement revenir sur le monopole de présentation des syndicats
03:15 au premier tour des élections professionnelles.
03:16 Il y a plein de choses à faire pour enfin avoir des corps intermédiaires forts.
03:20 Ça aiderait beaucoup la France.