• il y a 2 ans
Peut-on encore être de gauche et aimer le steak frites? C'est la question que semble poser le dernier livre, "Quartier Rouge ", du philosophe Michaël Foessel. Dans ce nouvel essai, il montre le pouvoir politique du plaisir, des occupations joyeuses d'usines à la colère suscitée par la fermeture des théâtres et des bars lors des confinements.

La gauche progressiste est en effet accusée d'être de plus en plus moraliste et ascétique, entre obligation de modération à l'aune de la crise climatique et souci de l'auto-critique face aux minorités. La droite hédoniste aurait pris la défense du plaisir.

Michaël Foessel montre qu’il est devenu urgent de réfléchir à nouveau sur la dimension émancipatrice du plaisir. En effet, on a aujourd’hui tendance à porter une attention de plus en plus exclusive à la souffrance ou au désir comme origine de la critique sociale. Or le plaisir a une vraie valeur politique. Il permet au discours de rejoindre le réel.

L’importance politique du plaisir s’est rappelée à nous avec les manifestations des gilets jaunes, notamment dans leur manière de détourner les ronds-points pour en faire des lieux conviviaux. De même avec les confinements et couvre-feux successifs imposés face au Covid-19. L'interdiction d’aller au théâtre, au cinéma ou même simplement de se promener a relancé les débats sur l’acceptabilité du contrôle sociale.

Le plaisir devrait donc redevenir un enjeu pour la gauche. Ses principes n’ayant plus d’effet dans le réel. Le parti socialiste a en outre abandonné la promesse que portait son emblème - le poing et de la rose dont les épines servent d’avertissement : le plaisir et la joie ont le pouvoir de subvertir l’ordre établi. Un pouvoir de subversion et d’émancipation du plaisir qu’il faudrait réhabiliter aujourd’hui, à l’heure où le capitalisme prétend avoir formaté notre bonheur.

Olivia Gesbert invite à sa table Michaël Foessel, philosophe et professeur à l’Ecole polytechnique.

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