L'homme de 64 ans était déjà condamné à 20 ans de réclusion criminelle pour 54 agressions sexuelles et viols sur une période de 30 ans. Il a été entendu par un juge d'instruction ce jeudi 15 mai pour 16 cas de violences sexuelles et a été mis en examen pour 13 nouveaux cas. Son avocate Margaux Mathieu est l'invitée du 20h BFM ce jeudi 15 mai 2025.
Catégorie
📺
TVTranscription
00:00Moins de trois ans après sa condamnation pour viol et agressions sexuelles,
00:04celui qui est surnommé le violeur de la sombre est de retour devant la justice,
00:09entendue pendant cinq heures dans le cadre d'une nouvelle information judiciaire.
00:14Ça fait maintenant presque trois ans qu'on demande à être entendu dans le cadre de cette prétendue nouvelle affaire Scala.
00:20En réalité, si mon client a commis des faits très graves pour lesquels il a d'ailleurs été condamné,
00:24il est impensable de tenter de lui imputer la totalité des colcaises depuis les années 80.
00:31C'est pour cela qu'aujourd'hui on est là pour être entendu.
00:3516 cas de viol ou d'agression sexuelle.
00:37Certains avaient déjà été évoqués lors de la première instruction, d'autres sont totalement nouveaux.
00:45Ce sont des faits dans lesquels aucune femme ne désigne Dino Scala comme étant l'agresseur,
00:49mais on retient qu'il y aurait un mode opératoire approximativement identique.
00:54Et sur ce seul fondement, on tente de le mettre en cause aujourd'hui.
01:01Des violences qui se seraient déroulées entre 1986 et 1990.
01:09A l'époque, Dino Scala travaillait ici, dans cette usine près de Maubeuge.
01:14Un ouvrier bien inséré, marié, père de famille, entraîneur d'un club de foot,
01:21mais qui, pendant près de 30 ans, a mené une double vie.
01:25C'était une personne comme une autre, genre par exemple j'avais un souci au boulot
01:29ou quelque chose que je n'arrivais pas à faire, je l'appelais, il m'aidait.
01:33Voilà, il n'y avait vraiment aucun soupçon à avoir, vraiment aucun soupçon.
01:39Entre 1988 et 2018, Dino Scala reconnaît avoir violé, agressé sexuellement ou tenté d'agresser 40 femmes,
01:48âgées de 13 à 48 ans, et à chaque fois, le même mode opératoire.
01:55Il passe à l'acte à l'aube, en hiver, généralement sur la voie publique,
02:00en France ou en Belgique, le long de la vallée de la Sambre.
02:05En mars 2018, nous avions rencontré l'une de ses victimes,
02:09encore traumatisée par ce qu'elle a subi 16 ans plus tôt.
02:14Je revenais sur le retour du travail, je me suis fait attraper par derrière.
02:20Donc il m'a attrapée par mes cheveux, que j'avais une queue de cheval.
02:24Ensuite, il m'a mis une arme blanche au cou, il m'a attaché mes mains, il a bandé mes yeux.
02:30Il m'a donné un coup au départ, et puis après, il a commencé à vouloir me toucher.
02:37Mais il a été dérangé par un camion qui passait à ce moment-là.
02:42Donc ensuite, il m'a lancé, il m'a jeté par terre, et puis il est parti.
02:47Après des années d'enquête, il est finalement arrêté le 26 février 2018
02:53et jugé 4 ans plus tard.
02:55Certaines de ses victimes assistent au procès
02:59et découvrent dans le box des accusés un homme vieilli,
03:03amaigri et impassible lorsqu'elles lui font face.
03:08Je pensais qu'il nous regarderait au moins quand on s'élevait chaque nuit de notre tour.
03:12Même pas.
03:14Reconnu coupable de 54 des 56 faits qui lui sont reprochés, dont 16 viols,
03:19Dinoskala est condamné.
03:21Il purge une peine de 20 ans de réclusion criminelle.
03:26Ce jeudi, au terme de son audition,
03:28il est finalement mis en examen pour 13 nouveaux cas de violence sexuelle
03:33et placé sous le statut de témoin assisté pour trois autres faits.
03:39Voilà pour ce reportage ce soir.
03:41Bonsoir Margot Mathieu, bonsoir Maitre, merci d'être avec nous.
03:43Vous êtes l'avocate de Dinoskala.
03:45On va revenir évidemment avec vous dans un instant sur cette nouvelle mise en examen.
03:49Je cite le titre de votre livre, Sombre, l'autre rive,
03:52et j'insiste sur le sous-titre, Récit d'un procès hors norme.
03:55On verra tout à l'heure avec Dominique Rizet
03:58à quel point effectivement on fait face là à quelque chose d'hors norme.
04:01On va y revenir.
04:02Dominique Rizet donc avec nous, bonsoir Dominique, notre consultant,
04:05et Nelson Jetten avec nous également.
04:07Bonsoir Nelson, journaliste à BFM et à La Tribune du Dimanche.
04:11Vous avez enquêté sur cette affaire pour La Tribune du Dimanche.
04:15On y reviendra.
04:16Comment vous réagissez, Maître, ce soir,
04:18face à la nouvelle mise en examen de votre client ?
04:22Alors ce qu'il faut savoir, c'est que ça faisait presque trois ans
04:25qu'on attendait à être entendu
04:27parce qu'il y avait une mise en cause dans les médias
04:30s'agissant de ces nouveaux faits,
04:31donc des rumeurs, une diffusion de certaines informations.
04:35Et on avait sollicité de manière formelle l'année dernière
04:38auprès de la juge d'instruction
04:39la possibilité de se défendre, d'être entendu par rapport à ces nouveaux faits.
04:43Donc on est dans une dynamique, encore une fois,
04:46qui est une dynamique consistant à vouloir simplement s'expliquer,
04:49répondre aux questions.
04:50On y reviendra tout à l'heure.
04:51Il a été déjà condamné, votre client.
04:55Il y avait plus d'une cinquantaine de faits qui lui étaient reprochés.
04:58Il en a reconnu, au moment du procès, une quarantaine.
05:00Est-ce que là, aujourd'hui, quand on lui présente ces nouveaux cas,
05:03il reconnaît des choses, il reconnaît des faits ?
05:05Alors ce qui est certain, c'est que ce n'est pas au moment du procès
05:08qu'il a reconnu les 40 faits,
05:08c'est au moment de son audition de garde à vue.
05:10C'est-à-dire que cet homme, quand il a été arrêté,
05:12on lui reprochait à ce moment-là 19 faits.
05:14Et ce qu'il a dit spontanément, c'est non, non, ce n'est pas 19 faits,
05:17j'ai commis une quarantaine de faits.
05:19Et lors du procès, ça s'est effectivement confirmé.
05:22Il a été condamné, il a été acquitté pour d'autres faits criminels.
05:25Et ce matin, il est toujours dans ce même état d'esprit,
05:29consistant à vouloir dire la vérité.
05:32Mais il refuse qu'on lui impute des faits qu'il n'a pas commis.
05:35Pour lui, entre nous, ça ne rendrait service ni aux victimes,
05:39ni à la société, ça ne rendrait service à personne.
05:41On pense parfois que l'erreur judiciaire,
05:43elle est nécessairement défavorable aux accusés.
05:46Mais en réalité, elle est défavorable à l'ensemble de la société.
05:49Si vous le condamnez pour un fait qu'il n'a pas commis,
05:51c'est un homme dehors qui ne sera jamais inquiété.
05:53Mais parmi les 13 faits, il lie l'intégralité de ces 13 faits ?
05:58Il y a effectivement, il a été entendu sur 16 faits.
06:02Il y a d'ores et déjà trois faits sur lesquels,
06:04au terme du premier interrogatoire,
06:06la juge a elle-même reconnu qu'il n'y avait pas d'indice suffisant.
06:09Là, il est passé sous le statut de témoin insisté.
06:11Quand il n'y a pas d'indice.
06:13Voilà, c'est pas une mise en examen formel, absolument.
06:15Exactement, vous êtes placé sous ce statut.
06:18Et pour les 13 autres ?
06:20Et pour les 13 autres, il a été mis en examen sur le fondement
06:22d'un, ce qui a été appelé un mode opératoire qui ressemble, qui est similaire.
06:27C'est l'unique élément qui raccroche aujourd'hui Dino Scala à ses faits.
06:32On va parler de ce mode opératoire,
06:33mais je sens que vous ne voulez pas me dire ce soir
06:35si votre client en reconnaît ou pas.
06:37Ah non, il ne reconnaît pas.
06:38Non, il ne reconnaît pas.
06:39Je suis tout à fait, il ne reconnaît pas ses faits.
06:42Aucun de ses faits ?
06:43Aucun de ses faits.
06:44Aucun de ses faits.
06:45On va s'intéresser au mode opératoire, évidemment.
06:47Dominique Rizet, on va s'intéresser à qui est Dino Scala.
06:51Scala, il a 64 ans aujourd'hui.
06:56Au départ, je le disais tout à l'heure, il est absolument insoupçonnable.
06:59Il a un profil, comment dire ?
07:02Oui, les policiers le disaient, l'on dit même, banal.
07:06Bien sûr, Maxime, mais comme tout un tas d'auteurs,
07:08pas forcément de viols, mais de braquages.
07:12Voilà, c'est quelqu'un qui est insoupçonnable
07:13parce qu'il est complètement dans la société installée.
07:17Il est une femme, il a des enfants, il travaille,
07:18il est intégré, il est dans un club de sport, le football.
07:22Et c'est un homme sympathique.
07:24Tous ceux qui parlent de lui, qui travaillent avec lui,
07:27parlent d'un homme sympathique.
07:28Donc, ça montre un petit peu, c'est l'autre rive,
07:31le titre de votre livre, Maître.
07:34L'autre rive, c'est comment les victimes voient cet homme
07:38qui leur a fait du mal puisqu'il a été condamné
07:41pour ses viols, ses agressions sexuelles.
07:43Et puis, l'homme qu'il est dans la réalité.
07:48Et c'est vrai que Dino Scala, quand les policiers l'arrêtent,
07:53c'est un soulagement, ça fait 30 ans que ça dure.
07:56Et c'est une surprise aussi.
07:59C'est une surprise parce qu'il n'a pas le profil.
08:01Mais encore une fois, comme beaucoup d'autres auteurs,
08:05et tout à l'heure, avant que vous soyez là, Maître,
08:07on disait, c'est ici qu'il faut faire attention
08:11parce que quand on a des faits commis et non résolus
08:15dans un secteur géographique général,
08:18et puis un auteur qui est arrêté pour des faits similaires à ceux-ci,
08:22on se dit, pourquoi pas, finalement, lui, sur toutes ces affaires-là ?
08:26Mais ce n'est pas établi.
08:27Il est bien évident que là, dans ces 16, 13 dossiers dont on parle,
08:31la juge a des questions ou les juges ont des questions à lui poser.
08:35Il va répondre à ces questions.
08:37Ensuite, il y a des éléments de police judiciaire
08:40et de police technique et scientifique
08:42qui vont peut-être forcer un peu la main de Dino Scala
08:44s'il ne veut pas dire les choses,
08:45mais peut-être qu'il n'a rien à voir dans toutes ces affaires.
08:48Il faut toujours...
08:49Moi, c'est ma règle, en tout cas,
08:51et je pense que c'est notre règle à BFM TV,
08:53on est prudent, on ne dit pas n'importe quoi, on fait attention.
08:55Donc vous vous dites, ce soir, Maître, ce n'est pas une nouvelle affaire Scala.
08:58Il n'y a pas de nouvelle affaire Scala.
08:59Ce n'est pas une nouvelle affaire Scala.
09:00En revanche, c'est une énième affaire d'agression sexuelle.
09:04C'est principalement des agressions sexuelles qui sont en question,
09:07mais également un viol.
09:08Et ce que je trouve regrettable, c'est qu'il n'y ait pas eu d'investigation.
09:11C'est qu'aujourd'hui, ce que j'aurais aimé,
09:13c'est qu'il y ait des investigations pour qu'on aille effectivement
09:16chercher des preuves, des éléments.
09:18Et en fait, hélas, ça fait 30 ans
09:20que les investigations en matière de violences sexuelles
09:23ne sont pas menées sérieusement.
09:24Mais quand on met en examen,
09:25c'est sur la base d'indices graves et concordants, logiquement.
09:27Et le seul indice grave et concordant
09:29qui a été retenu par la juge d'instruction,
09:31c'est cette question du mode opératoire
09:34qui est prétendument identique.
09:37Pardon, mais pour bien comprendre,
09:39sur des infractions sexuelles,
09:41la preuve étant tellement difficile à établir,
09:43et surtout 30 ans après,
09:45qu'est-ce qu'il peut y avoir d'autre
09:47qu'un mode opératoire, finalement, et des aveux ?
09:50Mais bien heureusement qu'il y a d'autres éléments.
09:52Ce qu'il faut savoir, c'est que la question n'est pas tant
09:54de savoir si elles ont, ces femmes, été victimes de violences sexuelles.
09:57Leur parole est absolument pas en question.
10:00Mais par contre, le fait d'être incapable de créer,
10:03de trouver le moindre lien entre ces agressions-là
10:07et mon client, n'est pas acceptable.
10:09Ce n'est pas suffisant.
10:10Ce n'est pas suffisant pour les victimes.
10:11Ce n'est pas suffisant pour la société.
10:13Moi, ce que je suis capable de démontrer,
10:16et c'est aussi comme ça qu'on a obtenu des acquittements
10:18devant la cour d'assises,
10:21c'est qu'en réalité, vous avez des centaines d'hommes
10:23qui agissent exactement de la même manière.
10:24C'est triste à dire, mais en réalité,
10:26vous n'avez pas des milliers de façons
10:28d'agresser une femme dans la rue.
10:29C'est souvent un mode opératoire qui est très similaire.
10:32Alors, il faut qu'on s'arrête là-dessus.
10:33Nelson, c'est quoi le mode opératoire de Dido Scala ?
10:36Est-ce qu'il y a un mode opératoire de Dido Scala ?
10:38Alors, la marque de fabrique, entre guillemets, de Dido Scala,
10:41c'était effectivement, il intervenait très tôt le matin,
10:43seulement l'hiver, pour qu'il fasse encore nuit à l'aube.
10:48Et ces victimes, quand elles étaient très jeunes,
10:51elles étaient sur le chemin de l'école
10:53et donc, il les attrapait par derrière avec une cordelette.
10:56Et ensuite, il leur mettait un couteau,
10:58un opinel qu'il avait dans sa poche pour les menacer
11:00et leur demander de se taire.
11:02Et tout ça se passait dans un rayon de 30 kilomètres
11:05sur la route qui menait Pont-sur-Sambre à Gemont.
11:08Donc, Pont-sur-Sambre, c'est là où habitait Dido Scala
11:10et Gemont, c'est là où il allait à l'usine.
11:13Et donc, pendant toutes ces années, il a pris sa voiture
11:16pour soi-disant aller au travail et il faisait des arrêts
11:19pour violer ses victimes et agresser sexuellement ses victimes
11:22sur cette route-là, le long de ce fameux fleuve La Sambre.
11:26Et parfois, il est même allé jusqu'en Belgique,
11:27de l'autre côté de la frontière.
11:29Oui, et c'est notamment là qu'il se fera arrêter en 2018,
11:34me semble-t-il.
11:35Belgique est important parce qu'il y a une policière française,
11:39une documentaliste qui va rassembler des histoires,
11:4220 affaires qui sont non élucidées et qui va ensuite,
11:46elle s'appelle Christine Fichaud, elle travaille à la PJ de Lille
11:48au bureau de documentation.
11:49Elle fait une liste qu'elle remet à la crime de Lille
11:52qui ne va pas aller assez vite.
11:54Et finalement, il y a un fait qui est commis en Belgique.
11:56Les Belges vont récupérer cette liste et la PROC en Belgique
11:59va dire voilà, nous, on a fait en Belgique de la géomatique.
12:05Donc, c'est un expert de l'université de Liège
12:09qui a fait de la géolocalisation du violeur
12:13avant que n'existe la géolocalisation des portables,
12:17puisqu'il a situé à partir de la liste qui avait été constituée
12:21par cette policière, une zone dans laquelle pourrait habiter
12:25possiblement cet homme et la zone c'est la région de Haumont.
12:30Et effectivement, c'est là que va être arrêté Dino Scala.
12:34Maître, quand on parle du mode opératoire de Dino Scala,
12:36est-ce que dans les faits qui se reprochent aujourd'hui,
12:38on vous met en avant tout à l'heure, les enquêteurs, les juges
12:41vous mettent en avant précisément que le même mode opératoire
12:46a été utilisé dans ces 13 nouveaux cas ?
12:49C'est toute la difficulté, c'est que moi je mets en avant aussi
12:52et ce sont des PV qui sont au dossier,
12:55des dizaines de suspects qui n'ont jamais été entendus,
12:59donc c'est un manque de sérieux absolu,
13:01qui opéraient exactement de la même manière.
13:03Donc exactement ce que vous venez de décrire,
13:06tôt le matin, très souvent avec un couteau, en attrapant par derrière,
13:09c'est exactement identique.
13:12Donc si on est en mesure de dire aujourd'hui que Dino Scala
13:15doit être mis en examen du seul fait qui a un mode opératoire qui ressemble,
13:19je voudrais à minima qu'on entende également la totalité des suspects,
13:23ne serait-ce que par respect à l'égard des victimes.
13:26On va avoir un gros problème, c'est qu'un procès,
13:30si vous n'avez pas d'éléments, si vous n'avez pas de charges,
13:32si vous n'avez pas d'éléments probants, ça peut finir avec un acquittement.
13:36Et je ne souhaite à aucune victime de se retrouver à un procès
13:38qui finit avec un acquittement.
13:39C'est un peu brutal de dire un manque de professionnalisme
13:43ou de sérieux des policiers, parce que les policiers maîtres
13:45font quand même leur boulot, alors dire à Dino Scala
13:48on vous soupçonne d'avoir commis ces actes-là,
13:51ce n'est pas forcément un manque d'élégance des policiers,
13:54c'est le travail des policiers qui remettent des éléments à la juge.
13:57La juge va lui poser des questions.
13:59Vous, vous êtes son avocate, vous serez auprès de lui.
14:01Et si lui peut prouver qu'il n'était pas là ou si les éléments
14:05ne sont pas suffisants ou probants pour le mettre en cause,
14:07il faut aussi que la police fasse son travail parce qu'il y a des victimes.
14:09Mais c'était tout à fait...
14:11Effectivement, vous avez tout à fait raison.
14:12Il fallait qu'il soit entendu.
14:13Il fallait que la juge d'instruction l'entende et lui pose des questions.
14:15C'est tout à fait normal et ça a été important.
14:18Et c'est ce qu'on demandait.
14:19Et c'est ce qu'on demandait.
14:20On verra.
14:21Je voudrais qu'on entende l'expert psychiatre qui a expertisé Dino Scala,
14:26qui s'appelle Paul Bensoussan,
14:27qui était tout à l'heure sur le plateau de Benjamin Duhamel.
14:29Voici ce qu'il dit.
14:31Alors, non pas forcément du mode opératoire,
14:32mais de ce qui amenait Dino Scala à agir, à violer.
14:37Écoutez-le.
14:38Comme il le disait, comme il me le disait,
14:41c'est l'agression qui provoque l'excitation
14:44et l'anticipation parfois de l'agression.
14:47Il avait plus de plaisir à anticiper l'agression
14:50qu'il allait commettre dans quelques heures.
14:52Qu'à l'acte sexuel en tant que tel.
14:53Qu'à l'acte sexuel et même, ça va de soi,
14:56qu'à l'acte sexuel avec son épouse ou avec ses deux épouses.
15:00La sexualité de cet homme-là, elle est misérable.
15:05Est-ce que ça ressemble à ce que vous connaissez de votre client ?
15:08Ce qui est certain, c'est que c'est très important
15:10qu'il y ait des experts psychiatres.
15:12Et surtout, ce qui a été mis en place depuis le début de son incarceration,
15:16c'est un suivi psychiatrique.
15:18Moi, je me bats au quotidien en étant avocate pénaliste
15:21pour que les personnes, et notamment les hommes,
15:22qui se comportent de manière violente avec les femmes,
15:24puissent avoir accès, lorsqu'il y a une détention,
15:26à un suivi psychiatrique.
15:28C'est très important, c'est fondamental.
15:31Il avait expliqué au moment du procès
15:33qu'il en voulait aux femmes,
15:36qu'il était, je reprends des mots qu'il avait employés visuellement,
15:38qu'il est l'éternel second, aussi bien dans sa vie privée qu'au boulot.
15:41C'est tout ça qui explique ?
15:43Mais bien sûr, mais en fait, ce qu'on ne dit pas assez,
15:45on commence un petit peu à le dire, et c'est positif,
15:47c'est que la violence sexuelle, les viols, les agressions sexuelles,
15:50c'est de la violence avant tout.
15:53Et les femmes sont principalement,
15:55c'est vrai que ce sont les principales victimes de ces violences.
15:58Donc, il est important de comprendre
16:00comment la violence arrive dans la vie d'une personne.
16:04Et ce qui est bien, c'est que Dino Scala fait partie des personnes
16:07qui ont pu, à partir du moment où ils ont été arrêtés,
16:10entrer dans cette démarche-là, consistant à essayer de comprendre.
16:13Et je trouve ça, effectivement, plutôt bénéfique et positif.
16:16C'est des mots qui sont, évidemment, extrêmement difficiles à entendre,
16:19insupportables à entendre, d'autant plus quand on a été victime,
16:23et vous avez parlé à ces victimes, Nelson.
16:25Oui, j'en ai recontacté une aujourd'hui,
16:26je l'avais interviewée il y a quelques mois pour l'article,
16:29et je l'ai recontactée tout à l'heure pour savoir ce qu'elle avait pensé
16:32en voyant les informations ce matin.
16:34Et la première chose qu'elle m'a dit, c'est,
16:36oh là là, elles vont vivre le même enfer que nous,
16:38en parlant du procès qu'elle a vécu
16:41pendant plusieurs semaines en face de Dino Scala.
16:43Elle a très mal vécu le procès, la victime que j'ai contactée.
16:47Ce qui l'a le plus frappé, c'est que Dino Scala parlait d'elle
16:50en disant « mes victimes », comme si elles appartenaient encore à Dino Scala,
16:55comme si Dino Scala continuait son entreprise de perversion
16:59jusque dans le procès face à ses victimes.
17:02Et ensuite, je lui ai demandé comment elle allait,
17:03puisque la dernière fois que je l'avais eue au téléphone,
17:05elle avait toujours du mal à dormir,
17:07elle avait fait plusieurs tentatives de suicide.
17:10Elle dit qu'elle va mieux aujourd'hui, elle dort toujours mal.
17:14Très souvent, elle a encore un couteau sous son oreiller
17:17quand il y a du bruit dans le noir.
17:19Elle ne s'est jamais vraiment sortie de cette affaire,
17:21elle a déménagé, elle n'habite plus dans le Val-de-Sambre.
17:25Et ce qui est important de dire aussi, et on en reparlera peut-être,
17:27c'est qu'il existe toujours un tabou dans cette région, sur cette affaire.
17:32Et aujourd'hui, la victime avec qui j'ai parlé
17:34n'en parle jamais à sa famille de cette affaire-là.
17:37Elle ne revient qu'une fois par an dans le Val-de-Sambre
17:38et elle n'en parle jamais.
17:39Mais il ne s'agit pas de dénier l'existence
17:42ou la souffrance des victimes, elle est fondamentale,
17:45il faut qu'on la comprenne aussi.
17:46Mais j'invite juste à réfléchir sur le fait que tant qu'on ne comprendra pas
17:50les raisons pour lesquelles des hommes agressent des femmes,
17:53violentent des femmes, on ne pourra pas lutter contre ce fléau.
17:57C'est tout ce que je dis.
17:58Dominique ?
17:59Sur l'avis après la condamnation, tout à l'heure, Paul Bensussan,
18:01alors je ne sais pas si c'est vrai, mais nous disait,
18:04il a des visites, sa femme vient le voir, ses enfants viennent le voir,
18:07il y a un frère qui vient le voir.
18:10C'est vrai, il a encore tout un tas de monde autour de lui,
18:14parce qu'en général, dans ce genre d'histoire, dans 80% des cas,
18:17c'est que plus personne ne vient les voir.
18:20Alors volontairement, je ne parlerai absolument pas de la famille de M. Scala.
18:23Pour plusieurs raisons, c'est qu'ils sont victimes,
18:26comme beaucoup de familles, d'accusés d'un harcèlement, de violence même.
18:29Il y a eu plusieurs plaintes qui ont été déposées très graves.
18:32Sa fille, un jour, était enceinte de huit mois,
18:34elle a été agressée dans la rue, tapée.
18:36C'est des choses qu'on n'imagine pas, mais qui existent.
18:39Donc, je ne peux pas le dire.
18:42Il est entouré parce qu'il y a une vraie volonté
18:45de garder un lien avec l'extérieur, avec la vie.
18:48C'est quelqu'un qui, effectivement,
18:51outre le suivi psychologique, psychiatrique qu'il a mis en place,
18:55essaie de garder un lien avec l'extérieur.
18:57Anne Sordaigne, Elsa voulait réagir.
18:58C'était un homme très impliqué dans sa communauté,
19:01je crois, très considéré par ses concitoyens.
19:06Et ce qui a parfois pu empêcher le travail d'identification.
19:09Vous évoquiez le fait que, quand il a été interpellé,
19:11il avait revendiqué plus de crimes que ceux pour lesquels il était soupçonné.
19:16Est-ce que c'est correct ?
19:18Oui, c'est tout à fait.
19:20Est-ce que ça participe à votre conviction
19:22du fait que les 13 autres affaires d'agression et l'affaire de viol
19:27ne relèvent pas de ses actes puisqu'il ne les reconnaît pas ?
19:31Bien sûr, en fait, quand vous êtes avocate et que vous défendez des personnes,
19:35vous ne pouvez qu'être touchée ou impressionnée, même,
19:40par quelqu'un qui ne cherche pas à rester dans le silence
19:43ou qui ne se mûre pas dans le silence ou qui reste dans le déni.
19:46Donc, c'est des choses qui, effectivement,
19:49me permettent de défendre cet homme avec beaucoup de conviction, oui.
19:52Anne-Charlene.
19:53Oui, vous avez partiellement répondu à ma question entre-temps,
19:56mais il fait donc l'objet d'un suivi, j'imagine.
19:59Comment est-ce que ce suivi est mené ?
20:01Qu'est-ce qu'on apprend finalement ?
20:02Même si, évidemment, vous devez garder ces informations secrètes.
20:05Mais qu'est-ce qu'on apprend de ce que ça veut dire de lui aussi ?
20:08Et pourquoi est-ce que ça ne colle pas avec les affaires qui viennent ?
20:11Est-ce qu'il y a quelque chose qui a animé tout ça,
20:14qui l'essaye de comprendre où on en est de ce processus-là ?
20:17Oui, en fait, et tout détenu en France devrait avoir la possibilité,
20:23s'il en a l'envie, le souhait, le besoin surtout,
20:27de mettre en place un suivi psychologique et psychiatrique.
20:30Ça devrait être une obligation ?
20:32À mon sens, oui, c'est mon point de vue.
20:33Bien sûr, pour ce genre de crime, c'est fondamental.
20:35Pour protéger la société et les personnes qui sont victimes de violences,
20:40je pense qu'il faut vraiment qu'on arrive à mettre le doigt
20:42sur ce qui les amène à commettre ces crimes et ces délits.
20:46Et c'est vrai qu'un homme qui se comporte de manière violente avec les femmes,
20:50quelqu'un qui est prêt à s'ouvrir et à parler de ce passage à l'acte,
20:53je pense qu'il faut qu'on l'écoute.
20:56Dominique ?
20:57Maître, une peine de 20 ans pour 54 viols, agressions sexuelles,
21:03tentatives, il s'en sort bien, ça fait 4 mois et demi par dossier.
21:084 mois et demi de prison par dossier, il s'en sort bien, dit Noskala.
21:11Je dirais jamais, j'ai beaucoup entendu ça,
21:13je dirais jamais que quelqu'un qui prend une peine de 20 ans d'incarcération
21:17s'en sort bien.
21:18Je pense que c'est la façon dont est fait notre système.
21:21C'est pas les choses comme ça, mais je vous disais, 4 mois et demi par affaire.
21:25C'est pas les 20 ans, parce que je me mets du côté des victimes.
21:28Je suis victime, 4 mois et demi pour l'auteur de mon viol,
21:31dont mon agression sexuelle.
21:33Mais que ce soit clair, les victimes ont tous les droits.
21:36C'est-à-dire que les victimes, elles ont le droit de considérer
21:38que cet homme est un monstre, de souhaiter sa mort.
21:40Elles ont tous les droits, les victimes.
21:42La question n'est pas là, c'est quel est le devoir de notre société
21:45vis-à-vis de ces hommes ?
21:46On est obligé de s'intéresser à eux et d'essayer de comprendre.
21:49Dominique, quand même, pour remettre les choses,
21:51on en parlait tout à l'heure aussi, mais du côté hors normes,
21:53c'est-à-dire que vous qui avez l'habitude, malheureusement,
21:56de ces affaires-là, de ces affaires criminelles,
21:58c'est quelque chose qu'en dehors de Skala, ça n'existe pas.
22:01Vous n'aviez jamais vu un dossier comme celui-là ?
22:03Absolument jamais.
22:04Avant lui, il y a eu Roland Cazot, surnommé Le Chat à Bordeaux,
22:08qui escaladait des balcons et qui violait des femmes.
22:11Je pense qu'il était condamné pour 36 affaires.
22:14Il y en avait sûrement plus.
22:16Dans ce cas-là, lui, pour 54 affaires.
22:19Non, on n'a jamais eu un agresseur, un violeur en série,
22:25comme dit nos Skala en France.
22:28Il y a un profil des victimes qui a été établi ou pas ?
22:32Il y a une ressemblance dans les différents dossiers ?
22:35Ils sont là, ils ont 40 ans, donc c'est très souvent des femmes.
22:37Pour ça, ça paraît très variable.
22:38Ce sont des femmes, voire de très jeunes femmes,
22:40mais ce sont, c'est vrai que les...
22:42La plus jeune à 13 ans.
22:43Comme très souvent, en réalité.
22:44Au moment du procès, la plus jeune à 13 ans.
22:45Oui, et en réalité, les victimes de violences sexuelles,
22:48je pense qu'il faut arrêter...
22:49Non, mais là, on parle d'un seul auteur.
22:50Bien sûr, mais ce sont très souvent des femmes, tout à fait.
22:53Il n'y a pas de... ce sont des femmes.
22:55Nelson, venez réagir.
22:56Les victimes de Guy Georges se ressemblaient toutes,
22:59avaient toutes le même profil.
23:00Les disparus de Perpignan
23:01avaient tous à peu près le même profil, le même âge.
23:03Là, c'est quelque chose de différent.
23:04Pardon, Nelson.
23:05Le plus dingue aussi dans cette histoire,
23:06c'est qu'on a mis 30 ans à l'arrêter.
23:08Donc, c'est-à-dire qu'on ne trouvait pas l'auteur
23:10de tous ces faits-là et de tous ces crimes-là.
23:12Il y a eu plein de raisons qui ont expliqué cela.
23:15La première raison, je pense que c'est qu'on ne savait pas
23:17pendant tant d'années écouter les femmes, tout simplement,
23:19que dans les commissariats, on ne savait pas les recevoir,
23:23que la presse ne savait pas se saisir de ces affaires-là,
23:25que c'étaient des petits bouts d'articles,
23:27des entrefilés dans les dernières pages des faits divers.
23:32La question, c'est de savoir si aujourd'hui,
23:33est-ce qu'on le fait mieux dans cette région-là ?
23:35Moi, je m'y suis rendu.
23:36Donc, je suis allé voir dans les commissariats
23:38où les victimes étaient allées porter plainte
23:40et où il y avait eu des non-lieux parce qu'on les avait reçus
23:42en leur disant qu'il y avait un monsieur
23:44qui leur avait proposé de faire l'amour avec elle dans la rue.
23:47Et donc, du coup, la plainte était classée sans suite,
23:49alors que c'était une tentative et un viol.
23:53Les commissariats n'ont pas beaucoup changé.
23:55Je vous donne un exemple, le commissariat de Maubeuge,
23:58c'est un grand bâtiment et pour rentrer dans le commissariat,
24:00il y a une grande porte vitrée, il faut sonner.
24:03Et donc là, on vous demande à l'interphone pourquoi vous venez
24:06et sur quelle affaire vous voulez porter plainte,
24:09si vous voulez porter plainte.
24:10Et puis derrière vous, il y a des gens qui font la queue.
24:12Et donc, dans cette région où tout le monde se connaît un peu,
24:14on a tendance à ne rien dire et donc à taire ces histoires-là.
24:18Il y a juste une anecdote que je voulais vous raconter.
24:19Il y a quelques mois, il y a eu une réunion dans un village
24:23organisée par une association sur cette affaire-là
24:25pour que les victimes prennent la parole,
24:27pour qu'éventuellement d'autres victimes se déclarent.
24:29Il n'y a pas un seul élu de cette région-là qui est venu.
24:32Ils ont tous été invités.
24:34Il y a même plusieurs élus qui ont refusé que des affiches
24:37de cette réunion-là soient mises sur les affichages municipaux
24:40de leur commune.
24:41Donc, ça montre encore tout le chemin qu'il reste à faire
24:43pour que la parole des victimes soit recueillie
24:46et que les femmes soient écoutées.
24:47Je vous demande de rester avec nous encore un instant.
24:48Il y a beaucoup de questions de téléspectateurs.
24:50On va commencer à répondre à vos questions au 21 BFM.
24:56Avec Lisa.
24:57Lisa, les premières questions.
24:58Première question de Michel, 61 ans, qui nous écrit de Malakoff.
25:06Ah, pourquoi est-ce qu'on va le chercher ?
25:08Et j'ai même une autre question.
25:09C'est pourquoi ces faits-là avaient déjà été écartés
25:13dans le cadre de la procédure initiale ?
25:14C'est-à-dire que ces faits-là étaient déjà
25:17dans le dossier d'instruction initial ?
25:18Tous les faits-là, pas tous.
25:19Une immense partie, 80% des dossiers
25:21pour lesquels il a été entendu ce matin.
25:23Et qu'est-ce qui fait que ça revient alors ?
25:25C'est une question que j'ai posée à la juge d'instruction.
25:27Et qu'est-ce qu'elle vous dit ?
25:28Je ne sais pas si vous allez répondre,
25:29mais qu'est-ce qu'elle vous dit à ce moment-là ?
25:30Je ne peux pas, il y a vraiment le secret d'instruction
25:32qui s'impose à moi, mais ce qui est certain,
25:33c'est que nous, on va demander à ce qu'il y ait
25:35un certain nombre d'investigations qui soient menées
25:37pour essayer de comprendre ce qui est arrivé à ces femmes.
25:40Qu'est-ce qui fait que le besoin de tout tenter
25:44pour savoir ce qui est arrivé ?
25:46Et si on ne découvre rien,
25:48on ne découvrira rien, mais au moins,
25:50on aura fait tout ce qu'il faut pour essayer d'avoir la vérité.
25:53Juste une précision sur les faits, les nouveaux faits,
25:56ça va de 88 à 2009, c'est ça aussi ?
25:58Ce sont des dates que vous avez ?
25:5986 à 2009, ce sont des faits très anciens.
26:0186 à 2009.
26:02Ce sont principalement des agressions sexuelles.
26:0486 à 2009.
26:05Lisa ?
26:05Question de Laurie, 34 ans, qui nous écrit de ouïe dans les Yvelines.
26:08Dino Scala avait déjà réfuté des faits qui lui étaient reprochés.
26:11Là, est-ce qu'on n'est pas sûr qu'il va contester
26:13ces nouveaux faits potentiels ?
26:15Ça revient à ce que vous disiez tout à l'heure, effectivement maître.
26:16Oui, mais vous savez, moi, j'ai aussi été au procès.
26:19Lors de ce procès, à un moment donné,
26:20on l'accusait d'une tentative d'agression sexuelle,
26:23c'est-à-dire des faits pour lesquels il a encouré une peine bien moindre
26:25que pour une tentative de viol.
26:26Et spontanément, il a demandé à prendre la parole.
26:28Il a demandé au président de prendre la parole.
26:30Et il a indiqué en fait, je me souviens très bien de cette agression.
26:33Et en fait, j'avais l'intention de violer cette femme.
26:35Et ce qui m'a fait fuir, c'est une voiture.
26:38Donc, je pense qu'il faut que ce soit qualifié
26:39comme étant une tentative de viol.
26:41Donc, vous ne pouvez pas ne pas être touché
26:43par la sincérité de ce type de propos.
26:45C'est une auto-incrimination assez manifeste.
26:47Oui.
26:48Voilà.
26:48Mais je pense que la question qui vous est posée est inversée, justement.
26:51C'est-à-dire, vous avez dit plusieurs fois qu'il s'était auto-incriminé.
26:54Mais a-t-il déjà réfuté des faits pour lesquels il était réellement coupable ?
26:57Ce qui est certain, c'est qu'il y a eu une progression.
26:59Dès le début, il a dit qu'il y avait une quarantaine de faits.
27:01Et ensuite, c'est vraiment lors du procès
27:04qu'il a pu admettre de manière détaillée,
27:07au moment notamment où chaque femme est venue témoigner.
27:09De faits qu'il avait pourtant accusé dans un premier temps.
27:11De faits sur lesquels il avait été vague, flou,
27:14ou sur lesquels, effectivement, il y avait des dénégations.
27:16Pardon, mais quand il reconnaît, il se souvient de tout ?
27:19Il se souvient de chaque cas ?
27:20Ça dépend de chaque dossier.
27:21Quand ces victimes sont venues à la barre défiler par dizaines,
27:24littéralement par dizaines, il est capable de se souvenir de tout.
27:27Mais hélas, vous savez, la mémoire pose problème des deux côtés de la barre.
27:31Et c'est assez prégnant lors d'un procès,
27:34que ce soit ce type de procès ou un procès de moins grave,
27:38on va dire, de moindre gravité.
27:39Vous avez du côté des victimes une mémoire qui est aussi très fluctuante,
27:44très floue. La mémoire est très défaillante en réalité.
27:47Donc, ce qui est certain, c'est que la reconnaissance des faits,
27:50elle était planée entière.
27:52Et la demande auprès des victimes, il a demandé pardon à maintes reprises.
27:56C'était des demandes qui étaient très sincères de sa part.
27:59Le jour où il a été arrêté en février 2018,
28:01c'est le commandant Martins qui l'arrête,
28:04l'ancien patron des Colqueys à Lille.
28:07Et il l'arrête sur la route et il le ramène chez lui
28:09pour chercher d'éventuels indices.
28:12Et puis, ils se retrouvent tous les deux dans la chambre de Dino Scala.
28:14Et le commandant Martins, il pose une question,
28:16il le regarde et il lui dit combien ?
28:19Et Dino Scala répond, je ne sais pas, au moins 10.
28:23Plus de 10, oui.
28:24Il a été condamné pour 54 faits.
28:27Donc, ça veut dire qu'à ce moment-là, soit il ne se souvient pas de tout,
28:31soit il ne sait pas trop quoi dire, mais toujours est-il que...
28:34Soit il n'a pas envie de le dire.
28:35Alors, on parle d'un moment qui est un moment qu'on appelle off,
28:37c'est-à-dire avant même l'audition de garde à vue.
28:40Et il avoue déjà, ça fait à peu près 30 ans qu'il opère,
28:44ça fait 10 minutes qu'il est arrêté, il avoue déjà 10 faits.
28:46Il y a un soulagement à ce moment-là ?
28:48C'est ce qu'il décrit, oui, c'est ce qu'il décrit.
28:50Mais le plus important véritablement aujourd'hui,
28:53et c'est toute l'ambition de la Défense aujourd'hui de Dino Scala,
28:56c'est simplement qu'il ne soit pas condamné
28:59pour des faits qu'il n'a pas commis lui.
29:01Même si vous comprenez qu'on ne peut pas complètement
29:03faire reposer l'argumentaire sur le fait qu'il reconnaisse les faits.
29:06C'est ça qui semble un petit peu pauvre aujourd'hui,
29:08dans tout cas dans...
29:09Alors, c'est évidemment un argument qui vient de la Carte des Frances,
29:11mais ce qu'on a à dire de l'accusation, c'est de démontrer que c'est lui.
29:13Et là, c'est très, très pauvre, je vous l'assure aussi.
29:15Lisa.
29:16Une dernière question de Martine.
29:17Comment l'épouse de Dino Scala a-t-elle pu ne rien soupçonner ?
29:22Alors, je ne suis pas du tout...
29:24Je ne parlerai pas de l'épouse de Dino Scala
29:27qui subit un réel harcèlement et qui n'a pas à subir tout ça.
29:30C'est une question qui revient beaucoup à Nelson.
29:31Oui, ça va dans le sens de ce qu'il était,
29:34ou en tout cas de ce que tous ses proches décrivent,
29:35c'est-à-dire un mari aimant, un père aimant.
29:39C'est l'abîme dont parlent les experts.
29:40C'est-à-dire l'abîme, le gouffre entre ce qu'il a fait
29:43et ce qu'il était dans la vie de tous les jours.
29:45Mais la question est intéressante parce qu'en fait,
29:46on parle souvent de cette épouse-là,
29:48mais il y a eu une deuxième épouse, une première épouse
29:51qui est une ex-épouse dont il a divorcé.
29:53Et là, ça a été plus compliqué, c'est-à-dire qu'il a reconnu
29:57avoir agressé sexuellement la sœur de son ex-épouse,
30:01donc sa belle-sœur.
30:02C'était au début de son parcours criminel.
30:05Et après, selon moi, il n'a plus eu affaire,
30:09il n'a plus commis de viol ou d'agression sexuelle
30:12sur des femmes qu'il connaissait dans sa vie personnelle.
30:17Mais sa première épouse, en tout cas,
30:18il y avait eu des affaires qui avaient été tuées à ce moment-là.
30:20C'était dans les années 80.
30:21Mais les familles des accusés n'ont pas à subir les soupçons.
30:25Le nombre de fois où, dans des dossiers que je défends,
30:28j'entends des choses dramatiques venant de la famille des accusés,
30:31c'est totalement anormal et la société ne doit pas soutenir ça,
30:35doit protéger aussi la famille des accusés.
30:38Vous avez dix secondes.
30:39Dix secondes.
30:39Juste, c'est vrai qu'on parle toujours de la famille des victimes.
30:43Et vous savez, l'autre fois, on parlait de la mort de Louise,
30:46tuée par Owen Legrand, présumé innocent toujours,
30:48mais on entend toujours des gens qui disent
30:50« Ah, j'ai une fille de cet âge-là, je n'ose pas imaginer ».
30:53On n'entend jamais quelqu'un qui dit « J'ai un fils de cet âge-là,
30:56de l'âge de l'auteur présumé, je n'arrive pas à imaginer ça ».
31:00Merci à toutes et à tous.
31:02Merci Lisa, merci à vous qui nous avez envoyé vos questions ce soir.
31:05Merci maître, merci beaucoup d'avoir été l'invité ce soir du 20h BFM.