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Son spectacle autour de Michel Berger est un véritable succès, et il irradie dans le rôle du frère de la rabbine dans la série « Le Sens des Choses ». Le comédien Solal Bouloudnine est ce matin l'invité de Mathilde Serrell. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/nouvelles-tetes/nouvelles-tetes-du-jeudi-15-mai-2025-7181457

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Transcription
00:00Les Nouvelles Têtes avec vous Mathilde Serrel, ce matin votre invitée à 40 ans.
00:04Et pour conjurer sa peur de la faim, il enchaîne les débuts avec brio.
00:09Théâtre, cinéma, séries, le comédien Solal Bouloudnin est dans notre studio.
00:14Si tu crois un jour que tu m'aimes, et si ce jour-là tu as de la peine
00:21à trouver où tous ces chemins te mènent, et à me retrouver.
00:27Bonjour Solal Bouloudnin, vous avez envie de chanter la suite ?
00:31Oui, oui.
00:33Ça vous rassure si je vous dis que l'interview va durer 7 minutes 30, comme ça vous avez une idée de la fin ?
00:37Oui, c'est bien de savoir la fin, ça me rassure un petit peu.
00:41On a écouté Michel Berger parce que cette chanson, il l'a écrite, message personnel,
00:45pour à la fois Véronique Sanson dans son cœur, mais c'est François Zardy qui la chante.
00:50Et Michel Berger, en fait c'est le jour de sa mort, le 2 août 1992,
00:54que vous avez compris à 6 ans, 11 mois et un jour.
00:57Est-ce que dans la vie, il y avait une fin ?
00:59Oui, je passais mes vacances là-bas, la vie a fait que je fais passer mes vacances à Ramatuel
01:02et je me souviens très bien de cette annonce-là qui a résonné dans le poste.
01:07Et je me suis rendu compte qu'on pouvait mourir à cet âge-là, pas forcément vieux,
01:11et que la crise cardiaque aussi, j'ai appris ce qu'était une crise cardiaque à cette époque-là.
01:15Oui, parce qu'il est terrassé après un tennis.
01:17Voilà, c'est ça.
01:18Soudainement, et vous n'êtes jamais remis finalement de cette effraction en fait
01:22de ce que vous appelez la reine des fins, la mort dans la vie des gens ?
01:25Après en grandissant, je pense que ça a pris de plus en plus de place et que ça continue à en prendre.
01:30J'essaie de temporiser tout ça, mais c'est compliqué des fois.
01:32Vous avez construit, écrit et interprété tout un spectacle autour de cette angoisse, on peut le dire,
01:38et de Michel Berger, seras-tu-là qui est devenu maintenant la fin du début ?
01:43Vous l'avez renommé d'ailleurs, pourquoi ?
01:45Pour des raisons de droit.
01:48J'avais un petit peu deviné.
01:49C'est vraiment un succès, vous l'avez joué plus de 200 fois, vous le reprenez en tournée en ce moment,
01:54mais aussi à la rentrée.
01:56Et le but en fait, c'est de trouver une solution à cette histoire de fin.
01:59Vous en avez une, par exemple, on va écouter un extrait,
02:01ce serait de fixer la date de la fin dès la naissance.
02:04Alors quel mort on va se trouver, mon petit lapin ?
02:07Alors, il me reste soit une mort à 17, à 50, ou à 88 ans.
02:16Vous avez de la chance, les deux derniers, c'était 8 et 16 mois, et dans les deux cas par moyenne.
02:20Alors on part sur quoi ?
02:2188 ans, bien sûr.
02:27Alors, oui, 88 ans, c'est beau sur le papier,
02:31mais ça implique un AVC à 50 ans, avec ensuite 38 ans d'hémipégie,
02:34des complications respiratoires, un maïsème remancé, une trommage du sévère.
02:38En garde 50 ?
02:40En garde 50.
02:42Et ça continue, parce qu'elle aussi, la dame qui pianote très très vite.
02:49Vous avez compris que c'est vrai que parfois, quand on a rendez-vous avec des gens qui font d'administratif,
02:52ils pianotent tellement vite.
02:52Qu'est-ce qu'ils font ? Qu'est-ce qu'ils rondent comme ça ?
02:54Je ne suis pas cité par le monde du travail, moi, par ma femme aussi, qui tape très vite.
02:57Je pense que c'est souvent du fake, mais en fait, c'est vrai, il y a des gens qui ont ce pouvoir-là.
03:00Et puis, elle se lève, oh pardon, c'est la date de ma mort, ça m'a été fixé par mes parents.
03:03Oh, excusez-moi, je m'en vais, j'ai mon discours, tout est prévu.
03:06Et elle va mourir devant tout le monde.
03:07Et c'est vous qui mourrez, puisque vous faites tous les personnes.
03:09Oui, c'est moi, j'ai un trouble d'un coup.
03:12Vous faites un sur scène, évidemment.
03:14Ça vous a fait du bien, par exemple, d'écrire cette scène ?
03:17Cette scène, ce spectacle, de partager cette peur-là avec les gens,
03:21de se rendre compte qu'on avait cette même peur et d'en rire surtout.
03:23C'est ça qui m'a fait du bien, oui.
03:25Vous avez aussi une autre solution, il s'agirait de supprimer les débuts, au fond.
03:29S'il n'y a plus de début, il n'y a pas de fin.
03:31C'est ça, oui, c'est ça.
03:32Mais le problème, c'est qu'il y a tout le temps des débuts.
03:33On n'arrive pas à les empêcher.
03:34Alors vous, vos débuts, vous avez grandi à Marseille, vous êtes nés.
03:39Vos parents sont algériens, votre père est chirurgien.
03:41Vous avez une famille plutôt, on va dire, séfarade traditionnelle.
03:45Et vous imitiez, les jours de Shabbat, les hommes politiques.
03:49C'était la fête.
03:51Alors je crois que vous tenez très très bien votre Philippe de Villiers.
03:53Enfin, est-ce que vous l'avez toujours ?
03:55Ah là là, ça avait l'impression, le matin, je prends sa terre, faire Philippe de Villiers.
03:59Une petite phrase qu'on faisait beaucoup, c'était la pression.
04:03Écoutez, M. Mazerolle, on va pas se lancer d'étaler comme en 68, M. Mazerolle.
04:13C'est une phrase qu'il avait dit une fois, qu'il nous avait beaucoup rire avec les copains.
04:17C'est mon tube, Philippe de Villiers.
04:19Garçon à sketch, vous faisiez les nuls, les inconnus.
04:23Quand on vous demandait à l'école, qu'est-ce que tu veux faire plus tard, vous répondiez des spectacles.
04:27Vous avez aussi fait le faux Patrick Bruyel devant 200 personnes.
04:31Oui.
04:32Allez, on l'a ou pas ?
04:33Ah non, je l'ai pas là.
04:34Mais là, c'est rigolo, parce que pour Série Mania, on était au festival pour présenter les sens des choses.
04:38Il y avait Patrick Bruyel et j'ai chanté « Casser la voix » devant lui.
04:40Oh wow !
04:41Là, c'était pour moi, là, complètement de ma vie.
04:42J'ai dit « J'arrête ça ! »
04:44Ça y est, je peux mourir.
04:46C'est la fin.
04:47C'est la fin, ouais.
04:48Devant Patrick.
04:49Mais vous avez aussi, on le voit dans le spectacle, fait des faux JT.
04:53C'est absolument extraordinaire.
04:54On vous retrouve en enfant à côté d'une map-monde et d'une grosse enceinte.
04:58Et vous présentez les activités en tassant les fiches.
05:00Comme à l'époque, ouais.
05:01Comme à l'époque.
05:02À l'époque, il n'y avait pas de…
05:03Bah oui, c'était…
05:04Et puis finalement, ça s'est fait.
05:06Enfin, on en reparlera.
05:07On le découvrira aussi dans le spectacle.
05:10Et vous êtes vraiment génial dans tout ce que vous faites.
05:12Je le dis.
05:13Le dernier des Juifs de Noé Debris.
05:14Vous êtes le cousin.
05:15Vous êtes génial.
05:16Vous êtes extraordinairement drôle.
05:18Les touchants en frères de l'arabine de la série « Le sens des choses ».
05:21On en parlait à l'instant.
05:23Elsa Guedj, on l'avait reçue.
05:24Elle incarne cette adaptation libre du roman de Delphine Orvilleur « Vivre avec nos morts ».
05:29Et elle a reçu d'ailleurs le prix de la meilleure actrice à Cérimania.
05:33Vous avez un peu infusé aussi ces angoisses comme ça dans vos personnages.
05:39Noé Debris.
05:40Noé Debris.
05:40C'est là le boulot de Noé.
05:42Je vais répondre en tant que Noé.
05:43Ça va être un note évol.
05:44Mais ça, c'est votre pote.
05:45J'ai l'impression que vous faites pas mal de choses ensemble.
05:46Oui, j'ai la grande chance de travailler avec lui et que ça soit devenu un ami.
05:50Est-ce que c'est un fusé ?
05:51En fait, c'était bizarre.
05:53Ce sont des personnages qui doutent.
05:54Ce sont des personnages qui doutent.
05:55Oui, souvent.
05:56Ou alors qu'ils font dans le dernier des Juifs.
05:58Il fait semblant de ne pas douter.
05:59Mais on a l'impression qu'ils doutent vraiment.
06:00Il est un peu craigné.
06:00Mais c'est toujours des personnages très intéressants.
06:03Et qui sont toujours hyper différents.
06:04Et c'est ça qui est très jouissif à faire, en tout cas.
06:06La série Le sens des choses, on écoute un extrait.
06:10Ma sœur, il adore comprendre Le sens des choses.
06:11Qu'est-ce que je dois faire ?
06:13Et les gens, ils attendent des réponses et des certitudes.
06:17C'est exactement les deux trucs dont je suis complètement dépourvue.
06:21Les rabbins pleins de certitudes, c'est pas ça qui manque.
06:23C'est peut-être tous ceux qui cherchent autre chose, qui ont besoin de toi.
06:30Le dernier épisode a été diffusé sur Max le 9 mai.
06:33Il y a un article très élogieux dans le New York Times sur le sens des choses.
06:37Et finalement, c'est la même réflexion aussi que votre spectacle.
06:39C'est cette espèce de grande trivialité de la vie et d'immense gravité.
06:43Comment est-ce qu'on navigue entre les deux ?
06:45C'est ça le sens des choses.
06:46Et comment les écritures, au fond, ne sont pas des dogmes.
06:48Mais des choses à réfléchir pour avoir une notion un peu de comment on circule.
06:53Oui, comment on se sert de ça, comment on grandit.
06:55Et comment on accepte le doute aussi.
06:57Et finalement, le seul doute qu'on n'a pas, c'est la mort.
06:58J'ai l'impression que ça se retrouvait un peu entre la série et le spectacle.
07:02Et c'est aussi une rabbine libérale, Delphine Norvilleur.
07:06Comment ça se passe dans votre famille plutôt traditionnelle ?
07:08En fait, j'ai l'impression qu'on était des traditionnels, mais on était des libéraux sans le savoir.
07:11Et qu'en rencontrant ma compagne qui était dans le milieu libéral,
07:15j'ai compris qu'on était des libéraux et qu'on ne le savait pas.
07:16Parce qu'on mangeait du cochon et qu'on ne faisait pas vraiment les fêtes.
07:20Vous n'étiez pas très tradi.
07:21Vous n'étiez pas super tradi finalement.
07:23Non, pas tradi.
07:24C'était du cochon cachère.
07:25Donc c'était différent.
07:27À l'époque, on pouvait faire du cochon cachère.
07:29Mais là...
07:32Le cochon cachère, oui.
07:34C'est vrai qu'il y a toute une scène autour du pâté en croûte.
07:35Si, Nicolas Demand a compris.
07:37Et des cerfs.
07:38Toute une sorte de variété.
07:39Non mais il y a des choses qu'on apprend sur vous, Solal Bouludnine.
07:42Votre mère, elle vous a vraiment apporté un couscous au cinéma parce que vous aviez peur d'avoir faim ?
07:46Oui, ça c'est la vérité.
07:47Ça c'est vraiment la vérité.
07:48Et c'est le minimum.
07:50C'est le minimum, oui.
07:51Pour une séance, un bon film pour tenir, oui.
07:53C'est le minimum.
07:54Évidemment, problème de micro-ondes, tout ça.
07:56Où est-ce qu'on mange le couscous ?
07:58Et puis, finalement, vous vous énervez contre elle et vous lui dites
08:01« Mais moi, je m'en fous d'être juif. »
08:03Et vous allez voir le rab Mimoun qui vous dit
08:06« C'est pas grave ce que tu as dit, je m'en fous d'être juif. »
08:09La question, c'est « Qu'est-ce qui est grave alors ? »
08:11Oui.
08:12C'est la fameuse question que souvent, les rabbins vous répondent à une question par une autre question.
08:18Et c'est ce qu'ils me poseraient dans le spectacle.
08:20Oui, vous avez finalement cette stimulation de questionnement en permanence.
08:24On vous retrouvera aussi bientôt sur scène à plusieurs
08:27parce que vous allez transformer vos spectacles.
08:29Ce ne sera plus ce ratulat ou le début de la fin.
08:31Mais maintenant, ça va être une grosse dispute.
08:33Vous avez fait la mort et maintenant, vous vous attaquez à la colère.
08:35C'est ça, votre prochain projet avec votre compagnie ?
08:37Oui, on travaille sur un spectacle qui s'appelle « Pas de soucis »
08:39avec Olivier Veillon et Maxime Icolajac, qui sont mes compagnons.
08:43Et on travaille sur le conflit amical, qui est un sujet qui, je pense, a aussi pas mal de…
08:47Oui, le conflit amical.
08:49Moi, ça m'a fait penser à « Pour un oui, pour un non » de Nathalie Sarraute.
08:52Je pense qu'il sera un peu en ombre.
08:54C'est un peu un cousin de ce spectacle.
08:57En tout cas, vous êtes vibrillonnant, Solal Bouludin.
09:00On a hâte de vous retrouver sur scène.
09:02On peut vous retrouver aussi en ce moment au Théâtre de la Tempête
09:05dans une sorte de spectacle apocalyptique sur la fin de Marie-Antoinette.
09:08Oui, un spectacle totalement absurde et vraiment merveilleux de Nicole Genovese.
09:11Le rêve et la plante.
09:12Bravo, bravo à vous.
09:14Bonne route.
09:14Et puis, vous ne nous avez pas fait Patrick Brousseau, mais vous le tenez bien.
09:17Je l'ai, je l'ai, Patrick.
09:18Je le sais.
09:19Bonne route.
09:19Merci.
09:19Merci.

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