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00:00Bienvenue dans les récits extraordinaires de Pierre Bellemare.
00:08Un podcast issu des archives d'Europe 1.
00:11Si je vous disais qu'une femme est partie de chez elle, en abandonnant tous ses vêtements, son manteau de fourrure, son nécessaire de maquillage et ses bijoux, vous ne me croiriez pas.
00:21Et si j'ajoute qu'elle est partie en laissant tout son repassage en train, vous le croirez encore moins.
00:27Bien plus, vous trouverez la chose extraordinaire. Et c'est bien normal.
00:32Donc une femme a disparu. C'était aux Amériques, il n'y a pas si longtemps, et je n'ai pas le droit de prononcer ici les noms.
00:57Par contre, New York est suffisamment grand pour que l'anonymat y trouve son compte.
01:04Nous sommes donc à New York, dans le quartier de Manhattan.
01:07Une femme marche dans New York, deux jours à peine après l'assassinat du président Kennedy.
01:12Le monde entier a encore les yeux braqués sur ce petit film fascinant que les télévisions passent et repassent, en le noyant de commentaires affolés.
01:22Un président, un homme jeune, meurt au ralenti dans toutes les vitrines des magasins, dans tous les halls d'hôtel, dans tous les snack bars.
01:30Il meurt des millions de fois sur des millions de téléviseurs, devant des millions de regards.
01:35« Cette femme qui marche dans Manhattan, nous ne la verrons pas longtemps. Nous ne sommes même pas sûrs de la voir.
01:44Nous n'avons qu'un témoin, un marchand de journaux qui dit l'avoir aperçu sortant de chez elle et passer devant son kiosque.
01:51Il dit qu'il en est sûr.
01:54Si c'est le cas, nous avons trente secondes de certitude. »
01:59Mildred est sorti de chez elle.
02:03Ceci ne nous apporte rien, sinon une complication supplémentaire dans l'enquête ultérieure.
02:08Enfin, admettons que Mildred marche dans les rues de New York ce jour-là.
02:14Qui s'en inquiète ?
02:16Son mari peut-être ?
02:18Un drôle de mari.
02:20Une armoire à glace de mari.
02:22Un Allemand de 100 kilos.
02:23C'est Fritz.
02:25Il a 50 ans.
02:27C'est un ancien prisonnier de guerre.
02:29De France, il a gagné les États-Unis et plus ou moins changé de nom, mais pas de tempérament.
02:36Vous savez, il y a comme cela des êtres qui sont extérieurement et physiquement,
02:40ce qu'ils sont intérieurement et moralement.
02:43Fritz est une brute au visage lourd et aux membres épais.
02:46Il aime la violence, la cultive.
02:49Il l'exprime continuellement sous le moindre prétexte.
02:51Quand il demande à boire, c'est en tapant sur la table avec son verre.
02:54Quand il dit bonjour, c'est en cognant sur l'épaule de l'autre.
02:57Quand il rit, c'est un tonnerre et quand il parle, il gueule.
03:01Ah oui, ça, il gueule, il n'y a pas d'autre expression.
03:04Ce drôle de mari ne vit plus avec sa femme depuis plusieurs mois.
03:08Depuis une dernière et ultime bagarre conjugale.
03:12Il a fait sa valise et il a disparu dans New York.
03:16On est au courant de cette dernière bagarre dans l'immeuble au Mildred Abitzol désormais.
03:20Pour simplifier, disons que Fritz a traité une dernière fois sa femme de putain, pardonnez-moi, et a disparu.
03:29Mildred mérite-t-elle ce petit nom assorti d'un grand P ?
03:33Indiscutablement.
03:34Ancienne barman prise à vingt ans dans l'engrenage de la prostitution organisée,
03:40Mildred a fait partie longtemps de cette corporation.
03:43Jolie, ronde, rousse et assez élégante,
03:45on ne l'a pas mise carrément sur le trottoir,
03:47mais elle a servi d'égérie à plus d'un gangster d'occasion.
03:51D'autre part, son métier de barman à Manhattan lui procurait des occasions qu'elle ne refusait pas, bien entendu.
03:58Alors est arrivé l'énorme Fritz.
04:00D'une pointe de fer, il s'est à juger Mildred et a déclaré « Je t'épouse ».
04:05« Je te sors de ce milieu de pourri, je fais de toi une femme honnête.
04:08Tu m'aimes, tu m'obéis,
04:10et si je te vois avec un autre homme,
04:13je coisse tout, et toi avec. »
04:17On ne peut guère être plus clair.
04:19Ce beau mariage dure cependant près de dix ans.
04:22Mildred se range, Fritz ne boit plus,
04:24et puis Fritz se remet à boire et à taper sur la table.
04:29Il soupçonne Mildred de relations extra-conjugales, à tort ou à raison.
04:33Bagarre, scène à répétition, puis rupture.
04:37Mildred vit seul depuis près d'un an,
04:39et depuis près d'un an, nul n'a revu le vilain Fritz à Manhattan.
04:45Au moment où s'ouvre ce dossier extraordinaire,
04:47nous sommes donc le 24 novembre 1963,
04:50deux jours après l'assassinat du président Kennedy.
04:53Aucun rapport, évidemment,
04:55si ce n'est l'ambiance particulière
04:57qui règne aux Etats-Unis à cette époque.
05:00L'appartement de Mildred est vide,
05:03mais vide de sa présence seulement.
05:05Les meubles sont là, ses vêtements aussi.
05:08La salle de bain présente le léger désordre habituel.
05:11La cuisine n'est pas rangée.
05:13Il y a des assiettes sales dans l'évier,
05:16une poubelle non vidée,
05:17et sur la table, une pile de linge à repasser.
05:19Le fer est à côté, débranché.
05:22Le réfrigérateur est plein de victoires.
05:25Un mois passe.
05:27La porte est enfermée à clé normalement,
05:30et aucun bruit, aucune odeur suspecte.
05:32N'ayant attiré l'attention des voisins,
05:35on pense dans l'immeuble que Mildred est parti en voyage.
05:38Or voici que sonne à la porte un homme.
05:41C'est le frère de Mildred.
05:44Comme il n'a pas vu sa sœur depuis longtemps,
05:46qu'il n'en a pas de nouvelles,
05:48il vient voir comme ça en passant ce qu'elle devient.
05:52Pas de réponse.
05:54Alors il ouvre avec un double des clés
05:55qu'il possède depuis longtemps,
05:57du temps où il venait passer le week-end chez sa sœur,
05:59et il fait le tour de l'appartement.
06:02Il voit la vaisselle dans l'évier,
06:04le linge à le fer à repasser.
06:07Il pense que Mildred est sorti,
06:08il pense aussi que son mari est revenu,
06:09qu'a, sur la table à repasser,
06:11étalé bien à plat.
06:13Il remarque une chemise d'homme au large col,
06:15un col de la dimension du cou de Fritz.
06:19Alors il repart et puis il revient quelques jours plus tard.
06:23Mais le décor n'a pas changé.
06:26« Tiens, » se dit le frère,
06:28« ma sœur en a eu marre,
06:30elle a dû faire ses bagages,
06:32Fritz a dû revenir,
06:34les bagages ont dû recommencer
06:35et elle est partie en claquant la porte.
06:37Elle a bien eu raison,
06:38ce type est impossible.
06:39Il ne s'inquiète pas outre mesure.
06:43Mildred n'a jamais eu l'habitude
06:44de tenir sa famille au courant de ses déplacements.
06:47Même ce départ précipité
06:48ne lui apparaît pas comme anormal.
06:51Simplement, il va s'employer
06:52à débarrasser l'appartement petit à petit.
06:55Il évacue les meubles chez ses parents,
06:57disperse le linge,
06:59fait des cartons de tous les bibelots,
07:02bref, déménage,
07:03puisque l'appartement est en location
07:04et qu'il faut bien le libérer.
07:06Au bout de quelques mois,
07:09cependant, le frère de Mildred
07:10fait une demande de recherche
07:12dans l'intérêt des familles.
07:14Et c'est là qu'on s'aperçoit
07:15d'une chose troublante.
07:18Plus de Mildred,
07:19mais plus de Fritz non plus.
07:22On retrouve la voiture du mari
07:23abandonnée dans un quartier éloigné.
07:25Elle est là depuis longtemps.
07:28Ensuite, dans une consigne de gare,
07:30on retrouve une valise,
07:31celle de Fritz.
07:31La valise que Mildred
07:34lui avait préparée
07:35le jour de leur rupture
07:36et on l'avait vu partir avec.
07:38Je vous rappelle que cette rupture
07:39se situe un an
07:40avant la disparition de Mildred.
07:44Rôle d'affaires.
07:46Fugue et double fugue.
07:49Ou suicide et double suicide.
07:52Ou enlèvement et règlement de compte.
07:58Meurtre et double meurtre.
08:01Espionnage ?
08:04Une perquisition dans l'appartement
08:06est pratiquée sans grand espoir.
08:09Des enquêteurs le retrouvent
08:10dans l'état où l'a laissé
08:11le frère de Mildred,
08:12vide et sale.
08:14Il n'y traîne que
08:15de vieux papiers d'emballage
08:16et tout cela sur un tapis de poussière.
08:20Aucun espoir d'un indice quelconque.
08:23D'ailleurs, préoccupé par les morts
08:24en série qui font suite
08:25à l'attentat de Dallas,
08:27la police a autre chose à faire.
08:28Les récits extraordinaires
08:37de Pierre Belmar,
08:38un podcast européen.
08:40Pour prendre l'enquête par un bout
08:41et retrouver au moins
08:42l'un des deux disparus,
08:43la police se décide
08:44à faire appel à la presse.
08:46Fritz le mari
08:47est l'objet principal
08:48de cette recherche.
08:49Pour plusieurs raisons.
08:51On le soupçonne bien sûr
08:52et aussi
08:52parce que sa piste
08:54est plus intéressante.
08:55voiture,
08:57valise
08:57et deux séjours
08:59dans des hôtels différents
09:00sous un nom d'emprunt.
09:02Chance pour la police,
09:03un homme reconnaît Fritz
09:04sur la photo
09:05parue dans les journaux.
09:07Par lui,
09:07on remonte jusqu'à une femme.
09:09C'est la maîtresse de Fritz.
09:11Et voilà Fritz,
09:13confortablement installé
09:14dans un appartement
09:14d'West Side,
09:16chômeur.
09:17Il accueille les policiers
09:18avec un flègue métrange
09:19chez un violent tel que lui.
09:21« Je vous attendais.
09:24D'ailleurs,
09:25je m'apprêtais
09:25à aller vous voir.
09:27J'ai lu les journaux,
09:28alors...
09:29Enfin,
09:29qu'est-ce qui se passe ?
09:31Ce qui se passe ?
09:33Eh bien,
09:34c'est bien entendu
09:35à lui de le raconter.
09:36Sa version est simple.
09:38Il n'a pas revu sa femme
09:39depuis plus d'un an,
09:40depuis leur fameuse rupture.
09:42Ce soir-là,
09:42il s'est rendu compte,
09:43dit-il,
09:44que Mildred
09:45avait repris son métier.
09:47Son sac était bourré
09:48d'argent
09:48et son corsage aussi.
09:49Alors,
09:49tout simplement,
09:50il lui a administré
09:51une dernière volée
09:52et puis il est parti.
09:54Qu'il ait profité
09:55de cet argent,
09:56c'est sûr.
09:57Mais,
09:58quand on est chômeur,
09:59ne fait pas toujours
10:00ce qu'on veut, hein ?
10:01Qu'il ait abandonné
10:02sa valise à la consigne
10:03n'a rien d'étonnant.
10:05Une valise minable
10:06avec pas grand-chose dedans.
10:08Qu'il ait habité
10:09dans un hôtel
10:09sous un autre nom,
10:11c'est sans importance,
10:12dit-il.
10:13Il a deux noms,
10:14un allemand
10:14et un américain.
10:15Il se sert de l'un
10:16ou de l'autre
10:16sans y penser.
10:18Quant à sa voiture,
10:18il l'a abandonné
10:19parce qu'il ne pouvait
10:20plus payer l'assurance.
10:22Et c'est vrai.
10:25Pourquoi y avait-il
10:25une chemise à lui
10:26dans l'appartement ?
10:29Ben, ça,
10:29il l'ignore.
10:31Oh,
10:31une vieille,
10:31sans doute.
10:32Que pense-t-il
10:34de la disparition
10:36de sa femme ?
10:38Oh,
10:38à son avis,
10:38c'est une histoire
10:39de traite des blanches.
10:41Mildred avait quitté
10:41le circuit de la prostitution
10:43pour se marier
10:43et depuis,
10:44elle subissait
10:45des pressions
10:45de tous les côtés.
10:47Quand on a plongé
10:48une fois la tête
10:48dans ce circuit,
10:49on ne s'en sort jamais.
10:51D'ailleurs,
10:52Mildred le menaçait
10:53toujours de signer
10:54un contrat pour le Liban.
10:56Si ça se trouve,
10:56elle y est au Liban.
10:58La police la cherche
10:58par là.
11:02Précisons bien
11:02la situation.
11:04Même si tout le monde
11:05pense que Mildred est morte,
11:06il n'y a pas de cadavre.
11:08Or,
11:09sans cadavre,
11:10pas d'assassin.
11:12Et les policiers
11:13s'en retournent.
11:14Ils reviennent
11:15d'interroger Fritz
11:16et s'en retournent
11:17à nouveau.
11:19Il n'y a rien à faire.
11:20Sa position est immuable.
11:22Il sent bien
11:23qu'on le soupçonne,
11:23mais il ne s'énerve pas.
11:25Au contraire,
11:26le voilà qui affirme
11:27« Après tout,
11:28c'était quand même
11:29ma femme.
11:31Je vais chercher
11:32de mon côté. »
11:35À bout de ressources,
11:35la police l'enferme.
11:37Le délai
11:38de garde à vue
11:39expire.
11:40Et rien.
11:42L'inspecteur
11:42chargé de l'enquête
11:43est persuadé
11:44que Fritz a tué
11:44sa femme.
11:45Il en est sûr.
11:46Sûr comme deux
11:46et deux font quatre.
11:48Ce sont des choses
11:48qui ne se discutent pas.
11:50Mais pas le moindre
11:51bout de preuve,
11:52rien qu'une certitude.
11:55L'affaire retombe
11:56dans l'oubli.
11:56Deux années passent.
11:59Deux années passent
12:00pendant lesquelles
12:00Fritz disparaît
12:02à nouveau
12:02de la circulation.
12:03Il en a le droit.
12:05La mort dans l'âme,
12:06la police a mis de côté
12:07l'affaire Mildred.
12:09Aucun cadavre
12:09n'ayant pu s'identifier
12:10elle a disparu.
12:13Un monsieur
12:13qui repère son appartement
12:14parce qu'il le trouve sale.
12:16Rien de plus classique.
12:19Douglas Miller
12:19est un Américain
12:20bien tranquille,
12:21nantie d'une femme,
12:23de deux enfants
12:23et d'un chien.
12:24Il est petit fonctionnaire
12:25à l'ONU.
12:27Depuis un an et demi
12:27qu'il habite cet appartement,
12:29il se promet tous les week-ends
12:30de repeindre la salle de séjour
12:31et tous les week-ends
12:32il se trouve une excuse.
12:34Mais cette fois,
12:35Douglas Miller
12:35est au pied du mur.
12:37Tout le samedi,
12:38il gratte et lessive
12:39sous l'œil autoritaire
12:40de sa femme.
12:41Ah, il faudrait bien échapper
12:42au plus dur,
12:43mais elle ne veut rien savoir.
12:45Cette espèce de bibliothèque
12:47en contreplaqué
12:48dans la niche
12:48à droite de la cheminée
12:50l'a toujours énervé.
12:51Un vrai nid à poussière.
12:52« Enlève-moi tout ça ! »
12:54« Quand tu auras dégagé la niche,
12:56on y mettra la télé ! »
12:58Douglas Miller
12:59n'a plus qu'à obéir.
13:00À quatre pattes,
13:01le voilà qui arrache
13:02le contreplaqué.
13:03Une sorte de
13:04bas de caisse,
13:06ça résiste.
13:07Douglas
13:08n'a fait qu'une petite ouverture
13:09par laquelle
13:09il engage son bras.
13:13Il y a un grand vide
13:14derrière le contreplaqué.
13:15Douglas Tati
13:19descend quelque chose
13:21de bizarre
13:22sous ses doigts.
13:24Oh, un
13:24un tas de vieux vêtements
13:26ou de chiffon, sûrement.
13:31Ah, il s'en souviendra
13:32longtemps,
13:34Douglas Miller,
13:34du jour où il a repeint
13:35son living room.
13:39C'est ce jour-là
13:40qu'il a découvert
13:40une momie.
13:41Une momie du XXe siècle,
13:45d'environ quatre ans d'âge.
13:48Il ne reste sur le corps
13:49desséché qu'une touffe
13:50de cheveux,
13:52un bas serré autour du cou,
13:53une robe noire,
13:54une paire de chaussures
13:55et un sac
13:57avec des papiers
13:59d'identité.
14:03Le corps de Mildred
14:04est impressionnant.
14:06Le manque d'air
14:07en a fait une sorte
14:08de Ramsès II moderne
14:09devant lequel
14:11les médecins légistes
14:12sont perplexes.
14:14Heure et jour
14:15de la mort.
14:17Allez donc savoir.
14:20Cause de la mort.
14:22Apparemment,
14:22le bas autour du cou,
14:23mais il peut s'agir
14:25d'une mise en scène.
14:28Ah, bien entendu,
14:28on recherche à nouveau
14:29le mari, Fritz.
14:31On le trouve, d'ailleurs.
14:32On l'appréhende.
14:34Et on l'enferme de nouveau.
14:36À présent,
14:37l'inspecteur a un cadavre.
14:38Et la seule personne
14:39qui, de l'avis de tous,
14:41est un mobile,
14:41c'est lui.
14:42Le mari, violent et jaloux.
14:45Il battait sa femme.
14:46Elle avait peur de lui.
14:47Tous les voisins le confirment.
14:49Depuis qu'il était parti,
14:49Mildred n'était plus la même.
14:51Elle semblait redouter
14:52quelque chose.
14:54Fritz prétend qu'elle redoutait
14:55ses anciens souteneurs.
14:57Le frère de Mildred
14:58prétend qu'elle redoutait Fritz.
15:01Le juge d'instruction
15:02recueille le témoignage
15:03d'un couple qui a connu Mildred
15:04pendant cette période.
15:06Ils ont appris l'histoire
15:07par les journaux
15:08et se présentent
15:09spontanément pour déclarer.
15:11Un jour, Mildred nous a dit
15:12« Tu vois,
15:14si on retrouve un jour
15:14mon cadavre,
15:16l'assassin,
15:17il sera facile à identifier. »
15:20Et voilà le juge
15:21persuadé à son tour,
15:22convaincu comme l'inspecteur,
15:23que Fritz a tué sa femme.
15:25« Mais je ne l'ai pas tuée.
15:27Mais si je l'avais fait,
15:28je n'aurais pas enfermé là
15:29pour qu'on la trouve
15:30un jour ou l'autre.
15:31Ou alors,
15:32je n'aurais pas laissé ses papiers.
15:33Je vous dis qu'elle s'est fait avoir
15:35par un type de la mafia.
15:37Mais pourquoi la valise
15:38et la consigne ?
15:39Pourquoi la voiture abandonnée ?
15:41Pourquoi changer d'identité ?
15:43Mais ça n'a rien à voir.
15:45Je me suis déjà expliqué.
15:47Vous avez tué votre femme
15:47par jalousie.
15:49Je lui ai cogné dessus
15:50par jalousie
15:50et puis je suis parti
15:51avec une autre femme.
15:53Je vivais avec elle
15:53depuis un an
15:54quand Mildred
15:54a soi-disant disparu
15:55et je me moquais bien
15:57de ce qu'elle pouvait devenir. »
16:00Pendant deux ans,
16:01Fritz tient bon.
16:01C'est un duel
16:02entre le juge et lui,
16:03une lutte personnelle.
16:05L'un dans sa prison,
16:06l'autre dans son bureau.
16:08L'un faisant venir l'autre
16:09dans sa prison pour dire
16:10« C'est quand que vous
16:11m'en lâchez, juge ? »
16:13L'autre faisant venir l'un
16:15dans son bureau pour répondre
16:16« Vous avouez quand, Fritz ? »
16:19Mais Fritz
16:20est un géant sans faille.
16:23Le juge s'en aperçoit
16:24tous les jours un peu plus.
16:25Pas de nerfs,
16:28de la violence à l'état pur.
16:30Pas de cerveau
16:31ou de machine à dire non.
16:33Toutes les ressources
16:34de la psychologie,
16:35toutes les astuces
16:36de la science criminelle,
16:37toute l'intelligence
16:37du magistrat instructeur
16:38se cognent
16:39et s'écrasent lamentablement
16:41sur cette montagne
16:42appelée Fritz.
16:44S'il a tué sa femme,
16:46on en vient à penser
16:47qu'il a accompli ce geste
16:48comme un rouleau-compresseur
16:50nivelle à talus,
16:51sans autre explication
16:52que de niveler à talus.
16:55Il a bien fallu,
16:55quelques années plus tard,
16:57oui, il a bien fallu
16:58délivrer un non-lieu
16:59au rouleau-compresseur.
17:02On l'a cherché partout
17:03pour lui signifier
17:04son état d'innocent officiel.
17:07Mais on n'a jamais pu
17:09car le rouleau-compresseur
17:10avait disparu.
17:13Il était peut-être
17:13le seul innocent officiel
17:15du monde
17:16qui n'avait pas besoin
17:17qu'on le lui dise.
17:20Ou bien
17:21le seul coupable
17:24qui s'en moquait
17:25éperdument.
17:36Vous venez d'écouter
17:38les récits extraordinaires
17:40de Pierre Belmar.
17:41Un podcast
17:42issu des archives
17:43de Repin.
17:45Réalisation
17:46et composition musicale
17:47Julien Tarot.
17:48Productions
17:50Estelle Laffont
17:51Patrimoine sonore
17:52Sylvaine Denis
17:54Laetitia Casanova
17:55Antoine Reclus
17:56Remerciements
17:58à Roselyne Belmar.
18:00Les récits extraordinaires
18:01sont disponibles
18:02sur le site
18:02et l'appli Europe 1.
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