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Impulsé par le mouvement Me Too, le métier de coordinateur d’intimité se fait de plus en présent sur les tournages. Paloma Garcia Martens est coordinatrice d’intimité pour la télévision, le cinéma et les arts de la scène et nous partage les contours de son métier.

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Transcription
00:00Clairement, MeToo a mis le feu aux fesses des productions, de la société en général.
00:06C'est parfois un peu un choc de se rendre compte qu'on peut avoir des limites.
00:09Je suis coordinatrice d'intimité pour le cinéma, la télévision et les arts de la scène.
00:13L'idée c'est de chorégraphier les scènes de sexe simulées comme on chorégraphie une cascade ou un combat.
00:18Faire en sorte que ce soit le plus réaliste possible à l'image
00:20et en même temps que personne ne se touche les parties intimes et que ce soit du sexe simulé.
00:24C'est aussi le fait de coordonner le consentement.
00:26Alors la peur assez récurrente que la collaboration avec une coordinatrice d'intimité entrave le travail de la réalisation,
00:33je la comprends parce que c'est un métier qui est très nouveau.
00:37On nous apprend qu'on doit créer une relation de confiance avec nos acteurs et nos actrices, mais on ne nous explique pas comment.
00:41Et donc quand une terse personne vient, ça peut vraiment effrayer et donner l'impression que la confiance n'est pas là,
00:47qu'on va avoir une forme de censure sur le travail, sur l'expression artistique.
00:52Au final, c'est plutôt une clarté sur les intentions, une clarté sur les besoins et les limites de chacun,
00:59parce qu'en fait un comédien qui a des limites mais qui ne les exprime pas ne pourra pas jouer de manière sereine.
01:04L'intervention de la coordination d'intimité vient vraiment accompagner la mise en scène
01:07pour faire en sorte qu'ils puissent obtenir la scène, le récit qu'ils veulent,
01:11mais en prenant compte des besoins des personnes qui les jouent,
01:15pour que ce soit la meilleure scène possible avec les actrices qu'on a choisis.
01:19En fait, les personnes qui sont plutôt réticentes, une fois qu'ils ont compris le fonctionnement,
01:23sont en général assez preneurs et preneuses et nous rappellent,
01:26parce qu'ils se sont rendus compte qu'effectivement ce n'est pas une censure, mais plutôt une plus-value.
01:31Je peux participer à une réécriture, mais je ne suis jamais seule.
01:34C'est toujours des propositions qu'on va faire à la mise en scène,
01:37que ce soit en amont ou parfois sur le plateau.
01:39Il faut avoir du respect pour le scénario, parce que c'est quand même un métier d'être scénariste,
01:42et ça a été étudié, ça a été travaillé.
01:44Pourtant ce n'est pas un texte sacré, il a été écrit pour être joué, pour être incarné.
01:47Et donc l'incarner, ça veut dire l'adapter.
01:50Plus de spécificité à un endroit où peut-être le terme est mal choisi,
01:52ou peut-être aussi parce que le comédien ou la comédienne a une limite par rapport à un terme précis.
01:56Peut-être que la comédienne est ok d'être insultée de tous les noms, mais pas de ce nom-là.
01:59On va m'appeler assez en avance, parfois même avant le casting,
02:03pour savoir rédiger les annonces de casting correctement, quand il y a du sexe simulé,
02:06parce qu'en fait, ça peut être une limite pour quelqu'un.
02:09Par exemple, on peut avoir une annonce de casting qui dirait
02:10Ce rôle contient de la nudité et du sexe simulé,
02:14mais peut-être que quelqu'un est ok avec un certain type de sexe simulé, mais pas un autre,
02:17un type de nudité, mais pas l'autre.
02:19Donc parfois, ça peut être utile d'avoir notre regard d'experte là-dessus.
02:23Mais ça m'arrive aussi qu'on m'appelle en milieu de tournage,
02:26ça m'arrive qu'on m'appelle trois jours avant.
02:28Évidemment, c'est des situations qui ne sont pas idéales.
02:31Il y a des moments où je me rends compte que c'est peut-être pas une bonne idée
02:34de venir dans ces productions-là, parce qu'en général,
02:38quand on nous appelle à la dernière minute,
02:39c'est qu'on n'a pas forcément pris en compte les vulnérabilités en amont.
02:43Parfois, il y a même des conflits entre la production et la mise en scène.
02:48On peut parfois être utilisé comme un pion.
02:49Pour que j'accepte de venir en dernière minute,
02:51il faut vraiment qu'il y ait une très bonne volonté des parties prenantes.
02:55J'ai l'impression aussi que je peux faire mon travail, malgré le délai très court,
02:58parce qu'en fait, la plupart de mon travail se fait en préparation, en amont,
03:01pour que ce soit le plus serein possible,
03:02pour que les comédiens et comédiennes puissent aussi réfléchir à leurs limites,
03:06autrement que dans l'urgence,
03:07parce que pour le consentement, on a besoin de temps.
03:09Clairement, MeToo a mis le feu aux fesses des productions,
03:14de la société en général.
03:15HBO a été la première, le premier studio à rendre ça obligatoire,
03:19en fait, en mettant son cahier des charges.
03:21Il faut une coordinatrice d'intimité sur chaque production HBO.
03:24Donc, c'est elle qui a lancé la danse.
03:26Maintenant, on est là.
03:27Ce n'est pas juste parce qu'on fait un film qui va passer à Cannes
03:29qu'on peut tout se permettre.
03:32– Sous-titrage Société Radio-Canada –
03:36– Sous-titrage Société Radio-Canada
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