Reçu avec tous les égards en Arabie saoudite, Donald Trump a empoché selon la Maison Blanche de pharaoniques promesses d'investissements et d'achats saoudiens, en particulier dans la défense et l'intelligence artificielle. Le président républicain, accompagné de plusieurs grands patrons dont son allié Elon Musk, avait promis d'encaisser de "gros chèques" pendant son déplacement, fidèle à son approche diplomatique transactionnelle.
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00:00Bonsoir à tous et merci de nous suivre sur BFM2.
00:03On va revenir ensemble sur ce déplacement du président américain,
00:07Donald Trump, en Arabie Saoudite.
00:10Pour en parler, on est avec Thierry Arnaud.
00:12Bonsoir Thierry, éditorialiste international à BFM TV.
00:16Cette visite en Arabie Saoudite, sur fond d'affaires,
00:21de contrats signés, de gros chèques, effectivement,
00:25avec des annonces qui tombent,
00:27c'est quand même plutôt surprenant de voir, comme cela,
00:32le président américain faire l'un de ses premiers déplacements à l'international
00:36depuis le début de son mandat en Arabie Saoudite, quand même.
00:40Alors, ça avait été à peu près la même chose au cours de son premier mandat.
00:43Et là, dès qu'il est arrivé à la Maison-Blanche au mois de janvier,
00:46il a expliqué que, pour dire les choses un peu brutalement,
00:49il mettait aux enchères, en quelque sorte, son premier déplacement.
00:51Alors, évidemment, il a quitté les États-Unis pour se rendre au funérail du pape François,
00:55mais c'est le premier déplacement officiel qui avait été organisé et prévu par la Maison-Blanche,
01:01pour une raison très simple qu'il met sur la table sans aucune équivoque.
01:06Il avait dit qu'il attendait de la part de l'Arabie Saoudite
01:10plusieurs centaines de milliards de dollars d'investissements.
01:13Quand il arrive, donc, au mois de janvier, à la Maison-Blanche,
01:16Mohamed Ben Salman, qui est de fait celui qui dirige l'Arabie Saoudite aujourd'hui,
01:21l'appelle et lui dit « ça ne seront pas les 300, 400 ou 500 milliards de dollars que vous demandez,
01:29nous allons investir 600 milliards de dollars pendant la durée de votre mandat ».
01:33Et donc, c'est sur cette base que le président américain choisit d'aller en Arabie Saoudite
01:37pour démarrer cette tournée de quelques jours au prochain Moyen-Orient,
01:41puisqu'il ira également au Qatar et dans les Émirats arabes unis.
01:44C'est l'un des pays qui peut se permettre, comme cela, d'investir dans de nombreux domaines vis-à-vis des États-Unis.
01:53Cette relation commerciale, c'est l'une des plus fortes.
01:55Quand on sait qu'il y a cette guerre aussi vis-à-vis d'autres pays ?
01:58Oui, alors clairement, ils ont les moyens.
02:00Ça a été confirmé aujourd'hui.
02:02Au moment où on se parle dans l'après-midi,
02:04Donald Trump est en train de s'exprimer devant un forum d'investissement.
02:08Plus tôt, il y a eu un protocole qui a été signé,
02:10qui a donc confirmé que ce serait au moins 600 milliards de dollars,
02:13puisque en descendant de son avion, Donald Trump, dans le plus pur style,
02:17Donald Trump a expliqué que 600 milliards, c'était très bien,
02:20mais que si ça pouvait être 1 000 milliards, ça serait encore mieux.
02:23Toujours est-il qu'en attendant, ces contrats évalués à 600 milliards de dollars
02:29pour la partie américaine ont été conclus.
02:31Il y a notamment plus de 140 milliards, 142 milliards de dollars
02:34qui concernent des contrats d'équipement militaire et de défense qui ont été annoncés.
02:39Donc voilà, l'objectif de ce voyage au nom des États-Unis est parfaitement clair,
02:46sachant évidemment qu'il y a une autre dimension,
02:49c'est qu'il y a le business des États-Unis d'un côté,
02:51et avec Donald Trump, il y a le patron Boeing,
02:54il y a le patron de BlackRock,
02:55il y a Mark Zuckerberg, le patron de Facebook,
02:58il y a évidemment Elon Musk et toute une délégation comme ça
03:00de grands patrons américains qui sont venus enregistrer des commandes.
03:05Mais il y a aussi, bien sûr, en filigrane, le business de la famille Trump
03:10qui, évidemment, compte beaucoup dans cette région.
03:13Oui, là, on est dans des déplacements vraiment d'affaires plus que diplomatiques.
03:17En fait, c'est ce que cherche Donald Trump, on a l'impression, depuis le début de ce mandat.
03:21Alors évidemment, il conteste qu'il joint l'utile pour la famille Trump
03:25à l'utile pour les États-Unis.
03:28Il explique qu'il n'y a pas de conflit d'intérêts,
03:29notamment en raison du fait que ce sont aujourd'hui ses deux fils
03:32qui dirigent l'Empire Trump, si l'on peut dire.
03:36Mais enfin, quand on regarde ce qui s'est passé ces dernières semaines,
03:39la semaine dernière, son fils Eric était à Dubaï
03:41et il a annoncé la construction d'un complexe hôtelier de 80 étages
03:45et d'une résidence à Dubaï.
03:48La semaine d'avant, il était au Qatar,
03:50où il a expliqué qu'on allait construire un golf de 18 trous
03:53qui porterait le nom de Trump, le tout pour 5,5 milliards de dollars.
03:58À Abu Dhabi, où il sera un peu plus tard dans la semaine,
04:01on a appris il y a quelque temps que ce sont 2 milliards de dollars
04:07qui seraient investis dans le business des crypto-monnaies
04:10lancées par la famille Trump.
04:12Donc, on est obligé de constater que les pays dans lesquels il se rend
04:18aujourd'hui et dans les jours à venir
04:20font littéralement pleuvoir des milliards sur la famille Trump.
04:24Sans parler, bien sûr, de ce fameux Boeing,
04:27de ce fameux Jets promis par le Qatar.
04:29Parce que, voilà, dans la suite de ce déplacement,
04:32après l'Arabie Saoudite, Donald Trump va donc se rendre notamment au Qatar
04:35avec ce cadeau dont on parle beaucoup,
04:38Thierry, cet avion,
04:40donc ce nouvel Air Force One, en quelque sorte,
04:44mais attribué à Donald Trump plus qu'aux États-Unis.
04:47C'est un peu ça.
04:48Oui, c'est ça. Pour rappeler un petit peu l'historique du sujet Air Force One,
04:53qui est un sujet délicat,
04:54les Boeing 747 qui sont mis à la disposition du président,
04:58alors, petite anecdote au passage,
05:00Air Force One, c'est n'importe quel avion à condition que le président soit dedans.
05:04Ce n'est pas forcément le Boeing 747.
05:06En fait, c'est le fait que le président monte à bord d'un avion
05:08qui fait que l'avion porte le nom de code Air Force One.
05:11Mais je referme la parenthèse.
05:13Donc, il a ses Boeing 747.
05:15Je dis « c'est » parce que quand le président américain se déplace,
05:18deuxième petite anecdote au passage, tout est en double.
05:21Il y a toujours un sperre.
05:23Donc, il y a deux Boeing 747, de la même manière qu'il y a deux limousines,
05:26deux hélicoptères, etc.
05:27Voilà.
05:28Bref, ils sont plutôt en fin de vie.
05:29Donc, il y a eu un contrat passé pour le renouvellement de ces avions
05:35qui a pris beaucoup de retard parce que, notamment en raison d'ailleurs
05:41du durcissement des lois sur l'immigration qui a limité la main d'œuvre
05:45à laquelle on pouvait faire appel.
05:47Contre-coup au final de ces mesures.
05:49Bref, tout ça a pris beaucoup de retard.
05:51Les budgets n'ont pas été respectés, ce qui agace beaucoup Donald Trump
05:55qui s'est mis en quête d'une solution alternative.
05:58Et donc, le Qatar, sentant une bonne opportunité, a dit
06:02« Écoutez, voilà, nous avons un Boeing 747 disponible, 400 millions de dollars. »
06:09Alors, étant entendu que le Boeing qui est mis à la disposition aux Etats-Unis,
06:12il faudra le rétrofiter, comme on dit dans le jargon de l'aéronautique,
06:16c'est-à-dire évidemment l'équiper de tout ce qui est nécessaire pour...
06:19Et vous imaginez les équipements de sécurité en particulier
06:22dès lors qu'un président américain monte à bord de cet avion.
06:26Mais évidemment, ce projet a suscité, c'est le mot qu'on puisse dire,
06:31beaucoup de remonts aux Etats-Unis,
06:33parce que voir un président américain voler à bord d'un avion
06:37qui a été offert par le Qatar, c'est quand même un peu curieux.
06:43Évidemment, sans précédent, d'autant qu'il y a des conditions de ce truc
06:50qui sont un peu bizarres, puisqu'on explique qu'en fait,
06:52il sera mis à disposition de Donald Trump.
06:54Il servira d'Air Force One le temps que les prochains avions qui étaient prévus arrivent
06:57et qu'ensuite, il serait exposé dans ce qu'on appelle la bibliothèque.
07:04Mais en gros, tu sais qu'à la fin de chaque mandat d'un président,
07:08ou de ces deux mandats, il construit sa library, sa bibliothèque,
07:12ce qui n'est pas seulement une bibliothèque,
07:13mais une sorte de musée dédié à la présidence, en l'occurrence, de Donald Trump.
07:19Et donc, il a été expliqué que l'avion serait exposé de la même manière
07:24qu'il y a un vieil Air Force One qui est par exemple dans la bibliothèque
07:27entre guillemets de Ronald Reagan en Californie.
07:30Donc, voilà tout le contexte qui est quand même assez extraordinaire
07:34au sens propre du terme de ce voyage, où on voit que, encore une fois,
07:40Trump, il est très clair, il va chercher du fric, il va chercher des contrats,
07:45il va chercher des milliards de dollars pour les États-Unis et aussi pour la famille Trump.
07:50Voilà, beaucoup d'affaires, évidemment.
07:52Un dernier mot important aussi, Thierry, évidemment,
07:55le déplacement dans le Moyen-Orient, on n'est quand même pas très loin,
07:59évidemment, de cette situation dans la bande de Gaza.
08:02Est-ce que, malgré tout, avec ces discussions au-delà de ces forums d'affaires,
08:07il peut y avoir des échanges, des avancées peut-être sur la fin de la guerre
08:12entre Israël et le Hamas, notamment ?
08:14Alors, tu as vu que le voyage, l'arrivée de Donald Trump avait été précédé
08:17par la libération par le Hamas du dernier otage israélo-américain
08:21qui était détenu dans la bande de Gaza hier,
08:24ce qui est évidemment un geste vis-à-vis de Donald Trump,
08:27mais qui dit aussi quelque chose des rapports qu'il entretient avec Benjamin Netanyahou
08:31qui sont un peu en train de se compliquer,
08:34alors qu'ils avaient été parfaitement limpides et totalement positifs,
08:39et ils étaient l'un et l'autre parfaitement alignés.
08:41En réalité, manifestement, Israël n'a pas été associé aux négociations avec le Hamas
08:47ou aux discussions avec le Hamas pour la libération de cet otage,
08:52et on sent bien qu'il y a un peu de tension qui est en train de monter entre les États-Unis,
08:57en tout cas l'administration de Donald Trump et le gouvernement de Benjamin Netanyahou,
09:01alors que jusque-là, les relations étaient au beau fixe.
09:04Pour autant, les choses sont claires, Donald Trump, il veut la paix,
09:09il ne se soucie pas beaucoup du sort des Palestiniens,
09:12c'est le moins qu'on puisse dire, c'est un euphémisme en l'occurrence,
09:16et donc voilà le contexte dans lequel il se rend dans la région.
09:19Puis il y a, outre la bande de Gaza, il y a évidemment la question de l'Iran,
09:23avec les négociations qui sont en cours sur le nucléaire iranien,
09:26et là encore, on a l'impression que Donald Trump veut avancer rapidement,
09:32il veut ce deal sur le nucléaire iranien,
09:35et qu'il est peut-être, on ne peut pas dire en train de s'affranchir de ce que veulent les Israéliens,
09:41ce serait excessif, mais en tout cas, pas forcément décidé à attendre et à la consulter en permanence.
09:46Eh bien, merci beaucoup Thierry Arnaud, éditorialiste international à BFM TV,
09:52pour ce décryptage sur ce déplacement que l'on suit du président américain Donald Trump dans le Golfe.
09:59Merci de nous avoir suivis sur BFM, de rester bien avec nous, un nouveau direct à suivre.