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00:00Il nous reste quelques minutes et je veux vraiment vous faire écouter, s'il vous plaît, la déclaration que vous allez entendre dans un instant de Patrick Jardin.
00:07Qui est Patrick Jardin ? Il est le père de Nathalie Jardin. Nathalie Jardin est l'une des victimes de l'attentat du Bataclan.
00:14Et Patrick Jardin a pris la parole chez nos confrères d'Ivain de Cat News.
00:18Je rappelle que mercredi, le président syrien par intérim, ancien chef djihadiste, était reçu à l'Elysée pour sa première visite en Occident.
00:29Et beaucoup de responsables politiques ont dit que c'est la visite de la honte, c'est la poignée de main de la honte.
00:35Parce qu'il se fait appeler Al-Chare aujourd'hui, mais avant c'était Al-Jolani, bras droit d'un des chefs de l'État islamique.
00:44Donc est-ce que directement ou indirectement cet individu a du sang français sur les mains ?
00:49La question peut se poser. Vous répondez oui directement.
00:52Je vous propose d'écouter Patrick Jardin parce que c'est l'un des témoignages je trouve de ces 24 dernières heures.
00:56Bien évidemment j'ai eu l'impression qu'on tué ma fille une deuxième fois.
01:00Ça m'a donné envie de vomir.
01:03Je suis français et j'ai honte de ce que mon président, enfin le président de la République, c'est pas mon président,
01:09mais le président de la République française a pu faire à l'occasion de cette réception.
01:13C'est inadmissible et je comprends même pas d'ailleurs qu'il ait eu le culot de faire ça.
01:20Ce gars, à mon ami, n'a plus toutes ses facultés, il doit être destitué rapidement parce que sinon c'est la mort de la France.
01:29Destitution qui est demandée également par Nicolas Dupont-de-Aignan.
01:33N'allons pas sur le terrain de la destitution, mais plus sur le traumatisme, le choc d'un papa qui a perdu sa fille le 13 novembre 2015 au Bataclan
01:43et qui dit « J'ai l'impression qu'on a tué ma fille une seconde fois, Olivier d'Artigol ».
01:47Symboliquement, il a raison.
01:49Tout pose problème dans cette réception à l'Elysée de celui qu'on présente comme nouveau président syrien, il n'y a peu d'élections,
01:57qui est un djihadiste, qui est un islamiste.
01:59Et on s'interroge sur le timing de cette initiative-là.
02:04Donc bien sûr, l'hubris présidentiel qu'on connaît a amené Emmanuel Macron à vouloir être le premier à le recevoir
02:12dans un moment politique où le sang coule en Syrie, où les minorités, qu'elles soient laouites, druzes, sont vraiment attaquées, violentées, massacrées.
02:25Donc rien ne va dans cet agenda, et on pouvait s'interroger peut-être sur nos rencontres.
02:30Bien sûr, la diplomatie doit s'effectuer, mais il peut y avoir des diplomaties souterraines.
02:39Moi, c'est une image qui véritablement, en plus avec les accolades,
02:44le président n'est pas obligé de vouloir toucher tout le monde, il ne guérit pas.
02:48C'était modéré, l'accolade était modérée.
02:51Oui, peut-être parce que l'interroge s'est fait, on l'a connu plus accolade que tout ça,
02:56et le langage du corps, ce qui s'est passé, tout ça, moi, a été des images terribles.
03:00Vous parlez de l'hubris, Georges Bruneau sur RTL ce matin, il était très intéressant,
03:05il parlait des intérêts économiques parce qu'ils sont majeurs, selon lui.
03:10C'est quand même une poignée de main dans ce qu'on appelle la cour d'honneur de l'Elysée.
03:14C'est vrai que c'est une image, Gabriel Cluzel, qui peut-être dans les prochains mois, les prochaines années,
03:18on n'oubliera pas cette image en disant, en fait, le premier déplacement de ce président par intérim,
03:24ancien djihadiste, finalement, elle va faire date, cette séquence.
03:31Oui, c'est une image qui peut rester et coller à la peau d'Emmanuel Macron, cette poignée de main,
03:36comme d'autres épisodes ont pu coller à d'autres présidents, Kadhafi, Bokassa, etc.
03:42Il n'y a pas de tente, là.
03:43Non, il n'y a pas de tente.
03:44Et alors, c'est vrai qu'il n'avait pas le tapis rouge, je pense qu'on ne puisse pas dire,
03:47on lui a déroulé le tapis rouge, mais enfin, convenons que c'était tout comme,
03:51le message envoyé, c'était de dire, finalement, cet homme-là est fréquentable,
03:54puisqu'il est fréquenté par le président de la République qui lui serre la main.
03:58C'est vrai que pour les victimes de terrorisme, on pourrait dire que la sœur de Samuel Paty,
04:03elle a peut-être vécu de la même façon, parce qu'on sait que le terroriste était en lien
04:08avec l'organisation fondée par le président syrien.
04:13Enfin, il y a un certain nombre de parents qui, au fond de leur cœur,
04:15ne l'expriment peut-être pas comme Patrick Jardin, mais doivent être absolument meurtris.
04:20Alors, on nous parle de réelle politique, pardon, mais elle a ses limites.
04:22Et du reste, Emmanuel Macron l'a montré par le passé.
04:24Il y a des gens avec lesquels il ne parle pas, il n'a pas de relation diplomatique,
04:27parce qu'il les juge infréquentables.
04:28Donc, en plus, ce deux poids, deux mesures instille l'idée que ce n'est pas de la réelle politique,
04:34mais au contraire, l'envie de côtoyer ce monsieur.
04:37Non, mais c'est surtout que vous pouvez très bien avoir des relations diplomatiques,
04:41somme toute discrètes, ou alors, finalement, vous avez eu le déplacement, d'ailleurs,
04:45du ministre des Affaires étrangères en Syrie, ça a été le premier,
04:48avec, accompagné de la ministre des Affaires étrangères, la chef de la diplomatie allemande,
04:52qui, je le rappelle, M. Al-Charet, lui a refusé de lui serrer la main.
04:57Non, mais donc, on est tant les premiers à avoir rendu visite avec Jean-Noël Barraud,
05:02que les premiers à le recevoir dans un lieu de pouvoir européen avec Emmanuel Macron.
05:09Jean-Noël Barraud, qui, en plus, a accepté à ce moment-là, pour ne pas faire d'incident diplomatique,
05:12qu'il ne sert pas la main de son homologue allemande.
05:15Moi, je l'ai dit, je ne pensais pas qu'un islamiste entrerait à l'Élysée avant l'arrivée de Jean-Luc Mélenchon.
05:20Il nous reste une toute petite minute trente avant la fin de l'émission.
05:24Pour essayer d'équilibrer sur ce sujet, moi, j'ai le souvenir de cette phrase de Churchill qui disait
05:29« Si Hitler avait envahi l'enfer, je chercherais à construire une alliance avec le diable. »
05:33Donc, est-ce que l'ennemi, Charlotte Dornelas, vous aurez le mot de la fin, rapide,
05:38est-ce que, finalement, l'ennemi d'hier peut être un allié pour combattre un mal existentiel ?
05:45Je parle du terrorisme islamiste.
05:46Vous avez vraiment une petite minute.
05:47Oui, mais c'est la question que je me pose depuis quelques jours et l'indignation là-dessus,
05:50c'est que l'ennemi d'hier, c'était Bachar Al-Assad.
05:53Et que le soutien de la France a toujours été pour l'opposition syrienne, dont ce monsieur a toujours fait partie.
05:58Ces djihadistes faisaient partie de l'opposition syrienne que la France a soutenue et que l'Occident a soutenue très largement.
06:03Donc, il y a une certaine cohérence, aujourd'hui, à ne pas se dédire au moment où il gagne.
06:08Et c'est peut-être le vrai sujet, c'est de dire, hier, au nom de la morale,
06:12on avait rompu les relations diplomatiques et aujourd'hui, la morale a disparu
06:16et on l'est rétabli en nous faisant croire que seules ces relations comptent.
06:19Sauf qu'en 2017, Emmanuel Macron disait « mon ennemi, c'est le terrorisme islamiste en Syrie ».
06:25C'est pour ça qu'aussi il y a ce double discours.
06:26Oui, mais dans les faits, ce n'est pas ce qui se passait.
06:27Oui, et ça, vous avez peut-être raison, Charlotte.