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L'Affaire Yves Dandonneau le mort vivant (1987)
Historique et Descriptif de l'Affaire Yves Dandonneau le mort vivant (1987)
L'affaire Yves Dandonneau est une histoire d'escroquerie à l'assurance-décès, qui a eu lieu le soir du 6 juin 1987 au lieu-dit « Le col de l'homme mort », à Joncels (Hérault).
Le crime est en partie calqué sur le scénario du film de Billy Wilder Assurance sur la mort.
Dans la nuit du 6 au 7 juin 1987, sur une petite route vers Ceilhes-et-Rocozels, les pompiers sont appelés pour intervenir sur un accident de voiture. Une Austin Metro rouge a percuté un rocher sur le bas-côté. Le conducteur Daniel Blouard, indemne, est allé chercher des secours. Il est tendu, son ami Yves Dandonneau (né en décembre 1956), blessé sur le siège passager, s'est évanoui. Il ne cesse de répéter qu'il craint que la voiture ne prenne feu, pourtant il n’a pas jugé utile de sortir son ami du véhicule. Lorsque les pompiers arrivent sur place, la voiture est en flammes. Sur le siège passager il y a un corps totalement carbonisé.
Après la délivrance du certificat de décès, Marie-Thérèse Héraut, la compagne de Dandonneau, et Danièle Simonin, la secrétaire de ce dernier, viennent reconnaître le corps. Très prévoyant, Dandonneau avait contracté, en avril 1987, huit contrats d'assurance-décès, au bénéfice de sa compagne, pour un total de 11 900 000 FF (1 800 000 €). Il avait aussi manifesté la volonté que sa dépouille funèbre soit incinérée. Aucune autopsie n'ayant été ordonnée, le corps est donc rapidement incinéré. Ancien assureur de Montmorency, Dandonneau a opportunément besoin de 10 millions de francs pour monter une école accueillant des enfants ayant subi des violences familiales comme lui.

Facebook : https://www.facebook.com/FelaOfficiel/

Site officiel de l'émission : Site officiel : https://www.fela.fr/

Site non officiel de l'émission : https://rmccrime.bfmtv.com/faites-entrer-l-accuse/

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Transcription
00:01:00Mais tout cela, tout cela bien sûr va échouer comme dans les bons polars grâce à la sagacité des enquêteurs.
00:01:06Tout commence le soir du 6 juin 1987 dans l'Hérault au lieu dit du col de l'homme mort.
00:01:12Le col de l'homme mort, un soir de pleine lune, le décor est planté.
00:01:18Ça se trouve à 80 km au nord-ouest de Montpellier, entre Seil et Lodeve, dans la vallée de Lorbe.
00:01:24On est le 6 juin 1987 en plein week-end de la Pentecôte.
00:01:26Et ces deux phares dans la nuit sont ceux d'une petite hostine métro rouge qui file vers le village de Seil.
00:01:33Dans la voiture, il y a Daniel Blouard qui conduit et à sa droite son ami Yves Dandonneau.
00:01:37Ils viennent de dîner au bord de la Grande Bleue, à Palavas-les-Flots, et ils ont réservé une chambre à l'hôtel.
00:01:43Lorsque soudain, l'hostine fait une embardée sur sa droite et vient percuter un gros rocher sur le bas-côté.
00:01:50Au volant, Daniel Blouard est indemne, mais son passager est blessé.
00:01:54Il a perdu connaissance.
00:01:55Alors il s'enfonce dans la nuit pour aller chercher du secours.
00:01:59Il marche pendant de longues minutes dans l'obscurité.
00:02:03Et puis il tombe sur cette maison blanche que l'on distingue à peine dans la nuit.
00:02:09Daniel Blouard frappe au volet de Fernand Pégurier, qui lui ouvre.
00:02:13Il s'est fait connaître au début en rentrant.
00:02:15Je suis un ami intime, je crois qu'il a dit, de M. Dandonneau.
00:02:20On est très bien, on était là ensemble et on a eu cet accident, c'est ennuyeux.
00:02:27Je crois qu'il nous a dit, c'est lui-même qui serait là-haut, dans la voiture accidentée.
00:02:32Il aurait un blessé.
00:02:34Ma femme lui a posé une question en lui disant,
00:02:36mais voyons, est-ce que vous croyez que c'est prudent de laisser l'accidentée là-haut, dans la voiture,
00:02:42et d'attendre ici ?
00:02:43Est-ce qu'il ne faudrait pas monter de suite, voir si on peut le secourir,
00:02:47voir ce qu'il y a lieu de faire ?
00:02:49C'est essayé.
00:02:52Il a dit, non, il ne faut pas toucher l'accidentée.
00:02:57Non, non.
00:02:59Les gendarmes du bousquet d'Orbe et les pompiers de l'UNAS sont alertés.
00:03:03Ils seront là le plus vite possible, disons dans moins d'une demi-heure.
00:03:08En attendant les secours, Daniel Blouard accepte un café.
00:03:12Mais il a l'air très angoissé.
00:03:14Il paraissait énervé, en mouvement, c'est-à-dire pas à l'aise.
00:03:21Et alors, quand il allait là, il me disait, mais moi j'ai peur, pourvu que la voiture ne prenne pas feu, et tout ça.
00:03:30Et alors il le disait, à premier rabond, il lui semblait tout naturel de dire ça, que la voiture allait prendre feu.
00:03:39Je ne sais pas, c'est une idée à lui qu'il avait, que ça allait brûler.
00:03:43Pourvu que la voiture ne brûle pas, voilà ce que répète Daniel Blouard au vieil homme.
00:03:51Brûler ? Un incendie ? Mais qu'est-ce qui lui fait lire ça ?
00:03:54Quand il a abandonné la voiture pour aller chercher du secours, elle ne brûlait pas.
00:03:59Et quand les pompiers arrivent au col de l'homme mort, effectivement, la petite Austin Rouge est en flamme.
00:04:07Alors il s'attaque au feu et recherche le blessé dont leur a parlé ce monsieur Blouard.
00:04:13Au cours de l'extinction, ils ont trouvé un tronc humain, donc ils ont dit, mais le blessé, il est là, et c'est même plus un blessé, c'est un mort.
00:04:25Il y avait une personne carbonisée, côté avant, droit, et je me souviens encore, je vois ce corps encore incandescent,
00:04:36ses braises à l'intérieur du corps, plus de jambes, plus de bras, et il n'y avait que le buste.
00:04:40C'est le pompier qui a ouvert la portière, c'est parfait.
00:04:48Sur le coup qu'il a ouvert, là, là, là, là, là, là, là, là, là, là, la, là, là, là, là, là, là, là, là.
00:04:52L'ossature de cette personne, il a carbonisé, tombé comme ça, là.
00:04:57Tout a brûlé. Le feu n'a laissé aucune chance aux passagers.
00:05:01Daniel Blouard, visiblement traumatisé, est évacué vers la clinique de l'Odeve.
00:05:05Sa déposition attendra demain, dimanche.
00:05:08Les gendarmes et les pompiers tentent de comprendre ce qui s'est passé.
00:05:13Il est possible que, vu que cette route est assez sinueuse,
00:05:17que l'individu ne connaisse pas bien les lieux,
00:05:20il ait tout d'un coup quitté la chaussée pour percuter ce rocher, justement.
00:05:26Personne n'a pensé à rien de particulier.
00:05:30Et surtout le suspect.
00:05:33Voilà, c'est un accident mortel.
00:05:35C'est écrit noir sur blanc dans le rapport que font les gendarmes.
00:05:38Un accident, un mort de plus sur les routes de la Pentecôte.
00:05:41C'est banal, tragiquement banal.
00:05:43Quelques lignes dans le journal local, on y parle d'un incendie.
00:05:46Les phares de la voiture auraient provoqué un court-circuit qui aurait mis le feu à l'Austin.
00:05:52Après une nuit de repos à la clinique de l'Odeve,
00:05:54les gendarmes interrogent Daniel Blouard qui raconte
00:05:56le digne à Palavas, l'hôtel réservé pour la nuit, la petite route sinueuse qu'il connaissait mal.
00:06:01Il a dit-il perdu le contrôle, il s'est encastré dans le rocher.
00:06:04Voilà.
00:06:05Et les gendarmes ne cherchent pas plus loin.
00:06:07Ils ne se demandent pas, par exemple, pourquoi Daniel Blouard, qui est infirmier,
00:06:11c'est son métier, a laissé son ami évanoui sur le siège dans la voiture,
00:06:15alors même qu'il semblait avoir peur que l'Austin ne prenne feu.
00:06:18D'ailleurs, ce Blouard a l'air bien vite consolé de la perte de son ami.
00:06:22J'ai surpris par l'attitude de cette personne.
00:06:25Je ne le sentais pas tellement, disons, désolé ou, je ne sais pas,
00:06:29ayant perdu un ami comme ça, je le sentais, je ne sais pas, bizarre.
00:06:33Je ne le voyais pas tellement affecté par la disparition de son camarade.
00:06:36Et ça, ça m'a un peu interpellé.
00:06:40Après l'incendie de l'Austin, il ne reste pas grand-chose du corps calciné.
00:06:43Les pompiers, comme c'est l'usage, ont rassemblé les restes humains dans une housse en plastique.
00:06:49Le maire de Joncel, théâtre du drame, a été réveillé en pleine nuit,
00:06:53à lui de conserver la dépouille, en attendant que la famille de Dandoneau ne vienne l'identifier.
00:07:03Alors voilà, c'est là que nous avons installé deux tréteaux.
00:07:07Nous avons mis des plateaux et nous avons laissé le corps pendant tout le restant de la nuit.
00:07:16Yves Dandoneau est mort à l'âge de 41 ans.
00:07:18C'est écrit sur le certificat de décès qui autorise l'inhumation.
00:07:22Sa compagne, éplorée, a identifié le défunt grâce à un morceau de caleçon à moitié calciné,
00:07:27retrouvé dans l'épave de la voiture.
00:07:30Et ayant récupéré le corps, elle assure mordicus, mais sans aucune preuve,
00:07:33que le défunt voulait être incinéré, et le corps de Yves Dandoneau,
00:07:37où ce qu'il en reste est donc réduit en cendres, au funérarium de Montpellier.
00:07:41La famille organise une petite cérémonie au col de l'homme mort,
00:07:43quelques fleurs sur le rocher, et les cendres sont dispersées là, dans le ravin.
00:07:48Daniel Blouard n'est pas là, après sa déposition, il a déjà repris un train pour Paris.
00:07:53Il n'y a là que deux ou trois membres de la famille de Dandoneau,
00:07:56et la secrétaire du défunt, Danielle Simonin, elle a fait le déplacement de Paris.
00:08:00Et voilà que la veuve et la secrétaire réclament dans un même élan au maire de Joncel
00:08:06qu'une stèle à la mémoire d'Yves Dandoneau soit érigée sur le rocher.
00:08:12Elles étaient toutes les deux vraiment, vraiment éplorées.
00:08:18Elles nous ont demandé où étaient les toilettes,
00:08:20parce que vraiment elles avaient besoin d'essuyer leurs larmes,
00:08:24de refaire leurs...
00:08:26Franchement, si elles étaient au courant, je peux dire que elles ont joué une très bonne comédie,
00:08:31parce qu'on s'est laissé attraper moi-même et puis la secrétaire de mairie,
00:08:35parce qu'on a été vraiment très touchés par leur chagrin, si vous voulez.
00:08:41Pendant que la veuve et la secrétaire de Dandoneau sèchent leurs larmes,
00:08:45les gendarmes du Bousquet d'Orbe demandent à un garagiste d'aller chercher la carcasse de l'Austin.
00:08:49Pas pour la détruire, surtout pas, mais pour la mettre à l'abri, dans un coin, au cas où.
00:08:56Parce qu'à y regarder de plus près, il y a quelques bizarreries dans cet accident.
00:09:00Bon, moi j'ai pensé que c'était pas clair, ça étant donné que cette voiture était contre un caillou,
00:09:07le seul caillou qu'il y avait dans la ligne droite, hein.
00:09:10En plus de ça, c'était pas un choc énorme, étant donné que la jante avant droite n'était même pas pliée.
00:09:15Donc j'ai dit, là, c'est du moins que le garagiste de vin, c'est qu'il y a quelque chose qui n'est pas clair.
00:09:19Il se trouve que le mort, Yves Dandonneau, avait contracté des assurances-vie au bénéfice de sa concubine, plusieurs assurances-vie.
00:09:27Cet homme est envoyé à l'époque par l'une de ses compagnies, la Générale Accident.
00:09:32Sans lui, il n'y aurait peut-être pas eu d'affaire Dandonneau.
00:09:36Comment est-ce que vous vous retrouvez à enquêter sur ce dramatique accident de voiture ?
00:09:42En juillet 1987, mon directeur du service indemnisation et juridique me contacte.
00:09:50Il m'avise qu'il a été saisi d'un dossier concernant le décès du sieur Dandonneau.
00:09:57Ce dernier a souscrit à la compagnie un contravis au profit de sa concubine.
00:10:06Le capital est de 750 000 francs, triplé en cas d'accident, soit 2 250 000 francs, et si je ne me trompe pas, 343 000 euros.
00:10:22Il a des doutes sur cet accident, car d'après les premières informations qu'il a eues, le contrat est récent.
00:10:32Combien de temps ?
00:10:33Ça date d'à peu près de 2 ou 3 mois, la souscription, d'après ce que j'ai.
00:10:37Ah oui, c'est louche.
00:10:37Oui, c'est quand même assez troublant.
00:10:40Donc, on vous envoie sur place, en vous disant, il faut vérifier des trucs.
00:10:46Oui, je fais part au gendarme qui me reçoit des doutes de mon directeur.
00:10:53Je lui parle, j'exagère un petit peu, je lui parle d'une éventuelle escroquerie à l'assurance.
00:11:00Et il accepte de me communiquer, de me faire lire, au moins de me faire lire une partie du rapport.
00:11:09Et alors, déjà au niveau du rapport qui vous fait lire, il y a des choses qui ressortent ?
00:11:13Effectivement, les renseignements que j'obtiens à ce moment-là peuvent paraître anodins.
00:11:21Mais rouler à deuxième vitesse, avoir un accident, en général, c'est un accident qui crée un décès.
00:11:31Mais on roule quand même vite et en deuxième vitesse, je crois que ce n'est pas possible.
00:11:36Donc ça déjà ?
00:11:37Déjà, ça me titille et je me dis, il faut aller voir les lieux d'accident.
00:11:43Donc vous y allez ?
00:11:44Je vais sur les lieux d'accident.
00:11:46Là encore, je suis un peu troublé parce que je me dis, tiens, le conducteur n'a pas eu de chance, il n'y a qu'un seul obstacle.
00:11:53Il dit qu'il ne roulait pas vite et il tombe là-dessus.
00:11:57Et le choc n'étant pas violent, le passager est, à première vue, grièvement blessé puisqu'il n'a pas pu sortir du véhicule.
00:12:07Là aussi, ça ne colle pas.
00:12:08Là, ça ne colle pas. Je dis quand même, là, il faut poursuivre l'enquête.
00:12:12Et je reprends contact téléphoniquement avec la gendarmerie.
00:12:17Et je leur demande de me communiquer le lieu où se trouve l'épave du véhicule.
00:12:23Et là, qu'est-ce qui se passe ?
00:12:24Alors, l'intérieur du véhicule est totalement calciné.
00:12:28Les sièges ont été totalement détruits.
00:12:32Il ne reste plus que les ossatures métalliques.
00:12:34Oui.
00:12:36Et horreur, à la place du passager avant droit, sur le plancher,
00:12:42je constate qu'il y a des ossements humains.
00:12:45Qui sont ceux de la victime ?
00:12:46Qui sont ceux du passager, oui, de monsieur, pour moi, de monsieur Dandonneau.
00:12:52Du passager décédé.
00:12:53Du passager décédé.
00:12:55Là, quand même, je me dis, compte tenu de toutes ces constatations,
00:13:00il faut faire une expertise complémentaire du véhicule.
00:13:05Et je demande aux garagistes de conserver, de préserver ce véhicule, l'épave,
00:13:12et de ne pas la détruire tant que le nouvel expert sera passé.
00:13:17N'empêche que si vous, vous n'aviez pas avancé ce pion-là,
00:13:21on serait peut-être passé à côté de l'affaire Dandonneau.
00:13:24Peut-être.
00:13:25Peut-être.
00:13:25D'autres compagnies d'assurance se manifestent bientôt dans le dossier.
00:13:30Beaucoup de compagnies.
00:13:31Car cet Yves Dandonneau était un homme très prévoyant.
00:13:34Au total, il a contracté 8 assurances-vie.
00:13:37La plupart des contrats ont été signés 3 mois avant le crash.
00:13:40Tous au bénéfice de sa compagne, Marie-Thérèse Hérault.
00:13:42Des assurances dont les primes doubles ou triples en cas d'accident.
00:13:45Au total, il y en a pour près de 12 millions de francs.
00:13:48Certaines compagnies ont déjà payé leur dû,
00:13:50notamment le GAN et la Fédération Continentale.
00:13:52En deux mois, la compagne d'Yves Dandonneau a empoché près de 1,8 million de francs.
00:13:57Mais voilà que la Général Accident flairait une arnaque
00:14:00et demande à son avocat d'engager une procédure.
00:14:04Les photos révélaient des curiosités un peu inhabituelles.
00:14:09Une route très droite, un rocher.
00:14:12Et contre ce rocher, j'allais presque dire appuyé à ce rocher,
00:14:16légèrement, une voiture qui aurait brûlé dans le choc.
00:14:19Bon, alors, j'avais fait part de mon, je veux dire, de ma perplexité
00:14:23ou de mon trouble à la compagnie en disant, moi, c'est curieux.
00:14:26Ce serait peut-être intéressant d'approfondir un peu ce PV.
00:14:30À la mi-août, l'avocate de la Général Accident
00:14:33alerte une première fois le parquet de Montpellier.
00:14:35Sans succès.
00:14:37La compagnie mobilise également l'ALFA,
00:14:39l'organisme antifraude des assureurs.
00:14:42Un expert est désigné.
00:14:43Jean Porcé, un ancien gendarme de Montpellier,
00:14:46se met en route vers le col de l'homme mort.
00:14:49D'abord, il s'aperçoit que Yves Dandoneau et Daniel Blouard
00:14:52ont pris en pleine nuit pour aller à Sey
00:14:53une route étroite et sinueuse,
00:14:56alors qu'il en existe une autre plus directe et plus sûre.
00:14:59Bizarre.
00:15:01Son enquête dure 15 jours,
00:15:02pendant lesquels il décortique le scénario de l'accident.
00:15:04Il frappe aux portes des voisins
00:15:06et passe au crible l'emploi du temps de Dandoneau et de Blouard.
00:15:09Et là, il commence vraiment à douter.
00:15:13Lorsque je suis arrivé ici,
00:15:15j'ai remarqué que c'était une ligne droite
00:15:17et ce rocher, tout à fait isolé en bordure de la route,
00:15:23m'a donné l'impression qu'on s'y était jeté directement.
00:15:31J'ai été surpris de cette manœuvre,
00:15:35surtout que le véhicule n'allait pas vite.
00:15:37J'étais soi-disant en seconde, d'après Blouard, le conducteur.
00:15:44Aucune trace de freinage, aucune trace.
00:15:46Donc, ça a été le premier doute
00:15:48qui a traversé mon esprit
00:15:50avant que je poursue mes investigations en plus loin.
00:15:53Le scénario de l'accident lui paraît encore plus louche
00:15:56quand il découvre l'épave de la voiture
00:15:58au fond de la cour d'un garagiste.
00:16:00C'est une carcasse calcinée,
00:16:03mais un simple examen révèle que sans doute
00:16:05l'accident n'a pas pu se dérouler
00:16:06comme Daniel Blouard le prétend.
00:16:07Les dégâts étaient limités ici.
00:16:12Allait l'avant, le phare ici à gauche.
00:16:16Et les roues étaient bloquées vers l'extérieur.
00:16:18Mais l'intérieur du moteur, tout était brûlé.
00:16:20Il n'y avait plus rien.
00:16:20J'ai été intrigué par la position des boucles
00:16:24de la ceinture de sécurité des sièges avant.
00:16:28Celle du passager,
00:16:30la boucle était accrochée
00:16:32à la position du conducteur.
00:16:36Alors qu'elle aurait dû être
00:16:38dans l'emplacement du passager.
00:16:41Lors de l'accident,
00:16:42les deux passagers avaient bien leur ceinture de sécurité,
00:16:45mais ils avaient croisé leur fixation.
00:16:47Bizarre.
00:16:48Et puis l'Austin.
00:16:49Pourquoi et comment a-t-elle brûlé ?
00:16:51On a évoqué jusqu'ici un court-circuit dans les phares.
00:16:56Un court-circuit était peu probable
00:16:57étant donné que le véhicule était très récent
00:17:01et que la voiture a brûlé complètement.
00:17:08Ce qui signifie
00:17:09qu'on a mis un accélérant pour la détruire.
00:17:13Parce qu'en règle générale,
00:17:14à la suite d'un court-circuit,
00:17:15un véhicule ne brûle jamais complètement.
00:17:17Quand vous dites un accélérant,
00:17:18c'est par exemple un accélérant ?
00:17:19L'essence, c'est bien entendu du gasoil,
00:17:22un autre produit, etc.
00:17:23Donc déjà, on peut penser que l'accident, l'incendie n'est pas accidentel.
00:17:31C'est un élément qui se rajoute aux autres.
00:17:35Après l'expertise technique,
00:17:37Jean Porcé passe à l'enquête de voisinage.
00:17:39Il interroge Fernand Pégurier,
00:17:41le vieil homme chez qui Daniel Blouard a demandé du secours.
00:17:43Il est intrigué par l'attitude de Blouard,
00:17:46il est intrigué par l'attitude de Blouard, la nuit de l'accident.
00:17:47Lorsqu'il est arrivé chez Pégurier,
00:17:49il a raconté l'affaire, ils ont appelé les pompiers,
00:17:51mais en attendant, Blouard s'inquiétait un peu,
00:17:54disait pourvu que la voiture ne brûle pas.
00:17:57Mais s'il avait peur que la voiture brûle,
00:17:59pourquoi il avait laissé Dandonneau attaché sur le siège ?
00:18:03Il n'avait qu'à le sortir et lui donner quelques soins ici.
00:18:05Parce qu'il était quand même infirmier, lui, Blouard.
00:18:09Jean Porcé poursuit sa route vers le village de Seille,
00:18:13le plus proche du col de l'homme mort.
00:18:15Là-bas, le patron de l'hôtel raconte qu'il a vu
00:18:17Yves Dandonneau et Daniel Blouard
00:18:18quelques heures avant l'accident.
00:18:20Il lui avait réservé une chambre pour la nuit.
00:18:24En quittant l'hôtel ce soir-là,
00:18:26Dandonneau et Blouard ont emporté la clé de leur chambre.
00:18:30Or, après l'accident,
00:18:31plus de clé,
00:18:33ni dans les poches de Daniel Blouard,
00:18:36ni dans les débris de la voiture.
00:18:38Et puis l'hôtelier raconte à Jean Porcé
00:18:40que les deux hommes sont déjà venus.
00:18:42Quinze jours avant l'accident,
00:18:43il voulait acheter cette maison
00:18:45dans le village.
00:18:49Au total,
00:18:50ça sent l'escroquerie à plein nez
00:18:51et Jean Porcé boucle son rapport le 29 août.
00:18:54L'idée d'un assassinat
00:18:55lui traverse l'esprit.
00:18:56Son entourage aurait pu le sacrifier
00:18:59et toucher
00:19:01les bénéfices de ses primes
00:19:03puisque sa compagne avait déjà commencé à en toucher.
00:19:09Mais
00:19:09ce n'était pas parfait.
00:19:11Dandonneau, tué par sa compagne
00:19:14qui touche ensuite les assurances,
00:19:16évidemment c'est séduisant.
00:19:17Mais Dandonneau connaissait bien les ficelles du milieu.
00:19:19Il avait travaillé dans le monde des assurances.
00:19:21Il ne se serait pas jeté comme ça dans la gueule du loup.
00:19:24Ça ne colle pas.
00:19:25Alors, l'assureur relance la justice.
00:19:27Il a fallu, je dirais,
00:19:29beaucoup de conviction,
00:19:31je ne peux pas dire de séduction,
00:19:33enfin presque,
00:19:34pour convaincre à la fois M. le substitut
00:19:37et puis après Mme Laporte
00:19:39qui était juge d'instruction,
00:19:40qu'il fallait manifestement approfondir ce dossier.
00:19:42Ce n'était pas un simple accident de la circulation,
00:19:45fut-il dramatique puisqu'il y avait mort d'homme,
00:19:48mais qu'il cachait manifestement des choses plus graves.
00:19:50Le 16 octobre, Gérard Christol dépose une plainte pour escroquerie
00:19:55au nom des cinq compagnies qui ont déjà payé les primes.
00:19:58Et un mois plus tard, le 18 novembre,
00:20:00le parquet ouvre enfin une information judiciaire.
00:20:05Il y avait de quoi s'interroger,
00:20:08peut-être pas être alarmé comme l'étaient les compagnies d'assurance,
00:20:11mais en tout cas, ordonner des investigations
00:20:14et ça devait être fait.
00:20:15Le meilleur cadre à l'époque était le cadre de l'information judiciaire.
00:20:19Donc c'était tout à fait légitime
00:20:21qu'une information soit ouverte et rapidement.
00:20:23Ça y est, le dossier est sur le bureau des gendarmes.
00:20:26Et le parquet commence à se rendre compte
00:20:28qu'il y a peut-être une véritable affaire dans Donneau,
00:20:31une grosse affaire.
00:20:33Plus les éléments ont été recueillis,
00:20:36et plus en effet, on s'est mis à sentir,
00:20:38comme vous dites, la grosse affaire.
00:20:39L'affaire, l'affaire un petit peu hors normes,
00:20:43inhabituelle.
00:20:45Deux jours plus tard, le 20 novembre,
00:20:47un incident intervient à Paris
00:20:49qui va donner un coup d'accélérateur à l'affaire.
00:20:53Vers 10h du matin, deux femmes et un homme
00:20:55se présentent au chèque posto de la rue des Favorites,
00:20:58dans le 15e arrondissement.
00:21:00Ils veulent retirer 1 800 000 francs en espèces.
00:21:04La somme est énorme
00:21:05et les trois clients ont des allures pas très catholiques.
00:21:08Les guichetiers se méfient
00:21:09et préviennent le commissariat.
00:21:10A la sortie du centre de chèques postos,
00:21:15la police arrête les trois individus.
00:21:17Il y a là Marie-Thérèse Hérault,
00:21:19la compagne de Donneau,
00:21:20Daniel Simonin,
00:21:21sa secrétaire,
00:21:22et son mari.
00:21:23Leur sac est bourré à craquer de billets de banque.
00:21:26Marie-Christine Bonex,
00:21:27comment se fait-il que vous,
00:21:29les policiers du 15e arrondissement,
00:21:30vous soyez à la sortie de ce bureau de poste
00:21:33au moment où jaillissent ces trois personnes
00:21:35au comportement bizarre ?
00:21:36Alors, le bureau de poste du 15e
00:21:38était un lieu particulièrement surveillé.
00:21:42Autant l'intérieur que l'extérieur, d'ailleurs,
00:21:44puisqu'il y avait pas mal d'agressions
00:21:45de personnes âgées.
00:21:47C'était un lieu où les personnes âgées,
00:21:49à l'époque, n'avaient pas de carte bancaire,
00:21:51donc allaient retirer de l'argent.
00:21:54Des sommes assez importantes.
00:21:55Et le personnel de guichet
00:21:58nous appelait systématiquement
00:22:00dès qu'ils avaient un moindre soupçon
00:22:02sur un retrait plus ou moins frauduleux.
00:22:05Donc, qu'est-ce qui se passe ?
00:22:06Vous débarquez ?
00:22:07Alors, on vient en se demandant
00:22:08un petit peu ce qui va se passer.
00:22:10Si c'est un braquage qui va être organisé,
00:22:14si c'est une escroquerie, tout simplement.
00:22:19Donc, des policiers se mettent
00:22:21à l'intérieur des CCP,
00:22:23d'autres à l'extérieur,
00:22:24et on regarde ce qui se passe.
00:22:27Et dès que les deux femmes sortent
00:22:28sortent avec leurs deux sacs,
00:22:31bien gonflés quand même,
00:22:33on les interpelle,
00:22:34et on interpelle le monsieur
00:22:36qui les accompagne.
00:22:38Et là, qu'est-ce qu'elles vous disent ?
00:22:40Vous les interrogez sur place
00:22:41ou vous les amenez au commissariat ?
00:22:42Non, non, non, non, non.
00:22:43On les ramène au commissariat
00:22:44qui n'était pas très loin.
00:22:46Et puis, on commence à compter
00:22:48l'argent qu'elles avaient dans leur sac
00:22:50et on s'aperçoit qu'il y avait plus
00:22:52que ce qu'elles venaient de retirer.
00:22:54Et là, bon, très tranquillement,
00:22:56elle nous explique, effectivement,
00:22:58il y en a une d'entre elles
00:22:59qui a été bénéficiaire de chèques
00:23:03suite au décès de son concubin
00:23:06et qu'elle a été retirée.
00:23:09L'intégralité, donc, du chèque
00:23:11qu'elle avait déposé au CCP
00:23:12et l'intégralité de notre chèque
00:23:14quelques heures auparavant,
00:23:17toujours dans le 15e,
00:23:18qu'elle avait déposé dans une autre banque.
00:23:20Donc là, on commence quand même
00:23:22à s'interroger un petit peu.
00:23:23Il y a quand même des risques
00:23:24à se promener avec une telle somme d'argent
00:23:27alors que des virements bancaires
00:23:29sont très faciles.
00:23:30Mais elle vous dit quoi sur...
00:23:33Enfin, qu'est-ce qu'elle vous dit
00:23:33sur ce qu'elle va en faire, quoi ?
00:23:36Sur ce qu'elle va en faire, pas grand-chose.
00:23:38Mise à part une qui est un peu plus loquace
00:23:41et qui nous explique
00:23:42qu'elle a déjà transporté de l'argent
00:23:45comme ça en espèces
00:23:46provenant, pareil, d'autres assurances-vie.
00:23:50Qu'elle a déjà transporté cet argent
00:23:52donc sur un compte
00:23:53qu'elle a ouvert à son nom de jeune fille
00:23:55sur la Côte d'Azur.
00:23:56Et que, finalement, cet argent-là
00:23:58devait rejoindre ce compte-là.
00:24:01Et là, il se passe un truc très important.
00:24:02Elle vous donne un nom, un contact
00:24:04sur la Côte d'Azur ?
00:24:05Tout à fait.
00:24:06Elle nous dit qu'elle téléphone régulièrement
00:24:10à une nommée Betty
00:24:11dont elle nous donne le numéro de téléphone
00:24:13sur la Côte d'Azur.
00:24:14Et alors, est-ce que vous cherchez à vérifier
00:24:17la véracité de cette histoire
00:24:19d'assurance-vie, de décès du concubin ?
00:24:21Tout à fait.
00:24:21On téléphone donc aux assureurs
00:24:24qui ont établi les chèques
00:24:25pour être sûrs qu'il ne s'agit pas
00:24:27de chèques volés, déjà, dans un premier temps.
00:24:29Bon, eux nous disent que non, pas de problème.
00:24:31Ils ont bien établi ces chèques.
00:24:34Ces chèques ont bien une réalité
00:24:35et correspondent donc au décès
00:24:37de M. Dandonneau.
00:24:39Donc là, on va commencer à s'intéresser
00:24:41un petit peu à ce décès.
00:24:43Puisque les chèques ont une réalité,
00:24:45pourquoi toujours vouloir cacher cet argent-là ?
00:24:49Vous vous intéressez donc
00:24:50à la mort de M. Dandonneau ?
00:24:52Et vous rentrez, j'imagine,
00:24:54en contact assez vite
00:24:55avec les gens qui enquêtent dessus ?
00:24:57Tout à fait.
00:24:57Mais ce que vous racontez, vous,
00:24:59aux gendarmes,
00:25:00ça les intéresse, non ?
00:25:03Du moins, ils ne le montrent pas
00:25:05sur l'instant que ça les intéresse.
00:25:08Sur le moment, non.
00:25:10Ils ne nous donnent pas
00:25:11beaucoup de détails sur l'accident.
00:25:13On les sent un petit peu gênés.
00:25:15Mais ils ne nous disent pas non plus
00:25:16que notre affaire les intéresse vraiment.
00:25:19Pourquoi est-ce qu'alors,
00:25:21ce n'est pas vous,
00:25:22les policiers du 15e arrondissement,
00:25:23qui poursuivaient cette affaire ?
00:25:25Elle va nous échapper
00:25:26parce qu'un juge d'instruction,
00:25:27à un moment,
00:25:28nous demande de les remettre en liberté
00:25:29et de leur restituer l'argent.
00:25:32Pourquoi ?
00:25:33Ça, je l'ignore.
00:25:35Parce qu'il voulait les pister ?
00:25:36Je suppose, oui.
00:25:37Je suppose qu'il avait effectivement
00:25:39une idée dans ce sens-là.
00:25:46Antoine Trivaldo
00:25:47est le gendarme de Montpellier
00:25:49qui va diriger l'enquête.
00:25:58Antoine Trivaldo,
00:25:59au moment où la police parisienne
00:26:02procède à ces trois interpellations,
00:26:04dans le 15e arrondissement,
00:26:06il y a un petit risque quand même
00:26:07que l'enquête que vous venez de débuter
00:26:08vous échappe un peu, non ?
00:26:10Bien sûr.
00:26:11Ça a été d'ailleurs
00:26:12une période très délicate
00:26:14car il a fallu convaincre
00:26:15tour à tour
00:26:16et le magistrat instructeur
00:26:17en la personne de Mme Laporte
00:26:19d'une part
00:26:20et ensuite les policiers
00:26:21du 15e arrondissement
00:26:22qu'il fallait cesser
00:26:24immédiatement
00:26:25l'enquête.
00:26:28Pourquoi ?
00:26:28Ça compromettait
00:26:29inexorablement
00:26:30la suite.
00:26:31Il nous manquait encore
00:26:32des investigations
00:26:33à poursuivre
00:26:34et le but essentiel
00:26:35c'était d'interpeller
00:26:35l'auteur des faits.
00:26:37Et nous étions loin
00:26:38de savoir encore
00:26:40ce que nous allions apprendre
00:26:41les jours qui allaient suivre.
00:26:43Que vous apporte
00:26:44le témoignage
00:26:46venu de Paris
00:26:47et collecté
00:26:49par les policiers ?
00:26:51Alors plusieurs choses.
00:26:53Déjà dans un premier temps
00:26:54le fait que
00:26:55le fait qu'on nous indique
00:26:57la région
00:26:58de la Côte d'Azur
00:26:59comme un endroit
00:27:00où il peut y avoir
00:27:01un point d'ancrage.
00:27:02Ce qui peut nous intéresser
00:27:03à nous
00:27:03c'est le fait
00:27:04de dire
00:27:05nous avons
00:27:05dans le midi
00:27:08une correspondante.
00:27:11C'est-à-dire
00:27:11ces femmes ont dit
00:27:12on va porter
00:27:15tout cet argent
00:27:15sur la Côte d'Azur ?
00:27:16Voilà.
00:27:17Donc
00:27:17Madame Simonin
00:27:19déclare
00:27:20qu'elle allait déposer
00:27:22cet argent
00:27:22sur un compte personnel
00:27:23sur la Côte d'Azur
00:27:24où elle avait
00:27:25une amie
00:27:26qui se prénommait
00:27:27Betsy.
00:27:28Betsy.
00:27:28Betsy.
00:27:29À cette époque-là
00:27:30c'était le prénom
00:27:30de Betsy
00:27:31qui apparaissait.
00:27:34Retour au garage
00:27:35où l'épave de l'Austin
00:27:36repose toujours
00:27:37dans un coin.
00:27:38Fin novembre
00:27:39six mois
00:27:39après l'accident
00:27:40la juge d'instruction
00:27:41commande une expertise
00:27:42complète de la carcasse
00:27:44à un laboratoire
00:27:44d'analyse de pointe
00:27:45le CARM.
00:27:47Méticuleusement
00:27:48l'ingénieur
00:27:48Jean-Marie Graffey
00:27:49explore
00:27:50le moindre détail.
00:27:53On a prélevé
00:27:54toutes les
00:27:55toutes les particules
00:27:57tous les gravats
00:27:58qui étaient
00:27:59sur les planchers
00:28:00pour pouvoir
00:28:01tamiser
00:28:01et extraire
00:28:02tous les éléments
00:28:04d'intérêt.
00:28:05On s'est aperçu
00:28:06que la montée
00:28:07en température
00:28:08avait été
00:28:09très violente
00:28:10et rapide
00:28:10qu'après la crémation
00:28:13des chairs
00:28:13les os
00:28:14s'étaient pelées.
00:28:16Les pompiers
00:28:16ont bien enlevé
00:28:17le squelette
00:28:18mais par chance
00:28:19des petites esquilles
00:28:20superficielles d'os
00:28:21sont tombées
00:28:23dans le fond
00:28:24de la voiture.
00:28:26Parmi ces infimes
00:28:27particules
00:28:28il y a de quoi
00:28:29reconstituer
00:28:30un morceau
00:28:30de mâchoire humaine
00:28:31un tout petit morceau
00:28:33d'à peine 4 grammes
00:28:34un vrai puzzle
00:28:35mais au final
00:28:36voilà
00:28:36un bout
00:28:37de la mâchoire
00:28:38du mort.
00:28:40Or les gendarmes
00:28:40ont retrouvé
00:28:41le dentiste
00:28:42de Dandonaut
00:28:43qui, ça tombe bien
00:28:44à conserver
00:28:44une empreinte
00:28:45de ses dents
00:28:45il ne reste donc
00:28:46qu'à comparer.
00:28:48Sur le petit bout
00:28:49de mandibule
00:28:50reconstitué
00:28:51on constate
00:28:52que la dent
00:28:52sagesse
00:28:53est absente
00:28:54chez la victime
00:28:56qui a été
00:28:56brûlée
00:28:58ainsi que
00:28:59ses deux
00:29:00molaires
00:29:01et la
00:29:02la comparaison
00:29:04avec
00:29:04les radiologies
00:29:05retrouvées par
00:29:06Antoine Trivaldo
00:29:07chez le dentiste
00:29:08montrait
00:29:09que la victime
00:29:10officielle
00:29:10possédait
00:29:11ces trois dents
00:29:12là.
00:29:13Voilà
00:29:13c'est clair
00:29:14Yves Dandonaut
00:29:15n'est pas le mort
00:29:16carbonisé
00:29:17de l'ostine
00:29:17le corps brûlé
00:29:18est celui
00:29:19d'un autre
00:29:20d'ailleurs
00:29:20entre temps
00:29:21la preuve est faite
00:29:21qu'on a mis
00:29:22le feu
00:29:22à la voiture
00:29:23volontairement
00:29:24il y a des traces
00:29:25de plomb
00:29:25dans l'habitacle
00:29:26autrement dit
00:29:26on aurait aspergé
00:29:27l'intérieur
00:29:28de la voiture
00:29:29d'essence
00:29:30bref
00:29:31ça n'est plus
00:29:32une escroquerie
00:29:32c'est un assassinat
00:29:35C'est à partir
00:29:38de ce moment là
00:29:39que l'affaire
00:29:40Dandonaut
00:29:40devient une affaire
00:29:41criminelle
00:29:42Dominique
00:29:42jusqu'ici
00:29:43c'était
00:29:44une simple escroquerie
00:29:45
00:29:46le cadavre
00:29:47n'est pas celui
00:29:47qu'on pensait
00:29:48et
00:29:49c'est
00:29:50une victoire
00:29:51d'un laboratoire
00:29:52de police scientifique
00:29:52qui s'appelle
00:29:53le CARME
00:29:54c'est l'une des premières
00:29:55victoires du CARME
00:29:56c'est quoi le CARME ?
00:29:58le CARME c'était
00:29:58il faut en parler au passé
00:30:00puisqu'il n'existe plus
00:30:01le centre d'application
00:30:02et de recherche
00:30:03en micro électronique
00:30:04c'est un peu compliqué
00:30:04en fait c'était un laboratoire
00:30:06privé
00:30:07fondé par
00:30:08un monsieur
00:30:09qui s'appelle
00:30:09Loïc Leribaud
00:30:10qui est un géologue
00:30:11et il a eu l'idée
00:30:13d'utiliser
00:30:13le microscope électronique
00:30:15à balayage
00:30:16le MEB
00:30:16pour grossir
00:30:18des particules
00:30:19des éléments
00:30:20des choses
00:30:21retrouvées sur
00:30:22des scènes de crime
00:30:23et les faire parler
00:30:24alors appliquer
00:30:26à l'affaire Dandoneau
00:30:26ça donne quoi ?
00:30:28et bien on retrouve
00:30:28dans la voiture
00:30:29d'Yves Dandoneau
00:30:30des résidus
00:30:32des particules brûlées
00:30:33des morceaux
00:30:34de mâchoire
00:30:35des morceaux de dents
00:30:36et avec les morceaux
00:30:37de mâchoire
00:30:38le microscope électronique
00:30:40va permettre
00:30:41en les agrandissant
00:30:42d'avoir un pourtour
00:30:43une structure
00:30:43et de les assembler
00:30:45comme les pièces
00:30:46d'un puzzle
00:30:46de reconstituer
00:30:48avec ça
00:30:49deux centimètres
00:30:51et demi
00:30:51de la mâchoire
00:30:52de celui
00:30:53qui a brûlé
00:30:53dans la voiture
00:30:54on compare
00:30:55cette empreinte
00:30:57à celle
00:30:58qu'on saisit
00:30:59chez le dentiste
00:30:59d'Yves Dandoneau
00:31:00ça ne correspond pas
00:31:01donc celui
00:31:02qui a brûlé
00:31:02dans la voiture
00:31:03n'est pas
00:31:03Yves Dandoneau
00:31:04si on se résume
00:31:05Dominique
00:31:05les roues
00:31:06de la voiture
00:31:06n'étaient pas
00:31:06dans le bon sens
00:31:07il n'y avait pas
00:31:08de traces de freinage
00:31:09il y avait
00:31:11des traces d'essence
00:31:11dans l'habitacle
00:31:12de la voiture
00:31:13ce qui n'est pas logique
00:31:14on voit la femme
00:31:15et la maîtresse
00:31:16se ruer
00:31:16sur le magot
00:31:17et puis le mort
00:31:19de la voiture
00:31:19finalement
00:31:20n'est pas celui
00:31:21qu'on pensait
00:31:21ça veut donc dire
00:31:23que Dandoneau
00:31:23est vivant
00:31:24vivant
00:31:25mais où ?
00:31:276 mois après
00:31:286 mois après l'accident
00:31:28Marie-Thérèse
00:31:29Hérault
00:31:30la compagne
00:31:30de feu
00:31:31Dandoneau
00:31:31reçoit
00:31:32la visite
00:31:32d'un assureur
00:31:33l'homme
00:31:34n'est manifestement
00:31:34au courant
00:31:35de rien
00:31:35il n'a rien à voir
00:31:36avec les assurances vie
00:31:37lui représente
00:31:38l'assureur
00:31:39de la voiture
00:31:39c'est un ancien
00:31:41policier à la retraite
00:31:42il propose à
00:31:43Madame Hérault
00:31:43une indemnité
00:31:44d'essai calculée
00:31:45sur les revenus
00:31:45d'Yves Dandoneau
00:31:46les revenus
00:31:47parlons-en
00:31:48Madame Hérault
00:31:49explique que
00:31:49Yves Dandoneau
00:31:50venait juste
00:31:50de monter
00:31:51sa société
00:31:52Baby Ball
00:31:52qui fabriquait
00:31:53des piscines à balles
00:31:54pour enfants
00:31:54il venait par ailleurs
00:31:55d'investir
00:31:56chez un armateur
00:31:57de la région de Cannes
00:31:58International Yachting
00:31:59pour fabriquer
00:32:00des bateaux de plaisance
00:32:01et Madame Hérault
00:32:02très bavarde
00:32:03raconte qu'il avait
00:32:04d'ailleurs en projet
00:32:05d'acheter un gros catamaran
00:32:06et puis elle se ravise
00:32:07elle a perdu
00:32:08les coordonnées
00:32:09du chantier naval
00:32:10trop tard
00:32:11l'inspecteur allume
00:32:12son Minitel
00:32:12il trouve instantanément
00:32:13les coordonnées du chantier
00:32:15qui appartient
00:32:15à un certain Guy Fillon
00:32:16et au téléphone
00:32:17Guy Fillon
00:32:18lui raconte que
00:32:18justement
00:32:19depuis quelques mois
00:32:20un drôle de quatuor
00:32:21lui rend régulièrement
00:32:22visite
00:32:23elle est venue
00:32:23cette dame
00:32:25avec la personne
00:32:28qui était
00:32:29à peu près
00:32:30sensiblement
00:32:30du même âge qu'elle
00:32:31il me semble
00:32:33en gabardine
00:32:34qui était au départ
00:32:35discret
00:32:36puis ensuite
00:32:36de plus en plus
00:32:37volubile
00:32:38et du bateau
00:32:40après
00:32:41il s'est dit
00:32:41tiens
00:32:42finalement
00:32:43on pourrait bien
00:32:43acheter le chantier
00:32:44selon quoi
00:32:45j'étais très étonné
00:32:46Fillon raconte
00:32:48à l'assureur
00:32:49que l'homme
00:32:50à la gabardine
00:32:51s'appelle
00:32:51Bernard De Pen
00:32:52il se dit
00:32:53conseiller financier
00:32:54et aurait repris en main
00:32:55les affaires
00:32:56d'Yves Dandonneau
00:32:57Bernard De Pen
00:32:59a l'air d'un seigneur
00:32:59de la côte d'Azur
00:33:00il est généreux
00:33:01il lui arrive
00:33:02d'inviter Guy Fillon
00:33:03au bar des hôtels chics
00:33:04de la Croisette
00:33:04ou dans un restaurant
00:33:06du quartier
00:33:06des Palaces
00:33:07Fillon raconte
00:33:09que quand il vient
00:33:10au chantier
00:33:11Bernard De Pen
00:33:12est parfois accompagné
00:33:13d'une certaine
00:33:13Betty
00:33:14ou Betsy
00:33:15quelque chose comme ça
00:33:16cela dit
00:33:17De Pen n'est pas venu
00:33:18depuis longtemps
00:33:18et c'est un autre homme
00:33:20plus jeune
00:33:20et plus fuyant
00:33:21qui vient désormais
00:33:23avec la campagne
00:33:24de feu d'Andonneau
00:33:24au fur et à mesure
00:33:26que je m'approchais
00:33:26il s'éloignait
00:33:27je ne comprends pas
00:33:29et puis bon
00:33:31il ne me parlait pas
00:33:33il était très distant
00:33:34je remonte dans le bureau
00:33:36lui à ce moment là
00:33:37il monte dans sa voiture
00:33:39et du bureau
00:33:40je me dis
00:33:41c'est quand même bizarre
00:33:42elle a les mêmes attitudes
00:33:43que cette personne
00:33:44que j'ai vue cet été
00:33:45qui était intéressée
00:33:46par le catamaran
00:33:47Fillon ne se pose pas
00:33:49plus de questions
00:33:50on lui dit
00:33:50qu'il s'agit du frère
00:33:52de De Pen
00:33:52l'assureur
00:33:53qui pensait au départ
00:33:54indemniser une pauvre veuve
00:33:56se retrouve avec
00:33:57une drôle d'histoire
00:33:58sur les bras
00:33:58réflexe d'ancien policier
00:34:00il appelle
00:34:01les gendarmes de Montpellier
00:34:02et donne sans le vouloir
00:34:03un sacré coup de main
00:34:04à l'enquête
00:34:04les gendarmes
00:34:06filent chez l'armateur
00:34:07avec des photos
00:34:08d'Yves Dandonneau
00:34:09c'était le personnage
00:34:11que lui connaissait
00:34:11sous le nom de Bernard De Pen
00:34:12puisqu'il s'était présenté
00:34:14sous cette identité
00:34:15à l'époque
00:34:16et c'est à partir
00:34:17de ce moment-là
00:34:18qu'avec les photos
00:34:18que nous nous présentions
00:34:19nous que nous avions
00:34:20d'Yves Dandonneau
00:34:21notre vrai Yves Dandonneau
00:34:22que nous avions
00:34:23à ce moment-là
00:34:23la certitude
00:34:24qu'Yves Dandonneau
00:34:24était en vie
00:34:25et donc
00:34:25que l'escroquerie
00:34:27existait en tout cas
00:34:28il n'y a donc pas plus
00:34:29de De Pen
00:34:30que de frère de De Pen
00:34:31l'homme qui depuis des mois
00:34:33tourne autour du chantier naval
00:34:34c'est Yves Dandonneau
00:34:35qui a maintenant
00:34:36changé de visage
00:34:37il était évident
00:34:38que je ne pouvais pas
00:34:39le reconnaître
00:34:40puisque entre temps
00:34:41j'ai appris
00:34:42qu'il s'était fait
00:34:43changer le visage
00:34:44et qu'il ne voulait pas
00:34:46me parler
00:34:47probablement
00:34:47parce qu'il avait peur
00:34:48que je reconnaisse sa voix
00:34:49Yves Dandonneau
00:34:51a voulu changer de tête
00:34:52complètement
00:34:53et c'est dans cette clinique
00:34:55de Cannes
00:34:56qu'il s'est offert
00:34:56un nouveau visage
00:34:57opération complétée
00:34:58par une autre
00:34:59chez un chirurgien de Marseille
00:35:01les opérations coûtent cher
00:35:02mais peu importe
00:35:03il y a l'argent
00:35:04des assurances vie
00:35:05au total
00:35:055 opérations
00:35:07en moins de 3 mois
00:35:08il était pressé
00:35:09c'est vrai
00:35:10il était pressé
00:35:10et il avait déjà eu
00:35:12plusieurs interventions
00:35:13de chirurgie esthétique
00:35:15et il n'en était pas
00:35:18très satisfait
00:35:19donc il me demande
00:35:20de venir
00:35:20un plus
00:35:22un plus sur son visage
00:35:25voilà je l'ai examiné
00:35:33et je l'ai opéré
00:35:34et pour convaincre
00:35:38le chirurgien
00:35:39qu'il est un homme honnête
00:35:40qui veut simplement
00:35:40changer de visage
00:35:41il affûte ses arguments
00:35:43je crois qu'il venait
00:35:46tout simplement
00:35:47autant que je me souvienne
00:35:48il venait me dire
00:35:49je ne suis pas très beau
00:35:50je l'ai regardé
00:35:54et j'étais quand même d'accord
00:35:57au chantier naval
00:35:59il se faisait appeler
00:36:00Bernard de Pen
00:36:01à la clinique
00:36:02c'était
00:36:02François Meunier
00:36:04mais Yves Dandoneau
00:36:05ne sait pas
00:36:05que changer de nom
00:36:06c'est plus facile
00:36:08que de changer de gueule
00:36:09c'est impossible
00:36:10de changer un visage
00:36:12ça c'est dans
00:36:12l'imaginaire
00:36:14de la chirurgie esthétique
00:36:17les enquêteurs
00:36:19cherchent entre Marseille
00:36:20et Cannes
00:36:21la trace d'un homme
00:36:22qui a changé de nom
00:36:23et de tête
00:36:25et les taux
00:36:27se resserrent
00:36:27et puis nouveau coup d'accélérateur
00:36:32dans l'enquête
00:36:33depuis l'épisode des chèques postaux à Paris
00:36:35il y a deux mois
00:36:36les gendarmes de Montpellier
00:36:37ont mis sur écoute
00:36:38un numéro donné spontanément
00:36:39à l'époque par la secrétaire de Dandoneau
00:36:41cette copine qui habite Cannes
00:36:43et qui s'appelle Betty
00:36:44or l'armateur Guy Fillon
00:36:46parle lui d'une Betsy
00:36:48ou peut-être d'une Betty
00:36:49qui vient régulièrement
00:36:50au chantier naval
00:36:50Betty, Betsy
00:36:51peu importe
00:36:52le rapprochement est fait
00:36:53elle est localisée
00:36:54et placée sur écoute
00:36:55le 14 août soir
00:36:57nous interceptons
00:36:58une communication
00:36:59qui s'adresse
00:37:00à un certain Bernard
00:37:01on a tout lieu de penser
00:37:03qu'il s'agit
00:37:04de notre ami Dandoneau
00:37:06donc par conséquent
00:37:07très rapidement
00:37:07on tente d'identifier
00:37:09avec beaucoup de difficulté
00:37:10à l'époque
00:37:10le destinataire
00:37:12de cet appel
00:37:13et on tombe dans la région
00:37:14du Rouret
00:37:15l'adresse exacte
00:37:17c'est le 15 route de Roquefort
00:37:20au Rouret
00:37:20petite ville de l'arrière-pays
00:37:22à 25 km de la Croisette
00:37:24là les gendarmes
00:37:25pensent que Dandoneau
00:37:26est piégé
00:37:27c'est forcément son adresse
00:37:28mais pas de chance pour eux
00:37:30il y a plusieurs
00:37:31routes de Roquefort
00:37:32alors ils tâtonnent
00:37:34ils vont de villa en villa
00:37:35par-dessus les grilles
00:37:36on ne voit pas grand chose
00:37:37il pleut
00:37:37le soir tombe
00:37:38c'est maintenant un concert
00:37:39d'aboiement de chiens
00:37:40dans le quartier
00:37:41en rôdant comme ça
00:37:42ils vont tout faire rater
00:37:43tant pis
00:37:44ils laissent passer la nuit
00:37:45demain il fera jour
00:37:47le lendemain matin
00:37:48de très bonne heure
00:37:49avec le facteur du village
00:37:51nous avons pu effectivement
00:37:53trouver le 15 route de Roquefort
00:37:56à Rouret
00:37:56où pouvait se trouver
00:37:57Yves-Dandoneau
00:37:58donc c'est le facteur
00:37:59qui nous a indiqué l'endroit
00:38:00l'endroit étant une impasse
00:38:02c'était extrêmement difficile
00:38:03de mettre en place
00:38:03un dispositif
00:38:05discret
00:38:06pour l'interpellation
00:38:08on souhaitait
00:38:09comme on pratique habituellement
00:38:11procès d'interpellation
00:38:12à l'extérieur
00:38:13l'effet de surprise
00:38:15sera total
00:38:16ils se postent en embuscade
00:38:18au début de l'impasse
00:38:19et en planque
00:38:20dans la maison du voisin
00:38:21ils ne pourront pas rater
00:38:22et Dandoneau
00:38:23lorsqu'il ira
00:38:24comme tous les matins
00:38:24chercher son pain au village
00:38:26pour nous c'était une opportunité
00:38:29intéressante
00:38:31de procéder à l'interpellation
00:38:32de Dandoneau
00:38:33puisqu'il n'y avait pas
00:38:33d'autre itinéraire
00:38:34pour se rendre au village
00:38:35que d'emprunter
00:38:36cette rue
00:38:37qui mène au village
00:38:39et on pensait
00:38:40l'interpeller un peu plus bas
00:38:41et manque de chance
00:38:42il n'est pas sorti de chez lui
00:38:43et il a fallu prendre la décision
00:38:45de dire
00:38:46on va interpeller au domicile
00:38:48avec tout ce que ça peut
00:38:49comporter
00:38:50comme problème de sécurité
00:38:53parce qu'il était évident
00:38:54que nous ne savions pas
00:38:55qui était à l'intérieur
00:38:56de la maison
00:38:56Les gendarmes se méfient
00:38:58des réactions de Dandoneau
00:38:59certes ça n'est pas un gangster
00:39:01mais on ne sait jamais
00:39:02A découvert
00:39:05on a fait une course
00:39:06un petit peu jusqu'à l'entrée
00:39:08où on a agi
00:39:09tout à fait normalement
00:39:11en tapant la porte
00:39:11surprise
00:39:12on a entendu des talons
00:39:13d'une personne
00:39:15une jeune femme
00:39:15C'est la fameuse Betsy
00:39:19qui ouvre la porte
00:39:20Yves Dandoneau
00:39:21est resté en retrait
00:39:22la jeune femme
00:39:23se retrouve donc
00:39:23en première ligne
00:39:24face à des gendarmes
00:39:25révolver au point
00:39:26Quand vous vous retrouvez
00:39:28avec un pistolet
00:39:29grand comme ça
00:39:30qui vous arrive là
00:39:31vous poussez un hurlement
00:39:33et lui
00:39:35quand il a entendu
00:39:35le hurlement
00:39:37que j'ai poussé
00:39:37il a essayé de fuir
00:39:39mais il n'y avait pas
00:39:40d'autre issue
00:39:41il s'est réfugié
00:39:42dans la salle de bain
00:39:42On ne trouvait pas
00:39:43Dandoneau
00:39:44qui a été de suite
00:39:45après découvert
00:39:46derrière la porte
00:39:47de la salle de bain
00:39:48tout apeuré
00:39:49Yves Dandoneau
00:39:51n'est pas armé
00:39:52et n'oppose
00:39:53aucune résistance
00:39:54Betsy tente alors
00:39:56une ultime ruse
00:39:57il y a erreur
00:39:58ce monsieur s'appelle
00:39:59Bernard De Pen
00:40:00mais lui
00:40:01lui dit au gendarme
00:40:03qu'il s'appelle
00:40:03François Meunier
00:40:05dernière manœuvre
00:40:07avant de lâcher le morceau
00:40:09Comment il se trahit ?
00:40:16Il se trahit
00:40:17en fait
00:40:18pour nous
00:40:19il n'a pas à se trahir
00:40:20puisque nous avons
00:40:21la certitude
00:40:22d'avoir en face
00:40:23Dandoneau
00:40:25simplement
00:40:26il essaie
00:40:27d'employer
00:40:28quelques stratagèmes
00:40:29pour essayer
00:40:29de comprendre
00:40:31d'abord
00:40:31et de réfléchir
00:40:33pour savoir
00:40:36comment il va
00:40:36s'y prendre
00:40:37pour
00:40:37nous séduire
00:40:40nous séduire
00:40:41et essayer
00:40:42peut-être
00:40:42de nous convaincre
00:40:44d'écouter
00:40:45ce qui pourrait être
00:40:46des invraisemblances
00:40:47Oui
00:40:47à un moment
00:40:49néanmoins
00:40:50il lâche le morceau
00:40:52Bien sûr
00:40:53à bout d'argument
00:40:54comprenant
00:40:55que le dossier
00:40:56est bien ficelé
00:40:57il commence
00:40:59à vouloir
00:41:00s'expliquer
00:41:01mais au préalable
00:41:03en vouloir
00:41:03d'abord mettre
00:41:04sa vie en scène
00:41:05un petit peu
00:41:05il va nous expliquer
00:41:06un petit peu
00:41:07son enfance
00:41:08sa vie
00:41:10ses déboires
00:41:11je me souviens
00:41:13d'ailleurs très bien
00:41:14d'avoir
00:41:14d'avoir l'armoyer
00:41:15un petit peu
00:41:16avec lui
00:41:16dans la cour
00:41:17de la brigade
00:41:18des recherches
00:41:18de Nice
00:41:18pour essayer
00:41:20on essayait
00:41:21l'un et l'autre
00:41:21de se séduire
00:41:22un petit peu
00:41:22en tout cas
00:41:23de rentrer en confiance
00:41:24C'est-à-dire que vous avez
00:41:25fait mine de pleurer
00:41:26sérieusement ?
00:41:27Un petit peu
00:41:27oui
00:41:27un petit peu
00:41:28lui aussi
00:41:28est effondré
00:41:29et bon
00:41:30en essayant
00:41:31de le comprendre
00:41:31un petit peu
00:41:32je lui parlais
00:41:32de quelques problèmes
00:41:34etc
00:41:34et donc
00:41:35que j'avais inventé
00:41:36bien sûr
00:41:36mais surtout
00:41:38pour qu'il puisse
00:41:38un petit peu
00:41:39se lâcher
00:41:40comme on dit
00:41:40donc ensuite
00:41:41par la suite
00:41:42il sera assez
00:41:43prolixe
00:41:45et il s'expliquera
00:41:46tes âmes
00:41:47bien sûr
00:41:48ce qui paraissait
00:41:49peut-être important
00:41:50pour lui
00:41:51donc calculateur
00:41:52Néanmoins
00:41:54Néanmoins
00:41:54Néanmoins
00:41:54vient un moment
00:41:54où il reconnaît
00:41:55je suis
00:41:56Yves Dandoneau
00:41:57je ne suis pas
00:41:58meunier
00:41:58je ne suis pas
00:41:59de peine
00:42:00Il reconnaît
00:42:01très rapidement
00:42:02d'ailleurs
00:42:02qu'il est
00:42:03Dandoneau
00:42:04le problème
00:42:04pour lui
00:42:05c'est de donner
00:42:06une explication
00:42:06cohérente
00:42:08à ce qu'on peut
00:42:09lui reprocher
00:42:09et bien sûr
00:42:11il est toujours
00:42:11en attente
00:42:12de savoir
00:42:13ce que nous
00:42:13pouvons avoir
00:42:14avant de le confirmer
00:42:15donc déjà
00:42:16un élément
00:42:17de calcul
00:42:17chez lui
00:42:18une réflexion
00:42:19déjà
00:42:19pour essayer
00:42:20de s'en sortir
00:42:21et puis
00:42:23il balance ses complices
00:42:23puis bien sûr
00:42:25il est assez clair
00:42:26d'ailleurs
00:42:26quant à ses complices
00:42:27en ce qui concerne
00:42:28Blouard
00:42:29la participation
00:42:30de Meunier
00:42:31bien sûr
00:42:32la présence
00:42:32de la fameuse Betsy
00:42:33avec lui
00:42:34bien sûr
00:42:35c'est
00:42:36sa façon
00:42:38de vouloir
00:42:38de vouloir changer
00:42:40de physionomie
00:42:41pour échapper
00:42:41à la justice
00:42:42et puis bien sûr
00:42:44toujours ses projets
00:42:45plus ou moins utopiques
00:42:46sur ce qu'il voulait faire
00:42:47par la suite
00:42:48au niveau des bateaux
00:42:49des constructions
00:42:49et autres
00:42:50Yves Dandonneau
00:42:52a balancé
00:42:52ses complices
00:42:53qui sont immédiatement
00:42:54cueillis
00:42:54en région parisienne
00:42:55en quelques heures
00:42:57tout le monde
00:42:57est sous les verrous
00:42:58et d'abord
00:42:59Daniel Blouard
00:43:00l'homme qui conduisait
00:43:01la voiture
00:43:01il est arrêté
00:43:02dans son pavillon
00:43:03de l'Oise
00:43:03et il est le complice
00:43:05numéro un du crime
00:43:05le gendarme
00:43:07Francis Doré
00:43:07va le cuisiner
00:43:08Daniel Blouard
00:43:10minimise un petit peu
00:43:12son rôle là-dedans
00:43:13c'est un peu compréhensible
00:43:16il y a quand même
00:43:16une mort d'homme
00:43:17ils ont tout fait
00:43:18que ce soit Blouard
00:43:20que ce soit Dandonneau
00:43:20pour que cette personne
00:43:22périsse dans un accident
00:43:24quelques heures plus tard
00:43:25un autre complice tombe
00:43:27c'est François Meunier
00:43:28le barman de Sarcelles
00:43:30l'homme qui a sélectionné
00:43:31la victime
00:43:32et puis c'est au tour
00:43:33de la fidèle secrétaire
00:43:34Danielle Simonin
00:43:35elle est rattrapée
00:43:36dans son HLM
00:43:37de Villeneuve-la-Garenne
00:43:38chez elle
00:43:39les gendarmes retrouvent
00:43:40la copie
00:43:40des 8 contrats
00:43:41d'assurance vie
00:43:42c'est pas des grands voyous
00:43:43c'est pas des grands criminels
00:43:45bon ils ont monté ça
00:43:47autour de Dandonneau
00:43:49et puis bon
00:43:50ils sont coincés
00:43:52ils peuvent pas
00:43:52faire autrement
00:43:53que d'avouer
00:43:54leur participation
00:43:55à cette affaire
00:43:57pour compléter
00:43:59le casting
00:44:00les gendarmes
00:44:01vont chercher
00:44:02Marie-Thérèse Hérault
00:44:03la fausse veuve
00:44:04éplorée
00:44:05dans son pavillon
00:44:06de Montmorency
00:44:07elle le raconte alors
00:44:10cette nuit
00:44:11de décembre 86
00:44:12où Dandonneau
00:44:13l'a réveillé
00:44:14pour lui raconter
00:44:15son projet délirant
00:44:16il lui explique
00:44:18il veut monter
00:44:20une gigantesque
00:44:21escroquerie
00:44:21aux assurances
00:44:22il a contracté
00:44:23des assurances vie
00:44:24dont elle
00:44:25est bénéficiaire
00:44:26il va disparaître
00:44:28il n'explique pas
00:44:29vraiment comment
00:44:30il parle d'un accident
00:44:31de la circulation
00:44:32il lui dit
00:44:34qu'il ne faudra pas
00:44:35s'inquiéter
00:44:35qu'il l'appellera
00:44:36au téléphone
00:44:37et qu'elle aura
00:44:38pour mission
00:44:38d'enquisser le magot
00:44:40Dandonneau a tout prévu
00:44:42mieux
00:44:44il a répété
00:44:45son scénario
00:44:46on se résume
00:44:48pour toucher
00:44:49les primes d'assurance
00:44:50évoquées vers les îles
00:44:51Dandonneau a besoin
00:44:52que quelqu'un
00:44:53prenne la place du mort
00:44:54dans l'hostine incendiée
00:44:55au cours du pseudo-accident
00:44:56quelqu'un qui a à peu près
00:44:57la même corpulence
00:44:58que lui
00:44:58et au gendarme
00:45:00il raconte
00:45:01avec un cynisme
00:45:02absolument fou
00:45:02comment il a
00:45:03choisi sa proie
00:45:05et recruté
00:45:06un sans-abri
00:45:06prénommé Michel
00:45:07ce Michel
00:45:08il l'a rencontré
00:45:08sur le quai du métro
00:45:09Châtelet à Paris
00:45:10il était
00:45:11paraît-il malade
00:45:12et suicidaire
00:45:12il trouvait sa vie
00:45:13inutile
00:45:13que demander de mieux
00:45:15la victime idéale
00:45:16Dandonneau lui explique
00:45:17son projet
00:45:18et Michel dit
00:45:19banco
00:45:20et tous les deux
00:45:20filent vers les lieux
00:45:22du crime
00:45:22seulement voilà
00:45:23Dandonneau
00:45:24au dernier moment
00:45:25aurait été pris
00:45:26de remords
00:45:27il raconte
00:45:27mais il le fait
00:45:28peut-être
00:45:29pour attendrir
00:45:29les gendarmes
00:45:30qu'il a fait
00:45:31demi-tour
00:45:31à Fontainebleau
00:45:32et qu'il est rentré
00:45:33à Paris
00:45:33faut-il croire
00:45:34en toute cette histoire
00:45:35en tout cas
00:45:36Michel ne sera pas
00:45:37le cadavre de Lostine
00:45:38mais
00:45:38Dandonneau poursuit
00:45:40son casting macabre
00:45:41il lui faut
00:45:42coûte que coûte
00:45:43un cadavre
00:45:44finalement
00:45:46au lieu de sacrifier
00:45:48un clochard vivant
00:45:49pourquoi ne pas
00:45:50voler le corps
00:45:50d'un mort
00:45:51ce sera la mission
00:45:52d'un certain
00:45:52Daniel Blouard
00:45:53il est infirmier
00:45:54il doit bien y avoir
00:45:55des cadavres
00:45:55dans sa clinique
00:45:56et puis l'homme
00:45:57a l'air cupide
00:45:57il traverse
00:45:58une période de déprime
00:45:59il sera facile
00:46:00à convaincre
00:46:01lorsque il fait
00:46:02la connaissance
00:46:03de Dandonneau
00:46:04il est en état
00:46:05de vulnérabilité
00:46:06parce que
00:46:07il cherche
00:46:09un petit peu
00:46:09quelqu'un
00:46:10avec qui
00:46:11se bavarder
00:46:13à qui se confier
00:46:14et Dandonneau
00:46:15arrive à pic
00:46:15mais Blouard
00:46:17l'infirmier
00:46:17ne trouve pas
00:46:18de cadavre
00:46:19alors puisqu'il n'y a
00:46:20pas de mort tout fait
00:46:21il va falloir
00:46:22en fabriquer un
00:46:23Dandonneau repense
00:46:25à l'idée du clochard
00:46:26une idée qui peut-être
00:46:27n'était pas si mauvaise
00:46:28on se rend compte
00:46:29que d'abord
00:46:30avec le clochard
00:46:30c'est plus facile
00:46:31que deuxièmement
00:46:32et surtout
00:46:33c'est rien du tout
00:46:34un clochard
00:46:35ça n'a pas d'identité
00:46:36ça n'a pas de famille
00:46:38ça n'a pas de logement
00:46:39c'est un déchet humain
00:46:41qui n'appartient plus
00:46:42à la société
00:46:42lorsque ce clochard
00:46:44sera mort
00:46:45on ne s'en apercevra
00:46:45même pas
00:46:46il n'aura pas
00:46:47de funérailles
00:46:48il ira dans la fosse commune
00:46:50il n'a pas d'intelligence
00:46:52c'est une abstraction
00:46:54en un mot
00:46:54c'est un déchet humain
00:46:55pour trouver un clochard
00:46:57Yves Dandonneau
00:46:58a besoin d'un complice
00:47:00plus fiable
00:47:00que Daniel Blouard
00:47:01il n'a pas de François Meunier
00:47:03un ancien cuistot
00:47:04qu'il séduit
00:47:05comme d'autres
00:47:06par l'argent
00:47:06s'il lui trouve
00:47:09la victime idéale
00:47:10Dandonneau
00:47:10promet à Meunier
00:47:11une vie en couleur
00:47:12un pavillon
00:47:13un 4x4
00:47:14fini le HLM
00:47:16en somme
00:47:17une vie à la Dandonneau
00:47:18François Meunier
00:47:21était complètement subjugué
00:47:23par Dandonneau
00:47:23c'était pour lui
00:47:24l'homme idéal
00:47:25c'était le père
00:47:26qu'il n'avait pas eu
00:47:26les frères
00:47:27en concentré
00:47:28qu'il n'avait pas eu
00:47:29c'était l'ami
00:47:30celui dont il voulait
00:47:31en tout cas devenir l'ami
00:47:32donc François Meunier
00:47:34était manifestement
00:47:36avide
00:47:37de pouvoir
00:47:37satisfaire
00:47:38les souhaits
00:47:40d'Andandonneau
00:47:40pour conquérir
00:47:41cette amitié
00:47:41c'est clair
00:47:42Meunier fréquente
00:47:45un bistrot
00:47:46le Ravel
00:47:48à Sarcelles
00:47:49et c'est là
00:47:50au comptoir
00:47:51qu'il trouve
00:47:53l'homme
00:47:54que lui a commandé
00:47:55Dandonneau
00:47:56Meunier
00:48:00allant souvent au café
00:48:01parce qu'il avait
00:48:02un problème d'alcoolisme
00:48:03à rencontrer
00:48:04de façon épisodique
00:48:05mais assez régulière
00:48:06une ou deux fois par semaine
00:48:08plusieurs personnes
00:48:08parmi ces personnes
00:48:09il y en avait un
00:48:10avec lequel il avait
00:48:10un petit peu plus sympathisé
00:48:12avec lequel il avait
00:48:13eu quelques échanges
00:48:14c'est Joël
00:48:14il le connait
00:48:15sous son prénom
00:48:15de Joël
00:48:16pas plus
00:48:17Fin mai
00:48:19Dandonneau
00:48:19rencontre donc
00:48:20Joël
00:48:21sa proie
00:48:22sa future victime
00:48:23dans un jardin public
00:48:24de Sarcelles
00:48:26et Dandonneau
00:48:27prétend qu'il n'avait
00:48:28jamais vu un homme
00:48:28au regard aussi
00:48:29cruel
00:48:30il dit aussi
00:48:31que l'homme est une épave
00:48:32qu'il ressemble
00:48:33à son père
00:48:33bref
00:48:34qu'il mérite de mourir
00:48:36à cet instant
00:48:38Joël est condamné à mort
00:48:40le 5 juin 87
00:48:43vers 10h
00:48:44Meunier livre
00:48:45Joël à Dandonneau
00:48:46au rendez-vous des Belges
00:48:47un bistrot
00:48:47face à la gare du Nord
00:48:48Joël
00:48:49naïf
00:48:50emporte avec lui
00:48:51des textes de Brassens
00:48:52on lui a fait croire
00:48:53qu'on l'a emmené à 7h
00:48:54sur la tombe du poète
00:48:56en réalité
00:48:57c'est au bûcher
00:48:58qu'on le conduit
00:48:59à 11h
00:49:01Yves Dandonneau
00:49:02embarque Joël
00:49:02dans une voiture
00:49:03de location
00:49:03un véhicule de secours
00:49:04pour s'enfuir
00:49:05après le crime
00:49:06derrière Daniel Bloire
00:49:08conduit l'Austin Rouge
00:49:09il a apporté de quoi
00:49:10droguer le vagabond
00:49:12sur la route de Montpellier
00:49:13Dandonneau donne
00:49:14ses habits à Joël
00:49:15ainsi son corps calciné
00:49:16dans la voiture
00:49:17portera les vêtements
00:49:18nus disparus
00:49:19la veuve n'aura plus qu'à
00:49:20en identifier un fragment
00:49:21arrêt dans une station
00:49:23Daniel Bloire
00:49:24remplit un jerrycan d'essence
00:49:26et puis les deux hommes
00:49:27droguent Joël
00:49:27vin, bière, whisky, médicaments
00:49:29mais Joël est un costaud
00:49:31il tient le coup
00:49:32mais Dandonneau et Bloire
00:49:33s'acharnent
00:49:34le lendemain
00:49:34samedi 6 juin
00:49:35ils organisent un pique-nique
00:49:37près du col de l'homme mort
00:49:38au menu
00:49:39nouveau cocktail explosif
00:49:40d'alcool
00:49:41et de médicaments
00:49:42on augmente les doses
00:49:43et cette fois le vagabond
00:49:44s'endort sous un arbre
00:49:46il plonge dans un coma éthylique
00:49:47Dandonneau et Bloire
00:49:49l'abandonnent sous l'arbre
00:49:50dans le coma
00:49:51mais sans doute encore vivant
00:49:53et vont louer une chambre
00:49:54d'hôtel à Sey
00:49:55et puis
00:49:56ils vont se payer
00:49:57un bon gueuleton
00:49:58de fruits de mer
00:49:58à Palavas-les-Flots
00:49:59au retour de Palavas
00:50:04Daniel Bloire
00:50:05examine le vagabond
00:50:06endormi sous l'arbre
00:50:07d'après Dandonneau
00:50:08son diagnostic
00:50:09est à ce moment-là
00:50:10sans appel
00:50:11Joël est mort
00:50:12le corps est attaché
00:50:21dans l'hostine
00:50:22à la place du passager
00:50:24en principe
00:50:26Bloire doit précipiter
00:50:27l'hostine
00:50:28dans le ravin
00:50:28puis descendre
00:50:30y mettre le feu
00:50:31mais au dernier moment
00:50:35il ne veut pas
00:50:36jouer les cascadeurs
00:50:37alors il change
00:50:38le scénario
00:50:38et lance à petite vitesse
00:50:40la voiture
00:50:41contre le rocher
00:50:42sur le bas-côté
00:50:44de la route
00:50:44après l'accident
00:50:48Yves Dandonneau et lui
00:50:49laissent volontairement
00:50:50les phares allumés
00:50:51cela accréditera
00:50:52l'hypothèse
00:50:53d'un court-circuit
00:50:54ensuite ils arrosent
00:50:55l'intérieur de l'hostine
00:50:55et le corps de Joël
00:50:56et craquent une allumette
00:50:57une fois carbonisé
00:50:59c'est sûr
00:51:00le corps passera
00:51:01pour celui de Dandonneau
00:51:02à partir de là
00:51:04la route des deux assassins
00:51:05se sépare
00:51:06Yves Dandonneau fonce
00:51:07vers Perpignan
00:51:08Daniel Bloire a pour mission
00:51:09d'alerter les secours
00:51:10sans trop se presser
00:51:12car il faut que le corps
00:51:12se consume
00:51:13avant l'arrivée
00:51:15des pompiers
00:51:15au petit matin
00:51:17Dandonneau attrape
00:51:19un train
00:51:19pour la Charente-Maritime
00:51:20là-bas Bloire
00:51:21a préparé
00:51:22une caravane
00:51:23de replis
00:51:24dans le jardin
00:51:25d'un ami d'enfance
00:51:26un certain
00:51:26Bernard De Pen
00:51:27De Pen croit
00:51:29qu'il héberge
00:51:29un homme d'affaires
00:51:30dépressif
00:51:31quelques jours
00:51:33après le crime
00:51:34Dandonneau appelle
00:51:35comme prévu
00:51:35Marie-Thérèse Hérault
00:51:36pour la rassurer
00:51:37il est vivant
00:51:38et la combine
00:51:39à marcher à merveille
00:51:40voilà le récit
00:51:42de Dandonneau
00:51:42devant les gendarmes
00:51:43tellement fier
00:51:44de son stratagème
00:51:45qu'il en oublie
00:51:46qu'il est un assassin
00:51:46ça ne dérangeait pas du tout
00:51:50d'avoir débarrassé
00:51:50la société
00:51:51d'une épave
00:51:53d'un déchet
00:51:54compte tenu
00:51:55de la version profonde
00:51:57qu'il portait
00:51:57aux ivrognes
00:51:58et aux alcooliques
00:51:59donc
00:52:00à quelque part
00:52:02il voulait
00:52:03pendant toute la garde à vue
00:52:04trouver une justification
00:52:06à son geste
00:52:08en disant
00:52:08en fait
00:52:09j'ai pas fait grand chose
00:52:10Dominique
00:52:12parlez-nous
00:52:12de ce
00:52:13sans-abri
00:52:14prénommé Joël
00:52:15qui a donc été
00:52:15sacrifié
00:52:17par
00:52:17Dandonneau
00:52:18d'abord
00:52:19comment est-ce qu'on retrouve
00:52:20sa véritable identité ?
00:52:21les gendarmes
00:52:22au départ
00:52:23ont un prénom
00:52:24Dandonneau leur a dit
00:52:25il s'appelle Joël
00:52:26il a fini par leur dire
00:52:27il s'appelle Joël
00:52:28donc les gendarmes
00:52:29vont faire des recherches
00:52:30en consultant le chichi
00:52:32des personnes disparues
00:52:32ils vont retrouver
00:52:339 personnes
00:52:34prénommées Joël
00:52:35qui ont disparu en France
00:52:37vérifier 9 fois
00:52:38et s'apercevoir à chaque fois
00:52:40que ces Joël là
00:52:41ne sont pas
00:52:42ne correspondent pas
00:52:43à la personne
00:52:44qui a brûlé dans la voiture
00:52:45dans le même temps
00:52:47les gendarmes
00:52:48réalisent un croquis
00:52:49très précis
00:52:51celui-ci
00:52:53de Joël
00:52:55c'est un portrait robot
00:52:57ou quoi ?
00:52:58on a un croquis
00:52:59et un prénom
00:53:00ce portrait robot
00:53:02il va être diffusé
00:53:02dans la presse
00:53:03et dans sa cellule
00:53:06de la prison d'Amiens
00:53:07un détenu
00:53:08qui connaît Joël
00:53:10parce qu'ils ont travaillé ensemble
00:53:11va le reconnaître
00:53:12et témoigner
00:53:13il va lui donner un nom
00:53:14il s'appelle Joël Hippo
00:53:15faire savoir
00:53:17à ses proches
00:53:18à son avocat
00:53:19qu'il ait identifié
00:53:20cette personne
00:53:20les gendarmes seront prévenus
00:53:22et c'est comme ça
00:53:22que Joël Hippo
00:53:23va être identifié finalement
00:53:24comment est-ce qu'on retrouve
00:53:25la dernière compagne
00:53:27de cet homme
00:53:27qui se prénomme Geneviève ?
00:53:29les gendarmes vont faire
00:53:29un travail classique
00:53:31d'enquête
00:53:31ils vont essayer
00:53:33de reconstituer
00:53:34la vie de Joël Hippo
00:53:35en remontant vers
00:53:36l'amont
00:53:37de son existence
00:53:39il était marié
00:53:40il a divorcé
00:53:41il est toujours resté
00:53:43dans le secteur
00:53:44de Sarcelles
00:53:45et c'est ici
00:53:46qu'il a rencontré
00:53:47une nouvelle compagne
00:53:48on va la retrouver
00:53:49parce qu'il fréquente
00:53:50des bars
00:53:52du secteur
00:53:53et on va se souvenir
00:53:55qu'on le voyait
00:53:56parfois
00:53:57avec cette femme
00:53:58et c'est comme ça
00:53:58qu'on va la retrouver
00:53:59c'est très important
00:54:00parce que
00:54:01c'est elle
00:54:01qui va se constituer
00:54:02parti civil
00:54:03sans elle
00:54:03sans cette personne
00:54:05qui s'appelle Geneviève Conx
00:54:06et bien Joël Hippo
00:54:07il n'avait pas d'existence
00:54:08personne ne serait venu
00:54:10demander des comptes
00:54:11pour lui
00:54:12à Yves Dandoneau
00:54:13au procès d'Yves Dandoneau
00:54:14au procès d'Yves Dandoneau
00:54:15et ce qu'on découvre
00:54:16c'est que
00:54:17cet homme
00:54:18n'était pas
00:54:19l'homme au regard cruel
00:54:20que nous a décrit
00:54:22Dandoneau
00:54:23absolument
00:54:23ça n'est pas du tout
00:54:25l'homme
00:54:25le clochard
00:54:26l'épave
00:54:27dont parle
00:54:28Yves Dandoneau
00:54:29Joël Hippo
00:54:30c'est un homme cultivé
00:54:31un homme intelligent
00:54:32il a été
00:54:33à l'âge de 15 ans
00:54:34le plus jeune bachelier
00:54:35de France
00:54:36à son époque
00:54:36il est licencié en droit
00:54:37il a fait des études
00:54:38de médecine
00:54:39en tout cas
00:54:39c'est l'opposé
00:54:41d'Yves Dandoneau
00:54:41le procès de Dandoneau
00:54:44et de ses complices
00:54:45s'ouvre 4 ans
00:54:46après le crime
00:54:47le 30 juin 92
00:54:48devant les assises
00:54:49de Montpellier
00:54:50on est impatient
00:54:51de voir le visage
00:54:52de l'assassin
00:54:53quelle tête a-t-il
00:54:544 ans plus tard
00:54:55la tête du
00:54:57Lucky Luke des assurances
00:54:58qui dégainait si vite
00:54:59ses contrats
00:55:00celle du fringant
00:55:01businessman
00:55:01fabricant de jeux
00:55:02pour enfants
00:55:03ou bien celle
00:55:04de l'assassin
00:55:05Agar
00:55:06en fin de cavale
00:55:07or voilà
00:55:10que l'homme
00:55:11qui entre dans le box
00:55:12a la tête
00:55:13d'un mannequin
00:55:14de grand magasin
00:55:15au visage lisse
00:55:16et sans expression
00:55:17il est l'homme
00:55:18au masque de cire
00:55:20moi l'homme
00:55:29que j'ai connu
00:55:29le jour où
00:55:30j'ai été le voir
00:55:31à la maison d'arrêt
00:55:32pour la première fois
00:55:33et l'homme
00:55:34pour lequel
00:55:34j'ai plaidé
00:55:35devant la cour d'assises
00:55:37avec Alain Fabury
00:55:37n'est pas
00:55:39le même homme
00:55:40n'a pas le même visage
00:55:41on a l'impression
00:55:42et je pense
00:55:43que c'est une réalité
00:55:44que tous ces produits
00:55:45ont fondu
00:55:46et que les traits
00:55:47de son visage
00:55:47ont changé
00:55:48il était sous plastique
00:55:49et je ne me souviens
00:55:50pas très bien
00:55:51de l'aspect physique
00:55:51des autres
00:55:52parce que je me souviens
00:55:53que je le regardais lui
00:55:54et tout le temps lui
00:55:55on aurait dit
00:55:57qu'on avait
00:55:57on l'avait passé
00:55:59à la cire
00:56:00ça ne pouvait plus bouger
00:56:01et je crois
00:56:03qu'il en était
00:56:03lui-même malheureux
00:56:04ces opérations
00:56:09de chirurgie esthétique
00:56:10avaient été telles
00:56:11que ce visage
00:56:12ne bougeait plus
00:56:13il n'y avait plus
00:56:13pratiquement plus d'expression
00:56:14la peau était tendue
00:56:15comme un tambour
00:56:16avec une coloration
00:56:17tout à fait particulière
00:56:19et ça lui donnait
00:56:21un côté très étrange
00:56:23très très étrange
00:56:24au deuxième jour
00:56:26du procès
00:56:27coup de théâtre
00:56:28car la presse
00:56:29fait sa une
00:56:30avec une interview
00:56:31du président
00:56:32des assises
00:56:33Jules Guers
00:56:34il a parlé
00:56:36au Midi Libre
00:56:37trois colonnes
00:56:37à la une
00:56:38et à la radio locale
00:56:39Radio France Héro
00:56:40c'était une grosse affaire
00:56:44c'était le plus gros procès
00:56:46de ces dix dernières années
00:56:46à Montpellier
00:56:47et on avait décidé
00:56:48à cette occasion
00:56:49dans la mesure
00:56:50où il y avait énormément
00:56:51de journalistes
00:56:52qui descendaient
00:56:52à Montpellier
00:56:53toutes les télévisions
00:56:54étaient en direct
00:56:55du palais de justice
00:56:56on avait décidé
00:56:57de faire une interview
00:56:58du président
00:56:59de la cour d'assises
00:56:59histoire de savoir
00:57:01un petit peu
00:57:01dans quel état d'esprit
00:57:03il abordait ce procès
00:57:04Bandonneau avait
00:57:05d'immenses atouts
00:57:06il aurait pu faire
00:57:07de très belles choses
00:57:08il gagnait très bien
00:57:09sa vie
00:57:10il a choisi
00:57:12le pire
00:57:12dans une machination
00:57:13diabolique
00:57:14ben nous allons
00:57:16la justice humaine
00:57:17va passer par là
00:57:18et là
00:57:19le scandale
00:57:20tous les avocats
00:57:22au milieu
00:57:23du boxe
00:57:24tous en train
00:57:25de lire le journal
00:57:26scandalisé
00:57:27le président
00:57:29porte un jugement
00:57:29sur l'affaire
00:57:30manque
00:57:32d'impartialité
00:57:34le président
00:57:35guerre
00:57:36n'avait plus siégé
00:57:37depuis quatre ans
00:57:38et visiblement
00:57:39il a perdu la main
00:57:40mais de là
00:57:41à commettre
00:57:41une telle faute
00:57:42tenue à la neutralité
00:57:44garant de la présomption
00:57:46d'innocence
00:57:47il a aux yeux
00:57:48de la défense
00:57:49manifesté son opinion
00:57:50quant à la culpabilité
00:57:52de l'accusé
00:57:53ce qui est bien sûr
00:57:54contraire
00:57:55au devoir
00:57:55de sa charge
00:57:56la mort dans l'âme
00:57:58mais constatant
00:57:59que son impartialité
00:58:00est mise en cause
00:58:01le président
00:58:02en guerre
00:58:03renvoie l'affaire
00:58:04je pense que la façon
00:58:05dont les choses
00:58:06se sont passées
00:58:06justifiait
00:58:08que ce procès
00:58:09soit renvoyé
00:58:09parce qu'on pouvait
00:58:11et on pouvait
00:58:11ici ou là
00:58:12penser qu'effectivement
00:58:13même si ce n'était
00:58:14peut-être pas vrai
00:58:15sur le fond
00:58:15tout au moins
00:58:16dans la forme
00:58:18et dans une ou deux
00:58:19expressions malheureuses
00:58:20utilisées
00:58:21l'impartialité
00:58:22n'était pas
00:58:23au rendez-vous
00:58:23fini le procès
00:58:26d'Andonneau
00:58:27que tout le monde
00:58:27attendait depuis quatre ans
00:58:28renvoyé pour
00:58:30bavure du président
00:58:31il faudra donc
00:58:32encore patienter
00:58:33plusieurs mois
00:58:34pour espérer
00:58:35connaître la vérité
00:58:36en attendant
00:58:37Dandonneau
00:58:38et ses complices
00:58:39retrouvent leur cellule
00:58:40à Villeneuve-les-McGlone
00:58:41le procès reprend
00:58:42trois mois plus tard
00:58:43avec un nouveau président
00:58:45la cour
00:58:46le nouveau président
00:58:49s'appelle René Gadel
00:58:50Jean Porcé
00:58:51l'expert en assurance
00:58:52est appelé
00:58:53à témoigner le premier
00:58:54voilà quatre ans et demi
00:58:55qu'il a remis son rapport
00:58:57la justice a pris son temps
00:58:58le nouveau président
00:59:01est un spécialiste
00:59:01des affaires commerciales
00:59:03la psychologie
00:59:04n'est pas son truc
00:59:04il expédie en quelques minutes
00:59:06la biographie
00:59:07de Dandonneau
00:59:08ce qui m'a frappé
00:59:15c'est le président
00:59:15le deuxième
00:59:16le remplaçant
00:59:17qui n'était pas exactement
00:59:18un grand habitué
00:59:19des cours d'assises
00:59:21qui parlait comme une mitraillette
00:59:23et qui est passé
00:59:24sur la personnalité
00:59:25du principal accusé
00:59:26je crois que
00:59:29l'avocat avait mesuré le temps
00:59:31en 14 minutes
00:59:32emballé
00:59:32c'est pesé
00:59:33on avait tout fini
00:59:34et pourtant
00:59:37la vie de Yves Dandonneau
00:59:39méritait sans doute
00:59:41qu'on s'y attarde
00:59:42Dandonneau a grandi
00:59:45dans cette petite maison
00:59:46de Béziers
00:59:47est née de
00:59:48cinq frères et soeurs
00:59:50son père est gendarme
00:59:52un homme violent
00:59:54et alcoolique
00:59:55qui sème la terreur
00:59:56dans sa famille
00:59:56sa mère est violoniste
00:59:58au théâtre de Béziers
00:59:59femme battue
01:00:01Dandonneau a été un enfant
01:00:04qui a vécu
01:00:05des choses difficiles
01:00:06qui l'a peut-être
01:00:08lui-même amplifié
01:00:09parce qu'il a toujours
01:00:09le vécu de la personne
01:00:11mais je crois que
01:00:12voir un père
01:00:13violent
01:00:14briser les doigts
01:00:16de sa mère
01:00:17et casser le violon
01:00:19qui n'est pas que
01:00:20l'instrument de travail
01:00:21parce que c'est quand même
01:00:22beaucoup chargé
01:00:23d'émotivité
01:00:23c'est la culture
01:00:25qu'on sacrifie
01:00:25c'est la musique
01:00:26c'est une grande symbolique
01:00:27pour un enfant
01:00:28je crois que c'est
01:00:29quelque chose de grave
01:00:30à l'adolescence
01:00:33Yves Dandonneau
01:00:34couche avec sa voisine
01:00:35âgée d'à peine 16 ans
01:00:36et la gamine
01:00:37tombe enceinte
01:00:38Dandonneau père
01:00:39l'oblige alors
01:00:40à l'épouser
01:00:41c'est le mariage
01:00:42ou l'armée
01:00:43le jeune Yves
01:00:44choisit le mariage forcé
01:00:46du côté des études
01:00:48ça n'est pas brillant
01:00:49Dandonneau rate son apprentissage
01:00:51dans les métiers
01:00:52de la ferronnerie
01:00:52il tente une reconversion
01:00:54dans la police
01:00:55et rentre à l'école
01:00:56de police de Sens
01:00:57un rapport de l'époque
01:01:00stigmatise son caractère difficile
01:01:01il est contraint
01:01:03à la démission
01:01:03juste au moment
01:01:08où M. Dandonneau
01:01:08a présenté sa démission
01:01:11il disait
01:01:12qu'il s'agit
01:01:12de quelqu'un
01:01:13de très nerveux
01:01:14d'égocentrique
01:01:15qui ne possède pas
01:01:16le sens de la hiérarchie
01:01:18et subit la discipline
01:01:19avec beaucoup de difficultés
01:01:20il mettait en avant
01:01:23son caractère instable
01:01:24bien entêté
01:01:25ses réactions violentes
01:01:26et son mauvais esprit
01:01:28qui de toute façon
01:01:29ne lui aurait pas permis
01:01:30de faire dans la police nationale
01:01:31une carrière normale
01:01:32il rentre alors
01:01:34comme courtier
01:01:35dans une compagnie d'assurance
01:01:36on l'appelle
01:01:37le Lucky Luke de l'assurance
01:01:38tant il est rapide
01:01:39à dégainer les contrats
01:01:40c'est à ce moment là
01:01:41que naît son projet fou
01:01:42il s'intéresse à l'histoire
01:01:44d'Alain Collat
01:01:46le navigateur disparu
01:01:47il en tire une leçon
01:01:48pas de cadavre
01:01:49pas de primes d'assurance vie
01:01:50ce sera la clé
01:01:51de sa machination
01:01:52mais comme pour arriver à ses fins
01:01:54il lui faut tuer un homme
01:01:54Yves Dandoneau
01:01:55s'invente une mission humanitaire
01:01:57c'est ce qu'il raconte
01:01:58devant les assises
01:01:58avec l'argent
01:01:59des compagnies d'assurance
01:02:00il va créer une école
01:02:02de la réussite
01:02:02dans les îles grecques
01:02:03pour les enfants défavorisés
01:02:04j'ai jamais entendu parler
01:02:07de cette île
01:02:09ni de ce projet
01:02:10enfin c'était peut-être
01:02:11un projet
01:02:13qu'il aurait peut-être
01:02:14réalisé par la suite
01:02:15mais enfin personnellement
01:02:16devant moi
01:02:17il n'en a jamais parlé
01:02:18au fond de lui
01:02:20il y avait ce rêve
01:02:20que par la suite
01:02:21l'idée était pervertie
01:02:23qu'il se soit laissé
01:02:24entraîner à des dérives
01:02:25mais je crois que
01:02:25le fond c'est ça
01:02:26c'est quelque chose
01:02:27de parfaitement
01:02:28irrationnel
01:02:31enfin je veux dire
01:02:31il est parti sur une idée
01:02:32qui était folle
01:02:33que l'on peut tout savoir
01:02:34mais que l'on va s'arrêter
01:02:35d'avoir
01:02:36quand on s'aperçoit
01:02:37que c'est pas possible
01:02:37en réalité ce qu'il avait fait
01:02:39c'était descendre tout bêtement
01:02:40dans une zone bien construite
01:02:42de la côte d'Azur
01:02:43s'acheter une villa
01:02:44et essayer d'investir
01:02:46dans une affaire de catamaran
01:02:47si je me souviens bien
01:02:48c'est à dire
01:02:49mener la vie
01:02:50d'un riche basique
01:02:51quoi
01:02:51quand on connaît
01:02:56la machination
01:02:57on se dit
01:02:58que le cerveau
01:02:59doit être un
01:03:00sacré calibre
01:03:01mais le machiavélique
01:03:04d'Andono
01:03:05se révèle bien décevant
01:03:07on s'attendait
01:03:13à avoir quelqu'un
01:03:13d'extrêmement machiavélique
01:03:14quelqu'un qui parle beaucoup
01:03:16qui explique
01:03:17de brillant
01:03:18brillant dans son escroquerie
01:03:19j'entends
01:03:20dans son escroquerie
01:03:21crapuleuse
01:03:22mais c'était pas le cas
01:03:23les gens attendaient
01:03:24qu'il soit à la hauteur
01:03:25du polar
01:03:26un héros
01:03:27à la hauteur du polar
01:03:28un type
01:03:29un type qui fasse fantasmer
01:03:31et c'est pas ce qu'il était
01:03:33du tout
01:03:33du tout
01:03:33du tout
01:03:33c'était un monsieur
01:03:34tout à fait ordinaire
01:03:35Dandono n'a peut-être pas
01:03:37beaucoup de charisme
01:03:38et d'envergure
01:03:39mais il a tout de même
01:03:40embarqué quatre complices
01:03:42dans son délire
01:03:43et notamment
01:03:43deux femmes
01:03:44sa secrétaire
01:03:45Daniel Simonin
01:03:46et sa compagne
01:03:47Marie-Thérèse Hérault
01:03:48d'abord rivale
01:03:49et finalement
01:03:50inséparable
01:03:51Dandono avait une W
01:03:54il avait une femme
01:03:55et une maîtresse
01:03:57et y compris
01:03:59après les faits
01:04:00la femme et la maîtresse
01:04:01continueront à exister
01:04:02et manifestement
01:04:04l'une comme l'autre
01:04:05au moins après les faits
01:04:06sauront ce qui s'est passé
01:04:07mais ni l'une ni l'autre
01:04:09ne dénonceront
01:04:10Dandono
01:04:10ce qui me laisse penser
01:04:13que cet homme
01:04:13avait quand même
01:04:14un pouvoir
01:04:14de fascination terrible
01:04:16et je crois que ce pouvoir
01:04:17il en avait conscience
01:04:18la fascination
01:04:20je ne pense pas
01:04:22je ne pense pas
01:04:22qu'il y a eu une fascination
01:04:23il y a eu certainement
01:04:24chaque personne
01:04:26seule
01:04:27ne pouvait pas le faire
01:04:28donc il a fallu
01:04:29l'alchimie
01:04:30que certainement
01:04:32Dandono a provoqué
01:04:33ou a induit
01:04:34parce que
01:04:35c'est quelqu'un
01:04:36qui a un fort pouvoir
01:04:37de persuasion
01:04:37maintenant
01:04:40il faut savoir
01:04:41une bonne fois pour toutes
01:04:42lequel des deux
01:04:43a tué Joël Hippo
01:04:44Dandono
01:04:45ou Bloire
01:04:46Bloire c'est sûr
01:04:50est celui
01:04:50qui a fourni
01:04:51les médicaments
01:04:52et beaucoup d'alcool
01:04:53mais selon les experts
01:04:55le whisky
01:04:55et le Valium
01:04:56fourni par Bloire
01:04:57n'ont pas pu seul
01:04:58tuer Joël
01:04:58qui étaient déjà
01:04:59alcooliques
01:05:00ils sont une hypothèse
01:05:01il fallait pour tuer
01:05:05Joël Hippo
01:05:06administrer en même temps
01:05:07une substance
01:05:08extrêmement dépressive
01:05:10sur le plan respiratoire
01:05:11à savoir
01:05:12le pain total
01:05:13et l'administrer
01:05:14par un intraveineuse
01:05:15ce qu'aurait pu bien
01:05:17parfaitement bien faire
01:05:18un infirmier anesthésiste
01:05:19Bloire
01:05:21nous a dit
01:05:22qu'il avait
01:05:24évité de trop charger
01:05:25sa boisson
01:05:26en médicaments
01:05:27on sait que le clochard
01:05:29s'est lourdement endormi
01:05:30à partir de là
01:05:32plus personne
01:05:32n'a voulu dire
01:05:33si le clochard
01:05:35était dans un sommeil profond
01:05:38ou s'il était déjà mort
01:05:39on n'en sait rien
01:05:40si Bloire n'a pas drogué
01:05:42à mort Joël Hippo
01:05:43alors c'est Yves Dandono
01:05:45l'assassin
01:05:45puisque c'est lui
01:05:46qui a reconnu
01:05:47avoir mis le feu
01:05:48à la voiture
01:05:48or il affirme
01:05:50qu'avant l'incendie
01:05:50le clochard
01:05:51avait déjà succombé
01:05:53au mélange
01:05:53explosif de Bloire
01:05:54à les entendre
01:05:56ni l'un ni l'autre
01:05:57n'est l'assassin
01:05:58et comme aucune autopsie
01:05:59n'est possible
01:05:59puisque le corps
01:06:00a été incinéré
01:06:01la question reste
01:06:02sans réponse
01:06:03et peut-être qu'au fond
01:06:04cela range tout le monde
01:06:06le travail de la défense
01:06:08c'était surtout
01:06:08d'empêcher
01:06:09que les jurés
01:06:10imaginent
01:06:10qu'on ait pu brûler
01:06:12ce monsieur
01:06:12avant qu'il ne soit mort
01:06:14et quant à Dandono
01:06:17et Bloire
01:06:17étaient extrêmement occupés
01:06:19l'un et l'autre
01:06:19à ne pas être
01:06:21le principal coupable
01:06:22jusqu'ici
01:06:26dans ce procès
01:06:27on a peu parlé
01:06:28de la victime
01:06:29Joël Hippo
01:06:30forcément
01:06:31c'était un clochard
01:06:33l'avocat
01:06:34Eric Dupond-Moretti
01:06:35est là
01:06:36pour parler de lui
01:06:37Eric Dupond-Moretti
01:06:43qu'est-ce que vous faites
01:06:44vous dans ce procès
01:06:45quel est votre rôle
01:06:46je suis mandaté
01:06:48par Geneviève Cons
01:06:50qui est la concubine
01:06:51de Joël Hippo
01:06:52et qui me demande
01:06:54de me constituer
01:06:55partie civile
01:06:55mais pour faire
01:06:57quelque chose
01:06:58d'inédit
01:06:59ça consiste en réalité
01:07:02à dire à l'accusé
01:07:03qu'il a tué
01:07:03un type extraordinaire
01:07:04c'est ça qu'elle vous dit
01:07:06dites que
01:07:07Joël Hippo
01:07:08était un type extraordinaire
01:07:09dites qu'en dépit
01:07:10de son mode de vie
01:07:11c'était un homme exceptionnel
01:07:12pourquoi en dépit
01:07:13de son mode de vie
01:07:14parce qu'il était
01:07:15marginal
01:07:16parce qu'il était
01:07:18un routard
01:07:19c'est comme ça
01:07:20qu'elle le définissait
01:07:21pas un SDF
01:07:22un routard
01:07:23ouais pas un SDF
01:07:24un routard
01:07:24parce qu'il n'avait pas
01:07:26un emploi fixe
01:07:27parce que ça n'était
01:07:27pas un bourgeois
01:07:28mais un type exceptionnel
01:07:31et pourquoi exceptionnel ?
01:07:32exceptionnel de générosité
01:07:34de culture
01:07:35de sensibilité
01:07:37et non seulement
01:07:38il faut que vous disiez ça
01:07:39mais il faut en plus
01:07:40que
01:07:40Dandelon ne soit pas
01:07:42trop sévèrement condamné
01:07:43ah bon ?
01:07:45oui
01:07:45et pourquoi ça ?
01:07:46parce que Joël
01:07:46n'aimait pas trop
01:07:47la police
01:07:48les gendarmes
01:07:48et la justice
01:07:49il était un brassins
01:07:52un adepte de brassins
01:07:54sur le plan esthétique
01:07:57mais également
01:07:59sur le plan philosophique
01:08:00et c'est ça que je vous demande
01:08:01d'aller dire
01:08:02devant une cour d'assises
01:08:03et pour un avocat
01:08:04c'est extraordinaire
01:08:05donc je vais devant
01:08:06cette cour d'assises
01:08:07je suis naturellement
01:08:09très bien accueilli
01:08:11par l'avocat général
01:08:11il y a beaucoup plus
01:08:12de proximité
01:08:13avec l'avocat général
01:08:13quand vous êtes parti civil
01:08:14que quand vous êtes en défense
01:08:15évidemment
01:08:16et il s'attend
01:08:17à ce que je corrobore
01:08:18l'action publique
01:08:19c'est comme ça qu'on dit
01:08:20en ces termes choisis
01:08:21donc ça consiste
01:08:22à dire tout un tas
01:08:23de saloperies
01:08:23sur Dandoneau
01:08:24et finalement
01:08:25à faire en sorte
01:08:26que son sort judiciaire
01:08:27soit le plus mauvais possible
01:08:27et moi je suis pas là pour ça
01:08:30alors vous faites quoi ?
01:08:33alors on parle beaucoup
01:08:34de la personnalité de cet homme
01:08:35pour tenter de réhabiliter
01:08:36sa mémoire
01:08:36et puis chaque fois
01:08:38qu'on le peut
01:08:39on dit à l'intéressé
01:08:40qu'il a commis
01:08:42l'irréparable
01:08:43parce qu'il a tué
01:08:44un type
01:08:45qui le valait bien
01:08:47parce que c'est ça
01:08:48ce procès
01:08:48c'est quelqu'un
01:08:49qui choisit sa victime
01:08:51le marginal
01:08:52dont la vie ne vaut rien
01:08:53et qui décide
01:08:55de le tuer
01:08:56dans les conditions
01:08:56que nous savons
01:08:57pour du fric
01:08:58alors la plaidoirie
01:08:59alors la plaidoirie
01:09:01naturellement
01:09:01il faut évoquer Brassens
01:09:02parce que
01:09:03c'est au coeur
01:09:04du procès
01:09:05et ça tient
01:09:07particulièrement
01:09:08Geneviève
01:09:10est particulièrement
01:09:11attaché
01:09:11à ce que l'on évoque
01:09:12cela
01:09:12donc je dis
01:09:14un moment
01:09:15au juré
01:09:15avec le tutoiement
01:09:18facile
01:09:18des hommes
01:09:19qui aiment vite
01:09:20il vous aurait dit
01:09:21elle est à toi
01:09:21cette chanson
01:09:22et je choisis
01:09:23le petit morceau
01:09:23de chanson
01:09:24où l'on évoque
01:09:24bien sûr
01:09:25le moment
01:09:26où les gendarmes
01:09:27emmènent l'étranger
01:09:28et le moment
01:09:29où celui
01:09:29qui assiste
01:09:30à cette scène
01:09:30ne sourit pas
01:09:31et là
01:09:32j'hésite un instant
01:09:33la salle est pleine
01:09:34je le chante
01:09:36je ne le chante pas
01:09:37et je le susurre
01:09:38en chantant
01:09:39d'un grand soleil
01:09:41et je termine
01:09:42mon intervention
01:09:43là-dessus
01:09:44c'est un souvenir
01:09:47pour moi
01:09:48exceptionnel
01:09:48parce que je vous avoue
01:09:49que je n'ai plus
01:09:50jamais chanté
01:09:51en plaidant
01:09:52et
01:09:54ce n'est pas à moi
01:09:56de dire
01:09:56quel effet
01:09:57ces quelques mots
01:09:59chantonnés
01:09:59ont pu avoir
01:10:00sur le jury
01:10:01sur la cour d'assises
01:10:01mais je crois
01:10:03me souvenir
01:10:03que c'était
01:10:04un vrai moment
01:10:04d'émotion
01:10:05c'était une sorte
01:10:07de dommage
01:10:07posthume
01:10:08nous avions commencé
01:10:10par Brassens
01:10:11et nous terminions
01:10:11par lui
01:10:12dans la nuit
01:10:14du 16 octobre
01:10:1592
01:10:15le verdict
01:10:16tombe
01:10:1720 ans de prison
01:10:18pour Yves Dandoneau
01:10:19qui frôle
01:10:20la perpétuité
01:10:20réclamée par
01:10:21l'avocat général
01:10:22il bénéficie
01:10:23de circonstances
01:10:24atténuantes
01:10:24peut-être
01:10:25pour une enfance
01:10:26difficile
01:10:26peut-être
01:10:27parce qu'on ignore
01:10:28s'il est finalement
01:10:29l'assassin
01:10:29de Joël Hippot
01:10:30François Meunier
01:10:32écope de 9 ans
01:10:33de prison
01:10:33il a fourni la victime
01:10:34sans connaître
01:10:35il le jure
01:10:36le sort
01:10:37qui serait réservé
01:10:38à Joël Hippot
01:10:38mais quand il a tout compris
01:10:40il n'est pas allé
01:10:41à la police
01:10:42pour Daniel Blouard
01:10:44c'est 14 ans
01:10:44de réclusion
01:10:45on ne sait pas
01:10:46si ses cocktails
01:10:47alcool médicaments
01:10:48ont été mortels
01:10:48en tout cas
01:10:49Blouard est allé
01:10:49jusqu'au crime
01:10:50sans y être forcé
01:10:52par Dandoneau
01:10:53enfin les deux femmes
01:10:54Marie-Thérèse Hérault
01:10:55la compagne officielle
01:10:56et Daniel Simonin
01:10:58la maîtresse
01:10:58ne sont condamnés
01:10:59que pour complicité
01:11:00d'escroquerie
01:11:01chacune écope
01:11:01de 4 ans
01:11:02avec sursis
01:11:03pour l'amour
01:11:04d'un mort vivant
01:11:05Yves Dandoneau
01:11:06avait été arrêté
01:11:07en 1988
01:11:08il a été condamné
01:11:09en 92
01:11:09à 20 ans
01:11:10de réclusion criminelle
01:11:11pour l'assassinat
01:11:12de Joël Hippot
01:11:12et les escroqueries
01:11:13à l'assurance
01:11:14il a en fait passé
01:11:1513 ans
01:11:15derrière les barreaux
01:11:16et il est libre
01:11:17depuis 2001
01:11:18à l'assassinat
01:11:20à l'assassinat
01:11:21au bas
01:11:24d'un mort
01:11:24de l'assassinat
01:11:25il a été
01:11:26dé Commerce
01:11:27D'un mort
01:11:27à l'assassinat
01:11:28et il a été
01:11:29à l'assassinat
01:11:29de la vie
01:11:30pour l'assassinat
01:11:31d'un mort
01:11:31et à l'assassinat

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