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00:00Fallait-il vraiment inviter Ahmed Al-Chara à l'Elysée, le président intérimaire de la Syrie, ancien djihadiste,
00:07qui fut, je le rappelle, brin droit du commanditaire des attentats du Bataclan,
00:10et qui a donc rencontré Emmanuel Macron, et ça a suscité une polémique qui ne dégonfle pas.
00:15On va écouter Emmanuel Macron qui répond aux critiques de la classe politique.
00:19Que serait la diplomatie si nous ne recevions que des gens avec qui nous sommes totalement d'accord ?
00:24Que des gens aient des postures à des fins politiciennes pour parler à des électorats ?
00:29Je l'entends, c'est la vie des bêtes, et ça continuera.
00:32Le rôle de la France, c'est de défendre ses intérêts. Nous avons en Syrie des intérêts.
00:36Voilà Emmanuel Macron et l'analyse dans la foulée de Fabrice Balanche, vous savez, c'est ce spécialiste de la Syrie,
00:43maître de conférence à l'université de Lyon 2, justement sur cette invitation.
00:47C'est un ex-jihadiste, et il est toujours jihadiste dans sa tête.
00:52Et autour de lui, vous avez des groupes qui sont toujours liés à Al-Qaïda.
00:55Donc, nouer des liens avec ce personnage, ça interroge.
01:00Mais bon, la diplomatie est faite aussi pour parler aux ennemis, et surtout aux pires ennemis,
01:05afin de les comprendre, voir ce qu'ils ont dans la tête.
01:08Donc moi, je ne blâme pas du tout au président de la République de vouloir le recevoir.
01:12D'ailleurs, je préfère qu'Emmanuel Macron reçoive Chara à Paris,
01:16plutôt que ce soit Macron qui se rende à Damas.
01:20Voilà, l'analyse de Fabrice Balanche, Gabriel Cluzel.
01:23Moi, je crois que ce geste, et notamment la poignée de main qui a beaucoup circulé sur les réseaux sociaux,
01:27restera collée à la personne d'Emmanuel Macron, comme a pu l'être,
01:30vous voyez, photos de Kadhafi avec Sarkozy, ou de Bokassa avec Giscard.
01:37Je crois que c'est des liens qui resteront.
01:40Non, parce que le coup de la réelle politique, ça marche deux minutes.
01:43Parce que déjà, ça veut dire qu'il faut faire ceci avec tout le monde,
01:47quand on nous explique, ah bah oui, mais ça va permettre pour le terrorisme d'échanger les OQTF, je ne sais quoi.
01:54D'ailleurs, pour le moment, on fait plus revenir des terroristes qu'on en fait partir, bref.
01:58Mais à ce moment-là, il faudrait le faire avec la Russie.
02:01On n'a pas de lien diplomatique avec la Russie.
02:03Et on l'a répété au moment où, vous savez, un Tchétchène,
02:07puis quelqu'un originaire du Dagestan, assassiné chez nous.
02:09On a dit, on ne peut pas les renvoyer puisqu'on n'a plus de lien.
02:12C'est pareil pour les Afghans.
02:13Donc, il faudrait à un moment, soit décider qu'on fait de la réelle politique,
02:16soit décider qu'on n'en fait pas.
02:18Selon le ministère des Affaires étrangères, c'était pour renforcer la stabilité régionale
02:21et réaffirmer l'engagement de la France.
02:22Oui, pour demander qu'il soit gentil avec tout le monde.
02:26C'est vrai qu'avec ce genre de personnage,
02:28on peut être à peu près sûr du contraire.
02:32Moi, je crois quand même que les familles des victimes tombées sous les coups des islamistes
02:37peuvent prendre cela comme une gifle.
02:38Surtout que la diplomatie, et on nous le répète avec Boilem Sansal,
02:42ce n'est pas forcément en fanfare comme ça,
02:45on s'embrasse sous les flashes des photographes.
02:50Enfin, tout le monde le dit,
02:51la diplomatie, c'est des échanges de diplomate à diplomate,
02:54de gré à gré, dans la discrétion et la décence.
02:57Donc, si vous voulez, là, dans l'échelle de la diplomatie,
03:00en plus, et je crois que là, il y a une forme d'hubris de sa part,
03:03c'est-à-dire qu'il avait envie de montrer qu'il allait être le premier à le faire.
03:05Mais c'est le premier dirigeant européen à recevoir effectivement ce président intérimaire.
03:10Alors, Ixioti s'est dit choqué, il a déploré la scénarisation de cette rencontre,
03:14ce caractère solennel à l'Elysée qui choque,
03:17et qui est quelque part une tâche pour la France.
03:19Oui, rien ne va dans cette initiative diplomatique.
03:22Bien sûr, le président Macron rappelle ce qu'est l'art de la diplomatie.
03:26On peut en effet être en contact avec des personnes avec qui on ne partage rien,
03:29nous ne partageons rien avec un islamiste et un djihadiste,
03:33mais pas à l'Elysée, pas dans ce moment-là,
03:38où ce président par intérim...
03:40L'invitation avait été lancée dès le mois de février, souvenez-vous,
03:42elle avait été retardée après, en raison de l'agenda politique.
03:45Mais enfin, ce n'est pas terrible de le faire dans un moment
03:47où des minorités halawites, druzes, où le sang continue à couler,
03:52on pense bien sûr à la mémoire du Bataclan,
03:55donc il peut y avoir des formes, en effet, cela vient d'être dit,
03:58de diplomatie souterraine, où en effet, il faut préparer et réfléchir,
04:03penser l'avenir, mais pas le faire avec une telle réception à l'Elysée,
04:09dans un tel moment concernant l'actualité syrienne,
04:12et avec toujours ce président très tactile qui accompagne ce personnage immonde
04:19avec un geste, une tape dans le dos, avec cette...
04:23Cette proximité vous dérange ?
04:25Cela a été très très gênant.
04:26Et par-delà, le président de la République devrait savoir aujourd'hui
04:33que l'hubris qui peut être le sien, en effet,
04:36cette volonté, ça a été aussi dit, d'être le premier sur la scène européenne,
04:41abîme profondément, douloureusement notre pays.
04:44L'image de notre pays sur ce moment-là est une image désastreuse.
04:48Merci.
04:49Merci.

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