Ils peuvent être dangereux pour eux-mêmes et pour les autres. Les campagnes de sensibilisation se multiplient, à l'école comme en entreprise, contre les "Smombies", ces "zombies des smartphones" qui se baladent sans quitter des yeux le téléphone...
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00:00Jusqu'à 9h, ici matin, lâche ton écran, reste vivant.
00:05Très explicite, cette campagne de communication récemment lancée par les élèves du collège Paul Vernet à Aachenheim.
00:11Ils ont fabriqué des affiches et des petits spots publicitaires pour alerter sur une certaine invasion de smombies,
00:20contraction de smartphones et de zombies pour désigner toutes ces personnes qui marchent.
00:25Vous en faites peut-être partie sans quitter le téléphone des yeux.
00:29On est tous un peu dans cette catégorie-là, oui.
00:31Mais est-ce que vous y arrivez ? Est-ce que vous en avez conscience ?
00:33Est-ce que vous parvenez parfois à vous passer de votre téléphone, de vos écrans ?
00:3703 88 25 15 15 pour réagir.
00:39Bonjour Alexis Péchard.
00:41Bonjour.
00:41Vous êtes addictologue, spécialiste de la dépendance aux écrans et de l'impact sur les plus jeunes.
00:48C'est le mal du siècle ? Ils sont si nombreux que ça, les smombies, aujourd'hui ?
00:53Alors, est-ce que les smombies... On n'a pas de chiffres ou d'études qui permettent d'évaluer ce phénomène.
00:58En tout cas, il est bien réel. J'en ai fait moi-même, entre guillemets, les frais dans la rue.
01:03Des jeunes sur les pistes cyclables qui débordent, etc.
01:07Plus récemment, j'ai vu ce week-end, quelqu'un sur l'autoroute A7 qui, en pleine circulation,
01:13retour de week-end de pont, un motard fait tomber son smartphone,
01:16s'arrête sur l'autoroute et le récupère quand même avec les voitures qui circulent.
01:20Alors, certes pas 130 km heure parce que c'était un week-end de pont,
01:23mais tout de même, peut-être pas un smombie, mais en tout cas quelqu'un qui a ressenti une angoisse fortement pressante,
01:29très probablement à l'idée de perdre son portable et s'en mesurer véritablement la mise en danger.
01:35C'est vraiment ça, finalement, le phénomène smombie qu'il y a derrière.
01:38Au-delà de ce qu'il peut faire amuser, du terme, etc.,
01:40de l'agacement de certains des usagers sur la voie publique,
01:43c'est la mise en danger qui n'est pas perçue parce qu'on est en contact,
01:46soit avec des véhicules, soit d'autres piétons, soit effectivement des vélos, etc.
01:52On connaît la dangerosité du téléphone au volant,
01:54mais finalement, ce n'est pas beaucoup mieux en marchant ?
01:56Non, ce n'est pas beaucoup mieux en marchant.
01:58Il y a de plus en plus de campagnes de prévention.
01:59Il y a celle que vous venez de citer, des entreprises.
02:01J'étais dernièrement dans une grande entreprise à Molsheim
02:03où eux-mêmes, sur le parking, affichent ce type de campagne de prévention autour des smombies.
02:10Il y a des accidents de travail, des accidents de collision engin piéton.
02:14On voit des accidents jusque dans les salles de réunion,
02:17des personnes qui se prennent des baies vitrées transparentes
02:20parce qu'happées par leur téléphone en se rendant en salle de réunion.
02:25Sur chantier, c'est un vrai sujet aussi.
02:29Et on voit de plus en plus d'entreprises qui ont également des métiers à risque
02:32qui viennent à encadrer, voire interdire l'utilisation du smartphone sur le temps de travail
02:36en regard des risques inhérents parce que perte de vigilance très importante
02:40dans des environnements plutôt dangereux.
02:43C'est vrai que ça peut prêter à sourire dit comme ça,
02:46mais ça s'explique quelque part.
02:47Est-ce que c'est une réelle addiction ?
02:49On ne peut plus se passer du téléphone même en marchant quelques minutes dans la rue
02:53ou est-ce que quelque part on peut avoir juste parfois l'impression
02:57quelque part que les autres regardent tout le temps leur téléphone ?
03:01Même si parfois on jette un oeil pour le GPS ou pour remettre de la musique.
03:04Vous voyez ce que je veux dire ?
03:04Il y a clairement tous ces types de situations.
03:07Probablement une minorité ont des comportements dits addictifs,
03:11des personnes qui ne peuvent pas s'en passer,
03:13qui sont vraiment dans la compulsion, dans le besoin d'être constamment connectés,
03:17la crainte de perdre un moment digital, numérique, etc.
03:20C'est vraiment cette inquiétude-là qui est omniprésente.
03:24Mais il y a également des personnes qui utilisent leur smartphone pour utiliser le GPS
03:27ou parce qu'ils reçoivent une dernière notification.
03:30Mais je dirais que c'est un peu comme avec l'alcool, on peut prendre ce parallèle-là.
03:33On peut se mettre en danger, être en état d'ébriété, prendre la route
03:36et avec une appréciation du risque qui est clairement diminuée sans être dépendant.
03:41C'est un petit peu la même chose avec le smartphone.
03:42On peut être hyper connecté, on peut être dépendant à son smartphone.
03:45Ce sont deux choses qui sont différentes.
03:47Pour autant, il peut y avoir une mise en danger.
03:48Au moment où l'on parle, j'ai regardé par la fenêtre.
03:51Parce qu'il y a des smombies.
03:52Mais je vous assure, oui, quelques collégiens.
03:54En l'occurrence, c'était des jeunes.
03:55Ce n'est pas pour les ciblés eux, mais c'était des jeunes qui vont en bahut, toute évidence.
03:59Et il y en avait, sur une dizaine qui viennent de passer, trois avec leur smartphone.
04:02Voilà.
04:03C'est pas bien.
04:03Invasion de smombies.
04:04Oui, c'est ça.
04:06On a quelques mots qui ne communiquent pas ensemble.
04:08Alors, t'es où ? Devant toi, Jean-Claude.
04:10Patricia, bonjour.
04:12Oui, bonjour.
04:13Bonjour, Patricia.
04:14De Strasbourg.
04:15Patricia, on est ravis de vous accueillir.
04:16Dites-nous, les smombies, vous en apercevez déjà, vous en voyez.
04:19Et puis surtout, est-ce que vous, vous-même, vous arrivez à vous passer de votre téléphone ?
04:23Oui, beaucoup.
04:25J'ai le téléphone le matin au petit déjeuner.
04:28Pour lire les nouvelles sur Google, ou suivre un peu le racine, comme on est supporteur.
04:37Sinon, je peux des mots croisés.
04:40Dessus, Scrabble.
04:42Mais sinon, la journée, il faut que je cours à l'appartement pour trouver mon téléphone.
04:48Parce que je le pose.
04:49Et puis, voilà.
04:51Et quand je vais marcher ou que je prends le tram, j'ai mon Walkman en poche pour écouter un peu de musique.
04:57Donc, est-ce que c'est un effort pour vous, Patricia, de vous passer de votre téléphone ?
05:01Ou ça se fait assez naturellement ?
05:02Une fois que vous avez vu les bonnes infos sur l'application Ici Alsace, ensuite, vous le mettez de côté et puis c'est réglé.
05:08Oui, à part, bon, quand je pars maintenant, comme on est mamie, on l'a quand même sur soi.
05:16Mais à part quand il sonne, ça n'a pas une urgence dans la famille.
05:23C'est rare que je le prends en main.
05:26C'est peut-être ça qu'il faut faire, non ?
05:28Elle a raison, Patricia, M. Péchard, peut-être se décorréler un peu du smartphone comme outil à tout faire.
05:36C'est une bonne idée, peut-être, de prendre un Walkman comme à l'ancienne pour écouter de la musique
05:40plutôt que d'avoir le téléphone smartphone qui sert un peu à tout dans la poche et qui nous appelle toute la journée.
05:45C'est partisan, effectivement, de retrouver aux objets, effectivement, leur fonction première.
05:51Le smartphone, ça reste un téléphone.
05:52Fonction première, le téléphone, téléphoner, être en contact.
05:55Même si, effectivement, aujourd'hui, il ne s'agit pas de diaboliser l'usage du smartphone
06:00et de toutes les applications et de tout ce qui nous est permis, effectivement, aujourd'hui.
06:03Mais peut-être un des premiers conseils, c'est le réveil.
06:05Aujourd'hui, finalement, je ne sais pas quel pourcentage non plus de Français
06:08qui utilisent leur smartphone en guise de réveil.
06:11Mais tout de suite, c'est un premier appel, une première tentation, une première sollicitation
06:14que de démarrer encore dans son lit, finalement, sa journée en allant déjà sur les réseaux sociaux.
06:20On commence à scroller et c'est là où il y a un risque déjà de perte de contrôle
06:22dans l'usage que l'on en fait, perte de contrôle sur le temps passé, en fait,
06:26parce qu'on est littéralement aspiré par les contenus qui nous sont proposés,
06:29qui sont finalement infinis.
06:31Radio Réveil que vous pouvez aussi programmer sur ICI Alsace.
06:34Donc, en fait, c'est comme sur le téléphone via l'appli, mais là, avec le Radio Réveil.
06:38Alors, merci Patricia de nous avoir appelé.
06:39Merci Patricia d'avoir échangé avec nous ce matin sur votre radio ICI Alsace.
06:43Et vous continuez de réagir, bien sûr.
06:44Comment réussissez-vous à vous passer de vos écrans ?
06:47Plus on avance, plus l'âge recommandé pour mettre un enfant devant un écran recule.
06:51On n'a entendu pas avant 3 ans, cette année encore,
06:54mais là, la Société Française de Pédiatrie dit pas avant 6 ans.
06:58Sur quoi on se base et quel est le bon curseur, selon vous, Alexis Pécher ?
07:02Alors, aujourd'hui, effectivement, vous avez un appel.
07:05Alors, il y a différentes sociétés savantes,
07:06effectivement, davantage peut-être portées par la Société Française de Pédiatrie,
07:10avec l'idée de reculer dans les recommandations de pas d'écran avant 6 ans.
07:15Aujourd'hui, vous avez un certain nombre d'études, effectivement,
07:18qui nous montrent l'impact des écrans sur la plasticité cérébrale des plus jeunes,
07:21sur des cerveaux qui sont en construction.
07:23Je le rappelle, le cerveau, c'est pas jusqu'à 6 ans, c'est bien après.
07:27C'est plutôt 18, 20 ans, pour qu'il arrive à maturité.
07:31Effectivement, ça va avoir un impact sur l'acquisition du langage,
07:34sur les interactions sociales, sur le sommeil, etc.
07:37Bref, un certain nombre de choses qui sont vraiment essentielles au développement de l'enfant.
07:41Et aujourd'hui, les enseignants, les pédiatres, les orthophonistes
07:44mesurent dès l'entrée en classe de CP des retards de langage qui sont de plus en plus importants.
07:49Assez rapidement, il y a tout à jeter, franchement, pour les écrans chez les plus petits,
07:52même les contenus que l'on nous présente comme les plus éducatifs, pédagogiques ?
07:57Il ne s'agit pas de jeter ou d'être aussi radical.
07:59Moi, je suis davantage dans une posture d'éducation, de prévention,
08:02d'éducation, d'accompagnement, je dirais, à la fois des enseignants,
08:06sur la place et la juste place des écrans à l'école et dans leur utilisation,
08:11mais également, bien évidemment, auprès des parents qui ne s'agit pas de diaboliser
08:14ou d'avoir un jugement moralisateur sur des pratiques éducatives,
08:18mais bien au contraire, d'accompagner les pratiques.
08:20Et donc, il y a vraiment un sujet que de pouvoir mieux outiller les familles et les parents.
08:26Dès le plus jeune âge, vous avez un site internet qui est très bien fait pour cela.
08:29Faminum.
08:29Exactement, sur famille.com.
08:31Exactement, c'est un site internet, Faminum,
08:33qui va permettre aux familles d'interroger leurs pratiques numériques
08:36en fonction des personnes qui composent la famille
08:39et de pouvoir co-construire derrière une charte de régulation de l'usage des écrans
08:43selon les âges, vraiment adaptée avec des conseils pratiques.
08:46C'est une plateforme qui a été construite, co-construite par des parents,
08:49des enseignants et des processus de santé.
08:51La bonne adresse. On vous remercie de l'avoir donné ce matin.
08:54Avec ici, Alsace, Alexis Péchard, je renvoie également à votre ouvrage.
08:59Tout sacro aux écrans, cyberdépendance, que faire et comment en sortir ?
09:04Là aussi, c'est explicite. Merci, monsieur.
09:05Merci.