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00:00Au menu ce soir de l'essentiel politique, les violences du 1er mai contre des élus socialistes,
00:08les premières crispations au sein du Rassemblement National et enfin l'interview de François Bayrou au journal du dimanche.
00:13Il évoque entre autres son souhait de soumettre les finances de l'État à référendum.
00:17On va parler de tous ces sujets avec notre invité Damien Lecomte. Bonsoir.
00:21Vous êtes docteur en sciences politiques à l'université Paris 1.
00:25Alors tout d'abord, votre réaction après que des élus, des militants socialistes ont été agressés lors de la traditionnelle manifestation syndicale du 1er mai.
00:33Il leur serait reproché leur soutien trop timide à la cause palestinienne. Des insultes antisémites auraient été proférées.
00:40Alors la classe politique a condamné dans son ensemble, mais certains plus timidement que d'autres, notamment chez les écologistes et chez la France insoumise.
00:48Qu'est-ce que ça dit du climat politique actuel ? Ça pue l'antisémitisme, a dit notamment le député de l'Essonne, Jérôme Getsch, qui a dû quitter la manifestation.
00:58Il y a en effet un antisémitisme de gauche nauséabond en France ?
01:02L'antisémitisme existe en France et il existe effectivement à gauche. Il y a des traditions, des relents d'antisémitisme qui peuvent exister à gauche.
01:09Et c'est vrai que depuis les attentats du 7 octobre 2023, on voit que c'est un sujet qui est devenu très tendu au sein de la gauche.
01:18Alors qui a été surmonté malgré tout au moment de la constitution du NFP face au risque du Rassemblement national au moment de la dissolution à l'été 2024.
01:26Mais on voit que ces failles reviennent et elles rendent particulièrement compliquées les relations au sein de la gauche.
01:32Parce qu'autant on peut avoir à gauche des désaccords sur des questions de politique économique et sociale ou mettre le curseur.
01:37Mais dès qu'on fait intervenir des questions d'accusation d'antisémitisme ou de complicité avec l'islamisme, évidemment, ça rend les relations actuelles et futures beaucoup plus difficiles.
01:46Ça empêche une véritable unité de la gauche ?
01:48Les relations deviennent particulièrement tendues.
01:51Ça ne veut pas dire que le point de non-retour a été franchi parce qu'on ne peut jamais être certain.
01:55Mais c'est vrai qu'aujourd'hui, les relations paraissent particulièrement délicates.
01:58Pendant ce temps, le Rassemblement national, lui, il poursuit sa progression, mais non sans crispation.
02:04Le meeting du RN organisé également le 1er mai à Narbonne visait à afficher une belle unité au sein du parti.
02:12Mais les observateurs parlent d'un duo à contre-temps entre Jordan Bardella et Marine Le Pen.
02:17Qu'est-ce qui coince aujourd'hui entre ces deux personnalités qui sont censées être complémentaires ?
02:23C'est très compliqué d'analyser ce qui se passe au Rassemblement national.
02:25Parce qu'on a l'impression depuis la condamnation de Marine Le Pen, le RN et Marine Le Pen cherchent vraiment à écarter toute idée de se réfugier dans un plan B.
02:36C'est-à-dire qu'elle insiste vraiment sur sa volonté de se battre jusqu'au bout et ne veut surtout pas laisser entendre qu'elle est prête à laisser passer le même.
02:43Même si à contre-cœur, elle dit que bien sûr que si jamais elle était totalement empêchée,
02:47je crois qu'elle a même dit que si jamais je passais sous un bus, bon effectivement, tout le monde sait que c'est Jordan Bardella qui me succéderait.
02:53Mais elle veut vraiment installer l'idée que c'est d'abord pour sa candidature qu'elle se bat et pour ce qu'elle estime et son droit à pouvoir se présenter.
03:00Et donc c'est vrai qu'on a l'impression qu'il y avait eu une sorte d'impréparation assez étrange d'ailleurs au sein du Rassemblement national
03:07vis-à-vis de la possible condamnation de Marine Le Pen à l'inégibilité et qu'aujourd'hui, ça devient difficile de gérer cette situation.
03:12C'est-à-dire qu'effectivement, Jordan Bardella apparaissait comme l'héritier assez naturel, assez dénié,
03:17puisqu'il était déjà d'ailleurs le Premier ministre désigné de Marine Le Pen en cas de majorité RN.
03:24Il a parfois laissé très timidement échapper quelques différences de fond avec Marine Le Pen,
03:29mais très timide, une ligne peut-être un peu plus libérale, un peu plus atlantiste, mais sans que ce soit très flagrant.
03:35Mais du coup, peut-être que cette situation, finalement peu préparée par le RN, va finir par laisser émerger des fissures
03:41qui n'étaient pas flagrantes jusqu'à présent.
03:45Ça peut tenir jusqu'en 2027 ce duo ?
03:48Peut-être qu'ils seront obligés, ils auront un intérêt commun à tenir, puisque de fait,
03:53à moins que Marine Le Pen réussisse à obtenir gain de cause, c'est-à-dire non seulement un appel précoce
03:58et en plus un appel qui aille dans son sens, qui est deux hypothèses qui sont finalement assez improbables a priori,
04:03même si évidemment on ne peut rien exclure.
04:05Sans doute que l'intérêt du parti finira peut-être par les forcer à s'entendre,
04:11mais on voit que la présidente du groupe à l'Assemblée nationale a du mal à véritablement passer la main
04:17et à constater le fait que, oui, son inéligibilité est peut-être là pour rester
04:22et qu'elle n'a pas d'autre choix que de soutenir celui qui était censé être son Premier ministre.
04:26Alors ça, c'est l'actualité de ces derniers jours.
04:30L'actualité du jour, c'est cette interview donnée par François Bayrou au journal du dimanche.
04:37Dans cette interview, il a lancé l'idée d'un grand référendum sur les finances publiques,
04:42le budget, la dette, les impôts.
04:43C'est une première sous la Ve République et ça n'a pas manqué de faire réagir.
04:47On va d'abord écouter quelques réactions.
04:49Du grand n'importe quoi, je crois qu'il n'y croit pas lui-même.
04:53C'est une manière d'occuper le terrain.
04:55D'une part parce que techniquement, par essence, un document, un budget,
05:00ne peut pas être soumis à un vote oui ou non.
05:02C'est un document qui doit être amendable.
05:04Il n'y a pas besoin de référendum pour savoir que les Français en ont assez des augmentations d'impôts.
05:10Et là, ce qui me gêne, c'est qu'on a un Premier ministre qui tergiverse,
05:14qui cherche juste à gagner du temps et qui ne décide pas.
05:16Essaye de surmonter le blocage de l'Assemblée nationale en s'adressant directement aux Français.
05:22Alors cette idée de référendum, c'est vraiment réaliste ou c'est simplement un coup politique de François Bayrou ?
05:28Ce n'est pas forcément irréaliste, mais c'est en tout cas un coup politique
05:31en prévision du principal obstacle qui se dresse devant lui,
05:35qui est la prochaine échéance budgétaire.
05:36Parce que c'est vrai que François Bayrou, il est dans cette position très particulière
05:40où il a survécu au budget, ce qui n'était pas une main sans faire,
05:43parce que c'était là-dessus que Michel Barnier avait chuté.
05:45Il a même brisé la malédiction des premiers ministres d'Emmanuel Macron
05:49qui duraient à chaque fois moins longtemps que le précédent.
05:50Donc il a quand même réussi à tenir.
05:51Mais c'est vrai que depuis qu'il a survécu au budget,
05:53on a ce sentiment d'une certaine paralysie, finalement, d'un immobilisme
05:56qui est la seule façon de durer avec une assemblée aussi fragmentée,
06:00avec un socle aussi étroit.
06:02Donc quand on regarde le calendrier parlementaire,
06:04c'est vrai que beaucoup d'observateurs et d'acteurs politiques
06:06ont l'impression que le calendrier parlementaire est surtout occupé
06:09par beaucoup de textes de loi assez sectoriels,
06:11souvent derrière des propositions de loi plutôt que des projets du gouvernement.
06:14Donc il y a cette espèce de situation un peu flottante d'immobilisme
06:17qui est faite pour que le gouvernement puisse durer.
06:21Mais il a une échéance évidente qui est le prochain budget.
06:24Il a survécu pour le budget 2025,
06:25mais le budget pour 2026, ça restera évidemment une échéance inévitable.
06:29Et là, il n'aura pas cette fois-ci l'avantage d'avoir eu un précédent échec
06:32avec Michel Barnier et d'avoir l'urgence à adopter un budget.
06:34Donc là, le risque de chuter, le risque d'une nouvelle motion de censure
06:37deviendra d'autant plus important.
06:38Donc cette idée de faire un référendum, c'est finalement revenir un petit peu
06:43à une pratique classique de la 5e République gaugienne.
06:46Mais sur un sujet très technique et il n'a pas la main,
06:49puisque de toute façon, c'est le président qui décide d'un référendum.
06:51C'est le président qui décide.
06:52Enfin, sur proposition du Premier ministre.
06:53Donc de toute façon, le Premier ministre a cette légitimité
06:56à proposer au président de la République un référendum.
06:59On peut imaginer qu'il trouve un accord avec Emmanuel Macron,
07:02parce que malgré tout, il reste quand même tous les deux dans le même bord politique.
07:04Mais c'est vrai que du coup, il y a quand même un arrière-goût
07:08de stratégie un peu gaullienne de passer par le peuple
07:10pour contourner le Parlement, pour contourner la paralysie du Parlement.
07:14C'est un petit peu ça l'idée.
07:15Ça fait aussi partie de l'arsenal, le référendum,
07:17ça fait un peu partie de l'arsenal de la 5e République
07:19pour permettre à l'exécutif de surmonter les blocages au Parlement
07:22pour faire appel au peuple.
07:24Maintenant, est-ce que, effectivement, sur un sujet très technique comme ça,
07:27est-ce que ça se prête vraiment à un référendum
07:28où, de fait, ça ne permet pas une vraie délibération,
07:30ça permet simplement au peuple de répondre par oui ou par non ?
07:33Est-ce que, sur le débat tel qu'il est cadré par François Bayrou,
07:37c'est-à-dire essentiellement des baisses de dépenses
07:40et, finalement, pas de réflexion sur des hausses d'impôts,
07:43notamment sur les plus riches,
07:44ce qui est quand même demandé par une partie de l'opinion,
07:46et notamment par la gauche,
07:47est-ce que, véritablement, il arrivera à surmonter le blocage ?
07:49C'est quand même très incertain.
07:51Et ce qui était intéressant aussi dans ce qu'on vient de voir,
07:53c'est de voir, de la part de la droite républicaine,
07:56et en particulier de Laurent Wauquiez,
07:57qui n'est pas au gouvernement,
07:58cette tentation grandissante chez lui
08:00de se démarquer du gouvernement,
08:02alors qu'il est pourtant en coalition,
08:03mais dans cette rivalité avec Bruno Rotaillot,
08:05puisque la distinction entre les deux,
08:07c'est que l'un est au gouvernement et l'autre n'y est pas.
08:08Donc, on voit aussi les tirements qui existent
08:10au sein de la coalition gouvernementale.
08:12Et on termine rapidement avec une autre grande idée
08:14de François Bayrou.
08:15Il en parle déjà depuis un petit moment,
08:17c'est cette fameuse proportionnelle aux législatives
08:20qu'il souhaite mettre en place.
08:21Personne n'y est parvenu avant lui jusqu'à présent.
08:24Est-ce qu'il peut réussir à mettre tout le monde d'accord
08:27sur ce sujet ?
08:28Ce n'est pas impossible,
08:29mais à l'heure actuelle, ça paraît très difficile,
08:31parce que c'est vrai que c'est un vieux sujet de François Bayrou.
08:34C'était aussi d'ailleurs dans le programme d'Emmanuel Macron
08:36dès 2017, donc il y a une légitimité à revendiquer cette chose-là.
08:41Mais on a vu qu'au sein de sa coalition,
08:43dernièrement, le groupe Renaissance de Gabriel Attal
08:47semble plutôt réticent, voire hostile,
08:50alors avec des divisions,
08:51puisque la présidente de l'Assemblée nationale
08:52est plutôt favorable,
08:53mais que Horizon et, encore plus,
08:55les Républicains sont très hostiles.
08:57Du côté du Rassemblement national,
08:58ça fait longtemps qu'ils défendent la proportionnelle,
09:00mais désormais ils la défendent avec une prime majoritaire,
09:02ce qui est une façon de déformer quand même énormément la proportionnelle
09:05et on comprend bien l'intérêt électoral qu'ils y auraient.
09:08La gauche, sans doute, pourrait y être plus favorable,
09:10mais là encore, toujours la question de savoir
09:12quel type de proportionnelle,
09:14avec des circonceptions régionales, nationales ou départementales,
09:18avec un seuil ou pas,
09:19avec surtout la question de la prime majoritaire ou pas.
09:20On voit entre ceux qui sont favorables aux principes
09:23et quel type de circonscription,
09:26à quelle dose, etc.
09:28Ça paraît très difficile à l'heure actuelle
09:30de trouver un accord sur ce sujet
09:31qui serait pourtant important
09:32pour acclimater la France
09:34à cette nouvelle configuration politique
09:36où les majorités sont de plus en plus rares
09:37et où la recherche du compromis et du consensus
09:39devient plus importante.
09:40Merci beaucoup, Damien Lecomte,
09:42d'avoir été notre invitée
09:43pour embrasser tous ces sujets
09:44consacrés à l'actualité politique en France.
09:47Restez avec nous dans quelques minutes.
09:49Vous retrouvez Fatima Taouane
09:50pour le Journal de l'Afrique.
09:51Merci.
09:52Merci.
09:53Merci.
09:54Merci.
09:55Merci.

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