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Regardez L'angle éco de François Lenglet du 02 mai 2025.

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Transcription
00:00RTL il est 7h40, langue éco, François Langlais, hier des centaines de salariés d'ArcelorMittal ont manifesté, plus de 600 postes sont menacés en France, le gouvernement est sous pression et on entend de plus en plus de voix, notamment à gauche, s'élever pour demander à l'Etat d'intervenir, mais comment peut-il ou d'ailleurs doit-il le faire François ?
00:22C'est vrai que le parti socialiste par exemple demande la nationalisation, tout comme la CGT, la CFDT l'évoque comme l'une des pistes. Il y a en fait un double enjeu à cette affaire, sociale d'abord, ArcelorMittal vient d'annoncer, vous l'avez dit, la suppression de 636 postes, notamment dans la région de Darker, dans le Pas-de-Calais où l'entreprise est très implantée, c'était d'ailleurs le sujet de cette chronique vendredi dernier.
00:45Et c'est évidemment un drame de plus de la désindustrialisation du pays. Enjeu stratégique aussi parce qu'il y a là un sujet de souveraineté pour la France. C'est essentiel de conserver sur le sol national et européen une production d'acier à l'heure où les relations entre les grands blocs se tendent.
01:03Alors ce double enjeu, est-ce qu'il justifie la nationalisation comme l'Etat britannique l'envisage pour l'acieriste British Steel ?
01:10C'est quand même pas du tout la même situation. British Steel, il est en faillite après avoir été propriété d'un Chinois.
01:17C'est pas du tout le cas d'Arcelor, qui connaît des difficultés mais dont l'existence n'est pas en jeu.
01:22La nationalisation, c'est parfois souhaitable. Il y a notamment deux cas où un tel geste a été à la fois nécessaire et utile.
01:28Alstom, leader européen des transports ferroviaires, nationalisé par Nicolas Sarkozy à l'époque où il était à Bercy, c'était en 2004, ça a sauvé l'entreprise qui était moribonde.
01:38Idem pour Peugeot Citroën où l'Etat est entré au capital en 2013 pour le sauver de la faillite.
01:44Mais attention, dans ces deux cas, ça n'a pas été un lit de rose.
01:49Ces deux entreprises ont été nationalisées pour être restructurées et non pas pour éviter les restructurations.
01:55En clair, ça s'est traduit comment ?
01:56Ça a été rude. Chez Alstom, cession d'actifs, suppression de 20% des emplois.
02:02Chez Peugeot, fermeture de l'usine historique de Poissy, souvenez-vous.
02:05L'Etat n'a pas fui ses responsabilités et il a voulu redresser ses entreprises.
02:11La meilleure preuve, c'est que quand il a revendu ses participations, il a fait une plus-value.
02:15Le problème, c'est qu'il y a aussi des nationalisations qui sont faites pour éviter le boulot.
02:19Les restructurations qui sont difficiles, douloureuses.
02:22Et ça, on a déjà donné avec les sidérurgies, notamment, nationalisées en 1982.
02:27Ça a coûté des dizaines de milliards de francs contribuables.
02:31Ça n'a pas sauvé l'entreprise parce que les suppressions de postes, elles ont été là de toute façon au bout de la route.
02:36Bon, revenons au cas d'Arcelor. Aujourd'hui, qu'est-ce qu'on peut faire ?
02:40Écoutez, le problème ne vient pas de l'entreprise.
02:42Il faut rappeler que Thyssen, le sidérurgiste allemand, veut supprimer, lui, 11 000 emplois.
02:48C'est 40% de ses employés.
02:50Le problème majeur, c'est, bien sûr, le prix de l'énergie, mais aussi que l'Europe importe encore 30 millions de tonnes d'acier à prix cassé,
03:00de Chine principalement, sans droit de douane.
03:02Et le plan de la commission présenté il y a quelques jours ne s'attaque à cela que de façon tardive et marginale.
03:08Il faut fermer davantage les frontières.
03:11En général, face à un problème, mieux vaut s'attaquer à ces causes qu'à ces symptômes.
03:15Une usine, qu'elle soit privée ou publique, si elle est exposée à une concurrence déloyale, elle va prendre l'eau.
03:21Merci beaucoup, François.

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