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00:01Europe 1, Pascal Praud.
00:0311h-13h sur Europe 1, manifestation du 1er mai.
00:05On en parle avec votre invité, Pascal Reda-Bellage,
00:09porte-parole du syndicat Police Unité Île-de-France.
00:11C'est une information effectivement européenne.
00:13Entre 100 000 et 150 000 manifestants sont attendus demain en France,
00:17dont 15 000 à Paris.
00:18Reda-Bellage, vous le connaissez,
00:20il est porte-parole du syndicat de Police Unité Île-de-France.
00:22Bonjour.
00:23Bonjour.
00:24Les autorités craignent des débordements,
00:25notamment avec la présence de Black Bloc,
00:26des manifestants violents, vêtus noirs,
00:29placés en tête de cortège.
00:30Et notamment le 1er mai, j'ai l'impression, Reda-Bellage,
00:33que ces dernières années,
00:34la journée la plus difficile pour la police
00:38a été régulièrement le 1er mai.
00:40Est-ce que je me trompe ?
00:41Oui, le 1er mai, il y a eu beaucoup, beaucoup, beaucoup de débordements.
00:45Je pense qu'on a ces images encore en tête,
00:47et c'est ce qu'on craint,
00:48ces images des manifestations contre la réforme,
00:52auxquelles, pour le coup, mon organisation syndicale a participé aussi,
00:56parce qu'on était contre cette réforme,
00:57la réforme des retraites,
00:59et vous aviez des images où vous voyez des policiers
01:02qui se font brûler comme des torches vivantes,
01:05des images où un policier prend un pavé,
01:08perd connaissance, on est obligé de le traîner,
01:09le protéger pour qu'il reste avec nous, si je puis dire.
01:14Et c'est des images qui ont beaucoup, beaucoup,
01:16énormément choqué nos collègues.
01:18Alors, ça n'a pas marqué les esprits,
01:19parce que la société est peut-être divisée,
01:22mais en tout cas, ça a énormément marqué les forces de l'homme.
01:23Alors, évidemment, dans ces cas-là, on regarde ce qui va se passer à Paris,
01:26j'ai vu que le cortège de la manifestation a été publié ces dernières heures,
01:32et que ce cortège partira de la place d'Italie,
01:35et ira jusqu'à...
01:38Place de la Nation.
01:39Place de la Nation.
01:40C'est un cortège, d'ailleurs, différent, me semble-t-il, des années précédentes,
01:44où régulièrement, il empruntait le boulevard du Montparnasse.
01:48Et pour ceux qui connaissent un peu Paris,
01:50mais qui ont vu les images,
01:52ils se souviennent peut-être d'avoir vu,
01:55dans la brasserie du Montparnasse,
01:57sur la brasserie...
01:58sur, pardonnez-moi, le boulevard du Montparnasse,
02:01cette brasserie très connue,
02:02qui s'appelle la Rotonde,
02:04où régulièrement, Emmanuel Macron va déjeuner,
02:07et qui était une cible pour les manifestants.
02:10C'était une cible,
02:11et elle était protégée,
02:13vous vous souvenez sans doute de ces images.
02:15Est-ce qu'il y a des trajets
02:19qui sont plus sécures que d'autres dans Paris ?
02:22Est-ce qu'il faut voir, peut-être, ce trajet-là,
02:25qui me paraît plus sécure,
02:26Place d'Italie de la Nation,
02:28que de laisser les manifestants
02:31aller sur le boulevard Montparnasse,
02:33où il y a beaucoup, beaucoup de commerçants ?
02:34Alors, je pense que, pour le coup,
02:35il n'y a pas forcément de règles.
02:38On a vu aussi beaucoup d'images,
02:40et c'est les craintes, également,
02:42au niveau de quand la manifeste...
02:44La plupart, 90%, on va dire,
02:47des violences,
02:50elles ont lieu à la fin de la manifestation.
02:52Et très généralement,
02:53Place de la Nation,
02:54ça ne se passe pas forcément bien.
02:55On a encore ces images en tête aussi,
02:57avec cette grande place
02:58qui est bondée de monde,
03:00avec des black blocs
03:03qui utilisent d'autres personnes,
03:05d'autres militants,
03:06comme boucliers humains.
03:08Et donc, pour nous,
03:09c'est très difficile de contenir la foule
03:11et de disperser les gens.
03:13Alors, Bruno Retailleau est une cible, déjà.
03:15Donc, j'imagine sa grande tension,
03:17parce que demain,
03:18il est clair que la moindre,
03:21la moindre,
03:21j'allais dire,
03:23le moindre incident
03:25pourrait être monté en épingle.
03:28Écoutons-le,
03:29il a pris la parole ce matin,
03:30il était avec Sonia Mohambrouk,
03:32des contrôles vont avoir lieu dès ce soir.
03:34Nous ferons des contrôles aléatoires,
03:36en profondeur,
03:37pas seulement sur Paris,
03:38mais sur la couronne parisienne,
03:41où on fouillera, etc.
03:43Dès ce soir,
03:44nous allons nous mobiliser,
03:46parce qu'on sait très bien
03:47que les black blocs
03:47essaient d'installer
03:49un certain nombre d'objets
03:50qui sont des armes
03:51par destination,
03:52ils les camouflent, etc.
03:54Et demain,
03:54on ne tolérera rien.
03:55À la moindre violence,
03:57à la moindre dégradation,
03:59nous interviendrons
03:59de façon la plus ferme.
04:01Le 1er mai,
04:01c'est un point important,
04:03chacun a le droit de manifester,
04:04et on doit manifester tranquillement.
04:06Des appels à déborder le dispositif
04:09pour un 1er mai explosif
04:10sont relayés sur les réseaux sociaux,
04:11notamment par Richie Thibault,
04:12qui est collaborateur
04:13de la députée de la France Insoumise,
04:15Ercilia Soudet.
04:16Des propos et des publications
04:17pour lesquelles Laurent Nunez,
04:18le préfet de police de Paris,
04:20avait saisi la justice
04:21au nom de l'article 40
04:23pour des faits susceptibles
04:24de relever de la provocation
04:25à commettre des violences
04:26et des dégradations.
04:27Je ne sais pas
04:28si M. Richie Thibault
04:29est interdit ou pas
04:30demain de manifestation.
04:32Je ne sais pas
04:32si vous le savez ou non.
04:34On ne sait pas encore.
04:35Je sais qu'il doit se présenter
04:36dans un commissariat,
04:37donc on va voir
04:37ce que ça va donner,
04:38s'il doit pointer,
04:39s'il va être poursuivi,
04:40je ne sais pas.
04:41En tout cas,
04:42les policiers demain
04:44qui vont être sur le terrain,
04:46ils sont d'une certaine manière
04:48en danger
04:49parce qu'ils peuvent être attaqués
04:50par ces manifestants
04:52et c'est l'occasion
04:52une nouvelle fois
04:53de leur tirer
04:54un coup de chapeau
04:56et notre soutien surtout
04:57parce que c'est un métier.
04:59Ces journées-là,
05:00j'imagine,
05:01ce soir,
05:01ils vont dîner en famille
05:02avec leur épouse,
05:04avec leurs enfants
05:04et ils vont peut-être
05:06partir demain
05:06avec la boule au ventre
05:08pour simplement sécuriser
05:10ce qui devrait être
05:11une journée sans problème,
05:12une manifestation
05:12pour la fête du travail.
05:15Oui,
05:15en fait,
05:16ils sont là pour...
05:17Vous avez les gens
05:18qui vont demander...
05:19Parce qu'on est un pays
05:20où quand même
05:21il y a une liberté d'expression
05:22et les gens qui...
05:24On est là,
05:24on va être là
05:25pour protéger
05:26ceux qui ont déclaré
05:26leurs manifestations
05:27tout simplement.
05:28On va être là
05:29pour dissuader
05:30et réprimer
05:32ceux qui veulent
05:33que cette manifestation
05:34se passe mal,
05:35ceux qui veulent blesser
05:36les manifestants,
05:37ceux qui veulent détruire
05:38le mobilier parisien
05:39ou à Nantes
05:40ou dans d'autres villes
05:40en tout cas.
05:41Et ça va être
05:42notre mission première
05:43et pour nous,
05:43c'est très difficile
05:44comme l'a dit
05:45le ministre de l'Intérieur.
05:47Dès ce soir,
05:48il y aura
05:48un parcours de reconnaissance
05:50parce que la spécialité
05:51des Black Blocs
05:52c'est de dissimuler
05:53des objets
05:54qui peuvent leur permettre
05:55ou des armes
05:55par destination
05:56qui peuvent leur permettre
05:57de s'attaquer
05:58aux mobiliers
05:58ou aux forces de l'ordre.
06:00On va refaire la même chose
06:01dès demain matin également
06:02et écoutez,
06:04on va contrôler en banlieue,
06:05je trouve que c'est
06:06une bonne chose.
06:06On l'avait fait
06:07pendant un moment
06:08sur les Gilets jaunes,
06:09on avait le sentiment
06:11pour les collègues
06:11que c'était une chose
06:12très positive.
06:13On ne comprenait pas
06:14que des fois
06:14ce ne soit pas fait
06:15que dès la banlieue
06:16en fait,
06:16dans les RER,
06:17dans les transports en commun,
06:18on commence déjà
06:19grâce à des articles
06:20qui nous permettent
06:21de contrôler les identités
06:23de déjà faire
06:24un premier filtre
06:25de procédé
06:26à des interpellations
06:27ou d'isoler
06:28certains individus
06:28qui sont fichés S
06:30pour éviter
06:31que justement
06:32ils se rendent
06:32sur ces manifestations.
06:33Et bien sûr,
06:34dans Paris,
06:35ce sera le cas aussi
06:35au niveau des contrôles.
06:36Il est 11h53,
06:37vous êtes sur Europe 1,
06:38Reda Bellage est avec nous,
06:40il est porte-parole
06:41du syndicat de police
06:42unité Île-de-France.
06:44Une dernière chose,
06:45Reda,
06:46et c'est toujours difficile
06:46pour vous peut-être
06:47d'aller sur ces sujets-là
06:48parce que par définition
06:50vous ne faites pas
06:50de politique,
06:52mais vous êtes musulman
06:53et vous voyez peut-être
06:55qu'aujourd'hui
06:56il y a une instrumentalisation,
06:57une récupération
06:58parfois de la France insoumise
07:00auprès des musulmans
07:01après le dramatique événement
07:06de la semaine dernière,
07:07la mort de Aboubakar Sissé.
07:10Hier,
07:10il y avait une prise de parole,
07:13une conférence de presse
07:14où l'oncle de Aboubakar Sissé
07:16était présent
07:17et puis il y avait
07:17des hommes politiques
07:18qui étaient là,
07:19M. Olivier Faure,
07:19Mme Tondelier
07:20et puis effectivement
07:21du personnel de la France insoumise.
07:23Comment le musulman
07:24que vous êtes
07:26vit-il
07:27cette tentative
07:29de récupération
07:30et d'instrumentalisation
07:31qui peut exister
07:33du pouvoir politique ?
07:34Et je sais forcément
07:35en posant cette question,
07:37je le rappelle,
07:37vous êtes porte-parole
07:38d'un syndicat de police,
07:39c'est difficile forcément
07:41pour vous de vous exprimer
07:42sur un sujet politique,
07:44mais je voulais avoir
07:45votre sentiment là-dessus.
07:47Je pense que ces gens
07:47ils font plus de mal,
07:49enfin moi c'est mon avis,
07:50j'ai d'origine marocaine,
07:52comme disait le roi
07:54Hassan II
07:55et à son âme,
07:57il disait que
07:57les marocains
07:58exercent leur religion,
08:00ils se basent
08:01sur les fondamentaux
08:02de la religion,
08:04c'est-à-dire que vraiment
08:05c'est un islam
08:06qui est très très très modéré
08:07et je pense que
08:08pour moi une religion
08:10ça se partage,
08:11ça ne s'impose pas.
08:12Malheureusement
08:13dans la société d'aujourd'hui
08:14et en France,
08:15peut-être qu'il y a des choses
08:16qu'on a laissé,
08:17on a laissé peut-être
08:18trop de choses,
08:19trop de,
08:20pas de liberté
08:20mais trop,
08:21on a laissé trop
08:21de radicalisation
08:22se mettre en place
08:23et en prétextant
08:25une liberté justement.
08:26Après,
08:27c'est une question
08:29d'éducation,
08:30voilà,
08:30aujourd'hui dans la société
08:31actuelle,
08:31il y a des,
08:32les gens sont malheureusement
08:33dans certaines religions,
08:35sont éduqués
08:35sur les réseaux sociaux.
08:37Nous on a eu la chance
08:37d'avoir
08:38des parents
08:40qui sont venus
08:41grâce à l'immigration
08:43parce que c'était
08:43une opportunité
08:44pour eux
08:44de venir en France.
08:45Donc eux,
08:46ils nous ont appris
08:47à nous intégrer
08:49et voilà,
08:50le vendredi à l'école
08:51on mangeait du poisson,
08:52on ne se plaignait pas,
08:53c'était comme ça
08:54et puis voilà,
08:57on n'avait pas
08:57des mosquées,
08:58ce qui est paradoxal
09:00c'est qu'à l'époque
09:00vous n'aviez pas
09:01de boucherie halal partout.
09:02Moi j'habitais dans le 95,
09:03il fallait aller jusqu'à Argenteuil
09:05pour acheter
09:05de la viande halal par exemple.
09:07Vous n'aviez pas
09:07des mosquées partout,
09:09vous n'aviez pas
09:10de salle de prière partout
09:11et on a l'impression
09:11qu'avec le temps
09:12ce qui est dommage
09:13c'est qu'on a mis
09:14plein de dispositifs en place,
09:15l'islam a été reconnu
09:18comme deuxième religion
09:18en France
09:19pour le coup
09:21par la droite
09:22il me semble
09:23et au final
09:24on a l'impression
09:24plus on a donné
09:25plus on a donné
09:26plus ça ne suffit pas
09:27et puis on a l'impression
09:28que les gens se radicalisent
09:29mais je pense qu'en tout cas
09:30les gens qui ont
09:31une bonne éducation
09:32et qui ont les bons repères
09:33et qui font des efforts
09:35et qui ne se victimisent pas
09:36eux ils restent
09:37très prudents
09:38et nuancés
09:39dans leur pratique
09:40et vous savez
09:42vous êtes des mosquées
09:43où on vous dit
09:44la religion c'est à la maison
09:45moi c'est plus ça
09:47je pense qu'il ne faut pas
09:47se faire remarquer
09:48respecter surtout
09:49les origines
09:50culturelles
09:52et religieuses
09:54de notre beau pays
09:56la France
09:56et bien merci
09:57beaucoup Reda Bellach
09:58pour ces mots
09:59et je pense que c'est important
10:00que les musulmans
10:01prennent la parole
10:02et s'expriment
10:02sur ces sujets là
10:03et notamment
10:04montrent
10:05leur opposition
10:06qui peut exister
10:07dans le monde musulman
10:09à la prise de parole
10:10de la France insoumise
10:12vraiment merci beaucoup
10:13Reda Bellach
10:13et l'interrogue
10:15et l'interrogue