Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00A 13h sur Europe 1 et notre invité en studio, Pascal Pierre-Bauton.
00:03Bonjour Pierre-Bauton.
00:05Bonjour Pascal.
00:05On vous a entendu il y a quelques instants, merci d'être avec nous.
00:09Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, veut faire donc payer aux détenus une partie des frais d'incarcération,
00:15c'est ce qu'il a déclaré hier soir sur TF1.
00:17Jusqu'à 2003, les détenus participaient aux frais d'incarcération.
00:22Comme il y a un forfait au cipitalier, il y avait un forfait de présence dans la prison.
00:26Aujourd'hui, ça coûte 10 millions d'euros par jour le fonctionnement de nos prisons, quasiment 4 milliards d'euros par an.
00:33On peut peut-être écouter Gérald Darmanin hier soir.
00:36On met beaucoup de moyens supplémentaires, on va construire des prisons plus vite, plus rapidement,
00:39on va équiper les agents pénitentiaires et puis chacun doit y participer.
00:43Jusqu'à 2003, les détenus participaient aux frais d'incarcération.
00:47Je vais rétablir ces frais d'incarcération.
00:50Aujourd'hui, ça coûte 10 millions d'euros par jour le fonctionnement de nos prisons, quasiment 4 milliards d'euros par an.
00:55Les détenus doivent contribuer aux frais d'incarcération.
00:58Il faut continuer le travail en prison.
00:59Il n'y a pas de raison que les détenus ne travaillent pas en prison, une partie d'entre eux le font.
01:02Et puis, ils doivent payer ce qu'ils doivent aux victimes, évidemment.
01:05Et puis, je pense que la participation, il ne s'agit pas de faire payer les 4 milliards aux détenus, bien évidemment,
01:09mais une participation aux frais aux services publics de la justice, 4 milliards d'euros sur l'impôt des Français, me paraît une bonne mesure.
01:16Et Jordan Bardella a pris la parole également. Il trouve que c'est une bonne mesure.
01:19C'est une mesure que nous avions proposée en 2022. Le coût d'un détenu est en moyenne, d'après un rapport parlementaire du Sénat, d'une centaine d'euros par détenu.
01:29Il est invraisemblable. Et je pense qu'il y a beaucoup de Français qui nous écoutent ce matin,
01:34qui comprennent que ça n'était pas le cas jusqu'à présent, que les personnes qui ont été condamnées pour des crimes
01:41ne soient pas sujets à payer leur propre détention, leurs frais de détention.
01:48Donc, il faut évidemment que les prisonniers paient leurs frais de détention.
01:53Quand ils le peuvent, les familles ou autres.
01:56Ou alors les familles, je n'ai aucune difficulté à cela.
01:59Et puis, avant d'entamer le débat avec Pierre Botton, écoutons ce qu'a dit Manuel Bompard,
02:03qui est député de la France Insoumise, il était ce matin sur France Info.
02:06Non, je ne suis pas pour. Je pense qu'il faut comprendre que la prison, normalement, doit permettre, doit contribuer.
02:13Évidemment, c'est une sanction, mais ça doit aussi contribuer ensuite à une sorte de réhabilitation.
02:18Et que quand quelqu'un est en prison, l'objectif, ce n'est pas qu'ensuite, quand ils sortent,
02:22ils se retrouvent lourdement endettés et avec encore plus de difficultés dans la vie.
02:25Je pense qu'on doit au contraire essayer de penser comment le parcours carcéral se termine ensuite avec quelqu'un qui ne réitère pas.
02:33Et donc, pour ça, il y a des mesures qui sont nécessaires.
02:35C'est ce qu'on appelle l'approbation et ce qu'on appelle ensuite la réinsertion pour essayer de faire en sorte que la personne puisse trouver...
02:40Mais là, non, pas l'autre. Le but, c'est de faire participer les détenus à l'entretien des prisons.
02:45J'entends bien, mais ça fait rire de ma part quand un détenu est en prison et il n'a plus de ressources, il n'a plus de revenus.
02:50Bon, Pierre Botton, d'abord, j'ai appris que jusqu'en 2003, les détenus participaient aux frais d'incarcération.
02:56Je ne sais pas de combien étaient-ils, d'ailleurs.
02:59Moi, j'étais incarcéré en 92 et en 96 et je n'ai jamais payé les frais d'incarcération.
03:07C'était les frais d'incarcération quotidiens, forcément.
03:11J'imagine que quand vous étiez en prison, par exemple, vous gagnez de l'argent à travers les activités que vous pouviez faire ?
03:19Non, parce que moi, je ne pouvais pas travailler.
03:20J'étais ce qu'on appelle un détenu particulièrement surveillé et je ne pouvais pas travailler.
03:24Mais c'est une des questions importantes, ça.
03:26C'est-à-dire que moi, pourquoi pas, franchement, la décision, pourquoi pas ?
03:30Si vous voulez, on a le sentiment qu'on cherche et on va dans le bon sens, quelque part, mais on va être confronté au réel.
03:37C'est-à-dire, il faut qu'il y ait du travail en prison.
03:41Est-ce que vous savez, par exemple, que quelqu'un qui donne du travail en prison, un employeur qui donne du travail en prison,
03:47ne peut pas savoir à qui il donne du travail ?
03:50Vous avez des entreprises qui ne veulent pas faire travailler des terroristes,
03:52ne peuvent pas faire travailler des délinquants sexuels, ne peuvent pas faire travailler des meurtriers.
03:57C'est quand même leur droit, quand même, non ?
03:58Moi, je n'ai pas idée de pourcentage de détenus qui travaillent.
04:0530%.
04:05Et la somme est forfaitaire, la somme qu'il touchait ?
04:08Non, non, pas du tout, c'est ce qu'on appelle le SMIC pénitentiaire, c'est très bas.
04:13Donc, c'est forfaitaire, tout le monde a la même chose, c'est ce que je veux dire.
04:15Alors, oui, bien sûr.
04:17Que vous travaillez pour n'importe quelle entreprise, il n'y a pas...
04:21Et le SMIC, il est de combien ce SMIC ?
04:235 euros, je crois.
04:25Donc, quand vous travaillez 7 heures par jour...
04:27Oui, mais vous travaillez très rarement...
04:30Si vous voulez, je n'aime pas dire ce que je vais dire derrière, parce qu'on va croire que je ne soutiens pas l'action de Gérald Darmanin, ce qui n'est pas le cas.
04:40Mais on se confronte au réel.
04:43C'est-à-dire, un, il faut du travail.
04:45Il faut savoir que le travail en prison, ça a été une cause principale qui a été donnée par Dupond-Moretti et par le président de la République.
04:52Et qu'ils ont réussi un exploit, en 4 ans, le travail en prison a baissé.
04:57Donc, cause principale, et ça a baissé, premièrement.
05:00Deuxièmement, pour amener les détenus, pour amener les détenus pour qu'ils travaillent, il faut qu'il y ait des surveillants.
05:06Il ne faut pas qu'on soit en surpopulation.
05:09Parce que quand vous êtes en surpopulation, et qu'il faut en même temps amener aux douches, amener à ci, amener là, amener là, le surveillant, il n'y a plus de surveillant pour vous amener.
05:16Vous comprenez ?
05:17C'est quoi le travail en prison ?
05:20Vous avez, alors, plein de choses.
05:23A Versailles, c'était une grande maison de cosmétiques qui faisait mettre dans les journaux, vous savez, dans les publicités, des parfums, des petits trucs de parfum et tout ça qu'on mettait.
05:36Vous avez beaucoup de choses.
05:37Vous avez, il y avait, je crois, c'est à French, je crois qu'il y avait une boîte de plastique qui faisait faire des plastiques.
05:44Il y avait même des choses qui concernaient le cœur, un laboratoire qui faisait fabriquer des ressorts pour le cœur.
05:51Il y a des tas de choses.
05:52Et c'est combien d'heures par jour au maximum ?
05:54C'est ce que l'on peut.
05:56Vous comprenez ? C'est ce que l'on peut, Pascal.
05:59C'est-à-dire qu'il ne faut pas se tromper un détenu.
06:02Non, mais par exemple, il y a des détenus qui travaillent 7 heures par jour ?
06:05Oui, 5-6 heures, oui, bien sûr.
06:07Donc, à ce moment-là, ils sont à 9h le matin ?
06:10Oui, c'est ça, exactement.
06:118h, même plus tôt.
06:128h aux ateliers, ça s'appelle les ateliers, généralement, ils ont une blouse grise.
06:15Et n'importe quel détenu...
06:18Il faut qu'il soit classé.
06:20Classé, c'est-à-dire qu'il soit...
06:21L'administration pénitentiaire le valide.
06:23C'est-à-dire que les dangereux, on les laisse dans leur cellule, j'imagine.
06:27Les très dangereux.
06:28On espère.
06:29Non, mais vous souriez, vous me faites peur, on ne va pas en mettre...
06:32J'imagine que...
06:33Attendez, je vous fais peur, on vient d'arriver.
06:36Je le dis à la radio, monsieur, à la radio, les gens ne vous voient pas, mais un terroriste...
06:40Par exemple, monsieur Abdeslam, ou Mohamed Amra, si vous voulez, mais monsieur Abdeslam, s'il veut travailler, il n'aura pas le droit de travailler.
06:48Non, je ne pense pas, lui, je ne pense pas.
06:49D'accord.
06:50Mais est-ce que vous pensez que, par exemple, Mohamed Amra n'a jamais été identifié par la pénitentiaire comme dangereux ?
06:56Donc, est-ce que vous voyez quand même aujourd'hui, on se glorifie d'avoir arrêté 25 personnes en prison
07:02qui auraient organisé les attaques sur les établissements pénitentiaires ?
07:08On marche sur la tête, quand même.
07:09Les mecs, ils étaient en prison.
07:11Ils étaient en prison.
07:12Donc, ils étaient en prison.
07:14En prison, ils ont réussi à organiser les trucs pénitentiaires.
07:18On les met en garde à vue.
07:19On dit, bravo, on en a arrêté 25, puis on va les remettre où ?
07:21En prison.
07:22Ou ils vont recommencer, parce qu'il y a toujours...
07:24Vous avez vu qu'il y a quelqu'un qui a résolu ces problèmes dans le monde.
07:28Ça ne nous a pas échappés.
07:29Ça, c'est votre truc, le Salvador.
07:30Mais ce n'est pas mon truc.
07:31Si, si, c'est votre truc.
07:32Ce n'est pas mon truc.
07:33Je m'aperçois qu'il y a effectivement quelqu'un qui a trouvé la solution.
07:38Il s'appelle Bukele.
07:39Pascal, vous ne pouvez pas dire que ce n'est pas votre truc chaque fois que je viens, chaque fois que vous m'en parlez.
07:42Non, parce que c'est un gimmick, parce que je provoque en disant ça.
07:46Oui, je sais bien.
07:46Mais M. Bukele, il est arrivé.
07:50Qu'est-ce que vous voulez que je me dise ?
07:52Vous dites qu'on se glorifie.
07:53Moi, je vous dis qu'il y a des gens qui réussissent.
07:55C'est quoi votre solution ?
07:57Vous, vous seriez ministre de la justice, par exemple.
07:59D'abord, je ne le voudrais pas.
08:00Mais vous avez les solutions ?
08:03Je vais vous expliquer.
08:03Vous avez les solutions ?
08:04Je suis pour sélectionner les détenus.
08:07C'est très important.
08:09C'est-à-dire que...
08:10Je vais peut-être choquer vos auditeurs.
08:12Il y a des détenus qui sont irrécupérables.
08:15Voilà.
08:15Donc, il faut bien le prendre en compte.
08:17Vous ne les choquez pas du tout, sans doute.
08:18Ok.
08:19Donc, Pascal.
08:20Qu'est-ce qu'on en fait ?
08:20Aujourd'hui, les bustes,
08:22vous les mettez dans les prisons
08:24comme il est en train de le faire.
08:26Enfin, peu importe.
08:26Jusqu'à la fin de leur vie.
08:28Ils sont irrécupérables, c'est tout.
08:30Pour eux, pour leur famille, pour tout ça.
08:32Vous voyez ce que je veux dire ?
08:33Donc, jusqu'à la fin de leur vie,
08:34dans des conditions humaines acceptables,
08:35il y en a évidemment.
08:36Pourquoi pas avec...
08:37De toute façon, là encore, le réel, c'est quoi ?
08:41C'est qu'ils ressortent.
08:43Soit ils en reprennent pour 15 ans,
08:44soit ils se font descendre.
08:45Donc, ils en prennent bien pour leur faire de la vie.
08:47Bon, peu importe.
08:48Mais est-ce qu'on peut ne pas parler de ces gens-là ?
08:51Est-ce qu'on peut parler seulement...
08:52Des récupérables.
08:5382 000 détenus.
08:5482 000 détenus.
08:55On est en train de se glorifier d'en avoir arrêté.
08:5825 qui auraient organisé le truc.
09:00Il y a 82 000 détenus.
09:02Aujourd'hui, il y a 40 000 téléphones.
09:04Le garde des Sceaux, il fait ce qu'il peut.
09:07Mais il n'a pas arrêté ça.
09:08Et la meilleure preuve qu'il ne l'a pas arrêté,
09:10y compris pour les grands narcotrafiquants,
09:12c'est que les gars de leur cellule,
09:13ils ont organisé les attaques.
09:15Ils auraient organisé les attaques
09:17et les blessures pénitentiaires.
09:18Quand je vous dis qu'on marche sur la tête,
09:20on marche sur la tête.
09:20Il y a des décisions qui peuvent...
09:21Donc, c'est quoi ?
09:21C'est un gadget pour vous,
09:22ce qu'a imaginé Gérald Darmanin,
09:24de payer les frais d'incarcération ?
09:27Je pense qu'il cherche des pistes.
09:30D'abord, c'est un homme politique.
09:31Bon, vous et moi, on connaît bien la politique.
09:34Donc, c'est un homme politique,
09:35mais excusez-moi,
09:37il y a des choses très concrètes
09:39qu'il pourrait faire.
09:39Les têtes salivaires volontaires.
09:42Volontaires.
09:43C'est-à-dire dire à un détenu,
09:45soit tu acceptes qu'on te fasse un test salivaire,
09:48si au bout de 15 jours,
09:49ton taux de drogue dans le sang
09:52ou dans les cheveux a baissé,
09:53on va te donner un parloir de plus
09:55ou quelque chose de plus.
09:56C'est très positif, ça peut se faire,
09:58ça coûte zéro.
09:58Ou il y a même des gens qui peuvent le faire.
10:02Baisser le prix du téléphone.
10:04Parce que pourquoi il y a 40 000 téléphones ?
10:06Parce que le téléphone fixe, autorisé, légal,
10:09il coûte plus de 400 euros par mois, Pascal.
10:12Il coûte 400 euros par mois.
10:14Comment ?
10:15Je vous fustigeais à juste raison,
10:17et je suis avec vous là-dessus.
10:19Les petits hommes gris,
10:19ils ont balancé un marché du téléphone
10:23qui coûte 400 balles par mois.
10:25Ah ben les gars, ils font rentrer des téléphones.
10:27Vous avez raison.
10:27Ils font rentrer des téléphones.
10:29Et pourquoi 400 euros ?
10:31Parce que c'est dissuasif ?
10:31Ils ne veulent pas que les gens téléphonent ?
10:32Non, absolument pas.
10:34C'est parce que tout ça n'est pas contrôlé,
10:37tout ça n'est pas vérifié,
10:39tout ça est très très mal fait.
10:40En plus, le truc ne marche pas.
10:43Bon, écoutez,
10:44on va remettre si j'étais président pour vous.
10:48Non mais Pascal,
10:49je voudrais vraiment insister sur...
10:51Vous savez,
10:51j'étais venu pour...
10:53Je voulais juste dire,
10:54en mois de janvier,
10:54j'étais venu avec un livre
10:55qui s'appelle
10:55« Quand les détenus font la loi ».
10:57Ce n'est pas ce qui est en train de se passer ?
10:59Vous avez parfaitement raison.
11:00Merci Pierre Botton d'être venu ce matin.
11:03Merci pour nous éclairer
11:05sur les dispositions
11:07proposées par Gérald Darmanin
11:10et puis nous dire effectivement
11:11comment vous analysez
11:14ce qui peut se passer en prison.
11:16Il est 11h57,
11:17on va marquer une pause
11:18et on parlera du contrôle technique
11:20qui sera peut-être obligatoire
11:22chaque année
11:23pour les voitures.
11:25Donc ça, c'est l'Europe,
11:26madame, messieurs.
11:27L'Europe !
11:28Super.
11:28A tout de suite.
11:29Avec Pascal Predot,
11:3011h à 13h sur Europe.
11:31Sous-titrage Société Radio-Canada