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Implantée dans la métropole lilloise, l'association "Les Ch'tits Bonheurs" se présente comme un "groupe d'entraide mutuelle" (GEM). Son président, Vincent Demassiet, était ce mardi l'invité d'ici Matin.

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Transcription
00:00Bonjour Vincent Demacier, vous êtes le président de cette association qui s'appelle les Ch'tibonneurs
00:05qui existent depuis 2015, c'est ça environ 10 ans ?
00:0720 ans, 2005 exactement.
00:09Encore plus longtemps que ça, votre particularité c'est donc ce groupe d'entraide mutuelle
00:14qui s'adresse à celles et ceux qui ont connu des dépressions, des burn-out,
00:17parfois aussi des séjours en hôpital psychiatrique.
00:20Comment fonctionne exactement ce groupe ?
00:22Alors le groupe est basé sur tout simplement ce qu'on appelle la paire aidance,
00:26c'est-à-dire qu'entre personnes concernées, comme moi-même,
00:28parce qu'avant d'être président j'ai été avant tout adhérent à un moment où j'étais un peu plus bas
00:31au niveau du moral dans ma vie,
00:34c'est comment on écoute l'expérience de chacun, comment on partage la sienne
00:38pour se donner simplement les bons conseils, ce qui a marché,
00:40et en offrant ces conseils, on prend aussi les conseils des gens,
00:44peu importe l'état dans lequel on peut se trouver à un moment ou à un autre,
00:47on a tous des conseils et on se construit comme ça pour reprendre un lien social
00:51qu'on a tant en temps perdu quand on a des problèmes de santé mentale
00:53et reprendre la vie comme tout à chacun, selon ses souhaits.
00:58Et ça c'est important.
00:59Cette notion d'entraide, elle est primordiale quand on est en état comme ça de souffrance psychique ?
01:04Elle est primordiale, c'est super important,
01:07parce que souvent on entend des réflexions de gens qui sont à côté de nous,
01:10qui sont bienveillants, mais qui nous disent
01:12« Bouge-toi un petit peu, secoue-toi »,
01:14là où ça peut être très compliqué,
01:16des gens qu'on n'a pas envie d'embêter parce qu'on pleure facilement,
01:20quand on n'a pas le moral, quand on s'isole,
01:21ils se disent « Mais vas-y, bouge, bouge »,
01:23alors que ce n'est pas une chose facile.
01:26Et le fait de se retrouver entre nous comme ça
01:28et de pouvoir s'entraider, de savoir s'écouter sans aucun jugement,
01:31ça fait la différence.
01:33C'est-à-dire que quelqu'un qui a connu la même chose que vous,
01:36finalement, est peut-être plus à même de vous écouter
01:38et aussi ne pas dire justement ces phrases « Allez, bouge-toi »,
01:41que certains pourraient dire,
01:43certains qui ne connaissent pas vraiment ce que vous avez dans la tête.
01:45C'est vraiment ça.
01:47C'est-à-dire que là, vraiment, on est sur l'échange d'expérience.
01:49C'est-à-dire qu'au-delà de s'arrêter sur des mots,
01:51sur des regards sur la personne,
01:54c'est vraiment dire « Mais alors, vas-y, parle-moi,
01:56dis-moi exactement ce que tu ressens.
01:59Ok, tu ne vas pas bien, mais ça veut dire quoi ?
02:01Ne pas aller bien. »
02:02Voilà, et ça, c'est important.
02:03C'est 149, ici matin, nous sommes en direct
02:05avec Vincent Demassier, président de l'association « Les Ch'tis Bonheurs ».
02:08Vincent Demassier, vous l'avez souligné,
02:10vous avez été adhérent de cette association
02:11avant d'en devenir aujourd'hui le président.
02:13Qu'est-ce que vous a apporté, justement, ce groupe d'entraide,
02:16des choses que vous ne trouviez pas ailleurs,
02:18justement, en discutant avec les autres adhérents ?
02:21C'est aussi le regard, parce qu'on est tous,
02:23quand on ne va pas bien,
02:24à chercher la solution miracle,
02:27la chose qui ferait que d'un seul coup,
02:29notre vie reviendrait rose,
02:31ou dans les fantasmes qu'on peut avoir sur ce qu'on aime,
02:33ou ce qu'on voudrait.
02:35Et là, ça ne s'appelle pas « Les Ch'tis Bonheurs pour rien ».
02:37Alors, il y a la référence au Ch'tis, bien sûr,
02:39parce qu'on est du Nord,
02:40mais c'est le Ch'tis apostrophe TITES,
02:42parce que c'est les petits, voilà.
02:44Le Ch'tis, les petits bonheurs,
02:46parce qu'on s'aperçoit que c'est plein de petits bonheurs
02:48comme ça qui font que ça nous rend heureux.
02:50Ce que j'ai trouvé, c'est d'abord de l'écoute,
02:52un non-jugement.
02:53Ça m'a permis aussi, grâce à des partenaires culturels,
02:57de repartir au théâtre,
02:59d'aller voir des activités,
03:00des événements sportifs,
03:02de prendre contact avec des centres sociaux
03:05où je n'aurais jamais été,
03:06parce que je me suis dit,
03:06c'est peut-être pas ma place,
03:07et trouver du partage,
03:10voir du monde,
03:11voir de l'extérieur,
03:11reprendre une vie,
03:12j'allais dire,
03:13entre guillemets classique de citoyen
03:14où petit à petit,
03:17on retrouve l'épanouissement,
03:18on retrouve le bonheur
03:19et plein de petits bonheurs
03:19qui font que, dans l'ensemble,
03:21on est heureux.
03:23Et souvent, on crie après
03:24qu'on cultive ce bonheur.
03:27Ce sont tout ça,
03:27les petits bonheurs,
03:28vous avez cité le théâtre,
03:29vous avez cité Sortir,
03:30je regardais sur vos sites internet tout à l'heure,
03:32vous avez mis des photos,
03:32a priori, vous faites aussi des balades,
03:34plein de...
03:35Combien d'événements vous arrivez à organiser
03:36comme ça, tous les mois ?
03:37Alors, sur l'année,
03:39je pense qu'on est à 1700 événements
03:40pour les adhérents.
03:42Voilà, en sachant que,
03:44on n'est pas une énorme association,
03:45on est 110 adhérents,
03:47mais on accueille
03:47près de 800 personnes
03:48qui passent,
03:49parce que,
03:50c'est pas que les gens
03:52qui sont au fond du trou
03:52pendant plusieurs mois,
03:53c'est aussi, tu entends,
03:54des gens qui passent
03:54des moments difficiles
03:55dans leur famille,
03:56dans leur boulot,
03:58et là aussi,
03:58on a une écoute particulière
03:59pour ces personnes-là,
04:00pour qu'ils puissent
04:00simplement parler
04:01et discuter,
04:03et à qui on propose aussi
04:04ces petits moments d'échange,
04:05ces petits moments
04:06privilégiés, une attention
04:07qui est la nôtre,
04:10qui font qu'eux aussi
04:11retrouvent des petits moments
04:12de bonheur
04:13et progressent
04:14et avancent dans leur vie.
04:15Et tout ça,
04:16ce sont des choses
04:16que vous ne pouviez pas
04:17trouver ailleurs
04:18quand on parle de santé mentale.
04:19Aujourd'hui,
04:20il y a bien évidemment
04:20des professionnels,
04:21des soignants,
04:22il y a aussi des institutions,
04:23les pouvoirs publics.
04:25Tout ce que vous proposez,
04:25c'était des choses
04:26qui n'existaient pas,
04:27que vous n'avez pas pu trouver ailleurs ?
04:28Alors, moi,
04:29j'ai connu la psychiatrie,
04:31c'est-à-dire l'hôpital psychiatrique.
04:32Je me suis...
04:33Enfin, on m'a amené d'ailleurs
04:34vers les psychologues,
04:35mais c'était vraiment un complément.
04:37Il y a le soin.
04:38Si à un moment,
04:38on souffre d'une maladie,
04:39on peut avoir
04:40une aide psychologique,
04:42une aide médicamenteuse,
04:43pourquoi pas ?
04:45Mais ce n'est pas ça
04:46qui fait la différence,
04:47ce n'est pas ça
04:48qui redonne la vie,
04:50c'est juste une béquille.
04:51Et à côté de ça,
04:52il y a tout le lien social
04:53et ça, c'est une autre béquille
04:54qui est indispensable.
04:55La santé mentale,
04:55ce n'est pas qu'une histoire
04:57de molécules ou de maladies,
04:58c'est avant tout
04:59des vraies rencontres
05:00et j'insiste là-dessus.
05:01Alors, les pouvoirs publics,
05:02oui, ça a changé.
05:03Parce qu'honnêtement,
05:05encore maintenant,
05:06quand on parle de santé mentale,
05:07les gens se disent
05:07mais c'est des fous.
05:08Non, ce n'est pas que des fous,
05:09ça concerne tout le monde
05:10et on l'a vu avec le Covid.
05:12Et la société bouge.
05:17Voilà, il y a encore un regard
05:17qui est super malveillant
05:18sur des maladies
05:19qu'on appelle
05:19des pathologies lourdes.
05:22Mais sur tous les autres petits moments,
05:24il y a des choses
05:24qui commencent à bouger
05:25depuis le Covid.
05:26L'institution psychiatrique
05:27commence à transformer
05:29l'image qu'on a d'elle.
05:30Mais il y a aussi
05:31tout ce qui est
05:32les conseils locaux
05:32de santé mentale
05:33qu'on trouve partout
05:34dans le département,
05:35dans la région,
05:36où c'est les communes
05:37en partenariat
05:38avec des associations
05:38comme nous
05:39qui travaillons
05:40pour aller à la rencontre
05:41des personnes
05:42dans la cité.
05:45Voilà,
05:45on va sur les places de marché
05:46pour parler de tout ça.
05:47C'est ça qui est important aussi.
05:49Comment on change
05:50le regard des gens
05:51en allant vers eux ?
05:52Beaucoup de communication locale aussi.
05:53Je regardais sur votre site,
05:55vous mettez plein de choses
05:56en place au niveau local.
05:58Je précise d'ailleurs,
05:59vous êtes partenaire
06:00de la commune de Fâche-Tuménil,
06:02la ville de Ronchin également,
06:03qui vous aide.
06:04En tout cas,
06:05vous avez un site internet
06:06où tout ça est résumé,
06:07leschitibonheurtoutattaché.org.
06:09Merci beaucoup
06:10de nous avoir présenté
06:11cette association aujourd'hui,
06:12ce groupe d'entraide mutuelle.
06:14Vincent Demacier,
06:14président de cette association.
06:16Bonne journée à vous.
06:16Merci.

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