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00:00Et un jour la télévision vous appelle, l'équipe de Laurent Ruquier, vous y allez, en quel état d'esprit ?
00:05J'y vais vraiment en me disant, comme tout en fait, et puis ouais ça prend, et d'une semaine sur l'autre je me dis bon bah, puis en fait ça marche.
00:14Je pense qu'on regarde un des sketchs de l'époque.
00:16Elle est balèze, moi j'étudie l'époque.
00:17Ah oui bien sûr j'ai vu.
00:18Et regardez, il y a un poney.
00:20Oh là là, il est nerveux, c'est un étalon, il a le sang chaud tout comme les italiens, ça va être sympa en direct.
00:30Je vais le faire à côté tu vois, ça marchait mieux à qu'on tienne.
00:35Et puis il est pas du tout rassuré, faut le comprendre, sa mère a fini en saucisson.
00:42Vous m'avez forcément reconnu, c'est moi la grande Francine Fachot.
00:47Mais si, c'est moi qui chantais, sur la plage abandonnée, on est mieux sans s'immigrer.
00:56Je ferai tout pour expulser les sans-papiers.
01:03Et à quel moment vous saviez que vous pouviez imiter Brésil Bardo ?
01:07Brésil Bardo c'est facile à faire.
01:10Et là, est-ce que les piscales se remplissent un peu plus ?
01:13Ah oui là, ça prend une dimension.
01:15Il y a des fans, mais en fait ce sont des fans de l'émission.
01:18On découvre les gens qui vous voient pas maquiller, qui disent oh, pas terrible.
01:22Et moi avec le caddie, oui enfin c'est lundi, j'achète des poireaux.
01:26On se justifie.
01:28Mais la télé c'est une exposition incroyable.
01:30Et en 2012, vous décidez d'arrêter quasiment au milieu d'un sketch.
01:34Ouais, je suis pas bien dans ma peau, la télé m'habille, dans ma vie c'est une torpeur pas possible.
01:40Je suis perdue au milieu de moi-même.
01:43Je coule et je suis en train de faire ce sketch.
01:46Et personne ne rit.
01:49Et je m'arrête en disant, je suis désolée, ça n'est pas drôle.
01:53Voilà, il y a une espèce d'ambiance de mort.
01:56Et en fait je m'arrête et je suis...
01:57Mais c'est mon premier burn-out.
01:59Mais je le sais pas.
02:00Mais non, je le sais pas.
02:02Et je suis en roue libre.
02:03Et je crois que je pleure sans m'arrêter deux semaines.
02:07Et je me dis, j'arrête ce métier.
02:08Et la télé, ça exacerbe ce que je ressens.
02:11Vous quittez la télévision, vous retournez sur scène.
02:14Et là à nouveau c'est sur scène qu'il y a un arrêt.
02:16C'est-à-dire que là le corps ne peut plus.
02:19Parce qu'on peut pas avoir sa boîte de prod, faire la compta, faire de la tournée, écrire des choses, être en promo, régler les problèmes humains, avoir ses problèmes à soi.
02:31En fait j'arrivais plus à respirer.
02:33Et ça faisait un moment que je forçais et je disais à la Toubib, je crois que je fais de l'asthme.
02:39Donc à mes filles, la ventoline.
02:41Et en fait non, je fais une crise d'angoisse.
02:43Mais je le sais pas à l'époque.
02:44Donc je suis sur scène, je peux plus respirer, je peux plus respirer.
02:47Et je tombe par terre.
02:49Et je pleure, je pleure, je pleure.
02:51Et le régisseur ferme le rideau, remet de la musique d'ambiance.
02:54Et derrière on entend...
02:54Et je pars en coulisse.
02:58Mais je suis mes possédés de tristesse.
03:00Et Ahmed Silla, qui jouait après moi, descend et il croit que quelqu'un sur scène m'attaque.
03:07Parce qu'il m'entend crier.
03:09Et du coup il arrive comme ça pour me défendre.
03:11Et il me dit, qu'est-ce qu'il se passe, qu'est-ce qu'il se passe ?
03:13Et je lui dis, ils m'ont tué Ahmed.
03:16Je lui dis, ce métier m'a tué.
03:17Regarde dans mes yeux, il n'y a plus de vie, je suis morte.
03:20Il me dit, mais ils sont où les gens ?
03:21Je lui dis, bah sur scène.
03:22Du coup il remonte.
03:23Et il explique aux gens.
03:25Et il dit, je crois qu'elle est un peu fatiguée Constance.
03:27Il m'appelle, les gens m'appellent et je m'excuse.
03:32Et je dis aux gens, je ne sais pas si je vais me suicider ce soir, mais en tout cas ce métier me tue.
03:36Personne n'a demandé à être remboursé.
03:39J'ai eu des mots, je rigole mais c'est nerveux, c'est atroce.
03:41Mais en même temps c'est grotesque.
03:43Et puis le seul médecin qui me parle de dépression, je ne le crois pas.
03:48Parce que c'est les gens faibles qui font de la dépression.
03:50Dans votre imaginaire à vous, dans votre culture à vous.
03:52Oui, bah moi je viens d'une famille où ma grand-mère était bipolaire.
03:55Elle a fait de la dépression toute sa vie, elle s'est suicidée.
03:59J'ai entendu toute ma vie qu'elle était folle.
04:01C'est tellement pas possible pour moi de l'admettre
04:04que je vais jusqu'à ce que mon corps ne réponde plus.
04:08Et que je suis encore en colère contre lui parce que je ne peux plus bouger.
04:12Et que je suis horrible avec moi-même.
04:14Je suis horrible avec moi-même.