Regardez L'invité de RTL Matin Week-end avec Stéphane Carpentier du 26 avril 2025.
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00:006h, 9h15, RTL Matin, avec Stéphane Carpentier.
00:048h47, c'est RTL Matin face à l'actualité.
00:06Et l'actualité, c'est donc Nantes encore ce matin.
00:09Toujours beaucoup d'émotions après la mort d'une lycéenne dans son établissement,
00:13tuée par plus de 50 coups de couteau assénés par un jeune homme de 16 ans,
00:17suicidaire solitaire ayant une fascination pour Hitler.
00:20Ce geste, l'adolescent avait également blessé trois autres lycéens,
00:24demeure ce matin inexpliqué, aucun mobile susceptible d'être évoqué d'une façon certaine.
00:29C'est ce que disait hier soir le procureur de la République.
00:32Alors comment faire face à cette violence de la jeunesse ?
00:34Les épisodes se multiplient sous différentes formes.
00:37Doit-on mieux protéger nos établissements scolaires ?
00:40Et comment freiner l'impact des réseaux sociaux, ces images qui sont le quotidien des jeunes ?
00:45L'invité de RTL Matin est donc député PS du Calvados.
00:48Il préside depuis un mois et demi une commission d'enquête parlementaire
00:51sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs.
00:55Bonjour à vous Arthur Delaporte.
00:57Bonjour.
00:57On parle d'émotion et elle est très forte depuis 48 heures dans tout le pays, Arthur Delaporte.
01:02Ce drame, est-ce qu'il remet en cause selon vous notre capacité collective
01:05à détecter et à prévenir les passages à l'acte de certains jeunes ?
01:11Moi ce que je veux d'abord dire, c'est d'avoir une pensée extrêmement émue à la fois
01:16pour évidemment les familles des victimes, pour les victimes eux-mêmes
01:21et puis pour l'ensemble des personnels qui se sont mobilisés depuis trois jours
01:26pour venir en soutien à toute cette communauté éducative traumatisée.
01:31Je pense évidemment, et c'était dit hier par le procureur, à tous ces policiers
01:35qui sont intervenus pour faire des auditions, certains avaient leurs enfants dans cet établissement
01:40et qui sont évidemment tous marqués par cet épisode d'une grande violence, d'une grande brutalité.
01:47Et c'est d'abord cela que je veux dire.
01:48Et puis le deuxième élément, c'est que face à un tel drame, il faut faire preuve d'une grande prudence.
01:54Nous sommes au début, le procureur l'a dit, le mobile n'est pas clair,
01:58mais ce qui est sûr, et c'est la maire de Nantes qui a la première posée ces mots-là publiquement,
02:04c'est qu'il y a derrière ce drame un sujet de santé mentale,
02:08et de santé mentale de ce jeune homme en particulier.
02:10Est-ce que vous pensez aujourd'hui que l'institution, c'est-à-dire l'école,
02:14est équipée pour faire face à ça ?
02:16Est-ce qu'il faudrait revoir le rôle de l'école dans la prévention des troubles psychiques ?
02:20Vous savez, face à un tel drame, il y a des procédures qui sont mises en place,
02:24il y a des entraînements, et l'officier de police judiciaire qui est intervenu hier
02:29a montré à quel point toute la réponse avait été extrêmement rapide.
02:33Il y a des tests qui sont faits chaque année dans les établissements scolaires,
02:36en cas d'intrusion, etc.
02:37Donc il y a eu des mécanismes de prévention, mais en fait le risque zéro n'existe pas.
02:43Même si vous mettez des détecteurs dans chaque établissement,
02:47il y aura toujours la capacité de faire passer des couteaux en céramique,
02:50vous voyez ce que je veux dire ?
02:51En fait, le sujet, il est plus de l'ordre de la prévention,
02:54de la capacité d'avoir un système de santé qui accompagne tout le monde,
02:58et notamment quand il y a des intentions suicidaires,
03:00parce que ce que dit la presse aussi, c'est que ce jeune homme a appelé une ligne d'écoute
03:05et qu'il n'y a pas eu de décroché.
03:07Il n'y a pas eu de décroché alors qu'il y avait une intention suicidaire.
03:10Et c'est à ce moment-là aussi qu'il faut être en capacité d'accompagner les gens,
03:13et moi je le dis, c'est à ce niveau-là aussi qu'il faut renforcer les moyens.
03:17On ne peut pas dire d'un côté que la santé mentale est une grande cause,
03:22et de l'autre ne pas mettre les moyens sur la santé mentale.
03:24Aujourd'hui, c'est vrai que c'est un secteur qui est en grande souffrance.
03:27Il y a des psys partout en France qui sont en train de dire,
03:31mais attendez, aidez-nous, on n'est pas assez nombreux,
03:33on a aujourd'hui une explosion des problématiques liées à la santé mentale,
03:37chez les jeunes en particulier.
03:38Et si l'État ne répond pas présent, c'est sûr que le mal-être dans la population va augmenter.
03:42Et ce type de drame, qui sont évidemment parfois évitables si on arrive à mettre en place assez de prévention,
03:49mais pourront se multiplier.
03:51Les images, Arthur Delaporte.
03:53Vous présidez la commission d'enquête sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs.
03:57Est-ce que ce drame-là, même s'il ne peut être réduit à cela,
04:00pour l'instant vous conforte dans la nécessité d'avancer là-dessus ?
04:04Ce qui est sûr, c'est que ce que l'on observe avec cette commission d'enquête
04:07sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs,
04:10c'est qu'il y a une augmentation des problématiques de santé mentale chez les plus jeunes,
04:15et que les réseaux sociaux, TikTok en particulier, avec la puissance de son algorithme,
04:20sont un catalyseur du mal-être des jeunes.
04:22Pour prendre un exemple, sur TikTok, si vous vous connectez et que vous vous sentez un peu triste,
04:27l'algorithme va le détecter et va vous proposer de plus en plus de contenus
04:31qui vont renforcer vos pensées tristes, et à un moment,
04:34on va voir aussi des vidéos qui disent comment suicider,
04:37et en fait, ces vidéos violentes seront de plus en plus nombreuses
04:40à mesure que la personne ira de plus en plus mal.
04:42Donc il y a un effet d'algorithme qui fait qu'en effet,
04:45de plus en plus de jeunes se sentent mal,
04:47et qu'on a même des jeunes qui se sont suicidés,
04:49et des parents qui, aujourd'hui, ont porté plainte contre TikTok,
04:52parce qu'ils estiment que ça fait partie des facteurs déclenchants
04:54du passage à l'acte chez leurs enfants.
04:57Ça veut dire quoi, Arthur Delaporte ?
04:58Que ça peut enfermer un jeune dans une espèce de spirale négative ?
05:01Oui, c'est ce qu'on appelle une bulle de filtre,
05:04et donc en fait, on va se retrouver de plus en plus enfermés
05:07et confortés dans ces positions,
05:10et les pédopsychiatres le décrivent aujourd'hui,
05:13ils ont de plus en plus d'enfants qui arrivent,
05:15notamment en raison de ce qu'ils ont pu voir sur les réseaux sociaux.
05:18Et donc il y a la nécessité,
05:20c'est ce que nous essayons de faire avec cette commission d'enquête,
05:22de mettre en œuvre à la fois des préconisations pour à la fois réguler l'accès des jeunes aux réseaux sociaux,
05:29mais aussi imposer aux grandes plateformes de mieux réguler leur algorithme
05:33pour mieux protéger les jeunes.
05:35Qu'est-ce qu'on peut faire de ces témoignages, justement,
05:39de ces jeunes que vous mettez en avant ce matin,
05:41et tout cela est très négatif évidemment,
05:42mais à l'échelle politique,
05:44comment on peut avancer sur ce dossier-là ?
05:47Moi ce que je veux dire, c'est qu'il ne faut pas céder à la panique,
05:51il ne faut pas céder à la résignation,
05:53et que nous pouvons faire des choses.
05:54Il y a des pays par exemple qui ont mis en place des règles de contrôle de l'âge strict des jeunes,
05:59qui ont interdit par exemple la capacité à se créer des comptes avant un certain âge.
06:03Il y a aussi la nécessité de sensibiliser les parents au risque des réseaux sociaux,
06:06et notamment leur dire,
06:07regardez avec votre enfant son algorithme,
06:10et vous verrez ce à quoi il est exposé.
06:12Il faut vraiment accompagner les jeunes.
06:13Mais il y a aussi derrière la question de la prise en charge.
06:16Comment est-ce qu'on peut se dire qu'un jeune qui ne va pas bien,
06:18parfois, attend 3-6 mois, un rendez-vous chez le psy,
06:21ça ce n'est pas possible.
06:22Il faut vraiment aussi renforcer des moyens sur la santé mentale,
06:25et je le dis, c'est vraiment un sujet très important.
06:28Je prends juste un exemple,
06:29l'association e-enfance qui accompagne les enfants qui subissent du harcèlement en ligne.
06:33Elle avait, il y a un peu, un taux de décroché de moins de 50%,
06:37c'est-à-dire qu'il y a moins d'une chance sur deux
06:39qu'on décroche au téléphone si vous l'appelez,
06:41parce qu'il n'y a pas assez de moyens, il n'y a pas assez d'écoutants.
06:43Et donc, on a réussi, avec mon collègue Stéphane Vogeta,
06:45à se battre pour obtenir 2 millions supplémentaires cette année
06:48pour qu'ils puissent embaucher des écoutants,
06:50pour qu'il y ait plus de réponses, justement, pour accompagner.
06:52Parce que finalement, s'il n'y a pas de réponse pour accompagner les jeunes,
06:56derrière, le risque, c'est que ça se dégrade encore plus,
06:58et c'est qu'on ait de nouveaux drames.
07:00Donc voilà, je le dis, il y a besoin de moyens,
07:02il faut que l'État réponde à la hauteur de l'enjeu,
07:06mais surtout, il ne faut pas non plus céder à une panique absolue
07:10et faire peut-être que ce lien, ce drame,
07:14qui est là aujourd'hui, n'est pas totalement lié
07:16à cette exposition aux réseaux sociaux,
07:18mais c'est peut-être un jeune qui allait mal de manière générale,
07:21et ce n'est pas forcément lié exactement à TikTok ou quoi,
07:24je n'ai pas des moyens de le dire.
07:25Des besoins, des moyens pour accompagner, voilà vos mots ce matin.
07:28Merci à vous, Arthur Delaporte, d'avoir été en direct sur RTL,
07:31député PS du Calvado.