Délégué syndical central CGT d'Industriel France, Sébastien Gautheron se livre dans une interview.
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00:00Comment avez-vous accueilli les dernières informations concernant les restructurations
00:06chez ArcelorMittal en Europe et notamment en France ?
00:09Alors bien sûr, très très mal. On parle de 1 400 emplois supprimés sur l'Europe.
00:14Là, on a pris, avant hier, ce serait à peu près 900 postes chez ArcelorMittal en France.
00:22Donc même des services qui, soi-disant, n'étaient pas touchés, notamment chez AMF,
00:27des employés, voire des ouvriers où des postes sont supprimés.
00:31Donc c'est sûr que les annonces, on les a prises comme on doit les prendre,
00:36c'est-à-dire avec beaucoup de désespoir et de colère.
00:44Il y a une crise de l'acier en Europe ?
00:46Soi-disant, mais on nous ment sur beaucoup de choses.
00:48Quand on nous dit que les Chinois inondent le marché européen, c'est complètement faux.
00:527% de la production chinoise est en Europe.
00:54Donc après, bien sûr, les annonces de Trump n'ont pas arrangé les choses,
01:00mais on ne produit même pas ce qu'on a besoin en Europe.
01:04Donc il y a de l'avenir dans l'acier, dans l'acier de l'orgie.
01:07Il suffit de virer les patrons voyous et on va y arriver.
01:12Comment se situe le Creusot dans ce contexte de crise ?
01:17Aujourd'hui, au Creusot, on s'en sert plutôt bien pour l'instant.
01:22C'est-à-dire que sur le plan de délocalisation,
01:25malgré que ça fait 10 postes de trop sont impactés chez Industrie de France.
01:31On a quand même un investissement qui a été signé de l'alcoolie quotidienne
01:34où on espère que ça va nous donner du travail.
01:37Mais ce qui nous inquiète, c'est quand même la situation du groupe.
01:40Est-ce que derrière, il y aura boule de neige ou autre ?
01:43Ce n'est jamais bon signe.
01:45Est-ce que Framatome n'est pas pour le moment une assurance vie pour Industrie de Creusot ?
01:51Framatome fait partie de nos clients, certes, historique, on espère, pour des années encore.
01:57Mais une acierie comme la nôtre ne suffit pas que de faire des produits pour Framatome.
02:01Il faut qu'on fasse des tools aussi.
02:03Donc certes, le partenariat avec Framatome est important, mais il n'y a pas qu'un.
02:08Qu'est-ce que vous souhaitez pour sécuriser, entre guillemets, et Industrie de Creusot et l'acier en France ?
02:15À notre demande, elle est, depuis quelques mois, on alerte les pouvoirs publics, les politiques,
02:21que si on veut sauver la sérologie française, une nationalisation en partie ou à 100%,
02:26on ne va pas d'autre chemin à prendre que celui-ci.
02:29On revient 40 ans en arrière, quand Usinor avait repris la sérologie de Creusot-de-Loire ?
02:36Oui, on en revient en arrière.
02:38Donc je pense que les gens n'ont pas compris.
02:40Je rappelle juste qu'on est dans le salarié de l'Hormital, qu'on est payé en 2006.
02:43C'est 28 000 salariés en France en 2006.
02:46Et c'est 15 000 en 2025, 18 ans après.
02:50Donc on a perdu beaucoup de salariés, de savoir-faire.
02:52des non-investissements, notamment chez les entreprises des hauts fourneaux,
02:58ou dans un état d'élabrement avancé.
03:02Donc oui, on est inquiets, on est très très inquiets.
03:04Donc il faut, nous, on pense à la CGT, qu'il faut, pour sauver la sérologie en France,
03:09qui derrière induit énormément d'emplois, que la sérologie soit nationalisée.
03:15Comment les nouvelles ont été accueillies dans les ateliers ?
03:19Est-ce qu'il y a de l'inquiétude au Creusot ?
03:21Alors, étant donné que depuis le départ, c'est plutôt les services de support qui sont visés,
03:25la crainte, et surtout au niveau des services de support, et encore aujourd'hui,
03:29parce que même si c'est que 10 postes, personne ne sait s'ils seront dans cette galère ou pas,
03:34à aujourd'hui, on pense que d'ici mi-mai, on en saura un peu plus.
03:39Mais c'est jamais bon signe.
03:41Nous sommes en grève depuis le 31 mars, dans une grève illimitée,
03:44et les gens de l'atelier ont aussi fait des grèves par soutien aux gens qui sont dans les services de support.
03:50Dans l'immédiat, vous attendez quoi ?
03:52Alors, dans l'immédiat, très très proche, nous nous organisons une journée noire,
03:56le 29 février, dans le groupe ParcelorMittal.
03:59Donc là, on va demander à la solidarité de tous les salariés,
04:02même sur des sites qui ne sont pas impactés, d'arrêter le travail,
04:05parce qu'à un moment ou à un autre, il faut quand même lui prendre un petit peu d'argent dans sa poche,
04:11qui est souvent le nôtre, parce que c'est quand même une usine qui est très sponsorisée par l'État.
04:15Ça, c'est l'avenir proche.
04:18Le 13 mai, 21 mai, il y a d'autres centraux au niveau européen et autres.
04:22On va voir les discussions qu'il y aura.
04:24Mais demain, si les politiques ne se bougent pas plus,
04:27si cette soi-disant industrielle qui est plutôt un banquier, un financier,
04:32on ne lui force pas à continuer à investir dans la décarbonation,
04:37je rappelle quand même qu'il y avait 1,8 milliard de prévues à Dunkerque,
04:41dont 850 millions de l'État.
04:43Aujourd'hui, plus personne n'en parle.
04:46Donc voilà, il est forcé à faire des investissements.
04:50S'il ne les fait pas, il dégage.
04:52L'avenir, il passe par la décarbonation en Europe ?
04:55Forcément.
04:56Déjà, je pense qu'on veut tous un monde meilleur,
04:59c'est-à-dire écologiquement un monde décarboné, si c'est faisable,
05:02en faisant des investissements qu'il faut.
05:04Aujourd'hui, un exemple à Dunkerque,
05:05qu'on est en train de laminer des brames qui viennent d'Inde, de Brésil.
05:08Donc au niveau écologique, ce n'est quand même pas le top.
05:11On a les savoirs, on sait ce qu'il faut faire,
05:13soit des DRI, des aciérés électriques, on a tout ce qu'il faut.
05:16En plus, ça relancerait la fabrication de l'acier.
05:19Donc on a tout ce qu'il faut pour décarboner,
05:21sauver la sédurgie en France, créer des emplois,
05:24et donc que ce soit de l'acier plus vert.