Coluche essais pour le rôle d'Ugolin dans Jean de Florette
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00:00Ah ça, ça volait pas. Nous avons maintenant la chance d'avoir en ligne, je crois depuis le midi, Yves Montand, qui regarde cette émission depuis le début.
00:08Et j'ai voulu qu'Yves Montand soit à l'antenne ce soir parce qu'il a connu Coluche dans des circonstances très particulières. Bonsoir Yves.
00:14Bonsoir, comment ça va ? Bien.
00:16Là-bas, je vous remercie d'être fidèle au rendez-vous. J'ai tenu à ce que vous soyez là parce que vous avez rencontré Coluche pour les essais d'un film qui a marqué le cinéma français
00:26et votre carrière, Jean de Florette, les deux Pagnols et Manon Dessour, car ce que beaucoup ne savent pas, c'est que Coluche aurait pu être votre partenaire dans le rôle du Golin.
00:38C'est vrai ça ?
00:39Oui absolument. Je crois que la description qu'en fait notre ami Marcel Pagnol dans le livre, ça rapproche beaucoup plus physiquement du personnage de Coluche,
00:51voire de Jacques Villerey, qui peut surprendre beaucoup de téléspectateurs, et pourtant c'est vrai, que de la magistrale interprétation qu'a faite mon ami Daniel Auteuil.
01:03Et merci, et merci, dans une certaine mesure, que Coluche l'ait refusé, de leur avoir eu la chance de découvrir en forme d'un comédien qui est notre ami Daniel Auteuil.
01:14Mais Jacqueline Pagnol ne voulait pas travailler, n'acceptait pas que Coluche fasse le rôle de Golin, de Galinette dans le film.
01:23Et notre ami Coluche a dit, Coluche a dit, écoutez Jacqueline, bon je comprends, parce que vous êtes gêné du fait que j'ai l'accent parisien,
01:32mais je voudrais simplement faire un essai, et vous jugerez, et ce que vous direz, le verdict que vous donnerez à la fin de l'essai, je l'accepterai.
01:41Mais il faut faire un essai.
01:42Alors je crois que l'essai a eu lieu chez vous en Normandie.
01:44Exactement. A Auteuil.
01:46Oui, vous aviez pris vous le costume, le chapeau, les oripeaux du papé.
01:50Oui, parce que je ne voulais absolument pas faire le rôle.
01:53C'était un peu de tournée, à ce moment-là, mondiale.
01:56Je l'avais arrêtée pendant quelques temps.
01:58J'adorais Pagnol.
01:59Je lisais pour mon plaisir parfois les passages de Pagnol à Sivonne, qui éclataient vraiment durés, parce que nous l'avons aimé tendrement.
02:05Et à ce moment-là, Colbertus, assez, je veux dire, sur le moisement, m'a demandé de faire l'essai avec Coluche.
02:11Donc Coluche a demandé, je ne peux faire l'essai que si mon temps accepte de me donner la réplique.
02:17Et pour lui donner la réplique, je lui ai dit, bon, très bien, je vais le faire, mais qui n'est pas mal entendu.
02:22J'aurais toujours le temps de prendre 20 ans de plus.
02:25Ça viendra toujours assez vite.
02:27Et puis je lui ai dit, non, alors, c'est qu'un appartement, un chapeau noir, avec une moustache, pour qu'il n'ait pas mon visage, même s'il est assez marqué.
02:35Mais pour lui donner, au contraire, le visage du papé, ce que j'imaginais moi être le papé, si vous voulez.
02:39Bien sûr.
02:40Et bien, Yves, on va regarder ce document que nous a passé Claude Berry, c'est un document tout à fait extraordinaire.
02:47Coluche a les cheveux de rouge, c'est le rouquin, et il essaie d'être hugolin, c'est quand même un document extraordinaire, regardez.
02:54Je crois.
02:56Et dis-moi, je pensais un truc, bon, ça n'est pas une corsure, mais je pensais, peut-être, je me raserais la moustache.
03:02Ouais. Peut-être, peut-être, c'est le bon de la figure qu'on a.
03:09Oui, des fois, la moustache, c'est simple aux femmes, qui en a deux, que tu connais, et qui vont à la messe tous les matins.
03:15Eh bien, elle devait bien me casser la mienne, la moustache.
03:20Ah oui, mais ça ne me fera pas ça. Non, ce n'est pas son genre. Ce serait trop beau, non.
03:25Non, puis son père, il n'en avait pas la moustache, tu vois, puis l'instituteur, il est tout rase, donc.
03:29Non. Enfin, je peux toujours essayer, hein.
03:34Et j'avais pensé, tu vas pas te moquer, hein, un peu de parfumerie dans les cheveux. Qu'est-ce que tu en penses ?
03:42Je crois que ça leur plaît, si toi tu peux le supporter. Moi, ils n'aimais plus, ça va en tête.
03:50Eh, dis-moi, comment tu me trouves ?
03:53Ah, la damelle, écoute, je crois que comme tu es là, tu pourrais bouger la fille du papa.
04:01Tu sais, frêchement, je me rencontrerai dans la rue, j'oserai pas me parler.
04:08C'est bon, un coup, moi.
04:10Et voilà, Coluche n'a pas été hugolin, mais vous, oui, vous avez été le papé.
04:14Oui, c'est une grande chance. Quand je vous les essaie, j'ai accepté de faire le rôle, oui.
04:17Alors, maintenant, je voudrais revenir sur le passé de Coluche.
04:21Je crois qu'il y a beaucoup de points communs entre Coluche et vous.
04:24Vous êtes l'Italien d'origine tous les deux.
04:26Il a dit, mais je crois que cette formule, vous pouviez la reprendre.
04:29Je ne suis pas un nouveau riche, je suis un ancien pauvre.
04:32Oui, oui.
04:33Le père de Coluche, Honorio, était maçon, venu comme beaucoup d'Italien après la guerre.
04:37Je pense que le passé de Coluche ne pouvait pas vous laisser indifférent.
04:40Ah, oui. Oui, pour de nombreuses raisons, et en particulier ce que je veux dire là.
04:44Il avait raison. Nous sommes des anciens pauvres, qui sommes devenus riches.
04:50Pas des nouveaux riches. Des riches, oui.
04:53Parce que notre argent, nous l'avons gagné en faisant ce que nous aimons le plus au monde.
04:59Lui, à travers ce qu'il a fait dans les principaux sketchs que nous voulons de voir,
05:04en particulier la conférence de presse, qui trouve ça fabuleux sur tout ça,
05:09qui trouve ça extraordinaire, y compris lorsqu'il fait appel aux abstentionnistes,
05:13aux abstentionnistes, je trouve que c'était les morceaux, pour moi, pour ce soir,
05:18de ce qui était vraiment Coluche.
05:22Parce que ce n'est pas toujours bien rendu, aussi dévoué que l'on soit,
05:26et avoir le professionnalisme que vous avez, l'honnêteté que vous avez,
05:29la courtoisie que vous avez.
05:30Vous savez très bien que dans vos spectacles, dans notre métier,
05:33plus de ma profession, vous aime beaucoup Michel Drucker.
05:36Mais c'est très difficile de rendre vraiment la personnalité et le vrai talent de notre ami Coluche,
05:42qu'elle est bien au-delà de simples sketchs, ou d'une simple, comment dirais-je,
05:47une parole volontairement provocatrice.
05:51C'est quelqu'un de beaucoup plus grand que ça,
05:53mais que pas toujours, on arrive à cerner à travers la télévision.
05:56Parce qu'évidemment, l'émotion se met à tout ça.
05:58On a une forme de respect, il y a une forme de sacrilisation parfaitement méritée.
06:02mais qu'il est passé parfois les bords, et c'est beaucoup plus gênant parfois que positif.
06:07Voilà ce que je voulais vous y attend.
06:08Alors, regardez la dernière partie de l'émission.
06:11Indirectement, elle vous concerne, puisqu'on va vous retrouver tout à l'heure,
06:15le jour des obsèques de Michel Coluchy.
06:17Je voudrais vous remercier, Yves, d'avoir été fidèle au rendez-vous.
06:20Et à bientôt.
06:21À bientôt, merci.
06:22Merci beaucoup.
06:23Au revoir.
06:23On retrouve maintenant...