Jean Mazet, ancien résistant de 101 ans, nous partage son incroyable témoignage de courage et de lutte contre l’occupation nazie. 🎖
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00:00On s'est débarrassé du nazisme et de Vichy.
00:03On a participé à monter cette armée secrète.
00:06Partout, il y avait un danger plus ou moins important, mais le danger était là.
00:11Je me sentais un camp de mitraillette entre les deux ouvres plates.
00:15Je me demandais qui j'allais trouver devant moi, la milice ou la Gestapo.
00:20Je m'appelle Jean Mazet, je suis né le 15 janvier 1924.
00:25J'ai 120 ans aujourd'hui.
00:28Et voilà, toute une vie et surtout les années de guerre qui ont marqué énormément ma vie.
00:35J'ai quitté l'école en 1938, je crois.
00:3839 déclarations de la guerre, donc je me suis mis au travail à la ferme.
00:43A partir de 1942, le chef de la résistance de Gourdon,
00:47Jean-Amiral a été démobilisé, il est rentré.
00:50Là, il m'a trouvé, il m'a dit, on va être appelé à faire de la résistance,
00:54il m'a expliqué, on va avoir besoin de toi.
00:57J'étais agent de liaison, donc j'étais en permanence en liaison,
01:02soit avec le maquillamel ou d'autres résistants de passage.
01:06J'allais prendre des messages.
01:08En 1944, j'avais 20 ans.
01:10Fin mars 1944, je m'envoyais à la gare de Gourdon.
01:15J'avais une voiture qui m'attendait.
01:17Je me devais me passer des messages très importants.
01:20Je suis arrivé donc à la voiture.
01:22J'ai passé le message de passe.
01:25C'était, je ne fume que des bleus.
01:28Mais eux m'ont répondu, mais leur fumée n'est pas bleue.
01:31C'est là qu'ils m'ont donné la mission de dire
01:34que le débarquement allait avoir lieu dans les trois mois à venir.
01:38Destruction des voies ferrées, des communications,
01:41des lignes à haute tension d'électricité.
01:44Le but, c'était de retarder le mouvement des troupes allemandes,
01:49qu'elles ne montent pas sur le front de Normandie
01:51et qu'on allait avoir des parachutages pour nous fournir
01:55ce qui nous manquait pour le débarquement.
01:58Il fallait se rappeler de tout ça, mais rien n'était écrit.
02:01Enfin, le mettre dans la tête, c'est tout.
02:03On n'avait pas le droit au téléphone.
02:05Pour le débarquement, il fallait qu'on ait tout à portée de main, proximité.
02:10Il y en avait deux parachutages qui avaient été enterrés dans la ferme chez nous, dans la maison.
02:16Il y avait tous les explosifs pour le débarquement,
02:19puis des armes, des mitraillers, des fusils mitrailleurs.
02:23Il y avait tant de têtes de machin.
02:25C'était enterré.
02:26À 500 mètres de la gare de Gourdon, on était.
02:29Ça ne pouvait pas être plus près pour faire sauter les voies
02:33et tout ce qu'il y avait à faire à ce moment-là.
02:35On a détruit les voies ferrées de Gourdon.
02:38On a détruit les lignes à haute tension, les lignes téléphoniques.
02:43Et on a même fait sauter la fameuse ligne souterraine Todd
02:47qui partait de Bordeaux à Vichy, même peut-être qu'en Allemagne.
02:51C'est l'élément qui s'en servait.
02:53On l'a fait sauter aussi.
02:54On leur a coupé des communications importantes.
02:57On en a fait.
02:59On les a quand même retardés de plus de trois semaines.
03:02Ils sont arrivés à passer, mais il y avait plus de trois semaines
03:05que le débarquement avait eu lieu.
03:08Des gens qui étaient recherchés par la Gestapo pour suivre.
03:11Ils venaient, on les abritait, puis on les mettait à l'abri,
03:16à la maison de chez nous dans la grange.
03:18On a même reçu des restants de passage qu'on a hébergés, qu'on a cachés.
03:23Et surtout, il fallait faire bien attention à ce qu'on faisait,
03:26de ne pas être repérés par la milice ou par des collaborateurs
03:31qui étaient capables de nous dénoncer.
03:33Dans les rues, il fallait pas plus de trois personnes pour causer ensemble.
03:38Si on était plus, c'était un complot.
03:40On pouvait être arrêtés.
03:41Dans le Gordon, tous les résistants qu'on était, qu'on se connaissait très bien,
03:46qu'on était ensemble, on pouvait se trouver dans les rues,
03:48ou n'importe quoi, on se croisait, mais on ne se parlait pas.
03:53Comme si on était des inconnus.
03:55À Gordon, il y en avait beaucoup qui étaient dénoncés comme être résistants.
04:00C'est le 29 juin, plus de la maison, il était minuit.
04:04Il s'habitait à l'île de partout.
04:06Les Allemands hurlaient d'un seul coup.
04:08J'entends une voix française écrire.
04:11Ils sont là, ils sont là.
04:13Nous, ma mère et ma sœur, on s'est couché sur le plancher de la cuisine.
04:17Parce qu'on entendait les balles qu'il tapait dans le mur.
04:21Et quelques secondes après, il a crié « Vive la France ! »
04:25Ils l'ont tué à une trentaine de mètres de la maison.
04:30Les Allemands, on les a entendu remonter.
04:33Ils sont rentrés.
04:34Alors là, ils étaient furieux.
04:37Ils étaient fiers d'avoir tué un terroriste.
04:40Il y avait un Allemand qui était debout à côté de moi,
04:43met la main dans sa poche.
04:45Il sort 2-3 paquets de cigarettes.
04:47Il les jette sur la table.
04:49Il en ouvre un.
04:51Ils se laissent partager.
04:53Ils ont fumé les cigarettes.
04:55Elles étaient pleines de sang.
04:57Rouge de sang.
04:59Et ils ont fumé.
05:01Il faut être vraiment inhumain pour faire ça.
05:04Comment on peut arriver à pousser un peuple à faire de pareilles atrocités ?
05:09Et le lendemain matin, l'interprète allemand vient me trouver.
05:14Il me dit « Terroriste à côté là, capoute ! »
05:18Alors, il a exigé que j'aille le voir si je le connaissais.
05:22C'est-à-dire que je n'avais pas envie d'y aller.
05:25Ils sont venus trois SS.
05:27Un, de chaque côté par l'épaule, ils m'ont pris.
05:31Le troisième m'a collé la mitraillade dans le dos.
05:34Et il m'a poussé à aller le voir.
05:36Quand on vous pousse, vous sentez un champ de mitraillade entre les deux ouvres plates.
05:41Je ne l'emmenais pas large.
05:43Il était face à terre avec le pied.
05:45Ils l'ont retourné, la figure pleine de sang et de terre.
05:49J'ai dit « Non, je n'ai pas d'ici, je n'ai jamais vu, je ne le connais pas. »
05:54Et là, ils m'ont lâché.
05:56On a été libérés en juillet.
05:58Là, le département a été libéré.
06:00Il n'y avait plus d'Allemands.
06:02On était débarrassés du nazisme et de Vichy.
06:06On a participé à monter cette armée secrète.
06:09On l'a fait pour ça, pour nous, mais un peu pour les autres aussi.
06:13Pour la liberté de tout le monde.
06:15Les témoignages qu'on a faits étaient très importants.
06:18Il fallait les faire pour que tout le monde sache vraiment ce qu'on a fait pendant la guerre,
06:24pendant la résistance, et les risques qu'on a pris un peu pour tout le monde.
06:29Un peu pour tout le monde.
06:30Un peu pour tout le monde.
06:36...