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00:0013h, 14h, Europe 1 13h.
00:0313h31 sur Europe 1, vous écoutez Stéphanie Demeure jusqu'à 14h.
00:06Et Stéphanie, nous sommes toujours avec vos deux chroniqueurs,
00:09le journaliste et écrivain Vincent Roy,
00:11et le chroniqueur politique Olivier Dartigol.
00:13Et nous accueillons Monseigneur Patrick Chauvet,
00:17auteur du livre Journal d'un curé de Paris aux éditions Fayard
00:19et ancien archi-prêtre de Notre-Dame de Paris.
00:22Oui absolument Trina, puisqu'on continue à commenter cette actualité.
00:27Beaucoup d'émotions ce matin après le décès du pape François.
00:31On l'a appris avant 10h.
00:33Avant de vous donner la parole messieurs,
00:35je voudrais faire un petit détour vers Notre-Dame de Paris.
00:38On va retrouver Yoann Madec pour Europe 1.
00:41Bonjour Yoann.
00:43Bonjour.
00:44Ce matin on a pu entendre retentir les cloches de Notre-Dame de Paris
00:49pour annoncer donc la mort du pape François.
00:53Oui et depuis ce matin et ces fameuses cloches,
00:55l'émotion reste grande sur la place.
00:57Autour de moi, même maintenant plusieurs heures après,
01:00beaucoup de visages sont graves et fermés.
01:02Qu'il s'agisse de gens de passage ou de fidèles venus
01:04dès qu'ils ont entendu la nouvelle.
01:06Évidemment le flot de touristes habituel est toujours là,
01:09mais même chez ceux qui n'étaient venus que pour la visite,
01:11il y a une forme de respect pour le pape.
01:13C'est d'ailleurs ce que m'a dit Alexis,
01:16qui était dans Notre-Dame au moment où la nouvelle de la mort de François s'est répandue.
01:19Nous étions en train de visiter la cathédrale
01:21et le prêtre qui se trouvait dans les lieux
01:25a demandé à tous les visiteurs une minute de silence.
01:28Donc la cathédrale a été plongée dans un grand silence.
01:31Le silence était absolu,
01:33alors que nous étions des milliers de visiteurs dans la cathédrale.
01:35On a tous été touchés par l'événement.
01:40Et je vous le disais, là même plusieurs heures après l'annonce,
01:43la peine reste très vive pour certains,
01:45comme pour Sylvie que j'ai croisée très émue à la sortie de la messe de midi.
01:48Je ressens beaucoup de peine, de tristesse.
01:54Face à cette tristesse,
01:56beaucoup de croyants ont d'ailleurs décidé de venir ici pour être ensemble.
01:59C'est le cas de Brigitte que j'ai vu,
02:01qui est venue avec son mari spécialement pour l'occasion.
02:03C'était important de vivre ce moment avec tous les chrétiens qui se rassemblent,
02:07de montrer qu'on est présent,
02:08que l'église est vivante,
02:10que l'église est joyeuse malgré tout.
02:13Et le couple m'a confié qu'il prévoyait de rester toute l'après-midi sur le parvis
02:17jusqu'à la grande veillée de prière qui est prévue dans la cathédrale ce soir à 19h.
02:22Merci Yohann Madek pour Europe 1.
02:25Et nous sommes avec Mgr Patrick Chauvet.
02:28Bonjour Patrick Chauvet.
02:29Bonjour Mgr.
02:30Bonjour.
02:31On était, évidemment il y a quelques instants en direct de Notre-Dame de Paris.
02:37On va vous laisser, j'imagine, exprimer votre émotion,
02:41mais on rappelle, Mgr, que le pape François n'était jamais venu à Notre-Dame de Paris.
02:49Eh oui, il n'est jamais venu.
02:52Je l'avais rencontré, moi, après l'incendie,
02:55où il m'avait dit, voilà, son espérance,
02:59et qu'il pensait que Notre-Dame retrouverait sa splendeur première.
03:04Et il ne s'est pas trompé parce qu'effectivement Notre-Dame a retrouvé
03:07cette splendeur des bâtisseurs.
03:10Voilà, ben moi je suis naturellement très ému aussi
03:13parce que j'avais une proximité aussi avec la pensée du pape.
03:18Je pense qu'il était très marqué par la petite Thérèse de l'enfant Jésus
03:23et la petite de Lisieux.
03:27Et donc le message qu'il nous laisse à nous prêtre,
03:30c'est d'abord le mot de proximité.
03:34Il disait toujours, soyez proches,
03:35quand il nous parlait, proches des fidèles.
03:39Et cette proximité, eh bien, voilà, ça touche les cœurs.
03:44Je pense que c'est quelqu'un qui voulait vraiment
03:46qu'on fasse passer comme message à tous les fidèles
03:50que Dieu nous aime.
03:52Voilà, Dieu nous aime comme nous sommes,
03:54avec notre histoire, qu'importe.
03:55L'essentiel, c'est qu'il y a la miséricorde de Dieu
03:59et que ça m'a marqué, moi aussi, dans ma façon aussi d'accueillir,
04:06ma façon d'être proche des fidèles qui viennent à la Madeleine.
04:10Aujourd'hui aussi, on a beaucoup de monde qui viennent.
04:12J'ai ouvert un livre de condoléances,
04:15donc les gens viennent signer.
04:17Beaucoup d'étrangers devant la photo du pape.
04:20Voilà, je pense que ce pape François,
04:23il nous a quittés pendant le temps pascal,
04:26l'octave de Pâques.
04:28Il a vécu hier cette joie
04:30de traverser la place Saint-Pierre.
04:32Il était...
04:32Je pense qu'il a dû désobéir, d'ailleurs, à ses médecins,
04:38mais il voulait.
04:40Il voulait cette proximité.
04:42Voilà, et donc, on a vu un homme
04:44qui était très affaibli, naturellement,
04:46un peu ailleurs, d'ailleurs.
04:48J'étais frappé par son regard
04:50et je me suis dit,
04:52mon cher pape, il a déjà un pied au ciel
04:56et voilà, il est parti
04:59dans ce temps de la résurrection.
05:01Je pense que c'est une belle espérance pour nous.
05:06La mort est vaincue.
05:08La mort n'a plus son dernier mot
05:10et donc, lui, il part dans la joie du maître.
05:13On peut rappeler de cette parole du Christ.
05:15Bon, les serviteurs fidèles,
05:17tu as été fidèle en peu de choses,
05:18entre dans la joie de ton maître.
05:19Je pense que le pape est entré
05:21dans la joie de son maître.
05:24Vincent Roy, on le disait
05:26avec Monseigneur Sauvé
05:28il y a quelques instants à Notre-Dame de Paris.
05:30C'est vrai que ce pape François
05:31n'était pas venu à la réouverture de Notre-Dame.
05:35Ça avait attristé beaucoup de Parisiens.
05:37Oui, moi-même, ça m'a attristé.
05:39Oui, je crois qu'il avait un rapport
05:41extrêmement particulier avec la France.
05:43Sans doute, d'ailleurs,
05:45que ce rapport particulier
05:46qu'il avait avec la France
05:47était aussi connexe
05:49du rapport particulier
05:50qu'il avait avec le président de la République.
05:52Enfin, il y a des choses...
05:53On se souvient de lui
05:54lorsqu'il vient, par exemple, à Marseille
05:57et qu'il d'Hectare ne peut pas venir en France
05:59mais venir à Marseille.
06:00Et donc, ensuite...
06:02Et puis en Corse.
06:02Il ne veut pas venir.
06:03Oui, il était en Corse également.
06:06Mais là, il a dit
06:07bonjour à la France.
06:08Donc, il a corrigé un petit peu le tir.
06:11Mais c'est vrai qu'il ne vient pas à Notre-Dame.
06:13Alors, on nous explique
06:14qu'il ne vient pas à Notre-Dame
06:15parce qu'effectivement,
06:17il n'aime pas les mondanités.
06:18Ce que je ne crois pas
06:19puisque le symbole
06:20de la reconstruction de Notre-Dame,
06:21c'était tout à fait autre chose
06:22que les mondanités.
06:23Mais peut-être qu'il s'est dit
06:26si je viens,
06:30Emmanuel Macron continuera
06:31de nous faire son show
06:32et il n'a pas besoin de moi pour ça.
06:34Voilà, je vous dis ça un peu tout à trac
06:35mais il me semble que c'est de cet ordre.
06:37Olivier Dertigolle,
06:38c'est votre avis aussi ?
06:39Oui, mais il a vraiment insisté
06:41sur le fait qu'il ne voulait pas se rendre
06:43dès le début de son pontificale,
06:45il a insisté là-dessus,
06:45qu'il ne voulait pas se rendre
06:46dans les centres
06:47qui agrègent les pouvoirs,
06:50les intrigues,
06:51les opérations médiatiques
06:53y compris avec des dirigeants politiques
06:59en mal de notoriété
07:00pouvant s'appuyer sur sa popularité.
07:02C'est ce que vient d'écrire Vincent Roy.
07:05Préférant aller vers les périphéries
07:07dans quelque chose de plus simple,
07:09de plus direct.
07:10Rappelez-vous ces images
07:12en Corse, à Ajaccio,
07:14sur le front de mer
07:15où il y avait véritablement là,
07:17bien sûr, moins de protocoles
07:19qu'à Notre-Dame
07:20et qu'il y avait un rapport
07:21plus direct
07:21au peuple corse.
07:24Donc ça fait partie de sa...
07:25ça fait vraiment partie
07:27de sa personnalité.
07:28Alors est-ce que ça a créé
07:29parfois sur son pontifical
07:31des problèmes d'ordre,
07:33j'ai envie de dire,
07:33diplomatiques
07:34ou des surinterprétations politiques ?
07:36Très certainement.
07:37Mais il assumait assez crânement
07:38son choix.
07:40Il était peu sujet
07:41à, j'ai envie de dire,
07:43à de la sensibilité
07:44dans ces moments-là.
07:44Il l'assumait.
07:45Oui, il savait
07:45ce qu'il voulait faire.
07:47Monseigneur Chauvet,
07:48vous, est-ce que vous avez su,
07:50parce que c'est vrai
07:51que là, on est dans des suppositions,
07:53Vincent Roy parlait
07:54de sa relation
07:54avec Emmanuel Macron.
07:56Quel est votre avis, vous ?
07:58Ah ben moi, je pense
07:59qu'il n'a pas compris
08:01la laïcité à la française.
08:04Il faut dire
08:05qu'il y a beaucoup de gens
08:06qui ne comprennent pas.
08:08Donc déjà,
08:10pour un pas par jantin,
08:12c'est un autre monde.
08:13Donc, c'est vrai que,
08:16comme je vous disais,
08:17ce qui l'intéresse, lui,
08:19c'est la proximité.
08:20Donc, je suis d'accord
08:22pour dire qu'il ne fuit pas
08:24la mondanité.
08:25Il reçoit les grands de ce monde
08:26au Vatican.
08:27Donc, il n'y a pas ce problème.
08:28Mais c'était sa place,
08:29quand même, là.
08:30Oui.
08:31Et puis là,
08:32ça aurait pu être sa place.
08:33Mais c'est vrai que, d'abord,
08:35il y avait l'archevêque de Paris.
08:37Vous savez, un pape,
08:38entre guillemets,
08:39c'est un peu encombrant.
08:41Donc, il faut
08:42savoir où on va le mettre.
08:45Et donc,
08:46moi, ce n'est pas moi
08:47qui ai préparé
08:47l'inauguration.
08:51Mais,
08:51je pense que
08:54c'était peut-être plus simple
08:55qu'il soit resté
08:57à Rome,
08:58personnellement.
09:00Et que,
09:01voilà,
09:02l'inauguration,
09:03pour lui,
09:04ce n'était pas le plus important.
09:05Le plus important,
09:06c'est que la cathédrale
09:07soit reconstruite
09:08et qu'elle soit
09:09le cœur de la cité.
09:12Maintenant,
09:12voilà,
09:13on est un peu déçu.
09:14Moi aussi,
09:14j'aurais bien voulu
09:15qu'il vienne en France,
09:16à Paris,
09:18et j'aurais été le premier
09:19à être sur le chemin
09:20pour l'acclamer.
09:22Mais,
09:22bon,
09:22il a choisi autre chose.
09:24Je pense qu'il ne comprenait pas
09:25aussi très bien
09:26la France.
09:27Mais comme il ne comprenait pas
09:28très bien l'Europe,
09:30il faut penser,
09:31voilà,
09:32on a voulu un pape argentin,
09:33il faut assumer.
09:34Vincent Roy ?
09:35Non,
09:35je trouve très juste
09:37ce que vous dites,
09:38Monseigneur,
09:39effectivement,
09:40l'Europe ne faisait pas partie
09:41de ses préoccupations.
09:42Et il pensait,
09:42d'ailleurs,
09:43que quant à évangéliser,
09:46autant évangéliser
09:47sur d'autres terres,
09:49en Europe,
09:49finalement,
09:50c'est foutu.
09:52Voilà ce qu'il pensait.
09:53Non,
09:53mais j'y vais un peu fort,
09:54évidemment.
09:54Oui,
09:55il y a l'effort,
09:55là,
09:55quand même,
09:56Monseigneur Sauvé,
09:58la réponse.
09:59Oui,
09:59oui.
09:59Non,
09:59mais moi,
10:00j'espère que ce n'est pas foutu.
10:01Non,
10:01mais bien entendu.
10:03Je vais quitter,
10:04je vais quitter la Madeleine.
10:05Non,
10:06non,
10:06non,
10:06moi,
10:06je ne pensais pas foutu.
10:07La preuve,
10:08c'est que quand on voit
10:09le réveil actuel,
10:11qui est quand même
10:11le fruit de l'Esprit-Saint,
10:13on a beau nous dire
10:14des rapports sociologiques
10:16et tout,
10:16on oublie quand même
10:17la dimension du surnaturel.
10:19Moi,
10:19je pense que l'esprit
10:21peut nous jouer des tours.
10:22Et pour la France,
10:24eh bien,
10:24ça veut dire
10:25qu'il y a peut-être
10:25un réveil
10:26et que nous,
10:27prêtres,
10:28et pas uniquement
10:28les prêtres,
10:29on puisse rebondir
10:31sur cette renaissance
10:34pour nous rappeler
10:36que la France
10:38est la fille aînée
10:38de l'Église.
10:39Il me souvient quand même
10:40que le pape
10:41avait dit à des jeunes
10:42qui se présentaient
10:43comme venant de la France,
10:45la fille aînée
10:46de l'Église,
10:46le pape avait dit
10:47l'Église,
10:48c'est la France,
10:49la fille aînée
10:50d'une grand-mère
10:52bien fatiguée.
10:53Alors,
10:54je ne sais pas
10:55si on est fatigué,
10:56mais c'est vrai
10:57que tout n'est pas foutu
11:00et il faut savoir
11:01simplement souffler
11:02sur les braises
11:03pour que le feu
11:04puisse reprendre.
11:05Non,
11:05mais j'exagérais,
11:06monseigneur,
11:06mais ce que je voulais dire,
11:08c'est qu'il me semble
11:09que les Français
11:09et les Européens
11:10également,
11:11mais les Français
11:12en particulier,
11:13ont quand même
11:13assez vite senti
11:14que ce pape
11:16n'était pas
11:17terriblement attiré
11:19par la France,
11:20qui ne la comprenait
11:21pas bien.
11:21Une grande ferveur
11:22à Marseille,
11:23une grande ferveur
11:23en Corse.
11:24Oui, mais à preuve,
11:24il y a quand même
11:25quelque chose
11:25qui est tout à fait flagrant.
11:26Lorsque vous regardez
11:27les chiffres de vente
11:29des papes antérieurs
11:30Jean-Paul II
11:31ou même
11:32Benoît XVI
11:34et que vous regardez
11:35les chiffres de vente
11:36du pape François,
11:38vous verrez que ces livres
11:39n'étaient pas très lus,
11:41se vendaient assez mal
11:43en France
11:44à la différence
11:45de ses prédécesseurs.
11:47Et à mon sens,
11:48ça dit quelque chose.
11:49Oui,
11:50mais c'est vrai
11:50que Benoît XVI
11:53était un francophile
11:54comme le pape Jean-Paul II.
12:00Je pense qu'effectivement,
12:02mais à chaque fois
12:03que j'ai quand même
12:03rencontré le pape,
12:05rapidement,
12:07il y avait quand même
12:07un sourire
12:09et une affection.
12:12On voyait quand même
12:12qu'il aimait aussi
12:14l'église qui est en France.
12:16Mais c'est vrai
12:16qu'il a fait un choix.
12:17le choix,
12:18c'est les nouvelles églises,
12:20que ce soit l'Asie,
12:21que ce soit l'Afrique.
12:23Et bon,
12:24voilà,
12:24il a suscité sans doute
12:26des appels
12:26qu'il n'a pas faits chez nous.
12:28Mais bon,
12:28peut-être que le suivant
12:29sera différent.
12:30Rapidement,
12:31Olivier D'Artigol,
12:32parce qu'on marque
12:32une petite pause.
12:33d'un moment donné
12:34de la surexposition politique,
12:36le président allait-il parler
12:38à quel moment,
12:39à quel endroit.
12:40Peut-être que ce traitement-là,
12:42il a été plus ou moins méfiant.
12:44Il aurait peut-être pu,
12:45d'ailleurs,
12:45en croisant Donald Trump
12:46ou M. Musk,
12:48rappeler combien le dieu argent
12:50doit servir,
12:51mais ne doit pas gouverner le monde.
12:54En tout cas,
12:54la ironie du sort,
12:55la dernière personne
12:56qu'il ait vue hier,
12:57c'était Gilles Evans.
12:57On va y revenir justement
13:01sur ses réactions
13:02à travers le monde
13:03dans quelques instants,
13:04juste après la pause,
13:05Trina.
13:05Il est 13h44,
13:07vous écoutez Stéphanie Demiru
13:08jusqu'à 14h
13:09pour une émission spéciale
13:10consacrée à la mort
13:11du pape François.
13:12Restez sur Europe.