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00:00Europe 1 Soir, 19h-21h, Pierre de Villeneuve.
00:04Avec autour de la table Raphaël Steinville, directeur adjoint des rédactions du JDD.
00:08Bonsoir Raphaël.
00:09Bonsoir Pierre.
00:09Bonsoir Alexandre Malafaille.
00:10Bonsoir Pierre de Villeneuve.
00:11Du think tank Sinopia qu'il a fondé et je suis très heureux, presque émure, de recevoir Christine Orban.
00:18Bonsoir.
00:19Bonsoir.
00:20Merci d'être avec nous en direct sur Europe 1.
00:23Vous êtes écrivain, dramaturge, critique littéraire.
00:25Et vous vous êtes mis dans la peau de Lady Di dans ce livre Mademoiselle Spencer qui m'a d'abord étonné.
00:34Pourquoi ? Parce que vous écrivez à la première personne du singulier.
00:38Pourquoi ? Parce que vous êtes Lady Di.
00:40J'ai été obligée de me mettre à l'intérieur d'elle pour vraiment la comprendre.
00:45C'est ce que j'appelle ma caméra intérieure.
00:47Donc je crois que c'est la première fois qu'il y a eu beaucoup de livres sur elle mais jamais à la première personne.
00:52C'est ça, c'est assez déroutant en fait.
00:53Et c'est vrai que c'était un peu osé.
00:55Je me suis dit ça va marcher et on s'est très bien entendu.
00:59Et c'est comme un face à face avec elle.
01:01Je me suis nourrie uniquement de ce qu'elle a dit, de ce qu'elle a écrit, de ses discours et de ses photos.
01:08Parce qu'elle a un body language assez fort et assez visible.
01:12Elle a surtout un body suffering.
01:15Est-ce que vous avez souffert autant qu'elle quand vous avez écrit ce livre ?
01:18J'ai sûrement moins souffert qu'elle mais je l'ai comprise.
01:21J'ai essayé de comprendre aussi les transformations.
01:26Parce que la jeune fille anglaise bien élevée, moyenne physiquement, va devenir une bombe.
01:33On va la comparer à Marilyn des années 80.
01:36Elle devient une bombe quand ça va mal avec Charles.
01:39Aussi, aussi. Et justement elle va devenir une valkyrie devant la BBC quand elle va tout déballer.
01:45Alors comment cette transformation de la timidité à la valkyrie va se passer et pourquoi ?
01:51Qu'est-ce qu'on lui a fait ?
01:53Alors c'est un récit un peu cruel puisqu'elle donne un grand coup de pied, non seulement dans la monarchie,
01:58mais aussi dans son mariage, une forme de suicide, parce qu'elle l'aimait.
02:04Elle m'a passionnée sur aussi sa manière d'agir.
02:09Il y a eu énormément de livres en effet sur elle, sur les Windsor.
02:14Il y a eu la série sur Netflix, The Crown, qui est toujours disponible, dans laquelle on apprend des choses.
02:20Certaines choses ne sont pas totalement véridiques, mais on apprend quand même une grande partie des choses.
02:25Il y a des choses qu'on apprend dans votre livre, Christine Orban.
02:28Et vous vous rappelez à juste titre, parce que vous l'écrivez d'une manière, j'allais dire, un peu osée,
02:35mais en même temps très véridique, vous vous rappelez à juste titre qui sont les Spencers.
02:39Et ça c'est rarement dit.
02:41C'est-à-dire que les Spencers, c'est une famille des pères du Royaume-Uni, des pères de l'Angleterre.
02:47Ce sont les descendants de Mary Stewart.
02:50Ce n'est pas n'importe qui les Spencers, avant les Windsor.
02:55Oui, c'est une plus vieille famille aristocratique que les Windsor.
02:59C'est pour ça que les Windsor, la famille royale, va piocher deux épouses pour Charles,
03:05la sœur aînée de Diana, puis Diana.
03:09La sœur aînée qui n'est absolument pas intéressée.
03:10Absolument pas, et pour s'en débarrasser, elle dit qu'elle boit beaucoup de vodka,
03:15et qu'elle a eu beaucoup d'amants, ça a été net, terminé.
03:19Et sa petite sœur y va, évidemment, elle lui déconseille.
03:22Mais elle est moins sûre d'elle-même,
03:26et puis elle est amoureuse, comme beaucoup de petites anglaises, du prince Charles depuis qu'elle a 8 ans.
03:31Et vous dites une autre chose à propos de l'aristocratie et des familles anglaises.
03:36Vous dites les aristocrates, c'est très drôle ça.
03:38Les aristocrates ne se lassent pas d'admirer l'aristocratie.
03:42Ça, c'est très vrai.
03:43Et alors, vous dites une autre chose,
03:47c'est encore plus vrai à propos de l'aristocratie.
03:48Il ne recherche pas l'argent, mais des titres.
03:52Oui.
03:54On essaye toujours de marier sa fille avec quelqu'un de bien-né,
03:59même s'il est totalement désargenté.
04:01Je pense qu'il y a des auditeurs qui se...
04:03Raphaël voulait abonder en ce sens.
04:07J'ai laissé d'abord Christine.
04:09Ce qui me plaît dans Diana, c'est qu'elle préfère être aimée qu'être reine.
04:13Et c'est le drame de sa vie.
04:15Ils ont pioché la mauvaise personne.
04:18Oui, mais ils ne le savaient pas.
04:19Mais elles n'ont plus, parce que je pense que si elle avait été aimée,
04:23on n'en serait pas là, évidemment.
04:27C'est qu'elle ne supporte pas.
04:29Et je commence mon livre par le traumatisme premier.
04:33Quand sa mère le quitte, je crois qu'elle va tout le temps
04:36travailler le traumatisme de l'abandon.
04:40Donc elle vit l'abandon, pour une autre, de Charles, encore plus douloureusement,
04:48puisqu'elle retourne le couteau contre elle.
04:51Si Charles ne l'aime pas, elle n'est pas aimable.
04:53Donc elle se punit.
04:56Alors j'apprends évidemment des choses.
04:57Elle se scarifie.
04:59Elle s'est ouverte les cuisses.
05:00Elle s'est ouverte la poitrine.
05:01Elle s'est jetée enceinte dans les escaliers,
05:04pour tuer, si elle pouvait, le successeur au trône, le futur roi.
05:10En l'occurrence, le prince William s'est scarifiée.
05:13Oui, elle s'est scarifiée, oui.
05:15Avec les lames de rasoir de Charles.
05:17J'ai cherché comment, et tout ça.
05:19Et comme elle a eu des rendez-vous chez de nombreux petits cas,
05:22il y a des choses qui ont fuité.
05:23Moi, il y a quelque chose qui m'intéresse beaucoup,
05:25c'est dans la manière dont vous appréhendez l'écriture.
05:28Dans l'interview que vous avez accordée ce week-end dans le JD News,
05:31vous écrivez, ou plutôt vous répondez,
05:34j'aurais voulu être psychanalyste.
05:35L'écriture est un moyen de choisir mes passions.
05:38Et au fond, ça fait le lien avec ce que vous racontez de Lady Di.
05:43C'est une femme qui souffre, d'abord.
05:45Oui, j'ai essayé de la comprendre.
05:49J'ai essayé de la comprendre,
05:50parce qu'en effet, je voulais être psychanalyste.
05:53Et puis aussi, ça permet de vivre plusieurs vies.
05:55C'est formidable d'écrire et d'étudier d'autres femmes.
06:00Ça permet de voir aussi comment on aurait réagi.
06:04Et aussi de me rendre compte que dans certaines vies que j'ai décrites,
06:08la main du destin qui tombe dessus.
06:11Et Diana, on ne peut pas sortir de son destin tel qu'elle a été éduquée
06:17dans une famille où elle était conditionnée pour épouser le prince Charles.
06:21Sa grand-mère était la meilleure amie proche de la reine-mère.
06:28Son père était écuyer du roi Georges VI et d'Elisabeth II.
06:32Elle ne pouvait pas faire autrement qu'être conditionnée.
06:36Alors, est-ce que c'est un choix totalement libre ?
06:39Je ne sais pas.
06:39Il n'y a pas que ça.
06:40Vous écrivez qu'elle est tombée amoureuse du prince Charles
06:43en regardant à la télévision son couronnement, son accession au titre de prince de Galles.
06:50Oui, par sa mère.
06:52Son père a loué un éléphant dans le jardin pour fêter ses huit ans et distraire les enfants.
06:59Et elle reste vissée devant la télévision, évidemment.
07:03C'est ça qui est très émouvant, c'est qu'elle est amoureuse.
07:05Et dans cette fameuse interview à la BBC, Lady dit à cette phrase,
07:10nous étions trois dans ce mariage, alors il y avait un peu trop de monde.
07:14Mais est-ce que finalement, ce n'était pas seulement la présence de Camilla,
07:20mais également peut-être le protocole tel qu'il s'est imposé à elle
07:24avec toute sa rigidité et qu'elle n'était pas prête, qu'elle n'a pas supporté ?
07:30Oui, évidemment. Même sa grand-mère lui dira que vous êtes une bourgeoise,
07:36vous voulez un mariage d'amour et elle se moque d'elle.
07:39Mais enfin, vous allez être reine, Diana. C'est tellement mieux.
07:42Mariage d'amour, qu'est-ce que c'est ? C'est un truc de bourgeois.
07:45C'est extraordinaire.
07:48Alexandre Maréfaille.
07:48Oui, se mettre à la place d'un personnage aussi emblématique,
07:52aussi héroïque que celui-là, au sens de l'héroïne,
07:54c'est vraiment gérer un job exceptionnel, bravo.
07:57Ce serait intéressant de voir si vous avez des retours de la couronne d'Angleterre
08:01à un moment ou à un autre du livre.
08:02Ça m'étonnerait, parce que, je vais vous dire,
08:05j'aimerais beaucoup être, évidemment, publié en Angleterre,
08:08mais Andrew Morton lui-même, quand il a écrit Diana, Her True Story,
08:12a eu beaucoup de mal à trouver un éditeur.
08:15Comme par hasard.
08:16Comme par hasard, évidemment.
08:18Mais j'aimerais beaucoup, parce que ce n'est pas du tout un livre
08:22contre le roi Charles, aujourd'hui,
08:24parce que je pense qu'il a été lui aussi victime du système,
08:28qu'il aurait dû, évidemment, épouser la femme qu'il aimait.
08:32Et maintenant, leur exemple aura servi à quelque chose,
08:35c'est que je pense qu'il n'y aura plus jamais de mariage imposé
08:38à la couronne d'Angleterre, ça c'est déjà un bon point.
08:42Et Camilla, je le fais dire à Diana,
08:46à un moment donné, la belle histoire d'amour, c'est eux, évidemment,
08:50c'est Camilla et Charles.
08:51Elle, elle est une victime.
08:52Mais alors, quel regard, finalement, pensez-vous
08:55qu'elle porterait sur la couronne d'Angleterre, aujourd'hui ?
08:58Quel regard pouvez-vous porter à travers elle ?
09:00Eh bien, je pense qu'elle aimerait beaucoup...
09:02Et la monarchie, en fait.
09:03Qu'elle aimerait beaucoup Kate,
09:05parce que Kate, c'est une Diana forte.
09:09Une Diana faite pour le job, comme lui dira sa sœur.
09:12Elle lui dit, t'es pas faite pour le job, abandonne.
09:17Oui, je pense que...
09:19Elle défendrait la couronne britannique, aujourd'hui ?
09:22Ça dépend de l'attitude de son mari, de Charles.
09:26Elle voulait être aimée.
09:27Si jamais il avait abandonné sa double vie pour elle,
09:31je pense que tout serait rentré dans l'ordre.
09:33Vous arrivez quand même avec ce livre,
09:36après, j'allais dire, tous les malheurs qu'ont connus Charles et Camilla,
09:42et notamment le malheur de la maladie.
09:43C'est-à-dire que vous venez de parler de Kate,
09:45qui aussi a été malade.
09:46Charles a eu effectivement un épisode conséreux,
09:51Camilla également.
09:52Et là, vous arrivez, on a l'impression que,
09:54au moment où tout le monde commence à aller un peu mieux,
09:58et d'ailleurs, on a vu que, dans Paris Match,
10:01que William et Kate passaient des vacances en famille à Courchevel,
10:05vous arrivez avec ce livre, j'allais dire,
10:07qui, fatalement, remet un peu de l'huile sur le feu.
10:11Et vous connaissant, Christine Orban,
10:13je ne pense pas que c'était le but.
10:15Le but, c'était quand même de rappeler au lecteur
10:20que, je crois savoir que Diana est toujours la personnalité britannique,
10:25la préférée des Britanniques,
10:27des années plus tard, après son décès en 1997.
10:30Et vous arrivez, et d'ailleurs, j'allais dire,
10:34je ne veux pas tout dévoiler de votre livre publié chez Albert Michel,
10:38parce qu'il faut d'abord le lire,
10:39mais en fait, il y a très peu de, j'allais dire,
10:41de l'histoire gênante,
10:43c'est-à-dire les dernières années de Diana,
10:46où il y a... ça, ça n'existe pas, en fait.
10:48Elles sont moins intéressantes,
10:49parce que Diana va se battre pour sa liberté,
10:52une fois qu'elle voit qu'elle n'est pas aimée,
10:54et en fait, quand on lui ouvre la porte de la cage,
10:57elle ne s'est pas volée, et elle part en vrille.
10:59Donc, ce qui est intéressant, c'est jusqu'à la BBC,
11:02pourquoi elle va là, comment ça se passe.
11:04Après, c'est moins intéressant, je pense.
11:08Et puis, pourquoi je traite ce sujet maintenant,
11:12c'est parce qu'elle est devenue un mythe,
11:14aussi bien que Marilyn Monroe.
11:16Et il y a très peu de princesses, de Galles ou pas,
11:19qui deviennent des mythes.
11:21Elle est une des trois personnes,
11:22femmes les plus célèbres au monde,
11:24donc, elle aurait pu disparaître.
11:27Et elle n'a pas disparu.
11:28Elle est aimée, et elle a réussi à se faire aimer,
11:33mais peut-être parce qu'elle n'était pas aimée,
11:35justement, du prince Charles,
11:36et elle s'est retournée vers ceux qui lui tendaient les bras,
11:40qui lui disaient,
11:40Diana, on t'aime, c'était le public et la presse.
11:43Donc, c'est vrai qu'elle a fait de l'ombre au prince Charles,
11:46parce qu'elle s'est ouverte à la presse,
11:49même, elle va faire l'erreur avec Martin Bachir,
11:52devant la BBC,
11:53aussi, l'erreur où c'est une manipulation,
11:55l'erreur fatale, évidemment.
11:57Mais elle l'est allée là,
12:00où on lui ouvrait les bras,
12:01et d'ailleurs, Carol Holtz explique très bien ce phénomène-là,
12:04avec Marilyn Monroe aussi.
12:06Elle va là où on l'aime, oui.
12:08Mais, en tout cas, moi, ce que je retiens,
12:10c'est le titre, Mademoiselle Spencer,
12:11parce que, comme je l'ai dit au début de notre entretien,
12:13Christine Orban,
12:14elle est Mademoiselle Spencer,
12:15elle vient de la famille Spencer,
12:17et ce n'était pas important pour elle d'être princesse de Galles.
12:23Ce qui était important, c'était l'amour pour Charles,
12:26et malheureusement, on a vu comment tout cela a évolué.
12:29Merci beaucoup, Christine Orban,
12:31d'avoir été avec nous quelques instants sur Europe 1.
12:34C'est publié chez Albain Michel.
12:35Courez le lire.
12:37Je vous signale également que Thomas Hill
12:39est là de 9h30 à 11h sur Europe 1
12:42pour Culture Média,
12:43et demain, il recevra Yannick Alenau
12:45qui vient de lancer le mouvement Impact,
12:47programme d'action porté par l'association Antoine Alenau,
12:50prévenir, agir contre les violences routières,
12:53en misant notamment sur les nouvelles technologies.
12:5520h, 26 minutes, dans un instant,
12:57on se retrouve avec Alexandre Malafaille
12:59et Raphaël Staville pour Blay de l'actualité.
13:01A tout de suite sur Europe 1.