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  • il y a 4 jours
Ce jeudi 17 avril, Dorothée Schmid, responsable du programme Turquie/Moyen-Orient de l’Ifri, était l'invitée de Caroline Loyer dans Le monde qui bouge Elle est revenue sur la situation économique et politique en Turquie en marge du gigantesque mouvement de contestation qui fait suite à l’arrestation du maire d’Istanbul. 

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Transcription
00:00Oui, effectivement, la situation est assez flexible, je dirais,
00:04puisque depuis l'arrestation du maire d'Istanbul il y a quelques semaines,
00:08on a un parti d'opposition, le parti du maire, qui a appelé à la mobilisation
00:12et qui a rencontré un écho populaire assez fort,
00:16ce qui est moyennement étonnant à partir du moment où Taïep Erdogan,
00:20le président, avait perdu les dernières élections municipales
00:22et où donc on savait que le pays était d'une certaine façon mûr pour l'alternance.
00:26C'est pour ça que le maire d'Istanbul a été arrêté,
00:28et puis c'est la principale figure d'opposition.
00:31En revanche, c'est vrai que ça fait poser une vraie incertitude sur l'avenir,
00:34puisqu'à la fois on n'a pas de plan de succession pour Erdogan,
00:38qui commence quand même à être un peu âgé,
00:40qui voudrait se maintenir au pouvoir à tout prix,
00:43qui est en train de ce fait d'arrêter ses opposants un par un,
00:48et les Turcs sont très attachés à leurs élections.
00:51Donc c'est pour ça que les mobilisations fonctionnent.
00:54On a assisté ces dernières semaines, ces derniers mois,
00:56même à une multiplication des arrestations d'opposants, d'étudiants.
01:00Est-ce que c'est le signe aujourd'hui d'un président
01:01qui non seulement veut se maintenir au pouvoir à tout prix,
01:04mais peut-être aussi qui a peur, qui s'inquiète ?
01:07Oui, alors sur l'aspect la montée de la répression,
01:11effectivement on a vu en Turquie ça s'installer depuis,
01:13bon le précédent qu'on a, c'est des très grandes manifestations en 2013,
01:17qui ont été un peu le début du tournoi autoritaire de Taïd Perdogan,
01:20puis vous vous souvenez qu'il y a eu une tentative de coup d'État en 2016,
01:24qui là a vraiment permis au président de vraiment être très dur
01:30sur les libertés publiques en Turquie.
01:31Donc là il y a notamment un gros problème sur les médias,
01:33sur la communication, des freins aux réseaux sociaux,
01:36donc les gens se sentent surveillés,
01:38les technologies de reconnaissance faciale pour tous ceux qui vont manifester.
01:42Donc là j'étais à Ankara ces derniers jours,
01:46j'ai vu une professeure qui vient d'une des facultés où on a beaucoup manifesté,
01:50elle dit que là les étudiants hésitent à y retourner,
01:53parce qu'en fait ils sont menacés de ne plus trouver d'emploi après.
01:57Donc on sent effectivement un pouvoir qui est sur la défensive,
02:00et c'est d'autant plus frappant qu'en réalité l'usage de la violence,
02:04il est assez gradué, il est assez intelligent.
02:07La Turquie c'est le pays où on a le plus de gens en prison du Conseil de l'Europe,
02:12on a construit énormément de prisons,
02:14notamment depuis 2016, depuis la tentative de coup d'État.
02:17Et en fait on met les gens en garde à vue, on les relâche,
02:19parfois on les met en détention préventive,
02:21on attend un peu de temps, le procès est long,
02:25et puis il arrive qu'on les relâche et on s'aperçoit qu'on n'avait rien contre eux.
02:28Et ça c'est une façon de faire régner l'ordre,
02:31de domestiquer le public qui fonctionne très bien.
02:33et ça c'est une façon de faire régner l'ordre.

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