Depuis trois nuits consécutives, des prisons sont vandalisées. Qui s'en prend aux prisons françaises ? Explications dans le sept minutes pour comprendre.
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00:00Troisième nuit consécutive, il y a eu des attaques.
00:03Oui, une à Tarascon dans le sud de la France, trois véhicules incendiés sur le parking de la détention.
00:08Un en Seine-et-Marne, dans le hall d'un immeuble d'un surveillant qui travaille dans le centre pénitentiaire de Meaux.
00:14Et un troisième fait qui nous est remonté grâce à vous. Peut-être que vous pouvez le détailler pour nous.
00:18Écoutez, moi l'information que j'ai ce matin, c'est qu'un véhicule a été incendié avec celui-ci au domicile d'un agent, cette nuit vers minuit.
00:24aussi, voilà, je sais eu cette information qui m'a été confirmée par mes représentants sur place.
00:30Voilà, donc on est dans le droit fil de ces incidents à répétition incendie, dégradation et avec ce sigle DDPF qui est souvent retrouvé à proximité de ces dégradations.
00:40Oui, et d'ailleurs, ce sigle a été retrouvé cette nuit, notamment du côté de Meaux, en Seine-et-Marne, défense des prisonniers français.
00:49Qu'est-ce qu'on sait de ce groupe, Pauline ? Est-ce qu'il a déjà fait parler de lui ?
00:52Alors, à ma connaissance, non, mais c'est des actions qui sont revendiquées sur les réseaux sociaux et sur les messageries cryptées par ce groupe baptisé DDPF.
01:00C'est le Parquet national antiterroriste qui communique hier soir là-dessus.
01:04Sur les messageries cryptées, ils se revendiquent comme des défenseurs des droits des détenus.
01:08Et il y a déjà plus de 1000 membres. Ils ne se définissent pas comme des terroristes, disent-ils, mais ils sont là pour, ce sont leurs propres mots, défendre les droits de l'homme à l'intérieur des prisons.
01:18Et ce qui est intéressant, c'est qu'ils expliquent que dans l'affaire AMRA, puisque vous le verrez, Gérald Darmanin fait quand même le lien direct,
01:23il explique que la majorité des détenus n'ont pas cautionné, évidemment, la mort des deux agents pénitossiaires.
01:29La question est posée, pourquoi se servir d'AMRA pour faire du mal aux 82 000 détenus, s'interroge-t-il sur les messageries ?
01:36Et celui qui cible, évidemment, c'est Gérald Darmanin. Cette guerre, disent-ils, vous l'avez déclenchée, on veut juste que les droits de l'homme soient respectés.
01:43Emmanuel Chambaud, il se trouve qu'hier, vous avez accompagné Gérald Darmanin, le ministre de la Justice, à Toulon,
01:47parce que le centre pénitentiaire de Toulon-La Farled a été la cible de tirs automatiques la nuit dernière.
01:52Il y a 15 impacts de kalachnikov qui ont été relevés sur les portes de la prison. Dans quel état d'esprit sont les agents pénitentiaires ce matin ?
02:00Écoutez, depuis dimanche soir, la nuit de dimanche, puisque ces attaques ciblées ont commencé dimanche soir à l'École nationale d'administration pénitentiaire.
02:08À Agen ?
02:09Voilà, à Agen, tout à fait.
02:11Ce qui est intéressant, c'est que c'est à Agen et symboliquement que Gérald Darmanin avait annoncé la création de ces prisons de haute sécurité.
02:16Donc on peut aussi y voir un lien.
02:18Il peut y avoir un lien, effectivement. De toute façon, le parquet national antiterroriste a été saisi dès hier matin.
02:23Donc il devrait éclaircir si c'est ce crépuscule qui nous est présenté de libération des détenus, enfin des droits des détenus,
02:29ou si c'est autre chose qui se cache derrière, parce que n'ayons pas de doute que la loi qui est passée à l'Assemblée nationale
02:35et qui sera certainement validée par le Sénat va gêner pas mal de détenus sur ces établissements qui vont se mettre en place,
02:44ces établissements spécialisés type de haute sécurité.
02:47On est d'accord, Amélie Chambaud, que pour vos collègues, s'attaquer à des prisons ou aller s'attaquer au domicile des agents,
02:53c'est pas du tout la même dimension ?
02:55On a franchi un cap. On avait franchi l'année dernière un cap, le 14 mai dernier, quand deux de nos collègues ont été assassinés.
03:00C'est encore un nouveau cap. C'est pour ça qu'on a demandé hier au ministre de la Justice,
03:04au-delà du dispositif qui a été mis en place avec le ministre de l'Intérieur,
03:08parce que c'était important qu'il y ait une réaction politique forte de soutien au personnel,
03:12et ça a été le cas hier matin. Aujourd'hui, ce qu'on attend, c'est des faits, au-delà des paroles.
03:16C'est-à-dire que nous, on réclame l'anonymisation pour tous les personnels pénitentiaires.
03:21Pour l'instant, la loi ne le permet pas. Elle va le permettre dans les établissements de type de haute sécurité.
03:26Nous, on demande à l'instar de nos camarades de la police nationale d'avoir cette anonymisation pour éviter d'être reconnus,
03:31car aujourd'hui, vous êtes une procédure à l'intérieur d'une prison.
03:34Votre nom, votre patronyme y est. Et donc, il est facile aujourd'hui...
03:38De remonter jusqu'à l'adresse personnelle de ces agents.
03:40C'est tellement simple aujourd'hui de remonter jusqu'à l'adresse. Donc, commençons par ça.
03:43On a aussi la sécurisation des parkings, des personnels.
03:46Nos établissements, nos domaines pénitentiaires ne sont pas sécurisés.
03:49On voit bien ce qui s'est passé à Toulon. Il peut arriver devant la porte d'entrée sans aucun problème
03:53et tirer à l'arme automatique comme ils l'ont fait avec...
03:57On a eu de la chance parce que j'étais présent à Toulon.
04:00Ça a quand même transpercé le portail de la porte d'entrée, un portail en ferraille.
04:04Et ça a terminé dans la palle. La balle a terminé dans la vitre
04:08où il y avait un agent qui était à l'intérieur.
04:10Jérôme Poirot, le parquet national antiterroriste s'est immédiatement autosaisi de l'enquête.
04:14Et hier, ça donne la dimension de la gravité de ces événements.
04:18Sur quelle piste travaille le parquet antiterroriste ?
04:21Ce qui est certain, c'est qu'il y en a une, a priori, qui est totalement écartée.
04:24C'est la piste purement criminelle.
04:26C'est-à-dire comme si en France, il y avait un grand syndicat du crime
04:28et que tous les narcotrafics de Marseille, de Grenoble, de Lille et d'ailleurs
04:33soient capables de se réunir et d'imaginer des actions comme celle-là.
04:37Si c'était ça, ce seraient des juridictions classiques, voire les juridictions interrégionales
04:42ou la fameuse Junalco, la juridiction à Paris, qui pour les affaires criminelles
04:46les plus importantes et compétentes.
04:48Là, quasi immédiatement, le parquet national antiterroriste s'est saisi.
04:53Et c'est la DGSI, donc le contre-espionnage français.
04:55La DGSI est très connue pour son action antiterroriste,
04:58mais elle est aussi le service de contre-espionnage qui est saisi.
05:02Donc ça donne deux pistes, soit l'extrême-gauche, vous en parliez,
05:06il y a depuis le début des années 70 des liens étroits entre l'extrême-gauche
05:10et la défense des prisonniers.
05:11Mais pardon, ce sont les méthodes de l'extrême-gauche ?
05:12Pas vraiment.
05:13La Kalachnikov, ce n'est pas l'extrême-gauche ?
05:16Vous allez voir, vous allez être d'accord avec moi.
05:18DDF, Défense des prisonniers français, ça c'est une thématique d'extrême-gauche
05:22depuis des décennies et ce n'est pas des narcotrafiquants.
05:25Et tout ça, quand on regarde tout ça avec un pas de recul,
05:28on peut y voir peut-être la main d'une puissance étrangère,
05:31d'un service de renseignement étranger,
05:34capable d'imaginer des opérations de cette nature.
05:37Et c'est bien pour ça que c'est le PNAT et la DGSI qui sont compétents.
05:40Et ensuite, comme vous l'indiquiez, il peut y avoir un certain nombre d'exécutants
05:44qui sont recrutés dans les réseaux de narcotrafic,
05:47par exemple pour utiliser des Kalachnikovs.
05:49Mais Pauline, hier, Gérald Darmanin, à lui, fait directement le lien avec le narcotrafic ?
05:54Oui, parce que les conditions d'incarcération sur ces deux nouvelles prisons de haute sécurité,
05:57elles sont très strictes et c'est sans doute une source d'inquiétude pour les détenus.
06:01Il n'y a pas de contact avec l'extérieur, on veut rendre ces détentions étanches.
06:04Concrètement, ça veut dire qu'il n'y a plus de portables,
06:06il n'y a plus de parloirs sexuels, il n'y a plus de trafic,
06:08il n'y a plus de stupéfiants qui rentrent en détention.
06:10Et ça, pour les narcotrafiquants, pour les criminels qui font du trafic de stupéfiants,
06:16c'est un vrai manque à gagner.
06:18Ce qui est intéressant, c'est que Gérald Darmanin, il sait aussi qu'il va y avoir des résistances
06:21à ces conditions de détention, ils s'attendent à des recours massifs
06:24entre le 31 juillet et octobre devant le Conseil d'État
06:27parce que les avocats de la Défense, ils vont se saisir ça en expliquant que c'est inhumain,
06:31que c'est indigne, qu'on ne peut pas garder ces gens-là en détention.
06:33Donc, ultra-gauche ou action plus coordonnée,
06:38ce qui est intéressant, c'est que c'est coordonné dans un espace-temps resserré
06:41avec des méthodes, moi, que je trouve qui ne ressemblent pas complètement à l'ultra-gauche.
06:44– Emmanuel Chambaud, vos collègues ont senti que ça secouait dans le milieu carcéral,
06:48les annonces de Gérald Darmanin.
06:48– Forcément, on a un immobilisme carcéral sur les 30 dernières années,
06:53on n'a pas eu beaucoup de courage politique pour mettre de l'ordre dans les prisons.
06:57Aujourd'hui, on a une vision différente de ce qui nous est proposé,
07:01nous, on est pour des établissements spécialisés
07:02et adaptés en fonction du profil du détenu.
07:04Donc, ceux de très haut de spectre, les dangereux,
07:07on les met dans des établissements à sécurité très renforcés
07:10et on a d'autres, forcément, qui sont dans des établissements beaucoup plus légers.
07:12– Mais est-ce que les gardiens de prison avaient perçu ces derniers temps
07:15une forme de fébrilité chez les détenus
07:16qui sont très agacés par les nouvelles méthodes carcérales ?
07:20Et ce qui attend notamment les narcotrafiquants ?
07:23– Votre expert en justice l'a dit,
07:27ces nouvelles prisons vont gêner.
07:30Il n'y aura plus ces trafics qui étaient possibles aujourd'hui.
07:32Les deux prisons de haute sécurité qu'ils vont ouvrir,
07:34ce sera une prison avec une chape de plomb dessus.
07:36Donc, effectivement, ces gens qui pouvaient continuer tranquillement
07:39de commandité ou des crimes, comme l'a fait Amra
07:42quand il était incarcéré à l'époque, ou d'autres,
07:45leur trafic de stupéfiants, vont être embêtés par ça
07:48parce qu'ils ne pourront pas le faire dans ces établissements-là.
07:50Il y a une procèsse qui est mise, il y a une loi qui a été votée
07:52avec un régime dérogatoire qui a été voté à l'Assemblée nationale,
07:56qui sera probablement votée par le Sénat
07:58puisque c'est eux qui portaient cette loi au départ,
08:00qui va permettre d'étanchéifier tous ces établissements-là.
08:04Donc, forcément, ça va gêner.
08:05Merci.