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00:00Vous écoutez Culture Média sur Europe 1, 9h30, 11h avec Thomas Hille et votre invité ce matin.
00:04Oui, je reçois ce matin le prêtre Thierry Hubert, producteur de la plus ancienne émission du Monde,
00:09Le Jour du Seigneur, diffusée tous les dimanches matins sur France 2.
00:13La messe est diffusée à chaque fois depuis un lieu différent, encadrée par des temps de réflexion avec des invités, des reportages.
00:21Ce sont quand même des moyens techniques importants, je me disais, en regardant ça.
00:24Oui, tout à fait. C'est-à-dire que quand nous allons sur un direct messe dans une paroisse ou une communauté en France,
00:31deux fois par an à l'étranger, deux fois par an en Outre-mer, c'est à peu près une trentaine de personnes.
00:38Puisqu'il s'agit d'une coproduction entre France Télévisions et l'association productrice du Jour du Seigneur,
00:46qui a un nom barbare, le CFRT, le Communauté Français de Radio-Télévisions.
00:49Donc ça veut dire que c'est en partie financé par France Télévisions et en partie financé par des donateurs, c'est ça ?
00:54Oui, c'est ça. C'est-à-dire que nous avons, au CFRT, depuis 1950,
00:59c'est-à-dire que c'est un frère dominicain, le père Pichard, qui en 1948, comme vous le disiez tout à l'heure,
01:05a eu l'idée, alors qu'il n'y avait que 3500 postes de télévision en France et quasiment encore en région parisienne, évidemment,
01:10de faire la première messe télé.
01:12Et dès 1950, il pense que le service public ne pourra pas financer totalement ce qu'il veut faire
01:21et lance la première association productrice audiovisuelle de télévision, donc le CFRT,
01:30et qui draine aujourd'hui entre 250 000 et 300 000 donateurs.
01:34Et alors j'imagine que c'est pareil pour les autres religions qui ont aussi leur rendez-vous avant le Jour du Seigneur ?
01:39Alors, c'est... Eh bien non, non, pas du tout.
01:43Comment ça se passe-t-il ?
01:44C'est-à-dire que, alors, nous avons, sous un cadre législatif, les chemins de la foi de 8h30 à midi,
01:50tous les dimanches matin, on commence par les bouddhistes, et puis on termine avec la case du Jour du Seigneur,
01:55et puis après, chacun a son propre statut juridique aussi, autonome ou pas,
02:04et la plupart, d'ailleurs, sont complètement financés par France Télévisions.
02:08D'accord.
02:09Voilà, c'est-à-dire que la loi de 1986 impose que le service public,
02:14au nom de la laïcité, et de la même manière que dans les prisons, il y a des aumôniers,
02:18ou que dans les hôpitaux, vous en trouvez aussi,
02:20eh bien, le service public puisse offrir à des personnes qui ne peuvent se déplacer,
02:26eh bien, une émission de leur tradition religieuse.
02:29Et alors, je disais que vous changiez de lieu, mais alors, ce sont toujours les mêmes 12 prêtres qui officient, c'est ça ?
02:36Alors, ce sont les mêmes... J'ai une équipe de prédicateurs qui donnent l'homélie, voyez ?
02:41C'est-à-dire qu'à la télévision, à part M. Macron, qui peut parler 10 minutes, un quart d'heure, 20 minutes,
02:47sans qu'il soit interrompu, eh bien, le prêtre qui lui fait l'homélie,
02:51pendant 7 minutes, il va parler, et je pense qu'il n'y a personne d'autre à la télévision qui fait ça, voyez ?
02:57C'est très particulier, et il y en a 12 qui donnent un peu des couleurs très différentes de l'église,
03:04des sensibilités aussi différentes, mais qui sont appréciées des téléspectateurs,
03:09parce qu'il y a comme...
03:11Ils ont un talent particulier.
03:13Comme vous le faites ici à la radio, c'est-à-dire qu'il y a une relation particulière
03:16qui s'établit entre les téléspectateurs et le prédicateur qui le retrouve régulièrement.
03:22Et ils ont un entraînement spécifique ? Il y a eu un casting pour les regruter ? Comment ça s'est passé ?
03:26Alors le casting, c'est l'esprit saint et moi.
03:30Non, on est une équipe, on teste, on voit si ça passe bien, on les aide à trouver leur juste place.
03:38C'est-à-dire que je ne crois pas qu'on doit être dans du clonage ou une recette toute faite du prédicateur,
03:44mais c'est quand le prédicateur est lui-même et qu'il donne le meilleur de sa perception de la parole de Dieu qui travaille en lui.
03:52Donc c'est à cet endroit-là qu'il faut essayer de le mettre.
03:55Et alors vous, en tant que producteur, est-ce que vous pouvez leur parler pendant la messe ?
03:59Est-ce qu'ils ont une oreillette par exemple ?
04:00Non, non.
04:02Pas d'oreillette ?
04:02Non, non.
04:03C'est-à-dire que quand la messe commence, le prêtre n'a pas à tenir compte de l'horaire.
04:10Il y a derrière, dans la technique, des chargés de liturgie télévisée, un assistant réalisateur et le réalisateur et la script, etc.
04:17qui s'occupent du timing.
04:19Donc de temps en temps, on va avoir un petit carton rouge pour dire qu'il faut aller un peu plus vite.
04:25Mais on dit la messe, on célèbre la messe.
04:28Et donc nous ne sommes pas perturbés par des oreillettes qui viendraient nous dire souris ou des petites choses comme ça.
04:36Et alors c'est une émission, on le disait, qui existe depuis 1948 et sans la moindre interruption.
04:41Parce que même pendant le Covid, vous étiez là, vous avez continué.
04:44C'est d'ailleurs là que vous avez fait évidemment vos meilleures audiences.
04:47Oui, c'est-à-dire que pendant le Covid, on a été aussi le seul direct de la télévision française,
04:54au moins du service public avec les journaux télévisés, à ne pas tomber.
04:58Oui, c'est ça.
04:59Et que toute la préparation de la première messe qui a eu lieu même avant le confinement,
05:03mais déjà les églises avaient été fermées, et bien c'est préparé entre 22h et 3h30 du matin,
05:10grâce au groupe WhatsApp qu'on avait créé quelques jours auparavant,
05:14qui s'appelait d'ailleurs la messe Vivra, point d'exclamation, et voilà.
05:17Mais alors ce qui est étonnant, c'est que je disais, ça a bien fonctionné pendant le Covid, Thierry Hubert,
05:21mais vos audiences, elles ont augmenté même là en 2024.
05:23J'ai regardé ça, plus 24% par rapport à l'année précédente.
05:27640 000 personnes en moyenne suivent le jour du Seigneur.
05:31Comment est-ce que vous expliquez cette progression ?
05:33Qu'est-ce qui se passe ?
05:33Oui, alors on dit 640 000 sur la case 10h30 midi,
05:38et sur la messe même, on est à 740 000 téléspectateurs en moyenne,
05:41chaque dimanche, avec des pointes de 5 à 6 minutes,
05:45où on peut dépasser le million de téléspectateurs.
05:47A quel moment la pointe ?
05:48A quel moment de la messe ?
05:49Plus on s'approche de midi,
05:50parce qu'on sait de manière mécanique qu'à partir de 10h,
05:54il y a 500 000 téléspectateurs qui ouvrent leur poste de télévision.
05:58Donc le pic c'est sur la communion.
05:59Oui, oui à peu près, voilà.
06:01Et en tout cas, alors est-ce qu'on peut se l'expliquer ?
06:04J'aimerais vous dire que ça répond à une stratégie hautement élaborée.
06:09Non, pas tout à fait,
06:11sauf qu'on peut dire qu'on cherche absolument dans nos messes
06:14à montrer la diversité et l'identité particulière des communautés
06:19à travers leur patrimoine, à travers la sociologie de la paroisse
06:24ou de la communauté religieuse,
06:26de montrer, d'offrir en quelque sorte un voyage aux téléspectateurs
06:30à travers même la messe.
06:32Mais après cela, je pense qu'il y a tout un faisceau
06:35actuellement dans l'église catholique par rapport au nombre de baptêmes,
06:39par rapport à la fréquentation même des églises,
06:41où il y a comme une sorte un petit peu de frémissement,
06:44Il y a un mouvement en ce moment, il se passe quelque chose.
06:46D'intérêt, où après une longue période, disons un peu de désert
06:51ou de froideur, il y a un certain renouveau,
06:56une partie de chaleur qui se témoigne.
06:58J'ai vu dimanche soir dans le JT de 20h de TF1
07:01un reportage qui montrait aussi que les jeunes
07:03faisaient de plus en plus pratiquer, de plus en plus le carême.
07:06On voit aussi que les baptêmes sont en forte hausse
07:09chez les adolescents, plus 33% depuis le début de l'année.
07:12Il y a quoi derrière ?
07:15Est-ce que c'est la volonté d'appartenir à une communauté ?
07:18Comment vous le ressentez, vous ?
07:19Eh bien, certainement que dans un monde globalement anxiogène,
07:26tout d'un coup, la parole de la religion chrétienne
07:32et peut-être même d'une parole religieuse
07:35donne en tout cas de l'espérance.
07:37C'est-à-dire que tout d'un coup, la religion, ça ouvre le ciel quand même.
07:40Donc, ça donne quelque chose du ciel.
07:41Donc, quand tout est un peu plat et monotone
07:46et même anxiogène sur la terre,
07:49eh bien, évidemment, on va rechercher une parole
07:51qui fonde davantage sa vie
07:54et qui permette tout d'un coup d'avoir un peu plus le smile matin.
07:58C'est un refuge.
07:59Alors, est-ce que c'est un refuge ?
08:01Oui, peut-être.
08:01En tout cas, c'est une source d'énergie.
08:04L'esprit saint, vous voyez, en grec, c'est aussi le souffle.
08:09C'est ce qui nous donne de pouvoir nous marcher, quoi, en fait.
08:13Le jour du Seigneur, c'est tous les dimanches,
08:14donc de 10h30 à midi sur France 2.
08:17Restez encore un petit peu avec nous, Thierry Hubert,
08:19pour suivre l'actu des médias dans un instant.
08:21Merci.