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  • 15/04/2025

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00:00Bonjour Benjamin Haddad. Bonjour. Et bienvenue à la grande interview sur CNews et Europe 1.
00:04Vous êtes le ministre délégué en charge de l'Europe. Il y a beaucoup de sujets brûlants abordés avec vous ce matin.
00:09Et tout d'abord, le coup de chaud entre Paris et Alger. Le ministre des Affaires étrangères vient de déclarer que la décision prise par Alger
00:16d'expulser 12 des agents de l'ambassade de France en Algérie ne restera pas sans conséquence.
00:21Malgré tout, Benjamin Haddad, le choix des mots pour qualifier notre attitude vis-à-vis d'Alger.
00:26Soumission, humiliation, génuflexion, lequel préférez-vous ?
00:29Écoutez, les mots ont un sens et je pense qu'il faut parler de ces sujets avec du sang-froid.
00:33De quoi parlons-nous ? Il y a aujourd'hui une procédure judiciaire contre trois ressortissants algériens qui sont sur le sol français.
00:39La justice est complètement indépendante. Ça n'a rien à voir avec les autorités françaises ou avec le dialogue
00:44qui a été relancé par le ministre des Affaires étrangères, le président de la République, avec les autorités algériennes dans les dernières semaines.
00:50Vous voyez aujourd'hui, de la part des autorités algériennes, une réaction complètement disproportionnée et injustifiée
00:57de procéder à l'expulsion de douze ressortissants français qui travaillent dans les services consulaires et diplomatiques.
01:05On l'a dit, c'est complètement injustifié.
01:08Et donc, le ministre des Affaires étrangères l'a dit ce matin,
01:11si Alger ne revient pas sur cette décision, il y aura des mesures de rétorsion.
01:15Notre seule boussole sur ce sujet comme sur d'autres, c'est de défendre nos intérêts.
01:19On a du mal à voir la boussole. Il y a quelques jours, vous nous parliez au Quai d'Orsay d'apaisement.
01:24Aujourd'hui, on parle de riposte alors qu'on a attendu des mois.
01:27En fait, qu'est-ce qu'on a obtenu, Benjamin Madad, concrètement sur ce sujet ?
01:32Sur les OQTF, sur Boalem Sansal, qu'avons-nous obtenu ?
01:35Le but, justement, c'est d'obtenir de la réciprocité et le respect des engagements sur la question migratoire.
01:42C'est-à-dire que nos OQTF qui sont expulsés doivent être repris par l'Algérie.
01:45C'est le droit international. C'est d'avoir un geste de dignité, d'humanité pour l'écrivain Boalem Sansal,
01:53pour notre compatriote, dont la situation nous préoccupe énormément.
01:58Le président de la République l'a souvent rappelé.
02:00C'est de pouvoir avoir une coopération normale sur les questions de sécurité,
02:04sur les questions de renseignement, sur tous ces sujets.
02:07Là, encore une fois, il y a une décision qui est injustifiée.
02:10Le ministre des Affaires étrangères l'a rappelé ce matin.
02:12Si les autorités algériennes ne reviennent pas sur cette décision, il y aura des réponses.
02:18Vous savez que nous avons une palette d'instruments.
02:19On en a déjà parlé à de nombreuses reprises.
02:21Sans jamais les utiliser.
02:22On parlait de riposte graduée.
02:24Il n'y a eu que de la graduation et pas de riposte.
02:26On verra ce que feront les Algériens dans les prochains jours.
02:28Mais par exemple, très concrètement, monsieur le ministre, sur Boalem Sansal,
02:31vous parlez souvent et à raison d'unité européenne.
02:34Pourquoi est-ce que l'Europe, l'Union Européenne, ne se bouge pas davantage sur le cas de Boalem Sansal ?
02:39Oui, vous avez raison de le dire.
02:40Le Parlement européen s'est exprimé en des termes très clairs sur la situation de Boalem Sansal.
02:44Et certains de nos parlementaires, je pense à Nathalie Loiseau, ont porté ce combat au sein du Parlement européen.
02:50Je crois aussi, au-delà d'ailleurs simplement de la question de l'Algérie,
02:53en général, que l'Union Européenne doit pouvoir se doter d'instruments sur la question migratoire
02:58pour pouvoir mettre plus de pression, avoir des instruments de rapport de force
03:01avec les pays de transit et de départ qui ne respectent pas le droit international.
03:04Mais visa concrète.
03:05Alors exactement, on y travaille avec Bruno Retailleau dans nos interactions avec les autorités européennes.
03:10Par exemple, le règlement retour, donc la révision du règlement retour,
03:13ça a été annoncé par la Commission européenne sous l'impulsion de la France
03:16pour pouvoir expulser plus facilement les ressortissants
03:19qui font l'objet d'OQTF sur notre territoire,
03:23pour pouvoir aussi rétablir le délit de séjour irrégulier,
03:26aujourd'hui qui n'est pas permis par le droit européen,
03:29et aussi utiliser, vous l'avez mentionné, des leviers comme les visas,
03:33comme la conditionnalité de l'aide au développement,
03:34comme la conditionnalité des accords commerciaux, de façon très concrète.
03:38Quand on a eu une politique, vous savez, des restrictions de visas
03:41vis-à-vis des pays d'Afrique du Nord, vous savez bien que...
03:44Quand a-t-il eu cette politique ?
03:45On l'a eu ces deux dernières années.
03:47Oui, il y a longtemps, parce que là, c'est un doublement des visas pour l'Algérie.
03:50Elle n'a pas porté ses fruits. Pourquoi ?
03:52Parce que fondamentalement, vous pouvez avoir des logiques de contournement
03:55par l'Espagne, par l'Italie.
03:56Si vous avez les instruments au niveau européen de pouvoir dire
03:59« On réduit les visas, Schengen, toute la zone européenne
04:03pour des pays qui ne respectent pas le droit international,
04:06qui ne reprennent pas leurs laissés-passer,
04:08qui ne donnent pas des laissés-passer consulaires pour reprendre leurs ressortissants »,
04:11eh bien à ce moment-là, on pourra avoir un impact.
04:13Donc c'est au niveau européen qu'on peut avoir l'impact le plus important.
04:16La sphère, c'est la vie d'un homme, d'un citoyen français,
04:19et donc européen qui est en jeu.
04:20Sur ce sujet, comme sur d'autres, sur le respect du droit international,
04:24notre objectif, c'est en effet de pouvoir doter l'Union européenne
04:27de ses instruments pour faire défendre ses intérêts.
04:30Encore une fois, la Commission européenne a annoncé la révision du règlement retour.
04:33C'était une demande de la France.
04:34On a travaillé dessus avec le ministre de l'Intérieur.
04:36Il y aura aussi des avancées cette année sur les visas,
04:38sur la conditionnalité de l'aide au développement.
04:40C'est la seule façon de pouvoir collectivement défendre nos intérêts migratoires.
04:43Toujours à l'international, la proposition du président français d'aller vers une reconnaissance
04:48de l'État de Palestine continue de provoquer de nombreux remous.
04:51Une lettre ouverte lui a été adressée par de nombreux sénateurs,
04:54dont le sénateur Roger Carotti.
04:55Je vous lis un extrait, Benjamin Haddad, il est dit
04:58« Reconnaître aujourd'hui l'État de Palestine,
05:01c'est faire fi des morts du 7 octobre,
05:03des otages, de la volonté réaffirmée de certains acteurs de détruire Israël. »
05:08En bref, ce serait une reconnaissance qui serait saluée par le Hamas et par le Hezbollah.
05:12Est-ce là votre objectif, monsieur le ministre ?
05:14Non, vous savez, déjà à titre personnel,
05:16j'ai fait partie de la première délégation parlementaire au monde
05:18à me rendre en Israël dans un voyage de solidarité après le 7 octobre
05:22et à voir l'horreur barbare du Hamas
05:24qu'ont vécu ces kiboutts comme Berry ou Kfaraza.
05:28Et la France a été le seul pays à rendre hommage à ses victimes,
05:33à ses morts, nos 50 morts français du 7 octobre.
05:36Maintenant, la position de la France et du président de la République,
05:38elle n'a jamais bougé d'un iota.
05:39Comment ça ?
05:39Qu'est-ce que c'est ?
05:41C'est la libération de tous les otages.
05:44C'est trouver les voies d'un cessez-le-feu permanent dans la région,
05:48la défense du droit international humanitaire,
05:50en particulier l'aide humanitaire pour les civils.
05:53Et après, relancer le dialogue politique pour trouver une solution à deux États.
05:57Une solution à deux États, évidemment, sans le Hamas.
05:59Mais pardonnez-moi, les objectifs ne sont-ils pas contradictoires aujourd'hui ?
06:02Vous pouvez aujourd'hui demander la reconnaissance d'un État de Palestine
06:05alors qu'il y a toujours des otages et que le Hamas est en position malgré tout de discuter ?
06:10Mais avec une position très claire qui est la libération des otages et le désarmement du Hamas.
06:13Et ça, ça a été rappelé encore une fois par le président de la République dans la région.
06:16Mais vous savez, dans la lutte contre le terrorisme,
06:19c'est le même sujet pour les États-Unis, par exemple, en Afghanistan,
06:22après le 11 septembre.
06:23Vous avez une réponse militaire, mais après, la question, c'est le cadre politique.
06:27C'est le cadre politique durable que vous voulez donner.
06:31C'est clair que vous êtes pour les deux États.
06:33La question, c'est quand ? Est-ce que c'est le moment ?
06:35Mais l'enjeu, c'est de savoir comment est-ce qu'on peut utiliser des leviers pour être le plus efficace possible.
06:41Aujourd'hui, efficace notamment parce que vous avez, à mon avis, un événement qui serait un changement majeur dans la région.
06:48Ce serait la normalisation entre Israël et certains pays arabes, comme l'Arabie saoudite.
06:52Ce qui était en cours, pardonnez-moi, avant les attaques terribles du 7 octobre.
06:56Mais non seulement c'était en cours, mais vous savez qu'il y a beaucoup qui considèrent que les attaques du 7 octobre
07:00étaient aussi peut-être une façon de saboter ce dialogue régional entre Israël et l'Arabie saoudite.
07:04Il y avait déjà eu des processus de reconnaissance, les fameux accords d'Abraham entre Israël et les Émirats ou le Maroc.
07:10Donc là, comment est-ce qu'on relance cette dialogue de normalisation qui est dans l'intérêt de tous pour la sécurité de la région ?
07:16Vous avez la question de la création à terme d'un État palestinien, donc de la reconnaissance de l'État palestinien sans le Hamas,
07:23avec la reconstruction de la bande de Gaza et avec...
07:26Mais avec qui vous discutez sans le Hamas ?
07:27Le président de la République a parlé hier au président de l'autorité palestinienne, Abu Mazen.
07:31Vous lui reconnaissez une force et une légitimité ?
07:34Mais c'est toute la question, avec des exigences très claires, parce que c'est aussi les conditions qui sont données précisément.
07:39C'est la réforme profonde de l'autorité palestinienne, le fait d'avoir un plan de succession
07:45et de pouvoir justement progressivement s'installer dans la bande de Gaza.
07:49Ça passera par le plan de reconstruction qu'ont proposé des pays arabes comme l'Égypte ou encore la Jordanie.
07:54Il y a tout intérêt, encore une fois, à travailler avec ses partenaires de la région pour reconstruire la bande de Gaza,
07:59pour sortir le Hamas de la gouvernance de Gaza, pour réformer en profondeur l'autorité palestinienne
08:04et amener à terme à cette solution politique entre un État souverain palestinien et un État d'Israël
08:09qui a quand même le droit de vivre en paix et en sécurité.
08:13Moi, je crois qu'ils doivent vivre séparés.
08:14Vous savez, l'écrivain israélien Amos Oz, il avait écrit un triboli qui s'appelait, pendant l'intifada,
08:19qui s'appelait « Aidez-nous à divorcer ».
08:21Alors, on n'est peut-être pas dans l'épée, les embrassades dans le Rose Garden,
08:26mais la séparation, la souveraineté, la sécurité.
08:29C'est ça l'objectif à terme que l'on veut atteindre.
08:32Et c'est pour ça que la France se bat pour un cessez-le-feu.
08:34C'est pour ça que la France se bat pour trouver, depuis le début, depuis toujours,
08:37depuis François Mitterrand, pour trouver une solution politique
08:41et y inclut les acteurs de la région, comme l'Arabie Saoudite ou encore l'Égypte.
08:44Les choses ont évolué parce que le contexte international nourrit aussi,
08:48mais pas seulement, mais nourrit aussi un antisémitisme d'atmosphère dans notre pays.
08:51C'est pour ça qu'on vous interroge sur le timing,
08:53l'agenda de cette proposition de reconnaissance de l'État de Palestine.
08:57Monsieur Haddad, il y a eu une attaque antisémite à Villeurbanne
08:59avec un homme agressé et insulté car il portait une étoile de David.
09:02Selon vous, qui aujourd'hui nourrit et amplifie l'antisémitisme en France ?
09:08Vous avez une force politique, bien sûr, qui nourrit cet antisémitisme,
09:12qui le nourrit pour des raisons électorales, qui soufflent sur ses braises,
09:15c'est la France insoumise.
09:16C'est la France insoumise qui a fait le choix d'utiliser cette question de Gaza
09:22et du conflit israélo-palestinien comme un sujet électoraliste
09:25pour diviser, pour fracturer notre société, pour souffler sur le chaos.
09:30Notre pays, au contraire, il a besoin d'unité, il a besoin de rassemblement.
09:33On doit pouvoir parler de ces sujets qui sont des sujets si graves,
09:37si difficiles, douloureux pour beaucoup d'entre nous.
09:39On doit pouvoir en parler avec gravité, avec sang-froid.
09:43Et là, c'est un sujet qui a été instrumentalisé dans un contexte international,
09:46vous l'avez mentionné, qui est si difficile.
09:49On voit la montée de l'antisémitisme aussi dans beaucoup de pays européens, malheureusement.
09:53Nous, on a été extrêmement clair dans la dénonciation des actes antisémites,
09:56dans le fait de pouvoir protéger.
09:57Aujourd'hui, je voudrais d'ailleurs rendre hommage...
09:59Il restera le fait que le président de la République n'a pas marché à la marche contre l'antisémitisme.
10:02Il y avait tout le gouvernement dans cette marche, il faut sortir de ça.
10:05Mais à un moment, toutes nos forces de l'ordre, nos policiers, nos militaires,
10:09qui sont mobilisés quotidiennement devant les lieux de cul...
10:11Vous pensez qu'elle est assez rapide et sa main est assez ferme quand il s'agit de punir l'antisémitisme ?
10:16Mais sur ce sujet comme sur d'autres, la justice peut toujours être plus ferme ou plus rapide.
10:19Ça, c'est mon avis.
10:20Mais pas particulièrement juste sur la question de l'antisémitisme.
10:23Mais à un moment, quand on fait de la politique quand on s'engage,
10:25on doit avoir un sens des responsabilités et on ne doit précisément pas amplifier ce type de phénomène.
10:30C'est ce qu'a fait la France Insoumise et Jean-Luc Mélenchon.
10:32Vous parlez d'instrumentalisation, Benjamin Dade.
10:34Il y a quelques jours, dans l'hémicycle, le gouvernement a été pris à partie vous-même
10:37par le député LFI Emérique Caron qui a brandi la photo d'une fillette palestinienne victime.
10:43Le député veut ainsi démontrer de son point de vue que la vie, pour vous,
10:47en tout cas à vos yeux, d'un enfant palestinien n'a pas la même valeur que celle d'un enfant israélien.
10:51Que lui répondez-vous ?
10:52Moi, je lui ai répondu, lors de cette question au gouvernement,
10:54que sur des sujets si graves, on devait parler avec plus de dignité.
10:58Que la France a toujours été du côté de ceux qui souffrent des deux côtés.
11:01Que la France, nous venons de l'évoquer, s'est toujours battue pour trouver une solution politique,
11:05pour défendre le droit international humanitaire, pour demander la libération de tous les otages.
11:10Parce qu'on n'entend pas beaucoup la France Insoumise sur ce sujet des otages.
11:13Mais qu'en revanche, la façon dont on fait de l'agitation dans l'Assemblée nationale, c'est indigne.
11:17Et il y a des termes qui sont utilisés, qui ont un sens lourd, moi je crois au sens des mots,
11:21un sens lourd contre concentration, génocide, qui sont complètement inappropriés pour parler de cette situation.
11:29Donc, plutôt que l'agitation politique, il faut parler de ces sujets, encore une fois,
11:32avec la gravité et la dignité qui s'imposent.
11:34Vous avez été clair, Benjamin Haddad, y compris pendant les législatives,
11:37que vous n'avez pas, entre le RN et la FIV, vous n'avez pas à voter,
11:40contrairement à certains appelés à voter pour la France Insoumise.
11:43Vous estimez aujourd'hui que c'est un danger pour la République, si j'en crois vos paroles, en tous les cas ?
11:47Oui, je crois que la France Insoumise, clairement, est un danger pour notre société.
11:51C'est-à-dire, il joue la division, il joue le chaos, il joue la fracture contre les institutions.
11:57Moi, j'ai toujours combattu la France Insoumise.
11:58Merci de rappeler, effectivement, que pendant la campagne législative,
12:01je l'avais dit très clairement, d'ailleurs, sur votre antenne,
12:04pas une voie pour la France Insoumise.
12:06Ça n'empêche de combattre, avec une très grande fermeté aussi,
12:08le Rassemblement National, qui a un projet qui me paraît totalement incompétent,
12:12qui me paraît totalement inapproprié pour affronter les défis d'aujourd'hui,
12:16si vous me le permettez.
12:17Quand on voit aujourd'hui la guerre d'agression de la Russie contre l'Ukraine,
12:21quand on voit les droits de douane qui sont imposés par l'administration Trump
12:24et le fait que l'Europe peut avoir une réponse unie, ferme, à 27,
12:28pour assumer un rapport de force face aux États-Unis,
12:30et imaginer si Marine Le Pen avait été élue en 2017 ou en 2022.
12:35Que serait-il passé ?
12:35En 2016-2017, elle faisait campagne pour le Frexit.
12:39En 2022, dans son programme Noir sur Blanc,
12:41il y avait l'alliance stratégique avec la Russie.
12:44Aujourd'hui, la France n'a jamais...
12:45Emmanuel Macron a lui-même reçu Vladimir Poutine,
12:47nous avions des relations apaisées.
12:48On peut avoir des échanges diplomatiques,
12:50ce n'est pas la même chose que de se mettre à plat vent devant Vladimir Poutine
12:53et d'appeler un alliance stratégique avec lui,
12:55plutôt qu'avec nos alliés traditionnels,
12:56notamment nos alliés européens.
12:58Aujourd'hui, la France n'a jamais été aussi influente en Europe.
13:02Monsieur Adam, est-ce que vous avez la même fermeté par rapport à tous les pays ?
13:06Si Marine Le Pen avait été élue présidente en 2017-2022,
13:09aujourd'hui, on aurait un strapontin au bout du Conseil européen.
13:12On serait isolé, on serait sans influence,
13:15et l'Europe serait plus faible.
13:16Aujourd'hui, l'Europe est capable de se défendre.
13:18C'est les idées françaises sur la fin de la naïveté commerciale,
13:21sur l'autonomie stratégique, sur les questions de défense,
13:23qui font le débat européen.
13:25Ce n'aurait certainement pas été fait avec Marine Le Pen.
13:26Est-ce que vous avez la même fermeté sur tous les sujets ?
13:27On a commencé cet entretien par l'Algérie.
13:29Vous vous montrez ferme par rapport à la Russie.
13:32Est-ce que nous n'avons pas un strapentin aujourd'hui
13:34par rapport à l'Algérie, pour reprendre vos mots ?
13:35J'ai été très clair au début de l'émission sur le fait que...
13:39Vous trouvez que notre bras de fer a été engagé ?
13:41Moi, je vous dis précisément que là,
13:43on attend une réponse et un recul des autorités algériennes,
13:45et sinon, des moyens pour pouvoir répondre.
13:47Et que, encore une fois, moi je souhaite,
13:48et c'est le travail qu'on fait avec mes collègues,
13:50qu'on puisse se doter aussi d'instruments européens,
13:53je parlais notamment des questions migratoires,
13:54pour pouvoir défendre nos intérêts de façon collective.
13:56Alors, la France, dites-vous, est forte,
13:58en tout cas, c'est ce que vous dites sur le plan international,
14:00mais on doit être fort aussi sur le plan intérieur,
14:02avec notamment le budget.
14:04D'ailleurs, vos opposants vous disent,
14:05eh bien, voilà votre facture, voilà votre bilan.
14:08Qu'est-ce que vous répondez ?
14:09Mais...
14:10Vous, au pouvoir, ce sont des dettes qui explosent,
14:13une facture énorme.
14:14Notre bilan, c'est la France qui est redevenue le pays le plus attractif
14:18pour les investisseurs étrangers en Europe.
14:21C'est le chômage le plus faible en 40 ans,
14:23ce qui fait que, dans les campagnes électorales,
14:25plus personne ne vous parle du chômage.
14:26Moi, quand j'étais gamin...
14:28Moi, je rappelais la dette.
14:29Quand j'étais gamin, on nous parlait du chômage de masse,
14:32on nous parlait du pays qui était condamné au chômage.
14:34On a tout essayé, disait un président de la République,
14:36on n'avait clairement pas tout essayé,
14:37puisqu'aujourd'hui, il est au plus faible.
14:39Alors maintenant, ce qui est vrai,
14:40c'est qu'on a aujourd'hui une dette qui est trop élevée,
14:42on a un déficit qui est trop élevé.
14:44C'est pour ça qu'on a mis le pays sur une trajectoire
14:46de réduction du déficit.
14:48L'objectif, c'est d'atteindre les 3% en 2029.
14:51Il y aura aujourd'hui une conférence de presse du Premier ministre qui fait...
14:54Sans augmenter les impôts, sans tailler dans la dépense publique,
14:57comment on fait ? C'est un tour de passe-passe.
14:58Mais de toute façon, il y aura forcément un effort à faire
15:00sur la dépense publique.
15:01Le Premier ministre a parlé d'environ 40 milliards d'euros.
15:04Il y aura des annonces qui seront faites aujourd'hui.
15:07Fondamentalement, quand on regarde autour de nous,
15:08on a les impôts les plus élevés de l'OCDE,
15:11les plus élevés d'Europe.
15:12Et on a la dépense publique aussi la plus élevée.
15:14Donc, on voit que les leviers, la marge de manœuvre
15:17est plutôt sur la dépense publique.
15:18Et d'ailleurs, je voudrais souligner...
15:19Donc cette fois, la poussière ne sera pas mise sous le tapis.
15:22Non, mais vous savez, en 2025, on n'a pas augmenté les impôts.
15:24Donc, je voudrais quand même le dire,
15:26dans le dernier budget qui a été présenté par le Premier ministre,
15:28François Bayrou.
15:29Mais après, moi, ce que je voudrais dire,
15:30moi, je suis fondamentalement un libéral, un réformateur.
15:33Je crois qu'il nous reste encore beaucoup à faire.
15:35Beaucoup à faire parce que...
15:37Jean-Luc Mélenchon estime que la France de 2025,
15:40c'est la Grèce de 2010.
15:41En gros, nous serions bientôt sous tutelle du FMI.
15:44Mais moi, le problème...
15:45C'est un scénario totalement illusoire.
15:46Le problème, c'est que c'est l'enfant qui appelle au loup.
15:48Ça fait des années qu'il nous explique ça.
15:49Moi, quand j'ai été élu député en 2022,
15:51le premier texte qu'on a voté,
15:52c'est un texte sur le pouvoir d'achat.
15:54Où on revalorisait les minima sociaux,
15:56on revalorisait les retraites.
15:57Quand on a fait le bouclier énergétique
16:00pour protéger le pouvoir d'achat des Français,
16:02dans l'hémicycle, la France Insoumise nous disait
16:04que c'est un budget d'austérité.
16:05Bon, alors vraiment, on marchait sur la tête.
16:06Tout ça, ce n'est pas très sérieux.
16:08Mais en revanche, effectivement, la question,
16:10c'est que...
16:11Vous savez, en France, souvent, on a l'impression
16:13que le débat, c'est soit réduire les dépenses,
16:15soit augmenter les impôts.
16:16Il y a une troisième voie, ça s'appelle la croissance.
16:18Ça s'appelle travailler plus,
16:20augmenter le taux d'emploi,
16:21faire la croissance, engendrer plus de recettes,
16:24et donc réformer le pays.
16:25Les droits de douane, on serait en récession,
16:27et maintenant, on attend la croissance ?
16:28Mais justement, ça doit être aussi, à un moment,
16:30une opportunité pour l'Europe
16:31pour investir massivement dans sa compétitivité,
16:34pour simplifier ses textes réglementaires,
16:35pour soutenir ses investisseurs,
16:37ses innovateurs, ses entreprises,
16:38pour pouvoir finir le marché unique
16:40et faire en sorte que nos entreprises
16:42puissent conquérir le monde et plus facilement.
16:44On a des pépites dans l'intelligence artificielle,
16:46dans le quantique, dans les industries vertes,
16:48soutenons-les.
16:49On doit pouvoir se défendre au niveau européen,
16:51mais on doit aussi réformer en profondeur l'Europe
16:53pour qu'elle devienne aujourd'hui la zone la plus compétitive au monde.
16:56Je crois que c'est une opportunité pour nous.
16:57Bien.
16:58En attendant la croissance, je vous remercie.
16:59Merci pour ce grand entretien et à très bientôt.
17:01Merci.

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