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  • 11/04/2025
Alors que Donald Trump a exigé aujourd'hui de la Russie qu'elle bouge sur le dossier des négociations de paix en Ukraine, retour sur les relations ambigües qu'il entretient avec le pays de Vladimir Poutine. D'un premier voyage à Moscou dans les années 80 où il aurait pu être approché par le KGB, jusqu'à l'incroyable scène d'humiliation de Volodymyr Zelensky dans le bureau ovale en février dernier, notre enquête lève le voile sur près de 40 ans de liens qui unissent Donald Trump à la Russie. Des liens secrets qui expliquent pourquoi Trump s'aligne de plus en plus sur les positions de Vladimir Poutine. Quentin Baulier, Nicolas Biaggioni et Elodie Noiret.  

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Transcription
00:00...
00:00Je m'appelle Christopher Steele.
00:13J'ai fait mes études à l'université de Cambridge
00:16avant de rejoindre le ministère des Affaires étrangères.
00:21Il fut espion de sa majesté,
00:24le monsieur Russie du MISX,
00:26les services secrets britanniques.
00:28J'ai travaillé comme professionnel du renseignement
00:32et comme diplomate au sein du gouvernement
00:34pendant 22 ans.
00:37Je suis parti en Russie pour la première fois en 1990,
00:41où j'ai passé 3 ans à l'ambassade.
00:45J'ai passé la majeure partie des 40 dernières années
00:48à travailler en Russie, ou sur la Russie.
00:54Il dirige aujourd'hui une société d'intelligence économique.
00:59En 2015, Christopher Steele est approché par des clients américains
01:03qui lui demandent d'enquêter sur le passé russe de Donald Trump,
01:07qui vient d'annoncer sa candidature à la présidentielle américaine.
01:10A l'origine, le projet a été lancé par les républicains opposés à Trump,
01:17puis transféré à l'équipe de campagne de Clinton.
01:20Mais notre rôle était d'observer le point de vue russe,
01:23ce que les Russes faisaient,
01:25ce qu'ils cherchaient à accomplir,
01:26et leur évaluation de l'élection.
01:30Christopher Steele active ses contacts en Russie
01:33pour chercher des informations
01:34sur d'éventuels liens entre Trump et le Kremlin.
01:37Il rédige des notes, semaine après semaine,
01:40et fait ce constat accablant.
01:41Le régime russe a cultivé, soutenu et assisté Trump
01:46depuis au moins cinq ans.
01:50Le FSB a suffisamment compromis Trump
01:52par ses activités à Moscou
01:53pour pouvoir le faire chanter.
01:56Le conseiller de Trump, Carter Page,
01:58a participé à des réunions secrètes à Moscou.
02:02Un intime du Kremlin insiste sur l'importance
02:04de l'avocat de Trump
02:05dans les relations secrètes avec la Russie.
02:11Christopher Steele écrit même
02:13que les services russes
02:14disposent d'une vidéo à caractère sexuel
02:16tournée dans une chambre d'hôtel
02:18à l'insu de Donald Trump
02:20en compagnie de prostituées en 2013.
02:23Des informations brutes
02:24qui auraient dû rester secrètes,
02:27mais qui vont être publiées comme telles
02:28par le site d'information BuzzFeed
02:30à dix jours de l'investiture de Donald Trump
02:33en janvier 2017.
02:35C'est potentiellement explosif.
02:38BuzzFeed a pris la décision controversée
02:40la nuit dernière
02:41de publier le dossier complet
02:43d'un ancien membre des services britanniques.
02:47Et c'est quelque chose
02:47que le Nazi de l'Allemagne
02:48aurait fait et fait.
02:50Je pense que c'est une dégrace.
02:52Cette information
02:53qui était false et fake
02:55et qui n'a jamais passé
02:56a été relâchée au public.
02:58Le dossier Steele a été très critiqué
03:10et pas seulement par Donald Trump.
03:14Huit ans après sa divulgation,
03:16son auteur reste pourtant persuadé
03:18de la solidité de ces informations.
03:21Le format est inhabituel,
03:23même pour nous,
03:24car il s'agit de renseignements bruts.
03:26Et il n'a même pas été conçu
03:28pour être publié tel quel.
03:31Il ne contient pas d'analyse détaillée,
03:33même si, bien sûr,
03:34nous en avons vérifié une bonne partie
03:36avant de le donner aux clients.
03:38Il y a beaucoup de dates,
03:39de déplacements de personnes.
03:40Tout ça a été plutôt bien vérifié.
03:45Donald Trump a poursuivi
03:46Christopher Steele en 2023
03:48devant les tribunaux britanniques.
03:50Il a été débouté.
03:51Mais l'attitude du président américain
03:54vis-à-vis de Poutine
03:55ne cesse aujourd'hui encore d'interroger.
04:00Il est très curieux et illogique
04:02pour un être humain intelligent
04:03qui analyse Poutine et son bilan
04:05de penser pouvoir lui faire confiance.
04:08Le fait que Trump soit prêt à affirmer
04:10qu'il apprécie et fait confiance à Poutine
04:12est donc très étrange et très suspect.
04:15Je dirais que l'attitude de Trump
04:16envers Poutine est singulière.
04:21Alors, comment expliquer
04:23la relation entre Trump et Poutine ?
04:25Trump pense que lui et Poutine sont amis.
04:28Je pense qu'il est plus probable
04:29que Trump remplisse la fonction
04:31que Lénine appelait autrefois
04:32celle d'idiot-utile.
04:36Que savent les services russes
04:38des activités du milliardaire ?
04:40Trump ne veut pas être blessé par Poutine.
04:43Il est prudent.
04:45Il ne veut pas avoir d'ennui.
04:46Ce n'est pas bon.
04:47A-t-il été recruté ou approché par le KGB ?
04:51Il a commencé à devenir un contact
04:53dans les années 80,
04:54mais ça n'a porté ses fruits
04:55que lorsqu'il est devenu président.
04:58Retour sur 40 ans
05:00d'une relation complexe
05:02entre le businessman de New York
05:03et les hommes du Kremlin.
05:05Fin des années 1970,
05:19Donald Trump est un héritier,
05:21entrepreneur ambitieux
05:22dans l'immobilier à New York.
05:24C'est son mariage avec une femme
05:28venue de l'Est
05:29qui va pour la première fois
05:30susciter l'intérêt
05:32des services secrets soviétiques.
05:34La relation de Donald Trump
05:37avec la Russie
05:38remonte à très loin en fait.
05:40Jusqu'à 1977,
05:42année où il a rencontré
05:44et épousé Ivana,
05:47une Tchécoslovaque
05:48venue de l'autre côté
05:48du rideau de fer.
05:49D'après les archives
05:51de la police secrète
05:52tchécoslovaque à Prague
05:53que j'ai consulté,
05:56les Tchèques l'espionnaient
05:58depuis la fin des années 70.
06:00Ils parlaient à son beau-père,
06:02ils notaient plein de choses,
06:04comme lorsque, enfant,
06:05Donald Trump Jr.
06:06s'est cassé la jambe
06:08et ils transmettaient
06:10ces informations,
06:11parfois des rumeurs,
06:12parfois des données plus sérieuses,
06:14à Moscou et au KGB.
06:16À New York,
06:17les affaires de Donald Trump
06:19se développent
06:19et en parallèle,
06:22ces liens avec des intérêts russes.
06:24J'ai commencé à me pencher
06:26sur ces liens
06:27avec la mafia russe.
06:29L'une de mes grandes découvertes,
06:30je crois,
06:31est qu'en 1980,
06:33Trump avait acheté
06:34des téléviseurs.
06:35C'était son premier
06:36grand projet réussi.
06:38L'hôtel Grand Hayat,
06:39situé juste à côté
06:41de la gare Grande Centrale
06:42à New York.
06:43Et Donald Trump
06:44a fini par les acheter
06:45à un certain
06:46Sémion Kislin,
06:48qui travaillait au magasin
06:49d'électronique Jude Love,
06:50considéré comme une façade
06:52du KGB front.
06:53Trump a-t-il été ciblé,
06:58à l'époque,
06:59par le vendeur de téléviseurs ?
07:01Quelques années plus tard,
07:03ses aventures
07:04dans l'immobilier
07:05vont de nouveau
07:05le faire croiser,
07:06le chemin des Russes.
07:09Nous sommes en 1986,
07:11flambant neuve,
07:12rutilante,
07:13la Trump Tower
07:14se dresse sur la 5e avenue.
07:16C'était quelque chose.
07:17Je me souviens
07:19que c'était assez
07:20tap à l'œil,
07:21plutôt neuf,
07:22moderne,
07:23beaucoup de doré,
07:24très chic.
07:25Et c'est devenu
07:26une attraction touristique.
07:34Parmi les visiteurs
07:35impressionnés par le building,
07:37il y a l'ambassadeur
07:38de l'Union soviétique
07:39aux USA,
07:40Yuri Dubinin.
07:40Il arrive à New York
07:42en 1986
07:43et c'est sa fille
07:45qui lui fait découvrir
07:46la ville.
07:48Natalia Dubinina
07:49est en poste
07:50depuis plusieurs années
07:51à la Bibliothèque
07:52des Nations Unies.
07:53Un lieu
07:54qui, à en croire
07:54un rapport
07:55du Sénat américain,
07:57est un véritable
07:57nid d'espion du KGB.
08:04Environ un quart
08:05des soviétiques
08:06en poste
08:06au secrétariat
08:07de l'ONU
08:07sont des agents
08:08de renseignement.
08:10Et bien davantage
08:10sont validés
08:11par le KGB.
08:13Les soviétiques
08:14sont intéressés
08:15par la bibliothèque
08:16parce que ça leur permet
08:17de mettre la main
08:18sur des publications
08:19techniques américaines
08:20et de faire voyager
08:22leurs agents du KGB
08:23à travers les Etats-Unis.
08:26Le jour même
08:27de l'arrivée
08:27de son père
08:28à New York,
08:29Natalia Dubinina
08:29l'emmène boire
08:30un café
08:31dans la Trump Tower
08:32comme elle l'a raconté
08:33à la télévision russe
08:34en 2017.
08:38Yuri Vladimirovich
08:39est mon père.
08:40c'est une personne
08:41incroyable,
08:42curieuse,
08:42qui s'intéresse à tout.
08:44Et ce que je peux dire
08:44c'est qu'avant même
08:45d'arriver au bâtiment
08:46des Nations Unies,
08:47il s'est retrouvé
08:48dans la Trump Tower.
08:52Nous avons contacté
08:53Natalia Dubinina.
08:55Elle nie fermement
08:56être une espionne
08:57et avoir jamais
08:58ciblé Donald Trump.
09:00Elle a refusé
09:01de témoigner face caméra
09:02mais nous a confirmé
09:03les informations
09:04données au journal russe
09:05MK
09:06qui en a fait
09:07le récit suivant.
09:09Le diplomate soviétique
09:10fut tellement impressionné
09:11par le gratte-ciel
09:12qu'il décida à tout prix
09:13de rencontrer personnellement
09:15son créateur.
09:16Pour ce faire,
09:17il ne lui restait plus
09:18qu'à entrer dans le bâtiment
09:19et à prendre l'ascenseur,
09:21ce que firent les Dubinines.
09:22C'est un diplomate,
09:25un rêveur
09:25et lui qui est un patriote
09:27dans le meilleur sens du terme,
09:28en voyant cette Trump Tower,
09:30il a immédiatement imaginé
09:31la même tour
09:32en face du Kremlin
09:33et pourquoi pas.
09:36Mon père était destiné
09:37à un rôle
09:38dont il était vraiment capable
09:39et qu'il appréciait.
09:41Trouver une nouvelle forme
09:42d'interaction
09:43avec les États-Unis
09:44et d'une manière
09:45ou d'une autre,
09:46établir la confiance.
09:47La suite est racontée
09:53par Donald Trump lui-même
09:54dans son célèbre livre
09:55« L'art du deal ».
09:58L'idée est apparue
10:01lors d'un déjeuner
10:01où je me suis retrouvé
10:02à la table
10:03de l'ambassadeur soviétique.
10:04De fil en aiguille,
10:05on s'est retrouvé
10:06à parler de construire
10:07un grand hôtel de luxe
10:08en face du Kremlin
10:09en partenariat
10:10avec le gouvernement soviétique.
10:13Quelques mois plus tard,
10:15il reçoit une lettre
10:15d'invitation officielle
10:17et s'envole pour Moscou
10:19au mois de juillet.
10:21Le voyage est pris en charge
10:22par l'agence officielle
10:23Intourist
10:24qui organise le séjour
10:26des visiteurs étrangers
10:27en URSS.
10:29Tout le monde sait
10:30que c'est le KGB
10:31qui dirigeait Intourist.
10:34Il existe des preuves accablantes
10:35que le premier voyage
10:36de Trump à Moscou
10:37a été organisé par le KGB.
10:40Ensuite, j'ai parlé
10:40à d'anciens agents
10:41de renseignement soviétique
10:42qui m'ont dit
10:43que c'était la procédure standard,
10:45qu'ils ciblaient
10:46et toute une série de personnes
10:47et que la première chose
10:48qu'ils faisaient
10:49c'était amener la cible
10:50à Moscou
10:51où elles pouvaient être
10:52mises sur écoute,
10:53testées, profilées,
10:55suivies, etc.
10:58Trump et sa femme Ivana
10:59sont logés à Moscou
11:00à deux pas de la place rouge.
11:02L'hôtel national était
11:08l'un des plus beaux hôtels
11:10historiques de Moscou.
11:12Il surplombait la place
11:13de la Révolution
11:14puis la place rouge.
11:15Il occupait la plus belle
11:16chambre qu'il proposait.
11:20Joyce Barnathan
11:21est à l'époque correspondante
11:23de Newsweek
11:23en Union soviétique.
11:26New-Yorkais elle-même,
11:27elle sollicite une interview
11:28de Donald Trump
11:29et le rencontre
11:30à son hôtel.
11:31Il a fait le tour
11:33de la pièce.
11:34Il n'aimait pas
11:34l'état de la chambre.
11:35Il la critiquait.
11:39Il y avait des couches
11:40de peinture marron
11:41un peu écaillées.
11:42Il n'était vraiment
11:43pas impressionné
11:44par la qualité de la chambre.
11:47Il essayait de comprendre
11:48ce qu'il faisait là.
11:49Il se demandait
11:50s'il allait construire
11:50quelque chose
11:51comme la Trump Tower
11:52en Russie.
11:52Notre impression,
11:59c'était que les Russes
12:00voulaient qu'ils viennent
12:00à Moscou
12:01pour voir s'ils étaient
12:02prêts à construire
12:03quelque chose
12:03comme la Trump Tower
12:04de New York.
12:07Trump ne construira pas
12:08de Trump Tower
12:09à Moscou.
12:11Quel sens alors
12:12donner à ce voyage ?
12:14Nous avons posé
12:17la question à un homme
12:18qui connaît très bien
12:19les méthodes du KGB.
12:20Ça, c'est moi.
12:22Et pour cause.
12:23J'étais jeune colonel,
12:241972.
12:25Il y a travaillé
12:26des dizaines d'années.
12:29Ça, c'est mon père,
12:30ancien officier du KGB
12:31lui aussi.
12:33Quand il a appris
12:34que je voulais moi aussi
12:34entrer au KGB,
12:35il m'a dit
12:36« Ne fais pas ça,
12:37mon cher fils,
12:37c'est un sale boulot. »
12:39« Hé, tu as fait ça
12:41pendant 15 ans, papa.
12:42Justement, mon fils,
12:43c'est un sale boulot.
12:43Reste loin de tout ça. »
12:45Vous savez,
12:46les enfants n'écoutent
12:46jamais leurs parents,
12:47c'est bien connu.
12:48Oleg Kalougin a 90 ans
12:51et vit aujourd'hui
12:51non loin de Washington.
12:53Il fut en pleine guerre froide
12:55le plus jeune général du KGB.
12:57« Crocef et moi, 1958.
13:00Qu'est-ce que je suis beau. »
13:02Il a longtemps travaillé
13:03aux États-Unis
13:03sous différentes couvertures.
13:05« J'étais journaliste
13:07correspondant, diplomate,
13:08élu au Parlement
13:09et en même temps,
13:10j'étais au KGB. »
13:12Son rôle ?
13:12Recruter des sources
13:13et des informateurs.
13:14Trump a-t-il pu être approché
13:17ou recruté
13:17ou compromis
13:19lors de ce voyage en URSS ?
13:22« Bien sûr,
13:24c'est une méthode russe
13:25bien connue
13:26de mettre le plus possible
13:27de matériel de surveillance
13:28dans les chambres
13:29ou n'importe où
13:30se trouvent des personnes
13:31d'intérêt.
13:35On n'a même pas besoin
13:36de les suspecter
13:37de quoi que ce soit.
13:38Mais on ne sait jamais.
13:39Quelqu'un pourrait tomber
13:40amoureux d'une prostituée.
13:41ça peut toujours servir
13:45pour l'approcher
13:46et peut-être le recruter.
13:48Les Russes savent
13:49monter des compromates.
13:51Mais vous pensez
13:52que si Trump est invité
13:53à Moscou,
13:54ils essayent
13:55de le compromettre ?
13:56Oh, je ne sais pas exactement,
13:58mais je ne peux pas
13:59l'exclure.
14:01Pouvez-vous me dire
14:01si le KGB avait
14:02des informations sur Trump ?
14:05Disons que je ne sais pas,
14:06mais je crois
14:07qu'ils en ont.
14:08Vous ne pouvez pas
14:09être plus précis ?
14:10Écoutez,
14:11il y a des choses
14:12dont je suis au courant,
14:12mais je ne vais pas
14:13vous en parler.
14:18Le KGB a-t-il monté
14:20un dossier sur Trump ?
14:22Aucune preuve matérielle
14:23ne permet de l'affirmer
14:24et les avis divergent.
14:28Oui, il est allé à Moscou.
14:30Oui, il souhaitait
14:31faire des affaires à Moscou.
14:33Les soviétiques étaient ravis
14:34de le recevoir
14:35et d'écouter
14:36ce qu'il avait à dire.
14:37Mais je ne suis pas
14:40un adepte des théories
14:41du complot
14:42et je n'accepte
14:42aucune des idées
14:43selon lesquelles,
14:44d'une manière
14:45ou d'une autre,
14:45ils le tenaient,
14:46le manipulaient
14:47ou le contrôlaient.
14:51Il n'y a juste
14:51aucune preuve de cela.
14:54Je pense que c'était
14:56un piège.
14:57Je ne pense pas
14:58qu'ils aient jamais
14:59eu sérieusement l'intention
15:00de construire
15:00une Trump Tower
15:01sur la place rouge.
15:02mais Donald Trump
15:03est extrêmement sensible
15:06à la flatterie.
15:07Qu'est-ce qui se passe
15:08quand on essaie
15:09de recruter quelqu'un ?
15:10Que recherche-t-on ?
15:11Quelqu'un d'extrêmement
15:12narcissique,
15:14quelqu'un qui soit
15:14sensible aux belles femmes
15:15et qui puisse être
15:16vulnérable
15:17pour le compromettre.
15:23En tout cas,
15:24quelques mois
15:25après son retour
15:25de Moscou,
15:27Donald Trump
15:27achète une page
15:28de publicité
15:29dans trois journaux américains
15:30pour prendre
15:32une position politique
15:33plutôt surprenante.
15:37Une lettre ouverte
15:38de Donald Trump
15:38sur pourquoi
15:39les Etats-Unis
15:40devraient cesser
15:41de payer
15:41pour défendre
15:42des pays
15:42qui ont les moyens
15:43de se défendre eux-mêmes.
15:46Il a en substance
15:47appelé à la fin
15:48de l'OTAN.
15:49Il affirme
15:50que nous payons trop cher,
15:51que nous nous faisons
15:52arnaquer.
15:53C'est tout simplement
15:54extraordinaire.
15:55A l'époque,
15:56l'OTAN n'a jamais
15:57vraiment suscité
15:58de controverses.
15:59Aux Etats-Unis,
16:00les démocrates
16:01comme les républicains
16:02ont toujours soutenu
16:03l'OTAN.
16:04Et voilà que
16:05Donald Trump
16:06prend la position
16:06de l'Union soviétique
16:07immédiatement
16:09après son retour
16:09de Moscou.
16:13Une prise de position
16:14politique alignée
16:16sur les intérêts
16:16soviétiques
16:17et en parallèle,
16:19une manne providentielle
16:21d'argent russe
16:22qui inonde
16:22les casinos de Trump.
16:25Du cash bienvenu
16:26alors que ses investissements
16:27démesurés
16:28l'amènent régulièrement
16:29au bord de la faillite.
16:35Nous ne savons pas
16:36précisément
16:36combien d'argent
16:37de la mafia russe
16:38a coulé dans les comptes
16:39bancaires de Donald Trump.
16:41Ce que nous savons,
16:42c'est qu'il y en avait.
16:44Et l'un des chefs
16:44de la mafia,
16:45un certain
16:46Vyacheslav Ivankov,
16:47vivait dans la Trump Tower
16:49et y avait acheté
16:50un appartement.
16:50Le FBI le recherchait
16:53et ils ont passé
16:54trois ans à sa poursuite
16:55et l'ont finalement
16:55localisé dans la Trump Tower.
16:58Il s'agissait donc
16:59d'une sorte de lien
17:00financier
17:00mais aussi personnel.
17:01Trump était
17:02comme un contact
17:03pour la mafia russe,
17:04utile pour trouver
17:05un logement
17:06ou pour blanchir des fonds.
17:14Parfois,
17:14ces choses sont faites
17:15de telle manière
17:16qu'on ne sait pas vraiment
17:17qui est derrière
17:18ni quel est l'objectif réel.
17:21Surtout s'il s'agit
17:22de transferts monétaires,
17:23d'achats de biens ou autres.
17:26Parmi les événements étranges
17:28dans les liens de Trump
17:29avec la Russie,
17:30il y a l'achat
17:31d'une maison en Floride
17:32en 2008
17:33par un oligarque russe
17:34pour le double
17:35de sa valeur.
17:37De l'argent
17:38qui a permis à Trump
17:38de rembourser des dettes
17:40et d'éviter la faillite.
17:44La mafia,
17:45les oligarques
17:46et jamais loin derrière,
17:48le pouvoir
17:49et les services secrets russes.
17:52Le scénario
17:53va se répéter
17:54en 2013.
17:55Nouvelle visite
17:56de Trump à Moscou,
17:58cette fois-ci
17:58à l'occasion
17:59du concours
17:59de Miss Univers.
18:09Quelques mois plus tôt,
18:10Trump était à Las Vegas
18:11pour le concours
18:12Miss USA.
18:13Il a rencontré
18:13un oligarque,
18:14Agalarov,
18:15très proche de Poutine.
18:16reconnu comme
18:17le bâtisseur de Poutine.
18:18Ils ont conclu
18:19un accord
18:19pour organiser
18:20le concours
18:20de Miss Univers
18:21à Moscou.
18:22Il était clair
18:40que l'objectif principal
18:41de Trump
18:42était de rencontrer
18:43Poutine
18:43et d'obtenir
18:48et d'obtenir
18:49le feu vert
18:49pour la construction
18:50d'une tour Trump
18:51à Moscou.
18:53Trump était à Moscou
18:54pour quelques jours seulement
18:55et il avait l'intention
18:56de rencontrer Poutine.
18:59Mais de rencontres,
19:00il n'y aura pas.
19:02Trump aura attendu
19:03en vain.
19:06Le milliardaire
19:07aurait pu être vexé
19:08d'être ainsi snobé
19:09par Poutine.
19:10Il continuera pourtant
19:11de lui tresser
19:12des lauriers.
19:13Et la meilleure explication,
19:17c'est que c'est un businessman.
19:21Trump l'a compris.
19:22Si vous obtenez
19:23le feu vert du grand patron,
19:24l'affaire est conclue.
19:25C'est comme ça
19:29que Trump a géré
19:30les choses.
19:34Et c'est une des explications
19:35de la relation
19:36Trump-Poutine.
19:37Plus largement,
19:38on pourrait parler
19:39d'admiration
19:39pour l'autocrate.
19:47Poutine dirige la Russie
19:48comme Trump
19:49voudrait diriger l'Amérique.
19:55L'annexion de la Crimée
19:56par la Russie
19:57quelques mois plus tard
19:58va faire une nouvelle fois
19:59capoter le projet
20:00de Trump Tower
20:01en raison des sanctions
20:03frappant les banques russes.
20:05Mais l'admiration
20:06de Trump pour Poutine
20:07ne faiblit pas.
20:09Et en 2015,
20:10quand il décide
20:11de se présenter
20:12à la présidentielle américaine...
20:13Un homme va tout faire
20:33pour qu'il emporte l'élection.
20:35Vladimir Poutine.
20:39La campagne
20:40de son adversaire
20:41Hillary Clinton
20:42est opportunément fragilisée
20:44par la divulgation
20:46de documents internes
20:47au Parti démocrate.
20:52C'est une révélation
20:53potentiellement explosive
20:55de Wikileaks.
20:56Le site a publié
20:5720 000 e-mails
20:57piratés
20:58du Comité démocrate.
21:00Les Russes
21:01avaient aussi piraté
21:02des courriels
21:03du Parti républicain.
21:05Mais bien sûr,
21:06ils ont divulgué
21:07uniquement ceux
21:07du Parti démocrate
21:09parce qu'ils souhaitaient
21:10la victoire
21:10de Donald Trump.
21:11Ils le considéraient
21:13comme le candidat
21:13le plus utile
21:14pour aider la Russie
21:15à l'international
21:16et saper une certaine
21:18forme de démocratie américaine.
21:21Régulièrement,
21:23Trump doit se défendre
21:24d'être instrumentalisé
21:25par Poutine.
21:26Trump a balayé
21:40l'ingérence russe,
21:41prétendant
21:42qu'elle était
21:42sans importance.
21:44Mais pire,
21:49il en a redemandé.
21:50dans ce qui est probablement
21:54la tentative
21:54la plus éhontée
21:55de collusion
21:56avec les Russes.
21:58Il a déclaré
21:58« Hey, la Russie,
22:00si vous m'écoutez,
22:00j'espère que vous trouverez
22:01les courriels
22:02d'Hillary Clinton. »
22:04Il faisait ouvertement
22:15appel à un pays étranger,
22:17un adversaire étranger,
22:19pour l'aider
22:20en recueillant
22:21de nouvelles informations
22:21politiques sordides
22:22sur son adversaire politique.
22:24Les Russes vont écouter Trump
22:32en divulguant
22:33ses nouveaux e-mails
22:34piratés
22:35au meilleur moment
22:36pour lui.
22:39Cet octobre 2016,
22:41la presse américaine
22:42diffuse une archive
22:43accablante.
22:45On y entend
22:45Donald Trump
22:46tenir des propos grossiers,
22:48oubliant qu'il est équipé
22:49d'un micro-cravate.
22:51Il échange hors-champ
22:52avec le présentateur
22:53d'une émission « People ».
22:54On pensait
23:09qu'il en était fini
23:10de la candidature
23:11de Donald Trump.
23:12Mais bien sûr,
23:14les Russes
23:14sont arrivés
23:15à sa rescousse.
23:16Ils ont une nouvelle fois
23:17publié des dizaines
23:18de milliers de courriels
23:19du Parti démocrate
23:20volés par des espions
23:21militaires à Moscou.
23:23Cette explosion médiatique
23:24a escamoté
23:25la vidéo du scandale
23:27et a de nouveau
23:28focalisé
23:28l'attention
23:29sur Hillary Clinton.
23:31C'était un coup
23:32de génie,
23:33très efficace,
23:34très sombre,
23:35très brutal.
23:35Un mois plus tard,
23:41Donald Trump
23:42remporte l'élection.
23:46Parmi les conseillers
23:47qui vont se succéder
23:48à la Maison-Blanche,
23:49il y a John Bolton.
23:52Aux États-Unis,
23:53sa moustache
23:53est aussi connue
23:54que ses positions
23:55très dures
23:56vis-à-vis des ennemis
23:57de l'Amérique,
23:58comme l'Iran.
23:58C'est lui
24:00qui va se charger
24:01d'organiser
24:02la première rencontre
24:03au sommet
24:04entre Trump
24:05et Poutine.
24:09Trump voulait
24:10que Poutine
24:10vienne à Washington,
24:12Poutine voulait
24:12que Trump
24:13vienne à Moscou.
24:15On savait
24:15comment ça allait
24:16se terminer,
24:17ce serait une ville
24:18européenne neutre.
24:19Nous avons convenu
24:20d'Helsinki
24:20car c'est là
24:21que s'était tenu
24:22le dernier sommet
24:23entre Bush
24:23et Gorbatchev.
24:24A l'issue
24:27d'un long entretien
24:28en tête-à-tête,
24:29les deux chefs d'État
24:30tiennent une conférence
24:31de presse commune.
24:34Il avait annoncé
24:36qu'il allait
24:36confronter Poutine
24:37à ses accusations
24:38d'ingérence
24:39dans la campagne
24:40présidentielle de 2016.
24:41Et à la fin,
24:43bien sûr,
24:44Poutine a nié
24:44que la fédération
24:45de Russie
24:46ait joué un rôle
24:47quelconque
24:48dans l'élection.
24:50Et Trump a déclaré
24:52à la stupéfaction générale
24:53qu'il croyait
24:54Vladimir Poutine
24:55plutôt que les services
24:56de renseignements américains.
25:18C'était un moment dingue.
25:21Je n'avais jamais rien vécu
25:22de tel de toute ma carrière.
25:24L'important pour nous
25:26sur le moment
25:26était de ne pas montrer
25:27de réaction
25:28car la presse
25:29était assise
25:29juste derrière nous.
25:32Une tempête médiatique
25:33avait éclaté.
25:34Nous l'avons parlé
25:34pendant une grande partie
25:36du trajet retour
25:37à Washington
25:37à bord d'Air Force One.
25:39Et d'ailleurs,
25:40le lendemain,
25:40il a dit
25:41« Vous savez,
25:41je me suis peut-être
25:42mal exprimé ».
25:43Et il a fait quelque chose
25:44de très inhabituel
25:46à admettre une erreur.
25:47Sauf que personne
25:48dans la presse
25:48ne l'a cru.
25:49John Bolton
25:53quitte la Maison-Blanche
25:54avec fracas
25:55un an plus tard.
25:56Le premier mandat
25:57de Trump
25:57est marqué
25:58par les démissions
25:59de conseillers
25:59et empoisonné
26:01par l'enquête russe
26:02menée à la demande
26:03de la justice américaine
26:05sur les soupçons
26:06de collusion
26:07entre Trump
26:07et le Kremlin.
26:08L'enquête russe
26:12dirigée par Mueller
26:13a révélé
26:14de nombreuses preuves
26:15accablantes
26:15de contact
26:16entre des personnes
26:17proches de Trump
26:18et le Kremlin.
26:22Elle a également révélé
26:23de nombreux éléments
26:24tout aussi accablants
26:25sur les tentatives
26:26de Trump
26:26d'entraver l'enquête
26:27sur ses liens
26:28avec la Russie.
26:31Mais en fin de compte,
26:32Mueller n'a pas pu établir
26:33l'existence
26:34d'une conspiration.
26:35ce qu'on aurait appelé
26:38une collusion.
26:44Malgré deux procès
26:45en impeachment
26:46et des procédures
26:47au civil
26:48et au pénal,
26:49Trump parvient
26:50à reprendre
26:51la Maison-Blanche
26:51en 2024
26:52avec notamment
26:54une promesse,
26:55celle de mettre fin
26:56à la guerre en Ukraine
26:57en 24 heures.
26:59Il le martèlera
26:59toute sa campagne.
27:05Le 12 février 2025,
27:35Donald Trump
27:36et Vladimir Poutine
27:37se parlent au téléphone.
27:38Une première
27:39pour un président américain
27:40depuis l'invasion
27:41de l'Ukraine
27:42par la Russie
27:42trois ans plus tôt.
27:47Maintenant que Trump
27:48est de retour
27:49à la Maison-Blanche
27:49pour un second mandat,
27:51il n'y a plus
27:52aucun adulte
27:52dans la pièce.
27:54Il est comme un roi
27:55et personne ne dit
27:57au roi
27:57qu'il a tort,
27:59qu'il est fou
27:59ou qu'il délire.
28:01Et malheureusement,
28:02Trump vit désormais
28:03dans cette sorte
28:03de réalité
28:04fictive et inversée
28:05où l'Ukraine
28:07a attaqué la Russie
28:08plutôt que la Russie
28:09a attaqué l'Ukraine
28:10où Zelensky
28:11est un dictateur
28:12et Poutine
28:13un démocrate.
28:15Trump qui reprend
28:16les arguments
28:17de Poutine
28:17sur les responsabilités
28:18de la guerre
28:19et que dire
28:20de cette édifiante
28:21scène d'humiliation
28:22le 28 février dernier
28:24dans le bureau
28:25Je suis très inquiet
28:50pour l'Ukraine
28:51car je pense
28:52qu'elle est réellement
28:53désavantagée
28:53tant que les principales
28:55négociations
28:56se déroulent
28:56entre Trump
28:56et Poutine.
28:59Et je pense
29:00que les dommages
29:01causés par Trump
29:02à l'OTAN
29:02sont très graves
29:04mais du point de vue russe
29:05je ne pense pas
29:06qu'on puisse imaginer
29:07meilleur président
29:08que Trump
29:09vu son comportement.
29:13Les services russes
29:15observent
29:16Donald Trump
29:16et voient en lui
29:18l'opération
29:18la plus réussie
29:19de l'histoire
29:20de l'espionnage
29:21soviétique et russe.
29:22Voilà un président américain
29:25qui accomplit des choses
29:26dont rêvait
29:27l'Union soviétique
29:28mais qu'elle n'a
29:29jamais pu réaliser.
29:31Il démantèle
29:31l'Amérique
29:32en tant que superpuissance
29:33et la transforme
29:35en une étrange
29:35entité plus petite
29:36en guerre avec l'Europe
29:37avec une grande partie
29:39du monde
29:39qui impose
29:40des tarifs douaniers
29:41etc.
29:45C'est le paradis
29:46du KGB.
29:47Poutine lui
29:48peut se contenter
29:49de regarder tout cela
29:50à se dérouler.
29:51Il n'est pas du genre
29:52à sourire
29:52mais là
29:53il peut contempler
29:54la scène
29:55en souriant.
29:59Dès son arrivée
30:00à la Maison-Blanche
30:01Donald Trump
30:02a démantelé
30:02nombre de ses administrations
30:04dérouté
30:06ses alliés historiques
30:07et a fait
30:09plus l'Ukraine.
30:12Vladimir Poutine
30:13pour sa part
30:14ne vacille pas
30:15et continue
30:16de pousser
30:17ses pions.
30:17à si Surprise
30:19et France
30:19ont absolu
30:20L'Ukraine
30:21nessels
30:21qui
30:36voient
30:36l'Ukraine
30:36aux

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