Dimanche, c'est la course cycliste Paris-Roubaix avec ses redoutables pavés. Une course mythique et pourtant Florian Gazan vous explique pourquoi elle a failli ne jamais exister.
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00:00Nous sommes en direct de la place Masséna à Nice.
00:03Alors ça ne va pas nous empêcher Florian Gazon de parler de l'enfer du Nord.
00:06La course cycliste Paris-Roubaix avec ses redoutables pavés, ça commence dimanche, une course mythique.
00:12Et pourtant, vous allez nous expliquer pourquoi elle a failli ne jamais exister.
00:16Eh bien oui, Paris-Roubaix a été créé en 1896 par Théodore Vienne, un industriel du textile
00:21qui vient de faire construire le vélodrome de Roubaix.
00:24Et pour le faire connaître, il a l'idée de créer une course cycliste qui s'y terminerait
00:28et qui, comme les quelques courses d'alors, partirait évidemment de Paris
00:31où se trouve le grand quotidien sportif de l'époque, l'équivalent de l'équipe aujourd'hui, le vélo,
00:37qui accepte d'organiser la course.
00:39Jusqu'ici tout va bien, mais là, les ennuis vont commencer.
00:41Pourquoi ?
00:41Le rédacteur de la rubrique cyclisme du journal, Victor Breyer,
00:45est chargé de reconnaître le parcours de la course proposée pour le Paris-Roubaix.
00:49Après une journée à rouler sous la pluie, à manquer de se vautrer sur le secteur pavé,
00:53son verdict est clair, ce Paris-Roubaix est, je cite,
00:56« Un projet diabolique dangereux pour les coureurs ».
00:59C'est d'ailleurs lui qui invente l'expression « l'enfer du nord ».
01:01Bref, il faut absolument annuler la course.
01:04Son patron ne le suit pas dans sa recommandation.
01:06La voie est libre, sauf que cette fois, c'est le clergé qui s'en mêle.
01:09Qu'est-ce que le clergé vient faire là-dedans ?
01:11Un des nombreux surnoms de Paris-Roubaix, c'est la Pascale.
01:13Parce qu'à l'origine, il est prévu qu'elle se déroule le dimanche de Pâques.
01:16Et ça, ça passe mal du côté de l'église,
01:18car à cause de la course, les spectateurs et les cyclistes
01:21ne vont pas pouvoir assister à la messe.
01:23Alors, pour noyer le poisson, Théodore Vienne rassure les autorités religieuses.
01:27Il a évidemment prévu qu'une messe soit célébrée
01:29avant le départ de Paris-Roubaix, dans une église proche du point de départ.
01:33C'est Duflan, car il sait pertinemment qu'avec 280 km à couvrir,
01:37il y a obligation de démarrer Paris-Roubaix très tôt le matin.
01:40Pourquoi ça ?
01:41Le cyclisme, il a changé, comme dirait Mbappé.
01:43Si l'an dernier, le vainqueur de Paris-Roubaix,
01:45Mathieu van der Poel, a mis 5h25 pour le boucler,
01:48record de la course,
01:49en 1896, le premier vainqueur, l'allemand Joseph Fischer,
01:53il a mis 4h de plus,
01:54même si le tracé était moins difficile.
01:56Je dis ça parce que, pour nous, Paris-Roubaix, c'est synonyme de pavé.
01:59Sauf qu'à l'origine de la course, en fait,
02:01il n'y en avait pas beaucoup de pavé.
02:02Et après la guerre, où on a bitumé les routes détruites par les bombardements,
02:05on était même arrivé à un point
02:06où il y avait seulement 22 km de routes pavées
02:09sur les 280 de Paris-Roubaix.
02:10Résultat, la course arrivait trop souvent au sprint
02:13et donc les organisateurs, pour la durcir,
02:16se sont mis en quête de plus de secteurs pavés,
02:18quitte à les réaménager carrément.
02:20C'est comme ça qu'est apparue, en 68,
02:22la fameuse trouée d'Arenberg,
02:24cauchemar des coureurs,
02:25avec sa ligne droite pavée de 2,5 km.
02:27Là où, comme on dit,
02:28on ne le gagne pas, le Paris-Roubaix,
02:30mais on peut le perdre.
02:31Merci beaucoup, Florian Gazon.
02:32Vous avez presque retrouvé votre voix.
02:34Oui, je vais retourner en boîte, alors.
02:35Merci.