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  • 09/04/2025
LA GRANDE HISTOIRE. "J’étais la créature qui avait été créée et recrachée par la Société générale." Cette semaine, j'ai pu m'entretenir avec Jérôme Kerviel, l’ex-trader derrière l’une des plus grosses fraudes financières de l’histoire.

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00:00:00Il me dit c'est quoi l'objectif ? J'ai dit non, je vais taper le milliard.
00:00:02Mon avocat à l'époque avait peur que je fasse une connerie.
00:00:04Qu'est-ce que vous appelez une connerie ?
00:00:05Mettre fin à mes jours.
00:00:06C'est quelque chose qui vous a traversé l'esprit ?
00:00:08Plusieurs fois.
00:00:09J'étais la créature qui avait été créée et recrachée par la Société Générale.
00:00:12Quand vous avez l'acté duché qui vient à votre porte et qui vous tourne un acte avec marqué 5 milliards d'euros, ça fait bizarre, croyez-moi.
00:00:16Bonjour à tous.
00:00:17Cette semaine, j'ai pu m'entretenir avec Jérôme Kerviel, l'homme derrière l'une des plus grandes fraudes financières de l'histoire.
00:00:23Condamné un temps à rembourser 5 milliards d'euros à la Société Générale.
00:00:27Aujourd'hui, il est à l'affiche d'une série documentaire « Kerviel, un trader, 50 milliards » disponible sur Max.
00:00:35Comment un trader débutant a pu jouer plus que les fonds propres de la banque ?
00:00:39Forcément, il se passait rien, toi qui gagnais.
00:00:42Ça me paraît impossible que personne n'ait rien vu.
00:00:45Jérôme Kerviel.
00:00:46Jérôme Kerviel.
00:00:47Et n'oubliez pas, pour ne pas rater nos prochaines vidéos, abonnez-vous à la chaîne de Brut.
00:00:52Bonjour Jérôme Kerviel.
00:00:53Bonjour.
00:00:54Merci d'avoir accepté notre invitation.
00:00:56Depuis quelques mois, vous êtes à l'affiche d'une série documentaire « Kerviel, un trader, 50 milliards » réalisé par Fred Garçon.
00:01:03Cette série documentaire, il paraît que vous ne l'avez pas vue. Pourquoi ?
00:01:07Je ne l'ai pas vue pour plusieurs raisons.
00:01:10La première et la principale, c'est que j'ai pris une habitude depuis des années, depuis quasiment le tout début de l'affaire,
00:01:16de ne rien lire ni regarder qui me concerne.
00:01:18Il se trouve qu'au début de l'affaire, mon premier réflexe était de lire, de regarder tout ce qu'il disait sur moi.
00:01:24Et à un moment donné, ça me rendait un peu fou, surtout de voir beaucoup de conneries racontées à mon sujet.
00:01:31Et je me suis dit, en fait, pour me préserver, il faut que je reste à distance de tout ça.
00:01:37Et donc j'ai cette habitude depuis 17 ans maintenant, de ne rien regarder ni lire qui me concerne.
00:01:42Et c'est vrai que depuis quelques années, vous vous faites quand même beaucoup plus discret dans les médias.
00:01:46Pourquoi vous avez accepté de participer à cette série documentaire ?
00:01:49Plusieurs raisons. La première, c'est qu'il se trouve que j'ai une petite fille qui va avoir 7 ans bientôt,
00:01:54qui commence à me poser des questions parce qu'elle voit que quand elle est avec moi, que dans la rue, les gens m'arrêtent,
00:01:59me posent des questions et se posent beaucoup de questions pour savoir pourquoi les gens m'arrêtent et me demandent des photos dans la rue.
00:02:03Donc elle commence à me poser des questions sur mon histoire.
00:02:06Et je me suis rendu compte qu'il n'y avait rien qui collectionnait l'entièreté de l'histoire.
00:02:10Donc je n'avais pas ce matériau pour pouvoir me servir de base, pour expliquer à ma fille.
00:02:15Donc j'ai eu plusieurs propositions au cours des dernières années.
00:02:19Au début, je n'étais pas prêt. Et là, c'était le bon moment pour moi.
00:02:22Le projet qui m'était présenté me paraissait intéressant et ambitieux.
00:02:27Et donc c'est une des raisons pour lesquelles j'ai accepté de participer à ce documentaire.
00:02:32Et puis l'espoir aussi de pouvoir avoir des éléments nouveaux à la faveur d'une investigation qui aurait lieu dans ce documentaire.
00:02:40Des témoignages nouveaux aussi de gens qui, 17 ans après, pourraient se dire
00:02:44« Bon, on s'est tués à l'époque, on va se mettre à parler maintenant, parce que le temps a passé. »
00:02:49Et donc il y avait aussi cet espoir qui motivait la participation à ce projet.
00:02:54Et du coup, cet espoir, je veux dire, ça vous a donné raison, mais vous ne l'avez pas vu alors ?
00:02:59Non, le documentaire en lui-même, je ne l'ai pas vu.
00:03:01Parce que d'éléments nouveaux dans le documentaire, je n'en ai pas moi personnellement.
00:03:04Et par contre, ça a suscité le déclenchement de certains contacts que j'ai pu avoir à l'issue de ce documentaire,
00:03:11de gens qui étaient proches ou à la Société Générale à l'époque,
00:03:16qui me fournissent des éléments qui me servent de base aujourd'hui
00:03:18pour construire une contre-attaque et une défense qui va bouger dans les mois prochains.
00:03:24Parce que là, votre objectif, c'est toujours d'obtenir un nouveau procès.
00:03:29L'objectif, comme depuis l'origine, c'est d'obtenir un procès en révision.
00:03:34Il y a eu de nombreux rebondissements au cours des 17 dernières années,
00:03:37assez majeurs pour un dossier comme celui-ci.
00:03:41À date, nous n'avons pas réussi à obtenir ce procès en révision,
00:03:43malgré, de mon point de vue, l'importance des éléments nouveaux que nous avons apportés,
00:03:48y compris le témoignage de cette procureure qui déclare que le dossier est truqué.
00:03:52Je suis assez stupéfait de voir que...
00:03:55Parler des enregistrements.
00:03:57Tout à fait, de la procureure de la République.
00:04:00Je suis stupéfait de voir que ce contenu n'a pas suffi à ouvrir une enquête ou un procès en révision.
00:04:06Et donc, l'objectif, c'est effectivement de trouver d'autres angles, d'autres axes
00:04:12pour que ces éléments soient enfin traités par la justice.
00:04:15Donc, on y reviendra plus tard sur le feuilleton judiciaire et les nouveaux éléments de l'enquête.
00:04:20Mais d'abord, j'aimerais revenir sur le jour qui a changé votre vie, le 24 janvier 2008.
00:04:27Votre nom fait la une de tous les journaux télévisés en France et bientôt dans le monde entier.
00:04:33Vous, vous découvrez ça comme tout le monde en allumant votre télévision ?
00:04:36Je reçois d'abord une alerte sur mon téléphone le 24 janvier au matin qui dit « Fraude à 4,9 milliards d'euros de pertes ».
00:04:45À ce moment-là, je n'ai pas du tout conscience que c'est de moi dont il est question.
00:04:48Et effectivement, mon premier réflexe, c'est d'allumer la télé.
00:04:51Et là, je découvre que c'est de moi dont il est question et que je suis accusé d'avoir fait perte 4,9 milliards d'euros.
00:04:56Et là, c'est effectivement dans la seconde où j'allume la télé, où je vois ce flash, ma vie vient d'exploser.
00:05:04En l'espace d'une journée, vous passez de « Golden Boy » à « La Défense » à « Homme Traqué ».
00:05:10Vous allez même vous cacher dans le garage d'un ami en banlieue parisienne.
00:05:14Qu'est-ce qui se passe dans votre tête à ce moment-là ?
00:05:16C'est un tsunami.
00:05:17C'est un tsunami, c'est, comme je disais tout à l'heure, ma vie qui vient d'exploser en un millième de seconde.
00:05:22La peur, la paranoïa, la peur d'aller dans la rue.
00:05:25Et effectivement, à ce moment-là, il y a une trac dans Paris qui est juste complètement folle
00:05:29parce que la photo vaut énormément d'argent.
00:05:31Donc, j'ai tous les paparazzi et tous les journalistes qui me courent après.
00:05:34On parle de 100 000 dollars, la photo, c'est vrai, ça ?
00:05:36Oui, c'est ça.
00:05:36C'était les chiffres que j'ai entendus à l'époque, effectivement, par certains de vos confrères
00:05:39qui m'ont reporté ces montants à l'époque.
00:05:42Et moi, je ne comprends pas ce qui est en train de m'arriver à ce moment-là.
00:05:46Et je sais que mon premier réflexe à ce moment-là,
00:05:50parce que j'entendais tout et n'importe quoi à mon sujet,
00:05:52il avait même été dit que j'étais en fuite à un an.
00:05:55Ce qui n'était absolument pas le cas.
00:05:57Je ne comprends pas ce qui est en train de m'arriver.
00:05:58Et mon premier réflexe à ce moment-là, c'est déjà, un, de me rendre compte
00:06:01que tous les gens qui pouvaient être mes amis, mes contacts,
00:06:06que je côtoyais au quotidien, n'existent plus.
00:06:08Le téléphone ne décroche plus.
00:06:10Plus personne ne me répond.
00:06:11Et mon second réflexe, c'est de me dire qu'est-ce que mes proches pensent
00:06:15de tout ce qui est raconté à mon sujet.
00:06:17Et j'ai cette première crainte de me dire, j'espère que, notamment,
00:06:20ma mère qui était encore vivante à l'époque, ne croit pas tout ce qui est raconté.
00:06:23Et donc, j'ai vécu dans cette crainte pendant une journée.
00:06:27Et cette crainte a été dissipée assez rapidement, d'ailleurs pas très loin d'ici,
00:06:31à la gare Montparnasse, où le soir du 24 janvier, je la récupère à la gare,
00:06:34dans un moment qui est complètement irréel, parce que tout le monde me cherche dans Paris
00:06:38et je me retrouve dans un bistrot juste à côté, avec BFM qui est en train de tourner,
00:06:44avec ma photo de badge qui est sortie à ce moment-là,
00:06:46et tout le monde est en train de parler de l'histoire et de parler de moi au comptoir,
00:06:50sans savoir que je suis juste à côté d'eux.
00:06:52Et quand je récupère ma mère, c'est ce moment qui,
00:06:55avant même que j'ai eu le temps de lui poser la question de « qu'est-ce que t'en penses ? »,
00:06:59a pris les devants et m'a dit tout de suite « je sais comment je t'ai élevé,
00:07:02je sais que tu l'as pas fait ».
00:07:03Et ça, finalement, ça a été quelque chose qui a été libérateur pour moi à ce moment-là.
00:07:07Ça a été comme si j'avais vécu en apnée pendant 24 heures, quasiment,
00:07:11et que ces quelques mots qu'elle a pu me prononcer,
00:07:15sur lesquels la gare juste à côté, m'ont libéré, d'une certaine façon,
00:07:20en me disant « ok, ça m'a rassuré, j'ai au moins ce cercle familial et proche
00:07:22qui reste encore présent, même si mes anciens collègues ne sont plus présents
00:07:27et mes amis ont disparu, mais j'ai au moins ce cercle proche qui reste présent,
00:07:30et surtout le regard des parents, qui pour moi était important,
00:07:32je savais que j'avais ce soutien-là ».
00:07:36J'aimerais à présent revenir sur le début de votre carrière dans la finance.
00:07:40Vous rentrez à la Société Générale en 2000.
00:07:43Le métier de trader, les salles de marché en ébullition,
00:07:47c'est quelque chose qui vous faisait rêver à l'époque ?
00:07:49Oui, j'ai grandi avec ça, j'ai grandi avec les films comme Wall Street,
00:07:53avec cette adrenaline qui transparaît dans les films,
00:07:55avec les fantasmes qu'il y avait dans le milieu de la finance.
00:07:57Et étudiant, je me suis orienté vers ces études,
00:08:00parce que j'avais deux composantes qui m'intéressaient dans les études,
00:08:04c'était les maths et l'économie,
00:08:05et le métier de la finance permettait d'allier ces deux matières.
00:08:07Donc c'est un peu comme ça que je me suis orienté vers la finance.
00:08:12J'ai effectivement fait un troisième cycle en finance,
00:08:14mais quand je sors de mes études à la fin des années 90,
00:08:19je n'ai pas dans l'idée de devenir un jour trader.
00:08:21Il se trouve que le diplôme qui est le mien ne me permet pas de l'être.
00:08:24Les profils qui sont recrutés dans les salles de marché,
00:08:26particulièrement la Société Générale à l'époque en salle de marché,
00:08:29c'est les profils de grandes écoles d'ingénieurs, centrales, polytechniques.
00:08:32Et moi, le diplôme universitaire qui était le mien ne me prédestignait absolument pas,
00:08:35il ne me permettait absolument pas de devenir un jour trader.
00:08:37Donc ce n'était pas du tout une prétention de ma part.
00:08:39Je voulais travailler dans le milieu de la finance,
00:08:41pas en salle de marché, parce que pour moi ce n'était pas possible.
00:08:45Et donc je suis rentré par la petite porte en août 2000,
00:08:48effectivement à l'Institut Générale,
00:08:50ce qu'on appelle le middle office,
00:08:51qui est une fonction support de la salle de marché.
00:08:53Et vous devenez trader en 2005, 5 ans après.
00:08:58Vous commencez rapidement à manipuler des sommes importantes.
00:09:02Et votre technique, contrairement aux autres traders,
00:09:05c'est de miser à la baisse, si j'ai bien compris.
00:09:08C'est un peu votre marque de fabrique à l'époque.
00:09:10Globalement, effectivement, je cherchais les instruments
00:09:13et les valeurs dont j'estimais qu'elles pouvaient baisser fortement.
00:09:18L'une de mes stratégies, c'était particulièrement les actifs
00:09:20que je ciblais moi, effectivement.
00:09:21Parce que ça baisse beaucoup plus vite quand il y a un crack,
00:09:23quand il y a une mauvaise nouvelle, que quand ça ne monte.
00:09:25Et donc ce que je cherchais, c'est les grandes amplitudes de marché.
00:09:28Donc j'étais un chasseur de mauvaise nouvelle, d'une certaine façon.
00:09:32Et justement, en 2005, vous faites une énorme opération.
00:09:35Vous gagnez plus de 500 000 euros, il me semble,
00:09:38en pariant sur Allianz, le groupe d'assurance allemand.
00:09:42Et en fait, c'est grâce aux attentats de Londres
00:09:45que vous réussissez à obtenir ce gain.
00:09:47Oui, tout à fait.
00:09:48Ma première grosse opération, c'est ce qu'on appelle un spiel.
00:09:50Donc une spéculation, en français, sur l'assureur Allianz.
00:09:55Moi, mon marché de prédilection et le marché sur lequel j'étais majoritairement actif,
00:10:00c'était le marché allemand.
00:10:01Et donc l'une des valeurs que je suivais à l'époque était Allianz, l'assureur.
00:10:05Et donc quelques jours avant les attentats de Londres,
00:10:07je décide de spéculer à la baisse sur une baisse du cours de l'assureur en question.
00:10:12Et c'est ce qui se passe à la faveur des attentats, notamment.
00:10:14Tous les cours de bourse qui ont s'achuté, et particulièrement les assureurs,
00:10:17parce que les assureurs, on sait qu'ils vont avoir de gros dommages et intérêts à payer
00:10:20sur les dégâts qui ont pu être causés.
00:10:21Et donc, effectivement, la première grosse opération se solde sur un gain
00:10:26quasiment un peu plus d'un demi-million d'euros.
00:10:28S'il n'y avait pas eu ces attentats, vous auriez fait perdre de l'argent à votre employeur ?
00:10:32Oui, il se trouve que c'est les fonctions du marché, c'est le jeu du marché,
00:10:36c'est ce qu'on appelle un spiel, c'est une spéculation, c'est un pari, tout simplement.
00:10:39L'idée, c'était que le cours de bourse chute, ça s'est produit.
00:10:42Pour ça, il y a toujours une part de chance dans tout, quoi qu'il arrive, évidemment.
00:10:46Dans un sens comme dans l'autre, d'ailleurs, à l'achat comme à la vente.
00:10:50Mais voilà, c'est ce genre d'opérations qui m'ont permis de gonfler le chiffre
00:10:54et de faire de belles opérations à l'époque.
00:10:56Et le fait d'obtenir un gain sur un événement tragique, à ce moment-là,
00:11:00ça ébranle votre conscience ?
00:11:03Oui.
00:11:03Alors, au début, complètement.
00:11:05Il faut savoir que quand j'ai commencé les traders,
00:11:07les premières semaines ont été compliquées pour moi,
00:11:10parce qu'en fait, les montants que j'investissais,
00:11:11je faisais encore le rapport avec le monde réel,
00:11:14avec ce qui se passe dans la vie de tous les jours.
00:11:16Je comparais les premiers ordres au prix de l'appartenant
00:11:18que j'étais en train d'acheter, par exemple.
00:11:20Donc, pour moi, c'était des montants qui sont conséquents.
00:11:23Et puis, mes chefs me disaient toujours
00:11:25de prendre de la distance par rapport à ces montants,
00:11:29de considérer que c'était très, très abstrait
00:11:31et de laisser mes émotions à l'extérieur de la salle des marchés,
00:11:34de ne pas me laisser emporter par ces émotions,
00:11:35de ne pas me laisser guider par ces émotions
00:11:37et qu'il fallait que je fasse mon métier froidement, d'une certaine façon.
00:11:41Et donc, finalement, au bout de quelques mois,
00:11:43je finis par me convaincre qu'il faut être de plus en plus froid
00:11:45face à ce qui est en train de se passer,
00:11:47que je suis là pour faire de l'argent, je suis payé pour ça.
00:11:49D'ailleurs, on me le rappelle tous les jours que je suis payé pour ça.
00:11:52Et cette première opération, effectivement,
00:11:54a été pour moi un peu de bascule, d'une certaine façon,
00:11:56parce que mon premier réflexe,
00:11:59quand il y a l'attentat et que le marché est en train de baisser,
00:12:03c'est évidemment la satisfaction d'avoir gagné de l'argent
00:12:05pour le compte de la banque, d'avoir fait un gros coup.
00:12:07Ce qui me rajoute en plus à l'excitation et à la satisfaction,
00:12:10c'est que mon chef, à côté de moi, fait une perte
00:12:12et que je le couvre avec le gain que je suis en train de faire.
00:12:14Donc, j'ai l'impression d'avoir été dans mon rôle,
00:12:17dans ce que je suis en train de faire, dans mon métier.
00:12:19Et puis, il y a ce moment où il y a des télés dans la salle des marchés
00:12:22et je vois les corps qui sont extraits du métro.
00:12:27Et à ce moment-là, je prends conscience que j'ai fait du fric sur des morts,
00:12:36sur un drame.
00:12:38Et effectivement, mes émotions me rattrapent à ce moment-là
00:12:40et je suis allé vomir dans la salle des marchés.
00:12:45Le temps de reprendre mes esprits en me disant
00:12:46« Ok, j'ai un acquis de conscience par rapport à ce qui vient de se passer. »
00:12:48Ça avertait encore les valeurs qui étaient des miennes à ce moment-là.
00:12:52Et je me suis fait remonter les bretelles assez rapidement par mon chef
00:12:55parce que j'avais abandonné mon poste.
00:12:58Et il s'ensuit de longues discussions avec lui en me disant
00:12:59« Mais tu as fait ton boulot, tu étais là pour faire ça,
00:13:02tu es payé pour faire ça.
00:13:03C'est bien, il faut que tu continues. »
00:13:05Ça aurait été une faute professionnelle de ne pas le faire.
00:13:08Et donc, finalement, j'ai fini par m'autoconvaincre
00:13:10que ce qui m'était raconté et dit à l'époque était la vérité.
00:13:14Et puis, finalement, je prenais ça avec...
00:13:19J'avais du plaisir à faire le métier que j'exerçais, tout simplement.
00:13:23Et ces émotions-là qui pouvaient me traverser à certains moments
00:13:26se rappellent à la réalité, finalement, complètement disparu.
00:13:29Je suis devenu de plus en plus et au fil des jours
00:13:31comme un automate
00:13:33qui est là pour engranger les résultats et les chiffres toute la journée.
00:13:38Et donc, je me suis coupé de toutes ces émotions.
00:13:41Je me suis coupé de tout ce qui pouvait se passer à l'extérieur de la salle des marchés
00:13:44en étant en mode un peu déshumanisé.
00:13:47Dans les années qui vont suivre,
00:13:50je parle entre 2005 et 2008,
00:13:52vous accumulez les gains.
00:13:53Je fais un petit rappel de vos gains.
00:13:56En 2005, on vous fixe 3 millions d'objectifs.
00:13:59Vous en gagnez 5.
00:14:00En 2006, on vous fixe 5 millions d'objectifs.
00:14:02Vous en gagnez 12.
00:14:03En 2007, vous gagnez 15 millions dès le premier mois.
00:14:07Donc, en fait, vous avez fini votre année.
00:14:09Et cette année-là, vous déclarez 55 millions de gains.
00:14:12Donc, c'est 5 fois vos objectifs.
00:14:14C'est plus de la moitié des gains que tous les autres traders de l'équipe.
00:14:18Comment vous faites pour accumuler autant d'argent ?
00:14:20Vous avez une recette secrète ?
00:14:22Les stratégies fonctionnaient.
00:14:23Il y a eu des moments où c'était compliqué
00:14:26parce que quand on prend une position, ça ne marche pas immédiatement.
00:14:28Il faut savoir la portée.
00:14:29La position respire.
00:14:30Ça peut partir dans un mauvais sens au départ.
00:14:32Et c'est ce qui souvent m'est arrivé, d'ailleurs.
00:14:34Typiquement, en 2007, quand je commence à spéculer sur les subprimes,
00:14:38je commence à monter des nantes positions.
00:14:40Ça ne part pas dans le bon sens.
00:14:42Et pendant plusieurs mois, je vais perdre de l'argent et énormément d'argent.
00:14:45Et ça, c'est des périodes qui ont été très compliquées à gérer émotionnellement
00:14:48et psychologiquement parce que chaque seconde que Dieu fait,
00:14:52on se pose la question de savoir si on coupe et on prend la perte
00:14:54ou alors si on continue à croire en la position qu'on a mise en place.
00:14:57Et ça, ça a été des mois qui étaient horribles
00:14:59parce qu'il y a un truc dans une salle de marché qui est un open space
00:15:03où finalement, on est tous les uns à côté des autres
00:15:07et on ressent les sentiments des uns et des autres.
00:15:10Et donc, du coup, la peur, notamment, on la ressent chez les traders.
00:15:13Et quand on ressent la peur, on la fuit.
00:15:15Et donc, pendant tous ces mois-là, moi, j'étais très, très isolé.
00:15:16C'est-à-dire qu'il n'y a plus personne qui vient vous parler
00:15:18parce qu'ils sentent que vous n'allez pas bien.
00:15:21Vos collègues sentent que vous êtes en train de perdre de l'argent.
00:15:24Oui, tout à fait.
00:15:27Et donc, pendant cela, vous êtes isolé
00:15:28parce que plus personne ne vient vous parler.
00:15:29Et puis, dans la seconde où ça se retourne,
00:15:31et c'est ce qui s'est passé dans la seconde
00:15:32où la position est devenue gagnante,
00:15:35là, tout à coup, ce n'est pas la même énergie
00:15:37et là, tout le monde revient vers vous.
00:15:39C'est un milieu très individualiste.
00:15:42C'est un peu chacun face à soi-même.
00:15:44Et voilà, c'est des moments qui ont été très difficiles
00:15:49et en même temps tellement excitants par ailleurs à ce moment-là.
00:15:52Vous savez que c'est un monde qui fait vachement travailler l'imaginaire.
00:15:57On connaît tous les...
00:15:57Comme vous dites, c'était les films un peu de finances
00:16:00qui vous ont amené à ce métier.
00:16:03Est-ce que c'est un peu comme dans les films
00:16:04comme, par exemple, le loup de Wall Street
00:16:06où les mecs gueulent un peu dans tous les sens
00:16:10ou se tapent la poitrine ?
00:16:12Est-ce que c'est un peu comme ça dans les salles de marché ?
00:16:14Alors, ce n'est pas aussi bruyant qu'on peut voir dans les films.
00:16:18En fait, il y a des moments où c'est extrêmement calme.
00:16:19On peut entendre une mouche voler quand les marchés sont calmes
00:16:21et en même temps, c'est crescendo avec le volume de l'activité
00:16:25et la volatilité des marchés.
00:16:26Donc, il y a des moments un peu d'euphorie.
00:16:29Il y a aussi beaucoup et majoritairement de moments de calme
00:16:31dans une salle des marchés.
00:16:32L'imaginaire, en fait, pour ce qui est de la testostérone
00:16:37qui pourrait dégager d'une salle des marchés,
00:16:40c'est un milieu très macho.
00:16:41Il y a très peu de...
00:16:42À l'époque, à tout le moins, à mon époque,
00:16:44il y avait très peu de femmes traders.
00:16:45Et donc, il y a ce concours permanent de taille de...
00:16:49C'est mon expression entre les uns et les autres
00:16:50qui existe et qui est aussi quelque part un moteur
00:16:55dans l'activité de la salle des marchés.
00:16:57La concurrence qui est très énorme,
00:16:58qui est très développée
00:16:59et on se tire la bourre les uns les autres.
00:17:02Donc, il y a ce petit jeu-là aussi
00:17:04qui se met en place au sein de la salle des marchés.
00:17:06Je reviens sur l'année 2007.
00:17:08Cette année-là, vous déclarez 55 millions de gains.
00:17:12Mais en réalité, vous avez réalisé 1,4 milliard de gains financiers
00:17:16que vous dissimulez à votre hiérarchie.
00:17:18Mais comment on fait pour dissimuler 1,4 ?
00:17:20En vrai, on ne dissimule pas.
00:17:22C'est-à-dire qu'évidemment, ça se voit,
00:17:23on ne pouvait pas planquer 1,5 milliard dans le même compte.
00:17:25Il faut savoir une chose, c'est qu'à l'époque, en 2007,
00:17:28on était 1 500 traders dans le monde.
00:17:291 500 traders dans le monde, c'était général.
00:17:32Et 1 500 traders, ça faisait 3 milliards d'euros de résultats.
00:17:35Donc, à mon seul, j'avais fait la moitié de 1 500 traders.
00:17:39Évidemment, cet argent, il est sur le compte.
00:17:40On le voit tous les jours dans les reportings.
00:17:43Il est visible tous les jours dans les reportings.
00:17:45D'ailleurs, mes chefs dans le dossier d'instruction
00:17:46ont reconnu qu'ils avaient vu ce 1,5 milliard en position dans ma trésorerie.
00:17:51Donc, c'est juste facialement, pour la comptabilité,
00:17:54qu'on met un artifice.
00:17:56Mais en vrai, tout le monde le voit.
00:17:57Il n'y a rien qui est vraiment dissimulé.
00:17:58C'est impossible de planquer ce genre de choses
00:18:00sans l'incomplaisance des organes de contrôle et de la direction.
00:18:04Et à ce moment-là, vous êtes vraiment,
00:18:06ce qu'on appelle une poule aux oeufs d'or pour la société générale.
00:18:09Vous enrichissez surtout vos supérieurs hiérarchiques.
00:18:13En fait, vous n'êtes pas si bien payé que ça.
00:18:15Alors, la question que je me pose, c'est pourquoi vous le faites ?
00:18:18Parce que j'ai adoré mon métier.
00:18:19J'ai pris énormément de plaisir à exercer ce que je faisais.
00:18:23Effectivement, quelque part, ça m'a sauvé,
00:18:25notamment dans le dossier PNA qui m'opposait à la banque.
00:18:28Assez rapidement, les magistrats se sont rendus compte
00:18:29qu'il n'y avait pas d'enrichissement personnel
00:18:30et qu'il n'y avait pas de volonté d'enrichissement personnel de ma part.
00:18:34Effectivement, les personnes qui étaient indexées
00:18:36sur ce que je pouvais faire gagner à la banque,
00:18:38c'était mes supérieurs, ce n'était pas moi.
00:18:40Il faut savoir que moi, en 2007,
00:18:42ma dernière année en tant que trader,
00:18:44mon salaire fixe plus mon bonus annuel,
00:18:46c'était 100 000 euros bruts.
00:18:47Donc, on est très loin de l'imaginaire de millions d'euros
00:18:49touchés par les traders pour ce qui me concerne.
00:18:53Par contre, effectivement, mes chefs étaient à plusieurs millions d'euros
00:18:55de bonus en fin d'année
00:18:57sur la base des chiffres que moi, je pouvais ramener par ailleurs.
00:18:59Est-ce que cette volonté, cette énorme charge de travail
00:19:04que vous imposez, cette obligation de résultat,
00:19:06est-ce que ça ne vient pas aussi quelque part du fait
00:19:08que vous êtes un peu un transfuge ?
00:19:10Vous n'avez pas les mêmes diplômes que vos collègues ?
00:19:13Vous êtes issu d'un milieu un peu plus populaire
00:19:16que j'imagine la plupart des traders à la Société Générale.
00:19:20Est-ce que ça, ça vous pousse ?
00:19:22Non, le milieu d'origine dans lequel je viens,
00:19:26ce n'est pas quelque chose qui était un moteur ou une revanche sociale
00:19:30que j'aurais souhaité prendre.
00:19:32Par contre, étant rentré par la petite porte,
00:19:35on m'a fait comprendre assez rapidement
00:19:36que j'avais plus de preuves à faire que les autres,
00:19:38qu'il fallait que je donne plus de moi pour mériter cette place
00:19:41qui nous m'était offerte.
00:19:42Et on m'a fait rapidement comprendre
00:19:43que si je voulais garder cette place,
00:19:46il fallait que je montre l'écrou.
00:19:48Et ce que j'ai fait, j'ai montré l'écrou,
00:19:50ça a plutôt bien marché pendant trois ans.
00:19:51Et surtout, en fait, ça a plutôt bien marché.
00:19:53Et le paradoxe de l'histoire, c'est que quand tout à l'heure,
00:19:57vous vous rappeliez qu'en 2005, quand je commence,
00:20:00on me demande de faire 3 millions d'euros, j'en fais 5,
00:20:02que l'année suivante, on me dit, super, tu as fait 5 à la place de 3,
00:20:05tu feras 5 l'année prochaine, que j'en fais 12.
00:20:08Et à la fin d'année, on me dit, super, tu as fait 12,
00:20:09tu feras 12 l'année prochaine.
00:20:11Finalement, je suis en train de creuser mon propre trou
00:20:12à ce moment-là sans me rendre compte,
00:20:14c'est qu'en dépassant les objectifs tous les ans,
00:20:16ça devient l'objectif de l'année suivante.
00:20:18Et donc, je passe mon temps à courir après le résultat.
00:20:20C'est pour ça que vous ne déclarez pas le 1,4 milliard.
00:20:23Oui, et puis, en fait, après, le 1,4 milliard,
00:20:26c'est quelque chose qui est devenu complètement irréel.
00:20:27C'est-à-dire qu'à ce moment-là,
00:20:29moi, je suis passé dans complètement autre chose.
00:20:31Et si vous voulez, en fait,
00:20:33si on s'extrait du montant qui est énorme,
00:20:361,5 milliard de résultats,
00:20:37les techniques et les pratiques d'une salle des marchés,
00:20:40ce qu'on appelle le carpet,
00:20:41de planquer du résultat pour le transférer sur les années suivantes,
00:20:43c'est quelque chose qui existe tout le temps,
00:20:45ce n'est pas moi qui l'ai inventé,
00:20:46que ce soit le terme ou la pratique, d'ailleurs.
00:20:50Voilà, c'est des choses que j'ai vues.
00:20:52Et ces failles,
00:20:53ces coutumes de la salle des marchés,
00:20:57je ne les ai pas inventées,
00:20:58mais je les ai poussées à leur maximum.
00:21:00Ça, je le reconnais volontiers.
00:21:02Et quand on engrange des sommes démentielles,
00:21:05on parle de 1,4 milliard,
00:21:06dans quel état psychologique,
00:21:09ça vous met, on ressent quoi,
00:21:11un sentiment de toute puissance,
00:21:13d'être intouchable ?
00:21:15Oui, je ne me rends pas compte à ce moment-là,
00:21:17mais effectivement, inconsciemment,
00:21:18il y a un truc qui nous dit
00:21:19« il ne peut plus rien nous arriver ».
00:21:21On est encensé par sa hiérarchie,
00:21:24donc ça, c'est super aussi.
00:21:25C'est quelque chose qui est flatteur,
00:21:27parce qu'il y a, encore une fois,
00:21:28une grosse compétition au sein de la salle des marchés,
00:21:31et quand, tout à coup,
00:21:32vous êtes, du jour au lendemain,
00:21:34vous êtes un nobody que personne ne regarde
00:21:37et à qui personne ne parle,
00:21:39et que, du jour au lendemain,
00:21:40il y a le patron de la salle des marchés
00:21:41qui s'arrête tous les jours
00:21:42pour vous demander combien vous avez fait de chiffres,
00:21:44forcément, ça attire le regard,
00:21:46ça attire sa flatte Lego.
00:21:51Et je pense que, moi,
00:21:53ça a été un des moteurs aussi,
00:21:55une des composantes qui fait que,
00:21:58il y a un côté un peu
00:21:59un sentiment d'intouchable qui peut exister.
00:22:02Et est-ce que vous pouvez nous parler
00:22:04un peu d'addiction,
00:22:05que ça vous rend accro,
00:22:06ces gains, ces pertes,
00:22:08un peu comme un joueur de casino ?
00:22:11Est-ce que vous pouvez nous expliquer
00:22:12les mécanismes de cet engrenage ?
00:22:15C'est ce que je disais tout à l'heure,
00:22:17c'est dépasser les objectifs à chaque fois,
00:22:19et puis se dire,
00:22:20ok, ça va être plus compliqué de le faire l'année prochaine,
00:22:22et d'aimer ce challenge-là,
00:22:24de dépasser l'objectif
00:22:25qui nous est imparti.
00:22:26Et moi, j'ai un souvenir
00:22:28qui est très précis là-dessus,
00:22:31en fait, de cet engrenage.
00:22:33C'est quand,
00:22:35à l'été 2007,
00:22:36ma position qui était perdante
00:22:37devient gagnante tout à coup,
00:22:38où je déboucle une position
00:22:40sur un gain de 500 millions d'euros.
00:22:42Mon premier gros gain,
00:22:43en fait, de 500 millions d'euros,
00:22:44la première position,
00:22:45je me suis fait peur pendant plusieurs mois,
00:22:47mais vraiment, vraiment très, très peur.
00:22:50J'avais 12 millions d'euros à faire,
00:22:52j'en ai fait 500,
00:22:53c'est bon, je suis peinard pour des années,
00:22:55en fait.
00:22:55Je ne pourrais plus rien faire
00:22:57le reste de ma carrière
00:22:58et juste vivre sur ces 500 millions d'euros
00:23:00qui sont faits.
00:23:02Et je me dis, en fait,
00:23:03le lendemain,
00:23:03quand je retourne dans la salle des marchés,
00:23:07parce que plusieurs mois avant,
00:23:08je n'avais pas dormi,
00:23:09je dormais plus du tout,
00:23:09je ne m'alimentais plus,
00:23:11j'étais omnibulé par le marché.
00:23:14Et je me suis vraiment fait peur à ce moment-là,
00:23:15et je me suis dit,
00:23:16ok, je vais prendre du temps, là.
00:23:18Vacances, je vais arriver tard le matin.
00:23:20À 17h30, la clôture des marchés,
00:23:22je rentre à la maison
00:23:22et j'arrête de faire du 22h minuit tous les jours.
00:23:25Et je me rappelle de ce lendemain
00:23:27où j'allume les écrans,
00:23:28le marché ouvre,
00:23:29je vois les courbes qui commencent à bouger
00:23:30et les chiffres qui commencent un petit peu à s'emballer.
00:23:32Et j'ai eu comme un mec qui aimait,
00:23:34mon premier réflexe,
00:23:36c'est de prendre ma souris,
00:23:36de reprendre des positions.
00:23:39Et je me revois dire à l'un de mes courtiers à l'époque,
00:23:42qui savait que j'avais fait 500 millions d'euros,
00:23:45et il me dit, c'est quoi l'objectif ?
00:23:46Je lui dis, non, je vais taper le milliard.
00:23:49Je me revois lui dire, je vais taper le milliard.
00:23:50C'est un challenge que je me mettais,
00:23:52cette volonté de toujours avoir un autre challenge
00:23:53qui arrivait après.
00:23:55Et une fois que j'avais fait le milliard,
00:23:56c'était quoi ?
00:23:56C'était deux, c'était trois, c'était quatre.
00:23:57C'était une fuite en avant, tout simplement.
00:24:00Et qui est aussi encouragée d'une certaine façon
00:24:01par la hiérarchie,
00:24:03qui est là en train de vous dire,
00:24:04il faut continuer à prendre des positions,
00:24:05il y a un marché qui décale,
00:24:06il faut prendre des opportunités.
00:24:07Donc finalement,
00:24:08je n'ai plus le recul nécessaire à ce moment-là
00:24:10pour me dire,
00:24:11ok, tu es en train de partir dans les feuilles, garçon.
00:24:12parce que tout est fait
00:24:14pour me maintenir dans ce tunnel.
00:24:17Est-ce que des joueurs de casino
00:24:18qui dérapent ?
00:24:20Il y a un moment,
00:24:20ils se sont rattrapés par la patrouille,
00:24:23par les chefs de casino.
00:24:25Vous, vous n'avez pas de garde-fous ?
00:24:27Personne vous met de limites ?
00:24:29Non.
00:24:29Il se trouve que sur mes automates de trading,
00:24:31d'ailleurs, ça a été montré lors des procès,
00:24:34toutes mes limites de trading étaient désactivées,
00:24:36c'est-à-dire que je pouvais faire ce que je voulais.
00:24:37Normalement, il y a des limites sur tous les postes.
00:24:39Oui, c'est un environ qui est très sécurisé,
00:24:42une salle de marché.
00:24:43Et un automate de trading,
00:24:44c'est également très sécurisé
00:24:45pour une simple et bonne raison
00:24:46que c'est l'informatique
00:24:47et que l'informatique, parfois,
00:24:48peut bugger et peut s'emballer
00:24:49et envoyer des ordres
00:24:50pour des tailles monstrueuses tout seul.
00:24:53Donc du coup, il y a des sécurités
00:24:54qui existent sur tous les automates de trading.
00:24:56Et il se trouve que sur mes automates,
00:24:58mes chefs avaient désactivé
00:24:59toutes ces sécurités.
00:25:01Voilà.
00:25:01Et donc du coup,
00:25:02il y a aussi cette confiance-là
00:25:03qui a été mise par mes chefs
00:25:05dans l'activité qui était la mienne
00:25:07qui m'a aussi, je pense,
00:25:09inconsciemment conforté là-dedans
00:25:10en me disant
00:25:11« Ok, je fais à peu près ce que je veux. »
00:25:12Vous tombez dans un engrenage
00:25:13et début 2008,
00:25:15vous finissez par engager
00:25:1650 milliards d'euros
00:25:17quand on engage une telle somme.
00:25:20Est-ce que, quelque part,
00:25:22en fait,
00:25:22vous ne cherchiez pas
00:25:23un peu à vous faire prendre ?
00:25:25Pas du tout.
00:25:26Ah non, pas du tout, non.
00:25:28Il faudrait être un peu
00:25:28complètement con pour chercher ça.
00:25:30Mais non, non, pas du tout.
00:25:33Je suis encore dans ce tunnel
00:25:34d'engrenage
00:25:35de « Bon, j'ai fait un meilleur
00:25:365 l'année prochaine,
00:25:37on va continuer. »
00:25:37Et puis, avec ce sentiment
00:25:38de « Il ne peut rien m'arriver,
00:25:40j'ai fait un meilleur 5. »
00:25:41Donc, j'ai de la réserve
00:25:42si jamais il m'arrive quelque chose.
00:25:44Donc, non, non, pas du tout.
00:25:45Ce n'est pas un acte manqué.
00:25:47Pas du tout.
00:25:48C'est marrant
00:25:49parce qu'on va souvent
00:25:49poser la question
00:25:50de savoir si je n'ai pas fait exprès
00:25:52de perdre l'argent, y compris.
00:25:54Je dis « Ben non, je suis bien.
00:25:56Je ne suis pas débile à ce point. »
00:25:57Non, parce que la fuite en avant,
00:25:58après, ça aurait été, je ne sais pas,
00:26:00100 milliards.
00:26:01Nul ne le sait.
00:26:02Nul ne le sait,
00:26:04mais encore une fois,
00:26:05ce n'est pas une question
00:26:05que je me pose,
00:26:06mais effectivement,
00:26:06il y avait cet engrenage
00:26:07et cette fuite en avant
00:26:08qui existait, c'est certain.
00:26:09Donc après, vous vous faites attraper.
00:26:12Vous êtes incarcéré
00:26:13pendant une quarantaine de jours.
00:26:16Il y a un procès.
00:26:17La Société Générale
00:26:18vous réclame 5 milliards d'euros.
00:26:21Vous êtes condamné
00:26:22à les rembourser.
00:26:22Vous êtes aussi condamné
00:26:23à 5 ans de prison,
00:26:24dont 3 fermes.
00:26:26Est-ce que vous pouvez
00:26:27nous raconter
00:26:28votre état d'esprit
00:26:29quand vous vous retrouvez
00:26:30la première nuit en prison ?
00:26:32En 2008, en préventive ?
00:26:34En 2008.
00:26:34Donc en 2008,
00:26:35c'est juste avant la condamnation
00:26:36parce que c'est au tout début
00:26:37du dossier.
00:26:39C'est un choc.
00:26:40C'est un choc
00:26:40et en même temps,
00:26:41paradoxalement,
00:26:42le moment où j'arrive
00:26:43en détention,
00:26:45vu qu'il y avait une traque
00:26:45continue des journalistes
00:26:47et des médias dans Paris,
00:26:50quelque part,
00:26:51je me suis dit
00:26:51« Ok, je suis en sécurité. »
00:26:53Donc, passer le choc
00:26:54de l'incarcération,
00:26:55la violence de l'incarcération,
00:26:56le fait de me retrouver
00:26:57dans ces 9 mètres carrés
00:26:58à l'isolement,
00:27:00ça a été de me dire
00:27:01« Ok, de toute façon,
00:27:01je n'ai pas le choix.
00:27:02Au moins, je suis dans 9 mètres carrés,
00:27:03je suis protégé,
00:27:04d'une certaine façon.
00:27:05Ben écoute,
00:27:05on va faire le point,
00:27:06dans la mesure où tu es contraint
00:27:07d'être ici,
00:27:07on va faire le point
00:27:08sur ce qui s'est passé,
00:27:09on va raconter ses orteils
00:27:10et voir ce qui se passe. »
00:27:11Et donc,
00:27:13ça a été,
00:27:13quelque part,
00:27:16à certains égards,
00:27:17salutaire pour moi
00:27:18à ce moment-là.
00:27:19Parce que ça m'a permis
00:27:20de me poser,
00:27:23je n'avais pas le choix,
00:27:24et de réfléchir
00:27:24à ce qui s'était passé.
00:27:25Après,
00:27:26c'était quelque chose
00:27:26qui était compliqué
00:27:27parce que j'arrivais
00:27:27dans un milieu
00:27:28qui est hyper hostile,
00:27:29qui est la prison,
00:27:30que je ne connaissais
00:27:31absolument pas.
00:27:31Donc,
00:27:31il y avait toutes ces images-là
00:27:33de films
00:27:34qui pouvaient me traverser
00:27:36à ce moment-là
00:27:36en me disant
00:27:36« Ça va être compliqué. »
00:27:39J'ai eu peur,
00:27:40évidemment.
00:27:41à tel point
00:27:43que j'ai mis quelques jours
00:27:44avant de sortir
00:27:45prendre une douche,
00:27:46tellement j'avais peur
00:27:47qu'il m'arrive quelque chose.
00:27:49Donc,
00:27:49tout à la fois,
00:27:50c'était très paradoxal
00:27:51parce que tout à la fois,
00:27:52c'était flippant.
00:27:54J'avais peur.
00:27:54Et en même temps,
00:27:55c'était salutaire
00:27:55parce que ça me permettait
00:27:56de « Ok,
00:27:58je peux me poser,
00:27:59je vais réfléchir
00:27:59à ce qui se passe. »
00:28:00Et une fois que vous avez été condamné
00:28:02à une peine de prison
00:28:04à trois ans en plus,
00:28:05à rembourser 5 milliards ?
00:28:07La première fois,
00:28:08la première condamnation
00:28:08quand ça tombe
00:28:09en octobre 2010,
00:28:10cette condamnation,
00:28:11c'est une énorme déception
00:28:12parce qu'on avait énormément
00:28:13de matières et de témoignages
00:28:15qui prouvaient
00:28:16que ma hiérarchie directe
00:28:18était informée
00:28:18de ce que je faisais,
00:28:19donc l'abus de confiance
00:28:20ne tenait pas.
00:28:20de voir que ces éléments-là
00:28:23sont balayés d'un revers de main
00:28:24par les magistrats,
00:28:25c'était assez surprenant.
00:28:30Désolant aussi pour moi.
00:28:32Et que cette condamnation,
00:28:34la prison,
00:28:35déjà,
00:28:35c'est quelque chose
00:28:36qui est très compliqué,
00:28:38cette condamnation.
00:28:39Et surtout,
00:28:40cette condamnation
00:28:40à rembourser 5 milliards d'euros,
00:28:42c'est ma vie
00:28:43qui vient d'exploser
00:28:43une seconde fois.
00:28:44C'est-à-dire que
00:28:45avec 5 milliards d'euros
00:28:48de dettes
00:28:49au-dessus de la tête,
00:28:49on ne peut plus rien construire,
00:28:50on ne peut plus rien envisager,
00:28:51on ne peut plus...
00:28:53C'est une mort sociale
00:28:53qui nous tombe dessus.
00:28:55Donc ça a été
00:28:55un moment
00:28:56très, très compliqué
00:28:58à accepter
00:29:00et se remobiliser
00:29:02la suite de ça
00:29:02pour partir en appel
00:29:03et recommencer le combat.
00:29:05Ça a été une période
00:29:06qui a été très compliquée
00:29:08de pouvoir se remonter
00:29:09et pouvoir se dire
00:29:10OK, on repart au combat,
00:29:11on se remobilise
00:29:11et retrouver l'énergie
00:29:13de se redresser,
00:29:14tout simplement.
00:29:16Lors du procès
00:29:17en appel,
00:29:18il y a votre supérieur
00:29:19hiérarchique
00:29:20qui est appelé
00:29:21à la barre,
00:29:22qui entre-temps
00:29:22a quitté la Société Générale
00:29:24avec 7 ans de salaire,
00:29:26ce qui est beaucoup.
00:29:27À la barre,
00:29:27il déclare
00:29:28« Si je parle,
00:29:29je dois rendre l'argent
00:29:29que la banque m'a donné. »
00:29:31Pour vous,
00:29:32ça, c'est un aveu
00:29:33de culpabilité
00:29:33que la banque
00:29:34était au courant
00:29:35de vos agissements ?
00:29:36En fait,
00:29:37la banque,
00:29:37vous savez,
00:29:37le point,
00:29:40c'est que la banque
00:29:40avait tout à la fois
00:29:41de tout dire et rien dire.
00:29:42Ce n'est pas
00:29:42un tout monolithique.
00:29:43C'est ce que je me suis
00:29:44évertué à expliquer
00:29:45depuis 17 ans
00:29:46et notamment
00:29:46aux magistrats instructeurs.
00:29:48Ce propos de la banque,
00:29:48ça ne veut rien dire.
00:29:50Ce que je dis,
00:29:50ce n'est pas que Daniel Bouton
00:29:51était informé
00:29:51de ce que je faisais.
00:29:52J'en sais strictement rien.
00:29:53Quelque part,
00:29:53c'est pas mon débat.
00:29:54Daniel Bouton,
00:29:54le président de la...
00:29:55Étoque.
00:29:56Ce n'est pas mon sujet.
00:29:57Moi, ce que je dis,
00:29:58c'est que mes supérieurs
00:29:59hiérarchiques directs
00:30:00avec moi en salle des marchés
00:30:01étaient informés
00:30:02de ce que je faisais.
00:30:03Et donc,
00:30:05ce supérieur
00:30:05qui a touché de l'argent
00:30:07pour se taire,
00:30:08quand effectivement
00:30:09mon avocat de l'époque
00:30:10lui pose la question
00:30:11de savoir ce qui se passe
00:30:12s'il dit
00:30:13ce qu'il sait
00:30:14sur le dossier
00:30:15et que,
00:30:16à ma grande surprise,
00:30:17ce supérieur répond
00:30:18je dois rendre l'argent
00:30:19que la banque m'a donné.
00:30:21Moi, je suis sur ma chaise
00:30:22et je me dis
00:30:22le dossier est gagné,
00:30:23c'est fini.
00:30:24Et dans la seconde,
00:30:26la présidente du tribunal
00:30:27répond à mon avocat
00:30:29à m'être changé de question,
00:30:30monsieur ne peut pas répondre,
00:30:31il a signé un accord
00:30:32de confidentialité.
00:30:33Je comprends
00:30:33dans la même seconde
00:30:34que le dossier est perdu.
00:30:36Et ça a été ça
00:30:36tout du long
00:30:37de la procédure,
00:30:38que ce soit à l'instruction
00:30:39ou pendant les procès.
00:30:40Ce sentiment
00:30:41qui est le mien
00:30:41que la banque
00:30:43et mes supérieurs
00:30:44ont été préservés
00:30:46et protégés
00:30:47de toute accusation
00:30:49et de toute complicité
00:30:50dans le dossier.
00:30:53Donc,
00:30:53votre condamnation
00:30:54elle est confirmée
00:30:55en appel
00:30:55et là,
00:30:56à ce moment-là,
00:30:57vous devenez
00:30:58le symbole
00:31:00des dérives
00:31:00de la finance,
00:31:01même un peu
00:31:02une sorte de trader
00:31:03repenti.
00:31:05On vous voit
00:31:05aux côtés
00:31:06d'hommes politiques
00:31:06comme Julien Bayot,
00:31:08Nicolas Dupont-Aignan,
00:31:10même Jean-Luc Mélenchon.
00:31:11Vous participez
00:31:12à la fête de l'humanité.
00:31:13Est-ce que là,
00:31:14vous vous sentez
00:31:14un peu investi
00:31:16d'une mission ?
00:31:17Pas du tout.
00:31:18Pas du tout.
00:31:19Il se trouve que
00:31:19le dossier
00:31:20et le combat judiciaire
00:31:21dans lequel je suis,
00:31:22il y a forcément
00:31:23une composante communication.
00:31:26On voit que judiciairement,
00:31:27il y a une omerta
00:31:28et une volonté
00:31:28de ne pas instruire
00:31:29contre la banque,
00:31:30de protéger la banque
00:31:31dans l'instruction.
00:31:31À ce moment-là,
00:31:32je ne comprends pas pourquoi.
00:31:33Mais je sens bien
00:31:34qu'il y a un mur
00:31:34en face de moi
00:31:35que je n'arrive pas
00:31:36à fendre et à passer.
00:31:38Et que forcément,
00:31:38dans ce genre de dossiers
00:31:39qui sont aussi politiques,
00:31:41l'opinion publique
00:31:41est prise à partie,
00:31:43ça peut faire bouger les lignes.
00:31:44Et pour faire bouger les lignes,
00:31:45il y a un moyen,
00:31:46c'est le monde politique.
00:31:49D'autant qu'à l'époque,
00:31:50on se rend compte
00:31:51qu'il y avait un enjeu
00:31:51de finances publiques
00:31:52dans le dossier.
00:31:54On a appris
00:31:54quelques années
00:31:55après l'éclatement de l'affaire
00:31:56que la banque,
00:31:57la Société Générale,
00:31:58avait touché 2,2 milliards d'euros
00:31:59de crédit d'impôt.
00:32:00On se rend compte
00:32:01que ces 2 milliards d'euros
00:32:02n'étaient pas dus.
00:32:03Et que du coup,
00:32:05ce que nous avons fait
00:32:06avec mon équipe de défense,
00:32:07c'est d'écrire
00:32:08à tous les députés,
00:32:09à tous les sénateurs...
00:32:09Ils ne sont pas dus...
00:32:11Ils étaient dus
00:32:12que si vous étiez condamné
00:32:13tout seul ?
00:32:14Oui.
00:32:14Sauf qu'en 2008,
00:32:17quand le chèque est fait,
00:32:19avant tout jugement,
00:32:19qu'est-ce qu'on en sait
00:32:20que je dois être condamné tout seul ?
00:32:22Personne ne le sait.
00:32:24Voilà.
00:32:24La problématique est là.
00:32:25Donc il y a déjà eu
00:32:25un préjugement
00:32:26de la part de Bercy
00:32:27à ce moment-là.
00:32:28Et on se rend compte
00:32:28que tout le dossier
00:32:29a été construit
00:32:29à partir de là.
00:32:30D'ailleurs,
00:32:30c'est un assistant spécialisé
00:32:31qui travaille au Parquet de Paris
00:32:33qui le mentionne
00:32:34dans un de ses rapports
00:32:35que la Société Générale
00:32:36a intérêt à ce que
00:32:36je sois condamné tout seul
00:32:37pour justement
00:32:38faire activer
00:32:39ce qu'on appelle
00:32:40un carry-back,
00:32:41de pouvoir récupérer
00:32:41un crédit d'impôt
00:32:42de 2 milliards d'eux.
00:32:43Au final,
00:32:44ils ne les ont pas récupérés ?
00:32:46Ils sont toujours
00:32:47dans leur bilan,
00:32:47je crois,
00:32:47de mémoire.
00:32:48La dernière fois,
00:32:49j'ai contrôlé,
00:32:49c'était dans leur bilan.
00:32:50Je n'ai pas regardé depuis,
00:32:51mais la dernière fois,
00:32:51c'était le cas.
00:32:52Et il y a eu ce débat
00:32:53qui a perduré
00:32:54jusqu'en 2016,
00:32:56où François Hollande,
00:32:58président,
00:32:59s'était repenché
00:32:59sur le sujet
00:33:00de ces 2 milliards d'eux.
00:33:02Et donc,
00:33:02pour revenir sur votre question
00:33:03sur les politiques,
00:33:04nous,
00:33:07il y a eu des hommes politiques
00:33:08une caisse de raison
00:33:08sur le dossier.
00:33:10Et puis,
00:33:11cette petite gourmandise
00:33:12de se dire,
00:33:12en plus,
00:33:13ils se sont fait 2 milliards d'eux
00:33:13sur mon cul,
00:33:14passez-moi l'expression,
00:33:15on va peut-être aller chercher
00:33:16cet argent.
00:33:17Et donc,
00:33:18on a mobilisé
00:33:18tous les hommes politiques,
00:33:21de droite comme de gauche,
00:33:22en disant,
00:33:23les gars,
00:33:23vous cherchez de l'argent,
00:33:24ça tombe bien,
00:33:24il y a 2 milliards d'eux à récupérer.
00:33:26Et parmi les premières personnes
00:33:27qui ont répondu présentes
00:33:28à cet appel,
00:33:29il y a eu Jean-Luc Mélenchon,
00:33:30Julien Bayou,
00:33:31vous en avez parlé,
00:33:32Edouard Philippe a également
00:33:33posé des questions
00:33:33à l'Assemblée nationale
00:33:34sur le sujet.
00:33:35Et donc,
00:33:35il y a eu ce travail de lobbying
00:33:36auprès des hommes politiques,
00:33:38de droite comme de gauche,
00:33:39il n'y a pas de côté partisan
00:33:40dans la démarche.
00:33:42Et donc,
00:33:42il y avait aussi cet intérêt
00:33:43de caisse de résonance médiatique
00:33:45par ces hommes politiques
00:33:46qui nous permettait
00:33:48de mettre la lumière
00:33:48sur un dysfonctionnement
00:33:49du dossier.
00:33:51Voilà la raison
00:33:51pour laquelle
00:33:52on a pu me voir
00:33:54à certains moments
00:33:54aux côtés
00:33:55de certains d'entre eux.
00:33:56Je continue votre histoire.
00:33:57En 2014,
00:33:59vous vous rendez à Rome
00:34:00pour rencontrer
00:34:01le pape François,
00:34:02le pape qui s'était engagé
00:34:04publiquement
00:34:05contre les dérives
00:34:06du monde de la finance.
00:34:07Vous arrivez
00:34:08à échanger avec lui ?
00:34:09En fait,
00:34:10le départ
00:34:10de cette rencontre,
00:34:12c'est,
00:34:13comme je disais tout à l'heure,
00:34:14il y a des moments
00:34:14où on reprend confiance
00:34:15dans le dossier.
00:34:16On se dit,
00:34:17ok,
00:34:17on va y arriver.
00:34:18On a de nouveaux témoignages,
00:34:19de nouveaux éléments
00:34:19qui arrivent.
00:34:21Donc,
00:34:21il y a des moments
00:34:21où on se dit,
00:34:22le procès,
00:34:22on va le gagner.
00:34:23Et finalement,
00:34:23la condamnation tombe
00:34:24avec ce sens
00:34:26sentiment que
00:34:27on n'y arrivera jamais.
00:34:28Que,
00:34:29quels que soient
00:34:29les éléments
00:34:29qu'on peut apporter,
00:34:31la réponse sera toujours non.
00:34:32C'est un débat actuel
00:34:33depuis la condamnation
00:34:34de Marine Le Pen.
00:34:36Je rigole
00:34:37quand je les entends
00:34:38les uns et les autres
00:34:38se plaindre
00:34:39d'un dysfonctionnement judiciaire.
00:34:41Ça arrive tous les jours,
00:34:42les gars.
00:34:43Pardon.
00:34:44Ça ne vous aime pas
00:34:45par ailleurs
00:34:45le reste du temps,
00:34:46sauf quand ça vous touche.
00:34:48Il y a un côté
00:34:48un peu exaspérant
00:34:49chez les uns
00:34:50comme chez les autres.
00:34:50Il n'y a pas
00:34:50de dysfonctionnement judiciaire
00:34:52dans le...
00:34:52C'est ce qu'ils présentent,
00:34:53néanmoins,
00:34:56et que les décisions
00:34:56étaient prises avant.
00:34:58Et donc,
00:34:58il y a des moments
00:34:59où on reprend confiance
00:35:00dans...
00:35:01dans...
00:35:02dans...
00:35:03dans l'avenir.
00:35:04Dans le fait
00:35:05qu'un nouveau témoin
00:35:06est en train d'arriver,
00:35:07ce qui va dire,
00:35:07ça va nous permettre
00:35:08de gagner ce dossier.
00:35:09Et finalement,
00:35:09c'est l'élément nouveau
00:35:10qui est énorme
00:35:11et balayé d'un revers de main
00:35:12sans qu'il soit observé,
00:35:13débattu
00:35:14ou qu'une enquête
00:35:15soit ordonnée.
00:35:17Et donc,
00:35:17il y a des moments,
00:35:18on n'y croit plus.
00:35:19Et en 2013,
00:35:21il y a eu un revirement
00:35:22qui s'est passé.
00:35:23C'est la cheville ouvrière
00:35:24de l'enquête,
00:35:25la commande de police
00:35:25Nathalie Leroy,
00:35:26qui reprend son enquête
00:35:27et se rend compte
00:35:28qu'elle s'est trompée
00:35:28quatre ans avant
00:35:29et qui va le dire
00:35:30à un juge d'instruction.
00:35:32Et ça,
00:35:32pour moi,
00:35:32c'est un point de bascule.
00:35:33Je me dis,
00:35:34OK,
00:35:34quand une commande de police
00:35:36de la brigade financière
00:35:36va dire à un juge d'instruction,
00:35:37je me suis fait me manipuler
00:35:38par la banque,
00:35:40il y a des chances
00:35:40que ça rouvre le dossier.
00:35:41Et en fait,
00:35:42non,
00:35:42ça ne rouvre pas le dossier.
00:35:43Donc,
00:35:43c'est justement,
00:35:44c'est la personne
00:35:44qui vous a interrogé
00:35:46à plusieurs reprises
00:35:46qui m'a eu en garde d'avis,
00:35:47surtout en 2008,
00:35:48qui a fait toute l'enquête.
00:35:49Et donc,
00:35:50cinq ans après,
00:35:50elle reprend son enquête,
00:35:51elle se rend compte
00:35:51qu'elle s'est trompée.
00:35:52Elle va le dire
00:35:52à un juge d'instruction
00:35:53et le juge d'instruction
00:35:54nous promet à ce moment-là
00:35:55de faire des enquêtes.
00:35:56En disant,
00:35:56une commande de police
00:35:58de la brigade financière
00:35:59qui vient me dire
00:35:59qu'elle s'est fait manipuler
00:36:00et qu'elle assume
00:36:02cette erreur,
00:36:04je ne peux pas laisser
00:36:05le truc en état,
00:36:08il faut que je reprenne
00:36:09toute l'enquête.
00:36:09Et il nous promet
00:36:10certains actes d'enquête
00:36:11à ce moment-là
00:36:12et on attend un mois,
00:36:14deux mois,
00:36:14trois mois
00:36:15et les ordonnances
00:36:16n'arrivent pas.
00:36:17Ils ne leur donnent pas
00:36:18d'expertise,
00:36:19ils ne leur donnent rien
00:36:19du tout
00:36:19de ce qu'ils nous avaient promis.
00:36:21Et un vendredi soir
00:36:22en début 2014,
00:36:24quelques mois après,
00:36:25mon avocat m'appelle
00:36:26un vendredi soir
00:36:26pour me dire
00:36:27on vient de recevoir
00:36:28une ordonnance du juge,
00:36:29il refuse tout
00:36:29ce qu'il nous avait promis.
00:36:31Et donc là,
00:36:31c'est des mois d'espoir
00:36:33que j'ai nourris
00:36:33qui viennent d'exploser
00:36:35en une seconde.
00:36:37Et forcément,
00:36:38il y a des moments
00:36:39où on n'y croit plus,
00:36:40des moments où on a envie
00:36:41que ça s'arrête,
00:36:41des idées noires
00:36:42qui peuvent nous traverser
00:36:42la tête.
00:36:44Et il y a eu ce moment
00:36:44où mon avocat à l'époque
00:36:46avait peur que je fasse
00:36:47une connerie.
00:36:48Il me dit
00:36:49de quoi tu as besoin,
00:36:49je lui réponds d'un miracle.
00:36:50Qu'est-ce que vous appelez
00:36:51une connerie ?
00:36:52Maitre fin à mes jours.
00:36:54C'est quelque chose
00:36:55qui vous a traversé
00:36:55l'esprit ?
00:36:56Plusieurs fois.
00:36:58Que j'ai failli faire par ailleurs
00:36:59et qui m'a traversé l'esprit
00:37:00plusieurs fois,
00:37:01forcément,
00:37:01parce qu'il y avait
00:37:01des moments de désespoir,
00:37:02des moments
00:37:02des plus fragiles aussi.
00:37:05Et donc,
00:37:06il a peur
00:37:06que je fasse cette connerie
00:37:08et il me dit
00:37:08de quoi tu as besoin
00:37:09et je réponds
00:37:09machinellement d'un miracle
00:37:10parce que je ne crois plus
00:37:12en rien.
00:37:12Il me répond
00:37:13pourquoi tu n'écris pas au pape
00:37:14et là,
00:37:14je raccroche en me disant
00:37:15bon,
00:37:15c'est pas le moment
00:37:16de te foutre de ma gueule.
00:37:16Et j'ai raccroché,
00:37:17j'ai passé le week-end
00:37:18chez moi enfermé
00:37:19à broyer du noir
00:37:20et à réfléchir
00:37:21à tout ce qui venait
00:37:21de se passer,
00:37:23à chercher des points d'ancrage
00:37:23pour essayer de me remonter
00:37:24et me dire
00:37:25ok,
00:37:25on repart en combat
00:37:25encore une nouvelle fois.
00:37:27Et je repense
00:37:28à cette discussion
00:37:28avec cet avocat
00:37:29le vendredi soir,
00:37:30je me refaisais
00:37:30cette discussion
00:37:31en boucle dans la tête
00:37:32et je me disais
00:37:34à ce moment-là
00:37:34de quoi j'ai besoin
00:37:35et ce dont j'ai eu besoin
00:37:37c'était de retourner
00:37:38vers d'où je viens.
00:37:40Les valeurs
00:37:41qui étaient les miennes,
00:37:42l'éducation
00:37:43qui a été la mienne,
00:37:45de revenir aux origines
00:37:45tout simplement
00:37:46de la Bretagne
00:37:48où je suis né
00:37:48et j'ai grandi
00:37:50dans cette religion catholique.
00:37:52Je ne suis pas pratiquant
00:37:52mais je suis croyant
00:37:53et je me suis dit
00:37:55c'était ça
00:37:55dont j'ai besoin.
00:37:56Et effectivement
00:37:57le pape François
00:37:57qui venait d'être élu
00:37:58à l'époque
00:37:58avait en plus
00:38:00cette volonté
00:38:04de mettre au centre
00:38:05de son mandat
00:38:06la tyrannie
00:38:07des marchés financiers.
00:38:08Et je me dis
00:38:09ok, tout ça
00:38:09ça a du sens.
00:38:10J'ai besoin de ça,
00:38:11je ne sais pas pourquoi
00:38:11mais j'ai besoin
00:38:12d'une rencontre avec lui.
00:38:14Et donc j'ai commencé
00:38:15à écrire une lettre
00:38:16au Saint-Père
00:38:17pendant le week-end
00:38:17et le lundi suivant
00:38:18je suis allé au cabinet
00:38:19de mon avocat
00:38:19en me disant
00:38:21tiens on a écrit ça
00:38:21on va faire ça.
00:38:22Il me dit
00:38:23c'est quoi
00:38:23si il y a la lettre
00:38:23pour le pape ?
00:38:24Il me dit
00:38:24non mais je déconnais
00:38:24je dis
00:38:24bah non
00:38:25du coup on va le faire.
00:38:26Et on s'est mis à travailler
00:38:28tous les deux là-dessus
00:38:28et la rencontre
00:38:30s'est faite
00:38:30quelques jours après
00:38:31grâce à un de vos confrères
00:38:32qui s'appelait Arnaud Bédame
00:38:34malheureusement
00:38:35il est décédé
00:38:36il y a quelque temps
00:38:36et Arnaud a été
00:38:38un des
00:38:39grands artisans
00:38:42de cette rencontre
00:38:43et donc quelques jours
00:38:44après on est
00:38:45arrivés à Rome
00:38:46la rencontre
00:38:47était pour moi
00:38:48libératrice
00:38:49salvatrice
00:38:50il n'y a rien de mystique
00:38:52dans le propos
00:38:52qu'est mien
00:38:53c'est
00:38:53je ne sais pas
00:38:55c'est les mots
00:38:56qui m'ont été dit
00:38:59m'ont rassuré
00:38:59m'ont fait du bien
00:39:00m'ont libéré
00:39:01de pas mal de choses aussi
00:39:02que ce soit
00:39:03les mots
00:39:04échangés avec le Saint-Père
00:39:05ou avec
00:39:06les personnes
00:39:08qui l'entourent
00:39:09au Vatican
00:39:10c'est quelque chose
00:39:11que vous gardez pour vous
00:39:12ça c'est un
00:39:12ça c'est un
00:39:13pour moi
00:39:13c'est encore aujourd'hui
00:39:14un point d'ancrage
00:39:15c'est à dire que
00:39:15quand dans ma vie
00:39:15au quotidien
00:39:16j'ai quelque chose
00:39:17qui ne va pas
00:39:17que je sais
00:39:19que je vais partir
00:39:22dans un processus
00:39:22où j'ai broyé
00:39:23du noir ou autre
00:39:24la première image
00:39:25qui m'avait bien
00:39:25c'est cette image
00:39:26du Saint-Père
00:39:27et l'échange
00:39:28que nous avons eu
00:39:28et ça ça me fait redescendre
00:39:30tout de suite
00:39:30ça a devenu un point d'ancrage
00:39:31pour moi
00:39:32j'ai pas honte de le dire
00:39:33que cet échange là
00:39:35et ce moment là
00:39:35m'a sauvé
00:39:37et ce qui s'est passé
00:39:38par la suite
00:39:38qui a été en fait
00:39:39le début
00:39:39finalement cette rencontre
00:39:41c'est le prémice
00:39:41de ce que j'appelle moi
00:39:42ma renaissance italienne
00:39:43c'est qu'un pari
00:39:46avait été fait
00:39:46que si la rencontre
00:39:47se faisait
00:39:47je rentrais à pied
00:39:48et donc j'ai décidé
00:39:50de rentrer à pied
00:39:50de Rome
00:39:51et cette marche
00:39:52finalement m'a complètement
00:39:53fini de me libérer
00:39:55de tout ce que
00:39:56je pouvais avoir
00:39:58porté en moi
00:39:59pendant des années
00:39:59de procédure judiciaire
00:40:00ça m'a permis
00:40:01là aussi
00:40:02de faire le point
00:40:02j'ai découvert
00:40:04que la marche
00:40:04c'était méditatif
00:40:05j'ai fait le point
00:40:07je me suis pardonné
00:40:08j'ai pardonné aussi
00:40:09aux gens qui m'ont
00:40:09trahi par ailleurs
00:40:10parce que pendant des années
00:40:11j'avais nourri de la colère
00:40:12vis-à-vis de mes anciens collègues
00:40:13notamment
00:40:13qui ont touché de l'argent
00:40:14pour se taire
00:40:15donc il y avait
00:40:16beaucoup de colère
00:40:17en moi
00:40:17et toute cette période-là
00:40:19et cette marche
00:40:21initiatique
00:40:22d'une certaine façon
00:40:22m'ont complètement libéré
00:40:24de ces années
00:40:26de frustration
00:40:26et de colère
00:40:27ça me fait penser
00:40:28à une phrase
00:40:29de la Bible
00:40:30il est plus facile
00:40:32pour un chameau
00:40:32de passer par le chat
00:40:33d'une aiguille
00:40:34que pour un riche
00:40:35d'atteindre le royaume des cieux
00:40:36ouais
00:40:37il aurait pu vous dire ça
00:40:39le pape
00:40:39c'est pas ça
00:40:40qu'il m'a dit pour autant
00:40:40mais bien essayé
00:40:43mais effectivement
00:40:44le contenu
00:40:45et l'échange
00:40:46entre moi
00:40:47et le Saint-Père
00:40:48c'est quelque chose
00:40:48que je garde précieusement
00:40:49par-devers moi
00:40:49parce que c'est un peu
00:40:51mon cadeau
00:40:51que la vie m'a fait
00:40:53c'est quelque chose
00:40:54que j'ai pas envie de partager
00:40:55parce que c'est tellement personnel
00:40:56ce que j'ai ressenti
00:40:57à ce moment-là
00:40:57et ce que ça a pu déclencher
00:40:58en moi par la suite
00:40:59que c'est quelque chose
00:41:01que je garde précieusement
00:41:01et c'est juste la seule question
00:41:02à laquelle je réponds jamais
00:41:03parce que
00:41:04c'est mon petit bijou
00:41:06à moi
00:41:07et ce retour
00:41:08cette marche
00:41:09vous rentrez de Rome
00:41:11à Paris
00:41:11en marchant
00:41:12il y a un côté
00:41:13un petit peu
00:41:14pèlerinage
00:41:15c'est quoi ?
00:41:16c'est un coup de com'
00:41:17ou c'est pour expier
00:41:18vos...
00:41:19ah non
00:41:19à la base
00:41:20c'est pas du tout
00:41:21un coup de com'
00:41:22pour tout vous dire
00:41:23le premier soir
00:41:26quand je prends
00:41:28la décision
00:41:29de rentrer
00:41:30à pied
00:41:31mon premier réflexe
00:41:33ça a été de regarder
00:41:34le chemin
00:41:35qu'il y avait à faire
00:41:36c'est ma première réflexion
00:41:37de s'advenir
00:41:37plus c'est loin
00:41:38j'avais pas du tout
00:41:40la condition physique
00:41:41on était en plein hiver
00:41:42de surcroît
00:41:42j'ai mis plusieurs jours
00:41:44tous les jours
00:41:44je me disais
00:41:45je pars demain
00:41:45je pars demain
00:41:45je pars demain
00:41:46puis je partais jamais
00:41:47je repoussais
00:41:47j'avais pas envie
00:41:48et il y a un matin
00:41:49je me suis dit
00:41:50si je pars pas aujourd'hui
00:41:51je partirai jamais
00:41:51et donc j'ai commencé
00:41:53à marcher
00:41:53et il y a ce moment
00:41:55qui est juste
00:41:55assez dingue
00:41:56c'est à dire que
00:41:57j'ai eu mal toute la journée
00:41:57le premier jour de marche
00:41:59j'ai regardé où est-ce que j'étais
00:41:59j'étais encore dans Rome
00:42:00le soir même
00:42:01j'ai même pas encore quitté Rome
00:42:02alors que j'avais mal partout
00:42:03et forcément
00:42:04je me dis
00:42:05je vais jamais y arriver
00:42:06à ce moment là
00:42:07donc les premières semaines
00:42:09ont été très compliquées
00:42:10donc c'était pas du tout
00:42:11dans l'idée de médiatiser
00:42:12de faire un coup de com
00:42:13parce que je savais même
00:42:14pas moi-même
00:42:15si je pourrais le finir
00:42:15ou continuer cette marche
00:42:17quand l'un de vos confrères
00:42:18qui s'appelle Ariel Wiesman
00:42:19me contacte
00:42:20parce qu'il a eu vent
00:42:20de ce que je suis en train de faire
00:42:21parce que dans mon toit
00:42:23il y a quelqu'un
00:42:23qui a vendu la mèche
00:42:24il m'appelle
00:42:25et il me dit
00:42:25j'aimerais courir
00:42:27je trouve l'idée intéressante
00:42:28j'aimerais courir
00:42:28ce que tu es en train de faire
00:42:29et forcément
00:42:31moi la question se pose
00:42:32de dire ok
00:42:32est-ce que j'ai vraiment envie
00:42:34de médiatiser ça
00:42:34parce que si je médiatise
00:42:35il faut que je finisse la marche après
00:42:36j'ai plus le choix
00:42:37sinon je passe pour un con
00:42:38donc c'est un vrai pari
00:42:40qui est en train de se dérouler
00:42:42et je finis par accepter
00:42:43au bout de quelques jours
00:42:44et moi à ce moment là
00:42:46je prends de plus en plus
00:42:47l'habitude de marcher
00:42:47par ailleurs
00:42:48et que
00:42:49ça prend
00:42:51ça marche
00:42:52médiatiquement
00:42:53les gens sont intéressés
00:42:54par le chemin
00:42:56qui est le mien
00:42:57et moi je suis de mieux en mieux
00:42:59physiquement
00:43:00et plus habitué
00:43:01donc tout ça va bien
00:43:02à peu près
00:43:02et là on comprend
00:43:03qu'en fait
00:43:04on a potentiellement
00:43:05un outil de communication
00:43:05qui est juste exceptionnel
00:43:06entre les mains
00:43:06qui s'est créé comme ça
00:43:07mais qui n'était pas prévu
00:43:09dès le départ
00:43:10parce que là on a l'impression
00:43:11vraiment que vous êtes
00:43:12un martyr de la finance
00:43:14vous avez ce sentiment là ?
00:43:15non pas du tout
00:43:16mais même encore aujourd'hui
00:43:17je n'ai pas l'impression
00:43:18d'être un martyr de la finance
00:43:19non non
00:43:20mais je suis juste
00:43:21en train de
00:43:22moi de vivre
00:43:24une expérience personnelle
00:43:25qui est juste énorme
00:43:27je suis en train
00:43:27de me retrouver
00:43:28encore une fois
00:43:28je passe plus de temps
00:43:30à marcher tout seul
00:43:31qu'à avoir du monde
00:43:31autour de moi
00:43:32et c'est le moment de solitude
00:43:33où je fais le point
00:43:34avec moi-même
00:43:35finalement
00:43:35ce dont je me rends compte
00:43:36c'est qu'en marchant
00:43:37comme ça
00:43:37c'est très méditatif
00:43:38et j'aime cette expression
00:43:40où finalement
00:43:41on se rend compte
00:43:41qu'on pense avec les pieds
00:43:43on pense avec les pieds
00:43:45pendant ces moments là
00:43:45et moi ça m'a libéré
00:43:48de beaucoup de choses
00:43:49ça m'a apaisé
00:43:50ça m'a donné une autre vision
00:43:52de ma vie
00:43:53ça a donné une autre vision
00:43:54du combat qui était le mien
00:43:55sur le plan judiciaire
00:43:57et pour tout vous dire
00:43:59en fait
00:43:59à l'issue de cette marche
00:44:00quand je me fais interpeller
00:44:01à la frontière à Menton
00:44:02je suis tellement apaisé
00:44:05que je n'ai même pas peur
00:44:05d'y retourner en prison
00:44:06en fait
00:44:06c'est-à-dire que
00:44:07le chemin psychologique
00:44:09que j'ai fait
00:44:09pendant ces quelques mois
00:44:11de marche
00:44:11m'ont complètement rassuré
00:44:14et rendu à l'aise
00:44:15avec moi-même
00:44:15et au clair avec moi-même
00:44:16il y a des gens
00:44:17qui vous rejoignent aussi
00:44:19sur la route
00:44:19ce soutien populaire
00:44:20j'imagine qu'il doit vous galvaniser
00:44:22c'est quelque chose
00:44:22qui est super rassurant
00:44:23c'est de se dire
00:44:24que le combat qui est le mien
00:44:25il y a d'autres
00:44:25qui le portent avec moi
00:44:26et on se sent moins seul
00:44:27évidemment
00:44:27donc c'est quelque chose
00:44:28qui est évidemment
00:44:30un plus dans l'histoire
00:44:31et c'est pendant cette marche
00:44:33que vous apprenez
00:44:34que la cour de cassation
00:44:36casse l'arrêt
00:44:37de la cour d'appel
00:44:38et annule
00:44:39les 5 milliards
00:44:40votre dette de 5 milliards
00:44:42ça doit mettre
00:44:43un coup de boost aussi
00:44:43la peine de prison
00:44:45est confirmée
00:44:45donc on sait
00:44:47qu'on va partir en prison
00:44:47donc ça c'est un peu compliqué
00:44:48et en même temps
00:44:50il y a pas mal de choses
00:44:51qui se passent
00:44:51les 5 milliards d'euros
00:44:52qui sont cassés
00:44:53cette épée de Damoclès
00:44:55cette mort sociale
00:44:55qui était annoncée
00:44:56finalement elle est
00:44:57un petit peu enlevée
00:44:58puis en même temps
00:44:58ces 5 milliards d'euros
00:44:59où entre 2010
00:45:01et 2014
00:45:03l'arrêt de la cour de cassation
00:45:04il y a 4 ans
00:45:04qui se sont écoulés
00:45:05où j'avais ces 5 milliards d'euros
00:45:07sur la tête
00:45:07où j'ai eu des actes d'huissier
00:45:09de saisie
00:45:09à 5 milliards d'euros
00:45:10quand vous avez
00:45:11l'acte d'huissier
00:45:11qui vient à votre porte
00:45:12et qui votent un acte
00:45:13avec marqué 5 milliards d'euros
00:45:14ça fait bizarre croyez-moi
00:45:15et donc il y a ces 4 ans
00:45:17où j'ai dû appréhender
00:45:18et vivre
00:45:19avec cette épée de Damoclès
00:45:20au-dessus de la tête
00:45:21donc finalement
00:45:22je l'avais intégré
00:45:23ça faisait partie de moi
00:45:24au final à la fin
00:45:25ce que je vois surtout
00:45:26en fait quand ça casse
00:45:27les 5 milliards d'euros
00:45:28c'est de me dire
00:45:28ok ça me laisse
00:45:29la possibilité
00:45:30de rouvrir un front
00:45:31et de redemander
00:45:32une expertise financière
00:45:33comme nous n'avons jamais eu
00:45:34c'est surtout ça que je vois
00:45:36je vois à ce moment-là
00:45:37l'intérêt
00:45:37sur le plan judiciaire
00:45:39mais pas sur le plan personnel
00:45:40et pécunier
00:45:41je reviens à la suite
00:45:43du feuilleton judiciaire
00:45:45donc il y a le témoignage
00:45:47de la policière
00:45:47de la brigade judiciaire
00:45:48Nathalie Leroy
00:45:49il y a l'enregistrement
00:45:50d'une procureure
00:45:52qui confirme
00:45:52que la banque
00:45:53était au courant
00:45:54de vos agissements
00:45:55ouais ça va même
00:45:56plus loin que ça
00:45:57c'est à dire que
00:45:58dans cet enregistrement
00:45:59la procureure déclare
00:46:00qu'elle a eu
00:46:01des instructions
00:46:02pour instruire à charge
00:46:02pas à décharge
00:46:03et qu'il fallait tuer
00:46:04Kerviel
00:46:05et qu'il fallait protéger
00:46:06la banque
00:46:06quand j'entends
00:46:08la banque dure 45 minutes
00:46:09elle donne des noms
00:46:10des dates
00:46:10là encore
00:46:12une nouvelle fois
00:46:13quand j'entends
00:46:13le contenu de l'enregistrement
00:46:14à ce moment là
00:46:14je me dis
00:46:15le dossier est fini
00:46:15on parle de coût
00:46:19là vous espérez
00:46:20être blanchi
00:46:22ou voir un non lieu
00:46:23j'ai la procureure
00:46:24qui est en charge du dossier
00:46:25qui dit que le dossier est truqué
00:46:26qu'elle a eu des instructions
00:46:27je sais pas ce qu'il faut de plus
00:46:29en fait
00:46:29voilà
00:46:30je me dis
00:46:31que le dossier est fini
00:46:32que sur la fois
00:46:33de cet enregistrement
00:46:34et de ce contenu
00:46:35c'est le point de bascule
00:46:36que j'attends
00:46:37depuis des années
00:46:37parce que du coup
00:46:38les éléments à charge
00:46:40contre la banque
00:46:41s'accumulent
00:46:42c'est même plus
00:46:42s'accumulent
00:46:42c'est à dire que
00:46:43vous entendez l'enregistrement
00:46:44vous vous posez même plus
00:46:45la question en fait
00:46:46vous ne vous posez plus
00:46:47la question
00:46:48et la grosse frustration
00:46:50aujourd'hui
00:46:51c'est de voir que
00:46:52sur la base de ces éléments
00:46:53rien ne se passe
00:46:55c'est que la justice
00:46:56refuse de dérouler le dossier
00:46:58malgré les éléments
00:46:59et en même temps
00:46:59je comprends
00:47:00c'est compliqué
00:47:00de s'auto-incriminer
00:47:01alors quand même
00:47:02en 2016
00:47:03juste pour rappeler
00:47:05le dernier jugement
00:47:06donc c'est la cour d'appel
00:47:07de Versailles
00:47:08qui reconnaît
00:47:09pour la première fois
00:47:10la responsabilité
00:47:11de la société générale
00:47:12dans cette affaire
00:47:13et elle divise
00:47:14par 100 000
00:47:15le montant
00:47:16des dommages d'intérêt
00:47:16que vous devez verser
00:47:17ouais mais ça ne veut plus
00:47:18rien dire ça en fait
00:47:18et paradoxalement
00:47:19pourquoi un million d'euros
00:47:20enfin je passe du 4,9 milliards
00:47:22à un million
00:47:22ouais c'est l'euro symbolique
00:47:24du dossier quoi
00:47:25ok
00:47:25à l'échelle du dossier
00:47:26c'est l'euro symbolique
00:47:28sauf que
00:47:29un million d'euros
00:47:29paradoxalement
00:47:31c'est plus compliqué
00:47:31de rembourser
00:47:32pour moi c'est plus compliqué
00:47:34d'être redevable
00:47:35d'un million d'euros
00:47:35que de 4,9 milliards
00:47:364,9 milliards
00:47:36c'est irrecouvrable
00:47:37c'est irréel
00:47:38c'est inenvisageable
00:47:40un million ça allait
00:47:41donc finalement
00:47:41c'est une mauvaise nouvelle
00:47:43pour moi
00:47:43même si effectivement
00:47:44vous préférez être condamné
00:47:46à rembourser 5 milliards
00:47:47ça revient même
00:47:48ça revient même
00:47:49le million d'euros en question
00:47:50fait 10% d'intérêt par an
00:47:51je suis un million 6
00:47:52un million 7 aujourd'hui
00:47:53voilà
00:47:54c'est quelque chose
00:47:55qui est tout aussi compliqué
00:47:57pour moi à rembourser
00:47:57que 4,9 milliards
00:47:58et avec ce désavantage
00:48:00de dire que
00:48:01l'intérêt
00:48:02et évidemment
00:48:03on a parlé tout à l'heure
00:48:04l'aspect médiatique
00:48:06est important
00:48:06dans le dossier
00:48:07parce que sans l'opinion publique
00:48:08et sans vous
00:48:09caisse de résonance médiatique
00:48:10les journalistes
00:48:12on peut pas faire avancer
00:48:13et c'est dire l'opinion publique
00:48:14pour attendre quelque chose
00:48:15de ce dossier
00:48:16et l'effet waouh du dossier
00:48:18c'est 4,9 milliards
00:48:19c'est pas un million
00:48:19donc le jour où
00:48:21c'est réduit 4,9 milliards
00:48:21un million
00:48:22l'intérêt du dossier
00:48:23est largement diminué
00:48:25donc pour moi
00:48:26c'est une mauvaise nouvelle
00:48:27ce qui est quand même
00:48:28une bonne nouvelle
00:48:29c'est que
00:48:30pour la première fois
00:48:31la responsabilité
00:48:32de la banque
00:48:33est reconnue
00:48:34mais ça pour vous
00:48:35c'est pas suffisant
00:48:36elle doit être
00:48:36la seule
00:48:37la seule apportée
00:48:39non
00:48:40ce que je dis tout simplement
00:48:41moi je suis condamné
00:48:42à la prison
00:48:42et je suis condamné
00:48:43pendant des années
00:48:44à rembourser
00:48:444,9 milliards d'euros
00:48:45pour abus de confiance
00:48:47abus de confiance
00:48:47ça se résume en une seule question
00:48:48c'est est-ce que
00:48:49ma hiérarchie
00:48:50savait ce que je faisais
00:48:51oui ou non
00:48:51a été informée
00:48:52de ce que je faisais
00:48:53oui ou non
00:48:53c'est la seule question
00:48:54qui doit être posée
00:48:54et sur la base
00:48:56de nombreux emails
00:48:57de certains témoignages
00:48:59de beaucoup de choses
00:49:00la justice a considéré
00:49:01qu'elle n'était au courant
00:49:02de rien
00:49:02moi mon combat
00:49:03il est là en fait
00:49:04je dis pas que je suis
00:49:05noix blanche
00:49:05et que j'ai rien fait
00:49:06je dis juste que
00:49:06l'abus de confiance
00:49:07que j'ai fait ça
00:49:07dans le dos de ma hiérarchie
00:49:08ça marche pas
00:49:09ça c'est mon seul point
00:49:10et après
00:49:11l'histoire du dossier
00:49:13la vie judiciaire
00:49:13de ce dossier
00:49:14a fait qu'il y a des gens
00:49:15qui sont intervenus
00:49:17pour certains d'entre eux
00:49:20en défense
00:49:21pour venir m'aider
00:49:22pour venir témoigner
00:49:23pour la manifestation
00:49:24de la vérité
00:49:25je pense à Philippe Oubé
00:49:26qui était un comptable
00:49:27de la société générale
00:49:28qui est venu courageusement
00:49:29me témoigner dans le dossier
00:49:31pour dire que
00:49:31la banque était informée
00:49:32de ce qu'il faisait
00:49:33c'est eux qui contrôlaient
00:49:33mes opérations
00:49:34le sort qui a été réservé
00:49:36à Philippe Oubé
00:49:36c'est de se faire virer
00:49:37je pense à Nathalie Leroy
00:49:40cette commande de police
00:49:40qui courageusement
00:49:41dit qu'elle s'est trompée
00:49:44et qu'elle a été manipulée
00:49:47par la banque
00:49:47qui par la suite
00:49:49va enregistrer
00:49:49une procureure de la République
00:49:50qui dit des énormités
00:49:52enfin qui dit quelque chose
00:49:53qui est complètement hallucinant
00:49:53que le dossier est truqué
00:49:54on peut revenir sur
00:49:56on peut discuter
00:49:57autant que vous voulez
00:49:57est-ce que c'est bien ou pas
00:49:58d'enregistrer
00:49:59une procureure de la République
00:50:00peut-être
00:50:01peut-être pas
00:50:02par contre
00:50:03il y a un témoignage
00:50:04d'une procureure de la République
00:50:05qui dit que le dossier
00:50:06et qu'on lui a demandé
00:50:06de truquer le dossier
00:50:07je ne sais pas
00:50:08en fait
00:50:08cette personne-là
00:50:09devrait plutôt que
00:50:10d'être bannie de la police
00:50:11comme elle l'a été
00:50:11devrait être lanceuse d'alerte
00:50:14et émise en haut de l'affiche
00:50:18au tableau d'honneur
00:50:18et plutôt que d'être banni
00:50:19tous ces éléments
00:50:20aujourd'hui
00:50:20n'ont pas été pris en considération
00:50:22par la justice
00:50:23la justice ne veut pas les voir
00:50:24je vous donne un exemple
00:50:25je dépose plainte
00:50:26sur la fois de l'enregistrement
00:50:27et continue l'enregistrement
00:50:29qu'est-ce qui se passe
00:50:30c'est que la c'est sans suite
00:50:31sans que je sois même auditionné
00:50:32donc effectivement
00:50:33c'est compliqué
00:50:34de déposer plainte
00:50:35contre le parquet
00:50:35entre les mains du parquet
00:50:36ils ne vont pas s'auto-incriminer
00:50:38je comprends bien
00:50:39mais on voit
00:50:41qu'il y a une volonté
00:50:42de ne pas toucher
00:50:42de ne pas toucher à ce dossier
00:50:43de ne pas enquêter
00:50:44à charge et à décharge correctement
00:50:46si vous pouviez décider
00:50:47l'amende
00:50:48que vous devez rembourser
00:50:50vous direz
00:50:51que c'est combien ?
00:50:51moi je considère
00:50:52d'ailleurs que ce n'est pas une amende
00:50:54c'est des dommages à intérêt
00:50:54des dommages à intérêt
00:50:55moi je considère
00:50:56que je n'ai rien à payer
00:50:58c'était général
00:50:58parce que les dommages à intérêt
00:51:02sont attachés
00:51:02à l'abus de confiance
00:51:03et je considère
00:51:04qu'il n'y a pas d'abus de confiance
00:51:05donc j'estime que je ne leur dois rien du tout
00:51:07et puis surtout
00:51:08il y a quelque chose
00:51:08qui est super intéressant
00:51:09c'est que
00:51:10ça fait 17 ans
00:51:12que l'affaire a éclaté
00:51:13le 24 janvier 2008
00:51:14on m'annonce
00:51:15une perte de 5 milliards d'euros
00:51:16dont je serai responsable
00:51:17à tous les degrés
00:51:19de juridiction
00:51:20durant le dossier pénal
00:51:21j'ai demandé une seule chose
00:51:22est-ce qu'on peut juste aller vérifier
00:51:23qu'ils ont perdu 5 milliards d'euros ?
00:51:2517 ans après
00:51:26ça n'a jamais été fait
00:51:27toutes les juridictions
00:51:28que ce soit l'instruction
00:51:29ou les différents procès
00:51:31les différents magistrats
00:51:32ont toujours refusé
00:51:33ces expertises
00:51:34et il se trouve
00:51:35qu'on a des gens
00:51:36à l'intérieur de la société générale
00:51:38qui nous parlent
00:51:40et qui nous disent
00:51:40que ces 5 milliards d'euros
00:51:41ce n'est pas du Kerviel
00:51:42c'est du subprime renommé Kerviel
00:51:43et donc une expertise
00:51:44pourrait démontrer
00:51:45que ce ne sont pas les positions
00:51:46qui sont initiées par Jérôme Kerviel
00:51:48qui ont créé cette perte
00:51:49mais que c'est des pertes
00:51:50sur les subprimes
00:51:51qui ont été opportunément transférées
00:51:52sur un bouquet émissaire
00:51:54que je serai
00:51:54et ça en fait
00:51:56il y a quelque chose
00:51:57que je ne comprends pas
00:51:58dans le chemin judiciaire
00:52:01qui est le mien
00:52:01c'est quelque chose
00:52:02d'aussi simple
00:52:03pourquoi ça n'a jamais été ordonné
00:52:04alors que dans n'importe quel autre dossier
00:52:06ça aurait été fait immédiatement
00:52:08Vous avez toujours confiance
00:52:11en la justice aujourd'hui ?
00:52:14Au regard de...
00:52:16Non
00:52:17Non
00:52:19Vous nous laissez l'espoir
00:52:23d'un processus réunir ?
00:52:24Non parce que je vois
00:52:25comment ça se passe
00:52:26et encore une fois
00:52:27ce que j'entends
00:52:27dans l'enregistrement
00:52:28de cette procureure
00:52:30c'est...
00:52:31En fait c'est à gerber
00:52:32pardon l'expression
00:52:33mais ces petits arrangements
00:52:35entre amis
00:52:35et certains réseaux
00:52:36qui sont à la manœuvre
00:52:37et je trouve ça honteux
00:52:39je trouve ça honteux
00:52:40sur le mode de fonctionnement
00:52:41de la justice en France
00:52:43enfin
00:52:44on est censé être dans un pays
00:52:45qui est une démocratie
00:52:46l'un des premiers piliers
00:52:47c'est la justice
00:52:48on est mal barrés quoi
00:52:49Et je voudrais parler un peu
00:52:53de votre vie aujourd'hui
00:52:55est-ce que vous avez retrouvé
00:52:56du travail ?
00:52:58Est-ce que vous arrivez
00:52:58à vous projeter ?
00:53:00C'est un jour après l'autre
00:53:01il faudrait être franc avec vous
00:53:02parce que j'ai toujours
00:53:03ce million qui est devenu
00:53:04un million 6, un million 7
00:53:05maintenant je ne sais pas
00:53:05combien on est parce que ça fabrique
00:53:0610% d'intérêt par an
00:53:07j'ai les huissiers régulièrement
00:53:10à ma porte
00:53:11les droits d'auteur
00:53:13sur les livres que j'ai pu faire
00:53:14ou sur les films
00:53:15sont saisis directement à la source
00:53:16voilà c'est super compliqué
00:53:19j'ai une chance absolue
00:53:20qui est de
00:53:20d'avoir des proches
00:53:24qui sont très présents
00:53:25mais je vous donne un exemple
00:53:26louer un appartement
00:53:27c'est très compliqué
00:53:28je n'ai pas de fiche de paye
00:53:29donc n'ayant pas de fiche de paye
00:53:30il n'y a pas de dossier
00:53:31donc c'est des potes
00:53:32qui m'aident
00:53:33mais avec cette volonté
00:53:34de se dire
00:53:35ok c'est mon chemin
00:53:36c'est mon destin
00:53:39j'aurais pu partir à l'étranger
00:53:40reconstruire ma vie
00:53:41j'ai fait le choix
00:53:43de ne pas le faire
00:53:44de continuer ce combat là
00:53:45parce que j'espère qu'un jour
00:53:46il y aura
00:53:46un revirement dans le dossier
00:53:48ou un changement
00:53:49de doctrine
00:53:51vis-à-vis le traitement
00:53:52de ce dossier
00:53:53qui ferait que
00:53:54peut-être que la justice
00:53:56décidera de se ressaisir
00:53:58des éléments
00:53:59qui sont à disposition
00:53:59pour instruire
00:54:01à charge
00:54:02et à décharge
00:54:02encore une fois
00:54:03je ne dis pas
00:54:04que je ne veux pas être condamné
00:54:05mais la FAP
00:54:06selon laquelle
00:54:06je fais ça tout seul
00:54:07dans mon coin
00:54:07ça ne marche pas
00:54:08et ça c'est inadmissible
00:54:09il y a trois raisons
00:54:10pour lesquelles
00:54:10je continue ce combat
00:54:11malgré les contraintes
00:54:12qui sont les miennes
00:54:13aujourd'hui
00:54:13sur le plan quotidien
00:54:14la première raison
00:54:16c'est que j'ai fait
00:54:17une promesse
00:54:17de 24 janvier 2008
00:54:18à ma mère
00:54:18c'est de restaurer
00:54:19l'honneur du nom de famille
00:54:20deuxième raison
00:54:22il y a ces témoins
00:54:23Nathalie Leroy
00:54:24Philippe Houbet
00:54:24qui ont cramé leur vie
00:54:28détruire par l'institution
00:54:30eux je leur dois
00:54:32de continuer
00:54:33ce combat pour eux
00:54:35de les remettre
00:54:35à leur juste place
00:54:36qui est la place de héros
00:54:36et pas de banni
00:54:38et puis dernière raison
00:54:40j'ai eu une petite fille
00:54:41qui a 7 ans aujourd'hui
00:54:42et quand elle est née
00:54:43s'est posé la question
00:54:44de savoir
00:54:45si elle devait porter mon nom ou pas
00:54:46pour tout vous dire
00:54:48j'étais prêt
00:54:51à accepter le fait
00:54:51qu'elle ne le porte pas
00:54:52et sa maman
00:54:54a insisté
00:54:55pour qu'elle le porte
00:54:56ça m'honore
00:54:57et du coup ça m'oblige aussi
00:54:58et je continue aussi
00:55:00pour elle
00:55:01parce qu'elle porte
00:55:01ce nom de famille
00:55:02et je me dois
00:55:04de tout faire
00:55:05pour qu'elle en soit fière
00:55:05donc la fuite
00:55:07n'était pas une option
00:55:08je subis les contraintes
00:55:10du quotidien
00:55:11avec les contraintes
00:55:12qui sont les miennes
00:55:12et ce million d'euros
00:55:13au-dessus de la tête
00:55:14mais je préfère ça
00:55:16plutôt que d'abandonner
00:55:17et aujourd'hui
00:55:19vous êtes interdit
00:55:20de travailler
00:55:20de près ou de loin
00:55:22dans la finance
00:55:23c'est un monde
00:55:25qui est définitivement
00:55:26derrière vous
00:55:27le sujet
00:55:30et la matière
00:55:31m'intéressent toujours
00:55:31je continue
00:55:32de regarder
00:55:32je continue
00:55:33de m'informer
00:55:34sur ce qui se passe
00:55:35effectivement
00:55:36j'ai eu l'interdiction
00:55:36à titre définitif
00:55:37d'exercer
00:55:39en France
00:55:40et en même temps
00:55:41si ce n'avait pas été le cas
00:55:42je ne souhaitais pas
00:55:44y retourner
00:55:44j'ai eu des propositions
00:55:45à l'étranger
00:55:46d'autres banques
00:55:47pour venir travailler
00:55:48chez eux
00:55:48et c'est quelque chose
00:55:49qui ne m'intéresse plus du tout
00:55:50la matière m'intéresse
00:55:52le milieu dans lequel
00:55:54je l'ai exercé
00:55:55ne m'intéresse plus du tout
00:55:56et maintenant
00:55:57depuis quelques années
00:55:58il y a l'essor
00:55:59de nouveaux marchés
00:55:59par exemple
00:56:00les crypto-monnaies
00:56:01ça c'est quelque chose
00:56:02absolument pas
00:56:02quelque chose
00:56:03qui est complètement
00:56:04abscond pour moi
00:56:04pas du tout
00:56:05quelque chose
00:56:05qui m'intéresse
00:56:05non je reste
00:56:06sur les choses
00:56:08qui m'intéressent
00:56:08à l'époque
00:56:09les actions
00:56:11et les produits
00:56:11arrivés
00:56:12mais les cryptos
00:56:13je ne connais
00:56:13absolument rien
00:56:14et vous verrez
00:56:16dans quel métier
00:56:17aujourd'hui
00:56:18si vous deviez
00:56:20refaire votre vie
00:56:21quelque chose
00:56:22de plus créatif
00:56:23j'aime beaucoup écrire
00:56:24j'ai découvert
00:56:25j'ai découvert
00:56:27ça en fait
00:56:29à la faveur des livres
00:56:30que j'ai pu écrire
00:56:30et notamment
00:56:31l'écriture du scénario
00:56:33du film qui me concerne
00:56:34avec Christophe Baratier
00:56:35j'ai appris
00:56:36à comment ça se passait
00:56:37j'ai eu cette expérience
00:56:38qui était juste
00:56:38complètement dingue
00:56:39voilà
00:56:39si je pouvais
00:56:40continuer à faire
00:56:41ce genre de choses
00:56:42d'ailleurs j'écris pour moi
00:56:42en ce moment
00:56:43beaucoup
00:56:44c'est très cathartique
00:56:47donc du coup
00:56:47ça me permet aussi
00:56:48de libérer pas mal de choses
00:56:49et donc si je devais
00:56:51réinventer sur un autre sujet
00:56:53ce serait sur ce genre de choses
00:56:55et des choses un peu plus créatives
00:56:57vous voyez qui c'est
00:56:59Frank Abagnale
00:57:00c'est le héros du film
00:57:02de Steven Spielberg
00:57:03Arrête-moi si tu peux
00:57:04après avoir passé
00:57:06quelques années en prison
00:57:07et il a travaillé
00:57:08pour l'état américain
00:57:09dans la lutte
00:57:10contre la fraude
00:57:11est-ce que par exemple
00:57:12vous
00:57:13ça vous intéresserait
00:57:14un poste politique
00:57:17ou un poste pour
00:57:18je sais pas
00:57:18en charge
00:57:19de la régulation
00:57:20des marchés financiers
00:57:21parce que vous
00:57:22connaissez bien le domaine
00:57:23non
00:57:24non ça m'intéresse pas
00:57:26parce que je vois
00:57:26comment c'est pratiqué
00:57:27et vous savez en fait
00:57:29long de fois
00:57:31
00:57:31on met des lois
00:57:34et des règles
00:57:35pour encadrer
00:57:35certaines activités
00:57:36notamment financières
00:57:37ma réponse est toujours la même
00:57:39en fait
00:57:39les lois elles existent déjà
00:57:39c'est pas peine d'en faire d'autres
00:57:40pour jusqu'à celles qui existent
00:57:42les appliquer
00:57:42et il y a une vraie volonté
00:57:44de ne pas appliquer
00:57:45ce qui existe déjà
00:57:45et donc participer
00:57:48je discute beaucoup
00:57:48avec certaines personnes
00:57:50qui font ce genre de job
00:57:51d'inspecteur
00:57:52et de contrôleur
00:57:53dans certains organismes
00:57:56y compris à Bercy
00:57:58le fait est que
00:57:59si je supporterais mal
00:58:01d'avoir un dossier
00:58:02et un job
00:58:03et une mission
00:58:03que je ne peux pas mettre à bien
00:58:05pour x ou y raisons
00:58:06qui sont politiques
00:58:07ce truc là
00:58:09tu regardes à gauche
00:58:09parce qu'à droite
00:58:10ça ne marche pas
00:58:11et ça je ne pourrais pas le supporter
00:58:13et c'est la limite
00:58:14de genre de poste
00:58:15on le sait tous
00:58:16qu'il y a une certaine complaisance
00:58:18avec certains dossiers
00:58:18qu'il ne faut pas regarder
00:58:19et moi ça c'est quelque chose
00:58:20qui pourrait me frustrer
00:58:21je ne pourrais pas l'accepter
00:58:22donc non
00:58:23il y a quand même
00:58:24des mesures
00:58:24qui ont été prises
00:58:25depuis l'affaire KVL
00:58:27mais depuis globalement
00:58:28la crise financière de 2008
00:58:30pour réguler un peu la finance
00:58:31maintenant je trouve
00:58:32que les banques
00:58:33elles peuvent investir
00:58:34qu'une partie
00:58:35elle doit avoir des fonds propres
00:58:36en fait
00:58:37c'était déjà le cas avant
00:58:39vous par exemple
00:58:40vous feriez quoi ?
00:58:42ah mais moi c'est
00:58:43en vrai
00:58:44je n'ai pas d'avis
00:58:45ni de conseiller à donner
00:58:46je suis mal placé
00:58:47pour le faire d'ailleurs
00:58:47oui mais vous connaissez
00:58:48le système de l'intérieur
00:58:50mais disons
00:58:52disons que quoi qu'il arrive
00:58:53vous aurez beau mettre
00:58:53des règles dans tous les sens
00:58:54il ne faut pas douter
00:58:56de l'ingéniosité
00:58:58des financiers
00:58:58pour contourner
00:58:59les règles qui sont mises en place
00:59:00j'imagine par contre
00:59:02vous avez été approché
00:59:04par des politiques
00:59:05déjà vous êtes
00:59:07à l'époque oui
00:59:08parce qu'on avait un intérêt
00:59:09qui était comment ?
00:59:10je veux dire
00:59:11dans le cadre de
00:59:12je ne sais pas
00:59:13de liste
00:59:14de me présenter ?
00:59:15ouais
00:59:15non je pense que l'idée
00:59:16est complètement saugrenue
00:59:17que je me présente
00:59:19à une élection
00:59:21qu'elle soit locale
00:59:22ou législative
00:59:24non c'est quelque chose
00:59:25qui ne m'intéresse absolument pas
00:59:25je n'ai pas envie
00:59:26de m'exposer là-dessus
00:59:27et puis
00:59:29vous savez
00:59:31j'ai été aussi
00:59:32à la faveur de mon dossier
00:59:32énormément déçu
00:59:33par le politique
00:59:34parce que
00:59:35quand on parlait
00:59:36tout à l'heure
00:59:36des 2,2 milliards d'euros
00:59:38qu'on cherchait à récupérer
00:59:40sur le dossier
00:59:41on a écrit
00:59:42à tous les députés
00:59:43tous les sénateurs
00:59:44on a fait autant de lettres
00:59:45que des députés
00:59:46et autant de lettres
00:59:46que des sénateurs
00:59:47c'est moi qui suis allé
00:59:47les amener à l'Assemblée nationale
00:59:48et au Sénat
00:59:49j'ai été très très surpris
00:59:51de voir le peu de réponses
00:59:53que j'ai eues
00:59:53alors qu'on parle d'argent public
00:59:55que les caisses étaient vies
00:59:56à l'époque
00:59:56et de comment chercher de l'argent
00:59:57ça m'a énormément déçu
00:59:59et ça m'a déçu
00:59:59du monde politique
01:00:00par ailleurs
01:00:01donc non
01:00:03je n'ai pas du tout
01:00:03envie d'y participer
01:00:04je pose cette question
01:00:05parce que quand même
01:00:06vous vous exprimez
01:00:07beaucoup sur la place publique
01:00:09en tout cas
01:00:09sur X
01:00:10anciennement Twitter
01:00:11où vous parlez
01:00:13vous commentez l'actualité
01:00:14avec beaucoup de dérision
01:00:16notamment l'actualité
01:00:17de la Société Générale
01:00:19vous êtes un peu
01:00:20un troll en fait
01:00:21c'est votre petit plaisir
01:00:23ouais
01:00:24enfin je fais ça
01:00:24pour me faire marrer
01:00:25déjà avant toute chose
01:00:26ça me fait rire
01:00:27c'est un mouvement d'humeur
01:00:28mais il n'y a aucune volonté politique
01:00:30derrière
01:00:30il n'y a pas la faible
01:00:31chercher de messages subliminaux
01:00:32c'est juste que ça me fait marrer
01:00:34dans l'instant où je le fais
01:00:35et puis voilà
01:00:35c'est un petit clin d'oeil
01:00:37à vos anciens collègues
01:00:39ouais
01:00:39c'est une façon de leur dire
01:00:40bisous
01:00:40je pense encore à vous
01:00:41et vous n'avez jamais
01:00:44de coup de fil
01:00:45de leur part
01:00:46vous n'avez eu aucun contact
01:00:47je crois qu'ils n'ont pas
01:00:47mon numéro
01:00:48même dans le cadre
01:00:49du documentaire
01:00:50parce qu'il s'exprime
01:00:51dans le documentaire
01:00:52ouais mais j'ai pas été en contact
01:00:53avec le documentaire
01:00:53ils l'ont fait
01:00:54de façon totalement dépendante
01:00:55moi j'ai participé
01:00:56aux interviews
01:00:57mais après
01:00:57le choix éditorial
01:01:00c'est le producteur
01:01:02et les journalistes
01:01:03qui l'ont choisi
01:01:03moi je ne suis pas du tout
01:01:04interféré là-dedans
01:01:05voilà après le casting
01:01:06qu'ils ont pris
01:01:07je ne sais même pas
01:01:09j'ai évidemment
01:01:10le nom de certaines personnes
01:01:11qui sont terminées
01:01:11parce que j'ai vu
01:01:12certains extraits passer
01:01:13mais ce qu'ils racontent
01:01:14à l'intérieur
01:01:14je ne sais absolument pas
01:01:15puis leur point de vue
01:01:17je m'en fous un peu
01:01:18en fait
01:01:18si rien de tout ça
01:01:22s'était produit
01:01:22est-ce que vous pensez
01:01:24que vous seriez encore
01:01:25trader aujourd'hui ?
01:01:26alors ça c'est une question
01:01:26que je ne me pose jamais
01:01:27refaire le film
01:01:28dans un sens comme dans l'autre
01:01:29nul ne le sait
01:01:31je peux retourner
01:01:32dans tous les sens
01:01:32peut-être que je suis
01:01:33en train d'élever des chefs
01:01:33dans le Larsak
01:01:34j'en sais rien
01:01:34peut-être que je serai encore
01:01:35devant mes écrans
01:01:36j'en sais strictement rien
01:01:36c'est pas une question
01:01:37que je me pose
01:01:37la vie est tellement bizarre
01:01:41et tellement surprenante
01:01:43qu'imaginer certaines choses
01:01:45avec certitude
01:01:45je pense c'est illusoire
01:01:47mais est-ce que vous vous sentez
01:01:49plus en paix avec vous-même
01:01:51aujourd'hui
01:01:51ou quand
01:01:53fin 2007 par exemple ?
01:01:55je suis plus en paix
01:01:56aujourd'hui
01:01:58que je ne l'ai jamais pu l'être
01:01:59et particulièrement
01:02:00toute cette période
01:02:01où j'étais à la Cité Générale
01:02:02j'aime prendre cette expression
01:02:06que l'un de mes avocats
01:02:07avait eus
01:02:08j'en ai pas la paternité
01:02:09c'était Olivier Metzner
01:02:11qui au procès
01:02:11avait déclaré
01:02:12que j'étais la créature
01:02:13qui avait été créée
01:02:14et recrachée
01:02:15par la Cité Générale
01:02:16effectivement j'étais créé
01:02:17je suis un bébé
01:02:18sur la Cité Générale
01:02:18et j'étais recraché
01:02:19par la Cité Générale
01:02:19en 2008
01:02:20ces années-là
01:02:22je ne les regrette pas
01:02:24en fait
01:02:24je suis plus heureux
01:02:27aujourd'hui
01:02:27que je ne l'étais à l'époque
01:02:29j'ai vécu une vie
01:02:30je vis une vie
01:02:32qui est extraordinaire
01:02:34à beaucoup d'égards
01:02:35de par
01:02:36les mouvements
01:02:38un peu difficiles
01:02:39que ce soit la prison
01:02:40que ce soit les procès
01:02:41que ce soit l'emballement médiatique
01:02:42que j'ai pu subir
01:02:43mais aussi
01:02:45les rencontres
01:02:46que tout cela m'a permis de faire
01:02:46la prise de conscience
01:02:48qui a pu être la mienne
01:02:49à certains égards
01:02:50tout ce que cette histoire
01:02:51m'a apporté
01:02:53et m'apporte encore aujourd'hui
01:02:54c'est quelque chose
01:02:56qui est inestimable
01:02:57et que je ne regrette absolument pas
01:02:58c'est-à-dire que souvent
01:02:59et ce n'est pas de la provoque
01:03:00si on me dit
01:03:01si c'était à refaire
01:03:02ben ouais
01:03:02je ressigne tout de suite
01:03:03parce que
01:03:05voilà
01:03:05cette expérience-là
01:03:08et ce parcours de vie
01:03:09est juste fascinant
01:03:10et j'en apprends tous les jours
01:03:11et
01:03:11moi je m'éclate
01:03:14aujourd'hui
01:03:14je suis surtout
01:03:15quand je me regarde le matin
01:03:17dans la glace
01:03:17j'ai pas honte
01:03:17merci beaucoup
01:03:20Jérôme Carvel
01:03:21pour cette interview
01:03:22merci d'avoir répondu
01:03:23à toutes mes questions
01:03:24merci à vous
01:03:25avant de vous laisser
01:03:26je voudrais remercier
01:03:27toutes les équipes de Brut
01:03:28qui m'ont aidé
01:03:28à réaliser cette interview
01:03:29en particulier
01:03:30Fred à l'image
01:03:31et Delphine à la prod
01:03:32et je vous dis
01:03:33à très vite
01:03:34pour une nouvelle grande histoire

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