Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • avant-hier
Amélie de Montchalin, ministre chargée des Comptes publics était l'invitée du Face à Face d'Apolline de Malherbe sur RMC et BFMTV ce mercredi 9 avril. 

Catégorie

📺
TV
Transcription
00:008h32 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Amélie de Montchalin.
00:04Bonjour.
00:04Merci de répondre à mes questions ce matin. Vous êtes la ministre chargée des comptes publics, ministre des douanes également.
00:11Vous aviez, avant cela, été ministre de la transition écologiste dans le gouvernement d'Elisabeth Borne.
00:16Et on va évidemment vous entendre sur toutes ces questions parce qu'il y a aussi les ZFE.
00:19Mais d'abord, les droits de douane, bien sûr, les droits de douane américains qui sont entrés en vigueur ce matin.
00:25Et Donald Trump jubile, je voudrais qu'on l'écoute.
00:30Le pays nous appelle. Il me lèche le cul. Il meurt d'envie de passer un accord.
00:36S'il vous plaît, monsieur, passons un accord. Je ferai n'importe quoi.
00:42Est-ce que nous, Français, on fait partie de ceux qui, pardon de l'expression, lui lèchent le cul ?
00:46Nous, Français, on veut d'abord protéger nos entreprises.
00:49On veut assurer la résilience, mais aussi la résistance de notre économie face à des mesures qui, je dois le rappeler ici,
00:56ont d'abord comme victime les Américains, les entreprises américaines, les citoyens américains.
01:03Vous savez, on a fait nos calculs à Bercy.
01:05Si ces droits de douane venaient à s'appliquer, c'est deux points de PIB de moins aux États-Unis.
01:11Et pour l'Europe, c'est un peu moins de 0,5 points de PIB.
01:14Pour la France, c'est même un peu moins. On est à 0,3, 0,5 points.
01:17Ça, c'est l'effet direct. Mais notre objectif, c'est que ces droits de douane ne s'appliquent pas.
01:22Est-ce qu'on va être contre un ?
01:23Je ne vais pas reprendre les mots à la fois fleuris, à mon avis,
01:27pas dans ce qui est le dialogue ni diplomatique ni économique entre nos pays.
01:31Nous, on est des Européens. On a un très grand marché.
01:34On a des très grandes entreprises. On a 28 000 entreprises françaises qui exportent aux États-Unis.
01:39Et donc, notre objectif, c'est quoi ?
01:41C'est qu'elles puissent continuer à travailler, que les emplois soient préservés.
01:44Comment on fait ça ? D'abord, on montre aux Américains que nous aussi,
01:48et ça sera d'ailleurs voté aujourd'hui à Bruxelles,
01:51si on nous taxe notre acier, notre aluminium et nos voitures,
01:54nous, on peut taxer des choses américaines.
01:56À la fin, est-ce qu'on gagne ? Ni les Américains, ni nous ne gagnons.
01:58Donc, ce n'est pas souhaitable. Vous êtes prêt à le faire ?
02:01On le fait parce qu'on n'est pas des gens faibles.
02:03On le fait parce que ça protège quand même nos intérêts.
02:05Mais ce qu'on dit, c'est qu'on peut aller beaucoup plus loin.
02:07On peut regarder aussi les services numériques que nous vendent les Américains.
02:11On peut aussi se dire que la commande publique,
02:13peut-être que les entreprises américaines y auront moins accès.
02:16Parce que ce qu'on veut, c'est montrer qu'on peut être ferme,
02:18mais sans aller au contraire des intérêts de nos entreprises et de nos emplois.
02:23Mais est-ce qu'on négocie ? Est-ce qu'on a appelé ?
02:25Est-ce que les uns et les autres, je sais que Georgia Meloni, par exemple,
02:28a prévu probablement de se rendre elle-même en personne.
02:32Elle ne va pas le faire au nom de l'Europe, elle va le faire au nom de l'Italie.
02:34D'abord, nous, on veut rester unis en Européen.
02:37C'est toujours bon d'avoir des contacts.
02:38Vous l'avez vu sur l'Ukraine, vous l'avez vu sur d'autres sujets.
02:41Il faut maintenir le contact, mais il faut surtout maintenir la négociation.
02:44C'est quoi notre but ?
02:46C'est que tout ça, là, ne s'applique pas.
02:48C'est que notre meilleur objectif, c'est que nous reprenions une économie mondiale
02:52où on ne fait pas de la rétorsion, de la pression, du chantage ou de l'extorsion.
02:57Mais il va falloir lâcher des trucs, non ?
02:58Et donc, notre but, c'est de négocier.
03:00Et de négocier en étant forts, en étant unis.
03:02C'est la ligne du président de la République.
03:04C'est d'ailleurs pour ça que les entreprises françaises étaient à l'Elysée la semaine dernière.
03:07Qu'elles seront à Bercy ?
03:08Nous les recevons avec Éric Lombard et le ministre de l'Industrie
03:11et le ministre des PME, ça, l'après-midi, pour qu'on dise, voilà,
03:14qu'est-ce qu'on peut proposer au niveau européen
03:16qui est suffisamment fort, mais qui n'est pas pour nous une forme de sabotage ?
03:22Vous savez, Donald Trump, il est en train de faire un auto-sabotage.
03:25Il a décidé de faire peser plus de 4 000 dollars de plus d'inflation par les prix
03:31aux Américains à qui il a dit pendant la campagne
03:33« Je serai le président qui luttera contre l'inflation ».
03:36Mais là, il est en train d'en créer.
03:38Donc, tout ça n'a pas beaucoup de sens.
03:39Il faut qu'on ne soit pas fébrile.
03:42Il faut qu'on soit très clair.
03:43On doit assurer la résilience et la résistance
03:46dans un monde où nous espérons et nous travaillons
03:49et nous négocions pour que tout ça, le plus vite possible,
03:51soit mis sur ailleurs que dans la réalité.
03:52Alors, vous espérez qu'on puisse encore y échapper.
03:56Mais si ça n'est pas le cas, il y aura des conséquences.
03:59On a entendu Ursula von der Leyen qui disait
04:01« L'économie mondiale va souffrir massivement.
04:03L'incertitude va remonter en flèche.
04:05L'inflation va repartir. »
04:07Vous l'avez même reconnu.
04:08Dans ce contexte-là, le budget est désormais inconfortable.
04:11C'est le mot que vous avez utilisé.
04:13Est-ce qu'au moment où l'on se parle, Amélie de Montchalin,
04:15vous maintenez la volonté et la promesse
04:18de ramener le déficit de 5,4% du PIB en 2025
04:22contre 5,8% l'an dernier ?
04:25Et est-ce que vous espérez toujours que l'on puisse atteindre
04:28ou même passer dessous les 3% d'ici 2029 ?
04:33Oui, oui et oui. Pourquoi ?
04:35Les Français qui nous écoutent, il faut qu'on puisse bien décrire la situation.
04:41On a trois crises devant nous.
04:43On a une crise stratégique.
04:44Une crise de défense, une crise de protection.
04:47Poutine, l'Ukraine, les Américains qui ne savent plus trop
04:50s'ils nous soutiennent ou pas.
04:51Ça, c'est un enjeu stratégique existentiel.
04:54On a une crise commerciale et économique.
04:56On vient d'en parler, qui est lancée par la première puissance économique mondiale.
05:00Contre le monde entier et contre nous.
05:01Et puis, on a une troisième crise qui est une crise budgétaire.
05:04Et cette maladie endémique du déficit,
05:07si nous nous reposons,
05:10si nous faisons une pause dans ce chemin de désendettement,
05:14nous nous privons des moyens de pouvoir répondre aux deux autres crises.
05:18Si nous ne réduisons pas nos dépenses,
05:21si nous considérons que les crises sont des prétextes à ne pas agir,
05:25alors on a un très gros problème.
05:27C'est comment on va faire face à cette crise existentielle stratégique ?
05:31Comment on va faire face à cette crise ?
05:33J'avais le ministre de l'économie, Éric Lombard,
05:36à ce même micro vendredi,
05:38qui laissait entendre qu'il ne jourait ni,
05:42qu'il ne baisserait pas le budget tel qu'il était promis
05:46aux collectivités, à l'État,
05:49et qu'il demanderait certes un effort de dépense conséquent,
05:54mais pas davantage que ce qui était le cas.
05:56Et donc, la seule chose sur laquelle ça allait jouer,
05:59c'était forcément que ça allait creuser le déficit.
06:01Je vais vous répondre en deux temps.
06:02Le premier temps, c'est que vous savez,
06:03on a connu le quoi qu'il en coûte des crises,
06:05parce qu'il a fallu protéger les Français face au Covid,
06:07protéger les Français face à l'inflation.
06:09Aujourd'hui, moi, ministre du Budget,
06:11ma doctrine, qui est partagée évidemment avec Éric Lombard,
06:14et que le Premier ministre nous demande de tenir fermement,
06:16c'est le quoi qu'il arrive.
06:18Ça veut dire quoi, le quoi qu'il arrive ?
06:20C'est que quoi qu'il arrive,
06:21notre pays puisse faire face ensemble
06:23à ses priorités existentielles.
06:25La défense, la santé, l'éducation,
06:29et que quoi qu'il arrive,
06:30si le monde change,
06:32s'il y a des crises, s'il y a des risques,
06:34nous restions un pays capable d'être un pays puissant,
06:37un pays qui fait des choix.
06:38Oui, mais moi, je ne vois pas comment ça marche.
06:39Les calculs ne sont pas bons, quoi.
06:41Donc, le quoi qu'il arrive, c'est quoi ?
06:42Je ne vois pas comment on peut...
06:43Si on a une croissance qui baisse,
06:44je l'avais dit, entre 0,3 et 0,5%,
06:47il n'était déjà qu'à 0,7%.
06:48Le premier temps, c'est le quoi qu'il arrive,
06:49je vous l'ai dit, c'est une doctrine
06:50très différente de d'habitude.
06:52C'est une doctrine qui nous dit,
06:53on se met en alerte,
06:55on est prêt à prendre au bon moment
06:56les décisions pertinentes,
06:57et on est dans l'action.
06:58Et donc, je vais vous expliquer très concrètement,
06:59maintenant, ça veut dire quoi,
07:00aujourd'hui, moi devant vous ?
07:01Quelles conséquences ?
07:02Quelles conséquences ?
07:03Nous avons construit ce budget
07:05en mettant de la réserve de côté
07:08de l'argent de précaution.
07:09La réserve de précaution.
07:10Pourquoi ?
07:11Parce qu'on s'est dit,
07:11le monde est instable,
07:12on ne sait pas comment l'année 2025 va se dérouler,
07:14et d'ailleurs, on a bien fait,
07:16parce que vous voyez qu'il y a beaucoup d'aléas.
07:17Et donc, je vous annonce aujourd'hui,
07:19comme quand un ménage met de côté
07:21de l'argent pour les jours difficiles,
07:24je vous annonce que nous nous sommes donnés
07:25les moyens de mettre 5 milliards de dépenses
07:29aujourd'hui d'efforts supplémentaires,
07:32c'est-à-dire des dépenses qui ne vont pas être faites,
07:34des dépenses qui vont être repoussées,
07:36des dépenses qui vont être réallouées.
07:38Et ces 5 milliards d'euros
07:39que nous allons donc soit annuler,
07:42soit repousser, soit réorienter,
07:43c'est notre réponse à un monde instable.
07:46C'est la manière de faire face,
07:48quoi qu'il arrive, à ce monde instable.
07:50Il y a moins de croissance, c'est vrai.
07:53Il y a des aléas sur certaines dépenses,
07:54plus de dépenses de défense, c'est vrai.
07:56Qu'est-ce que je fais, moi, ministre du Budget ?
07:57Mais je ne comprends pas.
07:57En fait, vous aviez une pochette secrète
08:00dans laquelle vous aviez mis 5 milliards ?
08:01Non, pas du tout.
08:02C'est tout à fait transparent.
08:04Nous avons, et je l'ai annoncé depuis des semaines,
08:06nous avons mis 9 milliards d'euros
08:08de réserves de côté.
08:10On va en prendre 5.
08:119 milliards, il y a aujourd'hui 5 milliards qu'on active
08:14pour dire, voilà, comme dans un ménage.
08:16Dans un ménage, vous avez des revenus.
08:19À un moment donné, vos revenus baissent.
08:20Vous allez puiser un peu dans votre épargne.
08:22Dans un ménage, je ne sais pas,
08:24vos dépenses d'automobiles augmentent.
08:26Vous baissez un peu vos dépenses
08:27d'une autre, de l'alimentation.
08:30Vous vous privez un peu.
08:31Et bien, ce que je vous annonce aujourd'hui,
08:32c'est que cette démarche,
08:34on identifie d'abord des marges de précaution.
08:37Ensuite, on identifie des risques.
08:39Si les risques se concrétisent,
08:41nous agissons.
08:42Et donc, ça veut dire débloquer les 5 milliards ?
08:45Ça veut dire qu'il y a 5 milliards d'efforts de plus
08:47sur la dépense,
08:48que je vous annonce que nous allons faire
08:49dans les toutes prochaines semaines,
08:51pour que nous puissions tenir la ligne,
08:53tenir ce chemin de désendettement,
08:55parce que c'est la seule condition
08:56pour qu'aujourd'hui, demain et en 2029,
08:59un, on arrête d'augmenter la dette,
09:02et deux, nous nous redonnions des marges de manœuvre
09:05pour financer l'essentiel.
09:06Je veux vraiment comprendre de quoi on parle.
09:08Quand vous nous dites,
09:10voilà, c'est comme les Français,
09:12ça veut dire quoi ?
09:12Ça veut dire qu'on avait cette épargne d'un côté,
09:14on avait ces 5 milliards
09:15qu'on va pouvoir récupérer,
09:17ou est-ce que c'est 5 milliards d'efforts supplémentaires
09:20sur les dépenses ?
09:21En fait, ça veut dire que c'est des dépenses.
09:22On avait mis de l'épargne de côté,
09:24il y a une partie qu'on va dire,
09:24ça, on ne va pas le dépenser du tout.
09:26Ça, ça n'aura pas lieu dans l'année,
09:27parce qu'on n'a pas les moyens,
09:28parce qu'en fait, il y a un peu moins de croissance,
09:30il y a un peu moins de recettes.
09:31C'est comme un ménage,
09:32il y a un peu moins de revenus.
09:33Donc ça, on ne va pas le dépenser.
09:34Et puis, vous voyez,
09:35j'ai beaucoup travaillé avec Sébastien Lecornu,
09:37pour que nous ayons les moyens
09:39de soutenir l'Ukraine,
09:40pour que nous ayons les moyens
09:41de réarmer notre pays.
09:43Et dans ces 5 milliards,
09:44il y a une partie qui va aller,
09:46effectivement, à nos dépenses essentielles
09:47de défense,
09:48et nos dépenses essentielles
09:49pour que notre pays soit fort et puissier.
09:51Donc on débloque de l'épargne.
09:53On débloque 5 milliards.
09:55Et il y a une partie qui sont des dépenses
09:56qui n'auront pas lieu.
09:57Et donc ça, ça permet de nous ajuster
09:58parce qu'on a moins de recettes,
10:00on a moins de revenus,
10:01on a moins de croissance.
10:02Et puis, il y a une partie
10:03qui permet de réallouer nos choix.
10:05En fait, ce que je suis en train de vous dire,
10:06c'est que le budget de la France,
10:08ce n'est pas une usine à gaz très compliquée
10:10parce qu'il y a des grands milliards
10:11et qu'on ne comprend rien.
10:12Les Français doivent pouvoir comprendre.
10:13On collecte leur impôt.
10:15Avec cet impôt,
10:15on finance des choses essentielles.
10:17Et on gère notre pays,
10:18en fait, comme le font les familles.
10:20Il y a de l'épargne.
10:20Il y a pour les jours difficiles
10:22des mesures qu'on doit prendre.
10:22On s'ajuste en temps réel.
10:24Et surtout, la grande nouveauté,
10:26c'est qu'on le fait en transparence.
10:28Le 15 avril, le Premier ministre
10:29va installer ce qu'on appelle
10:30le premier comité d'alerte.
10:32Premier moment où on va réunir
10:34les ministres,
10:35les collectivités locales,
10:37la sécurité sociale.
10:38Et on va dire très simplement,
10:39comme je vous le dis là,
10:40où on en est ?
10:41Quels sont les risques ?
10:42Qu'est-ce qu'on fait ?
10:43Et il y aura plein d'autres moments
10:44dans l'année où on va le faire
10:46parce qu'à nouveau,
10:47c'est l'argent des Français.
10:48Vous savez, il n'y a pas l'argent de l'État.
10:50C'est notre argent.
10:51C'est nos impôts.
10:52Tout comme, voyez-moi,
10:53quoi qu'il arrive,
10:54je me bats pour qu'on lutte
10:55contre la fraude.
10:56Quoi qu'il arrive,
10:57je me bats pour qu'on puisse
10:57faire face aux risques.
10:58Il y a beaucoup de choses
10:59en ce que vous venez de dire,
11:00Amélie de Montchalin,
11:01que nous gérons leur argent
11:02avec beaucoup,
11:04beaucoup de bon sens
11:05et beaucoup, beaucoup de sérieux.
11:06J'ai beaucoup, beaucoup de questions,
11:08Amélie de Montchalin,
11:09notamment sur la croissance,
11:11les perspectives de croissance
11:12et ce que ça pourrait coûter.
11:13Mais puisque vous dites
11:14qu'on va le faire
11:14en toute transparence,
11:16ça me rappelle les mots
11:17d'Éric Ciotti.
11:19Il y a dirigé la concertation
11:23et les études
11:25dans la commission d'enquête
11:27sur le déficit
11:28et qui dit, je le cite,
11:30Emmanuel Macron a dissous
11:31l'Assemblée nationale
11:32pour masquer l'ampleur
11:33du désastre budgétaire.
11:35La dissolution en est
11:36la conséquence directe.
11:38Et il explique qu'au fur et à mesure
11:39des écoutes, des ententes
11:41qu'il a eues et qu'il a reçues
11:42dans cette commission d'enquête,
11:44il parle de l'ampleur,
11:46de l'écart entre les promesses
11:47et la réalité du déficit.
11:50Il parle aussi d'alertes
11:52qui ont été faites
11:53sur cette dégradation terrible
11:54mais qui ne sont jamais
11:56remontées
11:57soit jusqu'à la cour des comptes
11:59qui dit ne pas avoir été informées
12:01soit vis-à-vis
12:02de la représentation nationale
12:04et de l'Assemblée.
12:05Qu'est-ce que vous répondez à cela ?
12:06Deux choses.
12:07D'abord, je réponds à Éric Ciotti
12:08que la théorie du complot
12:10n'est pas à la hauteur
12:10ni de la crise des finances publiques
12:12ni de la crise démocratique.
12:13Et je pense qu'on peut s'épargner
12:14les théories complotistes
12:18et les grands récits
12:20où après coup, vous savez,
12:21on réinvente l'histoire.
12:22Après, sur le fond,
12:23d'abord, les parlementaires,
12:24ils sont dans leur droit
12:25le plus légitime
12:26à demander des comptes
12:27au nom des Français
12:28au gouvernement.
12:29Et donc, c'est très sain,
12:31c'est très sain
12:31que dans une démocratie,
12:33eh bien, il y a ces échanges.
12:34La deuxième chose,
12:35c'est qu'avec Éric Lombard,
12:36quand on est arrivé,
12:37parce que précisément,
12:38ce budget 2025,
12:39il a été construit
12:40par les parlementaires.
12:41C'est un budget de compromis.
12:43Nous avons,
12:44et nous avons écouté
12:45les économistes,
12:45nous avons écouté
12:46les parlementaires
12:47et voyez ce comité d'alerte
12:48dont je vous parle.
12:50C'est, on a tiré
12:50les conclusions
12:51de ce qui s'était passé,
12:53mais pas qu'en 2024,
12:53depuis des années.
12:55Ce moment où on présente
12:56un peu, où on en est,
12:57on le faisait au mois de juin.
12:58En 2024, on s'attendait.
12:59En tout cas, officiellement,
13:00il était prédit
13:02à un déficit
13:02de 4,4% du PIB
13:05et à l'arrivée,
13:06c'était 5,8%.
13:06Donc, deux choses.
13:08Quand même un truc
13:08qui s'est passé.
13:09Un, nous, on va aller
13:10au devant des demandes
13:11des parlementaires.
13:11Ce moment dont je vous parle
13:12du 15 avril,
13:13c'est un moment,
13:13d'habitude, ça se passait
13:14au mois de juin,
13:15au mois de juillet.
13:15Quand vous faites, vous voyez,
13:17un bilan de ce qu'il faut ajuster
13:18au mois de juin, au mois de juillet,
13:19vous avez moins de marge de manœuvre
13:20que quand vous êtes au mois d'avril.
13:21Deuxièmement,
13:22on va communiquer,
13:23vous le voyez en toute transparence,
13:24pas seulement avec les parlementaires,
13:25mais aussi avec les collectivités locales,
13:27aussi avec ceux qui gèrent
13:28la sécurité sociale.
13:29Et vous allez voir
13:30dans les prochaines semaines,
13:31avec Éric Lombard,
13:32sous l'autorité du Premier ministre,
13:33et c'est vraiment une volonté
13:34politique et démocratique,
13:36toute transparence,
13:38pas de soupçons,
13:39on ouvre la boîte noire
13:39si certains pensent
13:40que c'est une boîte noire,
13:41et on partage tout ce qu'on sait
13:42pour que ça soit connu.
13:43Ensuite, qu'est-ce qui s'est passé
13:44en 2024 ?
13:45Vous savez, on a commencé l'année,
13:46il y avait 3% d'inflation.
13:48On a fini l'année,
13:48il y avait 1,3% d'inflation.
13:51On a commencé l'année,
13:52il y avait la croissance.
13:52Donc, tant mieux pour les Français,
13:53mais tant pis pour les comptes.
13:54Et donc, en fait,
13:55l'année 2024,
13:56c'était une année
13:56qui a été très chamboulée
13:58économiquement.
13:59Il y a eu, effectivement,
14:01de l'incertitude politique.
14:03Et effectivement,
14:04il y a eu aussi des éléments
14:05qui ont été partagés
14:06avec d'autres pays.
14:07La France, on a eu 5%
14:08de recettes de TVA
14:10de moins que prévu.
14:12L'Allemagne a eu 4% de moins.
14:13Le Royaume-Uni a eu 2,5% de moins.
14:15Donc, en fait,
14:16il y a des choses qui sont
14:17liées à ce qu'on ne pouvait pas prévoir.
14:20Il y a des choses qui sont liées
14:21à l'économie qui a changé.
14:22Il y a des choses qui sont liées
14:23et on le regarde
14:24sur la fraude à la TVA,
14:25notamment,
14:26qui est assez massive,
14:27et les Français le savent,
14:28par les colis qui arrivent
14:29notamment de Chine
14:30et où, aujourd'hui,
14:31on a des pertes massives de TVA.
14:32Donc, là-dessus,
14:33avec les douaniers,
14:34on a un plan.
14:35Mais on le sait depuis si longtemps.
14:35Qu'est-ce qu'on sait depuis si longtemps ?
14:36Pourquoi tous ces colis arrivent
14:38sans être taxés ?
14:39Parce que, précisément,
14:41vous savez combien
14:41augmentaient les colis
14:42en un an ?
14:43C'était 400 millions de colis
14:45en 2023,
14:46pour la France,
14:46l'article qui arrive comme ça.
14:48800 millions en 2024.
14:50Oui, mais de ce point de vue-là,
14:50on peut dire que Donald Trump
14:52a été plus rapide que l'Europe
14:53à réaliser
14:54qu'on pouvait faire monter
14:56ou descendre
14:56les droits de douane.
14:57Mais Donald Trump,
14:57la mesure de Donald Trump,
14:58elle a duré une journée.
15:00Elle a été annulée vendredi,
15:01la mesure de Donald Trump.
15:02Sur la Chine ?
15:02Sur la Chine.
15:03Parce qu'ils se sont rendus compte
15:04que ce n'est pas parce qu'on annonce
15:05dans la désorganisation
15:07la plus totale
15:07que vous pouvez taxer
15:08des centaines de millions de colis.
15:10Donc, les Américains,
15:11cette mesure,
15:11que nous aussi,
15:12Européens,
15:12on va prendre,
15:13mais on va la prendre en Européen
15:14de manière organisée
15:15pour qu'effectivement,
15:15la fraude à la TVA,
15:17la fraude aux droits de douane,
15:18que vous soyez qui que ce soit en France,
15:19vous n'avez pas le droit
15:20de la mêler.
15:21Amélie de Montchalin,
15:22j'ai des questions sur les aides aux entreprises,
15:24vous disiez que vous alliez
15:25encore les réunir à nouveau,
15:27sans doute pour les rassurer.
15:29Est-ce que vous demandez toujours
15:30aux entreprises françaises
15:32d'attendre,
15:33de geler leurs investissements
15:34aux Etats-Unis ?
15:34De jouer français ?
15:36De jouer européen ?
15:37Évidemment,
15:38évidemment,
15:39le Président de la République l'a dit,
15:41l'ensemble du gouvernement l'a dit,
15:42nous devons être résilients,
15:45mais nous devons être résistants.
15:46C'est-à-dire,
15:47on doit se serrer les coudes.
15:48Dans la période actuelle,
15:49on doit jouer pour notre pays.
15:50Le canard enchaîné révèle ce matin
15:53que Bernard Arnault
15:54aurait rendu une très discrète visite,
15:56ce sont les mots du canard enchaîné,
15:58fin mars,
15:58à Donald Trump,
15:59dans l'espoir,
16:00je cite,
16:00d'obtenir de meilleurs droits de douane
16:02pour son propre business.
16:03Peine perdue,
16:03le milliardaire serait rentré
16:05bredouille à Paris.
16:05Voilà les mots du canard enchaîné.
16:07Comment vous réagissez ?
16:08J'ai réagi qu'on doit jouer groupé.
16:10Cet après-midi,
16:10on réunit toutes les fédérations
16:11d'entreprises.
16:13Je ne suis pas choquée
16:14par le fait que des chefs d'entreprise
16:15aillent chercher des marchés,
16:18aillent chercher des pistes d'investissement.
16:23Il faudrait savoir.
16:23Ce qu'il faut faire.
16:24Le président leur dit la semaine dernière
16:26que les chefs demandent de tout geler
16:27et ce matin vous dites
16:28je comprends qu'ils aillent chercher leur business.
16:29D'accord.
16:30C'était avant.
16:31Aujourd'hui,
16:31dans le monde hostile qui est le nôtre,
16:33on doit jouer groupé,
16:34on doit jouer français,
16:35on doit jouer européen,
16:37on doit surtout chercher
16:38quelles sont les mesures
16:38qui doivent être suffisamment fortes
16:40pour faire de la dissuasion
16:42mais suffisamment équilibrées
16:43pour ne pas nous pénaliser nous-mêmes.
16:45Et donc, moi,
16:46vous voyez,
16:46ministre des douanes,
16:47aujourd'hui,
16:47on a ouvert 40 points de contact
16:49partout dans le pays
16:50pour que toutes les entreprises,
16:51les 28 000 entreprises
16:52dont je vous parle,
16:53puissent être accompagnées
16:53pour connaître le droit américain.
16:55Je vous ai montré.
16:56Il y a des mesures,
16:57elles existent 24 heures.
16:58Si vous êtes une entreprise française,
17:00vous êtes déboussolé.
17:01Donc les douaniers,
17:01ils accompagnent.
17:02Pour pouvoir anticiper.
17:03Pour pouvoir anticiper,
17:04se préparer.
17:04Deuxième chose,
17:05les douaniers,
17:05ils aident les entreprises
17:06à trouver des marchés
17:07nouveaux,
17:08ailleurs dans le monde
17:09où leurs produits sont demandés
17:10et où il n'y a pas de droit de douane.
17:12Et enfin,
17:13on est vraiment
17:14à l'écoute
17:15de toutes nos autorités
17:17et dès que le paquet européen
17:18aura été décidé,
17:19pour qu'on aille contrôler,
17:21on va ouvrir les conteneurs,
17:22on va vérifier
17:22ce qui nous arrive des Etats-Unis,
17:24eh bien,
17:24on le taxe
17:25aux mesures
17:25que nous aurons décidé
17:26parce que le contrôle,
17:29c'est aussi un moyen
17:29de montrer aux Américains
17:30que nous ne sommes pas faibles
17:31et que nous nous protégeons
17:32notre économie
17:33et nos chefs d'entreprise.
17:33Amélie de Monchalin,
17:34vous tabliez
17:35lorsque vous avez écrit
17:36ce budget,
17:37probablement sur une croissance
17:38de 0,9.
17:39Elle serait déjà aujourd'hui
17:40à 0,7.
17:41François Bayrou
17:42et vous-même ce matin
17:43évoquez probablement
17:44une perte
17:45de croissance
17:46de 0,5%
17:48ou en tout cas
17:48de 0,3 minimum.
17:49Il reste quoi
17:50et le budget
17:51est-il encore sérieux ?
17:52Alors,
17:53sur la croissance,
17:54Éric Lombard annoncera
17:55dans la journée
17:55le chiffre que nous retenons.
17:57Ça, c'est une chose
17:57je crois importante.
17:58Il sera à la baisse ?
17:59Il ne sera pas à la hausse.
18:00Il ne sera pas à la hausse.
18:01Vous allez donc annoncer
18:03Éric Lombard expliquera
18:05l'état du monde,
18:06l'état de l'économie
18:07et ce que nous pensons
18:08être désormais
18:09la cible de croissance
18:11que nous pouvons
18:11collectivement avoir.
18:12Maintenant,
18:12ce que j'ai à vous dire
18:13sur les effets
18:13des droits de douane.
18:15Les chiffres dont je vous parle
18:16sont des chiffres mécaniques,
18:18c'est des chiffres de calcul.
18:19Notre but,
18:20c'est que ça ne s'applique pas.
18:21Donc,
18:22notre but,
18:22c'est que l'incertitude
18:23s'arrête le plus vite possible.
18:25Et puis,
18:25on voit aussi
18:26que dans ce moment,
18:27pas mal d'entreprises
18:28nous disent
18:28mais attendez,
18:29avec ces droits de douane,
18:30avec ces règles
18:30complètement incompréhensibles,
18:32on va rapprocher
18:33la production
18:33de la consommation.
18:35On va relocaliser.
18:36Et on a
18:37des entreprises
18:38nombreuses,
18:39européennes,
18:39qui disent
18:40dans ces conditions,
18:41on va refaire
18:41de la production en Europe.
18:42Et donc,
18:43si on fait
18:44les plus et les moins
18:44pour la France,
18:46et c'est d'ailleurs
18:46pour ça qu'on continue
18:47d'avoir une politique
18:48très forte d'attractivité,
18:49d'accompagnement
18:50des entreprises,
18:51de soutien à l'industrie,
18:52parce qu'on voit bien
18:53que c'est aussi un moment
18:53où on peut gagner
18:55de la souveraineté
18:55et refaire de la production
18:56en France,
18:57en disant,
18:57le marché européen
19:00de personnes
19:00avec zéro droit de douane.
19:02Ça veut dire,
19:02Amélie de Montchalin,
19:02qu'au moment où l'on se parle,
19:04et ce sera confirmé
19:05dans la journée
19:05par le ministre de l'Économie,
19:07le budget n'est plus sincère,
19:08n'est plus tenable.
19:09Non.
19:09Je viens de vous dire,
19:10j'ai commencé
19:11cette discussion
19:13en disant,
19:14qu'est-ce qu'on fait ?
19:16On observe la croissance.
19:17On prend des réserves
19:18de précaution.
19:19Et on a juste
19:20nos décisions.
19:21Et donc,
19:21ce que je peux vous dire,
19:22c'est qu'aujourd'hui,
19:22avec la prévision de croissance
19:23qui sera annoncée,
19:24nous transmettons
19:25à la Cour des comptes,
19:26au Haut Conseil
19:27et aux finances publiques,
19:28notre nouvelle vision
19:29de l'année 2025
19:30et du futur,
19:32pour que la Cour des comptes
19:33et le Haut Conseil
19:34et aux finances publiques
19:34puissent donner leur avis,
19:35pour montrer comment
19:36nous tenons le 5-4,
19:37quelles sont nos décisions.
19:38Je vous ai annoncé
19:39une décision forte.
19:40Donc, on tient le 5-4.
19:40On a juste
19:41nos 5 milliards de dépenses
19:42en moins
19:42pour qu'on puisse tenir
19:44nos objectifs.
19:45Donc, on n'est pas du tout
19:45en train d'être
19:46ni insincère,
19:47ni spectateur.
19:48On n'est pas en train
19:49de renoncer,
19:49on est en train d'agir.
19:50D'agir pour les Français,
19:51d'agir pour le désendettement.
19:53Et donc,
19:54ce que je vous dis juste,
19:55c'est qu'effectivement,
19:55notre but,
19:56c'est que cette incertitude
19:57massive pour l'économie,
19:59soit on la laisse perdurer
20:00et ça peut nous coûter
20:01à tous très cher,
20:02mais ça coûte d'abord
20:03très cher aux Américains,
20:04soit on agit
20:05pour qu'elle soit
20:05la plus courte possible
20:07et qu'on reprenne
20:08une économie qui fonctionne
20:09et dans ce cas-là,
20:10on sera très content d'ailleurs
20:11de soutenir encore plus
20:12les entreprises
20:13à produire en France
20:14et en Europe.
20:15Merci Amélie Monchalin
20:16d'être venue à mon micro
20:17ce matin.
20:18Vous qui êtes donc
20:18ministre chargée
20:19des comptes publics
20:21et ministre des douanes.
20:22Il est 8h52 sur RMC BFM TV.

Recommandations