Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Politique sur Europe 1 avec Le Figaro. Bonjour Vincent Trémolet de Villers. Bonjour Dimitri, bonjour Anissa, bonjour à tous.
00:06Vincent, on le dit depuis ce matin, nous avons eu un week-end très politique avec des meetings du RN,
00:10Renaissance, La Gauche, et c'est un mot de François Bayrou dans l'entretien qu'il accorde hier aux parisiens qui attire votre attention ce matin, Vincent,
00:17quand on demande au Premier Ministre si la France bascule dans une crise démocratique, il répond
00:23non. Est-ce que vous partagez ce non, Vincent ? Non, Dimitri, trois fois non, et je ne vois pas comment
00:29au sommet du pouvoir, avec une vue panoramique sur la société française et la clairvoyance de François Bayrou,
00:34on peut rester enfermé dans un tel déni.
00:38Détaillons rapidement notre vie politique et vous verrez qu'évidemment nous avons basculé dans la grande déglingue
00:43démocratique. Nous avons d'abord un Président qui, après un échec électoral, a dissous l'Assemblée pour finalement diviser par deux son nombre de députés.
00:51On peut donc dire un Président désavoué dans les urnes. Nous avons un Premier Ministre,
00:55une fiction plus qu'une fonction, selon l'excellente formule de Nicolas Baverez ce matin dans le Figaro,
01:01dont la légitimité repose sur un fragment d'un bloc lui-même minoritaire.
01:04Ce Premier Ministre est sous censure permanente et après 100 jours est déjà désavoué dans l'opinion. Le pouvoir législatif ne se porte pas mieux,
01:12avec une Assemblée atomisée, devenue une sorte de foiraille où chacun vient vendre son bout de gras sociétal.
01:18Les propositions de lois symboliques et chronophages se multiplient,
01:23tandis que les urgences, notamment les économies à faire et l'immigration à réguler, sont renvoyées au mandat suivant.
01:29Une partie non négligeable des élus prépare déjà leur reconversion quand les autres sont en campagne en vue de la prochaine dissolution.
01:36Alors des groupes de pression profitent de ce délitement et de la faiblesse de Matignon et de l'Elysée pour imposer leurs obsessions.
01:41C'est ce que l'on voit avec la loi sur l'euthanasie, que ces partisans veulent voter le plus vite possible.
01:45Cela donne une touche mortifère au sens propre, comme au sens figuré, à cette Assemblée en fin de vie.
01:50Donc un pouvoir exécutif épuisé, un pouvoir législatif délité, qu'en est-il de l'autorité judiciaire ?
01:56Eh bien avant l'affaire Le Pen, elle était déjà frappée d'un soupçon de laxisme et s'y ajoute désormais pour près d'un français sur deux
02:02le soupçon d'une justice partisane.
02:04Pour eux, la condamnation judiciaire est d'abord perçue comme une disqualification politique.
02:09La patronne de la principale force d'alternance est interdite d'élections présidentielles.
02:14C'est la vexation ultime pour un camp politique qui accumule les couches de colère depuis 20 ans.
02:19Ça a commencé en 2005, il y a 20 ans, avec un référendum gagné dans les urnes et puis perdu dans les faits.
02:25Et depuis, le sentiment persistant qu'une petite sociologie privilégiée fait tout pour écarter du pouvoir ce que l'on a appelé la France du non.
02:33Ce peut être des alliances électorales comme en juillet, des décisions administratives comme les ZFE qui bloquent les gueux à l'entrée des métropoles
02:40ou des décisions judiciaires comme il y a quelques jours celle qui a frappé Marine Le Pen.
02:43En conséquence, une catégorie très importante de nos concitoyens se sent victime d'un double standard
02:49et si ce sentiment d'injustice n'a pas de débouché démocratique, cela devient très dangereux.
02:54Pourtant la manifestation en soutien à Marine Le Pen hier Place Vauban n'était pas un raz-de-marée, il n'y avait pas une atmosphère révolutionnaire Vincent.
03:01Oui, vous avez raison Dimitri, le soleil du printemps a eu raison des mouvements militants, mais comment croire que tout cela sera sans conséquence ?
03:08Le pouvoir est à la fois impuissant et contesté et voilà l'alternance pratiquement empêchée.
03:13L'augmentation du narcissisme du personnel politique est proportionnelle à la baisse impressionnante de son niveau.
03:19Un Français sur deux ne vote plus et les citoyens ont moins confiance dans leurs élus et leurs journalistes que dans leurs banquiers, c'est dire.
03:26En France, la colère politique est un plat qui se mange froid.
03:30Vous savez Marine Le Pen, pour les catégories populaires, c'est un moyen plus qu'une fin.
03:34Si elle ne peut pas se représenter, les dépossédés trouveront un autre instrument et leur colère sera évidemment décuplée.
03:41L'édito politique sur Europe 1, merci Vincent Trémolet de Villers et à lire dans le Figaro.