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00:00Journée chargée aujourd'hui entre la manifestation de soutien à Marine Le Pen, le rassemblement de la gauche contre l'extrême droite et le meeting de Gabriel Attal à Saint-Denis.
00:11Comment les Français se positionnent-ils face à ces différents acteurs de la vie politique ? On en parle avec vous Mathieu Gallard. Bonsoir.
00:16Bonsoir.
00:17Vous êtes directeur d'études chez Ipsos. On vient de voir les images de ces trois rassemblements aujourd'hui en France.
00:24Trois images, trois Frances qui manifestent pour des causes très opposées. Qu'est-ce que ça vous inspire ?
00:29Ça nous dit que finalement il y a une semaine on a avancé d'une heure et là les dirigeants politiques des trois grands blocs qui composent la vie politique actuelle,
00:38ils souhaitent aller très vite vers 2027 parce qu'on a bien vu que ça soit du côté notamment du RN ou du côté du bloc central avec le meeting autour de Gabriel Attal
00:48que tous les regards sont centrés vers la présidentielle de 2027.
00:52On est entrés en campagne.
00:53Alors pour les Français non. Vous introduisiez sur qu'en pensent les Français. Je pense qu'ils sont très loin de tout ça.
01:00Mais en tout cas très clairement on voit des dirigeants politiques qui commencent à poser leur pion de manière extrêmement claire
01:06et pour eux vraiment toute l'attention est désormais dirigée vers 2027 et vers effectivement ce tout début de campagne électorale.
01:14Alors on commence avec Marine Le Pen. Ses soutiens étaient rassemblés place Vauban à Paris aujourd'hui.
01:18On rappelle ce qui a déclenché leur colère. La condamnation à une peine d'inéligibilité avec exécution provisoire de leur candidate déclarée à la prochaine présidentielle.
01:25Le RN avait fait le pari d'une mobilisation plutôt d'ampleur. Est-ce que c'est réussi ou c'est raté ?
01:33Il n'y a pas apparemment d'après ce qu'on entend et d'après ce que les journalistes qui étaient sur place nous rapportent.
01:39Il n'y a pas eu de mobilisation extrêmement forte.
01:417000 personnes selon la police.
01:43Autour de 7000 personnes, ce n'est clairement pas une démonstration de force pour le RN dans sa capacité à mobiliser son électorat ou même ses militants.
01:53Mais ce n'est pas totalement inattendu. Le RN, on sait qu'il n'a pas cette culture-là.
01:58Il n'a pas justement une capacité, une organisation interne propre à vraiment déplacer en masse ses militants.
02:05Et on le voyait déjà, par exemple, pendant la campagne électorale de 2022, la présidentielle, où très souvent, il y avait des dimanches avec Marine Le Pen qui faisait des meetings le jour même d'autres meetings d'Éric Zemmour.
02:18Et souvent, Éric Zemmour la dominait largement en termes de militants, de personnes réunies dans ses meetings.
02:24Pour autant, à la fin, c'est Marine Le Pen qui l'a largement emporté.
02:28Donc je pense que ce qui importe pour le RN, c'était surtout d'avoir l'attention médiatique.
02:34Et j'ai l'impression que c'est réussi.
02:36Évidemment, ce n'est pas dans le meilleur des contextes qui soit pour le RN et pour Marine Le Pen.
02:42Mais au moins, toute l'attention est centrée sur eux.
02:45Et c'est, j'ai envie de dire, déjà ça de gagné pour le parti.
02:48Depuis la condamnation de Marine Le Pen, le RN fait valoir 25 nouveaux membres.
02:54Une pétition de soutien, Marine Le Pen a déjà récolté 550 000 signatures.
02:58Est-ce qu'on peut dire que la base électorale du RN sort renforcée de cette épreuve ?
03:03C'est difficile à dire.
03:04Ce qu'on peut dire de manière rassurée, c'est que sa base électorale, elle est fidèle.
03:09C'est-à-dire qu'elle n'a pas été particulièrement troublée par le verdict qui est tombé sur Mme Le Pen.
03:17Et par les prises de position très rudes de Marine Le Pen, de Jordan Bardella.
03:22Et de la plupart des dirigeants du parti face à cette décision judiciaire.
03:26Et plus largement face au système judiciaire, j'ai envie de dire, au cours des derniers jours.
03:31Donc cette base électorale, elle est là, elle est derrière le parti.
03:35On le voit dans les sondages de popularité.
03:37On le voit dans certains sondages d'intention de vote qui sont sortis.
03:40Et on le voit dans les sondages qui portent sur la décision judiciaire en elle-même.
03:44Après, la difficulté pour le RN, c'est peut-être qu'en revanche,
03:47avoir ce discours extrêmement radical contre le système judiciaire dans son ensemble.
03:52Ça peut un petit peu freiner les ardeurs d'un électorat,
03:55notamment de droite classique, qui pouvait être tenté.
03:58On sait qu'il y a des vases communiquants.
04:00On sait que c'est là, notamment, que la stratégie du RN et la stratégie de Jordan Bardella
04:05visent à conquérir un nouvel électorat.
04:07Je ne suis pas absolument certain que cet électorat plutôt légitimiste,
04:10plutôt traditionnel, il soit extrêmement séduit par cette rhétorique.
04:13Ce discours anti-système, on l'a d'ailleurs déjà beaucoup entendu à l'étranger.
04:17Marine Le Pen a reçu des soutiens de poids.
04:20Donald Trump, Vladimir Poutine, Victor Orban.
04:24C'est plutôt bon pour elle ou c'est plutôt embarrassant, finalement ?
04:28Je pense que la réponse est quasiment dans la question.
04:30C'est plutôt embarrassant.
04:31Au RN, on sait très bien que, que ce soit Donald Trump ou Vladimir Poutine,
04:36sont extrêmement impopulaires en France, dans l'ensemble de l'opinion publique.
04:40Et même au sein du RN, ils clivent.
04:43Globalement, vous avez à peu près la moitié des électeurs du RN
04:46qui ont une bonne opinion de Donald Trump, mais la moitié qui en ont une mauvaise opinion.
04:49Donc c'est très embêtant pour eux d'avoir ces soutiens qui sont rappelés.
04:53Et ça sera un handicap, une épine dans le pied de ce parti, probablement,
04:57pendant toute la campagne électorale qui commence là à babrouiller
05:01en vue de la présidentielle de 2027.
05:03Être perçu comme un parti qui, finalement, n'est que la branche française
05:07de cette internationale réactionnaire que promeuvent les républicains américains
05:11ou que promeut, peut-être d'une autre manière, un Vladimir Poutine en Russie,
05:15ça n'est vraiment pas un atout en France dans le climat actuel.
05:18Ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui, le RN a affiché son unité,
05:22et on le voit sur l'image derrière vous, Jordane Bardella,
05:24qui se tient aux côtés de Marine Le Pen.
05:26De l'autre, en réponse à ce meeting, il y avait un rassemblement de la gauche,
05:30mais d'une partie de la gauche seulement, puisque les socialistes et les communistes
05:33n'ont pas tenu à participer à ce rassemblement.
05:36Est-ce que le front républicain tient toujours face au RN ?
05:41Il tient électoralement. Il a tenu, on l'a bien vu, lors des législatives de l'été dernier.
05:47En revanche, là, c'est vrai qu'on a bien vu qu'au sein de la gauche,
05:50il y a eu des tensions. On a sans doute...
05:52Alors, les socialistes qui ont avancé, des arguments qui sont un petit peu
05:56difficiles à comprendre et qui masquent sans doute le fait que,
05:58dans le contexte actuel, ils n'ont pas très envie d'être vus avec la France insoumise
06:02et notamment avec Jean-Luc Mélenchon qui a participé,
06:05même si c'était bref, à ce rassemblement contre le RN et en soutien au système judiciaire,
06:12à la décision de justice en tout cas.
06:14Mais c'est vrai que c'est un coin de plus dans ce nouveau front populaire
06:19qui, déjà depuis quelques semaines, quelques mois, est tiraillé par des tensions très vives
06:25entre son aile radicale incarnée par la France insoumise
06:28et son aile plus modérée incarnée par le Parti socialiste.
06:32Là, ça ne fait que renforcer cet aspect-là.
06:35C'est d'autant plus curieux que, traditionnellement, la gauche,
06:38sur un sujet qui est justement l'opposition au Rassemblement national,
06:42elle a tendance à très vite s'unir.
06:45On a la gauche, on a l'extrême droite, on avait également le bloc centriste aujourd'hui
06:51qui était de sortie pour le meeting Renaissance avec son secrétaire général,
06:57Gabriel Attal, qui a eu des mots très durs à l'encontre de Marine Le Pen.
07:01« Tu voles, tu payes », c'est ce qu'il a déclaré totalement.
07:05Est-ce que son discours peut faire mouche auprès des Français ?
07:09Est-ce que Gabriel Attal, justement, il est en campagne lui aussi ?
07:12Oui, Gabriel Attal est très clairement en campagne.
07:15Et je dirais peut-être que de ces trois blocs, là,
07:18dont on a vu qu'il tenait meeting ce dimanche,
07:21c'est celui qui a sans doute fait le discours dont on s'y dit le plus,
07:25que c'est un discours de campagne.
07:27Et sans doute effectivement que son positionnement,
07:30c'est celui d'être finalement le principal opposant au Rassemblement national,
07:34dont à ce stade, tous les sondages nous indiquent que son représentant,
07:38qu'il soit Marine Le Pen ou Jordan Bardella, sera présent au second tour
07:42et aura en tout cas une chance d'accéder à la présidence.
07:46Donc là, l'idée pour Gabriel Attal, c'est évidemment de se poser en meilleur opposant
07:52plutôt que la gauche qui, on l'a dit, est divisée.
07:55La question, c'est de savoir si ce bloc central dont vous parliez,
07:58il va rester uni.
08:00On a bien vu que dans ce meeting, il y avait tous les hiérarques du bloc présidentiel,
08:06Édouard Philippe, François Bayrou, Gérald Darmanin,
08:09et on sait à quel point les ambitions sont très fortes entre eux.
08:13Et donc les mois qui viennent, là, vont être extrêmement importants à suivre
08:16pour savoir s'il y en a un, effectivement, qui se détache ou si pas tellement.
08:20Et du coup, ça risque vraiment de nourrir ses ambitions
08:24et peut-être d'aller vers plusieurs candidatures au sein de ce bloc central
08:28en vue de la présidence elle, ce qui serait mortel pour lui.
08:30Et il faut garder un peu de souffle parce qu'il reste encore deux ans
08:33avant l'élection présidentielle. On aura l'occasion d'en reparler.
08:36Merci à vous, Mathieu Gallard, d'avoir été notre invité de l'Essentiel Politique.
08:40Restez avec nous tout de suite.
08:42C'est le Journal de l'Afrique, présenté par Sérine Bay.