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  • il y a 6 jours

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00:00Bon, addict ou pas, est-ce qu'on peut être addict à la barbe à papa, je crois pas.
00:03Est-ce qu'il y a des bonnes ou des maux, est-ce qu'il y a quand même des bonnes addictions justement ?
00:07L'addiction c'est une maladie, donc dès qu'on dit addiction c'est maladie, donc maladie chronique.
00:11Donc il ne peut pas avoir de bonnes addictions, quelqu'un qui vous dirait je suis addict à la lecture par exemple...
00:15Non mais moi j'ai détourné le concept en disant addiction positive justement, j'ai rajouté le mot positif derrière parce que
00:20on s'aperçoit que des gens très passionnés par la lecture, par l'art, par la musique vous voyez, enfin par d'autres choses
00:27peuvent emprunter des signes de l'addiction comme cette envie de consommer immédiatement, cette lecture,
00:33cette perte de contrôle, ces envies compulsives de le faire, vous voyez, cet usage régulier, ça c'est des signes d'addiction.
00:40Mais il n'y a pas toute la maladie dans ces symptômes, donc moi j'ai transformé le concept en addiction positive
00:47quand on est vraiment très fan de quelque chose.
00:50Quelle est l'addiction la plus courante ?
00:53C'est une question large ça, le tabac et l'alcool, pour les substances.
00:57Mais vous trouvez que c'est une addiction le tabac ?
00:58Bah évidemment, c'est une addiction qui est dangereuse.
01:00J'entends bien quand je dis vous trouvez... Entendons bien sur ma question, est-ce qu'on peut de temps en temps
01:07fumer, même tous les jours, 3-4 cigarettes et être considéré comme une addiction ?
01:12Bien sûr, c'est pas la quantité de produits Pascal qui définit l'addiction, c'est encore une fois c'est...
01:18Oui mais c'est pas dangereux à ce moment-là.
01:19C'est la fréquence, l'habitude.
01:20Bien sûr c'est dangereux.
01:21Une cigarette c'est dangereux ?
01:22Bien sûr, le tabac ça tue une personne sur deux, la vulnérabilité...
01:26Le tabac tue une personne sur deux Pascal, mais c'est pas en fonction de la quantité de tabac fumé,
01:30c'est en fonction de l'année, du temps d'exposition.
01:33Alors je vais vous dire, il faut prendre des cas personnels, parce que mon cas personnel quand je parle de moi,
01:37je parle des gens en général, je parle de tout le monde.
01:39Vous voulez une consultation alors Pascal ?
01:41Non pas du tout, du lundi au jeudi, je parle pas du week-end, du lundi au jeudi,
01:48le midi je bois pas un verre de vin, le soir je prends un verre de vin.
01:52Et si j'ai pas ce verre-là, je vous assure, je suis malheureux.
01:55Est-ce que j'ai une addiction ?
01:58Je vous assure, je serais malheureux si j'avais pas mon verre de vin rouge.
02:01Pascal, l'addiction c'est cinq C, douze mois.
02:03Vous vous rappelez, cinq C, douze mois.
02:04Perte de contrôle, premier C, deuxième C, usage compulsif, on peut s'empêcher de le faire.
02:08Troisième C, le craving, le mot anglais qui veut dire envie irrésistible de consommer.
02:11Le quatrième C, c'est un usage continu, régulier.
02:13Et dernier C, il y a des conséquences sur ma vie, physique, psychique et sociale.
02:17D'accord.
02:18Donc, vous, vous me dites, du lundi au jeudi, je rentre et je bois un verre de vin.
02:24Les recommandations de Santé publique France, pour éviter le risque de maladie,
02:29c'est pas plus de deux verres par jour, pas tous les jours,
02:32avec un jour ou deux jours sans consommer,
02:35pas plus de dix verres par semaine.
02:37Si vous me dites ça, vous vous êtes à quatre verres par semaine, Pascal.
02:40Non, le week-end c'est différent, parce que quand on a des dîners,
02:42quand on se lève très tôt, nous, évidemment, on peut pas, faut être en forme.
02:45Ce qu'on fait là, demande de l'énergie.
02:47Donc, tu fais attention.
02:48Le week-end, si t'as un dîner, ça peut être deux, trois verres, c'est différent.
02:52Lors d'une occasion, c'est pas plus de quatre verres sur une longue période de temps.
02:56Bon, pourquoi vous êtes venu, vous, à cela et vous le décrivez ?
02:59D'ailleurs, dès le début du livre, vous dites en quatrième année de médecine,
03:01la rencontre avec la psychiatrie à l'hôpital me bouleverse.
03:04Je rencontre des malades souffrants de dépression sévère,
03:07de troubles bipolaires, de schizophrénie, de troubles anxieux,
03:10mais surtout des personnes ayant des addictions à l'alcool, à la cocaïne, à l'héroïne.
03:14Pourquoi ça vous a bouleversé, à votre avis ?
03:17Moi, je fonctionne à la passion, en fait.
03:19Donc, quand je fais un truc, je le fais à fond, mais il faut que je sois passionné.
03:22Et j'ai eu un flash, je fonctionne par flash, en fait.
03:25Et donc, en quatrième année, quand je fais ce stage de psychiatrie, j'avais fait d'autres stages avant.
03:29Au début de mes études de médecine, je me suis dit, je vais faire ci, je vais faire ça, etc.
03:33Et là, j'arrive en psychiatrie, je dis, ça, c'est pour moi.
03:35Je vais soigner des gens qui ont des maladies psychiatriques.
03:37Et dans ce service, il y avait des malades qui étaient un peu mis sur le carreau,
03:42et qui souffraient d'addiction, et je m'en suis occupé.
03:44Et ça m'a vraiment plu.
03:46Et ça fait un peu, moi, ça me renvoie à une histoire personnelle.
03:49Vous savez, moi, je suis fan de heavy metal.
03:51Et moi, mes idoles ont baigné dans la drogue, dans l'alcool, etc.
03:56Et ils s'en sont sortis.
03:57Donc, j'ai toujours associé tout ce concept, si vous voulez, sex-drug et rock'n'roll.
04:01Mais dans un concept, bien évidemment, pas personnel.
04:04Mais est-ce que, par exemple, le médecin que vous êtes serait encore meilleur médecin
04:09s'il savait précisément l'état de ceux que vous soignez ?
04:12Si vous étiez tombé dans l'addiction de temps en temps ?
04:15Ah, vous voulez dire ça ?
04:16Non, non, je crois pas.
04:18Il y a beaucoup de patients qui me posent la question.
04:20Docteur, est-ce que vous avez pris de la coke ?
04:22Docteur, vous avez déjà goûté à la MDMA ?
04:24Non, non, je crois pas.
04:25Je crois qu'il y a un style thérapeutique à avoir.
04:28C'est-à-dire, déjà, il faut avoir suffisamment d'empathie
04:31pour se mettre à la place de la personne qu'on a en face de nous.
04:33Et avec les histoires de drogue, d'alcool ou de comportement addictif,
04:36c'est encore plus compliqué que les maladies psychiatriques isolées,
04:38alors que les maladies psychiatriques, c'est vraiment déjà compliqué.
04:40Et comme tout coexiste, si vous voulez,
04:42il faut arriver à se mettre à la place des gens et les aider.
04:44Et surtout, si ça marche pas tout de suite, il faut vraiment les accompagner.
04:48Et c'est ça qui est frappant parmi les grands médecins, souvent, que j'interroge.
04:52Votre capacité d'empathie.
04:54Souvent, je me dis, qu'est-ce que j'aimerais être comme eux ?
04:57On a l'impression que vous arrivez à comprendre, à vous mettre à la place d'eux.
05:01Et je pense à deux ou trois autres personnes que j'ai pu interroger.
05:05J'ai été frappé de cela.
05:07Et c'est ce que vous dites, d'ailleurs, outre la médecine et les soins,
05:09j'apprécie d'enseigner, de transmettre les connaissances en addictologie,
05:12en psychiatrie, conférences, cours à la faculté,
05:15enseignement post-universitaire.
05:17J'aime le contact avec les personnes qui veulent apprendre.
05:19Mais bon, tout ça, c'est votre nature, c'est votre intelligence.
05:22Vous êtes né comme cela.
05:24Je sais que je suis né dans la pédagogie,
05:27parce que mes parents étaient profs,
05:29donc on a toujours eu ce truc pédagogique carillienne, je vais dire,
05:34mais moi j'adore rencontrer les gens,
05:36leur enseigner, transmettre, ça c'est clair et net, ça c'est sûr.
05:39Et je le fais avec mes podcasts, maintenant, au digital.
05:41Donc c'est vraiment un truc hyper important pour moi,
05:44de sensibiliser les gens,
05:46et surtout de vulgariser les maladies psy,
05:49les maladies addictives,
05:51pour dire aux gens, on peut s'en sortir.
06:01Je crois que c'est la première fois qu'on entend...
06:04Depuis deux ans que nous faisons l'émission,
06:06d'habitude on est davantage sur la variété française.
06:09Vous parlez évidemment des maladies,
06:11la psychiatrie bipolaire.
06:13Est-ce qu'on peut apprendre, par exemple,
06:15à 45 ans, 50 ans,
06:17qu'on souffre d'une maladie,
06:19sans jamais s'en rendre compte ?
06:22Alors la bipolarité, par exemple,
06:24elle a été mise à l'honneur par un de nos confrères,
06:27qui a dit je suis bipolaire.
06:29Et alors, si j'ai bien compris, il est devenu bipolaire,
06:31c'est ce qu'il raconte, alors que moi j'ai l'impression
06:33qu'on était bipolaire depuis toujours.
06:35Est-ce que, par exemple,
06:37l'un de nous a peut-être une maladie psychiatrique
06:39et ne le sait pas ?
06:41Bien sûr, on peut développer des maladies psychiatriques.
06:43L'exemple le plus courant, c'est la dépression,
06:45parce qu'on peut faire une dépression à tout âge.
06:47Et donc c'est une maladie psychiatrique, la dépression.
06:49On peut développer un trouble anxieux
06:51à tout âge.
06:53Après, des maladies plus chroniques, comme le trouble bipolaire,
06:55ou la schizophrénie,
06:57en fait, on peut le voir quand même,
06:59parce que c'est une maladie qui s'installe
07:01plutôt précocement,
07:03avec des désordres dans sa vie
07:05personnelle, dans sa vie psychique, etc.
07:07Mais les mots sont larges,
07:09désordres, par exemple. Là, il y a peut-être
07:11des parents qui nous écoutent, ils ont un enfant
07:13de 11 ans, 12 ans, 13 ans.
07:15Qu'est-ce qu'il doit les alerter
07:17sur, par exemple, une possible
07:19bipolarité de leur enfant ?
07:21La bipolarité chez les jeunes,
07:23chez les enfants, chez les ados,
07:25c'est une forme un peu complexe,
07:27c'est pas la même forme que chez l'adulte.
07:29Chez l'adulte, c'est très stéréotypé
07:31en termes de signe clinique.
07:33Chez les ados ou chez les enfants, il faut voir
07:35déjà les changements de comportement.
07:37C'est très aspécifique, c'est des changements de comportement,
07:39on travaille
07:41plus bien à l'école, on dort moins bien,
07:43on est excité. Oui, c'est vraiment des changements
07:45de comportement. Et chez les adultes ?
07:47Chez les adultes, c'est très marqué.
07:49La bipolarité, c'est soit des épisodes qu'on dit
07:51maniaques, donc on est excité à bloc,
07:53physiquement, psychiquement,
07:55ça s'arrête pas, on a des grands projets,
07:57c'est presque délirant, et
07:59ça peut alterner avec des phases où on est complètement
08:01déprimé, c'est l'inverse en fait,
08:03on est à plat, complètement déprimé,
08:05c'est des cycles comme ça, la bipolarité,
08:07si vous voulez. Donc on le voit quand même
08:09chez les adultes. Bon, bah nous on travaille pas
08:11avec des bipolaires, à priori Géraldine, tout le monde
08:13est plutôt d'humeur égale.
08:15Ce qu'on appelle humeur égale, qu'un mot de bon sens,
08:17par exemple les uns et les autres,
08:19moi Géraldine, vous êtes d'humeur égale, ça fait
08:21deux ans que je vous vois, Fabrice,
08:23ah oui mais déjà, Fabrice,
08:25nos amis sont d'humeur...
08:27On peut pas le catégoriser comme ça,
08:29parce que vous pouvez très bien avoir
08:31ici des collègues dont vous savez pas
08:33les pathologies qui sont traitées,
08:35et on peut
08:37donner le change si vous voulez, mais
08:39personne n'a une humeur stable, ça n'existe
08:41pas, c'est une échelle, en fait on a
08:43c'est comme
08:45une balançoire notre humeur, notre plaisir
08:47et notre humeur, c'est-à-dire qu'il y a des matins
08:49vous vous levez, vous êtes un peu pas top,
08:51un peu, vous en avez marre,
08:53vous avez la pêche, etc, et ça varie
08:55au cours de la journée. Alors vous parlez de l'amour
08:57et ça nous passionne bien sûr, vous dites l'amour
08:59sans douleur n'existe pas,
09:01donc ça, c'est une conception
09:03de l'amour, Truffaut pensait ça,
09:05il y a une scène célèbre que je cite
09:07souvent, tu es belle Elena, si belle que te regarder
09:09est une douleur, hier vous me disiez
09:11que c'est une joie, c'est une joie et une douleur.
09:13C'est une conception
09:15de l'amour. Moi j'ai
09:17souvent dit par exemple à mes enfants,
09:19si une relation te fait souffrir, tu l'arrêtes.
09:21C'est pas évident.
09:23C'est ce que je pense.
09:25Je ne dis pas que c'est évident, je pense que l'amour
09:27c'est pas fait pour souffrir.
09:29Vous avez raison. Ma petite conception.
09:31Si tu souffres, c'est pas bon.
09:33Vous avez raison.
09:35L'amour sans douleur n'existe pas,
09:37l'incertitude et les inquiétudes, voire une angoisse
09:39peuvent accompagner le sentiment amoureux, le manque
09:41est constitutif du désir, la frontière
09:43entre la passion et l'âme d'amour
09:45est mince, l'amour serait une rose, l'addiction une
09:47bronce, tout proche en fait.
09:49C'est ça. En fait j'ai développé le concept
09:51d'addiction amoureuse qui se réfère
09:53à la dépendance affective
09:55et la dépendance affective c'est un vrai problème
09:57parce que c'est une maladie où
09:59justement l'amour va faire souffrir et en fait
10:01on va vouloir encore plus d'amour
10:03l'amour est comme une drogue finalement
10:05on va avoir plus d'amour et plus on a
10:07d'amour, plus on souffre, plus on demande de l'amour,
10:09plus on souffre.
10:11Ça devient toxique.
10:13Comme l'amitié d'ailleurs.
10:15C'est toxique.
10:17C'est pareil en amitié.
10:19Comment on sait, quels sont les signes
10:21dans un couple ?
10:23Dans une relation on va dire,
10:25la personne en face
10:27se fait maltraiter,
10:29envoie plein de signaux d'amour,
10:31reçoit quelques signaux d'amour, elle prend des miettes,
10:33elle en veut encore plus,
10:35quand la personne n'est pas là elle en manque,
10:37quand elle est là elle en demande encore plus,
10:39c'est ça en fait, c'est un cycle infernal
10:41avec des signes de manque terribles,
10:43avec des envies de voir la personne
10:45et la personne en face souvent
10:47est aussi un peu pathologique.
10:49Il y a souvent ce concept que je déteste
10:51du pervers narcissique qui rentre mieux,
10:53ça je déteste ce concept,
10:55mais c'est un peu la personne en face
10:57sadise l'amoureuse.
10:59C'est vrai qu'aujourd'hui le mot
11:01pervers narcissique ça fait une dizaine d'années
11:03qu'il est à la mode
11:05et souvent tu rencontres
11:07des jeunes femmes, parce que c'est souvent masculin,
11:09et elles t'expliquent qu'elles
11:11étaient avec un pervers narcissique.
11:13T'as l'impression maintenant que le monde
11:15est rempli de pervers narcissiques.
11:17Ça touche les deux sexes, mais je déteste ce concept,
11:19ça veut rien dire.
11:21Mais ça veut rien dire pervers narcissique,
11:23c'est des gens qui jouent avec les sentiments
11:25des autres, c'est des gens qui manipulent
11:27les autres, mais le concept pervers narcissique ça veut dire quoi ?
11:29C'est une personnalité narcissique peut-être,
11:31ça ça existe, mais
11:33la perversion narcissique...
11:35En tout cas est-ce que vous pensez que justement
11:37celui qui est amoureux ou amoureuse
11:39d'un narcissique, il doit prendre
11:41ses jambes à son cou et partir très vite ?
11:43Ou est-ce qu'il y a possibilité d'avoir
11:45une relation ? Non, il faut voir l'état de la relation.
11:47Souvent c'est
11:49gérable, après si ce narcissisme
11:51est trop envahissant,
11:53il vaut mieux se dire je vais faire autre chose.
11:55Comment on sait
11:57si on est narcissiste ? C'est quoi le narcissisme
11:59envahissant ? C'est une personne qui
12:01est centrée sur elle-même, qui parle que d'elle,
12:03les personnes
12:05qui l'accompagnent, ce sont des
12:07accompagnants,
12:09il n'y a pas de vrais sentiments. Un présentateur de télé
12:11quoi !
12:13Un chanteur
12:15de variété, un acteur de cinéma,
12:17un homme politique.
12:19Non, il y a des gens normaux.
12:21Il y a des gens normaux dans notre procession. Moi je n'aime pas le mot normal, Pascal.
12:23Personne n'est normal pour moi.
12:25Alors comment on dit de quelqu'un
12:27qui est équilibré ?
12:29Il n'y a pas de gens équilibrés non plus ?
12:31C'est très difficile cette notion
12:33d'équilibre, je pense que c'est très instable.
12:35Entre 11h et 13h,
12:37dit Olivier Guénac.
12:39Bon, à chaque fois que vous êtes là, on s'arrête trop
12:41tôt parce que on fait feu.
12:43On devrait faire une émission spéciale. On fait feu de tout bois
12:45et on pose plein de questions
12:47et je suis sûr que ça passionne évidemment
12:49nos auditeurs. Il est 12h49, la pause.

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