Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • il y a 6 jours
Donald Trump a annoncé mercredi 2 avril des droits de douane envers l'ensemble des pays du monde, qui vont s'élever à 20% pour les produits européens. François-Xavier Bellamy, eurodéputé LR était l'invité de franceinfo soir jeudi 3 avril.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00France Info Soir, l'invité, Agathe Lambret.
00:05Bonsoir François-Xavier Vellamy.
00:06Bonsoir.
00:07Vous êtes heureux député, chef de file des Républicains au Parlement Européen.
00:10Donald Trump a annoncé hier soir des augmentations massives de droits de douane.
00:15Les marchandises de l'Union Européenne prendront 20% de taxes.
00:18Qu'est-ce qu'il faut comprendre ? Que nous avons été trop faibles face au Président Américain ?
00:23C'était de toute façon le projet du Président Américain.
00:26Et je crois que maintenant, ce qui compte, c'est que nous réagissions de façon forte à cette décision
00:31parce que tout le monde a tout à y perdre.
00:34Nous-mêmes, bien sûr, et je pense aujourd'hui à tous ceux qui produisent en France, en Europe.
00:40Je pense à nos industriels, je pense à nos agriculteurs qui traversent déjà une crise profonde.
00:45Les viticulteurs, par exemple, ou les producteurs laitiers qui vont être frappés de plein fouet par ces taxes.
00:50Mais ceux qui vont subir les conséquences de cette situation, ce sont aussi les Américains.
00:55Et je crois qu'il faut qu'on arrête cette guerre commerciale avant qu'il ne soit trop tard
00:59parce que c'est derrière cette décision des milliers d'emplois qui seront menacés en Europe comme aux Etats-Unis.
01:05C'est la certitude d'une inflation qui ne peut qu'augmenter, y compris pour les Américains.
01:10Et c'est là que je pense que cette décision est évidemment absurde.
01:12Est-ce qu'il n'est pas déjà trop tard, François-Xavier Bellamy ?
01:14Dans Le Monde, l'ancienne commissaire européenne au commerce estime que l'Union Européenne aurait dû
01:18imposer des mesures de rétorsion plus tôt, sans attendre la mi-avril.
01:22Et elle dit que, selon elle, Bruxelles n'a pas voulu brusquer Washington sur les droits de douane
01:26pour mieux négocier avec les Etats-Unis sur l'invasion russe en Ukraine.
01:31Est-ce qu'on a eu peur ? Est-ce qu'on a trop tardé ?
01:35Non, parce que je pense que personne n'avait intérêt à ce que cette guerre commerciale soit enclenchée par l'Europe.
01:42Nous, nous disons depuis le début, et nous continuerons de le dire, que nous voulons que tout ça s'arrête.
01:48Quand on met des droits de douane à l'entrée d'un marché, en réalité, on lève un impôt.
01:52On lève un gigantesque impôt sur la consommation.
01:55Et c'est ce que le président Trump est en train de faire à ses propres citoyens.
02:01Ce qui rentre en contradiction absolue avec sa propre promesse.
02:04Il a été élu, en particulier, pour combattre l'inflation dans son pays.
02:07Et cette mesure va enclencher le contraire.
02:10Et ça pénalise aussi les Européens. Qu'est-ce qu'on fait ?
02:12Il y a deux écoles. Négocier ou punir ? Vous, vous êtes pour des mesures de rétorsion.
02:18Au risque que cela se retourne contre les Européens ?
02:21Négocier et agir à la fois. Il faut évidemment réagir.
02:25Parce que si nous ne faisons rien, nous ne serons pas respectés, nous ne serons pas pris au sérieux.
02:29Mais il faut, bien sûr, simultanément, négocier et montrer comment on peut réussir à faire baisser la pression.
02:35Je crois que nous avons le devoir de réagir.
02:37L'Europe, c'est le premier marché mondial.
02:39C'est 500 millions de consommateurs.
02:41C'est la plus grande profondeur de marché.
02:43Aucun producteur mondial ne peut se passer de l'Europe et certainement pas les Etats-Unis.
02:47Mais alors on réagit comment ?
02:49Le président Trump est très injuste quand il explique que les Européens sont, d'une certaine manière,
02:53en train d'escroquer les Américains.
02:55Il parle du déficit commercial sur les biens.
02:57Mais il y a, évidemment, un excédent commercial américain gigantesque sur les services.
03:02Quand vous achetez un téléphone portable,
03:04que ce soit un téléphone d'une ou de l'autre grande marque américaine que nous connaissons bien,
03:09vous n'achetez pas d'abord un produit.
03:11Vous achetez des services.
03:13Un téléphone, maintenant, c'est essentiellement des services que vous allez payer régulièrement
03:17à ces entreprises américaines.
03:19Aujourd'hui, si le président Trump considère qu'il faut décider de punir ceux qui viennent d'Europe
03:25vendre sur le sol américain,
03:27nous devons montrer que nous sommes capables de faire la même chose
03:30pour ceux qui vendent des services sur le sol de nos pays.
03:33Attaquer les services numériques, c'est ce qu'envisage l'Union Européenne.
03:37C'est ça qu'il faut faire sans prendre au GAFAM, à Google, à Apple, à Amazon.
03:41Vous savez, c'est un match de rugby.
03:43Quand vous avez l'adversaire qui fonce sur vous, vous avez intérêt à tenir la mêlée.
03:47Et il faut mettre deux fois plus d'énergie pour réussir à tenir.
03:51Après, une fois que le match est terminé, on va boire un verre dans les vestiaires.
03:55Et j'espère que ça se terminera comme ça avec les Américains.
03:57Parce que sur le fond, ma conviction profonde, c'est que les Etats-Unis sont nos alliés et qu'ils doivent le rester.
04:02Vous ne pensez pas, comme François Hollande, que Donald Trump n'est plus notre allié ?
04:05C'est ce qu'il a dit il y a quelques jours à propos de la Russie.
04:07Je pense que les Etats-Unis sont un très grand pays démocratique.
04:10Et que nous avons tellement à défendre ensemble, à moyen et long terme,
04:14face à des puissances autoritaires comme la Chine, comme la Russie, comme l'Iran, comme la Turquie,
04:20qui sont des compétiteurs globaux, qui veulent déstabiliser nos démocraties.
04:24Nous avons tellement à faire ensemble que nous resterons du même côté de l'histoire à long terme.
04:29J'en suis convaincu.
04:31Manifestement, aujourd'hui, le président Trump est en train de le montrer,
04:34si on veut être respecté par nos amis américains, il faut leur montrer qu'on sait se faire respecter.
04:38Alors, faisons-le avec détermination.
04:41Et on le doit à tous ceux qui produisent dans nos pays et qui vont être victimes de ces mesures totalement injustes.
04:47On le doit aux citoyens français qui vont être punis par Donald Trump aujourd'hui.
04:52Il faut faire la même chose ?
04:53Il faut montrer, comme dans une mêlée de rubis, que quand quelqu'un pousse, vous poussez en face.
04:59Je pense qu'il faut le rappeler au bon souvenir du président Trump, puisqu'il l'a manifestement oublié.
05:04On a aujourd'hui un gigantesque déficit commercial à l'égard des Etats-Unis sur les services.
05:09Montrons qu'on ne va pas laisser des entreprises américaines opérer librement sur notre marché
05:14quand nos entreprises à nous ne peuvent plus le faire sur le sol américain.
05:17Et je me permets de dire qu'en fait, cette logique-là,
05:19je ne suis pas d'accord sur le fait qu'on aurait dû le faire avec les Etats-Unis depuis longtemps,
05:22mais ça fait longtemps qu'on aurait dû le faire avec d'autres grands acteurs économiques, comme la Chine.
05:26Comment ça se fait ? Et moi je le dis depuis des années.
05:28Comment ça se fait que les entreprises françaises ne puissent pas concourir à des marchés publics en Chine
05:33alors que les entreprises chinoises gagnent des marchés publics en France ?
05:36C'est absolument anormal.
05:38Et donc oui, on rentre dans un monde où les rapports de force vont redevenir la norme.
05:42Il faut que les Européens, il faut que la France, soient capables de parler le langage de la force pour défendre ses intérêts.
05:47François-Xavier Bellamy, vous avez qualifié le jour de la condamnation de Marine Le Pen, lundi,
05:52de jour très sombre pour la démocratie.
05:55Ça peut paraître un peu grandiloquent.
05:58Surtout, est-ce que c'est le rôle d'un élu, ce genre de commentaire, après une décision de justice ?
06:03Mais d'abord, c'est un fait, je pense.
06:05Et personne ne peut le contester que quand un candidat, une candidate à une élection présidentielle
06:10qui représente manifestement, dans l'opinion, une part importante des suffrages,
06:15est disqualifiée parce qu'elle est condamnée,
06:18ça n'est pas une bonne nouvelle pour le débat démocratique dans son ensemble.
06:21Je ne dis pas que les gens qui trichent ne doivent pas être condamnés.
06:24Les gens qui trichent doivent être condamnés.
06:26Mais dans un moment où la confiance dans la démocratie est déjà abîmée,
06:30ça n'est jamais une bonne nouvelle que des élus de premier plan soient condamnés.
06:34La deuxième chose, c'est que, ce sur quoi je me suis interrogé,
06:37et je ne suis pas le seul, le Premier ministre François Bayrou a manifestement dit
06:41qu'il était troublé par cette décision de justice.
06:43Je ne crois pas que ce soit un allié du Rassemblement National.
06:45Je ne suis pas non plus un allié du Rassemblement National.
06:48Vous vous interrogez sur l'exécution provisoire.
06:50J'ai du mal à comprendre que l'appel que forme Mme Le Pen
06:54ne suspende pas l'application de cette décision.
06:57Et j'ai du mal à comprendre sur quel fondement cette exécution provisoire se construit.
07:03La juge explique que Marine Le Pen et le Rassemblement National ont été dans le déni,
07:07ils n'ont rien reconnu des faits reprochés.
07:11La magistrate parle même d'impunité revendiquée.
07:14Et effectivement, elle dit que ce système de défense,
07:18qui méprise d'ailleurs les règles du Parlement européen,
07:20elle explique ça,
07:22implique un risque de récidive,
07:24puisque le Rassemblement National ne regrette absolument rien
07:27et n'a conscience de rien.
07:29D'où cette application immédiate de l'inéligibilité.
07:32Là encore, très étonnant.
07:33Moi, je ne suis pas juriste, je suis professeur de philosophie.
07:36Je me borne à constater qu'il y a dans cette argumentation quelque chose de surprenant.
07:42Ça veut donc dire en fait que si, devant un tribunal,
07:45vous ne reconnaissez pas les faits qui vous sont reprochés
07:49et que vous ne vous accusez pas vous-même,
07:52vous aurez droit, d'une certaine manière, à une aggravation de la peine prévue.
07:56Évidemment qu'il y a quelque chose de surprenant là-dedans.
07:58C'est aussi que si vous ne reconnaissez pas, vous risquez de les recommencer.
08:00Un agresseur qui ne reconnaît pas qu'il a agressé, on peut le mettre en prison immédiatement.
08:04Que quelqu'un qui s'est rendu coupable d'un crime, d'un délit, soit condamné
08:08et qu'en appel, lorsque la peine est confirmée, elle soit exécutée,
08:12c'est la moindre des choses.
08:14Et je ne demande pas du tout l'impunité pour qui que ce soit.
08:16Est-ce qu'il faut changer la loi alors, François-Xavier Benhamou ?
08:18Et d'ailleurs, cette question de l'application de la loi 5.2,
08:22elle, manifestement, interroge sur tous les bancs et dans tous les camps politiques.
08:27Et aujourd'hui, c'est une vraie question que nous partageons ensemble.
08:30Il y a deux choses. Il y a l'inéligibilité et l'application immédiate.
08:33Est-ce qu'il faut changer la loi sur l'application immédiate en matière d'inéligibilité ?
08:37Si vous étiez député, vous voteriez la loi d'Éric Ciotti proche du Rassemblement National ?
08:42C'est ce qu'il proposera en juin ?
08:44En tous les cas, comme les députés, les républicains à l'époque,
08:46je n'aurais pas voté la loi 5.2 parce qu'effectivement, je crois qu'il y a un vrai problème
08:52quand on rentre dans une logique de justice d'exception.
08:55Et je pense qu'il faut qu'on soit suffisamment lucide pour partager, comme une société,
09:00la nécessité de l'application procédurale de la justice.
09:04Ce qui est une première instance, c'est qu'il y a un appel.
09:07Que ceux qui sont mis en cause puissent se défendre
09:10et que l'appel puisse être pour eux l'occasion de voir leur cause rejugée.
09:14C'est normal dans un État de droit.
09:17Et si on défend l'État de droit, on doit défendre aussi ça.
09:20Et je dirais ça pour n'importe quel adversaire politique.
09:22N'importe lequel.
09:24J'ai été dans toutes les campagnes que j'ai menées face à des candidats du Rassemblement National.
09:28J'ai assumé mes divergences avec eux.
09:30Je veux que ça reste précisément dans le cadre d'un débat démocratique
09:33dont personne ne puisse soupçonner qu'il est affecté du moindre biais possible.
09:37Et la défense du Rassemblement National, qui appelle à la mobilisation,
09:41qui dénonce un procès politique, qui s'en prend au juge matin, midi et soir.
09:46Est-ce que vous la trouvez dangereuse ?
09:49Est-ce qu'il n'y a pas une dérive antisystème, populiste, trumpiste de la part du Rassemblement National ?
09:56Encore une fois, que quelqu'un qui est mis en cause se défende,
09:59que quelqu'un qui subit un jugement qu'il considère injuste le dise,
10:03ça n'est pas choquant.
10:05Ce qui est très choquant et très grave,
10:07ce sont les menaces de mort que subissent les juges qui ont prononcé cette décision.
10:12Parce que ça, pour le coup, en démocratie, c'est absolument inadmissible.
10:15Peut-être encouragé par un climat pas très sain pour la démocratie,
10:18avec une contestation d'une décision de justice par un parti politique.
10:22Mais ce que je dis, c'est qu'il faut distinguer absolument le débat,
10:26qui est une chose, et on peut débattre dans une démocratie,
10:29y compris de la justice ou de l'injustice d'une procédure,
10:33ça ne me paraît pas excessif ni anormal.
10:35En revanche, qu'on transforme le débat en menace ou en violence,
10:39ça, pour le coup, c'est absolument intolérable.
10:41Et je crois qu'il faut que cette ligne rouge soit rappelée et respectée de manière déterminante.
10:47On voit bien à quel point, y compris dans le débat démocratique aujourd'hui,
10:50on assiste à une forme de brutalisation de la vie politique,
10:55qui, depuis le niveau local, celui des maires jusqu'au plus haut niveau,
11:00est un vrai sujet d'inquiétude.
11:01Juste un mot sur la bataille pour la présidence des Républicains.
11:05Vous soutenez Bruno Rotailleau en meeting ce week-end.
11:09Laurent Wauquiez, son adversaire, s'est dit sûr de remporter la présidence des Républicains.
11:14La tendance avec Bruno Rotailleau est en train de s'inverser, dit-il.
11:18Qu'est-ce que vous lui répondez ?
11:21C'est une campagne entre amis.
11:24On n'a pas d'adversaire dans une élection interne.
11:26C'est un bel exercice démocratique.
11:28Vous trouvez qu'il est amical, Laurent Wauquiez, avec Bruno Rotailleau ?
11:31Il y a des divergences et c'est normal dans une campagne.
11:34Mais encore une fois, je soutiens Bruno Rotailleau.
11:37Ce n'est pas par inimitié envers Laurent Wauquiez.
11:40Aujourd'hui, le but pour nous, c'est de faire en sorte que cette élection
11:43soit l'occasion de reconstruire notre famille politique.
11:46Parce qu'elle a, j'en suis profondément convaincu, la responsabilité de relever demain le pays.
11:51Et si je soutiens Bruno Rotailleau, c'est précisément parce que je crois,
11:54et il le montre au ministère de l'Intérieur aujourd'hui,
11:56comme il l'a montré pendant des années dans son travail au Parlement,
11:59je crois qu'il a la vision, qu'il a la capacité de travail,
12:02qu'il a l'énergie, qu'il a la lucidité, le courage, la sincérité nécessaire
12:06pour refonder cette famille politique.
12:08C'est ce qui me fait m'engager avec lui, comme je m'étais engagé derrière lui il y a trois ans.
12:12Mais encore une fois, je le redis, c'est une campagne entre amis.
12:14Ce qui me marque beaucoup, moi je fais des réunions publiques moi aussi un peu partout en France
12:17pour soutenir la candidature de Bruno Rotailleau.
12:19Ce qui me marque, c'est l'intérêt que suscite cette élection,
12:22c'est l'intérêt que suscite la candidature de Bruno Rotailleau
12:24et le fait qu'aujourd'hui il y a de plus en plus de gens qui sont en train d'adhérer
12:27et souvent pour la première fois à notre famille politique
12:30pour pouvoir participer au vote.
12:32D'ailleurs vous avez jusqu'au 17 avril, c'était la petite page de publicité.
12:35Merci beaucoup François-Xavier Bellamy, député européen, membre des Républicains, ça c'est entendu.
12:41Merci à vous, Agathe Lambret, on se retrouve tout à l'heure pour les informer à partir de 20h.

Recommandations