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00:00Vous partagez la fronde des médecins ventebous contre ce projet de loi ?
00:06Alors je partage...
00:08Les médecins sont en effet ventebous devant ce projet de loi, ça fait déjà très longtemps qu'ils ont dit que ce n'était pas une
00:15façon efficace de lutter contre ce qu'on appelle les déserts médicaux.
00:22Depuis des années, ils font également des propositions qui n'ont jamais été ni évoquées ni
00:28envisagées. Pourquoi ça ne marcherait pas à ne baigner ? Alors on se met à la place du patient qui nous écoute ce matin, on se dit
00:34il y a des endroits où il y a un peu plus de médecins qu'ailleurs, on pense à des villes comme Nice, la Côte d'Azur, le Pays Basque, etc.
00:41Je parle des grosses agglomérations, il y a des endroits où il y en a moins.
00:44Si on
00:46incite fortement certains médecins à aller dans les endroits où il y en a moins, sur le papier ça paraît plutôt logique.
00:51Alors sur le papier, ça régule la consommation médicale, c'est-à-dire
00:55le
00:57consommateur. C'est bien, je vais à 500 mètres de chez moi, j'ai ce qu'il faut, c'est le supermarché, je prends ce qui me plaît.
01:03Après, d'un point de vue
01:06organisation de la profession, c'est quand même beaucoup plus complexe. Et ça, ce sont des problèmes qu'on n'évoque jamais. Mais il y a une antinomie complète
01:14entre ce que veut la Sécurité Sociale et ce que veut l'ARS, qui actuellement quand même gère ce paysage médical
01:22officiellement, c'est-à-dire faciliter
01:25l'exercice qu'on appelle l'exercice coordonné, c'est-à-dire l'exercice à plusieurs, avec des pôles médicaux qui vont avoir à la fois un kiné,
01:34des infirmières, etc. Ce qu'on appelle l'exercice coordonné.
01:38Des spécialistes pas trop loin pour pouvoir avoir aussi un recours de
01:44deuxième niveau. Et puis, il y a les matins,
01:48un petit gars tout seul qui sort de la fac, au milieu des montagnes, en région PACA, parce que vous parliez de Nismes,
01:53enfin, à dix kilomètres au-dessus, ils n'ont personne.
01:56Ça veut dire que ce système de régulation, ça ne va pas résoudre le problème de
02:00dizaines de milliers de manchois, par exemple, qui n'ont toujours pas de médecin traitant aujourd'hui ?
02:04Ça ne va pas résoudre le problème, non, parce que la pénurie de médecins, elle existe de toute façon, on ne peut pas les fabriquer.
02:09Alors, on peut essayer de les re-répartir un petit peu sur le territoire, mais on sait très bien que de toute façon, la population
02:14médicale actuelle dont on dispose pour assurer le soin en France est insuffisante par nombre d'habitants.
02:19Donc, c'est pas les petits pains, on ne va pas les multiplier en cinq minutes.
02:23La régulation de l'installation, elle existe pourtant dans d'autres professions médicales, les pharmaciens, les kinés, et plus récemment, les chirurgiens-dentistes depuis le début de l'année.
02:33Pourquoi les médecins seraient exemptés de ce dispositif ?
02:36Alors, ce n'est pas que les médecins sont exemptés de ce dispositif, c'est que simplement, jusqu'ici, ils y ont échappé.
02:41Et vous soulevez un problème qui est tout à fait intéressant, celui, par exemple, de la régulation de l'installation des pharmaciens.
02:49Mais c'est une catastrophe. On parle des déserts médicaux, mais en campagne, il y a combien de pharmacies qui ont disparu ?
02:55En centre-ville, à Chambourg, vous avez combien de pharmacies qui ont disparu ?
02:59Cette obligation de s'installer à des endroits bien précis n'a pas multiplié l'offre de pharmacie,
03:05qui est pourtant une offre éminemment importante dans le paysage médical.
03:09Donc, les chirurgiens-dentistes qui ont décidé d'eux-mêmes de passer à la régulation, ils ont fait une erreur ?
03:13Ça ne va rien changer non plus au nombre de chirurgiens-dentistes qu'on a.
03:17Vous ne les avez pas vus se multiplier pour autant. Pénurie, c'est pénurie.
03:217h49, notre invité. D'ici qu'autant temps, vous l'entendez, Anne Bénier, secrétaire générale de l'Ordre des médecins de la Manche.
03:27Alors, s'il y a plus de médecins, Anne Bénier, dans les prochaines années, notamment avec la fin du numerus clausus,
03:32qu'est-ce qui dit, sans cette règle de régulation, que les médecins qui sortent d'école vont venir, par magie,
03:39d'un coup, s'installer dans les territoires où il manque de médecins, comme le département de la Manche, par exemple,
03:44alors qu'ils ne l'ont pas fait ces dernières années ?
03:45Alors, ils ne s'installeront pas, par magie, dans des endroits où il n'y a pas de médecins,
03:48ils s'installeront, par magie, dans des endroits où ils pourront organiser des pôles médicaux
03:53qui soient utilisables pour eux, pour faire de la médecine de bonne qualité.
03:58Parce qu'il faut quand même arrêter aussi de penser que faire un médecin, ça peut, comme j'ai pu lire dans la presse,
04:05on va les faire plus vite et plus... Enfin, il faut du temps pour être médecin.
04:10C'est une profession qui ne supporte pas l'amateurisme, donc il faut du temps.
04:15Ça s'apprend, il faut prendre un petit peu d'expérience pour soigner les gens.
04:18Et puis, en plus, actuellement, la médecine est compliquée,
04:22elle nécessite des connaissances techniques qui sont de plus en plus larges.
04:27Il faut travailler à plusieurs.
04:28Il faut travailler à plusieurs pour avoir une médecine de bonne qualité.
04:32Il ne s'agit pas de multiplier ce qu'on appelait autrefois les auxiliaires médicaux
04:37et avoir des sous-fifres qui vont nous faire une médecine de bas étage
04:42parce qu'ils seront tout seuls, ils seront débordés ou bien...
04:45On ne peut pas travailler isolé maintenant en médecine, ce n'est pas possible.
04:49Alors, c'est pas seulement une question de nombre.
04:51Alors, justement, puisqu'on parle de nombre, il y a aussi cette évolution du métier
04:56pour les nouveaux médecins qui arrivent.
04:59Aujourd'hui, il faut 2,3 généralistes pour remplacer un généraliste qui part à la retraite, Anne Bénier.
05:04Ça veut dire que les anciens médecins, je mets des guillemets sur les anciens médecins,
05:09travaillaient beaucoup trop ou que les jeunes, aujourd'hui, ne travaillent pas assez ?
05:13Alors, à aucun moment, moi, je n'accepterais qu'on dise que les jeunes ne travaillent pas assez.
05:19On a été une profession qui a travaillé comme des cinglés.
05:23Je pense que ça correspondait aussi à ce qu'on appelait la vocation.
05:29Bon, c'était très bien, on était à la disposition des gens.
05:31Mais il faut bien se rendre compte que faire 60 consultations dans la journée,
05:35parce que ça arrange les gens d'avoir un arrêt de travail à la fin de la journée,
05:40ce n'est pas de la médecine de qualité.
05:42Donc, actuellement, on a des médecins qui sortent avec des qualifications
05:46qui sont quand même beaucoup plus importantes qu'il y a 40 ans.
05:51Même avant le numéro 6, là, on voit tous les gens qui sont issus de ces études sans concours
05:58qui disparaissent, c'est une génération qui s'en va.
06:01C'est quand même des générations qui avaient une formation
06:03qui était beaucoup moins importante que celle qu'ont les jeunes actuellement.
06:06On parle d'une quatrième année d'internat,
06:08ça veut dire que ça va être 10 ans, la médecine, 10 ans de formation.
06:11Et des médecins qui ont aussi envie d'une vie privée.
06:13Et à côté de ça, une vie privée et de fournir de la médecine de qualité.
06:18On va écouter les réactions de nos auditeurs qui ont réagi à ce sujet,
06:21évidemment, qui touche tout le monde dans la manche.