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00:00Mais d'abord, Charlotte d'Ornell Asset avec nous sur Europe 1. Bonjour Charlotte.
00:03Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:04On vous en parle depuis hier sur Europe 1.
00:06Des parents sont appelés à voter aujourd'hui pour un éventuel déménagement de l'école maternelle de leurs enfants.
00:11Ça se passe à Saint-Ouen, à cause d'un trafic de stupéfiants tout autour de l'école.
00:16Alors beaucoup jugent la situation irréelle, Charlotte, mais qu'en pensez-vous ?
00:21Tous les jours, on les voit, ils sont cinq ou six là au coin.
00:25Ce témoignage est celui d'une grand-mère d'élèves de cette école maternelle.
00:28Cinq ou six donc, et c'est l'école qui déménage.
00:32Le maire répond que l'échec aurait été de mettre les enfants en insécurité.
00:35Le député renchérit en affirmant que si la fermeture n'est que temporaire, c'est un moindre mal.
00:41À leur échelle, peut-être ont-ils raison.
00:43Et dans l'urgence, certaines décisions apparemment ubuesques sont les plus raisonnables.
00:47Mais c'est aux échelles individuelles et nationales que la nouvelle fait froid dans le dos.
00:51Pendant que nous nous écharpons pour savoir s'il faut décrypter ou non les messages de narcotrafiquants
00:55prêts à tuer leurs esclaves, des victimes collatérales, des agents pénitentiaires ou des rivaux,
01:01ce sont de plus en plus de Français qui pâtissent des ravages de ces trafics tentaculaires.
01:05Car si cinq ou six gamins qui dit la proximité d'une école la font déménager,
01:09quelle est la réalité que cette information quasiment grotesque cache ?
01:13Une capacité de nuisance absolument terrifiante.
01:16C'est l'organisation criminelle qui se cache derrière ces quelques gamins,
01:19qui retient le bras de l'État en pareille circonstance.
01:22Il ne suffit pas d'en virer cinq ou six.
01:24Évidemment, il existe une armée de petites mains prêtes à prendre le relais.
01:28Mais est-ce que c'est aussi grave que cela ?
01:30Si cela nous fait réagir, Charlotte, c'est bien que la nouvelle est ailleurs récente et assez inédite en fait.
01:35Il faut voir l'infinité de nouvelles qui ne nous font même plus réagir à vrai dire.
01:39Des fusillades par-ci, un trafic de faux papiers pour narcotrafiquants par-là,
01:43une overdose ici, un trafiquant libéré pour vise de procédure là-bas.
01:47Le trafic submerge toutes nos institutions et nous n'y prêtons plus du tout la même attention
01:52que lorsque ces nouvelles nous sidéraient.
01:54Le déménagement d'une école nous frappe, mais ce n'est pas non plus la première fois à vrai dire.
01:58En 2020 déjà, une école primaire avait déménagé à Nîmes,
02:01en raison de l'utilisation d'armes de guerre à proximité dans ce quartier,
02:05lui aussi gangréné par le narcotrafic.
02:08Même débat autour d'une école de journalisme implantée non loin de Grenoble, à Échirol.
02:13Échirol, ville dans laquelle les élèves d'une école maternelle, Elsa Triolet,
02:19avaient été privés de cantine en novembre dernier en raison du trafic de drogue.
02:23Ces élèves ne pouvaient plus sortir de l'école pour aller déjeuner quelques mètres plus loin.
02:27Là encore, c'était temporaire.
02:29Et que s'est-il passé un mois et demi après, en janvier ?
02:31La cantine a rouvert ses portes pour accueillir la trentaine d'enfants demi-pensionnaires,
02:35à la condition qu'ils s'y rendent en contournant le point d'Île, toujours bien réel.
02:40La vérité, c'est que la guerre tarde et que ce sont nos vies qui s'adaptent au trafic.
02:44Alors heureusement, ça n'arrive pas tous les jours ce genre d'affaires Charlotte,
02:47et la détermination du gouvernement semble réelle.
02:50Est-ce que ça n'est pas une bonne chose ?
02:52C'en est une évidemment, et ce réveil était urgent de l'avis de tous les acteurs de la chaîne pénale,
02:57des forces de l'ordre aux magistrats.
02:59Mais il est clairement minuit moins cinq,
03:01et les entraves que nous avons patiemment construites pour complexifier, justement,
03:06les travaux policiers et judiciaires ces dernières années,
03:09nous ont fait perdre un temps considérable en face de trafiquants dont la souplesse est sans limite.
03:14Alors certes, les écoles ne déménagent pas encore par dizaines, ni tous les jours.
03:18Mais les habitants, eux, en rêvent de déménagement.
03:20Ceux qui le peuvent partent, la plupart n'en ont pas les moyens.
03:23Alors on peut se rassurer en répétant que nos vies n'ont pas encore totalement basculé à cause de ce poison.
03:27C'est oublier un peu vite que c'est pourtant déjà le cas pour des dizaines de milliers de Français.
03:31Signature Europe 1, Charlotte Dornelas. Merci beaucoup Charlotte.