Face à l'insécurité et l'inquiétude des parents d'élèves, la mairie de Saint-Ouen veut délocaliser les classes de maternelle de l'annexe de l'école Émile Zola.
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00:00Dans quelques jours, plus aucun enfant ne franchira ce portail.
00:04Les quatre classes de maternelle présentes dans cette annexe
00:07vont être déplacées dans d'autres locaux de la ville de Saint-Ouen.
00:11En cause, le trafic de drogue implanté à quelques mètres de là.
00:15L'école est là depuis plus de 30 ans et qui a toujours eu ça.
00:17Il y a eu des pochetons qui ont été retrouvés dans la cour de récréation.
00:21Nous, on voudrait que l'école soit mieux protégée,
00:23que d'autres solutions soient trouvées,
00:25plutôt que de fermer et de faire fuir les enfants.
00:27Les classes devraient déménager vers la crèche et vers le bâtiment principal de l'école.
00:32La mairie l'assure, il n'est pas question de fermer l'établissement.
00:36Si on déplace les classes de façon transitoire jusqu'à fin juin,
00:42et peut-être pour l'année 2025,
00:46c'est bel et bien pour pouvoir sécuriser de façon pérenne le site Zola 15.
00:51Selon elle, la majorité des parents auraient demandé ce déplacement,
00:55le temps pour la ville de trouver une solution de long terme pour la sécurité de l'école.
01:00Bonjour Eric Coquerel, merci d'être en direct dans le live week-end.
01:03Vous êtes député de la France Insoumise de Seine-Saint-Denis.
01:06C'est difficile d'imaginer qu'une telle situation puisse être possible.
01:10Quelle est votre analyse et quelle est votre réponse, votre solution face à cela ?
01:16Écoutez, oui, c'est difficile à imaginer,
01:18surtout pour ce quartier, pour comprendre la situation.
01:21Il y a eu plusieurs points d'îles qui ont été fermés à Saint-Ouen,
01:25par exemple à côté du centre-ville ou sur le futur siège de la DGSI.
01:29Et par contre, il y a des quartiers populaires où ça continue à sévir.
01:32Donc ce n'est pas au niveau, en termes de problèmes,
01:38des quartiers Nord de Marseille ou autres.
01:40Mais n'empêche, ça rend la vie des gens largement insupportable.
01:44Et les gens ont parfois l'impression que dans ces quartiers-là, on les a oubliés.
01:48Donc ça, c'est un premier constat.
01:49Le deuxième constat, c'est qu'effectivement,
01:52surtout dans une ville où on se fait fort de lutter contre le trafic de drogue,
01:56imaginer de fermer un établissement à cause du trafic,
01:59je comprends que les parents ne le comprennent pas, ni les enseignants.
02:03Surtout que c'est un groupe scolaire qui marche très bien,
02:05qui est très attractif, qui a des seuls services publics qui restent dans ce quartier.
02:10Donc il faut tout faire pour que l'établissement reste un groupe scolaire maternel, primaire,
02:16l'un à côté de l'autre.
02:18Et c'est en cela que les parents et les enseignants sont venus me voir pour les aider.
02:22– On a le sentiment, je régime de la même façon et je veux évidemment votre analyse,
02:26qu'il y a deux urgences.
02:27Il y a l'urgence pour ces enfants, pour ces petits élèves
02:30et la capacité de l'État français à garantir une éducation.
02:34Et puis il y a l'urgence face au trafic de drogue qui, à Saint-Ouent en l'occurrence,
02:38mais un peu partout, c'est ce que l'on entend,
02:40gagne du terrain.
02:41Quelles sont les solutions que vous préconisez dans ces deux urgences ?
02:46– Alors écoutez, sur le trafic de drogue de manière générale, sur le long terme,
02:50moi je pense qu'il faut avoir des solutions à la fois en termes de santé,
02:54en termes de prévention, en termes de répression, les trois à la fois,
02:59et ne pas se contenter de faire ce que fait malheureusement le gouvernement depuis des années,
03:03c'est-à-dire le seul aspect répressif.
03:05Il y a beaucoup de répression et on est le pays où on consomme le plus de drogue
03:08et où le trafic est le plus important.
03:10Donc vous voyez bien qu'il y a un problème.
03:11Donc je pense que ça passe par des politiques de santé,
03:14des politiques aussi pour réduire la demande,
03:16raison pour lesquelles par exemple sur le cannabis,
03:18je suis pour une légalisation sous contrôle de l'État,
03:21des politiques où on donne plus de moyens aux EPJ, aux douaniers, etc.
03:25Et puis retour de la police aux proximités, qui me semble essentiel
03:28parce que s'il n'y avait pas une présence policière,
03:30ou par exemple de gardiens de HLM et autres, le point de deal se s'étend.
03:35Mais après il y a le court terme, et le court terme,
03:37on sait que ça ne résout pas le problème global de la drogue,
03:40et pour ça, j'observe qu'à Saint-Ouen, on est arrivé à, dans certains quartiers,
03:44éliminer le trafic.
03:45Donc c'est ce que demandent légitimement les habitants.
03:48Et je voudrais revenir sur la question du groupe scolaire,
03:50et je ne veux surtout pas en faire, je le dis très clairement,
03:53un affrontement politique avec la mairie.
03:55Moi c'est aux gens que je pense.
03:58Ça a été dit, j'ai entendu dans votre reportage,
04:00la mairie qui dit que ce n'est pas définitive.
04:01Alors moi ça me va très bien, parce que ce n'est pas ce qu'elle a écrit
04:04dans un mail adressé aux parents.
04:06C'était bien une fermeture définitive.
04:08Si maintenant c'est une fermeture temporaire,
04:10et qu'on compte revenir dans cette école,
04:13j'allais dire que c'est un point de prix.
04:15Mais ça doit être dès la rentrée,
04:17et donc dès la rentrée, il doit y avoir la possibilité
04:19que cette école reste maternelle et primaire côte à côte.
04:22Chacun comprendra pourquoi.
04:24Quand vous avez une école, elle marche ensemble.
04:26Si vous avez une maternelle qui est disjointe,
04:28les parents peuvent par exemple aller à la maternelle,
04:30et puis après mettre leurs enfants ailleurs que dans l'école primaire,
04:33surtout dans des quartiers qui sont des quartiers, j'allais dire, populaires.
04:37Ce n'est pas toujours facile de garder cette cohérence.
04:39Et dans ces cas-là, il va falloir faire en sorte,
04:42moi j'ai déjà interpellé le préfet à ce niveau-là,
04:45j'ai interpellé l'éducation nationale,
04:47pour que ce point de deal soit supprimé,
04:49et qu'il puisse y avoir une vie à nouveau sereine
04:52pour les écoliers et les parents d'élèves,
04:55dont je comprends l'inquiétude.
04:57C'est ce que l'on souhaite, et vous serez les bienvenus sur BFM.
04:59Merci beaucoup Eric Coquerel d'avoir été avec nous
05:01quelques instants dans LiveWeekend pour évoquer cette situation.