Pour Brut, Rémy Buisine a confronté Nathalie Arthaud à vos questions. Voici l'interview. #Brut2022
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Que comptez-vous faire pour les étudiants ?
00:02Alors, moi je ne me présente pas avec des promesses en veux-tu en voilà,
00:06je ne serai pas élue, je suis à contre-courant,
00:09mais je ne fais pas comme si.
00:11Ce que je porte moi dans cette élection, la politique que je porte,
00:14c'est une politique de lutte.
00:15Et je dis aux étudiants qu'y compris un revenu minimum
00:19pour se consacrer complètement à leurs études et ne pas être inquiétés,
00:23ne pas se demander où est-ce qu'ils vont dormir dans un mois, etc.
00:29Tout ça, en fait, pour l'obtenir, il faudra qu'ils se battent.
00:33Et vous l'estimez à combien ?
00:34Moi, je ne l'estime pas, je ne l'estime à rien du tout.
00:37Ce que je sais, c'est que ça sera proportionnel à la combativité des jeunes.
00:41Il faut la révolte des jeunes et des jeunes étudiants.
00:44Sinon, rien ne leur tombera tout cuit dans la bouche.
00:50C'est pas vrai, c'est pas comme ça que ça se passe.
00:52Le fait d'avoir des chiffres, c'est pas problématique,
00:54parce que justement, quand on met des chiffres sur la table,
00:56c'est ce qui permet quelque part de poser des bases et de se dire,
01:00on sait que les jeunes, ils ont besoin de telle somme d'argent tous les mois.
01:04Non, le chiffre sur la table, c'est pour appâter les lecteurs.
01:07C'est ça.
01:08Tous ceux qui savent très bien aujourd'hui qu'ils ne seront pas élus,
01:12et il y en a un petit paquet,
01:13eh bien, ils nous expliquent qu'eux,
01:15ils feront un revenu minimum pour les étudiants à 1 000 euros.
01:18Moi, je dis que oui...
01:18Mais est-ce que c'est pas la même chose quand vous proposez le SMIC à 2 000 euros ?
01:21Non, mais parce que clairement, moi, je dis,
01:252 000 euros, c'est ce qu'il faut pour vivre dans cette société,
01:27et 2 000 euros pour les étudiants d'ailleurs aussi.
01:292 000 euros, oui, c'est ce qu'il faut pour vivre.
01:32Mais ces 2 000 euros-là,
01:34moi, je ne prétends pas les accorder du haut de l'Élysée.
01:39Je dis que c'est un objectif de combat.
01:41Mais vous posez un objectif de combat que vous ne posez pas pour les étudiants.
01:43C'est un objectif de combat, mais d'abord, entre parenthèses,
01:46dès qu'il y aura la volonté de se battre,
01:50dès qu'il y en aura qui s'engageront dans la lutte, dans la bagarre,
01:54mais ils n'auront pas besoin de moi pour fixer leurs objectifs de lutte.
01:58Et ils en discuteront de façon démocratique,
02:00parce que ce sera ça la démocratie, la vraie démocratie.
02:02On va passer à la question suivante.
02:05Bonjour Nathalie Arthaud, la question que je souhaiterais vous poser,
02:09c'est quelles sont les mesures que vous comptiez prendre niveau écologie ?
02:13Trois mesures par exemple.
02:15Alors la première mesure, c'est l'expropriation de toutes les multinationales.
02:19Comme ça, on les prend bien en main,
02:20on planifie de façon démocratique,
02:22c'est-à-dire qu'ensemble, on décide qu'est-ce qu'on produit, ensemble.
02:26Et je suis sûre qu'on arrêterait de fabriquer les yachts de luxe.
02:29Vous savez, c'est le yacht de Jeff Bezos qui fait plus de 240 mètres de long,
02:34qui ne sortait même pas du chantier naval.
02:36Il fallait enlever un pont historique de Rotterdam.
02:39Je pense que tout ça, on arrêterait.
02:40Je pense qu'on arrêterait avec les engins de mort,
02:42avec les missiles, les avions de combat, etc.
02:46Donc, on prend en main les multinationales,
02:48on les exproprie et on soumet à la démocratie
02:52ce qu'on leur demande de faire, ce qu'on leur demande de produire.
02:56Voilà, donc pour moi, ça serait la mesure essentielle
02:58parce qu'on arrêterait avec ce gâchis inouï, inouï, inouï.
03:02Deuxième mesure ?
03:02La deuxième mesure, c'est la planification.
03:04On doit planifier, c'est-à-dire qu'on doit recenser les besoins
03:07et on doit coordonner les choses.
03:10On arrêterait avec ce gaspillage incroyable.
03:13C'est quand même dingue de se dire que les trusts,
03:16elles produisent, produisent, produisent,
03:17ils ne savent même pas finalement s'ils réussiront à les vendre.
03:20Et puis parfois d'ailleurs, ils jettent.
03:21Regardez, c'est des millions de produits que Amazon jette aujourd'hui.
03:26Donc, c'est un gaspillage inouï.
03:28En revanche, il y a beaucoup de choses qui devraient être produites,
03:31qui devraient être fabriquées, qui ne le sont pas.
03:32Donc, on marche sur la tête.
03:34La loi de l'offre et de la demande, c'est fonctionner à l'aveugle.
03:37Et une autre à retenir, une troisième ?
03:39Une autre à retenir, c'est qu'en planifiant,
03:45en recensant, je pense qu'y compris,
03:48on pourrait se poser la question de quel type d'énergie ?
03:52Moi, je pense que tous ceux qui réfléchissent à quel type d'énergie, etc.,
03:57c'est très bien, c'est très bien.
03:59Mais tant que les trusts de l'énergie qui monopolisent
04:03la fabrication de l'énergie font ce qu'ils veulent,
04:06il faut quand même bien avoir en tête.
04:11Mais vous, dans votre monde idéal, ce serait quoi l'idée ?
04:14D'abord, dans mon monde idéal,
04:15on prend les choses en main et on ne laisse pas Total,
04:18Engie, Exxon, EDF décider à la place de tout le monde.
04:23Mais attendez, ça, c'est quand même pas un détail.
04:25Parce que moi, je veux bien que tout le monde devienne des experts de l'énergie.
04:30Mais à partir du moment où on n'a pas le droit à la parole,
04:33c'est quand même pour ça qu'il faut se battre, non ?
04:35Moi, je ne suis pas une spécialiste de l'énergie.
04:37Mais quand j'entends le GIEC rendre ses rapports,
04:41je me dis, oui, ils ont raison, on doit leur faire confiance.
04:44Sauf que leurs paroles sont des paroles creuses,
04:47dans la mesure où, de toute façon,
04:49c'est les actionnaires de Total qui décident au final.
04:51On va passer du coup à la question suivante.
04:54Bonjour Nathalie Arthaud, je voulais savoir,
04:56si jamais vous passez aux élections présidentielles,
04:58est-ce que les entreprises appartiendront à l'État ?
05:01Et si oui, pourquoi ?
05:03Alors oui, toutes les grandes entreprises,
05:05les grandes entreprises, je parle des multinationales,
05:08appartiendront à nous tous.
05:10À nous tous, parce que l'État y compris,
05:11il doit être changé, il doit être bien plus démocratique.
05:14Mais ça appartiendrait à nous tous.
05:15Et enfin, on les ferait fonctionner d'abord
05:17pour qu'elles satisfassent les besoins de tous,
05:19et pas pour qu'elles fonctionnent
05:21pour les caprices de quelques grands actionnaires.
05:23Question suivante, que je vous laisse lire.
05:27Pouvez-vous nous expliquer quelles sont les divergences
05:30les plus fondamentales entre vos propositions
05:32et celles de Philippe Poutou ?
05:33Alors, c'est vrai que nous, clairement,
05:37nous basons toute notre politique
05:41et notre perspective de renverser le capitalisme commun,
05:45donc avec Philippe Poutou,
05:47sur la capacité des travailleurs du monde du travail à se révolter.
05:50Les travailleuses et les travailleurs.
05:52Et c'est vrai que moi, j'insiste là-dessus.
05:54D'ailleurs, je fais ma campagne au nom du camp des travailleurs,
05:56parce que moi, je suis convaincue que cela viendra
05:59de ceux qui sont au cœur même de la production capitaliste.
06:03Une des différences dans cette campagne,
06:06plus qu'une divergence d'ailleurs,
06:07c'est que moi, j'insiste sur le rôle des travailleurs.
06:09J'insiste sur le fait que les travailleurs,
06:11ils doivent prendre conscience de ce qu'ils sont,
06:13de la force qu'ils ont.
06:15Ils font tourner la société, ils produisent tout.
06:17Les profits et même les capitaux de la classe capitaliste,
06:19ils produisent tout.
06:20Donc, ils ont entre les mains,
06:21j'ai envie de dire, la bombe nucléaire, en fait.
06:24S'ils décident d'arrêter, finalement,
06:28de travailler pour la grande bourgeoisie,
06:30de travailler selon ses ordres,
06:32selon ses désidératats,
06:33ils peuvent changer la société.
06:35Question suivante, réponse courte s'il vous plaît,
06:37madame Arthaud, sur un autre candidat à l'action présidentielle.
06:40Allez-vous appeler à voter pour Jean-Luc Mélenchon
06:43s'il y a face à face avec Macron au second tour ?
06:45Ah, alors moi, je fais la campagne au premier tour
06:49pour insister sur une idée,
06:51sur l'idée qu'aujourd'hui, on s'enfonce dans la crise en fait.
06:56On s'enfonce dans la crise économique,
06:58dans la crise politique et dans la crise sociale
06:59parce qu'avec la guerre en Ukraine,
07:02eh bien là, en fait, on bascule.
07:04Permettez-moi de vous recentrer vraiment sur la question
07:06par rapport à Jean-Luc Mélenchon.
07:07Qu'est-ce que vous feriez ?
07:08Voilà, Jean-Luc Mélenchon, il est au second tour,
07:10qu'est-ce que vous faites ?
07:11Moi, vous savez, depuis le début,
07:13tout le monde cherche à zapper la campagne du premier tour.
07:15Donc moi, il est hors de question qu'avant le premier tour,
07:18j'aille sur toutes les hypothèses possibles pour le second tour.
07:21On va passer à la question suivante.
07:23Bonjour Nathalie Arthaud,
07:24j'ai appris que vous étiez prof d'SES.
07:27Comment on mène une campagne en étant prof
07:29et puis surtout, comment ça se passe avec les élèves ?
07:32Merci.
07:33Alors, le temps de ma campagne, j'ai eu un congé,
07:35un congé électoral, voilà, les deux mois pour faire campagne
07:39parce que ce n'était pas possible de faire les deux.
07:42Maintenant, avec mes élèves, ce qui est sympa,
07:44c'est que voilà, c'est des discussions.
07:45C'est des discussions, je pense que finalement,
07:49je suscite l'esprit critique.
07:51Voilà, l'esprit critique et ça, c'est très bien.
07:54La question suivante.
07:56Bonjour madame Nathalie Arthaud, bonjour Aubreuil.
07:58Ma question était, pourquoi vous rappelez votre partie de l'Outre-Ouvrière
08:01alors qu'auparavant, vous étiez professeur ?
08:03Ce qui n'a rien à voir avec l'amitié manuelle
08:05comme les personnes, eux, ouvrières ?
08:08Merci.
08:09Merci pour cette question parce que pour nous,
08:13la classe ouvrière, c'est le monde du travail en fait,
08:16dans son ensemble.
08:17C'est-à-dire, ce sont tous ceux qui doivent,
08:20eh bien, aller travailler pour gagner leur vie
08:23et ce sont ceux qui portent la société.
08:25En fait, ce sont les essentiels.
08:26Ce sont ceux qui sont indispensables.
08:28Donc pour moi, c'est une grande chaîne,
08:29la classe ouvrière, le monde du travail.
08:31Et pourquoi on s'appelle lutte ouvrière ?
08:33C'est parce que nous pensons que ce sont eux
08:35qui aujourd'hui sont finalement sous la dépendance d'un patron,
08:39qui sont victimes, qui sont exploitées,
08:40qui se révolteront un jour
08:42et qui la changeront du tout au tout cette société,
08:44qui chercheront leur émancipation
08:46et donc qui feront la révolution.
08:47Question suivante sur un sujet très important.
08:50Bonjour Nathalie Arthaud, je me demandais quels sont vos projets
08:52pour lutter contre les violences domestiques ?
08:56Je pense que l'un des problèmes, c'est l'isolement.
09:01C'est l'isolement des femmes, c'est l'isolement des jeunes
09:03qui sont finalement piégés dans une espèce de huis clos mortifère
09:07et souvent sous la domination,
09:09donc évidemment d'un père, d'un frère, de leur mari.
09:13Et donc je pense que ça veut dire qu'il faut qu'on tisse des liens,
09:18il faut qu'on se connaisse mieux
09:19et puis il faut que les femmes, elles puissent avoir leur indépendance,
09:22qu'elles puissent se dire,
09:23ben oui, je suis capable, j'aurai un boulot,
09:25je pourrai payer un loyer, etc.
09:28Donc c'est pour ça que pour moi aussi,
09:29les revendications en termes d'emploi et de salaire,
09:32c'est d'abord des revendications féministes.
09:35Parce que le pire, c'est effectivement d'être sous la dépendance économique
09:39et de ne pas pouvoir partir, ne pas trouver la force
09:43et même la perspective de se dire,
09:46eh bien, je vais vivre de façon indépendante.
09:48Mais je sais aussi que pour ça, il faudra changer toute la société.
09:52Je sais qu'il faudra des luttes.
09:54Et moi, j'appelle dans les quelques jours qui viennent
09:57à ne pas croire dans les belles promesses.
09:59Ça fait des décennies qu'ils entassent les lois.
10:03Les lois pour faire l'égalité entre les femmes et les hommes,
10:05pour essayer d'aider.
10:07Ça ne bouge pas, ça ne bouge pas.
10:10Donc pour moi, le féminisme,
10:12ce n'est pas un catalogue de promesses électorales.
10:14C'est d'abord un combat, un combat que les femmes doivent mener,
10:17que les femmes doivent mener pour ne pas être seules
10:19et que les femmes doivent mener pour conquérir leur indépendance financière.
10:22L'indépendance, justement, c'est comment réussir à se retirer
10:25d'une forme d'emprise, là où la société ne peut pas forcément
10:29réussir à toujours intervenir.
10:31Cette emprise,
10:32cette emprise morale, psychologique,
10:35c'est aussi, et l'emprise aussi parfois,
10:38des idées traditionnelles, le poids de la famille, etc.
10:43Elle est d'autant plus, comment dire,
10:46présente et
10:48elle se referme sur nous comme un piège
10:50à partir du moment où de toute façon, on se dit que tout seul,
10:52on n'arriverait pas à vivre.
10:54Voilà, que tout seul, on n'arrive pas à vivre.
10:56Moi, je connais un certain nombre de jeunes,
10:57de jeunes filles, de jeunes lycéennes
10:59qui sont en rébellion contre leurs parents,
11:04mais qui ne voient pas du tout comment elles peuvent arriver toutes seules
11:08dans cette société où c'est marche ou crève,
11:11dans cette société de sélection,
11:12dans cette société où il y a du chômage de masse.
11:15Donc, ces jeunes filles, elles doivent savoir que oui,
11:17un, la société, elle peut les mettre à l'abri,
11:20elle peut leur offrir
11:22la possibilité de rebondir, d'être protégée en ayant un toit,
11:27en étant accompagnée,
11:28mais il faut aussi que cette société,
11:30elle offre des perspectives en termes d'emploi,
11:33en termes d'épanouissement professionnel,
11:35et qu'on soit convaincu que oui,
11:38on peut avoir son indépendance et choisir véritablement sa vie.
11:41La question suivante sur TikTok.
11:46Comptez-vous expulser les délinquants et criminels étrangers
11:49quid des clandestins ?
11:52Alors, d'abord, des délinquants et des criminels étrangers, français,
11:56enfin voilà, ça c'est...
11:58Moi, quand j'entends l'extrême droite
12:00réduire la délinquance à l'immigration et aux étrangers,
12:03ça me révolte, révolte, y compris les violences.
12:06Les plus importantes, ce sont les violences domestiques
12:09qui existent au sein des familles.
12:12Ce ne sont pas des étrangers, ce n'est pas une question d'immigration.
12:16Voilà, donc moi, je m'élève contre ce petit poison-là
12:19que distille l'extrême droite, ce petit venin raciste
12:24qui est complètement délirant.
12:26Voilà, délirant, la délinquance, la violence,
12:30je pense qu'elle est aussi le produit de cette société.
12:33Et c'est la raison aussi pour laquelle je pense
12:35qu'il faut chercher à la changer de fond en comble.
12:36Et vous, par rapport aux flux migratoires, aux réfugiés,
12:40vous accueillez tout le monde sans exception ?
12:43Moi, je me dis que je peux moi-même avoir besoin de fuir mon pays.
12:47Vous savez, les Ukrainiens qui fuient par millions leur pays,
12:50ils n'imaginaient pas qu'il y ait des bombes
12:52qui puissent leur tomber sur la tête.
12:53Moi, demain, il peut se passer la même chose.
12:55Je peux avoir besoin de fuir mon pays.
12:57Eh bien, j'espère qu'il y aura un autre pays
12:59qui acceptera en effet de m'accueillir.
13:02Donc moi, c'est comme ça que je raisonne.
13:04Je raisonne en fonction des besoins des pauvres,
13:06des besoins des travailleurs.
13:08S'ils ont besoin de passer des frontières pour vivre,
13:10eh bien, ils doivent en avoir cette possibilité-là.
13:12Une question simple, réponse simple.
13:13Est-ce que vous accueillez tout le monde ?
13:14Justement, on parlait des divergences avec Philippe Poutou.
13:16Philippe Poutou, lui, il veut abolir les frontières.
13:18C'est on accueille tout le monde.
13:19Est-ce que vous êtes sur la même longueur d'onde ?
13:20Ah ben, je suis complètement...
13:21Les frontières, les frontières ne sont là que pour les pauvres,
13:24que pour les travailleurs en fait.
13:25Parce que les plus riches, ils peuvent avoir leurs millions,
13:27leur permettre de franchir toutes les frontières.
13:30Donc oui, moi, je suis pour l'ouverture des frontières
13:33et qu'on permette à tous ceux qui ne peuvent pas vivre dans leur pays,
13:35eh bien, de circuler et de trouver un endroit pour pouvoir vivre.
13:39Sans distinction entre pays en guerre et migration économique ?
13:44On meurt des bombes et on meurt de famine aussi.
13:46Il n'y a pas de distinction à faire.
13:48C'est un droit à la vie.
13:49Tant que ce système économique capitaliste
13:51n'assure pas ce droit à la vie à tous les êtres humains de cette planète,
13:55eh bien, moi, je pense qu'ils doivent pouvoir en effet circuler.
13:58On va passer à la question suivante.
14:02Pourquoi 2 000 euros par mois pour le SMIC, n'est-ce pas trop ?
14:05Pour provoquer une inflation exponentielle.
14:09Bernard Arnault touche 2 SMIC, donc 2 000 euros,
14:16à la minute, à la minute.
14:19Chaque minute, 2 SMIC.
14:21Bernard Arnault, ceux qui sont en dessous, ça doit être quoi ?
14:241 SMIC à la minute.
14:26Bon, et là, ça ne crée pas de l'inflation ?
14:28Ces profits qui explosent, ça ne crée pas de l'inflation ?
14:31Ces grandes fortunes, ça ne crée pas de l'inflation ?
14:34Alors, si, ça en crée, voilà.
14:36Donc, il faut quand même bien réaliser que parler d'inflation,
14:40dès qu'on parle, nous, de notre gagne-pain,
14:43c'est une escroquerie, c'est une façon de nous dire
14:47taisez-vous, vos revendications, elles sont nulles et non avenues.
14:51Moi, je dis très clairement que cet argent-là,
14:54l'augmentation de salaire, il faut aller les chercher sur les profits,
14:57sur les grandes fortunes.
14:58Alors déjà, ça ferait diminuer l'inflation que les plus riches provoquent
15:01et en plus, ça nous permettrait à nous de vivre.
15:03La question suivante.
15:05Alors, comment comptez-vous faire sortir la France du système capitaliste ?
15:09Eh bien, moi, je suis convaincue que, de toute façon,
15:12là, ce qui nous attend, c'est des révoltes.
15:14C'est des révoltes, c'est des révoltes de la jeunesse, j'espère,
15:17des révoltes ouvrières aussi.
15:18On a connu les mouvements des Gilets jaunes,
15:20mais moi, j'imagine que ça peut revenir, puissance 10, puissance 100.
15:23Et ce que j'espère, c'est qu'au travers de ces révoltes,
15:28eh bien, la conscience naisse
15:31que c'est pas seulement le problème de la personne qui occupe le siège présidentiel,
15:37c'est pas seulement le problème du président de la République,
15:40mais que c'est le problème de tout un système qu'il faut, en effet, renverser.
15:44Il faut contester la classe capitaliste,
15:46il faut contester les grands actionnaires qui font leur loi,
15:49leur loi sur les grandes entreprises, sur les grandes banques,
15:51sur le secteur pétrolier et qui, du coup, domine toute l'économie.
15:56Donc, c'est cette classe sociale-là qu'il faut contester.
15:58Moi, je pense qu'il faut l'exproprier.
16:00Donc, j'espère qu'une révolte sociale arrivera jusque-là,
16:02parce que je pense que c'est ça, faire la révolution.
16:06Vous dites des gilets jaunes puissance 10, puissance 100.
16:09C'est ce qui est parfois annoncé, même depuis des mois.
16:13Ça n'arrive pas pour l'instant.
16:14Pour l'instant, ça bouge pas beaucoup.
16:15Alors qu'il y a l'inflation, il y a beaucoup de choses qui se passent dans le pays.
16:19Comment vous l'expliquez, vous ?
16:21Là, ça bouge pas beaucoup, y compris le cirque électoral et cette présidentielle
16:27où on nous dit, voilà, notre sort, il peut changer si on vote bien, etc.
16:32On l'entend tous les jours.
16:33Donc, évidemment, un certain nombre se disent, on va attendre l'élection,
16:38on va essayer de faire le maximum, etc., de changer les choses comme ça.
16:42Mais clairement, une fois que l'élection est faite
16:44et que la politique anti-ouvrière, elle s'impose,
16:48là, je crois que la confiance, elle est encore plus présente
16:53que finalement, c'est à nous de faire les choses.
16:55C'est à nous de faire les choses.
16:56C'est à nous de nous inviter dans la politique, d'inviter nos revendications.
17:03Et ça, ça veut dire des luttes, ça veut dire des manifestations.
17:07Je vous laisse voir la question suivante.
17:10Bonjour, Manon Marteau.
17:11Ma question est, en quoi pensez-vous que le communisme est meilleur que le capitalisme,
17:15sachant qu'il n'a pas eu tant de succès dans les pays qui l'ont adopté ?
17:20Alors, pour moi, aucun pays n'a jamais adopté le communisme
17:25parce qu'il y a eu une révolution d'ampleur
17:28qui a finalement transformé vraiment la société.
17:30C'était en Russie.
17:32Et puis finalement, les révolutionnaires,
17:35les ouvriers, les paysans qui avaient dirigé pendant un temps,
17:38en particulier qui avaient arrêté d'ailleurs la Première Guerre mondiale.
17:40Je tiens à le souligner parce que ça, c'est quelque chose de très important
17:42vu la guerre qu'il y a aujourd'hui en Ukraine.
17:45Eh bien, ils se sont fait confisquer le pouvoir par une bureaucratie.
17:48Ce qui fait que, en fait, ça a été une caricature de société communiste
17:53avec une planification qui, finalement,
17:57défendait d'abord et avant tout les intérêts d'une caste,
17:59la caste de la bureaucratie qui était aveugle, etc.
18:03Donc, en fait, on n'a pas pu réellement voir ce que ça pouvait signifier
18:07une société communiste.
18:09Par contre, on a suffisamment de recul pour réaliser ce que c'est le capitalisme.
18:14Et ce que c'est le capitalisme,
18:16pour d'abord l'écrasante majorité de la planète,
18:21c'est-à-dire la misère, la misère, le sous-développement, parfois même,
18:25et on va en entendre parler à nouveau à cause des spéculateurs sur le blé,
18:29la famine.
18:30Donc, ça, c'est une réalité de ce monde capitaliste.
18:33C'est que pour qu'il y ait des citadelles très riches,
18:36des citadelles capitalistes très développées,
18:40où il y a en effet un niveau de vie qui s'est amélioré,
18:44eh bien, en fait, il faut des régions entières qui soient pillées.
18:47Et quand on regarde ces réussites du capitalisme
18:51si on regarde les États-Unis, l'économie la plus riche,
18:54regardez ces inégalités,
18:55regardez la souffrance d'un très grand nombre de femmes et d'hommes de classe populaire.
19:01Donc, pour moi, la société capitaliste, elle est condamnée
19:05dans le sens où elle fait toujours...
19:09Comment dire ?
19:10D'abord, elle est basée sur l'exploitation
19:12et sa prospérité, elle est basée sur le malheur de la grande majorité.
19:18Et moi, je me dis quand même, une société là,
19:21où nos vies, nos vies à tous,
19:23notre boulot, notre salaire, dépendent de quoi ?
19:26Des cours boursiers ?
19:28Dépendent des spéculateurs ?
19:30Dépendent des lois du marché ?
19:31Mais je me dis, c'est dingue !
19:32Qu'est-ce que c'est que ce Moyen-Âge capitaliste ?
19:35Où on ne maîtrise pas notre économie.
19:36On laisse ça aux lois du marché, à quelques monopoles, etc.
19:40Donc pour moi, non, pour moi, c'est une économie qu'il faut renverser.
19:46– Merci beaucoup Nathalie Arthaud.
19:47– Merci.