Brut a suivi l'humoriste Laura Calu à Correns, dans le Var, où les agriculteurs ont trouvé des solutions pour respecter davantage la nature.
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00:00C'est vraiment la nature qui reprend ses droits, la biodiversité qui est là quoi.
00:03Là on a une belle vitrine de ce qui peut se passer quand on fait un peu attention à sa terre.
00:17Bonjour, moi c'est Laura Calu, je suis humoriste
00:19et aujourd'hui j'avais envie de vous faire découvrir mon village natal
00:22qui est dans le Var, qui s'appelle Correns, qui est très joli
00:24mais qui est surtout le premier village entièrement biologique de France.
00:31C'est en 97 officiellement que le village est passé en agriculture entièrement biologique,
00:36c'est-à-dire que tous les producteurs, les viticulteurs se sont mis à faire du bio,
00:40donc à transformer leurs terres, à ne plus utiliser de produits chimiques.
00:43Et le village est depuis un moment maintenant le premier village bio de France,
00:47donc c'est quand même une fierté.
00:52Est-ce que vous pouvez nous expliquer un petit peu ce que vous faites exactement comme travail ?
00:55Alors nous, avec Dune, on fait juste vraiment tout ce qui est travail du sol,
00:59là c'est le printemps, on va nettoyer les pieds des vignes,
01:01pour pas qu'elles se fassent gagner par l'herbe, ni que ça amène des maladies.
01:05Ok, on va faire un premier tour comme ça,
01:08et en fait, tu vois, après là, je peux régler la profondeur de mon outil,
01:11pour régler à quelle profondeur je veux travailler,
01:15et vraiment avec elle, je peux aller soit coller au rang, soit me mettre au milieu,
01:18vraiment faire de la haute couture de la vigne.
01:23Ce qui est génial aussi, pour moi, tu vois, c'est la relation qu'on a,
01:27tu vois, qu'on a à travailler ensemble, c'est vraiment ma collègue de travail, quoi.
01:31Elle est plus sympa que Justine de la Pontard.
01:34Alors un cheval, qu'est-ce que ça change d'un tracteur ?
01:36Ça va vraiment se passer dans la vie du sol.
01:40Dune, elle va être beaucoup moins tassée qu'un tracteur,
01:42on va pouvoir travailler vraiment plus précisément aux pieds de la vigne,
01:47et ben zéro pesticides, voilà, d'être dans la vraie démarche, quoi.
01:51Ça fonctionne au foin ?
01:54Au bio, point bio.
01:55Et vous, vous êtes bio ?
01:57À fond.
01:57Vous en pensez en bio ?
01:58À fond.
01:59On est des biomanes.
02:07Donc là, c'est la plante responsable de mes plus durs lendemains de soirée, c'est ça ?
02:13Je sais.
02:14Pour toi, quelle est la différence entre bio et le non bio ?
02:16En viticulture, je parlais, c'est le travail du sol,
02:19c'est-à-dire que nous, on n'a plus de désherbant chimique, c'est tout mécanique, on va dire.
02:22Nous, on n'emploie pas de désherbant chimique, on travaille notre sol.
02:24Alors après, il faut accepter en bio d'avoir un peu de l'herbe.
02:28C'est sûr que l'herbe, à cette époque-là, fait une concurrence à la vigne.
02:33Mais quand elle est maîtrisée et gérée comme ça, ça pose aucun problème.
02:37Pourquoi t'es fier de faire du bio ? Pourquoi c'est important ?
02:39Pourquoi ? Parce que déjà, quand c'est une toxique, pas nous, l'utilisateur,
02:43on préserve notre nature pour les générations futures, et ça, je pense que c'est le plus important.
02:46Et après, j'avoue que quand on sait les produits qu'on applique,
02:49et quand on sait dans la bouteille ce qu'il y a, je trouve ça génial pour le client, quoi.
02:53C'est de dire, en plus, on fait un effort pour la planète,
02:56et en plus, on ne vous intoxique pas avec des produits chimiques.
02:59On va sauver la planète.
03:00Ah ça, je ne sais pas si on va sauver la planète.
03:16Là, t'as toute la beauté du village.
03:18Ça, ça s'appelle une calade.
03:21On n'emploie pas de désherbant, bien entendu.
03:23Et un peu d'herbe n'a jamais fait du tort avec elle.
03:27Ça ne sert à rien que ce soit trop propre.
03:30Quand est-ce que ça a commencé à Correns le bio, et pourquoi ?
03:33Tu dis en quelle année, toi ?
03:35En 90 !
03:36Voilà.
03:38Pour fêter tes 5 ans, donc en 95, tous les paysans de Correns ont décidé de passer en bio.
03:44Ils ont, c'est la première fois en France, que tout un village est en agriculture bio,
03:49et depuis plus de 20 ans.
03:50À une époque où personne n'y croyait,
03:53et tous les villages du coin rigolaient de nous.
03:55J'ai été très sensibilisé au problème des phytosanitaires,
03:59et au problème des OGM.
04:01Et je me suis rendu compte que les puissances de l'argent
04:05décidaient notre avenir sans que ça nous appartienne démocratiquement.
04:09Et donc, je trouve qu'il y a vraiment un très trop gros problème philosophique.
04:12Et donc, la seule façon de réagir à ça,
04:15c'est de ne pas rentrer dans leur système d'agro-business,
04:19et c'est de prendre d'autres voies agricoles
04:22qui respectent le monde, qui respectent nos enfants et nos petits-enfants.
04:25On a également travaillé sur la cantine.
04:28Et donc, depuis une dizaine d'années,
04:31on est à peu près à 75 à 80% en bio, à la cantine.
04:35Avant chaque début de repas,
04:37on explique aux enfants ce qu'ils veulent manger, d'où vient la courgette.
04:41On fait des repas végétariens.
04:42Bon, il y a une très forte pédagogie.
04:44Les enfants apprennent à manger de tout.
04:46Et on voit que la courbe de gaspillage est très basse.
04:49À Correns, on jette moins de 10%.
04:51Au niveau national, on jette 30% de trucs.
04:53Et le truc dont je suis le plus fier, c'est qu'au rayon de parents d'élèves,
04:56les parents me disent,
04:58« Maintenant, le soir, on est obligés de cuisiner. »
05:04La maison où j'ai grandi.
05:05– Où ça ? – Ici.
05:07Les toilettes, voilà.
05:08Donc, c'est là que j'ai fait mes premiers vips.
05:10Bio. Parce que je consommais bio.
05:12Donc, ça, c'est le jardin partagé.
05:14Donc, il y a une dizaine ou une quinzaine de personnes
05:17qui ont des petits morceaux qu'ils cultivent.
05:19Et qui sont soit des fleurs, soit des légumes.
05:23– Ils doivent respecter l'agriculture biologique.
05:25– Évidemment, ils respectent l'agriculture biologique.
05:28Ils compostent ensemble.
05:30– Et du coup, le partage à Correns,
05:31c'est quand les gens partagent les terres
05:33en disant à leur disposition, voilà, un potager.
05:36– Alors là, cet espace, c'est un jardin partagé.
05:40Cet espace, qui est à peu près 2500 mètres carrés,
05:43est mis gratuitement à disposition des gens.
05:45Parce qu'on estime que les gens qui vivent dans le village,
05:48on n'a pas la chance d'avoir des jardins.
05:51Et donc, on leur met gratuitement ça pour les écrases.
05:54– C'est trop bon.
05:58– Il y a 25 ans, tout le monde rigolait des Corrensois.
06:00Et maintenant, tout le monde vient voir l'exemple ici.
06:02Donc, je pense que c'est en train de prendre.
06:04Et je pense que les gens ont beaucoup de respect
06:06du choix courageux qui a été fait ici.
06:08Il y a un rajeunissement de l'agriculture,
06:10des agriculteurs d'une façon impressionnante.
06:12La moyenne d'âge des paysans à Correns, c'est 35-40 ans.
06:15Dans le Var, c'est 55-60.
06:18Donc ici, il y a vraiment une nouvelle génération de paysans
06:20qui sont arrivés, qui ont une agriculture très moderne,
06:23mécanisée, mais qui ont comme principe
06:26de faire tout pour respecter la nature.
06:28Parce que c'est ça, la philosophie du bio.
06:30C'est pas d'être dans une agriculture pastéiste.
06:32Au contraire, c'est l'agriculture de demain.
06:35Ça va bien ?
06:38Qu'est-ce qu'on entend là, Léa ?
06:40Mes poules.
06:41Tes poules ?
06:42Petites poules pondeuses.
06:43Donc moi, je fais des œufs et des poulets.
06:45Donc ça, c'est mes petites pondeuses qui font des œufs, forcément.
06:49Nourries au bio ?
06:50Nourries en bio, terrain bio, poules bio.
06:55Là, ils sont semi-libertés, on va dire, avec des grands parcs.
06:58Donc, ça change des cages en industriel.
07:01Alors, comment tu nourris tes poulets, Léa ?
07:03Alors, depuis plus en plus, j'ai fait un groupement avec d'autres éleveurs
07:07et on fabrique notre propre grain en achetant des céréaliers du coin.
07:11Qu'est-ce que c'est ?
07:12Donc ça, c'est l'aliment de mes poules.
07:13Donc là, en ce moment, il y a du maïs, de l'orge, du soja, du tourteau de sésame.
07:20C'est la meilleure construction en lait maintenant.
07:22Et de la fèvrole aussi, voilà.
07:25On peut parler ?
07:27Quelle est la différence entre du bio et du non bio ?
07:30C'est surtout la superficie des parcs à l'extérieur.
07:34Pour les poulets bio, il faut 4 mètres carrés en extérieur par poulet.
07:39Tandis qu'en industriel, ils sont généralement en cage.
07:42Donc, ils ont 80 centimètres les cages.
07:45En bio, on n'a pas le droit de les abattre avant au moins 3 mois.
07:48Donc, le poulet moyen, une fois abattu, on va dire prêt à cuire,
07:53il fait entre 2 kg et 2,5 kg, voire plus.
07:57C'est toi qui l'attends ?
08:00Là, les pattes dessous.
08:02Un vrai poulet bio, ça ressemble à ça.
08:04Déjà, ça a des plumes.
08:06C'est pas tout gras, parce qu'il y a aussi du...
08:09Du muscle.
08:11C'est pas un truc tout gras qui ne peut pas marcher avec des pattes tordues.
08:14Je ne me vois pas enfermée à une poule dans une cage.
08:17C'est tellement plus sympa quand ça court dehors.
08:19C'est compliqué de se lancer dans le bio aujourd'hui ?
08:21Ça a été compliqué au niveau des papiers.
08:24Ils ne sont pas habitués à avoir des petits élevages.
08:26Donc, il faut remplir des cages que je ne remplis pas.
08:29T'as l'impression qu'on n'est pas forcément aidée ?
08:32On n'est pas aidée du tout.
08:34Ni en temps de jeûne, ni en bio, ni rien.
08:36Quand on commence à mettre les pieds là-dedans,
08:38il faut être très motivée pour s'installer.
08:41Il faut bien s'accrocher et après, ça vaut le coup.
08:44D'être là aujourd'hui, de voir tout ça, ça me donne envie de mieux consommer,
08:49de moins manger de viande aussi.
08:51Pas parce que je n'ai pas envie de manger ces poulets,
08:53justement, j'ai envie de manger cette viande-là.
08:55Les viandes en supermarché, à la chaîne,
08:57les animaux qui ne peuvent même plus marcher, entassés.
08:59C'est n'importe quoi.
09:01Quand une nana comme elle, dans son petit village,
09:04décide de tenir un projet comme celui-là jusqu'au bout,
09:08c'est respectable.
09:16Comment t'appelles ça ?
09:18Une combinaison.
09:20Pour se protéger des abeilles, des piqûres d'abeilles.
09:22Voilà, des piqûres d'abeilles.
09:24Surtout, les abeilles peuvent se prendre dans nos cheveux aussi.
09:26Ah oui !
09:38Les verruches, ici, sur Courance,
09:40elles font principalement du miel de romarin,
09:43et du miel de bruyère à l'automne.
09:46Tout est bio.
09:48Tous mes miels sont bio.
09:50L'agriculture biologique, étant donné qu'il n'y a pas de désherbage chimique,
09:53c'est super important.
09:54Le désherbement aussi a fait beaucoup de mal à l'abeille.
09:57Courance, c'est bien parce que le bio,
09:59il oblige à garder une certaine nature autour de soi.
10:03Et donc, du coup, l'abeille, elle vit dans la nature.
10:07Et plus il y a de nature, et plus...
10:09Et plus elles sont heureuses.
10:11Même moi, je serais bien là.
10:13Je ferais un super miel.
10:25Alors Julien, qu'est-ce que tu fais, toi, à Courance ?
10:28Moi, ce que je fais à Courance, je propose des balades sur la rivière.
10:31Je fais la location de kayak sur l'Argence.
10:33C'est un fleuve, en fait.
10:35J'utilise les kayaks pour faire découvrir mon fleuve.
10:38Mon endroit.
10:40On va se mettre un petit gilet.
10:42C'est stylé, non ?
10:44Fashion week ou pas fashion week ?
10:55Ce qui est super, c'est que moi, qui connais ce fleuve par cœur,
10:58à chaque fois, je redécouvre.
11:00Parce qu'à chaque fois, sa vie, ça change, ça bouge.
11:04Qu'est-ce que t'as remarqué en 20 ans de bio, en fait,
11:07de la agriculture biologique ?
11:09Qu'est-ce que t'as remarqué comme changement ?
11:11Il y a eu pas mal de changement au niveau de la faune et de la flore.
11:13C'est vrai qu'on a vu une différence assez énorme.
11:15Et ce qui est intéressant, c'est comme on est passé en bio,
11:17moi, j'ai parlé surtout de la rivière,
11:19on s'est intéressé un peu à ce qui arrivait de plus haut.
11:21Et là, on s'est aperçu, il y a 20 ans,
11:23il y avait un peu des rejets qui n'étaient pas très propres.
11:25Donc, ça, on l'a fait savoir.
11:27Il y avait un travail très important à ce niveau-là.
11:29Et du coup, on a un fleuve qui arrive, qui est très propre.
11:31Donc, t'as, aujourd'hui, plus d'animaux que tu ne voyais plus ?
11:34Plus d'animaux, oui, exactement.
11:36Qu'est-ce qu'on voit comme animaux sur la rivière ?
11:38Alors, on voit, sur la rivière, en principal, les plus beaux,
11:40on va voir les martins-pêcheurs, c'est magnifique.
11:42On va voir des hérons, des hérons cendrés, des hérons pourpre.
11:43On va trouver des canards, des poules d'eau, des ragondins.
11:47Et des loracalus ?
11:49Et des loracalus, en plus.
11:51Mais ça, c'est un gage de pureté.
11:55On a un martin-pêcheur qui vient de décoller juste là.
11:58Oh, le héron ! Tu l'as vu ?
12:00Alors là, ces algues, c'est des lents petits dos.
12:02Moi, quand j'étais gamin, ici, il y avait peut-être 2-3 algues différentes,
12:05on n'en avait pas tant que ça.
12:07Et là, maintenant, il y a facilement une dizaine d'algues différentes.
12:09S'il y avait une seule algue qui colonisait tout,
12:11là, on pourrait commencer à s'inquiéter.
12:13Donc c'est une façon aussi de surveiller la qualité de l'eau.
12:16Depuis qu'on est passé en bio, on s'aperçoit quand même d'une différence.
12:19C'est vrai que les pesticides, les herbicides finissaient dans la rivière,
12:22donc toutes ces algues n'existaient pas
12:24parce qu'elles étaient tuées par tous ces produits chimiques.
12:26Donc c'est vrai qu'on voit une réelle différence.
12:28On a un papillon qui avait disparu, qui est revenu.
12:30Il est complètement disparu.
12:32On voit une différence, il y a des fleurs qui avaient complètement disparu aussi,
12:34qui se sont remises à pousser.
12:36Donc que je n'ai pas vues pendant mon enfance.
12:38Exactement.
12:43Faire grandir ses enfants dans un environnement comme ça,
12:45c'est quelque chose d'assez magique, d'assez précieux.
12:47Donc c'est vrai qu'il y a beaucoup de petites familles
12:49qui viennent s'installer pour que les enfants grandissent
12:51dans ce havre de paix, son petit coin de paradis
12:53où on n'est pas trop embêté par la pollution,
12:55où on peut manger des choses saines.
12:57Et ça, ça encourage beaucoup de gens.
12:59Il y a de l'espoir quand tu...
13:01Moi, j'en profite justement pour faire beaucoup d'éducation.
13:03Parce qu'ici, on a la matière à montrer
13:05que la nature reprend ses droits.
13:07C'est ça, c'est ça, c'est ça.
13:09C'est ça, c'est ça, c'est ça.
13:10C'est ça, c'est ça, c'est ça.
13:12Il y a de la matière à montrer que la nature reprend ses droits.
13:14On l'abîme, c'est sûr, mais c'est nous qui allons le payer.
13:16C'est pas forcément la nature.
13:18La nature, elle reviendra.
13:19C'est important pour moi de montrer la rivière de l'argent.
13:26C'est de faire cette balade en clé noée avec Julien.
13:28Il m'avait vraiment fait prendre conscience
13:30de l'évolution du village, de la forêt, du verre.
13:36Quand on fait cette balade en rivière,
13:38on se rend compte que ça a changé énormément,
13:40plus de végétation, il y a beaucoup de poissons, d'animaux, d'insectes et pourtant j'aime pas trop
13:45les insectes mais ici je les accepte parce que je me dis mais non c'est tellement normal qu'il y ait
13:48des insectes, c'est qu'il y a la vie. Quand on voit dans l'eau toutes ces plantes vertes dans l'eau
13:52qui poussent dans l'eau, il n'y en avait pas quand j'étais petite déjà. En fait je suis fière de voir
13:58tous ces gens, tous ces habitants du village tenir leur engagement envers la planète.
14:03Ici ça me donne de l'espoir, je me dis mais si en fait c'est possible, en fait ça marche,
14:10quand on fait attention à la planète, il y a vraiment du changement, en fait on n'est pas foutu.
14:13Mais ça donne envie toute cette verdure, comment tu peux pas avoir envie et en plus c'est faisable,
14:18du coup comment tu peux pas te dire j'ai envie de faire ça moi aussi. Et ce qui est frappant
14:23c'est que c'est possible et ici ça prouve que ça l'est tout simplement.